À l’heure où l’intelligence artificielle et l’automatisation s’imposent dans nos vies et nos entreprises, une question essentielle n’en finit plus de nous terrifier : quelle place reste-t-il à l’humain ? Dans un monde où des outils comme ChatGPT promettent d’accélérer toujours plus la réflexion et la décision, le risque est de se retrouver piégés dans une course effrénée à l’efficacité technologique. Or, diriger, c’est bien plus que suivre le rythme imposé par les machines. Cela exige de ralentir, de comprendre, et de revenir à des gestes simples pour réinventer nos modes d’action. [...]
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00:00À l'heure où l'intelligence artificielle et l'automatisation s'imposent dans nos
00:14vies, nos entreprises, une question essentielle n'en finit plus de nous terrifier.
00:19Quelle place reste-t-il à l'humain ? Va-t-il rester à l'humain ?
00:24Assurément, dans un monde où des outils comme ChatGPT promettent d'accélérer toujours
00:29plus la réflexion, la décision, le risque est de se retrouver piégé dans une course
00:34effrénée à l'efficacité technologique.
00:37Mais diriger, c'est bien plus que suivre le rythme imposé par les machines.
00:43Cela exige de ralentir, de comprendre, de revenir à des gestes simples pour réinventer
00:51d'abord nos modes d'action.
00:55Dans ce contexte, l'intelligence manuelle, cette capacité à mettre les mains dans le
01:01cambouis pour résoudre des problèmes bien concrets, pourrait offrir un précieux contrepoids.
01:08C'est ce qu'on peut déduire des réflexions croisées d'un Matthew Crawford avec son
01:14éloge du carburateur, d'un Richard Sennett avec son magnifique « ce que c'est la
01:22ou encore d'un Paul Virilio avec son vitesse politique ou d'un Jacques Ellul et son système
01:27technicien.
01:28Ensemble, ils nous offrent un contrepoint fabuleux.
01:33Ils nous rappellent que l'intelligence manuelle, lente, empirique est essentielle.
01:41Paul Virilio a alerté sur les dangers de la vitesse qui ne laissent plus de place à
01:46la réflexion.
01:47Jacques Ellul a dénoncé la logique autonome du système technicien qui transforme tout
01:53progrès en nécessité incontrôlable.
01:56Le carburateur de Matthew Crawford, la main de Richard Sennett, deviennent alors des symboles
02:03d'une intelligence alternative.
02:05Réparer, bricoler, manipuler, c'est ralentir pour comprendre, c'est réintroduire de l'humain
02:15dans un monde dominé par l'abstraction algorithmique.
02:18Face à des outils comme ChatGPT qui standardisent et accélèrent toujours davantage, ces gestes
02:26artisanaux deviennent des actes de résistance.
02:31Ellul nous met en garde.
02:33Le système technicien valorise la spécialisation, l'efficacité au détriment de la polyvalence
02:38et du savoir pratique.
02:42Pourtant, diriger aujourd'hui nécessite plus que de maîtriser des outils technologiques.
02:46Crawford, Sennett nous rappellent que la compétence repose sur l'expérience, sur une compréhension
02:53profonde des mécanismes, qu'ils soient d'ordre mécanique précisément ou organisationnel.
03:00Alors, à l'instar de l'artisan face à son moteur, le vrai dirigeant de demain pourrait
03:06bien être celui qui n'aura pas oublié qu'il faut toujours, toujours, toujours
03:13mettre les mains dans le cambouis pour ajuster, pour réparer, pour improviser.
03:19À l'heure de ChatGPT, l'éloge du carburateur, de la main, du ralentissement devient un manifeste
03:27pour une nouvelle éthique managériale.
03:29Crawford, Sennett, Virilio, Ellul convergent pour nous rappeler que le progrès technologique
03:35nous déshumanise.
03:36Diriger vraiment, c'est pourtant comprendre, comme l'artisan, que chaque geste a du sens
03:43et qu'il revient à l'humain précisément de lui en donner un, un sens.
03:49Cultiver cette intelligence alternative, c'est peut-être plus que jamais ce qui fera la
03:56vraie, vraie différence.