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Ne le voyez-vous pas Nicolas, ne le voyez-vous pas Léa ? Vos auditeurs sont épuisés de toute cette frénésie ? Cette noria infernale de votre 7-10 découpée en minutes, en secondes, les journaux qui énumèrent avec un débit de mitraillettes les nouvelles anxiogènes ?

Retrouvez « Le billet de Lison Daniel » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-billet-de-lison-daniel

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Amusant
Transcription
00:00Lisons Daniel, bonjour, aujourd'hui vous êtes Astrid, l'intervieweuse nocturne.
00:06Ne le voyez-vous pas, Nicolas ? Ne le voyez-vous pas, Léa ? Vos auditeurs sont épuisés de
00:11toute cette frénésie ? Cette noria infernale de votre 7-10 découpée en minutes, en secondes,
00:16les journaux qui énumèrent avec un débit de mitraillettes les nouvelles anxiogènes,
00:19les éditorialistes qui nous inquiètent, les invités qui déboulent tout rigides de
00:22leur fonction de ministre, de député, de chef de parti, qui donnent leurs éléments
00:26de langage et repartent avec leur garde du corps, nous laissant exsangues et agarres,
00:30plus très sûres de ce qu'on doit penser, mais certains que le poids sur notre poitrine
00:33s'est alourdi encore ce matin, Léa, encore ce matin, Nicolas, avec le ministre Bruno
00:38Retailleau.
00:39Vous l'avez interrogé sur la sécurité, sur l'immigration, sur le gouvernement,
00:42mais oh, et j'utilise cette interjection à dessein, oh, il y aurait eu tant à faire
00:48pour insuffler un peu de l'humanité qui nous manque cruellement ces derniers mois.
00:52S'il était venu dans mon émission du soir, méandre tout au bout de la grille des programmes,
00:56oh, comme j'aurais creusé dans son cœur, comme je serais allé chercher loin et profondément
01:02les intrications de sa psyché, comme j'aurais fouillé son âme.
01:05Vous avez interviewé le ministre de l'intérieur, je vous aurais donné à entendre l'intérieur
01:09du ministre.
01:10Bruno, Bruno, Bruno, ce prénom d'origine germanique signifie armure, Bruno, mais moi
01:16je veux la soulever votre cuirasse, je veux la connaître moi, le connaître ce petit
01:20tribunal intérieur dont vous nous parliez tout à l'heure, qu'est-ce qui vous fait
01:23tanguer Bruno ? Qu'est-ce qui vous fait peur ? Qu'est-ce qui vous exalte ?
01:26Ce n'est pas vrai que seule l'immigration et le wokisme vous obsèdent, il y a forcément
01:30autre chose ? Une envoûtante maîtresse de CP dont les longs cheveux vous chatouillaient
01:34les épaules lorsqu'elle se penchait sur votre cahier d'école ? Vagabond, votre
01:38premier poney à la robe bébrin qui vous accompagnait dans le bocage fondé ? Les rémanences musquées
01:43du bord du lac de Ribou après la pluie à quelques encablures de votre ville de naissance
01:47? Bruno, je la devine, votre humanité, votre tendresse, vos doutes, votre soif d'aventure
01:52loin des dourures de l'hôtel de Beauvau ? Car je vous ai vu, Bruno, ce 10 novembre
01:56dernier, assisté au départ du Vendée Globe, dans votre petite De Veldkoot bleu marine,
02:00les jours rosis par le froid et le vent, vous n'auriez pas donné votre place ? Je ne
02:05vous ai jamais vu aussi vivant que devant ces courageux qui risquaient leur vie sur
02:08l'eau. Vous pouvez me le dire, à moi, nous sommes en intimité ? Vous vous êtes imaginé,
02:12vous aussi, traverser le monde en solitaire, n'est-ce pas ? Évade-toi, Bruno, oui,
02:15je te tutoie maintenant, nous sommes si proches. Largue les amarres, Bruno, prends le large
02:19lisse la grande voile et accepte cette part en toi qui rêve d'un ailleurs. Tu entends,
02:25Bruno ? Ce sont les mouettes qui accompagnent ton navire jusque dans les mers du Sud. Prends-la,
02:33cette liberté, attrape-la et fais-en bon usage. Bon vent, Bruno, et bonne nuit à tous.

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