• il y a 3 jours
Rencontre avec la réalisatrice Rebecca Zlotowski, en présence de ses collaborateur·ices : Carole Verner (monteuse son) et Laetitia Goffi (directrice de casting, actrice).

Animée par Alex Masson.

Enregistré le 11 janvier 2024 au Forum des images.

Dans le cadre de la thématique Elles sont là pour rester, 10 réalisatrices aujourd’hui en France, du 4 décembre 2024 au 6 avril 2025.

Infos : https://www.forumdesimages.fr/elles-sont-la-pour-rester
Transcription
00:00:00Il y a deux chaises, mais il y aura une personne d'abord qui va venir
00:00:15s'installer ici.
00:00:16Vous allez nous expliquer un petit peu pourquoi.
00:00:18Oui, c'est Laetitia Goffi avec qui je travaille depuis 2006, je dirais.
00:00:30Qui a un micro juste devant elle.
00:00:35Voilà.
00:00:36Et on a fait tous les films ensemble d'une façon ou d'une autre,
00:00:40on va dire, à partir de 2006.
00:00:44Et vous l'avez peut-être vu dans Le marin masqué, pour ceux qui ont vu le film.
00:00:47Et donc, cette chaise qui est là, elle n'est pas tout à fait vide.
00:00:53Bon, finalement, elle va être occupée.
00:00:55Voilà.
00:00:56Donc, Carole Verner.
00:01:00Carole Verner monte son de plusieurs de mes films, aussi du marin.
00:01:05On a commencé à bosser ensemble sur Le marin masqué.
00:01:08Et voilà, c'est vrai que le son, le point de départ de mes films,
00:01:15de toute façon, c'est le montage son à la base.
00:01:17On va en parler.
00:01:18C'est quelque chose qui est très important et c'est important que
00:01:22soit Carole qui le fasse.
00:01:24Vous avez un micro devant vous, vous le prenez si vous le voulez,
00:01:27vous intervenez quand vous voulez.
00:01:29Justement, on va en parler parce que moi, je suis assez content
00:01:32effectivement de cette équipe là, dans la mesure où, autant, il y a eu
00:01:38un cours hier ou avant-hier, je ne sais plus, par contre,
00:01:41François Begodeau, mais qui était plus sur le côté analytique des films.
00:01:44Je pense qu'on va parler plus de la fabrication même des films,
00:01:47peut-être sur un côté technique et a fortiori du son, justement,
00:01:53parce que vous avez une technique qui est très singulière,
00:01:57visiblement, pour travailler le son.
00:01:59Et ce que je vous propose d'emblée pour attaquer dans le sujet,
00:02:02c'est de voir un extrait de la vie orange pour qu'on puisse,
00:02:05après, à partir de là, tirer certains fils sur ce travail sur le son.
00:02:11Et l'extrait, vous pouvez le voir là, vous pouvez le voir de ce côté-là.
00:02:14...
00:02:17Trop chier !
00:02:19Tout est soumise !
00:02:20Ma femme, tu dors ici ou pas ?
00:02:22Personne, on fait quoi, nous, à fin orange ?
00:02:24Moi, je mange chez moi, en fait.
00:02:25Je pense qu'il y a de la place à la maison.
00:02:27On vient dormir orange ?
00:02:29Vous voulez aller dormir orange ?
00:02:31Je te croque, toi, devant ma...
00:02:33Attends, attends, attends !
00:02:35Attends, on va les aider.
00:02:36Attends, attends, attends !
00:02:37N'y pense pas sur la table !
00:02:39Appelle Chloé, j'appelle Olan.
00:02:40OK, d'accord, j'appelle Chloé.
00:02:42Qu'est-ce qui a fait ça, là ?
00:02:44Olan !
00:02:45Gouda !
00:02:46Tu veux que madame, elle puisse trucider la tête ?
00:02:49On va voir sa main.
00:02:50Allez, Olan !
00:02:51Allez, Olan !
00:02:53Allez !
00:02:54On est chez moi.
00:02:55...
00:02:56Allez, Gouda !
00:02:57Ouais, c'était cool, t'as mangé quoi ?
00:03:00Trop bon !
00:03:02Là, on va au concert de qui, déjà ?
00:03:04Benjamin.
00:03:05Quel âge a l'amande ?
00:03:0620 ans.
00:03:08Mais on s'en fout, malheureusement.
00:03:09Ouais !
00:03:10Alors, si j'ai choisi cet extrait-là,
00:03:12c'est pour plusieurs raisons.
00:03:14Déjà, d'une part, parce qu'il me semble être assez symbolique
00:03:19de votre cinéma dans le côté de la profusion des choses.
00:03:21Il faut qu'il y ait des éléments, il faut qu'il y ait de la vie partout,
00:03:23il faut qu'il y ait quelque chose partout, y compris sur le son.
00:03:27Mais cet extrait-là, il pose quand même une question
00:03:29qui est l'idée de la cohésion du son.
00:03:32Parce que là, on a plusieurs conversations qui se superposent.
00:03:35On ne suit pas forcément les conversations entre elles,
00:03:37mais en même temps, ça raconte quelque chose du groupe.
00:03:41D'où ça vient, cette idée ?
00:03:42Parce que c'est quelque chose qui est assez fréquent dans vos films,
00:03:45cette idée du son qui participe, comme si c'était un personnage en soi.
00:03:49Et si je ne me trompe pas, j'ai cru comprendre que parfois même,
00:03:52quand vous préparez vos films, le son vient avant l'image.
00:03:57Disons que le point de départ, c'est souvent le document,
00:04:04le document autobiographique, on va dire,
00:04:08et qui est souvent un document sonore pour plusieurs raisons.
00:04:11Je pense que la raison la plus simple, c'est que c'est ce qu'il y a de plus simple.
00:04:14En fait, d'enregistrer, on enregistre tout un espace.
00:04:18D'ailleurs, alors que quand on filme, on choisit des plans,
00:04:23on choisit des personnes qu'on filme.
00:04:25C'est vrai que le son, c'est pratique parce qu'on a tout ce qui se passe
00:04:29dans la pièce, par exemple.
00:04:31Et donc moi, j'ai commencé à enregistrer du son.
00:04:35J'avais un dictaphone, c'était quand j'étais aux Arts Déco.
00:04:40Et j'avais un dictaphone au début, avec les petites cassettes.
00:04:44Puis après, j'ai eu un mini disque.
00:04:46Et puis, j'ai commencé comme ça à faire des bandes son,
00:04:50parce que je faisais des films en Super 8 et qu'il n'y avait pas de son
00:04:55sur les Super 8.
00:04:56Et donc, j'ai commencé à monter le son comme ça.
00:04:59Je me souviens, avec le dictaphone et un radiocassette,
00:05:03en faisant pause, play, rec, tout ça.
00:05:07Et puis, quand j'étais aux Arts Déco, toujours, j'ai continué à
00:05:13travailler le son comme ça.
00:05:14Et donc, j'ai fait des installations sonores, toujours à partir d'une
00:05:20matière documentaire.
00:05:22Ce n'était jamais des bandes son, des choses que j'enregistrais
00:05:25en les orchestrant.
00:05:26C'était plutôt des trucs que je laissais un peu...
00:05:29Je prévenais les gens que j'enregistrais, mais je laissais un peu
00:05:31rouler comme ça.
00:05:32Puis après, je montais.
00:05:34Et c'est Emmanuel Chaumet qui est allé à une expo.
00:05:39En fait, parce que moi, je ne voulais pas faire des films spécialement.
00:05:45Et donc, j'avais fait une expo où je présentais mes bandes son
00:05:51aux casques.
00:05:52Et je l'avais rencontré, parce que moi, j'étais monteuse,
00:05:55et je l'avais rencontré pour être assistante, pour gagner ma vie,
00:05:59en fait, sur des tournages.
00:06:00Mais moi, je ne voulais pas spécialement faire des films.
00:06:03Et là, il m'a dit, mais c'est marrant, tu n'as pas fait un
00:06:06court-métrage.
00:06:08Bon, bref, c'est comme ça que c'est comme ça que ça s'est fait.
00:06:12Mais c'est parti de ça.
00:06:15Et d'ailleurs, La tête dans le vide, donc mon premier court-métrage,
00:06:18c'est un film que j'ai fait à partir d'une bande son, mais vraiment
00:06:22copier-coller.
00:06:23C'était vraiment...
00:06:25Mais ça pose une question de la véracité, parce que là, pour le coup,
00:06:29on a un côté très naturel, très naturaliste.
00:06:32Il y a un côté où c'est une conversation comme on en a tous
00:06:34probablement eue dans des soirées.
00:06:36Mais si j'ai bien suivi, en fait, tout n'est déjà pas écrit,
00:06:40mais enregistré en amont.
00:06:41Comment est-ce qu'on jongle avec ça ?
00:06:43Et là, ça bouge peut-être sur le casting.
00:06:45Comment est-ce qu'on fait, quand le son est enregistré,
00:06:47d'être sûr d'avoir les bonnes personnes qui, quelque part,
00:06:50ne vont pas faire du playback, mais vont coller à la bande son ?
00:06:55Comment ça se passe ?
00:06:58Oui, ça, c'est un travail qu'on a fait avec Laetitia sur
00:07:01La vie orange, typiquement.
00:07:03C'est vrai que la première matière, c'était des enregistrements
00:07:07que moi, j'avais personnels, qui ont été la base du séquencier
00:07:10du scénario.
00:07:12La différence avec les films que j'avais faits avant, qui se
00:07:16basaient sur des enregistrements documentaires, c'est que là,
00:07:18les enregistrements sur lesquels on allait s'appuyer pour écrire
00:07:23la musique du film, la musique des dialogues et tout ça,
00:07:27c'était des enregistrements mis en scène.
00:07:30Donc, c'est ça qu'on a fait avec Laetitia.
00:07:32C'est quand on a fait le casting de La vie orange.
00:07:34Déjà, on voulait un vrai groupe pour que les improvisations soient
00:07:40plus intéressantes et que les situations qu'on allait leur
00:07:47demander d'improviser ressemblent à des situations que eux pouvaient
00:07:49vivre dans leur propre groupe.
00:07:52Mais c'est vrai qu'on leur demandait d'improviser exactement
00:07:56la situation du séquencier qu'on enregistrait.
00:08:00D'ailleurs, tu filmais aussi.
00:08:03En fait, c'était exactement les mêmes situations que toi et tes copines.
00:08:08Voilà, exactement.
00:08:11Même si elles, ce n'était pas forcément ce qu'elles vivaient dans leur
00:08:13vie à elles.
00:08:15On leur disait voilà, la situation, vous êtes, c'est l'après-midi,
00:08:20vous avez fait une sortie la veille.
00:08:22Il y en a une, elle a une cystite, l'autre, elle attend un coup de fil
00:08:26d'un mec.
00:08:27Il y a des copains qui arrivent.
00:08:29Il y en a un, il vole le PQ parce qu'il a honte de s'acheter du PQ au
00:08:34supermarché.
00:08:35Des trucs comme ça.
00:08:36Et donc, ils improvisaient tout ça et après, ça, ça durait souvent
00:08:42une journée.
00:08:43Ça durait beaucoup de temps.
00:08:45On enregistrait tout, on filmait, on enregistrait tout.
00:08:47Et c'est vrai que le fait que Laetitia filme, quelque part,
00:08:51c'était aussi une façon de faire un storyboard parce qu'il y a plein
00:08:54de plans qu'elle avait faits.
00:08:56J'ai dit bon, on va faire exactement pareil.
00:08:58Ou même les vêtements, elle les mettait des vêtements,
00:09:00les actrices.
00:09:01Et du coup, je disais, tu mettras ça.
00:09:04C'est vrai que souvent, c'était...
00:09:07Dans cet extrait-là, ce qu'on voit, c'est le côté très, très vivant,
00:09:10qui est quand même une des traits particuliers de vos films,
00:09:14de, quelque part, raconter des choses ordinaires dans ce qu'elles
00:09:17ont d'extraordinairement ordinaires, finalement.
00:09:20Mais je me demandais, vu qu'on a des personnes qui travaillent
00:09:23avec vous, comment ça se passe en coulisses ?
00:09:24Est-ce que la préparation d'un film de Sophie Le Tourneur,
00:09:27ça ressemble à ça ?
00:09:28Ça ressemble à des gens qui fusent, qui lancent des idées à droite,
00:09:30à gauche, et d'un seul coup, il faut tirer un fil de tout ça ?
00:09:33Ou est-ce qu'à l'inverse, c'est un truc qui est très carré,
00:09:35très préparé, très fait en amont ?
00:09:39Et vous pouvez répondre toutes les deux.
00:09:43Oui, des fois, c'est un peu le bazar.
00:09:46Mais non, sinon, il y a vraiment une méthode, en fait.
00:09:51Il y a vraiment une méthode.
00:09:54C'est plus ou moins la même, à peu près.
00:09:58C'est-à-dire qu'effectivement, on filme, en fait, on se filme,
00:10:03souvent, nous.
00:10:05On fait une maquette, en fait.
00:10:06On fait une maquette du film, surtout sur les derniers films.
00:10:09On a vu ça avec les filles aussi, finalement.
00:10:11Parce que le dernier truc par rapport au son, c'est que, le truc
00:10:16particulier, c'est que les actrices de la Vieux Ranch devaient apprendre
00:10:21le CD des bandes-sons montées.
00:10:23Voilà, c'était ça le truc.
00:10:26En bref, c'est une digression.
00:10:30Mais donc, oui, il y a une maquette et donc là, sur les deux derniers
00:10:37films avec Sophie, la maquette, on jouait nous-mêmes les personnages.
00:10:44Et ensuite, on monte cette maquette à l'image et au son et on en tire
00:10:49un scénario.
00:10:51Voilà.
00:10:51Mais ça, c'est surtout pour les deux derniers films, Sophie.
00:10:55Puis le scénario, on en tire un scénario, je ne sais pas.
00:10:59Non, on en tire un document de tournage, je dirais.
00:11:03Parce que c'est vrai que le scénario, c'est la maquette.
00:11:06Oui, c'est une usine à gaz.
00:11:09Je ne sais même pas si ça vaut le coup d'essayer de comprendre ce truc.
00:11:12Ça paraît bordélique, mais en fait, c'est très clair.
00:11:15C'est les deux à la fois.
00:11:16Voilà.
00:11:17Souvent, en visionnant la maquette, on se rend compte aussi, c'est trop
00:11:21long.
00:11:22Ça, c'est pas bien.
00:11:23Ça, c'est vrai.
00:11:25Quand même, on rectifie le scénario grâce à la maquette.
00:11:30On va essayer de comprendre autre chose avec un second extrait,
00:11:33puisqu'on parlait justement du côté du rapport à l'improvisation,
00:11:37du rapport aux comédiens, avec un extrait d'Enorme.
00:11:41J'ai faim.
00:11:44Tu ne manges que ça, toi.
00:11:45Tu ne vas pas manger qu'un kiwi, quand même.
00:11:47J'ai grossi.
00:11:48Non, mais tu n'as pas grossi, chérie.
00:11:49T'es magnifique.
00:11:50Si, vraiment, je me sens goudineux dans mes habits.
00:11:52C'est peut-être un cancer de la thyroïde ?
00:11:53Non, chérie, il n'y a pas de cancer de la thyroïde, non.
00:11:56Ou un kyste ?
00:11:57Non, chérie.
00:11:58Un cancer, peut-être ?
00:11:59Non, c'est pas ça.
00:12:02Comment tu sais ?
00:12:03Tu sais ce que j'ai ?
00:12:04Oui, je sais ce que tu as.
00:12:05Alors, j'ai quoi ?
00:12:07Bon, de toute façon, il faut que je te le dise un jour,
00:12:10parce que c'est le genre de truc, en plus, si tu ne le dis pas,
00:12:13à un moment donné, ça peut prendre des proportions et mieux vaut
00:12:16que, tu vois, parce que quand ça arrive...
00:12:19En fait, le truc, c'est que c'est totalement inattendu, tu vois.
00:12:23C'est vraiment un truc de la vie où tu dis,
00:12:24ah oui, d'accord, ah oui, ah d'accord, donc ça peut arriver.
00:12:29Et là, tu fais, d'accord, donc ça peut arriver.
00:12:31Tu fais, ah oui, donc ça peut arriver.
00:12:32Oui, donc la vie, ça peut arriver.
00:12:34Oui, oui, je le confirme, ça peut arriver.
00:12:38OK.
00:12:40On croit qu'on a tout vu.
00:12:42Puis, finalement, non.
00:12:45Tu vois, des fois, on s'attend...
00:12:48Et puis, on s'est dit, ah bah tiens, finalement, c'est vrai.
00:12:50En fait, je m'attendais pas à celle-là.
00:12:55Je vois pas trop où tu vas.
00:12:57Mais par contre, tu t'énerves pas ou tu le prends pas mal ?
00:13:00Bah, tant que je sais pas ce que c'est...
00:13:03Mais il faut que je te le dise, putain.
00:13:05Il faut que je te le dise.
00:13:07Je t'écoute.
00:13:10Tu te...
00:13:11Bah, bubi-bobu !
00:13:13Pardon, excuse-moi.
00:13:15Tu te souviens de l'accouchement dans l'avion ?
00:13:18Le bébé !
00:13:27C'est l'effet que ça se fait.
00:13:31Bon bah...
00:13:33Cette femme, donc, elle m'a proposé de devenir parrain de son fils.
00:13:41Et t'as accepté ?
00:13:42Bah, ça fait 11 ans qu'on prend, on a pas vraiment besoin de ça, non ?
00:13:46Ouais.
00:13:47Tu déclines parce que t'auras jamais le temps de t'en occuper,
00:13:49ça sert à rien, c'est une mauvaise idée.
00:13:51En vrai, c'est une mauvaise idée, enfin, c'est pas compliqué à...
00:13:54Bah, je sais pas, t'imagines que les deux parents,
00:13:56ils meurent dans un accident d'avion ?
00:13:59Mais arrêtez !
00:14:01Personne ne meurt comme ça, hein.
00:14:02Bah si, les gens meurent.
00:14:04Imagine qu'on a sur le dos cet enfant.
00:14:07Bah, on va faire comme tous les autres parents, on va...
00:14:09J'aurais très bien pu avoir un enfant, si je voulais,
00:14:11sauf que si c'est pour pas m'en occuper, je vois pas l'intérêt.
00:14:15Si tu trouvais un enfant par terre, dans la rue,
00:14:18tu le laisserais par terre ?
00:14:20On a une vie qui est pas faite pour ça, tu vois ce que je veux dire ?
00:14:23Si c'est passé les trois quarts de sa vie avec un baby-sitter,
00:14:26je vois pas l'intérêt, c'est pas une vie pour un enfant.
00:14:28On en a parlé plein de fois, il y a pas deux places pour un enfant dans notre vie.
00:14:33Donc voilà, je pense qu'il faut que tu rappelles cette dame.
00:14:36Un enfant et nous, c'est une équation impossible.
00:14:39Ça marche pas.
00:14:41Et tchoum !
00:14:44Oh, ça va ?
00:14:45Je vais zéter.
00:14:46Mon bouton.
00:14:48Mais c'est quoi ces messages ?
00:14:50C'est, c'est sain.
00:14:52Sur cet extrait-là, si on parlait du rapport en comédien,
00:14:55du rapport en l'improvisation, par exemple, là, en l'occurrence,
00:14:58il y a un côté extrêmement naturel dans le phrasé de Jonathan Cohen,
00:15:02mais qui, par ailleurs, a eu un comédien qui est connu
00:15:04pour aller sur ce type de jeu-là, aller sur des types de digressions,
00:15:07de choses comme ça.
00:15:09Qu'est-ce que ça change de faire ces choses-là avec un comédien
00:15:12qui est déjà habitué un peu à ça ?
00:15:14J'ai l'impression qu'Enorme est quand même un film un peu particulier
00:15:17dans la filmographie, dans la mesure où il est différent des autres
00:15:19par son casting, par son économie, probablement.
00:15:23Est-ce que c'était une manière différente d'aborder le travail sur ce film-là ?
00:15:29Pas vraiment, en fait.
00:15:30C'est vrai que Laetitia a beaucoup improvisé le rôle de Marina.
00:15:36Je me souviens, on a fait quasiment toutes les impros un après-midi
00:15:41chez ma mère, sur le canapé.
00:15:43Il y avait Laetitia qui était enceinte, c'est pour ça qu'elle n'a pas
00:15:46travaillé sur le film, entre autres, sur le film, sur le tournage.
00:15:52Et il y avait le régisseur du film qui était hyper drôle,
00:15:56Matthieu Santoni, qui a improvisé quasiment la totalité de tous
00:16:00les dialogues de Jonathan.
00:16:02Et pareil, j'ai monté les impros et puis c'est les dialogues du film.
00:16:13Voilà, en gros.
00:16:14Après, c'est vrai qu'il n'y avait peut-être pas que Laetitia.
00:16:17Il y a eu d'autres...
00:16:19Pour le personnage de Jonathan, je crois qu'il n'y avait quasiment
00:16:21que Matthieu qui avait fait.
00:16:24Sinon, pour le personnage de Marina, il y avait Laetitia, mais des fois,
00:16:28moi, je l'avais fait.
00:16:29Il y avait aussi...
00:16:30Ça dépendait.
00:16:31Par exemple, il y a une scène où elle explique à la gynéco qu'elle
00:16:35ne veut pas d'enfant, qu'elle veut avorter.
00:16:37J'avais demandé à une amie à moi qui ne veut pas d'enfant de faire
00:16:42cette scène-là.
00:16:43Ça dépend, j'ai pu mélanger des impros et des fois, me servir de...
00:16:49Vu que c'était des comédiens, c'est ça qui changeait.
00:16:52Je n'étais pas obligée de faire jouer les impros aux personnes
00:16:55qui ont fait les impros.
00:16:56Donc, je pouvais utiliser plusieurs personnes.
00:16:59Mais pour Jonathan, c'était quasiment que Matthieu Santoni.
00:17:03Et ce film-là, il pose aussi la question du choix des comédiens,
00:17:06dans la mesure où, par rapport à cette scène-là, et on l'a vu
00:17:10dans la salle, il y a une question du tempo du comique.
00:17:13Le fait de prendre des comédiens qui sont déjà dans cette gamme-là,
00:17:16qui sont déjà dans ce travail-là, est-ce que ça change quelque
00:17:19chose ou pas ?
00:17:20Parce que la majorité de vos films ont ce côté de tirer vers
00:17:23la comédie.
00:17:24Mais là, de travailler avec ce type d'acteurs-là, je suppose que
00:17:27ce n'est pas tout à fait la même chose que de travailler avec
00:17:30les filles de la Vie Orange, par exemple.
00:17:34Qu'est-ce que ça change comme matière de travail et comme idée
00:17:38pour vous d'aller vers la comédie plus clairement ?
00:17:42Ou vers le comique ?
00:17:43Je ne sais pas trop.
00:17:45Après, Jonathan, c'est vrai qu'il est drôle.
00:17:50Marina Voix aussi ?
00:17:51Oui, c'est vrai aussi.
00:17:52Non, mais le personnage est moins drôle, d'ailleurs, dans le film.
00:17:54Mais bon, il y a des gens très drôles qui ne sont pas comédiens
00:17:59aussi.
00:17:59Donc, c'est vrai que Matthieu Santoni revient à lui, mais pourquoi
00:18:05je l'ai fait improviser et pourquoi j'ai pris tous ces dialogues ?
00:18:08Parce qu'ils étaient hilarants.
00:18:10Toutes les conneries qui sortent, Jonathan, dans le film, c'est
00:18:16Matthieu qui les a inventées.
00:18:18En gros, par exemple, Laetitia, c'était toi qui avais sorti
00:18:25Des Siècles.
00:18:26Oui, c'est comme Les Siècles.
00:18:28En fait, moi, je n'ai aucune idée.
00:18:31Je fais les impros, puis après, je monte les dialogues.
00:18:35Mais je pense que je prends beaucoup, en tout cas, des gens qui ne
00:18:41sont pas comédiens.
00:18:42Ça, c'est sûr.
00:18:43Et donc, à partir de là, je vais reformuler un peu la question.
00:18:45Pourquoi E2, par exemple ?
00:18:47Pourquoi les deux comédiens ?
00:18:49Pourquoi ces deux-là ?
00:18:50En fait, Jonathan, je ne le connaissais pas.
00:18:53C'est Marina qui m'a proposé.
00:18:55Moi, je voulais Mickaël Younes parce que je trouvais qu'il y avait
00:19:00un burlesque physique dans le film, un truc avec le corps à faire.
00:19:05Et je m'étais dit que j'avais envie d'essayer de faire un film
00:19:12avec des acteurs pour voir.
00:19:14Et c'est Marina qui n'était pas trop chaude pour Mickaël Younes.
00:19:19Alors, à la base, ça ne devait pas être Marina non plus.
00:19:21Ça devait être Blanche Gardin qui, pendant longtemps, pensait le faire.
00:19:26Et puis, en fait, c'était compliqué pour elle de ce sujet-là.
00:19:31Et du coup, voilà, ça s'est fait comme ça.
00:19:34Moi, elle m'a dit, tu connais Jonathan Cohen ?
00:19:37J'ai dit non.
00:19:38On a été manger, je me souviens, on a été déjeuner.
00:19:41Et puis, je l'ai trouvé sympa et j'ai dit oui.
00:19:44Et voilà, ça s'est fait un peu comme ça.
00:19:47Franchement, mais je pense que c'était peut-être compliqué pour lui
00:19:55de ne pas improviser, en fait, pendant les scènes et tout ça.
00:19:58Peut-être.
00:19:59Je ne sais pas.
00:20:01Vous aviez dit qu'il y a un rapport au corps, la manière dont vous
00:20:07filmez les corps des gens est vraiment importante dans vos films,
00:20:10sur le côté d'être aussi dans une forme naturelle.
00:20:13Est-ce que là aussi, est-ce que le choix de vos comédiens,
00:20:17qu'ils soient non professionnels ou autres, jouent aussi là-dessus,
00:20:19qu'il faut qu'ils aient des corps qui puissent exister de manière
00:20:23naturaliste ?
00:20:26Moi, ça me semble normal.
00:20:28C'est peut-être à l'inverse, c'est peut-être les autres films
00:20:33qui ont besoin d'avoir des corps de cinéma.
00:20:37En fait, moi, je ne choisis pas des corps spéciaux pour qu'ils aient
00:20:42l'air de naturalistes.
00:20:43Pour moi, je filme des gens normaux.
00:20:48Ouais, enfin, voilà, je n'ai pas besoin.
00:20:51Enfin, je ne me pose pas la question dans ces termes-là.
00:20:58Voilà.
00:21:02On va passer à un second extrait des normes pour aborder justement
00:21:06une autre idée sur cette idée d'authenticité, de naturalisme.
00:21:09Je pense que vous allez vite comprendre pourquoi.
00:21:13Oui.
00:21:14Bonjour.
00:21:15Et le bébé, il bouge bien ?
00:21:16Oui, il bouge bien.
00:21:17Il dit que je pose un peu la main, comme ça, il vient se loger juste
00:21:23dans le creux de ma main.
00:21:24Comme ça.
00:21:25Bon, là, je pose la question à madame.
00:21:29Il bouge bien, votre bébé ?
00:21:30Oui, il bouge bien.
00:21:31Puis là, je vois le projet de naissance.
00:21:33C'est vous qui l'avez écrit ?
00:21:34Vous l'avez écrit ensemble ?
00:21:35Ah non, moi, j'ai des projets, mais pas de naissance.
00:21:38Vous avez quand même marqué que vous vouliez un accouchement dans l'eau.
00:21:43Oui, par voix basse.
00:21:44Tu veux que j'accouche à voix basse ?
00:21:46Non, mais pas à voix basse.
00:21:48Par voix basse.
00:21:49Enfin, on maintient l'idée d'accoucher dans l'eau, donc très bien.
00:21:54Dans l'eau.
00:21:55Donc, sans péridurale, c'est ça, d'accord ?
00:21:59Ça, c'est vraiment sûr.
00:22:02Le mieux, franchement, pour une expérience de femme...
00:22:06Une expérience de femme ?
00:22:07Mais c'est elle qui va accoucher.
00:22:09Moi, j'aurais bien aimé.
00:22:11Oui, mais c'est comme ça.
00:22:12Pour accoucher, il y a besoin d'être femme.
00:22:14C'est comme ça.
00:22:15C'est la femme qui accouche.
00:22:17Donc, vous voulez quoi ?
00:22:18Vous voulez pas de péridurale ou vous voulez...
00:22:21Oui, ben, moi, je veux bien.
00:22:23On est là pour vous accompagner.
00:22:25C'est pas, monsieur, de décider ce que vous souhaitez
00:22:30ou ce que vous ne souhaitez pas.
00:22:31Vous savez quoi ? Vous n'avez qu'à faire vos petits choix.
00:22:33Toutes les deux, d'accord ?
00:22:34Vu qu'à priori, mes choix sont absolument pas entendus.
00:22:36Tu fais comme tu veux, Claire.
00:22:38On peut obliger pas de maillot de main ?
00:22:41Pas de maillot de bain.
00:22:46Si je ne me trompe pas, la personne qu'on voit là,
00:22:49qui est obstétricienne ou sage-femme,
00:22:50c'est une vraie obstétricienne ou une vraie sage-femme.
00:22:53Dans le film, la majorité du corps médical,
00:22:55c'est un vrai corps médical.
00:22:57Ça pose la question de votre rapport au documentaire
00:23:00et qui remonte jusqu'au début, parce que ce qu'on disait
00:23:02tout à l'heure sur le travail du son au départ
00:23:03que faisions en amont, c'est presque plus un travail
00:23:06documentaire qu'un travail de fiction.
00:23:08Qu'est-ce qui vous intéresse dans cette jonction entre les deux ?
00:23:12Comment le documentaire peut percuter la fiction
00:23:14et réciproquement ?
00:23:16Par exemple, pour cette scène-là, c'est clairement une situation
00:23:22de fiction.
00:23:23C'est une situation de fiction inspirée par des situations
00:23:28qui peuvent s'en approcher, parce que c'est courant,
00:23:32pour avoir beaucoup discuté avec des sage-femmes et tout ça,
00:23:35c'est quand même courant qu'il y ait une prise de pouvoir aussi
00:23:39des papas, même sur la grossesse et sur l'accouchement,
00:23:42même des nouveaux papas, entre guillemets.
00:23:45Donc ça, elles m'en ont beaucoup parlé et donc, je leur demandais
00:23:50à la fois de...
00:23:52En fait, c'est ludique, je pense qu'il y a quelque chose
00:23:54d'enfantin.
00:23:55Je ne sais pas si c'est du documentaire ou de la fiction,
00:23:58mais en tout cas, c'était de choisir une personne qui m'intéresse,
00:24:04que je trouve drôle, que je trouve particulière, et de faire une
00:24:09impro encore avec Laetitia et Mathieu Santoni.
00:24:16Et on était là, tous les trois, et c'était cette situation qui
00:24:23a été drôle.
00:24:24J'ai enregistré et on a fait des blagues, c'est un peu ça,
00:24:28pour écrire.
00:24:30Alors après, est-ce que c'est du documentaire ou est-ce que c'est
00:24:33de la fiction ?
00:24:34Je ne sais pas trop.
00:24:35Peut-être que c'est comme cette idée d'être professionnelle ou pas
00:24:40professionnelle, ou d'être acteur ou pas acteur.
00:24:42Je ne sais pas.
00:24:43Moi, ce n'est pas des cases, en fait, qui me parlent beaucoup.
00:24:50Mais il se trouve qu'en tout cas, je me le disais hier,
00:24:54je n'ai jamais fait de documentaire pur, en tout cas.
00:24:56C'est là où j'allais venir derrière.
00:24:57Est-ce que ça vous tenterait de faire un vrai documentaire ?
00:25:00Ben, je ne pense pas.
00:25:03Je ne sais pas trop.
00:25:07Un vrai, vrai, vrai.
00:25:11Est-ce que ça veut dire que ce serait le sujet qui vous
00:25:14intéresserait ou les personnes que vous filmeriez ?
00:25:17Ben, tout.
00:25:18De toute façon, en général, c'est les deux.
00:25:20Par exemple, là, j'ai une idée d'un film, d'une série
00:25:27documentaire que je voudrais faire dans quelques années.
00:25:32Mais quand même, c'est l'idée de partir de personnes qui
00:25:39m'inspireraient, que je voudrais les filmer dans leur vie,
00:25:42mais au travers d'une histoire qui ne serait pas la leur.
00:25:46Je leur demanderais de faire semblant, de faire ci, de faire ça.
00:25:49Je réécrierais avec eux.
00:25:50Mais en fait, c'est une façon de faire un documentaire sur eux,
00:25:53mais de eux qui jouent une fiction.
00:25:57Après, tout est complexe, mais ouais.
00:26:03Laetitia, je reviens sur cette idée d'improvisation.
00:26:07À partir de quel moment on sait qu'on a ce qu'il faut, qu'on sait
00:26:10que ça va être bon ?
00:26:11Combien de temps ça prend, par exemple ?
00:26:14Parce qu'à un moment, on vous dit, c'est bon, on a ce qu'il faut.
00:26:15Et à partir de là, on a la matière suffisante.
00:26:18Non, non.
00:26:20Oui, on avait improvisé pas mal de temps, peut-être plus qu'une journée.
00:26:25Mais moi, en tout cas, quand j'improvise, non, je ne sais pas
00:26:31s'il y a ce qu'il faut.
00:26:32C'est Sophie qui...
00:26:33Oui, puis souvent, on est limité par le temps, par l'argent.
00:26:40Ça, c'est sûr.
00:26:41Mais par le temps.
00:26:46Puis ce qui est bien aussi, c'est que quand on travaille avec des gens
00:26:49qui ne sont pas comédiens ou qui ne bossent pas dans le cinéma,
00:26:53en fait, eux, ils font ça pour nous faire plaisir, parce qu'ils
00:26:56s'en foutent complètement.
00:26:57Donc, c'est vraiment un acte de générosité, de confiance aussi.
00:27:03Par exemple, ces sages-femmes, elles n'avaient aucun intérêt de
00:27:06faire ce truc-là avec moi.
00:27:08Elles font un métier beaucoup plus important et quelque part,
00:27:13pour elles, le cinéma, c'est un divertissement.
00:27:16C'est du plus.
00:27:17Donc, c'est vraiment parce qu'il y a eu une sympathie, parce que moi,
00:27:24je leur ai beaucoup parlé aussi de moi.
00:27:26Donc, il y a un échange aussi autour de l'intime et de la confiance
00:27:31qui s'instaure.
00:27:32Et je pense que ça, c'est un truc qui me plaît beaucoup, qui est
00:27:36vraiment un moteur pour moi dans le fait de faire des films.
00:27:38Et en fait, leur temps n'est pas infini.
00:27:42Donc, c'est plutôt ce temps-là qui serait limité.
00:27:44En fait, c'est voilà, on a tant de temps.
00:27:48Par exemple, sur Voyage en Italie, on fait une impro avec les Loirs
00:27:53de Scooter.
00:27:54Ils ont dix minutes parce qu'ils bossent.
00:27:56En fait, on ne s'arrête pas, le cinéma ne va pas arrêter la vie
00:28:00des gens.
00:28:01En fait, c'est un peu ça, le truc.
00:28:03Donc, on se met dans les trous.
00:28:07C'est ça.
00:28:09Je reviens sur ce qu'il vous disait tout à l'heure sur le côté
00:28:12enfantin ou infantile du personnage de Jonathan Cohen dans Enormes.
00:28:16Mais est-ce qu'il n'est pas assez révélateur, quelque part,
00:28:19de quelque chose qui baigne dans tout votre cinéma, y compris
00:28:22dans la manière de le faire par rapport au jeu, quelque part,
00:28:25mais au jeu au sens ludique, que quelque part, ce que vous faites,
00:28:27c'est des films d'enfance, quelque part, qui ont un rapport
00:28:31avec le sentiment d'enfance.
00:28:32Qu'est-ce que c'est que l'enfance dans le côté de pouvoir être
00:28:35ouvert à tous les possibles, être ouvert à la découverte qu'elle a.
00:28:37Est-ce que ce n'est pas ça, finalement, ce qui guide la majorité
00:28:40de votre travail ?
00:28:42Oui, je pense qu'on s'amuse quand même.
00:28:45Oui, il y a quelque chose de ludique quand on travaille.
00:28:47Et puis, c'est peut-être pour ça que je travaille en petite équipe.
00:28:52Oui, moi, c'est comme ça.
00:28:54Après, comment les autres le vivent ?
00:28:55Je ne sais pas.
00:28:56Mais moi, c'est vrai.
00:28:57Il y a un truc de l'enfance.
00:28:59Souvent, quand on est enfant, on se filme, on fait des impromptus,
00:29:01on joue des scènes.
00:29:03Oui, ça ressemble énormément.
00:29:06Et c'est ça qui est chouette.
00:29:09Voilà.
00:29:10On va passer à un autre extrait de la vie orange.
00:29:16Là, pareil, avec une question un peu biaisée.
00:29:19Vous verrez ensuite.
00:29:26Moi, je prends un gâteau comme ça.
00:29:28Raph, tu peux me filer une liquide, s'il te plaît ?
00:29:30Mais en fait, quelqu'un peut me laver une enfant ?
00:29:31Non, les chiottes, il y a le micro-l'autre, c'est toi, là, si tu veux chier.
00:29:34Non, c'est la flamme.
00:29:35Bart, tu ne veux pas ramener le sopalin, s'il te plaît ?
00:29:38Tu vas te laver un peu.
00:29:39Oui, tu vas me laver, maman.
00:29:42Attends, tu m'as fait mal.
00:29:43Il en a partout.
00:29:45Là.
00:29:46Non, mais tu en as un peu là.
00:29:47Là, là, là, là, là, là.
00:29:50Oh, je suis fatigué.
00:29:51Allez, là.
00:29:54Non, pourquoi ?
00:29:56Arrête de bouger. Mais qu'est-ce qu'il y a ?
00:29:58Tu cherches quoi, Bart ?
00:29:59William Faulkner.
00:30:00Tu cherches qui ?
00:30:01William Faulkner, sans le tuer.
00:30:03Jean-William Faulkner.
00:30:05On ne voulait pas vous décaner un petit peu.
00:30:06Je m'en fous de tes bonheurs, mec.
00:30:09C'est bon, tu ne connais pas la puissance de Faulkner.
00:30:12Alors, j'ai besoin de mon lit pour me barrer.
00:30:14Vous ne voulez pas, genre, venir dîner chez moi la semaine prochaine et manger un truc ?
00:30:19Ah, grave ?
00:30:20Ouais.
00:30:21Bon, allez, là, tu vas être en retard.
00:30:29Et là, c'est ce qu'elle me fait après.
00:30:31Alors, c'est un extrait de la vie ranch.
00:30:33Mais ça aurait pu être un extrait de la plupart de vos films.
00:30:36Parce qu'à les revoir, dans quasiment tous vos films,
00:30:38il y a une scène de lit, de discussion au lit, ou une scène sur un canapé.
00:30:42Est-ce que vous passez des castings de canapé ou de lit ?
00:30:48Non.
00:30:50Tu testes pas mal, quand même.
00:30:53Je teste les matelas, oui.
00:30:55Mais ça n'a rien à voir avec les films.
00:31:00Il y a un lien, je pense.
00:31:01A revoir les films pour cette rencontre, les uns après les autres,
00:31:04c'est très troublant de voir à quel point c'est un élément très récurrent.
00:31:07Des scènes de lit et des scènes dans la durée.
00:31:10Et même parfois des scènes, comme Voyage en Italie,
00:31:13une scène qui est une espèce de flashback, mais qui est racontée à partir d'un lit.
00:31:17Je ne sais pas, c'est peut-être la position allongée qui vous plaît.
00:31:20Je ne sais pas.
00:31:21En fait, j'ai appris plein de trucs sur moi hier avec François Bégaudon.
00:31:26Je sais.
00:31:29Et en fait, il en parlait à un moment.
00:31:31Et c'est vrai qu'il n'avait pas tort.
00:31:33Enfin, globalement, il m'a mouché.
00:31:36Pour ceux qui n'y étaient pas.
00:31:38Il disait que, il disait, voilà, c'est filmer la vie telle qu'elle est vécue.
00:31:46Du coup, je répète, mais et que la plupart du temps, on était chez nous.
00:31:51La plupart du temps, on était sur des canapés.
00:31:53La plupart du temps, on est sur des lits, etc.
00:31:56Et donc, voilà.
00:31:58Et c'est pour ça que ça se passait souvent dans des apparts, sur des canapés ou dans des lits.
00:32:05Avec une dimension supplémentaire qui est assez fréquemment dans vos films.
00:32:09Ces scènes de lits là, elles sont très révélatrices de quelque chose, notamment sur ce que ça dit du couple.
00:32:15Par exemple, c'est souvent effectivement des scènes de couple qui peuvent être des scènes d'engueulades,
00:32:20qui peuvent être des scènes de marades.
00:32:21Mais il y a un côté où comment le côté conjugal, c'est pas pour rien qu'on dit le lit conjugal.
00:32:26Finalement, je pense qu'il n'y avait pas que des coupes, même dans un masqué.
00:32:32Aussi, il y a un moment, il y a plusieurs moments où on est sur des canapés.
00:32:38Dans tous les films, c'est sûr que ce n'est pas des films du mouvement.
00:32:44Quoique, pour parler, c'est beaucoup des films où on s'enregistre.
00:32:51Donc, je pense que oui, la meilleure façon de parler, c'est d'être statique.
00:32:56Ou alors, ça peut être de marcher.
00:32:59C'est plus, ça coûte plus cher de faire un film en marchant.
00:33:05Peut-être, c'est lié aussi au principe de l'enregistrement.
00:33:07Peut-être, c'est plus simple d'enregistrer ce qui se passe dans une pièce quand personne ne bouge.
00:33:14En tout cas, la matière, elle est liée à ça, au fait d'être assis et de discuter avec des gens.
00:33:25C'est vrai que c'est rarement quelqu'un qui marche tout seul dans la ville.
00:33:30Mais ça pose la question de comment on les filme.
00:33:33Certes, il y a des scènes de lit, mais elles sont filmées de manière très différente.
00:33:35Celle-ci est un plan séquence et il y en a d'autres qui sont parfois du champ contre champ.
00:33:40Comment est-ce que vous savez, en fonction de chaque film, que ces scènes-là, il va falloir avoir tel type de filmage ?
00:33:46Il faut le travail.
00:33:47Là, justement, on est en train de monter le prochain et il y a une scène centrale qui s'appelle la scène de sieste.
00:33:57Ce n'est pas facile, elle n'est pas facile à monter, elle va être super.
00:34:02Mais pour chaque film, c'est différent.
00:34:05Donc là, c'est encore sur un lit, sauf que ce n'est plus le couple.
00:34:12D'ailleurs, il n'y a plus de place pour le père sur le lit qui est relégué dans un matelas par terre.
00:34:21Et c'est un enfant de trois ans qui ne veut pas faire la sieste et qui empêche tout le monde de dormir,
00:34:26qui saute sur le lit et tout ça.
00:34:27Et c'est vrai que la scène, c'est la scène la plus longue du film.
00:34:31Donc, il faut la trouver.
00:34:33Donc, en montage, je pense que c'est la scène la plus dure à monter du film.
00:34:41Ce qui n'empêche pas que ça ramène à une des dimensions qui est aussi souvent présente dans votre film,
00:34:45qui est la dimension du couple.
00:34:47Qu'est-ce qui vous intéresse dans l'idée de filmer le couple ?
00:34:50Je pense que comme c'est en général des films qui ont une base autobiographique,
00:34:58le couple et la famille et les enfants, c'est quelque chose qui fait partie de ma vie.
00:35:04Je pense que c'est vraiment ça.
00:35:09Il n'y a pas une intention particulière de comprendre quelque chose ou de dire quelque chose là-dessus.
00:35:22A l'inverse, c'est quand même quelque chose qui ramène à des gestes très quotidiens.
00:35:25Parce que nous, on a tous, je pense que nous, effectivement, des scènes de discussion au lit ou ailleurs.
00:35:30Mais il y a cette idée de filmer le quotidien dans ce qui est, pas de magnifier l'ordinaire,
00:35:36mais de montrer l'ordinaire dans ce qu'il y a d'extrêmement ordinaire et en même temps,
00:35:39de ce qu'il y a d'extrêmement perturbant, mais comment les choses peuvent basculer.
00:35:43Parce que souvent, c'est des scènes qui amènent une bascule quelque part dans l'intrigue.
00:35:47Qu'est-ce qui vous intéresse dans cette idée de filmer l'ordinaire, de filmer le quotidien ?
00:35:53Et d'en faire, quelque part, un élément de fiction dans laquelle il y a une part qui, potentiellement, peut virer ?
00:35:59Pour moi, ce n'est pas ordinaire.
00:36:01Enfin, ça l'est peut-être pour les autres, mais pour moi, il n'y a rien d'ordinaire.
00:36:10Enfin, je ne sais pas ce que vous en pensez, mais c'est, par exemple, une crise d'en voyage en Italie,
00:36:18une crise dans un couple où on a besoin de partir en Italie, même si c'est traité sur le ton de la comédie.
00:36:27C'est quand même un moment de crise dans un couple.
00:36:29Donc pour moi, ce n'est pas du tout ordinaire.
00:36:31Ça prend beaucoup de place dans ma vie.
00:36:37Donc, il n'y a rien de vraiment ordinaire.
00:36:41Alors, peut-être que je mets de l'intensité dans tout ce que je vis, peut-être,
00:36:45mais il n'y a rien de vraiment ordinaire.
00:36:49Peut-être même, c'est regarder une série où je regarde peu de films.
00:36:53Peut-être, c'est la fiction qui est ordinaire.
00:36:55Peut-être, en fait, je n'en sais rien.
00:36:58Moi, j'ai l'impression que dans ce qu'il y a de ultra, ce que vous dites ordinaire,
00:37:06je trouve que c'est très intime et que cette intimité qui est extrêmement profonde,
00:37:10finalement, rejoint quelque chose de très universel qu'on a tous,
00:37:15enfin, qu'on peut tous se reconnaître dans ces scènes.
00:37:19C'est ça qui fait la force.
00:37:21Finalement, ça peut paraître ordinaire, mais ça ne l'est pas du tout.
00:37:24C'est extrêmement profond et très universel parce que ça rejoint quelque chose d'intime.
00:37:34Cette notion d'intime, justement, elle est assez importante dans la mesure où
00:37:37c'est aussi la manière dont vous filmez les gens.
00:37:39On parlait des corps tout à l'heure, mais il y a un côté où ça va dans l'intime,
00:37:44donc quelque part, on le voit dans Énorme ou même dans d'autres,
00:37:47mais il y a ce côté où ça va assez loin dans ce que ça raconte des gens.
00:37:50Mais en même temps, il y a une notion de distance.
00:37:53Il y a un côté qui reste pudique, malgré tout.
00:37:56Il y a un côté où il y a des frontières qui ne sont peut-être pas à franchir
00:37:59dans la manière dont vous filmez les gens.
00:38:03Est-ce que c'est quelque chose auquel vous y pensez, cette distance-là,
00:38:05avec effectivement ce que ça va raconter dans l'intime et des choses qui,
00:38:09parfois, peuvent être, pas provocantes, mais un peu, entre guillemets,
00:38:13transgressives dans l'époque, dans ce que ça raconte de la maternité,
00:38:16du rapport de couple, dans les rapports d'amitié, et en même temps,
00:38:20la manière de filmer les gens avec un truc qui est presque une forme
00:38:24de respect des gens que vous filmez ?
00:38:27C'est peut-être une histoire de ton et de distance, en fait.
00:38:34J'ai l'impression que j'ai naturellement une espèce de distance
00:38:38un peu comique avec mon sujet.
00:38:42Donc, c'est peut-être ça, en fait, c'est peut-être ça qui crée...
00:38:47Après, comme il y a peu de choses intentionnelles, finalement,
00:38:53dans mon travail, j'ai l'impression que c'est très concret.
00:39:00Toutes les questions, toute la fabrication, toute l'écriture,
00:39:05même après, en post-production, parce que c'est vrai que c'est des films
00:39:08qui...
00:39:10Comme ça, qui ont l'air de rien, justement, quand le montage son n'est pas fait,
00:39:14quand le mixage n'est pas fait, il y a un truc artisanal, en fait,
00:39:19c'est vraiment comme fabriquer un objet plastique, quoi.
00:39:26Et qu'en fait, l'intention, elle est dans l'effort de travail.
00:39:31Donc moi, j'ai parfois du mal à répondre à ce genre de questions,
00:39:34parce que c'est le travail, en fait, et la mise en place des dispositifs.
00:39:42Et voilà, ça avance et on propose à des gens de faire des choses
00:39:47et on fait des choses.
00:39:48Et les films se construisent un peu comme ça, mais c'est pas du tout brouillon.
00:39:53En même temps, c'est un peu comme sur des rails, mais il n'y a pas
00:39:58d'intention de se dire oui, alors là, je vais filmer de façon pudique
00:40:02où je vais.
00:40:03Il n'y a jamais d'intention de cinéma, en tout cas, avant.
00:40:10Jamais d'ailleurs, mais c'est plutôt d'être dans la fabrication,
00:40:18comme dans un atelier ou comme de faire une peinture ou une sculpture
00:40:23et d'y aller parfois sans recul.
00:40:27D'ailleurs, parfois, c'est juste des petits coups de pinceau par ci,
00:40:34par là.
00:40:35Des fois, ça prend des heures, puis on efface tout, puis on recommence,
00:40:37etc.
00:40:38Mais j'ai l'impression que les choses se font pas avec une espèce de
00:40:43conscience ou une volonté théorique.
00:40:47En fait, je suis dans la matière tout le temps.
00:40:50S'il n'y a pas d'intention, qu'est-ce qui se passe sur Voyage en Italie
00:40:54quand là, vous jouez dans le film, vous tenez un des rôles principaux
00:40:58et qu'en plus, vous êtes productrice du film.
00:41:00Je ne crois pas que ce soit la première fois, mais vous devenez
00:41:01productrice de votre propre film.
00:41:03Est-ce que là, ça change quelque chose ?
00:41:07Parce que ce n'est pas le même, justement, investissement de filmer
00:41:10et de filmer, de jouer avec le potentiel, en plus effet miroir
00:41:14que ça peut avoir, parce que vu le côté réaliste, vu que c'est vous
00:41:17qu'on voit à l'écran, de se dire quel est le lien avec la vraie
00:41:21Sophie le tourneur et pas le personnage de fiction ?
00:41:25Non, franchement, c'est vrai que je ne sais pas, j'ai l'impression
00:41:30que ça ne change pas grand-chose.
00:41:33Le seul truc, c'est que des fois, je me dis, par exemple, si je savais
00:41:39me servir d'une caméra, il y a des moments où j'ai envie de cadrer,
00:41:44par exemple.
00:41:46Mais c'est sûr que si je suis dans l'image, je ne peux pas cadrer.
00:41:52Ça change ça, en fait, surtout, c'est que je ne peux pas me voir.
00:41:59C'est vrai que Laetitia, c'est un peu mon regard sur comment je joue et tout ça.
00:42:05Mais je ne sais pas comment tu as ressenti les choses quand je joue
00:42:13et quand je ne joue pas.
00:42:14C'est vrai, est-ce que pour vous, c'est différent, par exemple ?
00:42:16Ce n'était pas la première fois.
00:42:20Il y a les coquillettes, le marin masqué.
00:42:23Oui, le coquillette aussi.
00:42:26Je ne sais pas si c'est...
00:42:31Non, je ne sais pas.
00:42:33Il n'y a pas vraiment de différence.
00:42:34J'ai l'impression que ça va plus vite quand c'est moi parce que je me
00:42:39dirige moi-même.
00:42:40Du coup, je veux dire, c'est plus simple.
00:42:45Je ne sais pas si ça va plus vite, mais non, mais ça va plus vite.
00:42:48Je veux dire.
00:42:50Forcément, vous savez plus ce que vous voulez, de fait.
00:42:54Je ne sais pas.
00:42:55J'ai l'impression en même temps que tu y vas, tu joues dedans et tu ne te
00:42:58pousses pas trop de caisse.
00:42:59J'ai l'impression que tu joues dedans, mais après, c'est pas mal de jouer
00:43:09dedans parce que ça permet aussi de diriger de l'intérieur.
00:43:13C'est-à-dire que là, par exemple, je suis désolée, je parle de ce film
00:43:16que personne n'a vu, mais je suis en train de le faire.
00:43:19Donc là, je jouais avec une petite fille de 11 ans.
00:43:23C'est vrai qu'à chaque fois, on était quasiment tout le temps ensemble
00:43:27dans toutes les scènes.
00:43:28Chaque fois que je jouais, je pensais à elle, comment elle jouait,
00:43:32même si elle était à côté de moi.
00:43:34Tout ça, ça me permettait de la soutenir aussi, quelque part, de jouer
00:43:40dans le film.
00:43:42C'est toujours cette histoire de lien, de confiance, de partager un truc
00:43:47ensemble.
00:43:48J'ai l'impression que c'est ça qui revient beaucoup.
00:43:53Tu es très intuitive en fait, Sophie, c'est ça qui dirige aussi.
00:43:58Au niveau du son, c'est comme ça, c'est très intuitif, ton rythme
00:44:04intérieur, tout ce que tu as, tu le sais, tu le cherches.
00:44:11Et puis, ça s'exprime.
00:44:14C'est vrai que ça peut être problématique, par exemple, des fois,
00:44:18en montage ou quoi, pour expliquer.
00:44:23Si je ne fais pas les trucs moi-même, des fois, ce peut être compliqué
00:44:26parce que des fois, je n'ai pas d'argument.
00:44:31C'est juste, non, là, c'est ça, le raccord, c'est ça.
00:44:35Je ne sais pas, je n'ai pas d'argument, c'est ressenti comme ça.
00:44:39On parlait de lien et de confiance.
00:44:42On va en recauser avec non pas un, mais deux extraits de Gabi Bébidol
00:44:46qui vont être diffusés à la suite.
00:44:48En tout cas, je ne peux pas m'en prendre une là-bas.
00:44:52Ce n'est pas très cool, tu laisses tous les lits pourris à tes copines.
00:44:55Il y a des gens qui s'en foutent des miens.
00:44:57Je ne sais pas, tu fais le tour, tu choisis ton matelas comme le fait
00:45:00du prince.
00:45:01C'est tout le temps comme ça.
00:45:02Non, mais moi, si je dors mal, je me réveille en demi-sommeil et puis
00:45:06je vois des trucs qui apparaissent.
00:45:07Ça ne t'arrivait jamais quand tu étais petit ?
00:45:08Oui, mais moi, quand je me réveille, je vois que c'est la réalité, donc ça va.
00:45:11Oui, moi, justement, je ne sais jamais ce qu'est la réalité.
00:45:14Je ne sais jamais ce qui est vrai ou pas vrai.
00:45:16Ça t'arrivait jamais de te réveiller la nuit et de faire un cauchemar
00:45:20et d'avoir peur ?
00:45:21C'est bon, on ne va pas danser.
00:45:22Faire un cauchemar et tout, tu te réveilles la nuit et puis...
00:45:26Tu n'en as pas marre de faire chier tout le monde avec tes angoisses ?
00:45:28Je ne veux pas faire chier tout le monde avec mes angoisses.
00:45:30Moi, je ne le fais pas.
00:45:32C'est à cause d'hier, parce que je n'ai pas bu ta bouteille de vin.
00:45:36C'est toi quelqu'un d'autre pour ne pas être seul.
00:45:41C'est juste pour ça que tu es avec moi.
00:45:44Tu ne m'aimes pas.
00:45:47Tu as déjà été seul ?
00:45:49Non.
00:45:50Tu es toujours un mec, un amant, une copine, une coloc.
00:45:54Donc ça te ferait du bien.
00:45:58Mais ça me ferait du bien vis-à-vis de quoi ? Je ne comprends pas, là.
00:46:01Je ne sais pas, pour toi.
00:46:06Tu n'as pas prescrit ça à ton médecin ?
00:46:10Non.
00:46:15Si tu partais, je ferais n'importe quoi.
00:46:17Je te jure.
00:46:19Je te jure, regarde. Voilà, je te jure.
00:46:21Je te promets de revenir.
00:46:22Quand ?
00:46:24Quand tu n'auras plus aucune feuille de cet arbre.
00:46:25Lequel des arbres ?
00:46:26Justement, reste, reste, c'est con, laisse-moi te prouver que je t'aime.
00:46:29Je vais te prouver que je t'aime.
00:46:31Allez, enlève ton T-shirt et je te fais une omelette.
00:46:33Enlève ton T-shirt.
00:46:36Je m'en fous, je garde ton sac.
00:46:38Donc deux extraits.
00:46:39Dans le premier, on entend, je ne sais jamais ce qui est vrai, ce qui est faux.
00:46:43On entend, tu n'en as pas marre de nous gonfler avec tes angoisses.
00:46:47Et dans le second, il y a ce côté, comment le dire, comme ça,
00:46:51on parle d'un sac à la fin, moi, je ne sais pas,
00:46:53je ne sais pas ce qui est vrai, ce qui est faux.
00:46:55On parle d'un sac à la fin.
00:46:56Moi, j'ai l'impression que votre sac, quelque part, c'est une peur du vide.
00:46:59C'est-à-dire qu'au film, il faut qu'il soit plein.
00:47:01Il faut toujours qu'il se passe quelque chose et que l'idée de la solitude
00:47:04dans vos films, elle n'existe pas non plus.
00:47:06Est-ce que quelque part, tout ce qu'on vient de voir dans ces extraits,
00:47:09ça condense un peu votre cinéma et votre personnalité sur le côté,
00:47:13de la manière de travailler, sur le vrai, le faux, de mettre aussi
00:47:16de la part d'autobiographie, parce que vous n'avez jamais caché
00:47:18qu'il y avait des rapports autobiographiques avec vos films,
00:47:20mais qu'au départ, qu'au final, tout ça, ça cache peut-être
00:47:23une peur du vide ou de l'absence.
00:47:29On va prendre un canapé, si vous voulez vous alerter.
00:47:33Oui, oui.
00:47:34Oui, après, je pense qu'on est nombreux quand même à avoir...
00:47:37Probablement, probablement.
00:47:42Oui, oui, oui.
00:47:43De toute façon, je pense que tous les artistes ont une forme
00:47:49de nécessité à faire les choses qui est forcément liée à un besoin
00:47:55de s'exprimer ou de quelque chose qui les soulage, en tout cas,
00:47:59dans le fait de créer.
00:48:00Donc moi, je pense que oui, c'est sûr que c'est quelque chose
00:48:07qui m'est nécessaire et je pense qu'en plus, le fait de faire
00:48:13des espèces de reconstitution comme ça, d'avoir le sentiment,
00:48:17d'avoir une espèce de prise sur le temps, de pouvoir reconstituer
00:48:22des moments passés ou même dans les films, on reconstitue en plus,
00:48:26en racontant les mises en abyme comme ça.
00:48:29Je pense que ça me fait du bien de faire ça.
00:48:34Après, après, sur la peur du vide.
00:48:45Oui, au niveau de la mise en scène.
00:48:46C'est ça, peut-être, peut-être derrière aussi autre chose.
00:48:49Je ne sais pas.
00:48:50Mais en tout cas, au moins, au niveau de la mise en scène.
00:48:52Oui, oui.
00:48:59Je vous vois réagir.
00:49:00Je ne sais pas.
00:49:01Qu'est-ce que vous en pensez?
00:49:03Moi, j'ai l'impression que pour le son, pour le son, j'ai l'impression
00:49:08que ce que tu as enregistré, c'est aussi une manière de figer des choses,
00:49:13enfin, empêcher le temps de passer.
00:49:16Oui, de l'avoir inscrit comme ça sur une bande.
00:49:21Et donc, voilà.
00:49:25Oui, c'est sûr.
00:49:27Et puis, après, sur la, par exemple, sur le son, par exemple,
00:49:35la pause synchro, que c'est quand même quelque chose que j'ai fait
00:49:38dans plusieurs films.
00:49:39C'est aussi une façon de créer du vide, bizarrement, par exemple,
00:49:44le marin masqué, le film est très pur au niveau du son.
00:49:48Le montage son, en général, dans les films réalistes,
00:49:52en fait, il y a 20 pistes de son.
00:49:54Donc, on met des tartines d'ambiance, de trucs, de machins.
00:49:58C'est vrai que dans le marin masqué, il y a du vide.
00:50:00Alors, ce n'est peut-être pas le vide qu'on attend habituellement,
00:50:03mais il y a en tout cas du vide, parce que le son...
00:50:08Une sensation de vide.
00:50:10Une sensation aussi de vide.
00:50:12Et ça ressemble plus à un cartoon, en fait.
00:50:20Donc, je ne sais pas.
00:50:24Tout à l'heure, vous disiez, voir peu de films.
00:50:28Le dernier extrait va s'inscrire en faux.
00:50:30Quand on s'a, c'est un extrait à nouveau de la vie orange.
00:50:34Vous devinez duquel il s'agit.
00:50:35Oui.
00:50:42Bonsoir, Lola.
00:50:45Je vous préviens, j'ai un peu bu.
00:50:49Tiens, d'ailleurs, tu l'as vu, le dernier Hong Sang-Soo ?
00:50:52Night and Day, ouais.
00:50:53Ouais, ouais.
00:50:54J'étais un peu déçu, c'est dommage.
00:50:56T'étais déçu ?
00:50:58De quoi ?
00:50:59Le dernier film de Hong Sang-Soo.
00:51:03T'étais déçu pourquoi ?
00:51:04Je trouvais ça un peu paresseux par rapport au dernier.
00:51:07C'est quel film ?
00:51:09Night and Day.
00:51:10Night and Day, de Hong Sang-Soo.
00:51:11C'est un réel coréen.
00:51:13Il doit avoir pas plus de, je ne sais pas,
00:51:161 000 fans en France et encore.
00:51:18Il y en aurait quelques centaines en Corée, mais bon.
00:51:20J'ai pas vu.
00:51:21C'est vachement bien.
00:51:22Ouais, c'est vraiment bien.
00:51:24Encore sur le dernier.
00:51:26Non, mais par contre, Woman on the Beach, c'était super bien.
00:51:29Ouais, j'ai beaucoup aimé.
00:51:30C'était un peu le renouveau après Compte de Cinéma,
00:51:33qui était super chiant.
00:51:35Je l'ai vu dans la première partie, Comédie,
00:51:37et puis la deuxième partie, c'était un peu plus chiant.
00:51:41Je suis pas d'accord, c'est vachement bien, les deux.
00:51:43Jusqu'au bout.
00:51:45Mais tu es belge ?
00:51:48C'est à cause de l'accent.
00:51:50Pourquoi ?
00:51:51C'est à cause de l'accent que tu dis ça ?
00:51:52Ouais.
00:51:53T'as un accent ?
00:51:55Non, oui. C'est pas la première à me le dire.
00:51:56S'il vous plaît.
00:51:59Et sinon, Center Stage, t'as avancé quoi ?
00:52:01J'ai adoré.
00:52:03Merci encore pour le DVD, ça faisait longtemps que je voulais le voir.
00:52:06Est-ce que je pourrais avoir un verre de...
00:52:08Maggie Chung, elle est juste incroyable.
00:52:09Moi, je suis complètement amoureux.
00:52:11J'en ai ?
00:52:13Ouais.
00:52:14Et c'est vrai que...
00:52:15Non, vous avez pas du cinéma, plutôt ?
00:52:16Non, c'est ça.
00:52:17Enfin, je trouve qu'il y a un vrai changement de style
00:52:20par rapport aux autres scènes d'Equan.
00:52:22C'est un peu documentaire en même temps,
00:52:23mais t'avais vu la Divine ou pas ?
00:52:24J'avais pas vu la Divine,
00:52:25j'ai vu d'autres films avec Wanling Yu.
00:52:28À la théâtre ?
00:52:29Non, non, dans un festival.
00:52:31Excuse-moi.
00:52:32Non, pardon, pardon.
00:52:33Bon, vas-y, je t'en prie.
00:52:35Il y a une nuit en Karwaï, au Champeau.
00:52:37Ils en font tous les 6 mois en même temps.
00:52:39Moi, j'ai la fête il y a 2 ans.
00:52:40Moi, j'ai été enfermé il y a 3 ou 4 ans.
00:52:43Moi, je m'en rappelle plus.
00:52:44OK.
00:52:45Ben, on n'ira pas.
00:52:49Donc, en Karwaï, on n'ira pas.
00:52:51Mais, au-delà de ça, cette scène-là,
00:52:55je vous trouve un peu vache avec Hong Sang-Soo,
00:52:56dans la mesure où j'ai l'impression que,
00:52:58c'est peut-être pas votre modèle,
00:52:59mais que vous tendez vers ce cinéma-là,
00:53:02y compris dans la fabrication,
00:53:04y compris dans l'économie,
00:53:05y compris dans le côté de quelque chose de réduit,
00:53:07dans une forme, quelque part, dépure.
00:53:09Est-ce que, quelque part, Hong Sang-Soo,
00:53:10c'est pas un peu votre but à atteindre, son cinéma ?
00:53:16Mon but, je ne sais pas.
00:53:17Mais après, non, c'est sûr que je trouve hyper doué.
00:53:23Oui, oui.
00:53:25Après, j'ai raté un peu ces derniers films, c'est vrai.
00:53:30J'avais vu La Femme qui s'est enfuie.
00:53:32J'avais trouvé ça dingue, j'avais trouvé ça hyper beau.
00:53:37Après, mon but...
00:53:41Oui, c'est vrai que quand on a du mal à faire ses films,
00:53:45qu'on se dit, pourquoi ça coûte aussi cher ?
00:53:49Ça peut être de l'espoir, en fait,
00:53:52se dire que lui, il a monté sa boîte de prod,
00:53:54qu'il fait un film par an, que voilà.
00:53:57Donc ça, c'est...
00:53:59Et que finalement, il s'en fout.
00:54:01Même si on lui dit qu'il fait tout le temps le même film, etc.
00:54:03Enfin, il cherche pas à...
00:54:06Il est dans le plaisir, en fait, de faire ses films,
00:54:09mais dans la nécessité aussi de faire ses films.
00:54:11Et c'est vrai que c'est un modèle qui est différent.
00:54:15Donc en ça, je trouve ça...
00:54:17Enfin, je trouve ça bien.
00:54:21Non, puis c'est vrai que son talent, il est...
00:54:26Enfin, pour le coup, il est très mystérieux, son talent.
00:54:29Je trouve ça dingue.
00:54:31C'est vrai que quand on voit ses films,
00:54:32il y a toujours un moment où on se dit...
00:54:34Puis il y a un moment dans le film où on se dit,
00:54:38mais oui, mais...
00:54:39Enfin, je ne sais pas,
00:54:40il y a un moment où il y a une scène
00:54:42ou un moment qui justifie tout le film en entier.
00:54:46Et le film devient magnifique.
00:54:49Je trouve ça dingue.
00:54:50Mais non, mais après, je ne le critique pas.
00:54:52C'est vrai que c'était...
00:54:53De toute façon, en plus, ce n'est pas mon personnage.
00:54:55C'est le personnage de Guimet.
00:54:59Et c'était une scène parce que, en gros, c'était l'idée...
00:55:03Comme tout est très autobiographique,
00:55:05il se trouve que Guimet, la vraie,
00:55:07était tombée amoureuse d'un...
00:55:11d'un intello.
00:55:13Et du coup, c'était juste pour faire une scène comme ça,
00:55:16qui ressemblait à ce qu'elle, elle avait vécu, en fait.
00:55:21Mais ils avaient improvisé aussi.
00:55:23C'était une scène d'improvisation.
00:55:25Et ils avaient improvisé.
00:55:27Et donc, moi, j'avais choisi ces deux mecs-là.
00:55:29Mais je ne sais pas, je ne les connaissais pas, d'ailleurs.
00:55:31Je ne me rappelle plus comment on les avait trouvés.
00:55:33Je ne sais plus.
00:55:36Surtout qu'il y en a un, si je ne me trompe pas,
00:55:37ça doit être Rik Jolival, tout Jolival,
00:55:40qui est quelqu'un qui travaille aujourd'hui
00:55:41dans la branche du cinéma d'auteur,
00:55:43en plus du cinéma dont il parle.
00:55:45Non, mais il est exploitant.
00:55:47Il est exploitant et Aurélien Dierleur,
00:55:49après, il est parti.
00:55:50Mais alors, comment je l'ai rencontré ?
00:55:51Je ne sais plus du tout.
00:55:53Bref, en tout cas, je les ai rencontrés et je leur ai dit,
00:55:57après, c'est ce que je disais tout à l'heure,
00:55:58c'est vrai que c'était un peu comme ça.
00:56:00On rencontre des gens, on dit, tiens, vous avez l'air cinéphile,
00:56:03vous ne voulez pas faire une scène ?
00:56:05Ah bon, ça prend combien de temps ?
00:56:07Je ne sais pas.
00:56:08Alors, on ment toujours un peu.
00:56:10Un quart d'heure.
00:56:13Et ça a pris ?
00:56:15Je ne sais pas, deux heures.
00:56:16Mais bon, on s'amuse bien et tout.
00:56:18Et puis, ils l'ont rejoué derrière, sans penser,
00:56:23parce que c'est toujours ça.
00:56:24C'est aussi comment on n'a jamais l'impression
00:56:29que ça va être quelque chose d'important ou quoi que ce soit.
00:56:31C'est vrai qu'à chaque fois, les gens sont surpris.
00:56:34C'est comme dans les coquillettes.
00:56:36Je ne sais pas, les gens qui ont accepté de jouer dans le film,
00:56:39ils ne pensaient pas du tout que ça allait être ça
00:56:42ou qu'ils allaient finalement avoir un rôle important.
00:56:45Parce que c'est vrai qu'on le présentait rarement comme ça,
00:56:47en général.
00:56:49Même là, dans le prochain film, il y a quelqu'un qui a un rôle
00:56:53très important et c'est la personne qui nous louait la maison
00:56:57dans laquelle on a tourné.
00:57:00On a minimisé.
00:57:01On a minimisé, mais il a eu une demi-journée de tournage.
00:57:05On a fait toutes les scènes, mais c'est le centre du film.
00:57:08Je pense qu'il va être très surpris.
00:57:13J'imagine.
00:57:14Il n'est pas...
00:57:15Il est venu plusieurs fois.
00:57:17C'est l'intérêt de ne pas faire lier les scénarios.
00:57:19Oui.
00:57:21Le hasard fait que la conversation qu'on a dans cette scène-là,
00:57:24c'est quatre cinéastes asiatiques dont il parle.
00:57:27Alors, c'est peut-être une extrapolation un peu baisée de ma part,
00:57:30mais moi, ça me pose la question, d'une part, de...
00:57:32Est-ce que vous avez un tropisme pour le cinéma asiatique ?
00:57:35Parce que les cinéastes dont il parle,
00:57:37c'est des cinéastes qui ont des esthétiques très fortes
00:57:39et des manières de faire des films qui sont très particulières.
00:57:41Mais au-delà de ça, comment vous vous sentez vous ?
00:57:44Parce que vous avez quand même un cinéma qui est singulier.
00:57:46Comment vous sentez-vous dans le milieu français,
00:57:49dans le milieu du cinéma français ?
00:57:54En tout cas, sur le cinéma asiatique...
00:57:58Non, mais quand j'étais jeune,
00:58:00je ne voulais pas faire des films spécialement,
00:58:03mais je m'intéressais au cinéma.
00:58:05J'allais voir des films.
00:58:06Donc, j'ai été voir...
00:58:10Chunking Express, tout ça.
00:58:12J'ai découvert quand c'est sorti en salle.
00:58:15Donc, j'ai trouvé ça dingue.
00:58:16Et je pense que j'ai été justement intéressée
00:58:19par tout ce qui était recherche plastique au cinéma.
00:58:24Donc, le cinéma asiatique de cette époque.
00:58:30Et puis, même dans le cinéma français,
00:58:34j'aimais bien tout ce qui était un peu bizarre,
00:58:36un peu expérimental et tout ça, j'aimais bien.
00:58:39Mais est-ce que du coup, ça, c'était une question pour toutes les trois.
00:58:41Est-ce que vous avez l'impression qu'en faisant les films de Sophie,
00:58:43vous faites un cinéma qui est à part,
00:58:46dans ce qui se fait dans le cinéma français,
00:58:49qui est vraiment une singularité.
00:58:52Oui, bien sûr.
00:58:57Mais tant mieux, tant mieux.
00:59:01Après, c'est vrai que c'est...
00:59:03Parfois, ce n'est pas facile parce que...
00:59:06Parce que comme ça ne ressemble pas dans la façon de faire,
00:59:12par rapport à plein de choses,
00:59:14ça peut être compliqué de trouver les moyens aussi de les faire
00:59:18parce que ce n'est peut-être pas rassurant,
00:59:21parce que ce n'est pas des circuits habituels,
00:59:25ce n'est pas des documents habituels.
00:59:32Parce que si je ne me trompe pas,
00:59:34j'avais lu l'interview de vous,
00:59:35vous disiez que le marin masqué, ça avait été fait pour 500 euros.
00:59:38Et je pense que si on voit le...
00:59:40Le tournage, le tournage.
00:59:41Mais ça fait quand même une somme,
00:59:43un budget assez réduit au global, je suppose.
00:59:46Un film comme Enormes, par exemple,
00:59:47ce n'est pas du tout la même économie.
00:59:49Ce n'est pas la même échelle, je suppose.
00:59:52Non, non, non.
00:59:54Mais après, Enormes, on l'a fait.
00:59:56On était six, cinq dans l'équipe.
00:59:58Ce n'était pas une grosse équipe.
01:00:04Tu as eu plus d'argent sur Enormes ?
01:00:06Bien sûr. Déjà, les gens étaient payés.
01:00:09En annexe une.
01:00:13Donc ça, déjà, ça va vite.
01:00:21Après, c'est vrai qu'on a tourné deux mois en documentaire.
01:00:24Donc là, à part l'équipe,
01:00:25c'est vrai que les gens ne sont pas payés.
01:00:28Les gens qui sont filmés ne sont pas payés.
01:00:32Le film aurait pu coûter, je pense, moins cher aussi.
01:00:34C'est aussi parce qu'il y avait des acteurs.
01:00:36Et puis, comme il y avait de l'argent,
01:00:38tout le monde était plus payé.
01:00:40C'est aussi le système.
01:00:42Donc finalement, ça coûtait encore plus cher.
01:00:45Et puis, le montage a été très long.
01:00:47Donc ça, en annexe une.
01:00:50Donc ça a coûté encore plus cher.
01:00:51Mais le tournage, je pense que ça n'a pas coûté très cher,
01:00:55en fait, parce que vraiment, on avait une Kangoo,
01:00:58je me souviens, pour mettre le matériel.
01:01:02On a tourné les lieux, les hôpitaux.
01:01:05Tout ça, c'était gratuit.
01:01:07Parce qu'on tournait pendant que l'hôpital était en service.
01:01:12Leur appartement, c'était l'appartement d'une pianiste
01:01:16qui me le prêtait quand elle était en concert.
01:01:21Donc c'est vrai que ce n'est pas un film...
01:01:26C'est un film qui aurait pu coûter beaucoup moins cher
01:01:29si on l'avait fait à l'arrache.
01:01:30On aurait pu le faire aussi.
01:01:32Ça n'aurait pas été pareil.
01:01:36On a pas mal mentionné l'idée d'improvisation.
01:01:39Ça va être votre heure d'improviser.
01:01:41Parce que là, maintenant, c'est le moment où c'est vos questions.
01:01:44Si vous en avez.
01:01:46Il y a un micro qui va circuler.
01:01:47Sinon, je vous amènerai celui-ci.
01:01:50Bonsoir.
01:01:51Ce n'est pas une question.
01:01:53Je voulais juste vous dire un grand merci.
01:01:56Parce qu'il y a 25 ans, j'ai passé 2 fois 15 jours au bleué.
01:01:59Et c'est là que j'ai eu les plus grands fourrures de ma vie,
01:02:02avec beaucoup de larmes aussi.
01:02:04Et je rêvais toujours de voir ce film-là au cinéma.
01:02:08Parce que je le trouvais tellement riche.
01:02:10Tout ce va-et-vient, tout ce personnel.
01:02:1224 heures sur 24.
01:02:13Et j'ai attendu 25 ans.
01:02:15Et vous l'avez fait.
01:02:16Alors, je vous dis un grand merci.
01:02:18Parce que ça m'a fait énormément plaisir.
01:02:20Merci.
01:02:22C'est vrai qu'elles sont extraordinaires.
01:02:24Moi, j'étais tellement contente de passer tout ce temps-là avec elles.
01:02:29Hors tournage, en observation.
01:02:32Des nuits entières en salle de naissance.
01:02:37Merci pour cette intervention.
01:02:41Moi, j'ai une question plus sur le son.
01:02:44Parce que vous avez parlé de la façon dont vous élaboriez le scénario.
01:02:48C'est très particulier.
01:02:50Et je me demandais comment vous faisiez pour faire ce montage,
01:02:53à partir des enregistrements.
01:02:56Est-ce que vous sélectionnez plein de petits bouts pour faire un agencement ?
01:02:58Est-ce que vous avez des moments un peu clés autour desquels vous composez ?
01:03:03Ça dépend.
01:03:08En fait, je pense que des fois, je peux procéder par élimination.
01:03:12Donc, j'enlève tout ce que je trouve chiant.
01:03:17Après, je peux penser aussi à la structure.
01:03:23Je change des fois les choses de place.
01:03:29Je crée des superpositions.
01:03:35J'enlève du vide.
01:03:37Du coup, j'aime bien faire ça.
01:03:41Et petit à petit, après, c'est de l'écrémage.
01:03:44C'est pour ça que je parlais de sculpture tout à l'heure.
01:03:46Je pense qu'il y a un truc un peu comme ça où j'écoute le sens,
01:03:52mais pas seulement.
01:03:53J'écoute aussi ce qui se passe au-delà du sens des mots.
01:03:59Vraiment, la musique du truc.
01:04:01Donc, j'écoute, j'écoute, puis je rectifie, j'enlève un petit bout là.
01:04:05Ou alors, je prends un mot là, je le mets là.
01:04:10C'est une construction musicale, je dirais.
01:04:14Est-ce que c'est déjà un travail de montage ? Au-delà du côté du montage sonore,
01:04:18mais est-ce que c'est un montage qui vraiment se rapprocherait de celui
01:04:21du montage d'images ?
01:04:22Oui, à tel point qu'en montage, des fois, je prends la bande-son
01:04:28et je la mets en dessous parce que je veux que ça fasse exactement pareil.
01:04:32Pas tout le temps, mais des fois, quand ça ne va pas, je me dis,
01:04:36ouais, mais mince, ce n'était pas ça.
01:04:38Puis bon, après, on les a entendus tellement de fois, les bandes-sons
01:04:41au tournage et tout, qu'on les connaît par cœur.
01:04:44C'est-à-dire que le rythme, on le connaît aussi.
01:04:47Donc, s'il n'y a pas le petit temps d'attente là, ou s'il n'y a pas
01:04:50le petit bruit à ce moment-là, ça peut paraître peut-être bizarre,
01:04:56mais bon, voilà.
01:05:03Merci.
01:05:04Je voudrais savoir, donc, vous dites que les acteurs apprennent le texte
01:05:10à partir de l'audio, c'est ça ?
01:05:14C'est le cas pour tous les films.
01:05:16Et par ailleurs, est-ce qu'à un moment, cet audio est retranscrit ?
01:05:21Est-ce que ça passe par l'écrit à un moment ?
01:05:24Et notamment dans toutes ces scènes où il y a du brouhaha, où il y a
01:05:27des interruptions, etc.
01:05:28Comment vous représentez les interruptions, le brouhaha,
01:05:33toutes les différentes pistes à l'écrit ?
01:05:40Il faut trouver des solutions pour faire ça.
01:05:43Donc, c'est pour ça que c'est illisible.
01:05:45Parfois compliqué d'avoir de l'argent.
01:05:48Donc, ça donne des scénarios avec des colonnes, des gros paquets,
01:05:54des colonnes.
01:05:55Donc, des fois, il y en a trois.
01:05:56Alors, des fois, on se dit, si on mettait les offres en italique,
01:06:04et à chaque fois, on a l'impression qu'on va trouver une nouvelle
01:06:08mise en page où on aura peut-être plus d'argent.
01:06:10Mais non, ça ne marche pas.
01:06:15Donc, tout est retranscrit, en effet.
01:06:21Puis, c'est des allers-retours.
01:06:22C'est toujours...
01:06:23Moi, je travaille beaucoup comme ça, en allers-retours, d'écrire.
01:06:30Et puis, en voyant le truc écrit, des fois, avec Laëtitia, on se passe
01:06:33le truc et puis on raye.
01:06:34Puis après, comme on raye, on coupe dans la bande-son.
01:06:38Ou alors, des fois, le contraire, on enlève un truc dans la bande-son.
01:06:42Pareil avec la maquette, parce qu'après, on fait la maquette.
01:06:46Dans la maquette, on colle la bande-son et là, on coupe des trucs.
01:06:50Donc, on recoupe des trucs.
01:06:51Enfin bon, c'est sans fin.
01:06:54Et à la fin, on arrive à ce document qui est le même que la bande-son.
01:07:01Et là, sur les derniers films, carrément, la bande-son était dans
01:07:07les oreillettes.
01:07:08Donc, c'était en direct.
01:07:12Enfin, on ne pouvait pas jouer en dehors des clous du rythme de la
01:07:17bande-son, parce que sinon, on loupait des mots.
01:07:19Et puis, on loupait des trains, même des façons de se couper la parole,
01:07:25puisqu'on avait tous la même bande-son.
01:07:27Donc, il fallait que personne soit en retard ou personne...
01:07:30Parce qu'on était à trois sur la bande-son.
01:07:33Et cette bande-son, il y a même des choses que je vais peut-être
01:07:39reprendre des bandes-sons dans le montage son, d'ailleurs, des choses
01:07:42que je ne vais pas récupérer.
01:07:44Et puis, bien sûr que je vais avoir, par moment, des moments où je vais
01:07:49dire, on va réécouter la bande-son, on met la bande-son en dessous pour
01:07:54voir si c'est bien pareil.
01:07:58Algi ?
01:08:01C'est une question un peu pâteau, mais est-ce que vous auriez un conseil
01:08:08pour un peu trouver son style ?
01:08:10Parce que vous avez quand même, vous avez exprimé que vous aimez bien
01:08:14le cinéma expérimental et vous avez des techniques de travail
01:08:20différentes que d'habitude.
01:08:22Donc, est-ce que vous auriez des conseils pour trouver un peu son style ?
01:08:26Et ne pas avoir peur, justement, de faire des choses un peu différentes ?
01:08:35Oui, le seul conseil que je pourrais donner, c'est de faire des choses,
01:08:41de faire des choses sans, juste en ayant plaisir à les faire et en se
01:08:49posant peut-être pas trop de questions pour le moment.
01:08:52J'ai l'impression qu'aujourd'hui, on peut faire des choses facilement,
01:09:00avec des téléphones, avec plein de façons de créer qui sont accessibles.
01:09:08On peut même monter sur les téléphones.
01:09:13C'est quelque chose qui vous intéresserait ?
01:09:16De monter sur un téléphone ?
01:09:17De filmer et de monter sur un téléphone ?
01:09:22Oui, pourquoi pas ?
01:09:24Je pense qu'on peut faire des choses bien.
01:09:33Quel que soit le support ?
01:09:36Oui, je pense.
01:09:39Je pense vraiment, mais même, après, je n'y connais pas grand-chose,
01:09:44mais j'ai l'impression que YouTube, tout ça, même les TikTok et tout ça,
01:09:51peut-être qu'il y a moyen de faire des choses intéressantes aussi,
01:09:54j'imagine.
01:09:55Et il y a peut-être des choses intéressantes, d'ailleurs.
01:09:58Je ne connais pas bien, mais il y a peut-être des artistes qui peuvent
01:10:06s'exprimer comme ça.
01:10:08Puis surtout, c'est aussi une façon plus facile de montrer ce qu'on fait.
01:10:13J'en sais rien, mais je ne sais pas.
01:10:19Moi, je dirais, en tout cas, que l'important, c'est de prendre du plaisir
01:10:25à faire les choses.
01:10:26C'est le seul truc qui est important, finalement.
01:10:34Donc, mademoiselle, si vous avez un téléphone, n'hésitez pas.
01:10:37Non, ou autre chose.
01:10:38Ou autre chose, bien sûr.
01:10:39Un stylo.
01:10:40Il y a une question là-bas et ensuite, ce sera vous.
01:10:43Bonsoir.
01:10:44Tout à l'heure, à propos des normes, vous avez parlé de burlesque et je
01:10:48voulais savoir comment vous avez imaginé le corps de Marina Feuillez
01:10:51et ce que vous suggère ce terme de burlesque, peut-être justement
01:10:57en prenant en contre-pied la performance des corps en opposant une
01:11:01lourdeur.
01:11:02Peut-être revenir sur ce terme là, ça m'intéresserait.
01:11:08Déjà, ce que je trouvais burlesque, je pense, c'était la grossesse.
01:11:13C'est vrai que c'est comme ça que ça m'est venu.
01:11:16D'ailleurs, l'idée aussi de faire le film, c'était
01:11:18des situations un peu burlesques, clairement, à cause du ventre.
01:11:26C'est comme ça que j'ai eu les premières idées en me disant,
01:11:31tiens, ce serait intéressant de faire une comédie autour de ça.
01:11:35Après, je pense qu'en effet, il y a beaucoup de choses qui sont
01:11:39liées au son.
01:11:40Donc, on parle beaucoup tout le temps de l'image, des corps, etc.
01:11:43Mais les corps, ils ont aussi une présence avec les bruits qu'ils font.
01:11:48Donc ça, avec Carole, on peut en parler.
01:11:52C'est vrai que le bruitage, par exemple, je ne sais pas,
01:11:56je peux raconter ça.
01:11:57Par exemple, il y a des bruiteurs.
01:12:00Il m'est arrivé sur voyage en Italie, il travaillait avec un bruiteur
01:12:03et je lui disais, mais non, mais là, je voudrais que mes chaussures
01:12:07fassent plus de bruit.
01:12:10Parce que peut-être que dans la maquette ou dans les enregistrements,
01:12:13il se trouve que, par exemple, quand je fais du bruit, quand je marche,
01:12:16je fais du bruit.
01:12:17Je ne suis pas quelqu'un de, voilà, je fais du bruit et donc,
01:12:24le premier bruiteur, voilà, tu peux raconter parce que c'est vrai
01:12:28que pour les bruiteurs au cinéma, même si une femme, elle a des grosses
01:12:33sentiagues, on va lui faire des petits bruits de petits talons,
01:12:35quoi, parce qu'une actrice, elle ne veut pas avoir l'air lourde.
01:12:39Voilà, le burlesque, il commence là, en fait, il commence avec le son
01:12:46et par empreinte, le son d'une démarche, c'est hyper drôle.
01:12:52Selon ce qu'on y met, enfin, je te laisse en parler.
01:12:56En fait, il y a un peu de... tu demandes de la créativité à tous
01:13:04les endroits et notamment au bruitage.
01:13:06C'est hyper important pour toi de faire exister des petits bruits,
01:13:13que ce soit des mouvements, que ce soit de, par exemple,
01:13:15dans Voyage en Italie, il y avait la barre dans le bus,
01:13:17il fallait que ça couine et ce n'est pas du tout réaliste parce que...
01:13:21Mais si, mais ça y est, en fait, ça y est parce que c'est souvent
01:13:24des bruits qui sont dans les enregistrements.
01:13:26Enfin, parce que des fois, les bruits de la vie sont vachement drôles,
01:13:30vachement plus drôles que les bruits du cinéma.
01:13:32Genre une sonnerie de téléphone ?
01:13:34Ouais, par exemple.
01:13:36Non, mais il y a tout le temps, par exemple, quand on fait des impros
01:13:40et tout ça, des fois, il y avait des impros avec des chaises.
01:13:45Quelqu'un assis sur une chaise, puis dès que la personne parle,
01:13:47en fait, la chaise, elle parle aussi.
01:13:49Et ça, c'est vrai qu'on est sur un tournage, l'ingéson va dire
01:13:54oh là là, attends, on change de chaise parce que ça fait trop de bruit.
01:13:58Enfin, voilà.
01:14:00Et donc, finalement, des fois, c'est exagéré.
01:14:04Le burlesque qui vient de là.
01:14:05Mais je veux retrouver le petit bruit qui était marrant.
01:14:09Alors, peut-être que j'ai entendu une demi seconde dans l'enregistrement
01:14:12et finalement, je vais le mettre sur toute la séquence et je vais en faire
01:14:15un truc.
01:14:16Mais voilà.
01:14:19Et ça, il faut travailler avec les bonnes personnes parce que c'est vrai
01:14:22que tous les bruiteurs, par exemple, n'acceptent pas de faire tous
01:14:27ces bruits-là.
01:14:28Par exemple, tous les bruits de toucher vaginaux et tout ça.
01:14:35Donc, pour moi, c'était vachement important que ce soit quand même
01:14:38un peu marrant, pas seulement un peu gênant.
01:14:42Ce qui était drôle, c'est qu'il est végétarien, le bruiteur.
01:14:48Donc, je lui avais demandé de...
01:14:49Je lui ai dit mais non, mais tu prends des escalopes de poulet.
01:14:55Et il ne voulait pas.
01:14:56Enfin bon, bref, je me souviens, il avait fait ça.
01:14:58Donc, il fallait trouver le bon son.
01:15:00Donc, il avait pris une serpillière qu'il avait mouillée.
01:15:04Je ne sais plus c'était quoi, mais c'était trop drôle et à chaque fois,
01:15:07on trouve des idées.
01:15:08Enfin, on rigole bien.
01:15:10Et finalement, je pense qu'en rigolant bien aussi, en essayant de trouver
01:15:15des sons et tout ça, sur le marin masqué, on s'est super marré aussi
01:15:18aux sons.
01:15:20Pour le coup, c'est vraiment très, très, très exagéré.
01:15:23Mais je pense que cette déconnade là, après, on la ressent dans le film
01:15:29et puis ça devient marrant dans le film.
01:15:33La question de madame posée sur Marina Foy, est-ce que c'est vrai?
01:15:36Une actrice qui a un corps particulier, quand on voit ce qu'elle faisait
01:15:39dans les Robins des bois à une époque, un personnage comme Sophie Pétoncule
01:15:43ou d'autres choses.
01:15:44Elle n'a jamais eu peur du côté du ridicule, du côté de la pantomime
01:15:48presque.
01:15:49Est-ce que ça, ça a contribué au fait de la choisir, le fait qu'elle a
01:15:51un corps où elle a peur de rien?
01:15:53Quoi?
01:15:57Peut-être pas.
01:15:58Non, non, pas vraiment.
01:16:00Pas vraiment, parce que.
01:16:05Après, moi, ce que je trouvais intéressant chez elle, c'est qu'elle
01:16:08avait un corps, c'est que lui, il avait presque plus un corps de femme
01:16:13qu'elle.
01:16:15Voilà ça, ça, ça, ça m'intéresse.
01:16:17Et là, elle a quelque chose d'assez masculin.
01:16:19En fait, Marina, elle n'a pas un pète de graisse.
01:16:25Elle a comme un corps de petit garçon, en fait, presque.
01:16:29C'était intéressant que ce soit justement un corps comme ça qui
01:16:35doit accueillir un enfant, comme s'il n'était pas du tout préparé
01:16:40à ça.
01:16:41Ça, je trouvais ça intéressant.
01:16:44Il y a une question juste là derrière, monsieur, qui est au pied de la
01:16:46caméra, je crois, tout à l'heure.
01:16:49Je pense que le micro va arriver vers vous, puis après, on viendra devant.
01:16:54Bonsoir.
01:16:55Juste une question toute bête, mais du coup, vous avez été produite
01:16:58par Emmanuel Chaumet.
01:16:59Après, vous avez monté votre boîte de production.
01:17:03Il y a eu entre les deux énormes, c'était pas Chaumet qui m'avait
01:17:06produite, il y a eu une autre boîte.
01:17:08Mais du coup, dans la continuité, pourquoi, tout simplement?
01:17:12Et qu'est-ce qui vous a amené à vouloir être plus indépendante sur
01:17:17le plan de la production?
01:17:18Voilà plusieurs choses.
01:17:22Là, j'en suis un peu revenue aussi, enfin revenue, non, parce que voilà,
01:17:26là, j'ai à nouveau une boîte de prod qui me suit et on fait une
01:17:31copro avec ma boîte parce que c'est vrai que ce n'est pas mon métier,
01:17:36finalement.
01:17:38Alors la production exécutive, je pense que ça, je trouve ça bien
01:17:45que je le fasse parce que comme je ne travaille pas comme les autres,
01:17:52comme c'est différent, on va dire, ma façon de fonctionner.
01:17:55Des fois, ça ne rentre pas dans les cases qui sont prédéfinies dans
01:18:01des boîtes de prod qui auraient plein de films, par exemple.
01:18:03Donc, par exemple, le fait de tourner, de partir en repérage
01:18:07alors que le film n'est pas écrit, ça, ça pose un problème.
01:18:12Des fois, il y a des trucs dans l'ordre, l'ordre normal de,
01:18:15on s'assoit à une table, donc là, ça ne coûte pas trop cher,
01:18:18c'est juste une table, un stylo pour écrire.
01:18:20Et une fois que c'est écrit, on a de l'argent pour faire des impros.
01:18:24Non, parce qu'en fait, moi, j'ai besoin aussi de partir pour
01:18:28pouvoir écrire, etc.
01:18:30Donc, ou même comment je travaille avec les non professionnels.
01:18:34Par exemple, les mecs qui ont fait l'impro sur la vie orange,
01:18:38ils ont fait l'impro, mais le tournage n'était pas commencé.
01:18:41Alors, ils sont quoi ? Ils sont acteurs, mais en même temps,
01:18:44non, parce qu'on n'a pas d'argent pour les payer, parce qu'on n'a
01:18:50pas encore écrit le scénario.
01:18:51Donc, on va leur payer, on va leur payer un verre, en fait.
01:18:59Tout ça, c'est des trucs, pareil, tous les parents que j'ai
01:19:03rencontrés pour énormes et tout ça, toutes les impros que j'ai
01:19:06faites, quand j'allais dans les ateliers avec les parents et qu'il
01:19:09y en avait qui m'aidaient, puis que je revoyais, puis après que
01:19:12j'accompagnais aux explorations fonctionnelles et tout,
01:19:16je n'allais pas les payer en tant qu'acteurs, donc je leur payais
01:19:20une poussette ou alors je leur filais à la fin du film,
01:19:25à la fin du tournage, un truc qu'on avait acheté pour le tournage.
01:19:29Enfin, il faut toujours, comme ce n'est pas fait vraiment comme
01:19:35les autres films avec les mêmes chefs de poste et puis même
01:19:38la hiérarchie, finalement, des équipes de cinéma.
01:19:41Moi, ce n'est pas quelque chose qui n'a pas trop de sens, même
01:19:46dans mes tournages et tout ça, puis les postes, les chefs d'école
01:19:52et tout ça.
01:19:53C'est vrai qu'on fait un peu tout.
01:19:54Donc, je me suis dit, pour la prod Exe, plutôt que de passer
01:19:59des heures à expliquer, à dire de prod et tout ça, non,
01:20:03parce que peut-être autant que je le fasse moi.
01:20:06Par contre, pour tout le reste, c'est vrai que vraiment,
01:20:09je pense que je ne suis pas du tout la bonne personne pour trouver
01:20:15de l'argent, pour juste considérer le fait qu'il y a de l'argent,
01:20:22que l'argent rentre en jeu, parce que même dans les rapports
01:20:27de travail, je n'aime pas quand l'argent rentre en jeu.
01:20:30Donc, je pense que c'est vraiment bien que ce ne soit pas moi
01:20:33qui m'occupe de ça.
01:20:34Par exemple, si on voyage en Italie, on a tourné, je me suis dit,
01:20:40je m'en fous, on a arté un LCNC, on tourne.
01:20:42Mais je n'ai même pas été prendre un distribute ou un vendeur,
01:20:45ce qui était complètement débile, parce que ça ne se fait pas
01:20:49dans cet ordre-là.
01:20:50Donc, quand on n'a pas de vendeur et de distribute, les festivals,
01:20:53c'est plus compliqué.
01:20:54Enfin, tout, ce n'était pas...
01:20:57Voilà.
01:20:58Donc, je pense que c'est peut-être le bon équilibre, en tout cas,
01:21:06de pouvoir, à la fois, être représentée par une boîte de prod qui trouve,
01:21:13qui trouve, enfin, qui sait comment on trouve de l'argent,
01:21:16qui trouve de l'argent, qui sait aussi parler de mon travail,
01:21:21parce que vous vous rendez compte que moi, je ne sais pas très bien
01:21:25parler.
01:21:26Je pense que Bégaudot était un peu plus brillant là-dessus, mais je sais
01:21:33les fabriquer.
01:21:34Je sais les fabriquer, je sais les fabriquer.
01:21:37Pardon.
01:21:38Une question qui est derrière.
01:21:39Merci.
01:21:40Une remarque et une question, les deux, par rapport au son.
01:21:43La remarque, vous disiez, c'est la bande-son avant.
01:21:46Finalement, votre film, c'est plutôt une bande-son mise en image,
01:21:49j'ai l'impression.
01:21:50Et quand vous construisiez ce document avec les colonnes, par rapport
01:21:54au moment où il y a beaucoup de son, ça me faisait penser un peu à une
01:21:58partition chef d'orchestre où vous rédigez une musique pour beaucoup
01:22:05d'instruments.
01:22:06Est-ce que vous n'êtes pas compositrice avant d'être réalisatrice ?
01:22:08C'était ma remarque.
01:22:10Et ma question, c'est, mais je n'ai pas vu suffisamment de films,
01:22:13peut-être je me trompe.
01:22:14J'ai l'impression que lorsqu'il y a des tensions dans les relations,
01:22:16des conflits, voire des engueulades, il n'y a pas d'éclats de voix ou
01:22:21il y a peu d'éclats de voix.
01:22:22Je n'en ai pas beaucoup entendu.
01:22:23Et l'éclat, c'est un son.
01:22:24Mais est-ce que ce son est peu présent ?
01:22:29Il faut croire qu'il n'y en a pas dans les enregistrements.
01:22:31Mais je...
01:22:40Non, non, pas d'éclats de voix.
01:22:43Là, quand même, là, dans le dernier, celui que je suis en train de faire,
01:22:48il y a un petit garçon de trois ans.
01:22:49Donc je pense qu'il gueule pas mal.
01:22:53Et nous, les parents, on lui crie un peu dessus aussi.
01:22:59Après, d'éclats de voix, c'est le côté dramatique du jeu, peut-être.
01:23:05C'est ça.
01:23:06Est-ce que ça arrive, par exemple, que quand vous tournez,
01:23:09des comédiens parlent plus fort que ce que vous avez estimé dans la voix ?
01:23:13Par exemple, ces éclats de voix, est-ce que quand ils jouent,
01:23:15ça peut arriver qu'il y ait une voix qui est plus forte, par exemple,
01:23:17que la bande son que vous avez, qui a une intensité, d'un seul coup,
01:23:20qui soit plus intense, quelque part, que la bande son que vous avez privée au départ ?
01:23:23Est-ce que ça arrive ou pas, ça ?
01:23:27Non.
01:23:28Enfin...
01:23:29Ils ont la bande son en tête, quand même.
01:23:32On va voir dans l'oreille, Philippe, Catherine,
01:23:35ils l'avaient sur Voyage en Italie et là, sur l'Aventura.
01:23:39Il avait la voix...
01:23:43Il avait une oreillette.
01:23:44Voilà, il avait une voix qui n'était pas la sienne,
01:23:48qu'il fallait qu'il limite.
01:23:50Alors, si d'un coup, il se met à hurler alors que la voix est chuchote,
01:23:54de toute façon, on arrête et puis on recommence.
01:23:57Et puis, c'est quelqu'un qui est hyper doué, qui est hyper talentueux,
01:24:02de toute façon, qui comprenait absolument tout ce qu'on faisait,
01:24:07tout ce que je lui demandais.
01:24:09Donc, il n'y a pas du tout eu ce genre de problème.
01:24:12Et même, il y a eu parfois, peut-être, de l'interprétation,
01:24:18mais qui allait toujours dans le bon sens.
01:24:23C'est rare que...
01:24:24Il l'imite bien.
01:24:26Il l'imite bien.
01:24:30Et puis, en plus, je trouve qu'il a même rajouté quelque chose en plus.
01:24:36Comme là, dans le prochain, il a joué un personnage hyper inquiétant.
01:24:41Voilà, ce qui n'était pas le cas.
01:24:45Est-ce qu'il hurle ?
01:24:47Est-ce qu'il hurle ?
01:24:50Jonathan Cohen, il hurle un peu.
01:24:51Mais oui, il hurle à un moment avec le camembert.
01:24:56Ça, c'est moi qui lui avais demandé de hurler, je me souviens,
01:24:58parce que je voulais qu'il hurle hyper aiguë.
01:25:05Peut-être pour terminer, vous avez parlé à plusieurs reprises du film
01:25:09suivant qui, si je ne me trompe pas, est plus ou moins la suite de
01:25:12Voyage en Italie, parce qu'il y a une trilogie.
01:25:14Mais il y a aussi un autre projet qui est derrière.
01:25:15Je ne sais pas si on peut en parler, qui s'appelle La Queue le Leu.
01:25:19C'est ça dont je parlais tout à l'heure, le documentaire.
01:25:22Qui, justement, revient à quelque chose d'un documentaire et qui est
01:25:25un documentaire sur un sujet un peu particulier.
01:25:28Est-ce que vous pouvez en parler ou pas ?
01:25:32Oui, oui.
01:25:33Après, ce n'est vraiment pas le...
01:25:38Mais quand est-ce que j'en ai parlé de ça ?
01:25:40Il y a quelques interviews que vous avez données il n'y a pas très
01:25:44longtemps où vous l'évoquez.
01:25:46Oui, disons que c'est un...
01:25:51En fait, je vais faire une sorte de pilote de ce truc parce qu'on
01:25:57m'a demandé, c'est la Villa Albertine qui m'a demandé de faire
01:25:59un film aux Etats-Unis, un court-métrage au Texas et j'ai accepté
01:26:05parce que ça fait un moment que j'avais envie de...
01:26:10En fait, j'ai envie de bouger.
01:26:12J'ai envie d'aller m'intéresser à d'autres personnes, dans d'autres
01:26:19pays, dans d'autres langues.
01:26:22Et donc, j'ai eu cette idée de faire une série d'épisodes assez
01:26:28courts qui seraient constitués comme un cadavre exquis autour
01:26:34de la masculinité dans le monde.
01:26:37Mais sans que ce soit quand même, que ce ne soit pas le sujet
01:26:42principal des épisodes, mais qu'à chaque fois, il y ait quand même
01:26:46un personnage masculin qui serait quelqu'un que je choisirais.
01:26:49C'est un film de casting, parce que c'est quelqu'un que je
01:26:51choisirais sur place, quelqu'un qui va m'inspirer, qui n'est pas
01:26:55comédien, bien sûr, et à qui je ferais jouer une situation de
01:26:58fiction, mais que j'aurais écrit quand même par rapport à lui,
01:27:01donc qui sera quand même lié.
01:27:04Mais bon, je pense que ça se met en place.
01:27:09Ça se met en place et je pense que je ferais ça dans dix ans.
01:27:14Là, j'ai encore un film à finir et deux films à faire.
01:27:21Et puis après, je ferais ce truc.
01:27:24Enfin, si j'en ai les moyens, c'est toujours le même truc.
01:27:28Peut-être que je partirais avec mon téléphone.
01:27:32C'est possible, c'est possible aussi.
01:27:35Bon, en attendant ces dix ans, je vais vous remercier.
01:27:39Vous rappelez qu'à 21 heures, vous pouvez voir Voyage en Italie
01:27:41dans la salle 500.
01:27:43Merci à vous.
01:27:44Merci à vous pour vos questions.

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