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"Au lycée, dans mon cartable j'avais mes cahiers mais j'avais aussi ma tondeuse et mes outils."

La coiffure, c'est sa passion depuis tout petit et avec la tondeuse qu'il a "emprunté" à sa mère, il a appris le métier tout seul. Depuis, il a coiffé Dj Snake, Mbappé et les joueurs du PSG… Brice Tchaga nous raconte son parcours.
Transcription
00:00Le premier footballeur que j'ai coiffé, c'était Chemwe Bakayoko,
00:03à l'époque à l'Est Monaco.
00:05Après, il y a eu Blaise Matuidi au PSG,
00:07qui est l'humourateur à l'époque du PSG.
00:09Et ensuite, bouche à oreille, des deux côtés,
00:11j'ai créé une petite clientèle.
00:13J'étais le coiffeur du lycée où je venais.
00:16Dans mon cartable, il y avait mes cahiers pour les cours que j'avais,
00:19mais il y avait aussi une petite pochette avec ma tondeuse et mes outils.
00:22Je volais la tondeuse de la maison pour aller coiffer tout le monde au lycée.
00:25Bonjour, c'est Brice Chagas.
00:27Je vais vous montrer ce que j'ai fait au 7ème étage du printemps.
00:29Allez, on y va.
00:31Alors là, je vais lui faire une taille de barbe.
00:34T'es habitué de comment tu veux ta barbe ?
00:35Tu veux juste la retailler, la retracer ?
00:37Exactement.
00:38Donc là, ce que je vais faire, je vais faire un dégradé beaucoup plus court.
00:41Parce qu'ici, il a une petite faiblesse ici.
00:44Donc pour pas qu'elle se voie, je vais faire un dégradé qui va partir un peu plus court.
00:48Et voilà, je joue en fait. Je suis dans mon monde, je joue.
00:51Ma première tondeuse, je l'avais volée à ma mère.
00:52Ma mère, il y avait une tondeuse avec laquelle elle nous faisait des coupes,
00:55mais des coupes...
00:57C'était pas des coupes.
00:59Elle pensait que c'était des coupes, mais c'était pas des coupes.
01:01Et du coup, c'était une tondeuse qui restait à la maison
01:03et avec laquelle elle nous coiffait.
01:06Quand des gens venaient nous coiffer, ils utilisaient ces tondeuses-là.
01:08Et c'est une tondeuse qui est devenue la mienne après.
01:10C'est cette tondeuse que j'ai utilisée pour couper des gens à l'extérieur.
01:13Et ma mère, elle était vraiment pas contente
01:15parce qu'elle se disait, c'est la tondeuse familiale,
01:16tu peux pas couper des gens à l'extérieur avec ces tondeuses-là.
01:18Elle m'a bien aidé parce que c'était une tondeuse qui était...
01:20C'est une grosse tondeuse.
01:21En fait, ça a été tellement difficile à utiliser
01:23Quand on passe avec des vraies tondeuses, du coup, maintenant,
01:25ça devient beaucoup plus facile.
01:28C'est plus simple, c'est beaucoup plus léger.
01:29Comme quand tu conduis une petite...
01:31La première Clio ou la première Tsungo, quand t'as le permis,
01:35quand tu passes en automatique, t'as l'impression que t'es le...
01:37C'est que t'es le meilleur conducteur.
01:41C'est un gel de rasage, en fait, que je mets
01:42pour que le traçage se fasse plus facilement,
01:44pour qu'il n'y ait pas d'irritation, pas de rougeur.
01:46Petit, je regardais toujours, toujours.
01:48J'étais fasciné sur comment les coiffeurs faisaient,
01:52sur leur manière de faire,
01:54sur tout, les coupes, comment ça se faisait,
01:56comment ils changeaient les saveaux,
01:57comment ils changeaient de tondeuse.
02:00Donc, j'ai vite été passionné.
02:02Et à chaque fois, je me disais,
02:05j'attendais toujours le bon moment pour pouvoir le faire,
02:08soit mon petit frère, soit quelqu'un.
02:09Au départ, j'étais vraiment dans je me coiffe tout seul.
02:12Les gens ne me croyaient pas.
02:14Et je leur disais, écoute, je vais ramener ma tondeuse
02:16et je te coifferai, toi, si tu veux.
02:18Entre-temps, j'avais déjà eu l'habitude de faire
02:19des belles coiffures à mon petit frère.
02:21C'est de là que tout est parti.
02:23Après, ça a commencé à faire son bruit dans le lycée.
02:26Les gens connaissaient mieux mon emploi du temps que moi-même.
02:28Ils savaient quand j'avais des troubles pour se faire coiffer.
02:31C'était ma première clientèle.
02:32Moi, j'étais fasciné de films afro-américains.
02:34Dans les centres de coiffure où on allait,
02:36ce n'était pas la classe comme les salons aux Etats-Unis.
02:40Ils mettaient les photos des coupes afro-américaines
02:42que moi-même, je voyais à la télé.
02:44Donc, il y avait toujours ce rêve, ce désir d'avoir ça pour soi
02:49ou sinon de le faire pour les autres.
02:51C'est pour ça que quand j'ai été le premier barbeur en France,
02:55ça a été quelque chose de...
02:56Les hommes se sont dit « Waouh !
02:58Enfin, on va se faire coiffer aux Etats-Unis en France ! »
03:00En fait, ça a toujours fasciné, pas que les Français.
03:02Je pense que partout dans le monde, c'est un art.
03:04Et ce qui est bien, c'est que maintenant en France aussi,
03:06il n'y a pas que la coupe afro-américaine, il y a le soin aussi.
03:09C'est-à-dire que les hommes, en plus de se faire leur coupe,
03:11ils prennent soin d'eux et ils n'ont pas peur de prendre soin d'eux.
03:13Ils peuvent se faire la barbe, ils se font les soins du visage,
03:16ils se font les soins pour la barbe.
03:18C'est vraiment générationnel.
03:19Moi, le premier, je n'ai pas peur d'aller me dire
03:22« Allez, je vais me faire mon soin du visage. »
03:23Avant, c'était un peu plus tabou pour un homme de se dire
03:25« Je veux aller me faire un soin du visage,
03:27je vais me faire prendre soin de ma peau. »
03:28Maintenant, ils n'ont plus peur.
03:29Donc là, on a joué un peu avec ces trous, avec le dégradé.
03:33On a retracé un peu plus propre.
03:35Là, ça fait beaucoup plus naturel, on ne voit plus ces trous.
03:38Quand j'ai rencontré les footballeurs, au départ,
03:39c'était le faire en dehors de ce que je faisais en salon.
03:42J'étais toujours passionné, c'est-à-dire que je me levais coiffure,
03:46j'allais au travail coiffure.
03:47Et en rentrant du travail, je pensais coiffure.
03:50Et en rentrant du travail, quand j'avais du temps,
03:52je m'occupais de ces personnes-là.
03:54Donc, je cumulais la coiffure à plein temps, on va dire.
03:57C'est vrai que quand je reparle avec du recul,
03:59il y a une certaine fierté de voir comment j'ai commencé,
04:02de me dire que je suis allé au bout de mes idées.
04:04Et voilà, je ne suis pas prêt à m'arrêter là.

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