• la semaine dernière
Laurent Wauquiez, dont la candidature pour la présidence de LR ne fait aucun doute, a mis en garde Bruno Retailleau, qui hésite à se lancer lui aussi, lors d'un dîner à Beauvau ce mardi.

Catégorie

📺
TV
Transcription
00:00– Ce soir c'est la guerre. – C'est la guerre, la guerre des chefs.
00:02– La guerre des chefs. – Chez les gaullistes,
00:04vous pensiez jusqu'à présent me tenir à la gorge
00:06et voici donc que maintenant vous sentez mon poing sur la vôtre.
00:09Ça c'est ce que Fouché dit à Talerand dans Le Soupé,
00:12la fameuse pièce de Jean-Claude Briseville.
00:14Eh bien hier, il y a eu le dîner entre Wauquiez et Retailleau
00:16et peut-être que Retailleau aurait pu dire cela à Laurent Wauquiez
00:20parce qu'en effet, il a mis sa main sur la gorge de l'actuel leader DLR
00:24parce que Wauquiez est en baisse et Retailleau est en hausse.
00:27Alors, on ne sait pas quel était le menu du dîner,
00:29on sait quand même que pour Wauquiez, c'était de la soupe à la grimace.
00:32Il n'était pas content, il l'a fait savoir.
00:34Voilà ce qu'il a dit à Retailleau, voilà ce qui a fuité.
00:37Laurent Wauquiez lui a dit, il y avait un accord entre nous,
00:40à toi d'incarner la droite au gouvernement, je n'y vais pas, tu es ministre,
00:44à moi de reconstruire notre famille politique.
00:46Et il a ajouté une menace, clair, un avertissement,
00:49il a ajouté à l'adresse de Bruno Retailleau,
00:51si tu romps cet accord, tu porteras la responsabilité
00:53d'allumer une guerre des chefs qui sera dévastatrice.
00:56Ambiance, d'un côté, Bruno Retailleau,
00:59arrivé de Vendée par le Sénat et qui marche sur l'eau en ce moment,
01:02de l'autre, Laurent Wauquiez, arrivé de Haute-Loire par l'Assemblée nationale
01:06et qui nage en apnée depuis quelques années.
01:08Est-ce qu'il y aura la guerre des chefs entre les deux ?
01:11On peut être optimiste et dire, c'est une saine émulation,
01:13ils ont deux candidats, c'est formidable, c'est être un peu naïf.
01:15On peut être cynique, lucide, pessimiste et dire, c'est la guerre des chefs.
01:19Or, il se trouve qu'en matière de guerre des chefs,
01:21la droite la plus brute du monde,
01:23elle a des états de service depuis 50 ans.
01:26On va remonter le temps, tiens, on a trouvé quelques images.
01:28Ça, c'est Jacques Chaban Delmas, défié en 1974 par un certain Jacques Chirac.
01:34Chaban est candidat à la présidentielle après la mort de Pompidou.
01:36Chirac dit non, il fait alliance avec Valéry Giscard d'Estaing
01:40et Chaban sera battu dès le premier tour.
01:43Ça continue, on retrouve presque les mêmes quelques années plus tard.
01:46Nous voilà en 1990, on va peut-être quitter le noir et blanc pour la couleur,
01:50comme on a fait tout à l'heure.
01:51Et ça, c'est Jacques Chirac, aidé par le fidèle Alain Juppé,
01:54contre une fronde.
01:55La fronde menée en janvier 1990 par Charles Pasqua, aidée par Philippe Séguin.
01:59Ça se termine par un congrès à couteau tiré.
02:02Chirac sauve son siège, mais pas pour longtemps,
02:05parce qu'après, il y a Jacques Chirac contre Édouard Balladur.
02:08Alors ça, on s'en souvient.
02:09– 93.
02:10– 93-94, une véritable guerre des chefs.
02:12Ils se retrouvent tous les deux lors d'une journée parlementaire
02:16à La Rochelle pour les RPR.
02:17Ils ont l'air d'être très copains, là.
02:19Mais déjà, c'est la guerre des chefs.
02:21Et ça va se terminer par une présidentielle avec deux candidats.
02:24Chirac part avec beaucoup de retard, puis il passe devant Balladur.
02:27C'est la campagne 95.
02:29Est-ce que la droite est guérie ?
02:30Mais pas du tout, elle a ça dans ses gènes.
02:32Pour la succession de Chirac, il y a Sarkozy et Villepin.
02:35Villepin ou Sarkozy, en septembre 2005.
02:38Cette fois-ci, nous sommes à La Bôle.
02:40Journée parlementaire des gaullistes,
02:42c'est toujours dans des endroits sympas à la fin de l'été.
02:45Villepin est très populaire.
02:46– On se souvient de la scène à la plage.
02:48– Là, on les a mis à l'abri, mais le lendemain,
02:51Villepin nage dans la mer devant les caméras.
02:53Sarkozy un peu enrhumé, latent, enmitouflé.
02:56Ça se passe mal pour Sarkozy, sauf qu'à la fin, un an et demi après,
02:59c'est Sarkozy qui est président de la République.
03:01Ce n'est plus Villepin, il arrête la politique.
03:04Est-ce que c'est fini ?
03:04Est-ce que les jeunes vont enfin apprendre à s'entendre ?
03:06Pas du tout.
03:07Pour la succession de Sarkozy, il y a Jean-François Copé
03:10et il y a François Fillon.
03:11C'est la présidentielle à l'intérieur de l'UMP en novembre 2012.
03:15Et là, une guerre terrible, un ex aequo, la COPE est convoquée.
03:20Vous vous souvenez de la COPE ?
03:21– Oui.
03:21– La Commission de contrôle des opérations électorales,
03:23elle n'y pourra rien, ça sera la guerre qui va quand même détruire la droite.
03:27Et si Fillon échoue en 2017, c'est aussi parce qu'il y a encore
03:30les ressentiments et les rancœurs de 2012.
03:32Vous voyez, on a traversé plus de 40 ans
03:35et on est toujours dans la même maladie de la droite, la guerre des chefs.
03:38Voici maintenant la 51ème saison de Game of Thrones
03:41à la mode gaulliste, Wauquiez contre Retailleau.
03:45Deux visages de la droite dure, dure économique et sociale pour Wauquiez
03:48qui dénonce le cancer de l'assistanat, dure de manière identitaire pour Bruno Retailleau.
03:53Ce n'est pas de la droite sociale tout cela.
03:55Retailleau profite d'une popularité nouvelle après six mois au ministère de l'Intérieur.
04:00Wauquiez pâtit d'une impopularité constante depuis plusieurs années.
04:04Mais Wauquiez veut refonder le parti pour se relégitimer.
04:08Il a présenté aujourd'hui son plan, de nouveaux statuts, un nouveau nom,
04:12la possibilité d'être simplement sympathisant ou adhérent.
04:15Et si on est adhérent, on sera consulté par référendum sur les grandes orientations politiques.
04:20On sera consulté pour valider le choix du candidat à la présidentielle.
04:24Et là, tout est dit.
04:25Est-ce que Bruno Retailleau ira à la conquête du parti d'abord,
04:28présidence du parti, pour après essayer d'être le candidat à la présidentielle ?
04:32Ou est-ce qu'il laissera Wauquiez faire la première manche, la manche du parti ?
04:37Retailleau, c'est combien de divisions ?
04:39Ce sont les adhérents qui votent, pas les sondés.
04:41Wauquiez, c'est quelle capacité à se défendre ?
04:44On sait qu'en ce moment, Bruno Retailleau ferraille avec le pouvoir algérien.
04:49Il va devoir aussi ferrailler avec le pouvoir altiligérien.
04:52Oh là là !
04:53Eh oui, les altiligériens, c'est l'habitant de Haute-Loire.
04:56Effectivement.
04:57Commentaire, mesdames ?
04:58Les deux rejouent la scène régulièrement.
05:01En tout cas, une question pour vous, mon cher Christophe.
05:05La guerre des chefs, finalement, c'est Laurent Wauquiez qui explique à Retailleau
05:10que c'est lui qui va l'allumer.
05:12Mais en fait, de ce que je constate, elle est déjà allumée.
05:15Peut-être même par Laurent Wauquiez, le frondeur,
05:18parce que c'est son poste actuellement, c'est frondeur.
05:21Oui, elle est un peu inéluctable, cette guerre des chefs,
05:23parce que Wauquiez tient l'appareil, mais il n'a pas de popularité.
05:27Il ne fait pas envie aux Français.
05:28Retailleau est très populaire depuis quelques mois,
05:31mais il ne tient pas l'appareil, même s'il a des appuis parlementaires.
05:34Donc, c'est inévitable qu'à un moment donné, ça se règle par un rapport de force.
05:37Et puis, on l'a vu à travers les images.
05:38C'est Atavik pour la droite.
05:41Et comme ça ne l'a pas empêché de gagner à plusieurs reprises,
05:44Chirac, Sarkozy, elles pensent qu'elle peut s'en remettre.

Recommandations