Le président américain a fait part de son souhait de voir les États-Unis prendre "le contrôle" de Gaza et de déplacer les habitants du territoire afin d'en faire la "Côte d'Azur" du Moyen-Orient. Une position qualifiée de "raciste" par le Hamas
Catégorie
📺
TVTranscription
00:00de Donald Trump cette nuit, il dit vouloir donc prendre le contrôle de la bande de Gaza.
00:03C'était une conférence de presse aux côtés de Benyamin Netanyahou, il veut en faire, je cite,
00:07la côte d'azur du Moyen-Orient. J'arrête de vous spoiler, Benoît Galleret,
00:11mais c'est vrai que ces déclarations sont tellement hallucinantes.
00:14Il veut faire ça sur le long terme en déplaçant les populations.
00:18Voilà les termes de Donald Trump cette nuit.
00:20On parle quand même de 1,7 million de Gazaouis selon Trump, plus de 2 millions disent d'autres en tout cas.
00:25Ils devraient tous faire leur valise en effet pour laisser la place aux entrepreneurs étrangers,
00:29pour construire des hôtels et des centres de vacances. Voilà le projet de Trump qui se dit donc prêt
00:34à envoyer des soldats US pour faire le ménage, aplanir la zone et en tirer profit. On l'écoute.
00:40Tous ceux à qui j'en ai parlé, ce n'est pas une décision prise à la légère,
00:46tous ceux à qui j'en ai parlé donc aiment l'idée que les Etats-Unis prennent le contrôle de ce territoire,
00:52le développent et créent des milliers d'emplois pour en faire quelque chose qui sera magnifique.
00:56Je ne veux pas faire de l'esprit, je ne veux pas faire le malin, mais la côte d'azur du Moyen-Orient,
01:01ce pourrait être quelque chose qui pourrait être vraiment magnifique.
01:06La côte d'azur du Moyen-Orient, c'est de quoi surprendre, incidéré, même certains qui dénoncent déjà un nettoyage ethnique.
01:11Quand Marco Rubio, le ministre des affaires étrangères de Trump, secrétaire d'Etat, l'équivalent,
01:15estime lui dans un tweet qu'expulser les Palestiniens de Gaza, c'est les libérer du Hamas.
01:20Les Etats-Unis sont prêts à prendre les devants, lancent-ils Make Gaza Beautiful Again.
01:25Gaza belle à nouveau, mais sans les Gazaouis donc, alors que deviendraient-ils, s'inquiètent les journalistes,
01:29dans la session questions-réponses qu'il y a eu après au coin du feu.
01:32Toutes ces familles déplacées pourraient-elles revenir un jour ?
01:35Sourire de Netanyahou, vous allez voir en écoutant la réponse de Donald Trump.
01:41Pourquoi voudraient-ils revenir ? C'est l'enfer là-bas, l'un des pires endroits sur Terre.
01:49On peut leur construire quelque chose de mieux dans un autre pays,
01:52peut-être en Égypte, en Jordanie ou ailleurs, on peut leur construire 4, 5 ou 6 zones,
01:58pas forcément une seule, mais une belle ville où ils pourraient vivre et non mourir.
02:06Parce qu'à Gaza, c'est sûr, ils mourront, ça recommencera encore et encore,
02:10ils n'y ont connu que la mort et la destruction.
02:14Ça semble d'une logique implacable, problème, ni l'Égypte ni la Jordanie évoquée par Trump ne veulent d'un tel exil.
02:19L'Arabie Saoudite non plus d'ailleurs qui a pendu un communiqué très clair dans la nuit sans parler des Palestiniens.
02:24Eux-mêmes, vous avez entendu la journaliste qui crie, mais c'est leur maison, ils sont chez eux.
02:28C'est vrai qu'en termes de droit international, ça pose quand même quelques soucis.
02:31On essaiera de faire le point avec les avocats sur le plateau.
02:33On va faire ça, on souhaite de toute façon que Trump s'en moque et il faudra quelques semaines qu'il évoque déjà ce scénario.
02:39Voyez ce dessin de truand daté du 16 janvier qui imaginait déjà un Golfe Trump sur les ruines de Gaza.
02:44Il y a des montages en ligne qui circulent avec des Trump Towers au milieu des décombres.
02:48Puis il y a cette blague qui circule enfin en ligne.
02:50Amère, mais seule explication logique.
02:52Trump a dû voir les pancartes Free Palestine, Free Palestine et se dire, si la Palestine est gratuite, alors je la prends.
02:58On sourit, mais la situation est quand même dramatique.
03:02Comment vous qualifieriez déjà, Patrick, peut-être pour commencer, cette déclaration de Donald Trump cette nuit ?
03:08Je garde l'adjectif dramatique.
03:10On pourra voir, moi j'étais en train de lire le statut de Rome.
03:15Statuant justement et créant la Cour Pelléa internationale, l'article 7 du statut parmi les crimes contre l'humanité,
03:23vous avez la déportation, le transfert forcé de population.
03:26Donc on est dans quelque chose de dramatique là.
03:29Qu'est-ce qui vient d'être mis à terre ?
03:31C'est la solution à deux États au Proche-Orient.
03:34C'est le sort des otages, parce qu'ils sont encore nombreux, pas seulement dans cette première liste lors de la première phase des 33 otages.
03:42Je vous rappelle qu'il y a un otage franco-israélien qui est encore aux mains du Hamas.
03:47Tout ça est totalement mis à terre.
03:49Je rappelle aussi que quelques heures avant cette prise de deux paroles,
03:52Benjamin Netanyahou, depuis Washington, avait autorisé l'envoi d'une délégation israélienne à Doha, au Qatar,
03:58pour discuter de la suite de la deuxième phase, c'est-à-dire le retrait de l'armée israélienne depuis la bande de Gaza.
04:05Et tout ça, pour vous, s'est réduit, ça tombe complètement à cause des déclarations dingues de Donald Trump cette nuit ?
04:12Je rappelle quand même comment nous, journalistes, nous nous sommes comportés pendant quatre ans lors du premier mandat de Trump.
04:18C'était assez facile, finalement, on le faisait avec beaucoup d'ironie.
04:22Tous les jours, on avait ce qu'on appelle dans le jargon journalistique du biscuit,
04:25pour faire une chronique un peu sympathique, un peu ironique.
04:28Là, on n'y est plus, on est vraiment dans quelque chose qui est beaucoup plus préparé.
04:32Lorsque vous avez le secrétaire d'État, Marco Rubio, donc le ministre des Affaires étrangères américain,
04:37qui tweet « Make Gaza beautiful again », vous comprenez qu'on n'est pas simplement dans le déclaratif.
04:44Il veut le faire, il va essayer de le faire, et malgré les déclarations, notamment des Saoudiens qui disent « mais alors, pas du tout »,
04:53et en plus, on essaie de nous faire dire ce qu'on ne voudrait pas dire, à savoir l'arrêt de la solution à deux États,
04:59il a les moyens de tordre le bras de beaucoup de monde, y compris aux proches arriérants.
05:03Stéphane Bureau, avec des expressions toujours très frivoles pour parler de sujets extrêmement graves,
05:07quand il dit « on va faire du bon boulot avec la bande de Gaza », par exemple,
05:11le décalage entre la situation et les mots employés est dingue aussi.
05:15Oui, ce n'est pas nouveau. Déjà, il avait en décembre répété que Gaza était probablement un des derniers endroits sur la côte méditerranéenne
05:23où on pouvait bien développer, donc il y avait quand même quelque chose qui trottait derrière sa tête.
05:28La surprise probablement aussi de M. Netanyahou, parce que je ne pense pas qu'il s'attendait à ce qu'on lui déroule un tel tapis,
05:35mais des vraies questions. On parlait du traité de Rome, il faut voir que ni les Israéliens ni les Américains se sentent tenus par ce traité.
05:42Et puis, le choix des mots, Charles peut-être aura une opinion là-dessus.
05:45Il a parlé de « ownership », alors est-ce qu'on parle de propriété, est-ce que les Américains se considèrent aujourd'hui les propriétaires potentiels de Gaza,
05:53ou d'une prise de contrôle, c'est très différent, prise de contrôle, le temps de déminer, de reconstruire,
05:59en fait de nettoyer dans un premier temps et de reconstruire, et le mot « nettoyer » dans les circonstances est très chargé,
06:04parce que les Jordaniens, a priori, compte tenu de leurs expériences avec les Palestiniens, ne sont pas du tout…
06:12Ni la Jordanie se sont déjà prononcés d'ailleurs, c'est la première fois que Donald Trump prononce ce genre de phrase, ils n'ont pas envie.
06:17Il faudrait voir que le président égyptien est un des prochains invités à Washington du président Trump qui dit « laissez-moi le temps, je vais les convaincre ».
06:24Alors, comment ? Et je vois le sourcil de Patrick.
06:28Alors, ça fait évidemment beaucoup réagir, mais juste avant, vous disiez, Netanyahou a été surpris, est-ce que…
06:34Alors, on va aller retrouver à Jérusalem notre correspondant Stéphane Amar. On voulait faire le point, alors,
06:39comment est-ce que s'est pris là-bas, en Israël, ces déclarations ? Qu'en pensent ces Israéliens ?
06:46Vous voyez peut-être derrière moi, ici, c'est la tempête et c'est à l'image des réactions que suscitent ces déclarations tonitruantes de Donald Trump.
06:56Le pays est, comme le reste du monde, tout à fait sidéré. Alors, les réactions à droite, c'est bien sûr un enthousiasme débridé.
07:03Itamar Bengvir, que j'écoutais à la radio ce matin, se félicitait, disait que « c'est mon idée ».
07:08Itamar Bengvir, c'est le leader de l'extrême droite, ici, en Israël. Il y a dans le gouvernement d'autres réactions tout aussi enthousiastes.
07:15On parle de jour historique, on parle d'un nouveau départ pour la région.
07:20Il faut savoir que cette idée de rebâtir presque de zéro la bande de Gaza, c'est une vieille idée en Israël.
07:27Comme l'a dit Benjamin Netanyahou, il a cette volonté très forte de ne plus jamais connaître le 7 octobre, de ne plus jamais vivre sous la menace du Hamas.
07:36Et comme Donald Trump prévoit, dehors, d'une certaine manière, le Hamas de la bande de Gaza, ça a évidemment été très bien reçu ici.
07:44Cela dit, il y a des réactions plus modérées, en tout cas plus inquiètes, de la part de la gauche, de la part du centre,
07:51qui pensent qu'il s'agit là d'un aventurisme et que jamais les pays arabes alentours n'accepteront ce plan,
07:59jamais ils n'accepteront, comme vous le disiez à l'instant, sur leur sol, des centaines de milliers, voire des millions de Palestiniens,
08:06et que donc ce plan n'est pas réaliste et serait même peut-être aux natures à ranimer le conflit entre Israël et le Hamas.
08:14Merci beaucoup Stéphane Amart. Peut-être que justement on peut écouter la réaction de Benyamin Netanyahou,
08:18qui se frotte les mains à côté de Donald Trump au coin du feu. Regardez sa réaction.
08:23Il a une idée qui est différente et je pense qu'elle mérite qu'on y prête attention. Nous en parlons, il l'étudie avec ses collaborateurs, son équipe.
08:33Je pense que c'est quelque chose qui pourrait changer l'histoire et cela vaut la peine de poursuivre dans cette voie.
08:39Je l'ai déjà dit, je le répète, vous êtes le meilleur ami qu'Israël ait jamais eu à la Maison-Blanche.
08:45Voilà, Donald Trump est mon meilleur ami. J'aimerais qu'on revienne concrètement quand même sur ce que ça pourrait impliquer.
08:50Vous disiez est-ce que c'est une prise de contrôle, est-ce que c'est une propriété sur le long terme ?
08:55En gros, il dit qu'il veut prendre possession de la bande de Gaza, démanteler les armes,
09:01aplanir la zone, ça veut dire quoi ? Ça veut dire retirer toutes les infrastructures détruites, c'est-à-dire à peu près deux tiers de la bande de Gaza.
09:06Finir de raser Gaza.
09:07Finir de raser Gaza, voilà. Reconstruire Gaza en une espèce de station balnéaire.
09:15Alors des Trumpistes, on dit d'ailleurs un Mar-a-Lago méditerranéen.
09:19Voilà.
09:19Voilà, ça vous donne une idée.
09:20Ça serait le projet de Donald Trump et les habitants, on les enlève, on les retire, on les déplace en Jordanie, en Égypte de préférence.
09:28Le temps de reconstruire, le temps de reconstruire, mais le plan avec M. Trump est toujours un peu dans le flou artistique.
09:32Il a fait la même chose, il a servi la même médecine au Canada et au Mexique lorsqu'il a annoncé qu'il avait l'intention d'imposer des droits douaniers.
09:38On ne savait pas exactement de quoi il parlait, mais on comprenait qu'il y avait une menace.
09:41Dans le cas présent, donc ce mot, ownership, ce qui signifie que les Américains vont débarquer, est-ce qu'il y aura des soldats américains à Gaza ?
09:50C'est extraordinairement sensible et je pense qu'on n'y est pas.
09:54Mais surtout, il dame le pion à l'Arabie saoudite qui avait, je pense, pour ambition de jouer ce rôle.
09:59Je pense que M. Ben Salman rêvait peut-être d'être celui qui allait financer la reconstruction à Gaza et d'avoir un ascendant sur ce qui s'y passait là-bas.
10:09Or, c'est comme si le Pierre-Legrand saoudien s'était fait un peu pousser, montrer la porte par M. Trump.
10:17Il faut voir une chose, c'est que le flou artistique dont vous parlez très justement, c'est une des stratégies de Donald Trump.
10:22Et l'assidération qui nous habite tous, nous commentateurs et qui habite les dirigeants du monde entier, y compris en Israël, là aussi c'est une stratégie de Donald Trump.
10:33C'est toujours comme ça qu'il procède, c'est-à-dire que c'est typique, il dit un truc énorme, qui pétrifie tout le monde, qui indigne la moitié de l'humanité
10:41et ensuite qui oblige à discuter à partir des bases qu'il a lui-même définies, c'est-à-dire que c'est ce qu'on appelle en politique un game changer.
10:48On est vraiment là-dedans, c'est sa méthode et il considère qu'au fond... Même Benyamin Netanyahou, qui en fait, il faut le rappeler, n'est pas un ami de Donald Trump.
10:56Leurs relations sont extrêmement complexes. Trump a dit des horreurs sur Netanyahou, qu'il aurait fait beaucoup mieux, que le 7 octobre c'était de sa faute à lui, etc.
11:04Donc c'est même pas pour faire plaisir à Israël qu'il joue ça, c'est pour montrer que lui, Donald Trump serait à même de résoudre le plus gros conflit indéminable de tout le monde.
11:16Mais c'est vraiment l'idée. Et alors, par rapport à l'Arabie Saoudite, souvenez-vous que Trump est quand même un des artisans des fameux accords d'Abraham.
11:26Les accords d'Abraham, l'Arabie Saoudite...
11:28Disant à réconcilier les pays arabes avec Israël.
11:30Avec Israël, mais l'Arabie Saoudite est centrale dans ces accords d'Abraham, c'est-à-dire que Donald Trump n'a pas du tout l'intention de jouer sans l'Arabie Saoudite.
11:36Il veut obliger l'Arabie Saoudite à jouer avec lui.
11:40Bien sûr que c'est énorme, bien sûr que les déclarations sont fracassantes, je veux dire, abracadabrantesques et faites pour être sidérantes, mais elles sont faites pour ça.
11:51Et d'ailleurs, on a vu son émissaire pour le Moyen-Orient.
11:55Vous avez vu que quand Trump dit « il faut faire le ménage », parce que ça aussi c'est des expressions grossiérissimes, donc « faire le ménage », il faut tout simplement faire le ménage à Gaza.
12:02Alors l'émissaire passe derrière, il dit « oui, alors lorsque le Président parle de faire le ménage, il parle de rendre Gaza habitable ».
12:09Ce que je veux vous dire, c'est qu'il y a vraiment un jeu de rôle et qu'il ne faut pas non plus, quand on le commente, faire comme si on était dupes.
12:17C'est-à-dire qu'il met ses grosses pattes dans tous les plats pour faire changer les règles du jeu et même les bases du jeu.
12:27C'est ça qu'il essaie de faire.
12:28Et même personne n'aurait parié, je pense, avant M. Trump, pendant le premier mandat, qu'il puisse favoriser cette normalisation des relations entre les voisins d'Israël et Israël.
12:37C'était assez bluffant à l'époque. Alors aujourd'hui, qu'est-ce que ça va amener ? J'en ai aucune idée.
12:43Mais le curseur, parce que l'expression est beaucoup employée, le curseur se déplace.
12:46Yannick Mireur est avec nous également, auteur spécialiste des États-Unis.
12:50Il parle presque comme si, ou même carrément comme si, c'est un peuple qui n'avait pas d'histoire, qui n'était pas enraciné sur son territoire.
12:59Il parle de Gaza comme d'un site de démolition, Donald Trump.
13:04Oui, comme d'un chantier.
13:05Ce qui me faisait penser, d'ailleurs, en écoutant votre question, Miramen, en écoutant votre reporter, que sur cette vieille affaire de la Palestine,
13:122 000 ans d'histoire, je ne suis pas sûr qu'à 78 ans, M. Trump puisse cumuler 2 000 pages de lecture.
13:17On ne peut pas faire comme si tout ceci n'existait pas.
13:20Et c'est ce qui, au fond, m'interpelle sur deux points, la méthode et la contradiction.
13:24La méthode, c'est un petit peu comme les tarifs.
13:26En réalité, même s'il lance un ballon d'essai, on ne voit pas des choses qui sont vraiment préparées au point de l'aboutissement.
13:33Véritablement mûries.
13:35Il n'y a qu'à voir M. Netanyahou qui, à côté de lui, rit sous cap pour, comme vous disiez, se frotte les mains.
13:41Ce qui semble être un peu surpris sur ce projet-là, même si ce n'est pas tout à fait nouveau.
13:45Les élucubrations immobilières, puisque lors du premier mandat, Jared Kushner, le gendre de M. Trump, avait déjà évoqué ce type de choses.
13:55Donc, c'est quelque chose qui trotte dans sa tête.
13:58On ne se refait pas, en quelque sorte.
14:00Je ne suis pas sûr que la méthode soit quand même toujours la bonne.
14:03On va vivre ça pendant quatre ans.
14:04Ce qui fait d'ailleurs que je ne suis pas certain non plus qu'il faille rebondir à chaque fois que M. Trump déclare quelque chose.
14:09Le deuxième point, c'est une contradiction flagrante avec l'orientation globale de sa politique, qu'on a par erreur d'ailleurs qualifiée d'isolationniste.
14:17Elle est plutôt unilatéraliste, mais de temps et d'engagement de l'Amérique dans les problèmes du monde.
14:22Si demain, il s'agit de mettre à la main sur la Palestine, pour faire simple, les États-Unis n'en ont pas fini avec les entanglements,
14:31c'est-à-dire être imbriqués, intriqués dans des problématiques bien loin d'eux.
14:38En totale contradiction donc avec la promesse qu'il a faite à beaucoup de ses électeurs,
14:43c'est-à-dire de ne pas déployer la puissance américaine, la gaspiller sur des projets fumeux, comme fut l'invasion par exemple de l'Irak.
14:50Le troisième et dernier point, vous pouvez en avoir beaucoup d'autres, mais vous l'avez un petit peu dit tout à l'heure,
14:56ce qui est assez stupéfiant aussi, contrairement à d'autres présidents qui avaient des facilités cérébrales,
15:02comme M. Obama, ou être plus appliqué, comme M. Biden, très expérimenté, comme Bush père.
15:08Lui fait penser plutôt à Bush fils, c'est-à-dire que ce n'est pas un homme de dossier,
15:13et il passe complètement au-dessus des crimes de guerre, voire de crimes contre l'humanité,
15:18avec un invité qui est tout de même sous mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale,
15:21que certes ne reconnaissent pas les Etats-Unis, mais qui dit à quel point la chose est grave.
15:25Merci Yannick Mireur. Là-dessus, je me tourne vers les spécialistes du droit.
15:29Que dit le droit international là-dessus ?
15:32Le déplacement d'1,7 million de personnes.
15:35Sur le droit international, je laisse mon confrère Perrier, parce qu'il est très très spécialisé.
15:40Non mais il s'est renseigné là-dessus.
15:43Ce qui est effroyable, c'est le mot ownership.
15:46Effectivement, c'est l'irruption d'un vocabulaire capitaliste dans les relations internationales,
15:50comme si les Etats étaient à vendre, comme si les territoires étaient un objet de transaction.
15:54Et donc effectivement, on achète le Groenland, on peut acheter le Panama,
15:58et donc on va acheter pour le mania de l'immobilier, Perse toujours sous le président.
16:02C'est le retour à la fin du XIXe siècle, ça se passait comme ça entre grandes puissances.
16:05C'est d'ailleurs assez étonnant, parce que l'ordre de l'après-guerre était en même fondé sur le fait
16:09que les Etats-Unis garantissaient la stabilité des frontières.
16:11Et aujourd'hui, ils garantissent au contraire l'instabilité des frontières
16:14en le remettant perpétuellement en cause.
16:16Donc il y a deux choses dans cette déclaration du point de vue du droit.
16:20Il y a effectivement la question du déplacement de population que vous évoquiez,
16:24qui est totalement interdit, vous l'avez dit, par l'article 7 du statut de Rome
16:27de la Cour internationale de justice.
16:29Donc le transfert de population forcée est un crime contre la humanité,
16:32mais en amont, il y a l'annexion d'un territoire.
16:35Or, la Charte des Nations Unies interdit absolument que l'on annexe un territoire
16:41pour mépris de la souveraineté, puisque en réalité, ce qu'ils ne comprennent pas,
16:45c'est que le droit international n'est pas régi par la propriété, mais par la souveraineté.
16:49Et donc, la bande de Gaza n'est certes pas un État au sens du droit international,
16:54mais c'est un territoire palestinien, et donc on ne peut pas disposer comme cela
16:59d'un État et l'annexer au mépris de sa souveraineté.
17:02Vraiment deux choses, il y a l'annexion d'un territoire et le déplacement de la population,
17:05et ni l'un ni l'autre ne sont possibles au regard du droit international.
17:08Un dernier mot, Charles Consigny, vous, l'admirateur supposé de Donald Trump,
17:13comme vous l'avez fait savoir publiquement, est-ce que...
17:17J'ai dit ça ?
17:18Est-ce que vous vous doutez quand même de Donald Trump ?
17:22Soumettez-moi mes déclarations sur le sujet, je n'ai jamais dit ça.
17:25Ah bon ?
17:26Non, je partage la consternation générale,
17:29mais je pense, un peu comme Anna Cabana,
17:32que Trump procède souvent par effet d'annonce un peu boulet de canon
17:38pour avancer en réalité vers la position vers laquelle il souhaite aller.
17:42Je ne suis quand même pas certain, en tout cas j'espère quand même,
17:45qu'il ne pense pas sérieusement qu'il va construire des resorts
17:49sur toute la bande de Gaza et déplacer les populations en Jordanie et en Égypte.
17:54Gaza is the new Dubaï.
17:55Vous ne le croyez pas sérieux.
17:56Non, en tout cas je l'espère, simplement le problème c'est que je sais que
18:00Jared Kushner, son gendre qui a été son envoyé spécial dans la région,
18:05qui est l'initiateur des accords d'Abraham etc.
18:08avait déjà ce projet, je l'avais déjà entendu dire ça.
18:11Donc si c'est ça, on est dans une voile du plus fort caricatural,
18:14mais je ne pense pas que les grands états arabes laisseront faire ça.