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00:00Il est 7h44 avec ICI ISER, vous avez la parole. Ce matin, on tente de réconcilier
00:05agriculteurs et agents de contrôle de l'environnement.
00:08Et bon courage, c'est un sacré chantier car la tension monte depuis plusieurs semaines sur fond
00:13d'élections syndicales agricoles. Certains responsables syndicaux appelant à brûler,
00:17je cite, des voitures des agents de l'OFB, l'Office français de la biodiversité. De l'autre,
00:23certains agents qui comparent des agriculteurs à des dealers, des agents qui sont d'ailleurs
00:27en grève aujourd'hui pour dénoncer une escalade verbale.
00:30Alors on en parle ensemble. Selon vous, les contrôles chez les agriculteurs sont-ils
00:34vraiment nécessaires ou est-ce qu'il faut faire pleinement confiance aux agriculteurs ? On
00:40attend vos appels maintenant, n'hésitez pas. 0476 46 45 et 45.
00:45Et on en parle avec notre invité ce matin, Pierre Auriol. Bonjour.
00:48Bonjour.
00:48Merci d'être avec nous en studio ce matin. Vous êtes technicien environnement à l'OFB
00:53en ISER, l'Office français de la biodiversité et vous êtes également délégué syndical
00:57SNE-FSU. D'abord, je parlais de la tension qui règne en ce moment. Comment vous la vivez,
01:02vous, cette tension aujourd'hui ?
01:04Alors, c'est clair que les agents de l'OFB la vivent très très mal. Ils sont très en colère
01:08et dénoncent les propos scandaleux de la part irresponsable qui sont tenus à notre égard par
01:15le Premier ministre, premièrement. Avoir un Premier ministre qui attaque une de ses administrations
01:21lors d'un discours de politique générale, ça ne s'était jamais eu en France.
01:24Il y a un sentiment de bouc émissaire, peut-être ?
01:26Vraiment un sentiment de bouc émissaire. Ces propos se rajoutent aux propos du Premier
01:31ministre Gabriel Attal il y a quelques mois, où on a été désigné coupable de tous les
01:36maux de l'agriculture. Alors que, qui peut dire qu'aujourd'hui le problème financier
01:43des agriculteurs vient de l'OFB ? C'est complètement faux. Nous, on est là uniquement
01:48pour faire appliquer les lois et les règlements qui sont votés par nos députés, par les politiques.
01:55En aucun cas, c'est nous qui faisons les lois. C'est pas nous qui les votons, c'est pas nous
02:00qui sommes à la base de ces lois-là. Les problèmes que rencontrent les agriculteurs...
02:05Mais ça crée de la tension, effectivement. Certains de vos collègues en France se sont
02:10fait agresser. Certains même en sont morts. Il y a eu des drames de ce type-là. Quelle relation
02:15avez-vous ? Effectivement, on exerce un métier à risque. Des morts, malheureusement, on en a eu
02:22dans nos métiers. Et vous intervenez armés ? On intervient toujours armés, parce que les personnes
02:27souvent sur lesquelles on intervient, qui sont principalement les chasseurs ou autres, sont
02:32armés. Et on ne sait jamais sur qui on va tomber. On ne le prévoit pas à l'avance. Et vous partez
02:37sur une mission de contrôle complètement anodine, ça peut très vite dégénérer. On ne sait pas
02:41aujourd'hui sur qui on tombe. On fait une mission de police, on n'envoie pas des policiers ou des
02:45gendarmes faire des contrôles sans armes. Ça n'existe pas en France. Des missions de police qui
02:50peuvent aussi faire peur, faire monter la tension. Je vous propose d'écouter un témoignage d'un
02:55agriculteur isairois, Jérôme Patra. Il est agriculteur à Brion. Il ne pouvait pas être avec
02:59nous en Isère, parce que justement, il s'occupe de ses vaches. Il est à la traite en ce moment,
03:03on le salue. Il m'a laissé une note vocale ce matin pour expliquer son sentiment. Justement, écoutez.
03:08C'est sûr qu'il faut qu'on nous fasse un peu confiance, parce qu'on fait de plus en plus attention à ce
03:12qu'on fait. Moi, ce que je trouve vraiment dommage, c'est qu'on ne puisse pas nettoyer un cours d'eau
03:17qui peut déborder plus tard. On n'a pas le droit de mettre la main dans un cours d'eau, alors que
03:21des fois, ça ferait du bien d'enlever une fourchette de bois ou de nettoyer, de faire tomber
03:26un morceau de bois qui gêne pour le cours d'eau. Ça éviterait une inondation plus tard. Et donc,
03:31on ne peut pas toucher au cours d'eau. C'est quand même un peu désolant. Donc, il y a des choses qui
03:35sont un peu aberrantes et qu'il faudrait qu'on y remédie. On essaye de faire au mieux de notre
03:40métier. Les contrôles nous font toujours un peu peur. Donc, il faut qu'on arrête de nous prendre
03:45pour des bandits. C'est ça. Les contrôles nous font peur, c'est ce que dit cet agriculteur isarois.
03:50Jérôme, est-ce que vous comprenez cette crainte des contrôles ? Alors, je ne la comprends pas
03:54trop. Quand on regarde les chiffres, les chiffres parlent d'eux-mêmes. Je ne pense pas que l'OFB
03:59exerce une pression énorme sur les agriculteurs de l'Isère. Lorsqu'on regarde les chiffres à la
04:04pluie, quand on regarde l'année passée, il faut savoir qu'en France, une exploitation agricole est
04:11contrôlée en moyenne une fois tous les 120 ans. Donc, ça laisse quand même de la marge. Dans le
04:16département de l'Isère, nous sommes actuellement 18 agents, 19 à effectifs complets, sachant que la
04:22part agricole n'est pas la majorité de notre travail. Au contraire, c'est même quelques
04:26pourcentages. C'est environ 5 à 10 % suivant les années, mais ça ne va pas au-delà. Donc,
04:32c'est vraiment minoritaire. Lorsqu'on regarde l'année passée, sur les contrôles administratifs,
04:37il n'y a pas eu de contrôle concernant les irrigations, dans la mesure où on n'était pas
04:41en période de sécheresse, ce qui n'était pas le cas les années d'avant. Il y a eu deux contrôles
04:46programmés sur les bandes enherbées et les travaux en zone humide. Donc là, on va sur le terrain,
04:51on rencontre les agriculteurs, on donne des conseils, tout simplement. Ce n'est pas du
04:56judiciaire. Il n'y a peu de contrôles qui donnent lieu à des sanctions en Isère. Il y a eu trois
05:01rappellements de manquements administratifs, deux pour pollution et un pour travaux en cours
05:05d'eau. Comme le disait l'agriculteur, en fait, on ne creuse pas dans un cours d'eau. On ne détruit
05:11pas le lit d'un cours d'eau parce que ça engendre beaucoup de dégâts au niveau de toute la
05:17macrophone qu'il peut y avoir dans le cours d'eau. Et après, c'est une réaction en chaîne. Des
05:21travaux sont réalisables dans le cadre de sécurité, mais il faut faire des demandes
05:23d'autorisation. On va détailler avec vous dans un instant effectivement votre travail qui ne
05:28s'arrête pas qu'au contrôle des exploitations agricoles. On vous rappelle aussi, Alexandre,
05:32que vous pouvez nous appeler pour témoigner sur cette situation. Effectivement, ici Isère,
05:37c'est votre radio. N'hésitez pas à nous passer un coup de fil. On sera ravis de relayer votre
05:41témoignage ou vos questions au 04 76 46 45 et 45. Il est 7h50. On attend aussi vos témoignages,
05:48vos réactions, Soazic, sur Facebook. Et on a un peu les deux camps ce matin sur la page
05:53Facebook. On a d'un côté Sylvie et Eliane qui nous disent qu'il faut faire confiance aux
05:57agriculteurs. Sylvie qui nous écrit par exemple, ils connaissent leur travail. Eliane qui dit
06:02aussi, ils jouent le jeu selon moi. Je suis peut-être crédule, mais en tout cas, je suis
06:06comme ça. Puis on a d'un autre côté Alexandre qui nous dit, il faut quand même renforcer les
06:10contrôles sur deux points pour lui, l'hygiène et la maltraitance animale. Restez prudent sur
06:15ces deux points. Voilà quelques avis sur notre page Facebook. Notre invité ce matin, Pierre
06:20Auriol, technicien environnement à l'OFB en Isère, délégué syndical du SNE FSU. Est-ce que vous
06:26pensez, M. Auriol, que les attaques aujourd'hui sont particulièrement fortes parce qu'on est
06:30aussi dans un moment d'élection à la Chambre d'agriculteurs et qu'il y a un combat syndical ?
06:36C'est indéniable. Pour nous, c'est une surenchère. Cela dit, il y a certains syndicats agricoles qui
06:42nous soutiennent, qui l'ont publiquement écrit et qui vont même venir aujourd'hui manifester avec
06:47nous devant certaines préfectures. C'est le cas pour les cités de la Confédération Paysanne.
06:50Tout à fait. Donc ce n'est pas tous les agriculteurs qui sont contre l'OFB. Certaines comprennent tout
06:56à fait qu'on travaille avec eux et qu'on travaille pour eux. On n'est pas là pour les empêcher de
07:00travailler, loin de là. On est même plus souvent là pour leur donner des conseils et les aider.
07:04Justement, vos missions ne s'arrêtent pas au contrôle des exploitations agricoles. Elles
07:08sont nombreuses. Vous intervenez aussi, vous le disiez, en moment de sécheresse pour faire des
07:12contrôles aussi et de la prévention auprès des populations. Expliquez-nous un peu votre rôle,
07:18qui ne se limite pas à la police de l'environnement.
07:21On a également des missions techniques sur des suivis d'espèces, sur des suivis de milieux,
07:27que ce soit du milieu aquatique, du milieu terrestre. On travaille sur des espèces
07:31emblématiques comme le bouctin, par exemple. On va travailler également sur le loup, bien sûr,
07:35le lynx. Il y a de nombreuses espèces sur lesquelles on travaille. L'activité judiciaire,
07:42pour venir au monde agricole, l'année dernière, ça a été 5% de notre activité, avec deux procédures
07:49faites. Une pour des pollinisateurs, un agriculteur qui traitait sur des colza en fleurs, ce qui est
07:54totalement interdit, de mettre des insecticides. Il n'y a pas besoin d'explications plus longues. On
07:59détruit tout ce qui est abeilles et autres pollinisateurs. Et sur les déversements des
08:05fluents de fosses aliziers dans un cours d'eau, avec la pollution et la mortalité que cela
08:09entraîne. Donc vous voyez, ce n'est quand même pas une pression énorme sur le monde agricole. Et
08:13en plus, chaque fois, sur des dénonciations. Sur nos autres missions principales...
08:17Très rapidement, parce qu'on n'a plus beaucoup de temps.
08:19Donc sur la lutte contre le trafic des espèces, notamment les chardonneries, les tortues terrestres,
08:22c'est ce qu'on appelle la citesse, les pollutions, le respect de la sécurité à la chasse, le respect
08:28de la réglementation sur les espaces protégés et ordinaires, les déchets, tout ce qui est les
08:32pots d'immondices, la circulation des véhicules tout-terrain, moteurs, motos, quad, etc. En dehors
08:37des voies autorisées, il n'y a pas de souci, mais en dehors, dans les milieux naturels, où on dégrade
08:42le milieu, des avis techniques également, sur des travaux, sur des ouvrages en cours d'eau,
08:46et des constats de dommages sur les troupeaux domestiques, où là, on apporte notre expertise
08:50pour que les agriculteurs soient indemnisés.
08:52Des missions nombreuses, on l'entend de l'Office français de la biodiversité,
08:54on a essayé de vous éclairer un petit peu sur son rôle. Merci beaucoup Pierre Auréole d'être venu
08:58nous en parler ce matin. Je précise que vous allez ensuite à une manifestation à Lyon,
09:02justement d'agent de l'OFB. Merci, belle journée.
09:05Merci à vous.