Donald Trump a réussi son come-back. Ainsi, il entame, tambour battant, son deuxième mandat à la Maison Blanche. La Floride, un État présenté comme le laboratoire d'une forme d'autoritarisme, pourrait représenter la tonalité de son second mandat. Mais à quoi faut-il désormais s'attendre avec ce retour de Donald Trump à la tête des États-Unis ?
Pour en débattre, Jean-Pierre Gratien reçoit en plateau l'historien, Romain Huret, l'écrivain, Douglas Kennedy et l'enseignante et auteure, Amy Greene.
LCP fait la part belle à l'écriture documentaire en prime time. Ce rendez-vous offre une approche différenciée des réalités politiques, économiques, sociales ou mondiales....autant de thématiques qui invitent à prolonger le documentaire à l'occasion d'un débat animé par Jean-Pierre Gratien, en présence de parlementaires, acteurs de notre société et experts.
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NewsTranscription
00:00:00Générique
00:00:02...
00:00:16Bienvenue à tous.
00:00:17Donald Trump a réussi son comeback
00:00:19et entame donc, tambour battant,
00:00:21son 2e mandat à la Maison-Blanche.
00:00:23Nous allons y revenir dans ce débat doc,
00:00:26avec pour commencer le documentaire qui suit,
00:00:28le retour en marche vers la dictature,
00:00:31direction, ici, la Floride,
00:00:33présenté dans ce reportage, vous allez le voir,
00:00:36comme le laboratoire d'une forme d'autoritarisme
00:00:39qui pourrait bien préfigurer
00:00:40de la tonalité de ce 2e mandat.
00:00:43Je vous laisse tout de suite le découvrir
00:00:45et je vous retrouverai juste après sur ce plateau,
00:00:48en compagnie de l'historien Romain Huret,
00:00:50de l'écrivain Douglas Kennedy
00:00:52et de l'enseignante et auteur Amy Greene,
00:00:55avec cette question, à quoi faut-il désormais s'attendre
00:00:58avec ce retour de Donald Trump à la tête des Etats-Unis ?
00:01:02Bon doc.
00:01:28...
00:01:34-"Donald Trump ne cache rien de son programme.
00:01:37Il veut purger l'Etat, ministère par ministère.
00:01:40Dans ce qui en restera, il placera ses partisans,
00:01:43qui diront oui à tout."
00:01:45Nous parlons d'un ex-président
00:01:47qui a refusé le résultat d'une élection démocratique,
00:01:50qui a encouragé la prise d'assaut du Capitole,
00:01:53le 6 janvier 2021.
00:01:55Il veut désormais se venger de ses opposants
00:01:58et faire taire la presse libre.
00:02:00Est-ce le programme d'un dictateur ?
00:02:02-"Ce soir, vous promettez à l'Amérique
00:02:05que vous n'abuserez jamais du pouvoir,
00:02:07sauf le premier jour."
00:02:08C'est-à-dire ? J'adore ce type.
00:02:10Il dit, vous n'allez pas être un dictateur, n'est-ce pas ?
00:02:14J'ai répondu, non, sauf le premier jour.
00:02:16...
00:02:18-"Un jour seulement ?
00:02:19La boutade, si c'en est une, fait frissonner.
00:02:22Donald Trump n'est connu ni pour sa modération
00:02:25ni pour son intégrité.
00:02:26Il a été condamné pour fraude financière,
00:02:29il est accusé dans quatre procès criminels
00:02:31et il affiche son admiration pour les autocrates
00:02:34partout dans le monde."
00:02:35Donald Trump est l'un des hommes les plus dangereux du monde
00:02:39à l'heure actuelle.
00:02:40...
00:02:53Si Donald Trump revient à la Maison-Blanche,
00:02:56il mettra en oeuvre son programme radical
00:02:59dès qu'il enfranchira la porte, sans aucun doute.
00:03:03Alors, qui sont-ils, ceux qui soutiennent l'ex-président,
00:03:06dont les mimiques rappellent des temps sombres ?
00:03:09Qui sont-ils,
00:03:10ceux qui pourraient faire glisser l'Amérique
00:03:13vers l'autoritarisme ?
00:03:15...
00:03:27Musique intrigante
00:03:30-"Cette Amérique en mode dictateur,
00:03:33jour 1 ou plus,
00:03:35c'est en Floride qu'on peut en avoir un avant-goût.
00:03:37Ce n'est pas tant parce que Donald Trump y a élu résidence,
00:03:41dans son somptueux palais de Mar-a-Lago,
00:03:43mais plutôt parce que cet Etat est devenu le laboratoire
00:03:46d'une révolution ultra-conservatrice, limite autoritaire."
00:03:51...
00:03:59-"Je m'appelle Dominic Sarta.
00:04:00Je tiens à vous dire qu'il faut voter Trump en 2024
00:04:03pour qu'il puisse ramener le pays là où il était
00:04:06grâce à sa merveilleuse politique.
00:04:07Que Dieu bénisse l'Amérique."
00:04:10...
00:04:12-"A l'image de ce petit entrepreneur
00:04:14actif dans la construction,
00:04:16des dizaines de milliers d'Américains
00:04:18déménagent chaque année en Floride,
00:04:20séduits par son climat et son soleil éternel,
00:04:22mais pas seulement."
00:04:24...
00:04:26...
00:04:38-"Nous sommes à Lighthouse Point, en Floride,
00:04:40à Fort Lauderdale.
00:04:42Nous sommes dans ma maison. J'espère qu'elle aura un toit.
00:04:45J'ai choisi cette petite ville parce que je l'ai trouvée géniale.
00:04:48J'ai déménagé dans le sud de la Floride
00:04:50et j'espère que d'ici un an, j'emménagerai dans cette maison."
00:04:54...
00:04:57-"J'ai vécu à New York toute ma vie
00:04:59et nous sommes venus en Floride parce que les choses changeaient trop,
00:05:02surtout à cause de la politique de ces gauchistes de démocrates.
00:05:06Les impôts n'arrêtaient pas d'augmenter,
00:05:08c'était plus dur d'y vivre."
00:05:09...
00:05:12En Floride, il y a beaucoup moins de régulations étatiques
00:05:15et pas d'impôts sur le revenu.
00:05:17De quoi satisfaire les électeurs conservateurs,
00:05:20les républicains old school.
00:05:22-"Ici, les politiques sont plus libres.
00:05:25C'est majoritairement républicain.
00:05:28Au niveau local, à Fort Lauderdale et à Miami,
00:05:30les républicains ont gagné des élections.
00:05:32C'est un bon signe, ça correspond à mes convictions."
00:05:35...
00:05:39...
00:05:50-"Nous sommes l'Etat le plus libre de tous les Etats-Unis,
00:05:55l'Etat libre de Floride."
00:05:57-"L'homme qui incarne cette bascule républicaine,
00:05:59c'est le gouverneur de Floride, Ron DeSantis."
00:06:03-"Nous avons fixé un standard dans tant de domaines
00:06:06que lorsque les choses vont mal dans d'autres Etats
00:06:09et d'autres villes de ce pays,
00:06:11le premier endroit où les gens pensent venir se réfugier,
00:06:15c'est ici, dans l'Etat soleil."
00:06:17...
00:06:25-"Il s'est construit une image de guerrier,
00:06:27anti-élite, anti-gay, anti-woke,
00:06:30au point d'être souvent décrit comme un mini-Trump,
00:06:33et il redessine la Floride à cette image,
00:06:36faisant, par exemple, passer une loi
00:06:38interdisant de parler d'homosexualité dans les écoles
00:06:40et en mettant fin, dans les universités,
00:06:43au programme d'inclusion et de diversité
00:06:45si cher aux démocrates."
00:06:47-"La gauche ne sera satisfaite
00:06:51que lorsqu'elle contrôlera toutes les institutions
00:06:53de notre société.
00:06:56Nous les avons laminées dans les écoles,
00:06:59nous les écrasons dans les universités,
00:07:01et les gens savent que lorsque leur liberté
00:07:04est menacée par la gauche,
00:07:06lorsque la gauche tente de leur imposer ces pathologies,
00:07:09l'Etat de Floride se dressera
00:07:11et nous nous battrons en leur nom,
00:07:13et c'est ce que nous avons fait."
00:07:15...
00:07:17-"J'aime sa politique.
00:07:21Je ne suis pas d'accord avec tout.
00:07:22On ne peut pas toujours être d'accord
00:07:24avec tout ce que font les hommes politiques,
00:07:26mais il aime ses méthodes conservatrices,
00:07:28il défend la classe ouvrière, la classe moyenne.
00:07:31C'est ce que j'aime chez lui."
00:07:32...
00:07:35Musique sombre
00:07:38...
00:07:45-"Dans ce laboratoire de politique autoritaire,
00:07:48le terreau est fertile pour les trumpistes les plus extrêmes,
00:07:52installés à l'ouest de la Floride,
00:07:54dans la commune prospère et proprette de Sarasota.
00:07:59Leur leader est un personnage qui donne des cauchemars
00:08:01aux démocrates, le général Mike Flynn.
00:08:04Ancien chef du renseignement militaire,
00:08:06il est très proche de Donald Trump.
00:08:08En décembre 2020, il a été jusqu'à proposer
00:08:12à l'ex-président d'utiliser l'armée
00:08:14pour inverser le résultat de l'élection,
00:08:16avant de jouer un rôle important dans l'assaut du Capitole.
00:08:20...
00:08:22Denver Riegelman a longtemps enquêté sur lui.
00:08:25Vétéran de l'US Air Force et lui-même ancien agent du renseignement,
00:08:30c'est un expert réputé pour ses enquêtes
00:08:32sur les réseaux complotistes d'extrême droite.
00:08:35...
00:08:41-"C'est un vilain personnage.
00:08:43Il propage de la désinformation et il sait que ça va marcher
00:08:46grâce à son expérience dans le renseignement.
00:08:49C'est ça qui le rend si dangereux.
00:08:51Ici, aux Etats-Unis, même si vous êtes un général retraité,
00:08:54vous avez beaucoup de crédibilité et vous pouvez en profiter.
00:08:57...
00:09:00Le général Flynn est devenu l'un des propagandistes
00:09:03les plus écoutés du nationalisme chrétien
00:09:05et des théories du complot les plus loufoques.
00:09:08Il vise un poste au sein du cabinet de Trump
00:09:10et il est prêt à tout pour y arriver."
00:09:12...
00:09:15Nous contattons le général Flynn sans succès.
00:09:19Sa méfiance envers les médias, qui ne sont pas dans son camp,
00:09:22est immense.
00:09:23Nous décidons d'aller le voir en personne.
00:09:25Il est souvent sur le terrain pour mobiliser ses supporters
00:09:28partout aux Etats-Unis.
00:09:30Car son combat, aujourd'hui, c'est de faire réélire
00:09:33Donald Trump à la présidence.
00:09:34...
00:09:36Ce soir-là, il est l'invité vedette d'un événement assez spécial
00:09:40organisé dans une église proche de Sarasota.
00:09:43...
00:09:45Nous filmons discrètement avec nos téléphones.
00:09:48Premier acte, la projection de films complotistes
00:09:52qui accusent pêle-mêle la CIA, les grands médias,
00:09:55Hollywood de nous laver le cerveau.
00:09:58Tout cela au service d'une élite démocrate
00:10:00par ailleurs pédophile et sataniste.
00:10:02Rien que ça.
00:10:04...
00:10:05...
00:10:12Après la projection, le général Flynn reprend un de ses thèmes
00:10:15de prédilection.
00:10:17Le grand remplacement de population,
00:10:19d'après lui, orchestré par le gouvernement Biden.
00:10:22...
00:10:24Si nous ne reprenons pas notre pays
00:10:26pour au moins 4 ans, pour avoir un peu de répit,
00:10:30c'en est fini.
00:10:32C'en est fini.
00:10:36Ils ne font pas rentrer délibérément
00:10:38plus de 10 millions de personnes de plus de 170 pays
00:10:41par notre frontière sud, juste pour s'amuser.
00:10:48C'est un moyen de détruire la culture américaine.
00:10:51Parce que ces gens ne s'assimilent pas.
00:10:55Oui, madame ?
00:10:56Général Flynn !
00:10:58Je vous entends.
00:10:59...
00:11:00Puis-je prier pour vous ?
00:11:01Absolument.
00:11:03...
00:11:04...
00:11:05Je prie au nom de Jésus-Christ.
00:11:07Merci pour le général Flynn.
00:11:09Merci, notre père, de l'avoir délivré
00:11:12des entrailles de la bête.
00:11:13Seigneur, je vous demande de continuer à le protéger.
00:11:17Parce que lui aussi a une cible dans le dos.
00:11:20Et je prie, père, pour que vous lui donniez la victoire.
00:11:23Au nom de Jésus.
00:11:24...
00:11:25Cette femme en rouge fait partie de l'armée de fidèles du général,
00:11:29qui oeuvre pour construire une Amérique ultra-conservatrice,
00:11:33plutôt blanche et chrétienne.
00:11:35Elle, elle a accepté.
00:11:37Elle a accepté.
00:11:38Elle a accepté.
00:11:39Elle a accepté.
00:11:40Elle a accepté.
00:11:41Ils sont blanches et chrétiennes.
00:11:43Elle, elle accepte de nous rencontrer.
00:11:46...
00:11:47OK, on y va !
00:11:48...
00:11:52Oh !
00:11:53Là, je crois qu'il y a un alligator.
00:11:55Vous arrivez à le voir ?
00:11:57Je roule.
00:12:00J'avance pour que l'on puisse se croiser.
00:12:03Merci.
00:12:04...
00:12:06Assis, fripouille.
00:12:08Assis.
00:12:09...
00:12:10Nous avons quitté la Californie parce que c'est devenu la folie.
00:12:17Tout est taxé, tout est contrôlé et ça devient de pire en pire.
00:12:21Ici, nous pouvons encore nous battre pour être libres.
00:12:26Et ça va être un sacré combat.
00:12:29Forte d'une longue expérience de militante conservatrice,
00:12:33elle a organisé plusieurs campagnes électorales pour faire élire des candidats trumpistes
00:12:37à des postes clés dans le comté de Sarasota.
00:12:41On est de retour !
00:12:46Clairement, elle n'apprécie pas Joe Biden, tout à droite sur le paillasson.
00:13:02Je m'appelle Connie Bruni de Floride
00:13:04et j'encourage tous les américains à voter pour Donald Trump en novembre
00:13:08pour notre sécurité à tous.
00:13:12Est-ce que Joe Biden est votre président ?
00:13:14Non.
00:13:16C'est le président des Etats-Unis, c'est bien ce que vous me demandez ?
00:13:20Oui, mais ce n'est pas mon président.
00:13:23Mais vous ne le considérez pas comme votre président ?
00:13:25Eh bien, hier, le département de la justice a déclaré qu'il ne se souvenait même pas d'avoir été vice-président.
00:13:31Ce n'est pas moi qui le dis, c'est le département de la justice qui dit qu'il ne se souvenait même pas d'avoir été vice-président.
00:13:36Vous plaisantez ? Mais vous plaisantez !
00:13:39Et vous voulez que je vous dise ?
00:13:41Oui, il est qualifié pour être le dirigeant du monde libre.
00:13:46En attendant, c'est Donald Trump qui est sur le banc des accusés dans quatre procès criminels,
00:13:51dont l'un pour sa participation à l'attaque du Capitole.
00:13:54Vous allez voter pour lui ?
00:13:56Oui, même s'il est en prison.
00:13:58Même s'il est condamné ?
00:14:00Je voterai pour lui, même en prison.
00:14:03En fait, le président Trump n'a été ni inculpé ni, pire, condamné, sauf dans les grands médias.
00:14:10C'est ce qu'on veut nous faire croire, et c'est absurde.
00:14:15Comprendre les ressorts de cette loyauté absolue, c'est le travail de Ruth Ben-Ghiat,
00:14:20historienne et spécialiste des régimes autoritaires.
00:14:24L'un des plus grands succès de Donald Trump auprès de ses partisans,
00:14:29c'est de se présenter comme une victime.
00:14:32Du coup, ils se sentent comme ses protecteurs.
00:14:35Tous ses problèmes judiciaires ne sont pour eux que des machinations de l'État, de l'État profond,
00:14:41de ce qu'ils appellent le « régime Biden », dans le but de faire tomber Trump.
00:14:45Cela les rend encore plus loyaux.
00:14:48Plus il a de problèmes judiciaires, plus ses partisans lui sont fidèles.
00:14:54À travers ce prisme de loyauté, le gouvernement fédéral, forcément, est l'ennemi.
00:14:59Pour Connie, il faut le démanteler, suivant le programme de Donald Trump,
00:15:03et même supprimer des ministères comme celui de l'éducation.
00:15:07Il s'agit de convictions profondes, basées sur la foi.
00:15:13Nos droits nous sont donnés par Dieu, pas par le gouvernement.
00:15:18Et c'est peut-être la différence entre les deux.
00:15:21Et c'est peut-être la différence entre moi et quelqu'un d'autre.
00:15:25Certaines personnes pensent que le gouvernement est la réponse à tout, pas moi.
00:15:29C'est la différence entre ce que je considère être un point de vue démocrate et un point de vue conservateur.
00:15:37Elle est la présidente locale des Moms for Liberty, les Mamans pour la liberté,
00:15:42une organisation ultra-conservatrice de parents qui mènent croisades contre tout ce qui évoque dans l'éducation.
00:15:49L'un de leurs combats, bannir des livres comme celui-ci, des bibliothèques scolaires.
00:15:54Destiné à des ados de 12 à 17 ans, c'est le récit d'une jeune fille qui questionne son identité sexuelle.
00:16:01Sur 240 pages, il y a une scène de sexe transgenre.
00:16:07Oui, montrons-la.
00:16:10Beaucoup de ces livres mettent les gens très mal à l'aise.
00:16:14La plupart des adultes sont mal à l'aise face à cette scène.
00:16:18Imaginez à quel point ce serait troublant pour un enfant.
00:16:22Ceci dit, si vous voulez parler de ça avec votre enfant à la maison, c'est votre droit de parent et je me battrai pour ce droit.
00:16:31Mais que ce livre soit mis à disposition avec mon argent de contribuable, non, je ne suis pas d'accord.
00:16:37Pas du tout.
00:16:39Tout ce qui prend le dessus sur la relation familiale, à mon avis,
00:16:43est un indoctrinement inapproprié des enfants pour tenter de les aliéner de leur famille.
00:16:53Le problème, c'est que certains parents ont poussé cette logique à l'extrême.
00:16:57Parmi les livres bannis des écoles, il y a aussi des classiques.
00:17:01Le prétexte est toujours le même, des scènes inappropriées,
00:17:05par exemple le dessin d'une poitrine dénudée dans une version illustrée du journal d'Anne Frank.
00:17:14Ils visent de façon disproportionnée des livres écrits par des auteurs de couleur, des femmes,
00:17:19des livres axés sur des personnages queers ou LGBTQ+.
00:17:26De nombreux livres bannis ont gagné des prix ou sont des classiques.
00:17:30Même un dictionnaire a été interdit dans des écoles de Floride en ce moment.
00:17:36C'est absurde.
00:17:38Petite précision, le dictionnaire en question définit simplement, comme tous les dictionnaires, certains actes sexuels.
00:17:46Ils sont jugés pornographiques.
00:17:48En réalité, ces livres ne sont pas du tout pornographiques, ni par définition, ni par rien du tout.
00:17:54Mais certains craignent que ces livres endoctrinent nos jeunes et leur mettent des idées dans la tête.
00:18:01Par exemple, en lisant « Gender Queer », quelqu'un deviendrait queer juste parce qu'il a lu ce livre.
00:18:07Cette logique ne tient pas la route.
00:18:10Si c'était le cas, cela signifierait que les enfants qui sont homosexuels deviendraient hétéros
00:18:15en lisant tous ces livres avec des personnages hétérosexuels.
00:18:19Ce qui n'est manifestement pas le cas.
00:18:21Encouragés par les politiques anti-LGBT du gouverneur, les Moms for Liberty,
00:18:26mais aussi des parents agissant en leur nom propre,
00:18:29ont réussi à faire retirer plus de 1 400 livres des écoles de Floride.
00:18:34Les bibliothèques scolaires devraient vraiment être le reflet de la population.
00:18:39Retirer de ces bibliothèques des livres sur l'histoire des Noirs,
00:18:44sur l'histoire des femmes et de leurs droits, sur les questions de genre,
00:18:49c'est un peu comme vouloir supprimer ces populations,
00:18:53c'est un peu comme vouloir supprimer ces populations de l'histoire des Etats-Unis,
00:18:58et même des Etats-Unis en général.
00:19:04C'est profondément antidémocratique,
00:19:07et piloté par une petite minorité très bruyante.
00:19:11C'est comme un canari dans une ligne de charbon,
00:19:14c'est un signe de temps vraiment sombre.
00:19:18Les Moms for Liberty n'ont pas seulement réussi à écarter des livres,
00:19:22elles ont aussi fait tomber des démocrates.
00:19:25Nous sommes au conseil scolaire du comté de Sarasota,
00:19:28une instance importante, car elle met en œuvre les politiques d'enseignement.
00:19:32Ses membres sont élus par la population.
00:19:35En 2022, Connie Bruni a mené une campagne
00:19:38pour faire élire une majorité de candidats trumpistes avec succès.
00:19:43Une victoire importante, au point d'être saluée par le gouverneur Ron DeSantis.
00:19:49Nous avons réussi à reprendre le conseil scolaire de Sarasota.
00:19:53Même face à des adversaires qui ont dépensé un million,
00:19:56nos candidats ont triomphé.
00:19:58Nous voulons que l'école éduque les enfants,
00:20:01nous en avons marre de l'endoctrinement.
00:20:03Lors des séances ouvertes au public,
00:20:05certains parents s'y sentent désormais si bien que les dérapages ne sont pas rares.
00:20:12Les livres et les discussions sur la perversion, même si elles sont scientifiques,
00:20:17n'ont pas leur place dans nos écoles.
00:20:20Les pratiques LGBTQ sont une abomination.
00:20:23Ce n'est pas quelque chose de normal.
00:20:28Mais dans cette arène, d'autres combattent.
00:20:34Bonsoir, Carole Lerner, enseignante à la retraite.
00:20:38Lorsque j'évalue un politicien, qu'il s'agisse d'un président américain
00:20:42ou d'un membre d'un conseil scolaire local,
00:20:45je cherche à savoir si ses politiques favorisent le bien commun.
00:20:51Depuis plusieurs années,
00:20:53elle mène des enquêtes détaillées sur les groupuscules d'extrême droite
00:20:57qui influencent les élus politiques dans le comté.
00:21:01Le groupe des Mamans pour la liberté
00:21:04a terrorisé les réunions des conseils scolaires.
00:21:07Elles parlent de droits pour les parents,
00:21:10mais il s'agit en réalité du droit d'imposer leurs idées étriquées
00:21:14et souvent bigotes.
00:21:16Et elles ne prennent pas en compte les parents qui ne sont pas de leur avis.
00:21:20Elles ont pris des mots comme « liberté » ou « indoctrinement »
00:21:24et elles les ont déformés.
00:21:26Elles leur ont donné un sens rétrograde.
00:21:28Et voilà, on en arrive à toutes ces interdictions.
00:21:31On interdit des livres, on interdit ceci, cela.
00:21:34C'est ça la liberté ? Non, pas à mes yeux.
00:21:38Ce que Carole Lerner découvre aussi au fil de ces enquêtes,
00:21:42c'est la proximité des Moms for Liberty avec des membres des Proud Boys,
00:21:46une milice d'extrême droite dont quelques 200 membres
00:21:49ont participé à l'attaque du Capitole.
00:21:52Cette photo est prise au soir de la victoire,
00:21:55au sein du conseil scolaire, avec Connie Bruni au centre.
00:22:00Le numéro 6 est un Proud Boy très actif.
00:22:04Si vous regardez là, il fait le signe du White Power,
00:22:08le signe des suprémacistes blancs.
00:22:11Les trois doigts forment un W et cette partie du bras est un P.
00:22:20Ils tentent vraiment de prendre le pouvoir,
00:22:23de s'emparer des institutions et de les transformer en institutions antidémocratiques.
00:22:29Je dirais proto-fascistes, voire dans certains cas même fascistes.
00:22:40On m'a dit que vous êtes le visage du fascisme à Sarasota.
00:22:45Et alors ?
00:22:48On m'a qualifiée de beaucoup de choses, je m'en moque.
00:22:52Ce que je représente, c'est un groupe de personnes passionnées par la liberté.
00:22:59Nous sommes des patriotes, de vrais patriotes,
00:23:02prêts à mettre en jeu nos vies, nos fortunes, notre temps, notre argent,
00:23:08parce que nous croyons en l'avenir.
00:23:13J'ai trois petits-enfants.
00:23:15Lorsqu'on me demande quel est mon principal moteur,
00:23:18je réponds Alicia, Marcos et Isaiah, mes trois petits-enfants.
00:23:23Ils sont ma motivation principale jour après jour.
00:23:29Il est de ma responsabilité de faire ce qui est juste pour eux.
00:23:33Moi, j'ai déjà eu mon tour.
00:23:39Face au rôle au compresseur des Trumpistes, il est difficile de résister.
00:23:43Là aussi, la Floride illustre bien l'état de l'Amérique.
00:23:46En fait, l'état des démocrates.
00:23:50Cathy Antunes est une activiste locale qui anime chaque semaine une émission
00:23:54pour cette petite radio communautaire.
00:24:00Bienvenue dans le Détail, je suis votre animatrice Cathy Antunes
00:24:04et vous écoutez le Détail sur WSLR 96.5 LPFM à Sarasota, Floride.
00:24:12En une heure avec ses invités,
00:24:14elle plonge dans le Détail des luttes locales de pouvoir.
00:24:17Elle a notamment dévoilé les liens d'intérêt entre politiciens de la région
00:24:21et riches donateurs trumpistes,
00:24:23dans l'espoir de mobiliser les électeurs démocrates
00:24:26et d'empêcher un retour de Donald Trump à la Maison-Blanche.
00:24:32Notre pays a longtemps été comme une biche prise dans les phares d'une voiture,
00:24:36se demandant ce qu'il faut faire.
00:24:39Nous devons trouver des moyens pour aller de l'avant.
00:24:42Nous devons nous impliquer.
00:24:44Les personnes qui comprennent cette menace n'ont plus le luxe de rester sur la touche
00:24:48et de penser que quelqu'un d'autre va faire le travail à leur place.
00:24:52Il y a beaucoup de gens qui comprennent ce que ce pays représente vraiment.
00:24:56C'est mon pays, mon chez-moi, et je me battrai pour lui.
00:24:59Et que représente votre pays ?
00:25:05C'est un endroit où...
00:25:09...
00:25:16Je dois me ressaisir.
00:25:18Vous savez, mes grands-parents sont venus ici sans rien.
00:25:24Ils ont élevé cinq enfants.
00:25:28Cinq de chaque côté, donc dix en tout.
00:25:34Mon oncle est un avocat formé à Harvard.
00:25:37Mon père est devenu physicien.
00:25:42Pour moi, l'Amérique est un pays qui récompense le talent.
00:25:47C'est un lieu où n'importe qui est censé pouvoir réussir,
00:25:51peu importe d'où il vient.
00:25:57Mes grands-parents étaient pauvres,
00:26:00mais mon père disait qu'ils ne le savaient pas.
00:26:04C'est la beauté de ce pays.
00:26:09Et un homme comme Donald Trump va détruire tout ça.
00:26:13Vous savez, il n'a pas fait fructifier la fortune de sa famille.
00:26:17C'est un imposteur.
00:26:20Et il fera subir le même sort au pays si nous le laissons faire.
00:26:28La dérive vers l'autoritarisme fait déjà des victimes, dont cet homme.
00:26:33Ce soir-là, le parti démocrate de Sarasota organise une soirée pour lever des fonds.
00:26:37Et Andrew Warren en est l'invité vedette,
00:26:40élu procureur général d'un des comtés de Floride deux fois de suite.
00:26:44Ce démocrate a été suspendu par le gouverneur Ron DeSantis il y a plus d'un an.
00:26:52En deux minutes, des adjoints du shérif sont arrivés avec le représentant du gouverneur.
00:26:57Et ils m'ont dit que j'avais été suspendu.
00:27:01Dans toute l'histoire des États-Unis, je ne me souviens pas qu'il y ait eu un seul cas
00:27:05d'un élu forcé par des policiers armés de quitter son poste,
00:27:09alors qu'il n'avait absolument rien fait de mal.
00:27:17Le gouverneur lui reproche d'avoir critiqué sa politique,
00:27:21notamment l'une de ses priorités, à savoir poursuivre en justice les femmes ayant avorté.
00:27:26Andrew Warren n'a pas refusé d'appliquer la loi,
00:27:29il a juste remis en question cette priorité. Mal lui en a pris.
00:27:36Quand vous violez de façon flagrante votre serment d'allégeance,
00:27:40lorsque vous vous placez au-dessus de la loi, vous violez votre devoir.
00:27:45Et vous faites preuve d'un manque de compétence dans l'exercice de vos fonctions.
00:27:51C'est pourquoi nous suspendons aujourd'hui le procureur Andrew Warren avec effet immédiat.
00:27:57J'ai commencé à compter le nombre de mensonges prononcés par le gouverneur,
00:28:01mais j'ai vite perdu le compte.
00:28:03Il a décidé d'enfreindre la loi en me suspendant pour des raisons politiques.
00:28:07Ensuite, un tribunal fédéral a statué qu'il avait menti et violé la loi en faisant cela.
00:28:12Ce tribunal a ajouté que la vérité et la loi sont importantes,
00:28:16et donc que je devais être réintégré.
00:28:19Mais le gouverneur ne l'a pas fait.
00:28:23Une deuxième cour d'appel fédérale a donné raison à Andrew Warren,
00:28:27mais le gouverneur ne l'a toujours pas réintégré.
00:28:31Cette suspension a évidemment eu un gros impact sur moi.
00:28:35Mais l'impact a été beaucoup plus important sur la Floride.
00:28:38Ce que le gouverneur a fait est une gifle pour tout le monde,
00:28:41que l'on soit républicain ou démocrate, conservateur ou de gauche, vieux ou jeune.
00:28:46C'est une gifle pour tous ceux qui croient en la démocratie,
00:28:49qui croient en des élections où le peuple choisit qui occupe un poste officiel.
00:28:53Ce sont les électeurs qui m'ont élu à ce poste.
00:28:56Et si les électeurs n'aiment pas la façon dont je fais mon travail,
00:28:59ils me le feront savoir lors de la prochaine élection.
00:29:03Le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, est un cas très intéressant.
00:29:08Il faut savoir qu'il y a un syndrome qui se produit quand quelqu'un comme Trump arrive au pouvoir.
00:29:14Il génère des imitateurs.
00:29:18A l'époque du fascisme, on les appelait des mini-Mussolini ou des mini-Hitler.
00:29:23Ron DeSantis est une sorte de mini-Trump qui veut faire de la Floride une autocratie.
00:29:29Il a créé une sorte de laboratoire où il restreint la liberté d'expression et interdit des livres.
00:29:37Il n'hésite pas à abuser de son pouvoir.
00:29:40Il contrôle le parlement de Floride.
00:29:42C'est une brute. Il est vindicatif.
00:29:45Et maintenant, il veut sa propre garde nationale.
00:29:49Il recrute des shérifs dans de très nombreux États pour mettre en place une sorte de patrouille frontalière.
00:29:56Et il les encourage à ne pas respecter toutes les lois.
00:29:59Si l'on analyse le menu des tactiques autoritaires, on constate qu'en Floride, il les applique toutes.
00:30:07Chaque fois que vous avez un élu, en particulier s'il occupe le poste le plus élevé de notre pays,
00:30:12et que cet élu promet d'enfreindre la loi, de l'utiliser pour punir ses opposants et s'en prendre à ses ennemis,
00:30:18et d'être un dictateur, comme Donald Trump l'a dit, c'est terrifiant.
00:30:23Nous pouvons être en désaccord sur les politiques, mais il y a une chose qui devrait unir tous les Américains.
00:30:28C'est notre respect pour nos valeurs fondamentales, l'État de droit, la démocratie, la liberté d'expression.
00:30:34Et bien que nous soyons d'horizons et de croyances très différents, nous sommes tous un seul peuple.
00:30:39Donald Trump et Ron DeSantis ne semblent pas y croire.
00:30:43Ils pensent qu'ils sont au-dessus de la loi, et c'est vraiment effrayant.
00:30:56La Floride coche encore un autre marqueur de la dérive autoritaire,
00:31:00c'est l'incessante attaque des trumpistes contre les voix les plus modérées, y compris dans le camp des républicains.
00:31:09Jusqu'à l'an dernier, Misty Servia était une conseillère municipale républicaine
00:31:14qui siégeait à l'exécutif d'une petite ville au nord de Sarasota.
00:31:19L'un de ses succès, c'est la création de ce parc.
00:31:24J'avais lancé un concours pour que les enfants du voisinage baptisent ce parc.
00:31:30Mais mes collègues trumpistes l'ont stoppé net, et ils ont décidé de l'appeler le parc Ron DeSantis.
00:31:36Un officiel encore en vie, c'est du jamais vu.
00:31:42De toute ma vie, je n'ai jamais rien vu de pareil.
00:31:46Tout est très très politisé et très polarisé ici.
00:31:52Vous êtes catalogués soit comme républicain trumpiste, soit comme démocrate gauchiste.
00:31:58La population qui est au centre à laquelle je m'identifie est soit très silencieuse, soit elle se cache.
00:32:06C'est toxique.
00:32:08C'est effrayant.
00:32:10Misty Servia est restée fidèle à ses convictions de républicaine modérée.
00:32:15Elle l'a payé cher lorsqu'elle a fait campagne pour sa réélection au sein du conseil municipal en 2022.
00:32:24J'ai eu beaucoup d'argent pour financer ma campagne.
00:32:27Dans d'autres circonstances, j'aurais facilement été réélu.
00:32:32Mais ce qui s'est passé, c'est que les républicains trumpistes ont mené une campagne contre moi,
00:32:37faite de mensonges et d'insinuations sur lesquelles je n'avais aucun contrôle.
00:32:46Voici un exemple.
00:32:48Ils prétendent que je suis responsable des prix élevés de l'essence, ce qui est complètement faux.
00:32:55La politique locale n'a rien à voir avec le prix de l'essence.
00:33:02Au final, son concurrence, soutenue par des trumpistes purs et durs, l'a largement battue.
00:33:08Et les thèmes favoris de l'ex-président sont devenus la priorité des élus locaux.
00:33:15Beaucoup de choses ont changé.
00:33:17Autrefois, notre priorité était de créer des logements abordables pour nos concitoyens,
00:33:22de réparer les canalisations d'eau et d'égout,
00:33:25de veiller à ce que nos écoles soient en bon état.
00:33:28Mais aujourd'hui, nos élus municipaux s'efforcent de garantir, par exemple, le droit à porter des armes.
00:33:34Ils viennent d'autoriser tous les fonctionnaires du comté à porter une arme au travail.
00:33:39Ils vivent dans la peur, à tel point, de vouloir un jour se défendre avec une arme.
00:33:44Pour moi, c'est de la folie.
00:33:46C'est effrayant.
00:33:48Et quelqu'un va finir par être blessé.
00:33:59En tant que républicaine, je peux vous assurer que je ne voterai pas pour Trump.
00:34:05Je ne sais pas encore pour qui je voterai, mais ce ne sera pas pour Trump.
00:34:29À milieu de la modération d'une mistisservia,
00:34:32les ultraconservateurs font de Donald Trump un héros, un patriote.
00:34:37Et ils mobilisent toute leur énergie pour qu'il gagne les élections, en novembre prochain.
00:34:46Bonjour, je m'appelle Vic Mellor et je vous parle depuis l'état libre de Floride.
00:34:51Si vous voulez préserver notre république constitutionnelle et notre mode de vie pour nos enfants,
00:34:56et nos petits-enfants, vous devez voter Trump.
00:35:07C'est une simple citation.
00:35:09Le devoir d'un vrai patriote est de protéger son pays contre son gouvernement.
00:35:15Cela résonne fort en ce moment, et dans le monde entier.
00:35:20La tyrannie s'est établie en Europe, et de façon évidente aux Etats-Unis.
00:35:27Et dans le reste du monde, c'est le communisme qui s'est propagé partout.
00:35:33L'humanité se trouve donc à un tournant, à la jonction de l'histoire.
00:35:39Tapissé de citations appelant au combat pour défendre la liberté,
00:35:43ce tunnel est la porte d'entrée d'un lieu de l'histoire.
00:35:46Un lieu de rencontre, pour les fidèles supporters de Donald Trump.
00:35:52Vic Mellor en est le propriétaire.
00:35:54Né dans la pauvreté, il a travaillé comme un forcené pour faire fortune dans le béton.
00:36:01Voici le hollow.
00:36:02Ici, c'est l'endroit où se déroulent les principaux événements.
00:36:05Vous pouvez voir notre scène.
00:36:07C'est le lieu de l'événement.
00:36:09C'est le lieu de l'événement.
00:36:11C'est le lieu de l'événement.
00:36:13Là, plus loin, il y a une colline où commence la tyrolienne
00:36:16qui passe au-dessus de l'étang infesté d'alligators
00:36:19jusqu'à l'île où l'on peut organiser des mariages.
00:36:22Il y a aussi une croix au pied de laquelle on organise des réunions religieuses.
00:36:31Le hollow est aussi un lieu de culte.
00:36:33Les gens viennent ici pour trouver la paix.
00:36:36Même si on entend très fort l'autoroute ?
00:36:38Eh bien, il faut arriver à oublier le bruit.
00:36:41Bon, c'est bien pour ça que le terrain était si bon marché.
00:36:46Une sincérité désarmante pour un homme qui ne l'est pas.
00:36:50Un peu plus loin, il y a une attraction d'un tout autre genre.
00:36:55Voici l'un des nombreux stands de tirs locaux pour les enfants de l'étang infesté.
00:36:59C'est le lieu de l'événement.
00:37:01C'est le lieu de l'événement.
00:37:03Voici l'un des nombreux stands de tirs locaux pour les enfants du hollow.
00:37:07Il y a aussi beaucoup de mères, de grands-mères et de grands-pères
00:37:11qui veulent apprendre à manier des armes à feu en toute sécurité.
00:37:16Vu l'état du monde aujourd'hui,
00:37:18il y a de nombreuses personnes qui ressentent le besoin
00:37:20de bien comprendre le fonctionnement des armes à feu.
00:37:24Et vous, vous portez une arme ?
00:37:26Absolument, partout où je vais.
00:37:28Vous en avez une aujourd'hui sur vous ?
00:37:30Oui, absolument.
00:37:31Elle est où ?
00:37:33Juste là.
00:37:37J'ai créé le hollow deux ans après l'élection du président Trump.
00:37:44Ils étaient tous contre lui
00:37:46et cela a simplement révélé le niveau de corruption
00:37:49qui existait entre le gouvernement, les élites et les médias.
00:37:56Il fallait que je fasse quelque chose.
00:37:58Je ne savais pas quoi.
00:38:00Je me suis renseigné sur la politique à Washington
00:38:02et sur ce que je pouvais faire.
00:38:04Mais le gouvernement fédéral, c'est tellement vaste et compliqué
00:38:07que je ne voyais pas ce que je pouvais faire.
00:38:10Donc, en tant que vétéran de l'US Marine et propriétaire de ces lieux,
00:38:16je me suis dit que je pouvais au moins former les enfants
00:38:19à manier des armes à feu en toute sécurité.
00:38:23Comme ça, si un enseignant ou tout autre adulte
00:38:25leur dit que porter une arme, c'est mal,
00:38:27les enfants pourront répondre
00:38:29« Je ne sais pas de quoi vous parlez.
00:38:31Nous nous entraînons avec ces armes tout le temps
00:38:33et tout va bien, tout est OK. »
00:38:36Et il a du succès.
00:38:39Lors de la crise du Covid en 2021,
00:38:41des centaines de Floridiens se retrouvent au holo,
00:38:44défiant les consignes en ne portant pas de masque.
00:38:47Vic Mellor y invite l'homme qui va changer sa vie,
00:38:50le général Flynn.
00:38:53Il n'a pas été très difficile de le faire venir ici
00:38:56parce que nous partageons les mêmes points de vue.
00:38:58Il est anti-vax,
00:39:00et il est contre un gouvernement rampant et tout puissant.
00:39:05Comme le général, il pense que Joe Biden
00:39:07n'est pas un président légitime.
00:39:10Je crois à 100% que l'élection a été venue.
00:39:14Et toutes les preuves sont en train de sortir.
00:39:17Je soutiens le président Trump
00:39:19parce qu'il est le seul à pouvoir lutter
00:39:21contre cette élite mondiale
00:39:23qui essaye de prendre le contrôle du pays et du monde.
00:39:27Vous avez participé au 6 janvier ?
00:39:29Oui, absolument.
00:39:31J'ai fait des choses vraiment cool dans ma vie.
00:39:34Et le 6 janvier est tout en haut de la liste.
00:39:39Il est toujours aux côtés du général,
00:39:41comme lors de la soirée complotiste à l'église.
00:39:44Il l'accompagne partout, souvent à Mar-a-Lago,
00:39:47la somptueuse propriété de Donald Trump à Palm Beach.
00:39:50Surtout, il finance les projets de Mike Flynn
00:39:53à coût de millions de dollars.
00:39:57Nous construisons un système économique parallèle,
00:40:02bien séparé des élites gauchistes.
00:40:07En ce moment, je construis un système d'emails
00:40:10et un système de cartes de crédit.
00:40:12Nous mettons également sur pied
00:40:14une chaîne de télévision nommée Patriot TV
00:40:17pour faire passer le message.
00:40:19Il s'agit d'une chaîne conservatrice
00:40:21qui diffusera la vérité.
00:40:24Il a même installé un studio TV pour Mike Flynn.
00:40:27Le jour de notre reportage, le général y travaille,
00:40:30mais il refuse de nous voir.
00:40:32Il est en train de préparer la sortie de son film,
00:40:35un autoportrait, forcément à sa gloire.
00:40:49Vic Mellor finance le tout,
00:40:51y compris la bande-son avec des musiciens trumpistes, forcément.
00:40:55Ce rappeur est bien connu pour ses envolées anti-Biden.
00:41:15C'est ici que se crée la magie.
00:41:17Il compose la musique qui va toucher les masses.
00:41:21Notre but, c'est de diffuser notre message par tous les moyens.
00:41:37J'ai peur de la direction que prend notre pays.
00:41:40J'ai des enfants, un garçon de 8 ans et un autre de 6 ans,
00:41:43et je suis terrifié par la direction que prend notre pays.
00:41:46Et il va où ?
00:41:49Nous fonçons dans le gouffre,
00:41:51et c'est la même chose dans le monde entier.
00:41:54C'est grave.
00:41:56Les globalistes tentent de prendre le contrôle à l'échelle mondiale.
00:42:02Nous allons stopper cette prise de pouvoir.
00:42:04L'arrêt est net.
00:42:06Cela va mal tourner, même très mal tourner,
00:42:09avant que les choses ne s'améliorent.
00:42:13Ce n'est pas un appel à la violence,
00:42:15mais comme un avertissement voilé.
00:42:17Depuis l'attaque du Capitole, le 6 janvier 2021,
00:42:20de nombreux émeutiers ont été condamnés à des peines de prison.
00:42:23Cela a tempéré les ardeurs,
00:42:25mais Denver Riegelman suit certains extrémistes sur leur plateforme,
00:42:29et là, c'est nettement plus inquiétant.
00:42:34Nous sommes très inquiets aujourd'hui,
00:42:36car il y a des gens qui parlent ouvertement de violence.
00:42:40Nous le voyons dans les datas, les messages,
00:42:42sur de nombreux médias sociaux.
00:42:45Je crois que nous sommes actuellement dans un environnement plus instable,
00:42:48plus explosif qu'entre novembre 2020 et le 6 janvier 2021.
00:42:55Je crains que d'ici la fin du printemps ou l'été 2024,
00:42:58nous assistions à des violences.
00:43:01Et je pense que c'est en grande partie lié à Trump.
00:43:04Il semble un peu encouragé, cela.
00:43:06Il l'a même dit, cela fait partie de son personnage.
00:43:08Il y a de quoi vraiment s'inquiéter.
00:43:10Je pense que le danger est réel.
00:43:14Mais nous n'avons vécu pareille opération de guerre psychologique.
00:43:21Aujourd'hui, la fonction présidentielle
00:43:23et tout ce que fait le président sont délégitimés.
00:43:28Ce n'est pas rien de remettre la légitimité du président en question,
00:43:32de le traiter avec mépris et dédain,
00:43:36et même de parler de l'assassiné.
00:43:39Certains membres de l'entourage de Trump parlent ouvertement,
00:43:42dans leurs émissions de radio et leurs podcasts,
00:43:44d'assassiner Biden.
00:43:46C'est dans ce genre de climat que se produisent les coups d'État.
00:43:51C'est le climat qui précède les prises de pouvoir autoritaires,
00:43:54parce que des dizaines de millions de partisans de Trump
00:43:57vivent dans une autre réalité.
00:43:59C'est bien là le problème.
00:44:04Envers et malgré tout, et c'est pour le moins surprenant,
00:44:07certains républicains modérés continuent à soutenir Donald Trump.
00:44:11Dominique Sarta, le petit entrepreneur en bâtiment, en fait partie.
00:44:15D'un côté, il ne croit pas que l'élection 2020 a été truquée,
00:44:18mais de l'autre, il pardonne presque tout à Donald Trump.
00:44:22Sa participation à l'attaque du Capitole,
00:44:24ses quatre procès à venir.
00:44:28Je ne crois pas à toutes ces affaires.
00:44:30Tout ça ne devrait même pas exister.
00:44:32Ils essaient juste de le faire tomber.
00:44:35Trump a fait du bon travail lors de sa première présidence.
00:44:38J'espère qu'il gagnera à nouveau,
00:44:40même si, oui, il est un peu extrémiste sur beaucoup de choses.
00:44:43Je n'aime pas cet aspect chez lui,
00:44:45mais je pense qu'il fera un bien meilleur travail que Biden jusqu'à présent.
00:44:49S'il gagne, j'espère qu'il ne vira pas vers l'extrême droite
00:44:52comme il l'a fait la première fois.
00:44:54J'espère qu'il trouvera un juste milieu,
00:44:56car c'est la seule façon de faire avancer le pays.
00:44:59Donald Trump est-il une menace pour la démocratie ?
00:45:02Non, je ne le crois pas, pas du tout.
00:45:04Ce n'est pas un dictateur.
00:45:06Il essaie de rendre la liberté au peuple.
00:45:09C'est du grand n'importe quoi. C'est grotesque.
00:45:12En quoi est-il une menace pour la démocratie ?
00:45:14En fait, je pense qu'il est le seul qui pourrait nous y ramener.
00:45:19Si Donald Trump perd l'élection, vous allez faire quoi ?
00:45:25Il y a zéro chance. Je ne pense pas comme ça.
00:45:28Il ne va pas perdre les élections.
00:45:30Il y a zéro raison pour qu'il perde. Zéro.
00:45:37S'il est réélu président,
00:45:39j'ai peur que notre démocratie ne change ici.
00:45:44Il a déjà dit ce qu'il allait faire.
00:45:46Il nous a dit qu'il voulait être président pour plus de deux mandats.
00:45:49La Constitution l'interdit.
00:45:51Mais il dit qu'il est temps de changer cela.
00:45:58Oui, il est une immense menace pour la démocratie.
00:46:02En novembre prochain, les électeurs modérés, comme Misty Servia,
00:46:06auront un rôle crucial à jouer.
00:46:08Ce sont eux qui pourront faire la différence
00:46:11dans une élection qui s'annonce très serrée pour stopper Donald Trump.
00:46:19Ce reportage réelle,
00:46:21c'est la première fois qu'on le voit.
00:46:23C'est la première fois qu'on le voit.
00:46:25C'est la première fois qu'on le voit.
00:46:29Ce reportage réalisé par Marie-Laure Widmer-Bagliolini
00:46:33et Françoise Weillhammer
00:46:35vient donc de nous emmener en Floride,
00:46:37un État présenté ici comme le laboratoire
00:46:40d'une forme d'autoritarisme
00:46:42qui pourrait bien préfigurer de la tonalité du deuxième mandat
00:46:46entamé tambour battant par Donald Trump à la Maison-Blanche.
00:46:50Car telle est bien la question,
00:46:52à quoi faut-il désormais s'attendre
00:46:54avec le retour de ce dernier
00:46:56à la tête des Etats-Unis ?
00:46:58Nous allons maintenant chercher des réponses
00:47:00auprès de nos invités présents aujourd'hui
00:47:02sur ce plateau de débats doc.
00:47:04Romain Huret, pour commencer, bienvenue à vous.
00:47:06Vous êtes historien des Etats-Unis
00:47:08et président de l'École des hautes études en sciences sociales,
00:47:11le HESS, on vous doit récemment.
00:47:13Etats-Unis, anatomie d'une démocratie,
00:47:15c'est un livre coécrit avec Thomas Negaroff
00:47:18et disponible aux éditions Les Arènes.
00:47:21Douglas Kennedy est également avec nous.
00:47:23Bienvenue à vous.
00:47:24Vous êtes écrivain américain,
00:47:26auteur bien connu des Français et des lecteurs francophones.
00:47:29Et votre dernier ouvrage, c'est un roman autobiographique
00:47:32où vous continuez, d'ailleurs,
00:47:34d'explorer une Amérique plus que jamais désunie,
00:47:37dites-vous, et qui s'intitule Ailleurs chez moi.
00:47:40Et il est disponible aux éditions Belfont.
00:47:43Puis enfin, Amy Green est avec nous.
00:47:45Bienvenue à vous, Amy Green.
00:47:47Vous êtes franco-américaine enseignante à Sciences Po,
00:47:49spécialiste de la politique américaine
00:47:51et experte Etats-Unis à l'Institut Montaigne.
00:47:54Votre dernier ouvrage s'intitule, quant à lui,
00:47:56L'Amérique face à ses fractures.
00:47:59Et il est publié aux éditions Talendier.
00:48:02Romain Huret, est-ce que c'était une bonne idée
00:48:04de présenter aujourd'hui dans cette émission Débat doc
00:48:07à nos téléspectateurs la Floride
00:48:09comme un Etat où la gouvernance,
00:48:12aujourd'hui, en 2025,
00:48:14pourrait bien ressembler à celle de la gouvernance
00:48:17d'un deuxième mandat de Donald Trump ?
00:48:20C'est une excellente idée.
00:48:22L'évolution politique de la Floride est très intéressante
00:48:24depuis 20 ans, puisque si on s'en souvient,
00:48:26il y a 20 ans, c'était un swing state.
00:48:28C'était dans l'État de Floride
00:48:30qu'avait eu lieu la décision de la Cour suprême,
00:48:32qui avait conduit George Bush, fils,
00:48:34à la Maison Blanche,
00:48:36après une décision très controversée de la Cour suprême.
00:48:38Mais l'État était très divisé entre républicains et démocrates.
00:48:41Là, le documentaire le montre bien.
00:48:43On voit l'évolution, le glissement vers la droite de l'État
00:48:47où il n'y a plus beaucoup de swing,
00:48:49où il n'y a plus beaucoup de discussions, de débats.
00:48:51Les conservateurs l'ont très largement emporté en Floride
00:48:54et l'emportent régulièrement,
00:48:56non seulement pour l'élection présidentielle,
00:48:58mais aussi les élections locales,
00:49:00et on le voit aussi dans le documentaire.
00:49:02Donc cet État pourrait être un futur laboratoire,
00:49:04puisque depuis quelques années,
00:49:06on parle beaucoup de la Floride, et pas forcément en bien.
00:49:08Douglas doit être très sensible au fait
00:49:10que c'est un État où on interdit beaucoup de livres,
00:49:12dans les bibliothèques.
00:49:14Et on a...
00:49:16On enlève des livres dans les bibliothèques, par exemple.
00:49:18Et on les censure,
00:49:20parce qu'on estime qu'il y a des passages,
00:49:22et des très grands livres de la littérature aux Etats-Unis,
00:49:24qui sont interdits des bibliothèques,
00:49:26en estimant que le propos
00:49:28est inadmissible pour de jeunes enfants.
00:49:30Donc là, on a peut-être une expérience culturelle
00:49:32de ce que pourrait être
00:49:34le deuxième mandat de Donald Trump.
00:49:36Il est gouverné par Ron DeSantis.
00:49:38Ron DeSantis, il a été candidat à la primaire des Républicains,
00:49:41autrement dit contre Donald Trump,
00:49:43ce qui l'aura très vite rallié,
00:49:45évidemment, par la suite.
00:49:47Vous dites, Romain Huret,
00:49:49je vous cite,
00:49:51à propos de Donald Trump,
00:49:53il veut limiter le pouvoir de la démocratie,
00:49:55au nom de la démocratie.
00:49:57Sauver la démocratie d'elle-même, en quelque sorte.
00:49:59Il a l'impression que la démocratie des origines,
00:50:01la démocratie des pères fondateurs,
00:50:03a été viciée.
00:50:05Voilà ce que vous dites. Expliquez-nous.
00:50:07Pour bien comprendre ce qui est en train de se jouer,
00:50:09c'est qu'il y a une partie de la population,
00:50:11et on les voit bien dans le documentaire,
00:50:13qui prétend défendre la démocratie
00:50:15contre elle-même.
00:50:17Qui a eu ce sentiment,
00:50:19tout au long du XXe siècle,
00:50:21de très mauvaises choses qui ont été faites,
00:50:23qui ont été mises en oeuvre au niveau de l'Etat fédéral,
00:50:25et donc qui veulent revenir à une démocratie d'avant,
00:50:27une démocratie fantasmée.
00:50:29J'ai été très frappé dans le discours de Donald Trump,
00:50:31le discours de l'investiture,
00:50:33qu'il efface un peu le XXe siècle.
00:50:35Il n'aime pas le XXe siècle.
00:50:37On sent qu'il veut revenir au XVIIIe,
00:50:39il veut revenir au XIXe.
00:50:41C'était les pères fondateurs des lois
00:50:43de la fin du XVIIIe siècle.
00:50:45McKinley aussi, président des Etats-Unis
00:50:47de la fin du XIXe siècle.
00:50:49Il n'aime pas du tout ce qui s'est passé au XXe siècle.
00:50:51Le renforcement de l'Etat, le renforcement du pouvoir
00:50:53des minorités, le renforcement du rôle
00:50:55de l'Etat dans la vie économique, dans la régulation.
00:50:57Toutes ces choses-là, il pense qu'il faut les supprimer,
00:50:59et qu'il faudrait revenir
00:51:01à la fin du XVIIIe siècle,
00:51:03à un moment où il n'y avait pas d'Etat fort.
00:51:05Il y avait les droits de douane, par exemple,
00:51:07à la fin du XVIIIe siècle.
00:51:09Il n'y avait plus de pouvoir que l'Etat fédéral.
00:51:11Il y a une nostalgie extrêmement forte
00:51:13de Donald Trump
00:51:15et de tous les gens autour de lui
00:51:17qui veulent revenir en arrière, qui veulent remonter dans le temps,
00:51:19même si, et c'est intéressant,
00:51:21pour remonter dans le temps,
00:51:23ils vont s'allier à des gens du futur,
00:51:25dont on reparlera, puisqu'ils sont dans le même temps
00:51:27très passéistes, très nostalgiques,
00:51:29et dans le même temps, Donald Trump parle de Bitcoin,
00:51:31il parle avec Elon Musk,
00:51:33il parle de transformer l'économie numérique,
00:51:35de transformer la démocratie.
00:51:37Donc il y a cette ambivalence,
00:51:39vouloir revenir
00:51:41aux origines de la démocratie
00:51:43et la sauver contre elle-même.
00:51:45On parle des libertaires,
00:51:47dans ce que vous nous dites,
00:51:49c'est-à-dire, finalement,
00:51:51ces anarcho-capitalistes.
00:51:53Ça, c'est une théorie qui a vu le jour
00:51:55aux Etats-Unis, justement,
00:51:57et d'où se revendique assez bien Elon Musk,
00:51:59que vous n'avez pas cité,
00:52:01mais je pense que vous pensiez très fort à lui.
00:52:03Quand vous dites
00:52:05que c'est à cette doctrine-là
00:52:07qu'on fait référence, quand on parle
00:52:09des origines
00:52:11des institutions américaines,
00:52:13des pères fondateurs, on était plus
00:52:15sur cette tonalité-là, d'une forme
00:52:17d'anarchisme, du capitalisme ?
00:52:19C'était pas...
00:52:21Au tout début, on avait très peu d'Etats,
00:52:23voire pas d'Etats du tout.
00:52:25C'était pas du tout pour des raisons anarchiques,
00:52:27on voulait un système qui soit équilibré
00:52:29entre l'Etat fédéral et les Etats,
00:52:31c'est le fédéralisme que connaît bien Émy,
00:52:33on n'aimait pas le capitalisme non plus.
00:52:35A la fin des huitièmes siècles, les pères fondateurs
00:52:37se méfient beaucoup du capitalisme.
00:52:39Dans un célèbre discours d'adieu,
00:52:41Georges Washington dit qu'il ne faut surtout
00:52:43pas que ce pays devienne un pays
00:52:45où le commerce et l'industrie
00:52:47soient très importants.
00:52:49Washington et les pères fondateurs,
00:52:51ils veulent un monde de petits paysans
00:52:53et de petits propriétaires terriens
00:52:55qui cultivent leur jardin comme
00:52:57Voltaire y a invité, donc il n'y avait pas du tout
00:52:59de capitalisme comme le raconte Donald Trump.
00:53:01Mais de manière intéressante,
00:53:03je pense qu'il habille la radicalité
00:53:05de ce que veulent faire Elon Musk et les autres,
00:53:07la radicalité de ce discours libertarien
00:53:09dans l'histoire, et c'est assez habile
00:53:11d'un point de vue politique, ça modère les choses.
00:53:13Quand il parle d'expulser 13 millions
00:53:15de personnes, 13 millions d'immigrants illégaux,
00:53:17il évoque une loi de 1798
00:53:19que beaucoup de gens ne connaissent plus.
00:53:21Mais à chaque fois, il y a radicalité du discours
00:53:23et on l'habille dans l'histoire, on l'habille dans la tradition
00:53:25pour faire croire que tout ça, finalement,
00:53:27n'est pas si grave.
00:53:29J'ai lu avec grand intérêt
00:53:31votre toute dernière chronique dans la tribune
00:53:33dimanche, quotidien français
00:53:35du dimanche, et alors
00:53:37vous vous dites, tout simplement,
00:53:39la période qui s'ouvre,
00:53:41c'est l'ère du surréalisme politique
00:53:43américain. Alors là, il faut nous expliquer.
00:53:45Oui, de temps en temps,
00:53:47je pense... Il y a une page qui se tourne aux Etats-Unis, là.
00:53:49Dans quelle vérité
00:53:51on vit, maintenant ? Par exemple,
00:53:5332 charges
00:53:55fédérales jugées
00:53:57coupables. Et alors ?
00:53:59Ça, c'est surréaliste.
00:54:01Le fait que, franchement, on a un
00:54:03candidat... Il a
00:54:05dit ça, une fois, je peux assassiner
00:54:07quelqu'un
00:54:09dans Fifth Avenue à New York, bang, bang, bang.
00:54:11Pas de problème. Il est en dehors
00:54:13de la loi. Thomas Jefferson,
00:54:15au début du
00:54:1919e siècle, a dit
00:54:21le gouvernement, on est lié, c'est le gouvernement
00:54:23on mérite. On est dans
00:54:25cette situation, maintenant.
00:54:27Je suis d'accord avec Romain.
00:54:29L'esprit
00:54:31de Trump, c'est
00:54:33franchement l'esprit de
00:54:351830 et Andrew Jackson.
00:54:37Et
00:54:39le grand débat aux Etats-Unis,
00:54:41franchement, en fait,
00:54:43depuis le début, c'est
00:54:45quelle est l'Europe de l'Etat ?
00:54:47Et la vérité,
00:54:49et depuis,
00:54:51franchement, l'époque de
00:54:53Reagan, c'était
00:54:55un mouvement, en fait,
00:54:57néoconservateur,
00:54:59contre, franchement, l'expérience...
00:55:01Ronald Reagan, dont on va rappeler que le
00:55:03slogan, c'était...
00:55:05Déjà, nous sommes au début des années
00:55:0780. Oui,
00:55:09je vais dire. Reagan a,
00:55:11franchement, est devenu le président
00:55:13le plus influencel
00:55:15depuis Roosevelt. Roosevelt,
00:55:17avec le New Deal,
00:55:19c'était une expérience assez
00:55:21socialiste aux Etats-Unis,
00:55:23au milieu de la pression économique,
00:55:25qui était gardée après
00:55:27par Truman, mais aussi par Eisenhower
00:55:29et Kennedy
00:55:31et même si, d'une certaine manière,
00:55:33Nixon. Et
00:55:35après Watergate
00:55:37et surtout après
00:55:39la guerre vietnamienne,
00:55:41qui était le début des guerres
00:55:43culturelles, les néoconservateurs
00:55:45ont commencé à dire
00:55:47on n'a pas besoin de l'Etat
00:55:49et on va revenir
00:55:51au modèle du 19e siècle.
00:55:53En fait,
00:55:55la partie hors de ça, c'est M. Trump.
00:55:57Amie Greene, qu'est-ce que vous voulez rajouter
00:55:59à ce qui vient déjà d'être dit
00:56:01sur ce que pourrait être la lignée
00:56:03idéologique aujourd'hui du trumpiste ?
00:56:05Et je ne sais pas si on peut dire ça. Y a-t-il
00:56:07seulement une ligne idéologique du trumpiste ?
00:56:09Et si oui, quelle est-elle ?
00:56:11Effectivement, on voit un début
00:56:13de deuxième mandat qui est
00:56:15vraiment ancré dans cette envie
00:56:17de tester les limites
00:56:19de l'autorité présidentielle aux Etats-Unis.
00:56:21On voit très bien que la Constitution
00:56:23préconise un certain nombre de pouvoirs
00:56:25d'autorité de la présidence américaine.
00:56:27On voit également à quel point
00:56:29il y a un exercice normatif
00:56:31justement de ce pouvoir-là. Et
00:56:33Donald Trump, par le nombre de décrets
00:56:35exécutifs qu'il vient de signer,
00:56:37par le contenu de ses décrets,
00:56:39par son approche justement
00:56:41de rapport de force avec son parti politique,
00:56:43il a du capital politique.
00:56:45Il sait qu'il est au sommet du capital politique
00:56:47qu'il aura pour les quatre
00:56:49prochaines années, donc il compte
00:56:51le dépenser dans
00:56:53effectivement une forme de test
00:56:55du système démocratique américain.
00:56:57Et je pense que c'est ça qui est
00:56:59assez fondamental à comprendre. C'est-à-dire
00:57:01qu'à la fois aux Etats-Unis, la Constitution
00:57:03nous dit un certain nombre de choses, mais pas tout.
00:57:05Y a des normes qui ont été tenues
00:57:07par tous les présidents des Etats-Unis
00:57:09depuis George Washington, et on voit ce président
00:57:11américain qui cherche à tester,
00:57:13aller au bout de la limite de cela
00:57:15pour voir jusqu'où le système va résister ou pas.
00:57:17Et donc Donald Trump, il va profiter
00:57:19justement de l'alignement
00:57:21des trois branches du gouvernement,
00:57:23si on peut le dire comme ça. La justice, donc, avec
00:57:25la Cour suprême,
00:57:27majoritairement conservatrice.
00:57:29Ou six juges de la Cour suprême
00:57:31sont plutôt conservateurs et trois
00:57:33ne le sont pas. Et Donald Trump
00:57:35avait nommé trois d'entre eux lors
00:57:37de son premier mandat.
00:57:39Il y aura peut-être une autre place qui se gouverne,
00:57:41donc il va pouvoir nommer
00:57:43quelqu'un. Deuxième branche, c'est le Congrès
00:57:45avec une marge, finalement,
00:57:47très limitée, donc il faut se le rappeler.
00:57:49Mais bon, il y a quand même cette petite
00:57:51marge-là. Et puis, il a la présidence
00:57:53pour lui. Et donc, effectivement,
00:57:55il va profiter de ce moment-là pour aller
00:57:57le plus loin possible, pour voir s'il va pouvoir
00:57:59effectivement
00:58:01commencer à refaire, réécrire
00:58:03le visage du pouvoir présidentiel.
00:58:05Vous dites... Bon, alors certains disent...
00:58:07En gros, il a tous les pouvoirs.
00:58:09La Cour suprême lui est plutôt acquis.
00:58:11Il est encore majoritaire
00:58:13de très peu, mais à la Chambre des représentants,
00:58:15il est aussi majoritaire au Sénat.
00:58:17Et pourtant, vous vous dites, attention,
00:58:19c'est pas pour autant que les choses seront
00:58:21aussi faciles que cela
00:58:23dans ces institutions pour Donald Trump
00:58:25et notamment au Congrès américain.
00:58:27Oui, exactement. Il y a toujours des contre-pouvoirs,
00:58:29il faut se le rappeler. Alors, effectivement,
00:58:31la justice, y compris la Cour suprême,
00:58:33qui n'entend qu'une partie infime,
00:58:35finalement, des dossiers qui lui sont
00:58:37présentés, ne statutent pas systématiquement
00:58:39en faveur de Donald Trump. Là, c'est important
00:58:41de se rappeler à quel point cette marge
00:58:43dans le Sénat, la Chambre des représentants,
00:58:45est fine, parce que finalement, il y a un enjeu
00:58:47aussi local, c'est-à-dire que
00:58:49les députés, ou plutôt les représentants
00:58:51qui sont élus républicains
00:58:53dans des circonscriptions majoritairement démocrates,
00:58:55ils savent que ça tient sur la file
00:58:57d'un rasoir, et donc il y a
00:58:59la possibilité de perdre, justement,
00:59:01s'ils votent systématiquement
00:59:03et toujours avec Donald Trump
00:59:05les deux années à venir.
00:59:07Et puis, un autre contre-pouvoir, c'est le peuple.
00:59:09Et donc, aujourd'hui, Donald Trump,
00:59:11il estime que le peuple américain a élu
00:59:13sa candidature,
00:59:15en tout cas, pour qu'il mène à bien
00:59:17et à bout cette politique, parfois très, très
00:59:19dure, sur les questions migratoires, on va
00:59:21revenir, évidemment, mais le risque
00:59:23avec le fait d'aller trop loin, c'est que
00:59:25le peuple américain, qui
00:59:27regarde très attentivement ce qu'il fait,
00:59:29pourrait très bien décider
00:59:31de changer de cap, y compris dans les
00:59:33activités locales, jusqu'au poste
00:59:35du gouverneur des Etats fédérés, et puis
00:59:37dans le Sénat, dans le Congrès, dans deux ans.
00:59:39Et donc, effectivement, il y a quand même un équilibre
00:59:41politique qui va se jouer
00:59:43d'ici deux ans. – Parce qu'il y aura
00:59:45des élections intermédiaires,
00:59:47d'éminents termes, évidemment, dans deux ans.
00:59:49Vous voulez rajouter quelque chose, là ?
00:59:51– Non, la vérité, maintenant,
00:59:53on vit au milieu
00:59:55d'une guerre culturelle, aux Etats-Unis,
00:59:57et ça a commencé,
00:59:59une petite leçon historique,
01:00:01ça a commencé en 68,
01:00:03quand Nixon a gagné la Maison Blanche
01:00:05avec une stratégie, c'était
01:00:0768, des manifs contre
01:00:09la guerre, sexe et drogues
01:00:11et rock'n'roll,
01:00:13des émeutes dans les ghettos.
01:00:15Nixon et, en fait,
01:00:17son équipe a décidé de diviser
01:00:19le pays avec
01:00:21une phrase, la majorité
01:00:23silencieuse
01:00:25et une vraie majorité
01:00:27d'Amérique profonde,
01:00:29le Sud, le Midwest,
01:00:31en dehors des côtes,
01:00:33vous êtes des vrais Américains,
01:00:35vous n'êtes pas des snobs
01:00:37de côte l'Est,
01:00:39des intellectuels
01:00:41qui parlent français,
01:00:43des choses comme ça.
01:00:45Ça, c'est la stratégie
01:00:47que, en fait, le Parti républicain
01:00:49a utilisé depuis 80.
01:00:51Reagan,
01:00:53deux fois, Bush 1er,
01:00:55Bush 2, deux fois, maintenant Trump.
01:00:57Mais aussi, derrière
01:00:59ça, c'est une stratégie
01:01:01extraordinaire parce que
01:01:03ils ont convaincu
01:01:05la classe moyenne et surtout la classe
01:01:07populaire de voter
01:01:09contre ses propres intérêts
01:01:11pour une partie qui est
01:01:13de plus en plus une partie des
01:01:15plutocrates. J'ai lu un article
01:01:17récemment dans The Atlantic,
01:01:19journal, en fait,
01:01:21revue politique
01:01:23très, très, très connue
01:01:25aux Etats-Unis, parmi les 20%
01:01:27éduqués.
01:01:29En 1955,
01:01:31quand je suis né, la différence
01:01:33entre les riches
01:01:35et la classe professionnelle,
01:01:37c'était dix fois
01:01:39de la fortune. Maintenant,
01:01:41c'est cent mille fois.
01:01:43On vit maintenant
01:01:45dans une économie du
01:01:4719e siècle, le deuxième
01:01:49l'âge doré.
01:01:51On va voir un extrait du film. C'était les promesses
01:01:53de Donald Trump à l'occasion de cette campagne
01:01:55de 2024.
01:02:23Donc, ça, c'est un clip
01:02:25de campagne du Républicain
01:02:27et donc de Donald Trump pour l'occasion de cette
01:02:29dernière campagne des présidentielles.
01:02:31Les propos sont extrêmement violents,
01:02:33en tout cas, vu d'ici, en Europe.
01:02:35Et il a annoncé un certain nombre
01:02:37de choses. Donc,
01:02:39entre ce qu'il a dit là, en quelques mots,
01:02:41mais ce qui est avéré,
01:02:43c'est qu'il va mettre en place une réforme fiscale
01:02:45et économique d'ampleur majeure.
01:02:47Ça passe par des baisses d'impôts très,
01:02:49très importantes. C'est un classique chez les Républicains.
01:02:51Enfin, là, il annonce vraiment des choses
01:02:53très massives. La politique migratoire,
01:02:55vous en avez dit un mot, mais il va falloir
01:02:57en parler, qui repose sur un plan de déportation
01:02:59massive. Troisième point,
01:03:01réforme de l'Etat,
01:03:03ce fameux Etat profond, dont on ne sait pas
01:03:05très bien, d'ailleurs, ce qu'il met derrière,
01:03:07pour nous, Européens, parfois, dans ce terme.
01:03:09Et puis, le quatrième axe, c'est le démantèlement
01:03:11des droits des minorités.
01:03:13Par quoi on commence ?
01:03:15Et par quoi va-t-il commencer,
01:03:17Donald Trump, selon vous ?
01:03:19Il a commencé par prendre...
01:03:21Il n'a pas attendu, il n'a pas hiérarchisé.
01:03:23Dès lundi,
01:03:25il a commencé à signer des décrets
01:03:27pour s'attaquer à ces quatre points, en même temps,
01:03:29dans une stratégie de...
01:03:31Il y a une cohérence entre ces quatre points ?
01:03:33Ce qui est cohérent, c'est transformer le pays,
01:03:35c'est revenir au 19e siècle.
01:03:37Si on prend tous ces points, si on les prend
01:03:39tous les quatre, on voit bien que les choses
01:03:41ont changé. L'immigration se développe à la fin du 19e.
01:03:4326 millions de personnes qui arrivent
01:03:45entre 1890 et 1920.
01:03:47L'Etat se développe de manière considérable
01:03:49et va réguler...
01:03:51Depuis le New Deal, plus précisément ?
01:03:53Depuis la fin du 19e, on a vu des agences
01:03:55se créer, on a vu un président qui a plus de pouvoir, etc.
01:03:59Même chose pour
01:04:01la régulation de la vie économique,
01:04:03il va intervenir dans le domaine environnemental,
01:04:05etc. Il y a un Etat qui est très présent
01:04:07aux Etats-Unis. Et ensuite,
01:04:09il y a quelque chose qui est particulièrement détesté
01:04:11par Trump
01:04:13et par les conservateurs,
01:04:15ce qu'on appelle la révolution
01:04:17juridique et la révolution des minorités
01:04:19aux Etats-Unis. A partir du
01:04:21milieu du 20e siècle, la Cour suprême
01:04:23des Etats-Unis va donner de plus en plus de droits
01:04:25aux minorités. Minorités ethniques
01:04:27d'abord, les Afro-Américains,
01:04:29on leur donne la liberté pleine
01:04:31et entière, et ensuite, elle va
01:04:33accorder aux minorités sexuelles
01:04:35des droits, mariage pour tous, etc.
01:04:37Et ça, ça a été une tendance très lourde
01:04:39de la Cour suprême, une tendance, une jurisprudence,
01:04:41comme on dit en droit.
01:04:43Les conservateurs détestent ça et ils veulent revenir
01:04:45sur cette jurisprudence. Ils veulent que la Cour
01:04:47et les tribunaux aussi dans tous les Etats
01:04:49reviennent là-dessus. Et donc, Trump veut mettre en place
01:04:51une contre-révolution juridique
01:04:53pour casser ça et remettre
01:04:55la famille traditionnelle hétérosexuelle.
01:04:57Il l'a dit, il n'y a que deux genres
01:04:59aux Etats-Unis, un homme et une femme.
01:05:01Il ne veut plus d'autres perspectives.
01:05:03Et donc, il y a une contre-révolution
01:05:05qui est en place. Et la dernière chose,
01:05:07c'est intéressant, c'est l'impôt sur le revenu.
01:05:09L'impôt sur le revenu aux Etats-Unis, c'est 1909-1913.
01:05:11Trump veut supprimer
01:05:13en grande partie cet impôt ou le réduire
01:05:15le plus possible, laisser
01:05:17l'impôt prélevé dans les Etats, puisque les Etats aussi
01:05:19lèvent des impôts,
01:05:21et ensuite avoir recours aux droits de douane
01:05:23en matière de politique économique, pour faire
01:05:25rentrer de l'argent dans les caisses de l'Etat.
01:05:27On a dit qu'on allait baisser l'impôt
01:05:29et les impôts aux Etats-Unis,
01:05:31notamment l'impôt sur le revenu, et Trump
01:05:33espère les compenser par des
01:05:35droits de douane avec les différents
01:05:37pays avec qui pourraient passer ces fameux deals.
01:05:39Parce qu'il croit beaucoup au
01:05:41bilatéralisme et pas au globalisme
01:05:43dans les relations internationales.
01:05:45Il espère surtout que les entreprises vont faire leur compte
01:05:47et vont s'installer aux Etats-Unis.
01:05:49Il faudrait peut-être mieux produire sur place plutôt que d'exporter.
01:05:51Je pense que c'est... Trump, il y a toujours un coup d'après,
01:05:53en fait. Il faut toujours voir
01:05:55dans toutes ses déclarations un peu folles,
01:05:57il veut quelque chose. On ne sait pas
01:05:59ce que c'est, mais il y a un point...
01:06:01Dans l'art
01:06:03du deal, il cherche
01:06:05quelque chose, en fait. Donc il faut trouver, parce que ça parle
01:06:07dans tous les sens. Et là, on l'a vu depuis
01:06:09un jour, trois semaines. Mais il y a quand même
01:06:11un objectif. En matière économique,
01:06:13il a surtout envie que les entreprises étrangères
01:06:15reviennent sur le sol états-unien et recréent
01:06:17des emplois. C'est ce qu'il a dit, d'ailleurs, au forum de
01:06:19Davos, en disant aux chefs
01:06:21d'entreprise, mais venez, venez aux
01:06:23Etats-Unis, vous paierez moins d'impôts.
01:06:25En revanche, si vous restez chez vous,
01:06:27vous paierez les droits de douane.
01:06:29On a vu, justement, cette semaine
01:06:31le rapport de force avec le président de la
01:06:33Colombie, justement, qui a refusé
01:06:35un vote de rapatriement de migrants
01:06:37clandestins des Etats-Unis
01:06:39en destination de la Colombie. Et puis, on voit
01:06:41qu'il a cédé à une menace
01:06:43de Trump de mettre des frais
01:06:45de douane. Et puis, c'est vrai que si Donald
01:06:47Trump n'a pas attendu
01:06:49d'agir sur les quatre plans,
01:06:51effectivement, c'est la politique migratoire
01:06:53qui fait couler beaucoup d'encre,
01:06:55parce qu'on avait vu assez rapidement
01:06:57qu'il a essayé de remettre en question
01:06:59l'amènement de la Constitution qui
01:07:01donne le droit de sol,
01:07:03avec l'utilisation,
01:07:05en tout cas, la demande aux militaires
01:07:07de travailler un plan pour
01:07:09participer, justement, à la déportation
01:07:11en masse des migrants. Donc, c'est vrai que
01:07:13sur cette question-là, je pense que
01:07:15Donald Trump, il se sent investi, il pense que le peuple
01:07:17américain l'a élu,
01:07:19effectivement, pour mener à bien une politique dure.
01:07:21Et donc, s'il y a quand même un élément
01:07:23qui ressort de cette première semaine, parce que ça
01:07:25ne fait qu'une semaine, finalement, qu'il est
01:07:27investi, c'est sûr que la politique
01:07:29migratoire est sans doute celle
01:07:31qui fait parler plus d'âge, y compris aux Etats-Unis,
01:07:33parce qu'il y a une forme de dureté,
01:07:35et puis on se rend compte que
01:07:37Donald Trump, il tient de sa parole.
01:07:39Souvent, on peut se demander s'il est sérieux.
01:07:41Néanmoins, il avait déjà annoncé des promesses
01:07:43très fortes en 2016,
01:07:45à l'occasion de sa première campagne électorale.
01:07:47Il a tout de même un bilan de 4 ans en politique migratoire.
01:07:49Il avait promis un mur,
01:07:51évidemment, à la frontière,
01:07:53c'est plus de 3000 kilomètres, je crois,
01:07:55cette frontière entre les Etats-Unis
01:07:57et le Mexique. Ce mur,
01:07:59non seulement, n'a pas été achevé, mais finalement,
01:08:01il y a très peu de nouveaux murs
01:08:03qui ont été construits. Le bilan
01:08:05de la politique migratoire du premier mandat Trump,
01:08:07il n'est peut-être pas à la hauteur de ce qu'il avait promis.
01:08:09Donc, ça laisse peut-être penser
01:08:11que celui qu'il va mettre en place
01:08:13ne sera peut-être pas non plus
01:08:15à la hauteur de ses promesses.
01:08:16C'est vrai que la première administration
01:08:18de Donald Trump a été notamment marquée
01:08:20par la politique de séparation des familles à la frontière,
01:08:22qui a été très contestée.
01:08:24La grande différence entre cette fois-ci
01:08:26et le premier mandat, c'est effectivement
01:08:28le temps de préparation et l'ancrage idéologique.
01:08:30Donald Trump n'a pas quitté
01:08:32Stephen Miller, qui faisait partie
01:08:34des architectes, justement, de cette politique
01:08:36migratoire du premier mandat.
01:08:38Autour de Donald Trump, il y avait quand même
01:08:40la résistance du militaire, il y avait
01:08:42une sorte de, oui, de cet, entre guillemets,
01:08:44état profond, en tout cas des experts
01:08:46qui participaient à son administration
01:08:48qu'il a estimé l'empêcher
01:08:50de faire tout autant qu'il a souhaité.
01:08:52Et donc, cette fois-ci, on va voir
01:08:54à côté de Donald Trump, toujours le Stephen Miller,
01:08:56mais surtout, il y avait
01:08:58des quatre années de préparation, justement,
01:09:00de cette politique-là, avec une envie
01:09:02d'agir fort, et donc,
01:09:04les décrets exécutifs
01:09:06qui viennent de signer,
01:09:08qui testent justement jusqu'où il peut aller
01:09:10de façon unilatérale.
01:09:12Les minorités, on en a dit un mot avec Romain,
01:09:14la défense d'un certain nombre
01:09:16de minorités, ça nous amène peut-être
01:09:18au wokisme, alors qu'il est souvent présenté
01:09:20comme une contre-culture aux Etats-Unis,
01:09:22avec la défense
01:09:24de chacune des minorités,
01:09:26théorie plutôt
01:09:28racialisée, du côté américain,
01:09:30qui part
01:09:32de la défense, évidemment...
01:09:34Le wokisme était un grand cadeau
01:09:36pour la droite américaine, ça, c'est sûr.
01:09:38Et ils ont utilisé ça.
01:09:40Le wokisme compte pour rien
01:09:42aux Etats-Unis, franchement.
01:09:44Et le truc...
01:09:46C'est une contre-culture qui a pris toute sa place
01:09:48aux Etats-Unis, tout de même ?
01:09:50Honnêtement, maintenant,
01:09:52en fait, pour moi,
01:09:54la chose la plus extraordinaire de cette situation,
01:09:56je vais changer le chemin,
01:09:58c'est, honnêtement,
01:10:00le rôle des chrétiens
01:10:02partout aux Etats-Unis.
01:10:04Au début de...
01:10:06En fait,
01:10:08à la fin du 18e siècle,
01:10:10quand notre
01:10:12homme de lumière, Jefferson,
01:10:14Madison, Adams, Franken, ont écrit
01:10:16la Constitution, ils étaient
01:10:18obsédés par la séparation entre
01:10:20l'Église et l'État. Pourquoi ?
01:10:22Les Etats-Unis
01:10:24ont commencé comme une expérience religieuse.
01:10:26Franchement, les puritains
01:10:28qui ont fondé le Massachusetts
01:10:30étaient des fanatiques
01:10:32du Taliban
01:10:34du 17e siècle.
01:10:36Et aussi, en fait,
01:10:38des hommes de la lumière
01:10:40qui ont écrit notre Constitution
01:10:42étaient très influencés par Montesquieu.
01:10:44Par Montesquieu, oui.
01:10:46L'esprit des lois. Surtout la séparation
01:10:48entre, en fait,
01:10:50l'exécutif,
01:10:52le dussière
01:10:54et le congrès.
01:10:56Maintenant, on a une situation
01:10:58extraordinaire parce que
01:11:00depuis les années 80,
01:11:02et ça, c'était aussi la stratégie
01:11:04de la Partie républicaine,
01:11:06ils ont fait un pacte foustien
01:11:08avec les chrétiens.
01:11:10C'est bizarre de penser
01:11:12qu'en
01:11:141973,
01:11:16à 1973,
01:11:18quand, en fait, la Cour suprême a consacré
01:11:20la loi d'avortement
01:11:22fédérale, c'était
01:11:24une Cour suprême avec
01:11:26une majorité républicaine.
01:11:28Parce qu'à l'époque,
01:11:30la Partie républicaine de Nixon
01:11:32en restant dans
01:11:34l'intime de nos citoyens.
01:11:36Maintenant,
01:11:38tout a complètement changé
01:11:40et Trump, qui a dragué
01:11:42des stars de porno,
01:11:44il a payé une vingtaine
01:11:46d'avortements pendant sa vie.
01:11:48Maintenant, il est
01:11:50franchement le cheval de toit
01:11:52des chrétiens.
01:11:54Je pense que c'est très juste
01:11:56ce que dit Douglas et dans l'histoire
01:11:58des Etats-Unis,
01:12:00on insiste souvent sur les grands réveils religieux.
01:12:02Le pays serait parcouru
01:12:04de grands réveils religieux.
01:12:06Quatre.
01:12:08Il y a des moments où la population
01:12:10est saisie d'une ferveur religieuse
01:12:12particulière et repense
01:12:14la démocratie, repense le rôle des citoyens
01:12:16et beaucoup de gens pensent qu'on y est là.
01:12:18On est dans un temps un peu
01:12:20incroyable avec l'alliance
01:12:22qui est décrite, avec
01:12:24l'évangélisme qui est d'abord
01:12:26né du côté protestant. On voit une partie
01:12:28des catholiques aussi, qui ont beaucoup changé.
01:12:30Les catholiques aux Etats-Unis, à la fin des années 60,
01:12:32il y avait beaucoup de catholiques progressistes
01:12:34qui d'ailleurs même soutenaient...
01:12:36Là, il y a eu un glissement.
01:12:38À partir de la fin des années 60, on voit ces catholiques
01:12:40qui sont devenus très conservateurs.
01:12:42Tout est prêt. Je ne sais pas si ce sera
01:12:44un grand réveil religieux, mais en tout cas,
01:12:46tout est prêt pour que le pays soit traversé
01:12:48par cette ferveur émissive.
01:12:50Ce qui est très intéressant, c'est qu'il y a aussi
01:12:52en même temps ce grand effet de sécularisation.
01:12:54En fait, on voit
01:12:56la division partisane, c'est-à-dire que
01:12:58notamment le public des démocrates,
01:13:00ils sont les plus probables
01:13:02de se dire éloignés de la religion
01:13:04ou les non, c'est-à-dire
01:13:06des athées, des agnostiques, etc.
01:13:08Alors qu'à la droite, ou plutôt du côté de droite,
01:13:10on va voir davantage cette religiosité.
01:13:12En fait, ce qui est très intéressant,
01:13:14c'est qu'on va voir justement
01:13:16dans le projet de juridisation,
01:13:18de la codification de cette vision de la société
01:13:20dont vous avez fait référence tout à l'heure,
01:13:22en fait, on va voir notamment
01:13:24ce projet religieux se qualifier
01:13:26et se formaliser du côté de la droite.
01:13:28Et même ce qui est très fascinant,
01:13:30c'est que les évangéliques,
01:13:32de plus en plus, et j'en ai fait état
01:13:34dans mon livre, justement,
01:13:36s'éloignent un petit peu du cadre religieux
01:13:38comme le socle
01:13:40et ça devient davantage une identité politique
01:13:42depuis 40 ans. Donc en fait,
01:13:44c'est vrai qu'on voit là encore, dans cette société
01:13:46fracturée, cette division
01:13:48véritablement partisane autour de la question religieuse
01:13:50qui est effectivement si fondamentale
01:13:52dans la construction du pays.
01:13:54Mais aussi, en même temps,
01:13:56quelque chose d'extraordinaire,
01:13:58le corps suprême,
01:14:00les 6 juges que tu as fait,
01:14:02sont des gâteaux.
01:14:04Et ça,
01:14:06c'est extraordinaire.
01:14:08J'ai cherché des chiffres.
01:14:10Les Etats-Unis,
01:14:12c'est un pays 28% gâteau.
01:14:14Mais la majorité,
01:14:16et aussi, et mes raisons,
01:14:18et aussi, en fait, Romain,
01:14:20il y avait, en fait, des rêvées,
01:14:22The Great Awakening,
01:14:24dans le passé religieux.
01:14:26Mais c'est la première fois dans notre histoire
01:14:28où des évangélistes ont un pouvoir
01:14:30politique. La première fois.
01:14:32Et je rappelle qu'en 1960,
01:14:34quand Kennedy est élu,
01:14:36tout le monde pense qu'il va perdre,
01:14:38parce qu'il est catholique.
01:14:40Il y a une longue tradition aussi
01:14:42d'hostilité à l'égard des catholiques aux Etats-Unis.
01:14:44On voit que le pays a beaucoup changé.
01:14:46Et qui était le deuxième président ?
01:14:48Joe Biden.
01:14:50Alors, on a beaucoup parlé...
01:14:52On a beaucoup parlé...
01:14:54On a beaucoup parlé,
01:14:56et c'est normal, de politique intérieure,
01:14:58parce qu'effectivement, c'est là que s'est jouée
01:15:00l'histoire américaine, évidemment.
01:15:02C'était sur les questions intérieures,
01:15:04comme souvent, d'ailleurs, aux Etats-Unis.
01:15:06Mais il y a évidemment tout ce qui nous attend
01:15:08en matière de politique étrangère
01:15:10concernant Donald Trump. Là aussi,
01:15:12il a un premier bilan, celui de son premier mandat.
01:15:14La question que se pose,
01:15:16c'est où sont les priorités,
01:15:18où se situent les priorités aujourd'hui
01:15:20dans ces rapports de force
01:15:22et ces rapports, ces accords bilatéraux
01:15:24qu'il entend mener avec un certain nombre de pays.
01:15:26Au-dessus de la pile,
01:15:28semble-t-il, sur ce sujet, c'est la Chine.
01:15:30Ensuite, il y aura sans doute le Moyen-Orient,
01:15:32avec, évidemment,
01:15:34la crise israélo-palestinienne.
01:15:36Et l'Europe
01:15:38n'interviendrait que bien plus bas.
01:15:40L'Europe ne serait pas du tout, aujourd'hui,
01:15:42une priorité de l'administration Trump,
01:15:44qui est en train de se mettre en place.
01:15:46Est-ce que vous confirmez cette approche aujourd'hui ?
01:15:48Est-ce que le premier objectif,
01:15:50c'est d'établir des relations,
01:15:52qu'elles soient commerciales,
01:15:54principalement commerciales, on imagine,
01:15:56considérées comme la puissance
01:15:58la plus menaçante pour la puissance
01:16:00états-unienne ?
01:16:02Je pense qu'en matière de politique étrangère,
01:16:04il y a de fortes continuités entre les administrations.
01:16:06C'est un domaine où America First
01:16:08vaut pour les deux administrations,
01:16:10démocrate et républicaine.
01:16:12Sur les différents sujets,
01:16:14on verra ce que fera Trump,
01:16:16il est assez imprévisible en matière de politique étrangère,
01:16:18mais ce qu'on peut entendre, déjà,
01:16:20c'est un changement moins dans les priorités
01:16:22que vous évoquez, que dans la manière
01:16:24de faire, et dans ce qui est attendu
01:16:26des alliés du passé
01:16:28ou des ennemis de demain.
01:16:30Qu'est-ce qui va changer dans la manière de faire ?
01:16:32Trump appartient à une branche du Parti républicain
01:16:34qui a toujours détesté
01:16:36les alliances, les alliances globales.
01:16:38On a tendance à l'oublier,
01:16:40mais après la Seconde Guerre mondiale,
01:16:42certains républicains ne voulaient pas d'alliance
01:16:44avec l'Europe, ne voulaient pas de l'OTAN
01:16:46et du reste, en disant, les pères fondateurs
01:16:48nous ont appris, on y revient à nouveau,
01:16:50ils nous ont dit, attention, pas d'alliance
01:16:52avec l'Europe, ne vous engagez pas dans des guerres,
01:16:54c'est la fameuse doctrine Monroe,
01:16:56l'isolationnisme, on reste à l'écart des affaires
01:16:58du monde parce que ça ne va nous attirer que des problèmes.
01:17:00Trump est
01:17:02en partie dans cette dynamique-là
01:17:04et il le traduit par une proposition
01:17:06simple et qui va toucher l'Europe très vite,
01:17:08il faut que les alliés payent davantage.
01:17:10Éventuellement, des alliances...
01:17:12Ça reste une histoire de business, finalement.
01:17:14Il faut payer davantage
01:17:16le coût des alliances, parce que
01:17:18Trump s'est rendu compte d'une chose
01:17:20et beaucoup d'experts militaires autour de lui
01:17:22que l'engagement
01:17:24incroyable des Etats-Unis, très fort des Etats-Unis
01:17:26après le 11 septembre 2001,
01:17:28finalement, a eu des
01:17:30conséquences
01:17:32assez faibles.
01:17:34On l'a oublié, mais la chute de
01:17:36Kaboul a beaucoup marqué
01:17:38les Républicains et les Démocrates et le pays,
01:17:40on l'a oublié parce qu'il y a eu l'invasion
01:17:42russe en Ukraine, donc tout d'un coup,
01:17:44on a regardé ailleurs dans le monde, mais la chute
01:17:46de Kaboul est quand même un échec considérable
01:17:48pour le complexe militaro-industriel,
01:17:50pour l'armée des Etats-Unis
01:17:52et les millions de dollars,
01:17:54les milliards de dollars qui sont investis
01:17:56chaque année dans ces guerres sans fin.
01:17:58Donc Trump veut se retirer
01:18:00de tout ça, il veut que les alliés payent
01:18:02et ça, ça aura des conséquences très concrètes
01:18:04pour l'Europe, puisque certains pays européens
01:18:06vont devoir sortir le chéquier.
01:18:08En Allemagne, par exemple, il y a une grande inquiétude
01:18:10sur ce point-là, puisqu'il va falloir
01:18:12augmenter les dépenses militaires
01:18:14et si on augmente les dépenses militaires,
01:18:16il y a moins de dépenses sociales, moins de dépenses
01:18:18dans le domaine de l'éducation,
01:18:20mais il l'a très clairement dit, il l'a rappelé encore récemment,
01:18:22désormais, l'Europe doit payer
01:18:24pour sa protection et il fera la même chose
01:18:26ailleurs. Ou sinon, dans
01:18:28l'esprit de Trump ? Sinon, ils arrêtent,
01:18:30il n'y a plus de protection, c'est-à-dire que c'est
01:18:32une négociation qui va être dure.
01:18:34La politique étrangère de Donald Trump
01:18:36est une prolongation
01:18:38d'une vision très économique
01:18:40de la société, des affaires du monde.
01:18:42Effectivement, aucune sentimentalité
01:18:44pour des alliances qui enfreignent
01:18:46les Etats-Unis, ou en tout cas
01:18:48qui obligent un investissement
01:18:50surdimensionné des Etats-Unis par rapport
01:18:52au retour sur l'investissement.
01:18:54C'est plutôt l'approche.
01:18:56Il y a quand même deux conflits où ils sont présents.
01:18:58Pardonnez-moi, je vous coupe, mais
01:19:00là, c'est des choses très concrètes.
01:19:02Ils sont présents, d'une manière ou d'une autre,
01:19:04indirectement. C'est l'Ukraine, l'Ukraine-Russie.
01:19:06Très clairement, Biden a soutenu
01:19:08l'Ukraine pendant ses
01:19:10quatre années de présidence.
01:19:12Puis, Israël,
01:19:14Hamas du côté de Gaza.
01:19:18Les Etats-Unis soutiennent
01:19:20les Israéliens. Là, il va falloir
01:19:22prendre des décisions assez concrètes, des engagements.
01:19:24Donald Trump avait
01:19:26dit qu'il souhaitait mettre fin
01:19:28à des conflits internationaux
01:19:30assez rapidement. Là, ils ont fixé
01:19:32l'Ukraine. Je crois que c'était 24 heures
01:19:34pour l'Ukraine. On va voir.
01:19:36Donc, effectivement,
01:19:38l'idée, c'est d'être le président
01:19:40qui mette fin à ces
01:19:42conflits-là. Il ne veut pas
01:19:44être celui qui perd l'Ukraine définitivement.
01:19:46Voilà. En fait, il est
01:19:48en train de voir quelles sont les marches
01:19:50possibles pour faire
01:19:52cesser ces conflits.
01:19:54Finalement, un des arguments centraux
01:19:56de sa campagne, c'est que les démocrates étaient faibles
01:19:58parce qu'ils n'ont pas réussi à
01:20:00prévenir ces conflits. Ils n'ont pas réussi
01:20:02à les arrêter. Donc, lui, il considère
01:20:04qu'il est maître du dire. Il est
01:20:06en situation unique de pouvoir
01:20:08amener tout le monde autour de la table
01:20:10pour résoudre ces conflits-là.
01:20:12Mais, effectivement, je pense que
01:20:14là, on va avoir un Donald Trump, pour revenir
01:20:16à ce que je disais tout à l'heure,
01:20:18qui entre dans tout par un rapport de force.
01:20:20Donc, le soft power américain, c'est fini.
01:20:22Tout passe par les bâtons.
01:20:24On n'a plus trop de carottes.
01:20:26Donc, effectivement, c'est une approche très dure
01:20:28où il y a un homme fort qui souhaite
01:20:30jouer dans le cours avec les
01:20:32autres hommes forts. Et là, c'est plutôt...
01:20:34C'est toujours, on a envie de dire, la règle du plus fort.
01:20:36Et n'oubliez pas, en fait,
01:20:38la crise de Grenoble, aussi.
01:20:40Ça, c'est extraordinaire.
01:20:42Ça, c'est complètement surréaliste.
01:20:44On a envie aussi
01:20:46de savoir le rôle
01:20:48que vont jouer les
01:20:50stars de la new tech,
01:20:52de la high tech, aujourd'hui,
01:20:54les trois plus grosses fortunes américaines,
01:20:56Elon Musk, Jeff Bezos...
01:20:58Et Zuckerberg.
01:21:00Ils ont fait allégeance,
01:21:02très clairement,
01:21:04à Donald Trump, à l'occasion
01:21:06de ce deuxième mandat.
01:21:08Il y en a un plus que l'autre, c'est Elon Musk.
01:21:10Il se voit chargé.
01:21:12Je crois que c'est une mission qui devrait
01:21:14perdurer jusqu'à avril 2026.
01:21:16Alors, il n'est pas ministre en titre,
01:21:18si on a bien compris, de dégraisser
01:21:20l'État. Alors, évidemment, on en revient
01:21:22à cette volonté de ramener
01:21:24l'État,
01:21:26le rôle de l'État fédéral
01:21:28aux aquets, comme on dit en français.
01:21:30Qu'est-ce que ça veut dire, de voir
01:21:32ces superpuissances
01:21:34de la high tech suivent Donald Trump ?
01:21:36Et quel est le risque, finalement, derrière ?
01:21:38Les risques sont immenses.
01:21:40Des voyous
01:21:42qui sont intéressés
01:21:44par des bateaux spatiaux,
01:21:46des mannequins... En fait,
01:21:48aucun cultureux, exactement comme Trump.
01:21:50Romain Huret, le poids de ces
01:21:52géants de la high tech, et le poids
01:21:54idéologique qu'il peut avoir sur ce deuxième
01:21:56mandat, cette alliance...
01:21:58Le poids, il va être fort, parce qu'ils ont permis
01:22:00l'élection. Je pense que le coup de génie de Trump,
01:22:02ça a été son alliance avec Elon Musk.
01:22:04On voit bien, si on regarde
01:22:06tout le fil de la campagne,
01:22:08que fin août, quelque chose se passe,
01:22:10parce qu'il va rallier à lui une partie de la jeunesse
01:22:12grâce à Elon Musk
01:22:14et grâce à ce tournant de la tech.
01:22:16Ce qui est intéressant, c'est que là,
01:22:18on a vu deux choses. On a vu
01:22:20que le vernis multiculturel
01:22:22défense
01:22:24des minorités de la tech s'est
01:22:26complètement effondré. Facebook a dit,
01:22:28Zuckerberg a dit qu'il fallait
01:22:30l'énergie masculine.
01:22:32C'était mieux dans l'entreprise, ça permettait
01:22:34d'être plus agressif, etc. Et c'était
01:22:36en contradiction complète avec
01:22:38tout ce que dit Facebook sur la diversité,
01:22:40sur l'inclusion, etc., pendant des années, ou les autres
01:22:42entreprises de la tech. Deuxième point qui peut
01:22:44être intéressant à observer,
01:22:46il faut regarder ce qu'on voit.
01:22:48Zuckerberg,
01:22:50il y en a d'autres qu'on ne voit pas, comme Peter Thiel,
01:22:52par exemple, qui est quelqu'un qui joue un rôle considérable
01:22:54à l'arrière de
01:22:56l'agitation médiatique.
01:22:58Et c'est un
01:23:00grand de la tech, en fait.
01:23:02Une grande star de la tech, très connue, et qui a
01:23:04financé une grande partie de la Silicon Valley.
01:23:06Et qui joue aussi et qui
01:23:08se voit comme un peu un gourou intellectuel.
01:23:10Et ce qui est intéressant, c'est que quand on les regarde
01:23:12de près, on voit qu'ils ont des liens
01:23:14avec l'Afrique du Sud, par exemple.
01:23:16Intéressant, Musk,
01:23:18Thiel, ont un passé
01:23:20personnel en Afrique du Sud,
01:23:22des pays qui ont eu un problème avec la démocratie.
01:23:24Certains viennent d'Inde, et l'Inde,
01:23:26aujourd'hui, est un pays aussi
01:23:28où la démocratie est un peu malmenée,
01:23:30et où on sent un raidissement autoritaire
01:23:32et une envie de mieux contrôler les populations.
01:23:34Donc on a, dans cet environnement culturel
01:23:36de ces géants de la tech qui ont
01:23:38une fortune considérable, une envie,
01:23:40peut-être pas de supprimer la démocratie,
01:23:42mais en tout cas de mieux la contrôler,
01:23:44et il n'aurait rien contre un basculement autoritaire
01:23:46de Trump ou d'autres personnes au Congrès.
01:23:48Vous avez 30 secondes, mais est-ce que
01:23:50vous êtes d'accord avec ce qu'il vient de dire ?
01:23:52C'est intéressant de voir la pression que Trump pourrait exercer
01:23:54sur d'autres pays, sur la question de la régulation
01:23:56de la tech, qui se pose notamment en Europe,
01:23:58avec une politique américaine de dérégulation.
01:24:00Donc on va voir aussi si ce soutien-là
01:24:02de la big tech va se traduire aussi
01:24:04carrément en politique étrangère,
01:24:06y compris économique.
01:24:08Un grand merci vraiment à vous trois
01:24:10d'être venus parler de cette prise
01:24:12de fonction pour la deuxième fois
01:24:14à la Maison Blanche de Donald Trump,
01:24:16pour un mandat de 4 ans, qui commence
01:24:18là, en ce moment même,
01:24:20sur notre côté de l'Atlantique.
01:24:22Vos réactions, ça sera sur hashtag débadoc,
01:24:24j'imagine qu'elles seront nombreuses.
01:24:26Nos invités pourront réagir, bien entendu,
01:24:28à ce que seront vos réactions.
01:24:30Merci à Victoria Bellé, félicité Gavalda,
01:24:32bien entendu, qui m'ont aidé toutes les deux
01:24:34à préparer cette émission.
01:24:36Prochain rendez-vous avec Débadoc.
01:24:38Ça sera à la même place, la même heure,
01:24:40et toujours avec son documentaire et son débat.
01:24:42A très bientôt.
01:24:50Sous-titrage Société Radio-Canada