La France freine la directive européenne "Vigilance des entreprises", destinée à lutter contre l’exploitation humaine et les dégâts environnementaux. Paris estime que le texte entrave la compétitivité… On dirait un décret signé par Trump. Mais non, c’est du made in France !
Retrouvez « Charline explose les faits » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-billet-de-charline-vanhoenacker
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00:00Charline, la France freine une « directive européenne destinée à lutter contre l'exploitation
00:06humaine et les dégâts environnementaux dans les entreprises » et Paris estime que le
00:12texte entrave la compétitivité.
00:15On dirait un décret signé par Trump, mais non, c'est du « made in France ». Cette
00:19directive devait notamment mettre fin au travail forcé et au travail des enfants dans les
00:23multinationales.
00:24Mais la France a décidé de reporter à une date indéfinie.
00:28C'est sûr que l'interdiction de l'esclavage, ça freine le business.
00:31Regardez la crise que traversent les entreprises françaises depuis 1848.
00:34Je ne sais pas si les travailleurs du Bangladesh se rendent bien compte du manque à gagner
00:38pour les actionnaires, le cynisme des ouvriers exploités est sans limite.
00:41Heureusement, la France est là pour mettre fin à cette dérive.
00:44Et c'est tellement énorme que j'ai vérifié que ce n'était pas une fake news.
00:47Je vous cite mes sources, il y a Mediapart, Politico, Les Echos, TF1.
00:52Dans le basculement mondial qui s'opère, TF1 et Les Echos, c'est de gauche.
00:57Le texte adopté en juin était qualifié d'historique parce qu'il obligeait aussi
01:00les sociétés à respecter les droits environnementaux.
01:03Mais à quoi bon vouloir sauver une planète sur laquelle il serait plus possible de faire
01:06des marges bénéficiaires ? Donc la France a saboté le texte en réclamant la simplification
01:11des normes.
01:12Puisque dire aux entreprises « Arrêtez de polluer et d'exploiter vos employés »,
01:15ça fait 7 mots.
01:16Donc c'est déjà trop complexe comme phrase.
01:18Les multinationales parviennent à créer des montages financiers hyper complexes pour
01:23s'exonérer des normes et de l'impôt.
01:25Mais si tu les obliges à installer des poubelles jaunes, là c'est la panique.
01:28Donc l'objectif c'est de tout simplifier.
01:30C'est pas pour rien qu'on a nommé Saint-Pley Premier ministre.
01:33Heureusement qu'on a Spider-Man à Bercy, le ministre de l'économie a demandé le
01:37report du texte, Éric Lombard.
01:39Il est censé être la caution de gauche du gouvernement.
01:41J'imagine qu'il doit faire ses preuves auprès du Medef, puis ça met la pression
01:44quand tu passes après Bruno Le Maire.
01:45En plus c'est la France qui avait inspiré ce texte.
01:48Mais ça c'était au mois de juin.
01:50Donc décidément cette dissolution c'était vraiment un coup de maître.
01:53Si ça continue, le bilan de Macron va tenir sur un post-it.
01:55Ou une gommette même.
01:56Le droit d'inventaire, ça va être fait en deux minutes.
01:59Alors que reste-t-il du macronisme ? Des affiches de campagne et un petit peu de mépris
02:02qui traînent au fond du frigo.
02:03C'est-à-dire que pendant sept mois, on a vraiment cru qu'on allait obliger les multinationales
02:08à respecter les travailleurs et l'environnement, mais quelle crédulité ! On est vraiment
02:11très mal placé pour se moquer de celles qui se font arnaquer par des faux bras de
02:14pites.
02:15Ce renoncement arrive au moment où Trump menace de déréguler l'économie américaine.
02:19C'est comme les séries, à chaque fois qu'en Europe on veut adapter un truc qui
02:23vient des Etats-Unis, il faut qu'on en fasse des caisses.
02:24Là-bas on dit « on fort, on fort, on fort », maintenant ici « on creuse, on creuse,
02:28on creuse ». Et tant pis si demain l'air ne sera plus respirable, du moment qu'on
02:32donne de l'oxygène aux entreprises.
02:34Conclusion, c'est bien beau l'urgence climatique, mais apparemment aujourd'hui
02:37la véritable urgence, c'est de ne surtout pas se faire humilier par Donald Trump.