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La magistrate et secrétaire générale du syndicat Unité Magistrat FO, Béatrice Brugère, parle de la violence juvénile : «Avec la réforme de Nicole Belloubet, on ne peut plus mettre en détention».

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Transcription
00:00D'abord, moi je connais pas le dossier, j'ai pas accès au dossier, mais de ce que vous en avez décrit, vous mettez le doigt sur le problème numéro un, c'est-à-dire qu'on soit en assistance éducative, ou qu'on soit, parce que vous savez, le juge des enfants, il a deux versions, il a la protection des mineurs et il a le côté pénal.
00:18Donc sur les deux casquettes, qu'on soit en assistance éducative ou qu'on soit sur la version pénale, il est absolument crucial aujourd'hui de faire une évaluation de notre réponse.
00:32C'est-à-dire que c'est pas n'importe quel mineur, ce sont des mineurs qui sont déjà, j'allais dire, dans le scope de la justice.
00:40C'est ça, en fait, la différence. C'est-à-dire que là, vous êtes obligés, si vous êtes, j'allais dire, honnêtes, de dire où est-ce que ça a failli, qu'est-ce qui marche pas, où est-ce qu'on aurait pas pu faire autrement, est-ce que c'est une question de moyens, est-ce que c'est une question de contenu de la réponse, est-ce que c'est une question de notre arsenal législatif qui est inadapté par rapport à des profils.
01:03Ce qui est sûr, et c'est la démonstration de ce dossier, c'est que c'est même pas peur. C'est-à-dire qu'ils sont déjà connus, ils sont déjà repérés, ils ont une interdiction de se rencontrer, rien à faire, et ils vont être devant un tribunal pour être jugés, et ils refont, si j'ai bien compris, à peu près les mêmes faits.
01:26Donc, là, ça interroge, évidemment, le contenu de notre réponse. Et moi, ça m'interroge beaucoup, parce qu'on est un syndicat qui est réformiste, et qui, lors de la dernière réforme, il y en a eu 40 à peu près, de l'ordonnance 45, ce qu'on appelle le Code de justice pénale des mineurs, nous avions été un peu en alerte en disant, attention, cette réforme ne va pas dans le bon sens,
01:52parce qu'elle n'épouse pas la réalité criminelle d'une minorité, c'est-à-dire de délinquants, de jeunes délinquants, sur lesquels nos réponses doivent être autrement plus dissuasives.
02:04A savoir, par exemple, que toute cette réforme a été faite pour empêcher au maximum la possibilité de mettre en détention des mineurs qui sont dangereux, premièrement. C'est quasiment impossible aujourd'hui de mettre des mineurs en détention pour des délits sur cette tranche d'âge. Il faut avoir commis un crime, donc c'est impossible.
02:24On a supprimé la possibilité de prononcer des courtes peines, puisque avec la réforme de Nicole Belloubet, on ne peut plus mettre en détention, et la détention a été réduite, ce qui fait qu'aujourd'hui, en réalité, on laisse dans la nature des jeunes qui sont dangereux, qui ne sont pas contenus par une réponse, et c'est la démonstration.
02:44En fait, on ne fait pas peur, et donc si on ne fait pas peur, c'est un quitus, c'est-à-dire que là, il y a une responsabilité aussi qu'il faut évaluer dans notre réponse, parce qu'on ne peut pas simplement dire, bon, on a fait ce qu'on a pu, on a appliqué la loi. Non, ce n'est pas vrai. Il faut se remettre en question.
03:02Nous, on l'avait dit que ça posait un problème, parce qu'on avait travaillé avec un pédopsychiatre qui est passionnant, qui s'appelle Maurice Berger, qui vient d'ailleurs de sortir encore un livre et qui explique que si vous n'intervenez pas rapidement sur certains profils, évidemment, ça ne concerne pas tous les mineurs, heureusement, mais sur certains profils qui ne sont ni dans l'empathie, qui n'ont aucune règle, soit parce que ça vient de la famille, etc.
03:30Et que la justice a une réponse qui est trop faible, qui n'est pas contenante, on dit, et bien à ce moment-là, se passe ce qui se passe, c'est-à-dire, ils ne s'en fichent, on va dire, les choses comme elles.

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