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Enregistrée le mardi 21 janvier 2025, voici la captation de la rencontre de l'écrivain Philippe Vilain autour de son nouveau récit autobiographique, Mauvais élève, paru aux éditions Robert Laffont.

Discussion animée par Édouard Leroy.

Vous souhaitant de belles lectures,

L'écume

La Quatrième :

Dans Mauvais élève, Philippe Vilain évoque une période déterminante de sa jeunesse en milieu défavorisé, ses années de formation marquées par son échec scolaire et des épreuves qui l'ont vu évoluer, à force de volonté, du lycée technique à l'université, d'une détestation de la lecture à une passion pour la littérature, et l'ont mené, jeune homme, à vivre une histoire d'amour avec une écrivaine célèbre avant d'entrer dans le monde des lettres.

À travers son récit de transfuge, l'auteur poursuit sa quête de vérité et offre un véritable message d'espoir, révélant qu'une vocation peut combattre les déterminismes.
Transcription
00:00Eh bien, bonsoir à tous, merci d'être là pour Philippe Milain et son livre
00:06Beaux-Nouvelles-Élèves. Philippe Milain, bonsoir.
00:09Bonsoir.
00:10Merci d'avoir répondu à notre invitation.
00:12Alors, la soirée va se dérouler de la façon suivante, j'aurai quelques questions pour
00:18vous, puis le public si jamais vous en avez, et enfin, vous vous plierez au jeu de la dédicace.
00:25Je me plierai.
00:26On boira peut-être un verre si tout se passe bien.
00:32Alors, la première question qui m'est venue en lisant votre livre, et qui est, je pense,
00:39vous allez me dire, c'est dans le livre, mais j'adopte que vous nous expliquiez et
00:44retraciez votre parcours littéraire qui vous a amené jusqu'ici, jusqu'à ce moment.
00:50D'accord.
00:51Alors, mon parcours littéraire qui m'a amené jusqu'à ce livre, vous voulez dire
00:56tout ce que j'ai écrit avant ?
00:57Tout ce que vous avez écrit avant, sans dévoiler le début du livre qui est quand même très…
01:03Ah oui, avant.
01:04Avant.
01:05Ah oui, tout ce qui a précédé l'écriture de ce livre.
01:08Exactement.
01:09D'accord.
01:10D'accord.
01:11Alors, ce n'était pas tout à fait un parcours littéraire puisque avant, j'étais un très
01:14mauvais élève.
01:15Je mens sur le titre, je n'étais pas un mauvais élève, j'étais un très très
01:18mauvais élève.
01:19J'ai travaillé comme quoi la littérature est mensongère.
01:21J'ai redoublé deux fois au collège, sixième, troisième, j'aurais pu quadrupler, ça aurait
01:29été la même chose, c'était catastrophique.
01:32J'étais complètement inadapté au système scolaire et donc à l'époque, on redoublait
01:40beaucoup, je ne sais pas, le système sanctionné, je ne sais pas si ça se fait aujourd'hui,
01:46je pense que c'est moins le cas aujourd'hui.
01:48Peut-être même plus d'ailleurs, enfin, pas à ce point-là en tout cas et donc, j'ai
01:52été reversé en lycée professionnel pour faire un CAP, BEP, agent administratif, secrétariat
02:02et bon, quand je suis arrivé là, je me suis dit, oh là là, ce n'est pas du tout ce
02:06que je veux faire.
02:07Alors, mes parents voulaient que je fasse ça.
02:10Je n'étais pas porteur d'espoir pour eux, donc je n'avais pas non plus un choix terrible
02:17et donc, ce qui me fascinait en fait, c'était que je voyais mes camarades qui, eux, voulaient
02:24faire ça.
02:25Ils étaient très contents d'y être.
02:26Alors, je me sentais un petit peu anormal parce que moi, c'était une punition, c'est
02:31vraiment… et en même temps, je me sentais différent, mais je n'avais pas de quoi
02:35l'être parce que vraiment, je n'avais pas de… enfin, j'avais des moments de
02:39peine partout, donc je ne pouvais pas faire le malin en me disant, je ne suis pas fait
02:43pour ça.
02:44Et puis, je me suis rattrapé, j'ai quand même obtenu… alors, au passage, quand même,
02:51je n'allais pas beaucoup, je brillais dans mon absenteeisme, c'était assez remarquable.
02:56Et puis, je l'ai raconté dans le livre, je dérive vers une forme de petite délinquance,
03:03je vais voler dans les magasins, je prends le train à Pompidou à Paris, un grand d'aventure.
03:09Et puis, je vais voler, je revends, etc.
03:12C'est vraiment… jusqu'au jour où je me fais attraper, je me fais arrêter dans
03:16la police, dans un grand magasin parisien, et là, prise de conscience, évidemment.
03:21Il fallait que j'arrive jusqu'à l'arrestation, ce qui est quand même assez terrible, c'est
03:27de la violence, mine de rien, tous les policiers autour de vous qui vous emmènent dans une
03:33petite voiture, etc.
03:34C'est quand même quelque chose… prise de conscience, sous le regard de tout le monde,
03:40c'est quelque chose… mais il fallait en passer par là, sans doute.
03:44Et puis, tant bien que mal, je suis parvenu à rattraper tout ce qu'on appelle une première
03:52d'adaptation.
03:53Donc, je suis allé, et c'est là où vraiment je me suis un peu réveillé, grâce un peu
04:00à mes autres camarades qui étaient dans les filières générales.
04:03Et puis, je voyais tout ce qui me séparait d'eux, en fait.
04:07Et puis, j'ai eu la nécessité, en fait, c'est là, à ce moment-là, la nécessité
04:14de lire.
04:15Je n'avais pas beaucoup de culture, je n'avais pas de cadre, mais assez bizarrement, je me
04:23suis orienté vers ce qu'on peut appeler la grande littérature.
04:27C'est assez fou, d'ailleurs.
04:28C'est ça qui est drôle.
04:29Sans culture, sans rien, j'aurais pu faire comme quelques-uns de mes camarades.
04:36Il y avait très peu lisé.
04:38Ce n'était pas des classes de lecteurs, mais parmi ceux qui lisaient, ils lisaient
04:43surtout des jeunes filles, d'ailleurs, qui lisaient de la littérature assez populaire,
04:49de littérature, mais des romans un peu.
04:52Je ne devrais pas dire comment ils l'ont lu, mais bon, malgré tout.
04:57Et moi, je voyais bien que ce n'était pas fait pour moi, ça non plus.
05:02Je voyais bien que ça ne l'est pas me nourrir, en fait.
05:05C'était assez drôle.
05:06J'avais une sorte de flair, malgré tout.
05:08Sans doute aussi parce que j'étais en lien avec d'autres camarades qui étaient
05:11dans l'épidémie générale.
05:12Et puis, j'ai vu leur programme.
05:14J'ai essayé de lire aussi ce qu'ils lisaient.
05:17Alors, je vous avoue que je ne comprenais pas toujours, loin de là.
05:21J'étais complètement déconcerté lorsque j'ai découvert l'être le néant.
05:26Je le suis toujours, d'ailleurs.
05:28On l'est tous.
05:29Je pense qu'on l'est tous.
05:30Mais alors, à l'époque, c'était...
05:31Je me suis dit, mais qu'est-ce qu'ils racontent ?
05:35Le monsieur.
05:38Et je me suis quand même forgé par cette littérature-là.
05:41Sartre, la nausée, Benjamin Constant, un peu de Brousse.
05:44Pas trop parce que c'était quand même difficile pour lire certaines oeuvres
05:48comme celle de Brousse.
05:49Il faut avoir une expérience de lecture déjà, des habitudes de lecture
05:52que je n'avais pas.
05:53Mais je commençais un peu.
05:56Et puis, je me suis récupéré une fois que je suis arrivé à la fac, en fait.
06:00A la fac, ça a été...
06:01Je me suis, voilà, tué.
06:03Alors, j'avais des lacunes, évidemment.
06:05Mais bon, il m'a fallu une année pour bien m'adapter.
06:08Et puis, je me suis mis à travailler beaucoup,
06:11à faire beaucoup de dissertations, en fait.
06:13C'est ça, quand on arrive à la fac en lettres.
06:15Dissertations, commentaires composés.
06:17Une fois qu'on attrape la méthode et tout ça, après, tout va bien, quoi.
06:20Une fois qu'on a bien compris comment ça allait se passer.
06:24Voilà, c'était une sorte de jeu, en fait.
06:27Et puis, je me suis mis à beaucoup lire,
06:29des théories, des critiques.
06:31La littérature, évidemment, qui était au programme.
06:34Et voilà.
06:35Et puis, après, voilà.
06:37C'est ce que vous allez me dire, après.
06:40Pour revenir là-dessus, dans votre livre,
06:43il y a une phrase qui m'a beaucoup marqué.
06:45C'est que vous avez commencé à aimer les livres à 18 ans.
06:48Comment on arrive à devenir auteur, à publier,
06:51aujourd'hui, en 2024,
06:53quand on commence à s'intéresser à 18 ans à la littérature ?
06:57J'ai eu du mal,
06:59surtout en vous lisant, à la manière dont vous construisez les phrases.
07:02Il y a une aisance qui,
07:04aujourd'hui, je ne vois pas
07:07un jeune se lancer à 18 ans
07:10et se retrouver à écrire autant de livres.
07:13Ça m'a beaucoup interrogé, cette partie.
07:17C'est comme si, cette révélation à 18 ans,
07:20vous aviez eu, vous étiez allé tellement vite.
07:23J'avais tellement de retard
07:26que c'était normal que j'aille vite à un moment.
07:29On a tous eu 18 ans
07:32et on n'est malheureusement pas tous écrivain.
07:35Vous voyez ce que je veux dire ?
07:37C'est intéressant ce que vous dites, effectivement.
07:40En fait, je suis assez fasciné
07:43par ce moment de ma vie, parce que je ne le comprends pas.
07:46Il me reste mystérieux.
07:48A savoir que,
07:51évidemment, j'avais vraiment de grosses lacunes
07:54et j'avais une grande attirance pour cette littérature-là,
07:57une forme de haute littérature, d'une certaine façon,
08:00sans toujours la comprendre.
08:03Et pourquoi j'étais à ce point
08:06obnubilé par cette littérature-là ?
08:09Pourquoi elle me appelait à ce point ?
08:12Et pourquoi aussi, surtout, assez tôt,
08:15d'ailleurs, un de mes amis, avec lequel je suis toujours en contact,
08:18m'a dit, ça l'avait impressionné,
08:21je lui aurais dit, vers cet état-là,
08:24je veux être écrivain ou rien.
08:27Ce qui est quand même assez fou, parce qu'il n'y avait rien,
08:30je ne connaissais personne, vraiment.
08:33C'était une sorte de...
08:36Après avoir voulu être joueur de foot
08:39et rater tout ça,
08:42je me suis dit que j'avais besoin de rêve pour fonctionner.
08:46Et donc, il fallait que ça s'accroche à quelque chose.
08:49Et puis, j'ai eu la chance, enfin, la chance,
08:52je ne sais pas si c'est une chance, mais en tout cas,
08:55d'avoir une passion pour certains livres, pour certains auteurs,
08:58pour certaines écritures, Marguerite Duras, notamment,
09:01parce qu'évidemment, aussi, elle avait tout un passé alcoolique,
09:04anti-alcoolique, etc., sans doute, je dis ça aujourd'hui,
09:07d'ailleurs, à l'époque, tout ça n'était pas clair.
09:10Et voilà, tout ça a dû jouer,
09:13mais c'est étonnant de se fixer...
09:16En fait, ce qu'il faut retenir de ça, c'est peut-être le rêve, en fait.
09:19D'abord, un rêve déchu de foot-valeur,
09:22j'avais vraiment pensé,
09:25évidemment, il manquait beaucoup de choses,
09:28mais malgré tout, cet échec-là m'a beaucoup servi,
09:31en fait, parce que
09:34j'ai compris, au-delà des lacunes,
09:37des manques et tout, évidemment,
09:40qu'il fallait travailler beaucoup, en fait, jusqu'à une forme sacrificielle,
09:43quelque part, c'est ça, en fait.
09:46Et ce que je n'avais pas mis là, pour plein de raisons,
09:49je l'ai mis dans l'écriture, en fait.
09:52Et bon, après, au bout d'un moment, le travail doit payer,
09:55c'est logique aussi. Plus on passe de temps comme ça,
09:58et un des grands décrivains de l'époque,
10:01ceux que j'ai participé en atelier d'écriture,
10:04je leur dis souvent qu'ils sont là, j'aurais déjà dit,
10:08un des grands écrivains qui s'appelle Arsène Wenger,
10:11qui est un traîneur d'arsenal, mais c'est un grand écrivain,
10:14mine de rien, parce qu'en fait, c'est des choses très intéressantes.
10:17Et il dit, ceux qui réussissent dans les écoles de foot,
10:20dans les formations, là où c'est hyper concurrentiel,
10:23le sport de haut niveau, là on est vraiment,
10:26ce n'est pas les plus talentueux, c'est ceux qui sont capables de maintenir
10:29un effort intense dans la durée.
10:32Et ça, ça m'a beaucoup servi, des choses comme ça,
10:35des phrases comme ça. Il l'a dit plus tard, mais je me suis reconnu dans cette phrase.
10:38Et voilà, c'est être capable de,
10:41à un moment, de se faire du vent, surtout, pour se mettre au travail.
10:44Alors il y a une...
10:47Vos parents prennent une place très importante dans le texte.
10:50Quand on le lit, ils ont un rôle
10:53qui vous dessine dans la littérature
10:56de cette sensation.
10:59Est-ce que ce livre, c'est un peu une manière de la rendre hommage,
11:02d'une sorte, à Noël, quelque part ?
11:05Oui, alors ce n'est pas conçu comme ça,
11:08mais il y a sans doute une fonction de réhabilitation,
11:11effectivement, de...
11:14Vous savez, moi, je suis un peu...
11:17C'est l'idée aussi que la littérature
11:20ne s'intéresse pas toujours
11:23aux...
11:26Comment est-ce qu'on dit, un peu péjorativement,
11:29il y a des gens comme ça, ou d'autres appelleraient autrement.
11:32Et que la littérature
11:35ne sait pas toujours les enoblir.
11:38Voilà.
11:41Et sans doute, ça participe de ça, oui.
11:44Mais après, je mentirais si je disais
11:47que j'avais écrit pour rendre hommage à mes parents.
11:50Il se trouve que, sans doute, j'ai un regard
11:53très bienveillant et d'amour, en fait.
11:57Des phrases sur l'alcoolisme de notre père,
12:00qui m'ont beaucoup touché.
12:03Disons que je ne juge pas, en fait.
12:06Et même quand vous rencontrez Marguerite Duras,
12:09ou ce que vous voulez dire, cette espèce de moment où
12:12vous faites la comparaison avec les différents alcoolismes,
12:15moi, je trouvais que c'était des moments très beaux dans votre livre.
12:18Avant même de parler de la suite, toute cette première partie,
12:21moi, vraiment...
12:24J'ai rencontré en matière, dans votre vie,
12:27qui était vraiment touchante.
12:30J'ai eu cette sensation que même votre maman revient souvent
12:33dans le livre, même à la fin.
12:36C'était vraiment de très belles moments d'ouvre,
12:39cette question sur l'hommage.
12:42On va parler de ce dont vous imaginez.
12:45Je ne vois pas trop.
12:48Ce n'est pas la première fois que vous écrivez
12:51sur un Myrnaud.
12:54Mais ce livre est un peu une forme de confession
12:57où vous amenez des éléments nouveaux.
13:00Est-ce que vous pensez vous inscrire dans une tradition littéraire
13:03des relations sentimentales entre auteurs?
13:06Non, pas du tout.
13:09Je m'y inscris de fait.
13:12Mais je n'ai pas écrit pour m'inscrire dans une filiation.
13:15Je n'ai pas écrit sur un Myrnaud.
13:18J'ai répondu à un Myrnaud.
13:21Ce qui est quand même différent, malgré tout,
13:24c'est qu'il y a eu des critiques
13:27qui ont vu un règlement de compte dans ce texte.
13:30Mais ça ne l'est pas du tout.
13:33C'est une réponse aux textes qui ont déjà été écrits
13:36sur la relation que j'ai eue,
13:39c'est-à-dire fragments autour de Philippe B. en 1996,
13:42l'occupation dans la version première
13:45qui est sortie dans le journal Le Monde,
13:48l'été 2001, je ne sais plus, 2001, je crois.
13:51Et en 2002, janvier 2002,
13:54la version remaniée,
13:57un peu à charge contre moi d'ailleurs,
14:00dans la collection blanche de Chez Gallimard.
14:03Et ensuite, évidemment, Le jeune homme.
14:06Donc, ça fait trois textes
14:09sur lesquels j'ai eu besoin de revenir
14:12en reprenant les éléments qui étaient déjà inscrits dans ces textes.
14:15Alors évidemment, vous avez raison, il y a un phénomène d'intertextualité,
14:18d'échange entre les textes qui permet
14:21d'entretenir un dialogue.
14:24Ça, c'est assez intéressant et c'est vrai que dans la littérature,
14:27il y a eu beaucoup d'exemples de ce point de vue-là,
14:30notamment à l'époque où il y avait des correspondances aussi.
14:33Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. En SMS, il n'y a plus beaucoup de traces,
14:36même si de mon temps, du temps d'Alain Hierno,
14:39il y avait, on s'envoyait des lettres encore.
14:42Et donc, c'était le désir de répondre,
14:45de répondre évidemment à ça en comblant
14:48les omissions que je percevais
14:51très nettement dans ces textes.
14:54Et puis, surtout de me réapproprier ma propre histoire,
14:57c'est ça aussi, parce que j'ai eu le sentiment
15:00d'être dépossédé de plein de choses et même
15:03de mon image, de la figure
15:06où je suis, ce qu'on peut appeler déprésenté,
15:09c'est-à-dire, on ne peut pas dire déprécié.
15:12Si vous lisez bien attentivement,
15:15j'aurais voulu faire une étude
15:18du dernier texte, par exemple du jeune homme,
15:21montrer comment le jeune homme apparaît
15:24comme une figure complètement dépréciée.
15:27C'est pareil dans l'Occupation. Et donc, évidemment,
15:30j'avais besoin de me réapproprier à ces figures-là
15:33pour montrer que ce jeune homme, finalement,
15:36n'est pas tout à fait comme ça.
15:39Alors, ce qu'elle dit, attention, ce qu'elle écrit, est toujours vrai.
15:42C'est ça, c'est important de le souvenir.
15:45Je ne pourrais pas dire que, je ne pourrais pas contester,
15:48mais c'est une vérité qui est toujours décontextualisée.
15:51Et donc, il manque toujours quelque chose.
15:54On va prendre juste un ou deux exemples.
15:57Le jeune homme ne vote pas. C'est vrai, il ne vote pas.
16:00Pendant ce temps-là, il est objecteur de conscience,
16:03qui est quand même une conscience politique très grande,
16:06beaucoup plus qu'un simple vote, finalement.
16:09Il regarde Téléfoot.
16:12Et toujours, c'est important, Téléfoot.
16:15C'est vrai. Déjà, réduire quelqu'un
16:18comme ça à Téléfoot, c'est étonnant.
16:21C'est 50 000 par semaine dans les pubs. Vous voyez ce que c'est ?
16:24Or, le jeune homme, à l'époque, est quand même
16:27une ferme mémoire de maîtrise sur Marguerite Duras.
16:30Il veut être écrivain, donc il écrit beaucoup.
16:33Je ne parle pas de moi, la troisième personne.
16:36Mais bon, je suis obligé, la fois.
16:39Et donc, évidemment, normalement,
16:42elle aurait dû se reconnaître dans le jeune homme
16:45qui fait des études de lettres à l'université,
16:48comme elle faisait autrefois des études de lettres à l'université de Rouen,
16:51dans la même ville, dans la même fac, dans la même matière.
16:54Et elle ne choisit pas la bonne chose.
16:57En fait, elle ne choisit pas la chose positive.
17:00Elle choisit la chose réductrice, négative,
17:03qui est vraie, qui est une passion que je n'ai jamais renie.
17:06D'ailleurs, j'adore toujours le foot.
17:09Donc, il n'y a pas de problème.
17:12Mais c'est la réduction qui est très dépréciative, en fait.
17:15Et à ce que je sache, je ne suis malheureusement pas devenu
17:18footballeur. Et donc, ne pas percevoir
17:21à l'époque un certain potentiel,
17:24c'est quand même étonnant. Il y a quand même
17:27un déni assez fascinant. Et donc, je voulais me réapproprier
17:30tout ça par ces mots, reprendre tous ces mots, d'ailleurs,
17:33de tous les livres qui donnaient ma version.
17:36En vous disant, il y en a qui a beaucoup pensé à
17:39Georges Le Sand, Elle et lui, qui répond à Musset.
17:42C'est d'où la question sur cet aspect littéraire.
17:46J'avais une question aussi.
17:49Est-ce que vous pensez qu'on peut garder sa vérité
17:52quand on s'inscrit dans le genre de l'autofiction
17:55comme vous avez écrit, comme Agnès Arnault a écrit ?
17:58Alors, déjà, je vais vous gronder
18:01parce que ce n'est pas de l'autofiction.
18:04Non, non, justement.
18:07Alors moi, Agnès Arnault n'écrit pas du tout
18:10d'autofiction. Contrairement à tout ce que souvent les critiques
18:13peuvent dire abusivement, d'ailleurs. Alors évidemment, aujourd'hui,
18:16l'autofiction, c'est devenu des termes génériques pour désigner à peu près tout
18:19et son contraire. C'est un peu le mot valise, mais ça n'est pas du tout
18:22des autofictions. D'ailleurs, elle doit constamment se défendre de ne pas écrire des autofictions.
18:25Elle écrit des récits autobiographiques, ce qui n'a rien à voir dans les termes.
18:28C'est-à-dire que le récit autobiographique vous engage
18:31à nouer avec le lecteur un pacte de vérité,
18:34ce qu'on appelle un pacte autobiographique.
18:37Et donc, ça vous enjoint à dire la vérité.
18:40Peut-être pas toute la vérité, c'est votre problème, mais en tout cas,
18:43c'est votre engagement à la vérité. L'autofiction,
18:46ça engage un pacte fictionnel.
18:49Vous devez, selon les termes de Dubrovsky,
18:52écrire un roman sur la couverture. Donc, vous dites au lecteur,
18:55voilà, c'est ma vie, mais après, je vous dis que c'est un roman
18:58libre à vous de le lire comme vous voulez.
19:01Moi, je vous enjoins de le lire comme un roman. Ça change tout.
19:04Ça change la direction, l'orientation. Ça change
19:07la relation que vous entretenez avec le destinataire.
19:10Et donc, ce ne sont pas du tout des autofictions.
19:13Ce sont des récits autobiographiques
19:16qui, normalement,
19:19effectivement, se rapportent à la vérité.
19:22Après, évidemment, il n'y a pas une vérité,
19:25il y a nos vérités.
19:28Ce qui est intéressant dans cette vérité
19:31factuelle de l'écriture blanche
19:34à la Vernon, avec d'autres scénaristes,
19:37d'autres écrivains, notamment des écrivains
19:40de nouveaux romans, avec cette écriture objective,
19:43factuelle, complètement, ce qu'on appelait l'école du regard,
19:46où on regarde, où on écrit, où on retranscrit.
19:49Et donc, elle hérite de ça. Ce qui est intéressant
19:52avec ça, c'est que
19:55le factuel, l'écriture factuelle, à mon sens,
19:58est une écriture qui a la prétention
20:01de dire la vérité et elle l'a dit,
20:04d'une certaine façon, mais en décontextualisant
20:07toujours son propos.
20:10Ce qui fait, en quelque sorte, mentir le vrai
20:13d'une certaine façon. Ce qui fictionne aussi.
20:16Ce qui a des béances qu'on appelle les mensonges par omission,
20:19tout simplement. Ce qui donne, évidemment, des béances
20:22de fiction dans le texte même.
20:25Alors, voilà. Après,
20:28moi, je ne prétends pas dire la vérité dans mon propre texte.
20:31Je n'écris pas des mémoires au sens
20:34où je ne vais pas épuiser le sens de ma jeunesse.
20:37Je ne vais pas tout écrire.
20:40Ce serait laborieux. Ce serait fastidieux
20:43qu'aujourd'hui, on n'écrit plus de mémoire.
20:46Ce n'est plus un genre qui est à la mode.
20:49En revanche, c'est un récit autobiographique avec un thème.
20:52Moi, qui es mauvais élève. Et donc, je récupère
20:55tous les événements, tous les faits qui ont rapport
20:58avec ma trajectoire sociale, ma transformation culturelle
21:01à travers le prisme du mauvais élève.
21:04Et je montre comment ce mauvais élève, d'abord, a été vraiment
21:07un mauvais élève. Et ensuite, même comment il devient mauvais élève
21:10aussi ou perçu comme tel dans la société quand il fréquente
21:13le monde. Donc, évidemment,
21:16dans cette description de trajectoire,
21:19il y a également des omissions.
21:22Je ne raconte pas tout. Par exemple,
21:25pour vous donner un exemple de ce que j'omets,
21:28pour ne pas rajouter,
21:31pour ne pas rendre le récit plus misérable,
21:34misérable au sens,
21:37je ne voulais pas tomber chez Zola, mais par exemple,
21:40j'omets que mon père a eu une hémiplégie.
21:43Vous voyez, c'est quand même important.
21:46Mais il y avait tellement de choses, je me suis dit,
21:49encore trois pages là-dessus, ça va être terrible.
21:53Et donc, j'ai enlevé ça.
21:56Je dis la vérité, mais d'une certaine façon,
21:59j'en occulte une autre en même temps.
22:02Mais elle n'est pas importante, finalement, puisqu'il y a déjà eu
22:05assez de malheurs comme ça. Un de plus, un de moins, finalement.
22:08Ça se dilue un peu dans le grand sens du texte.
22:11Vous dites qu'on vous plaigne.
22:14Moi, j'ai trouvé, au contraire,
22:17qu'il y avait quelque chose de très juste dans la manière
22:20dont vous parlez, de vous et de votre famille,
22:23qui n'était pas un sentiment de pitié, mais plus de courage.
22:26Parce qu'il y avait, tout le début, même votre rencontre
22:29à Nierno, que d'ailleurs, j'ai trouvé importante
22:32sur le plan littéraire. Mais vraiment, le passage
22:35avec vos parents était beaucoup plus
22:38intense, à la lecture en tout cas,
22:41que justement
22:44cette relation littéraire.
22:47Ça n'engage que moi.
22:50Mais en restant sur l'idée
22:53de transfuge de classe que vous avez
22:56plus ou moins évoqué, vous, vous vous décrivez
22:59comme un nomade social dans le texte.
23:02Quelle est la différence entre le transfuge
23:05de classe et le nomade social ?
23:08D'ailleurs, je reprends ça en italique.
23:11Ça appartient à Géraldo Brunner, un sociologue
23:14qui parle pour lui-même de la notion
23:17de nomade social. Je ne me sens pas un transfuge
23:20dans le sens où le transfuge a quitté
23:23en tout cas sa classe d'appartenance.
23:26Moi, je ne l'ai pas quitté, au contraire.
23:29J'ai toujours les mêmes fréquentations, en fait.
23:32Et j'ai conservé, même dans les nouvelles fréquentations,
23:35des fréquentations semblables. Ce qui ne veut pas dire
23:38que je ne fréquente pas l'autre monde, mais je le fréquente professionnellement.
23:41Mais je n'y arrête pas forcément.
23:44Ce qui ne veut pas dire non plus que je n'ai pas d'amis,
23:47que je ne connais pas le monde, que j'ai des amitiés durables, sincères, etc.
23:50Mais ce n'est pas un milieu
23:53où même la bourgeoisie, ou même la haute bourgeoisie
23:56que j'ai pu traverser, que j'ai pu rencontrer.
23:59C'est des milieux
24:02que j'ai eu, oui,
24:05un certain plaisir de la découverte, à découvrir
24:08des choses comme ça.
24:11Mais les valeurs, les codes et la culture
24:14ne sont pas parvenus à effacer ceux de ma propre culture.
24:17Et donc,
24:20bon, je ne vais pas
24:23continuer sa description de l'autre milieu,
24:26mais ce n'est pas un milieu qui m'a fasciné,
24:29qui ne me fascine pas d'ailleurs. Après, je n'ai rien contre,
24:32mais ce n'est pas un milieu qui est attirant pour moi
24:35au point d'y rester. Et le transpute, je pense
24:38que c'est celui qui y reste et qui se perçoit lui-même
24:41comme, je ne sais pas, ça dépend d'où il arrive, mais on va dire bourgeois
24:44comme Annie Arnaud. D'ailleurs, elle le dit, Annie Arnaud, qu'elle est bourgeoise.
24:47Donc, il n'y a même pas de... où elle ressent le sentiment
24:50de trahison. Moi, je n'ai pas le sentiment de trahison parce que je n'ai pas trahi.
24:53Au moins, je ne sais pas, à l'insu de mon plingue,
24:56je ne sais pas. Et donc, je n'ai pas cette
24:59trahison parce que je continue à fréquenter les mêmes
25:02personnes et nomade au sens
25:05que je traverse les mondes comme ça
25:08et que je prends ça plutôt comme une
25:11expérience sociale, en fait, importante aussi.
25:14C'est important aussi de connaître d'autres mondes
25:17pour pouvoir les comparer aux siens aussi.
25:20C'est important pour savoir comment...
25:23Donc, je peux me mouvoir également en société, mais
25:26à condition que je n'y reste pas.
25:29Dans la presse, en préparant la rencontre, j'ai pu voir
25:32qu'il disait effectivement qu'il y avait des règlements
25:35de comptes, tantôt vitrioles.
25:38J'ai cherché une vitriole, je ne l'ai pas trouvée. Au contraire,
25:41c'est à chaque fois que vous parlez d'Annie Arnaud,
25:44vous expliquez sa vérité, vous terminez
25:47par le fait qu'elle a raison et ensuite, vous donnez la vôtre.
25:50C'est très calme, très
25:53doux, ces passages, justement, où vous parlez
25:56d'elle, même quand vous êtes dans les dîners, etc.
25:59Vous pourriez d'ailleurs nous en parler un peu de ces dîners.
26:02Vous étiez avec elle, un peu gêné, ce que vous dites
26:05dans le livre. Oui, alors d'abord,
26:08nos petits désaccords
26:11en écriture avec Annie Arnaud n'ont pas empêché
26:14la haute estime que j'ai toujours de son œuvre.
26:17Vraiment, pour moi, il n'y a même pas
26:20d'exclusion. C'est sans doute la plus grande écolaine
26:23contemporaine, comme Vera, quelques autres,
26:26Yannick, peut-être, je ne sais pas. Donc, il n'y a même pas
26:29d'exclusion là-dessus. J'ai toujours
26:32porté son œuvre, à une époque même
26:35où c'était compliqué de faire une thèse à la fac
26:38dans les années 90. Annie Arnaud
26:41était déjà très connue, mais
26:44en lettre, il n'y avait pas de doctorat,
26:47et puis, on n'étudiait pas
26:50l'œuvre d'une femme.
26:53C'était quand même un peu bizarre.
26:56Et puis, elle était très méprisée aussi.
26:59Il y a eu un renversement ces dernières années,
27:02mais il ne faut pas oublier tout ça. À l'époque, c'était la petite Annie
27:05qui écrivait des histoires de bonnes femmes. Il ne faut pas.
27:08J'ai encore les noms de tous ceux qui ont écrit tout ça.
27:11C'est quand même, aujourd'hui, tout s'est retourné,
27:14évidemment. Mais
27:17effectivement, je conserve une
27:20grande, grande estime parce que je sais que ce travail-là
27:23est important. Je l'ai senti très vite. C'est un
27:26flair comme ça, que c'était une œuvre singulière,
27:29une œuvre puissante, et puis
27:32qui traite en même temps de toutes les problématiques
27:35de la société importante, notamment la notion
27:38de transfuge. C'est elle qui importe la notion
27:41de transfuge dans la littérature depuis la sociologie.
27:44Et donc, on lui doit aussi ça, sans compter
27:47de tous les thèmes sur
27:50les questions féminines, l'émancipation féminine.
27:53En fait, c'est Simone de Beauvoir, Annie Arnaud.
27:56C'est Simone de Beauvoir, version
27:592021. Et pour ça, il faut lui en être
28:02infiniment reconnaissant.
28:05Et après, j'ai oublié la question.
28:08Les dîners en ville.
28:11Alors, il faut recontextualiser les années 90.
28:14Un homme et une femme,
28:17un homme plus jeune avec une femme plus âgée aujourd'hui.
28:20C'est banal, évidemment. On a un exemple
28:23tout en haut de nos têtes.
28:26Je ne pense pas que ça choquerait vraiment.
28:29Peut-être, mais je n'ai pas le sentiment que ça serait
28:32un événement aujourd'hui. En revanche,
28:35évidemment, dans les années 90, ça l'était.
28:38L'inversion, entre guillemets, de la domination
28:41dans le couple. C'était une domination économique,
28:44culturelle, intellectuelle,
28:47tout. C'était quelque chose
28:50qu'on percevait très, très mal.
28:53Vous imaginez comment je pouvais être perçu.
28:56Il y a des noms pour ça. Donc,
28:59gigolo, évidemment. On me l'a déjà dit même à l'époque.
29:02Donc, c'est pas moi. Il y avait l'honnêteté.
29:05C'est violent.
29:08Ma plus grande violence sociale, ce n'est pas quand j'ai vécu
29:11avec les déshérités. La violence sociale,
29:14c'est la confrontation où on ne me parlait pas.
29:17C'était vraiment...
29:20Les seules personnes à qui je parlais, c'était
29:23les serveurs.
29:26On ne venait pas me parler.
29:29J'étais très timide à l'époque. Ce qui m'intimidait encore plus,
29:32c'était assez...
29:35Ce n'est pas la question, comme on dit souvent, transfuge,
29:38on n'a pas les codes. Les codes, il suffit de ne pas faire grand-chose
29:41et de rester un peu neutre. On ne fait pas trop
29:44de conneries. Ça va, mais
29:47ce n'est pas...
29:50On sait quand même dire quelques phrases correctes.
29:53Donc, ce n'est pas ça. Mais je sentais
29:56évidemment ce regard, une violence du regard et puis
29:59surtout de manifestation par rapport à ça.
30:02Aujourd'hui, je pense que ça ne serait pas
30:05un événement, en tout cas. Donc, évidemment,
30:08c'était malaisant, c'était dérangeant un peu pour tout le monde,
30:11pour moi, mais aussi pour elle,
30:14évidemment. Parce que même s'il y a
30:17dans son intention et son désir
30:20un désir de défier
30:23un peu la société, de provoquer un peu la société,
30:26comme on dit dans le jeune homme, de bousculer un peu les normes,
30:29les conventions, il y a ce désir-là, effectivement.
30:32Mais malgré tout, entre
30:35le désirer et puis l'accomplir,
30:38le réaliser, ce n'est pas évident. La situation de l'intimidé aussi,
30:41en plus, ce n'est pas du tout quelqu'un qui est mondain,
30:44dernièrement. Donc, elle n'aime pas non plus ses soirées, elle n'est pas
30:47forcément à l'aise dans ce type de soirée-là. Donc,
30:50évidemment, c'était un peu compliqué pour
30:53tout le monde, mais c'était compliqué aussi pour les autres
30:56qui nous invitaient. En fait, c'était une sorte
30:59de couple piégé, d'explosif.
31:02Alors, revenons à une question un peu
31:05plus littéraire. À la fin
31:08du livre, je me suis demandé si, pour vous
31:11en tout cas, dans la littérature, on doit tout
31:14révéler et toujours épouser parfaitement
31:17le réel. Ouh là, vous avez 4 heures.
31:21On doit tout?
31:24Tout révéler ou épouser
31:27parfaitement le réel. Ça veut dire quoi, tout révéler?
31:30Je ne sais pas, je vous pose la question.
31:33Je ne sais pas ce que ça veut dire, tout révéler, parce que je vous ai dit,
31:36d'ailleurs, en fait, tout révéler, ça voudrait dire
31:39établir un pacte de lecture,
31:42justement, dans un seul genre, qui est
31:45les mémoires. Dans les mémoires, on révèle tout, justement.
31:48On raconte ses mémoires, on essaie d'épouser le sens
31:51de sa propre vie et tous les événements
31:54de sa propre vie. Dans un récit autobiographique,
31:57le genre ne vous impose pas cette contrainte de tout
32:00révéler. Alors, je ne sais pas ce que vous entendez par tout révéler,
32:03c'est tout révéler au sens de...
32:06Aujourd'hui, dans beaucoup de paritions,
32:09on trouve qu'il y a un côté, tout n'est pas
32:12littérature, tout ne peut pas être...
32:15Ça, c'est les vieux débats qui
32:18existent jusqu'au... En fait, j'ai été amené
32:21à écrire un essai, ça s'appelle
32:24Défense de Narcisse, justement, où,
32:27pour en finir un peu avec tout ça,
32:30ce n'est plus du tout le cas, d'ailleurs, aujourd'hui,
32:33pas beaucoup moins, mais jusqu'à
32:362005, 2010, au grand maxi,
32:39lorsqu'on écrivait un texte autobiographique,
32:42on vous disait toujours, c'est impudique,
32:45c'est narcissique, ce n'est pas de la
32:48littérature. La littérature autobiographique
32:51a toujours joui d'un traitement de défaveur
32:54à son propos,
32:57évidemment, comme si écrire sur soi
33:00n'avait rien de littéraire et
33:03comme si écrire sur les autres vous rendait plus littéraire.
33:06En fait, ce n'est pas l'objet,
33:09ce n'est pas le thème
33:12qui vous rend littéraire, c'est vous
33:15qui rendez le thème littéraire
33:18ou non, en fait, c'est l'auteur
33:21qui a cette fonction-là
33:24ou ce talent-là, d'ailleurs.
33:27Et donc, pour moi, la question
33:30de la littérarité
33:33de l'écriture autobiographique, de la littérature
33:36de soi, n'a jamais été un problème.
33:39Et d'ailleurs, parce qu'elle hérite tout simplement
33:42si vous pensez justement
33:45aux traditions chrétiennes, antiques, faire l'examen
33:48de soi, il y a toujours une incitation à la parole de soi,
33:51Montaigne qui invitait l'homme à ne pas se prendre
33:54comme objet, Rousseau dans les confessions,
33:57je forme une entreprise qui n'est jamais d'exemple et je veux montrer
34:00l'homme dans la vérité de la nature, etc.,
34:03dans les confessions, c'est le début
34:06de l'autobiographie moderne. Proust,
34:09qu'est-ce que c'est d'autre que Proust ? La recherche du temps perdu.
34:12C'est une autobiographie. Il dit, je n'ai rien inventé,
34:15je n'ai fait que récolter, je ne fais que traduire les réels.
34:18Vous changez le nom des peintres
34:21et tout, vous allez trouver Monet, Claude Monet, Anatole France,
34:24etc. Il ne fait
34:27que récolter, il n'invente pas grand-chose non plus.
34:30C'est une forme autobiographique.
34:33D'ailleurs, ça a été par des critiques,
34:36je crois, en Gérard Jeunet qui se sont aperçus
34:39qu'il y avait Marcel qui avait été inscrit
34:42deux fois dans la recherche du temps perdu,
34:45qu'on va remonter à Gide, etc.
34:48Ça a longtemps joui
34:51d'un régime de défaveur, d'un traitement
34:54de défaveur de la littérature autobiographique.
34:57Ça s'est un peu passé, et sans doute grâce à quoi ?
35:00Grâce à l'autofiction.
35:03L'autofiction, puisqu'on mélange tout maintenant,
35:06on a pris l'autofiction, on a mis tous les genres autobiographiques
35:09dedans, on a mélangé, on a secoué,
35:12et puis il reste l'autofiction. Alors maintenant, tout le monde écrit
35:15de l'autofiction, tout le monde fait des films d'autofiction,
35:18tout le monde chante des chansons d'autofiction.
35:21En fait, qu'est-ce qui a permis
35:24en quelque sorte de nettoyer l'autobiographie
35:27de son impureté ? Eh bien, c'est la fiction.
35:30C'est le terme fiction, en fait.
35:33Le terme fiction qui est hyper moderne,
35:36hyper contemporain. Tout est fiction aujourd'hui.
35:39On regarde des fictions sur Netflix,
35:42on regarde des je ne sais pas quoi. En fait, tout est un peu
35:45fiction. Eh bien ça, ça a lavé
35:48complètement le caractère
35:51négatif, dépréciatif qui s'associe à l'autobiographie.
35:54Et d'ailleurs, c'est pour ça qu'on dit autofiction.
35:57En fait, ça ne choque plus personne aujourd'hui
36:00par l'autofiction. Mais si on dit peut-être effectivement,
36:03si on dit récit autobiographique, alors effectivement,
36:06le fait d'écrire sur soi. Mais après,
36:09la question ne doit pas être là.
36:12Par exemple, on a beaucoup
36:15reproché à l'écriture autobiographique,
36:18à la littérature de soi, d'être
36:21narcissique, par exemple. Vous voyez des jugements
36:24à l'emporte-pièce, rapides, un peu
36:27paresseux intellectuellement. Parce que la plupart des textes
36:30autobiographiques, par exemple,
36:33je parlais du narcissisme tout à l'heure,
36:36la plupart du temps, ce sont des textes
36:39où un auteur va décrire
36:42un événement malheureux de sa vie, la plupart du temps.
36:45Ce sont plutôt des textes de réhabilitation, en fait,
36:48de revalorisation de soi, non pas de valorisation de soi.
36:51C'est ça qui est important, en fait. Donc, ça n'est pas narcissique,
36:54c'est plutôt des textes de renarcissisation
36:57qui sont, qui me semblent
37:00beaucoup plus fins. Vous voyez les textes admirables de Philippe Tourès,
37:03par exemple, lorsqu'il décrit la perte
37:06de sa fille. Il a fait toute une œuvre à partir
37:09de ça. Et puis, plein d'autres. Il écrit sur lui,
37:12il écrit sa vie, ses drames, etc.
37:15Je ne vois pas où est le narcissisme là-dedans. Et on pourrait prendre
37:18plein d'auteurs comme ça. En fait, il y a toujours une confusion
37:21entre deux types de narcissisme, un narcissisme de vanité
37:24et un narcissisme de reconstruction. Mais le narcissisme
37:27est vital. C'est comme le cholestérol,
37:30comme dit l'autre, il y a le bon et le mauvais.
37:33C'est le narcissisme de vanité qu'on ne veut pas voir.
37:36Mais ça voudrait dire, dans ce cas-là, que ceux qui écrivent des romans
37:39non autobiographiques ne sont pas narcissiques.
37:42En fait, la véritable chose, c'est la publication
37:45qui est narcissique. Personne ne vous demande de publier.
37:48Moi, je ne suis pas attendu. Les gens vont bien vivre sans mes livres.
37:51Il n'y a pas de problème. Ils vont vivre mieux avec mes livres.
37:54Mais non, ils ne m'ont pas attendu.
37:57Et c'est ça. Et donc,
38:00l'acte de publier, c'est-à-dire de se rendre
38:03public, pour le coup, est narcissique. Alors que ce soit
38:06de l'autobiographie ou de la fiction, je ne sais pas, de la science-fiction,
38:09le fait de vouloir être auteur est narcissique.
38:12Ça, c'est un geste narcissique. Mais l'écriture,
38:15dans la mesure où l'écriture
38:18est vraiment, quand c'est fait sérieusement, est vraiment
38:21un grand labeur, un grand travail, d'une année, deux années,
38:24trois années, voire plus. Le narcissisme,
38:27il en prend un coup.
38:30C'est vrai que c'est tellement difficile d'écrire.
38:33Encore une fois, quand c'est fait vraiment sérieusement,
38:36c'est vraiment éprouvant.
38:39Le narcissisme se dilue vraiment
38:42dans cette durée de labeur.
38:45Après, on pourrait dire même,
38:48on pourrait répondre aussi à la question de l'impudeur.
38:54J'avais fait ça dans l'essai,
38:57en essayant de reprendre tous les
39:01défauts qui étaient assignés à l'écriture autobiographique,
39:04en essayant de les démonter un par un.
39:07C'est marrant parce qu'en vous lisant et en vous écoutant,
39:10je ne sais pas où est parti le mot des élèves,
39:13c'est complètement fascinant.
39:16C'est assez déroutant
39:19de voir cette érudition
39:22que vous mettez dans le différent genre littéraire.
39:25C'est vraiment impressionnant.
39:29Je ne sais pas si vous avez déjà lu le livre.
39:32Vous allez vraiment sentir votre évolution
39:35qui est vraiment une trajectoire
39:38qui m'a beaucoup touché.
39:41Peut-être que dans le public,
39:44il y aurait des questions pour ceux qui ont déjà lu le livre.
39:47Des mauvais élèves ?
39:50Il y en a beaucoup, ils n'ont pas fait leur devoir.
39:54C'est toujours la première question la plus difficile.
39:57Après, on ne s'arrête plus.
40:00C'est toujours comme ça.
40:03Qui va oser poser la première question ?
40:06J'en suis sûr que non.
40:09Elle a d'autres choses à faire.
40:12Elle a d'autres choses à écrire.
40:15Là en plus, ce n'était pas un texte.
40:18C'est un texte qu'elle a ressorti,
40:21qui avait été écrit, mais qui a sans doute remani.
40:24Il est sorti en 2022.
40:27Je ne sais pas.
40:30Je vais téléphoner.
40:33Philippe, bonsoir.
40:36Comme vous le savez, j'ai vu votre livre.
40:39Je le sais.
40:42J'ai commencé dans la désordre par la trame.
40:45Ce qui m'a touché dans votre texte
40:48c'est que vous avez dit d'être dans le monologue intérieur.
40:51À partir de là, j'ai vu que vous étiez différent.
40:54J'ai été fasciné par cette interprétation
40:57que vous avez fait de nous.
41:00Je me suis donc appris du narrateur.
41:03Je me suis embarqué dans ce cliché,
41:06dans ce qu'il y a à dire.
41:09C'est assez surprenant.
41:12C'est quelqu'un qui a été maudit d'élèves.
41:15Nous avons un vocabulaire assez réglementaire.
41:18Comment cette vie peut-elle arriver
41:21à une capacité d'éloignement ?
41:24Il s'est passé quelques années.
41:27Malheureusement.
41:30Il faut dire mauvais élèves.
41:33Il s'est passé quelques années entre le mauvais élève et aujourd'hui.
41:36C'est le miracle de la littérature.
41:39C'est le fait d'avoir lu
41:42peut-être, c'est le fait d'avoir lu pas mal, beaucoup même, pas seulement de la
41:49littérature d'ailleurs, aussi beaucoup de théories et de critiques, ça c'est
41:52quelque chose qui m'intéresse presque plus d'ailleurs que la littérature en
41:55elle-même et qui vous forge un autre langage aussi, qui vous permet d'avoir un
42:00autre regard sur les textes.
42:05Alors c'est intéressant parce que même quand j'étais mauvais élève en fait,
42:12alors je me sentais mauvais élève factuellement parce que là je pouvais
42:16pas faire autrement, mais en fait ce qui sans doute m'a sauvé c'est que
42:22j'avais une qualité d'introspection en fait et j'étais assez taciturne, un peu
42:28sauvage taciturne et en revanche ça m'a miné un peu dedans et sans doute j'ai
42:35trouvé dans la littérature le prolongement de toutes les idées que je
42:39me forgeais, mais je ne me les forgeais pas clairement en fait, c'est la littérature
42:44qui est parvenue à organiser et à clarifier un peu tout ce que j'avais
42:48intuitivement pensé et c'est ce que j'ai retrouvé en fait dans la nausée de ça
42:54et puis un peu plus tard dans le adulte de Benjamin Constant, toutes ses
43:01réflexions sur la timidité etc en fait et même chez Proust, en fait c'était des
43:06auteurs qui écrivaient sur moi en fait finalement, là pour le coup c'est
43:09narcissique, ils écrivaient sur moi parce que tout ce qu'ils écrivaient, tout ce
43:14qu'ils formulaient, je l'avais déjà ressenti en fait et j'avais déjà
43:17commencé à penser ça, mais eux, en fait c'est ça que j'admire, c'était des
43:22écrivains qui étaient capables de formuler clairement ce que chacun d'entre
43:26nous avait pu penser ou sur lesquels avait esquissé des réflexions, surtout sur
43:34l'amour etc, sur l'art en parlant de quelque chose, la vie, la mort etc, la
43:40jalousie chez Proust, on a tous pensé à ces choses là, mais là il y avait une
43:45sorte, en fait les écrivains sont devenus mes éclaireurs en fait, ceux qui
43:50m'ont ouvert le chemin et qui ont surtout formulé tout ce que j'avais
43:55un peu mâché par la réflexion, c'est ça, et donc effectivement le discours
44:02intérieur dont vous parliez, c'est ça, c'est-à-dire que le côté
44:09taciturne aussi m'inclinait déjà à être dans la réflexion intérieure et dans la
44:16pensée intérieure et la littérature n'a fait que prendre le relais en
44:22structurant en fait ces pensées, parce que c'est une chose effectivement d'avoir
44:26de penser un peu les choses de façon intuitive et puis de structurer ça, et la
44:32littérature doit apporter ça, en fait c'est ce qu'elle m'a apporté la
44:35littérature, et ça c'est vraiment, voilà c'est à ça que doit servir la
44:40lecture en fait, au-delà des histoires qu'elle nous raconte, à structurer des
44:45pensées, des réflexions, parce que dans les livres des grands auteurs finalement
44:50il y a tout ce qu'on a déjà pensé nous, c'est ça, enfin dans les vraiment les
44:54auteurs importants j'entends, c'est là, et j'aime d'ailleurs cette littérature là qui
44:59pense, et même chez les écrivains d'ailleurs, je crois que ce que j'aime le
45:02plus chez les écrivains, c'est pas les raconteurs d'histoires ça,
45:05alors j'aime bien, c'est porté par des histoires, mais j'aime les écrivains qui
45:09pensent en fait, les écrivains un peu intélo, qui sont capables d'écrire des essais
45:13notamment, c'est vers cela que je me porte assez naturellement.
45:20Bonjour, moi je suis normalement peut-être d'un coup plus blin que non, on est d'accord, alors oui je
45:37pense qu'il y a une force d'impudeur dans l'écriture d'une certaine façon,
45:41c'est à dire dans la façon de s'autoriser à parler de soi déjà, ce qui
45:45n'est pas si évident finalement, et à mettre à distance complètement son passé,
45:53les événements difficiles, parfois traumatiques, sans penser que ça va
46:00heurter les autres, ça va bousculer les autres, ça va bousculer le lecteur,
46:06si je me posais cette question là du lecteur, de l'impudeur en fait,
46:10j'écrirais pas je pense, parce que ça m'effraierait assez en fait, et c'est parce que je suis un peu
46:16bourrin finalement quand j'écris, je me pose pas ces questions là, je me dis mais si, et sans doute
46:22aussi parce que j'ai fini par avoir à développer une grande distance, un
46:28éloignement par rapport à tout ça, ce qui fait que ce que j'écris, je dis pas que
46:34c'est pas moi qui l'ai vécu, mais j'ai réussi peut-être à les intellectualiser aussi,
46:41à mettre du détachement dedans, ce qui fait qu'ils ne m'apparaissent plus impudiques, et j'essaie de les
46:47mettre en forme aussi de telle façon qu'ils ne soient pas impudiques, au sens où ça soit pas
46:52seulement la retranscription d'un vécu comme ça pour choquer, donc voilà, mais c'est vrai que
47:01ce sont des questions que je me pose pas vraiment, et je pense qu'il ne faut pas forcément se les
47:06poser lorsqu'on écrit sur soi, parce que si on commence à penser au regard de l'autre,
47:11alors au final, ne plus écrire, sans doute, bonsoir, bonsoir, alors non ça n'a pas été
47:34difficile, moi c'est vraiment un cas particulier, évidemment, puisque j'avais commencé par écrire
47:39l'étreinte en réponse à Amirnaud qui avait écrit un fragment autour de Philippe Zé, alors évidemment,
47:43la question ne se pose pas, mais cela dit, la question de la difficulté du premier roman ou pas,
47:50c'est aujourd'hui dans un système hyper concurrentiel, c'est la question de la difficulté
47:56de la publication tout court, en fait, au premier roman, deuxième roman, premier roman, en fait c'est
48:01toujours un recommencement et une mise en situation dans une hyper concurrence assez terrible,
48:08effroyable, et donc, bon, et la deuxième question ? Non, non, alors pas du tout, non, j'avais, alors
48:15l'étreinte était une autofiction, c'est-à-dire un roman assumé, c'est écrit roman sur la couverture,
48:21vous me recroyez cette histoire Amirnaud, pour reprendre le premier texte qu'elle avait écrit
48:27sur notre relation, où j'avais banalisé notre rencontre, parce que la rencontre était tellement
48:33folle, en fait, pour ceux qui ont lu Mauvais élève, en fait, c'est une histoire incroyable, c'est mon père
48:39qui s'est trompé, en fait, il s'est trompé, mon père qui n'est pas du tout littéraire, je vous le raconte ou pas ?
48:45Allez-y, allez-y, vous pouvez même le lire ! Non, parce que ça va être, je vais aller plus vite comme ça,
48:51mon père, bon, j'avais quelques livres de Simone de Beauvoir et puis d'autres, et puis je devais, je
49:00devais aller à l'université de Rouen, donc changer d'habitation, et puis me débarrasser d'un certain
49:06nombre d'objets, etc, parce que j'allais dans un studio, et puis, et mon père a dit, en Normandie, il y avait beaucoup de foire à tout,
49:13des choses comme ça, des brocantes, et mon père est allé à une brocante, et il a parlé avec une
49:20femme qui était une écrivaine, elle s'est présentée à lui comme une écrivaine, et quand il revient le soir,
49:26je lui dis, ah non, c'est qui ? Alors, il a dit, oui, ma fille, qui doit être écrivain, etc. Et puis, il revient le soir, et puis, je lui dis, ah, c'est qui, l'écrivaine ?
49:35Et puis, impossible de se rappeler, donc, pas fait attention. Et puis, l'histoire, on reste là. J'aménage à Rouen, on arrive à la
49:44grande librairie L'Armitière, je reverrai toujours cette image, c'est assez incroyable, sur le petit tourniquet
49:49des folios, il y avait la place d'Agnirnaud, c'est la femme que j'ai rencontrée à la foire à tout, à la brocante.
49:55Ah, je dis, très bien, ils m'achètent la place, livre exceptionnel, exceptionnel. Et donc, j'écris à Agnirnaud,
50:04pour lui dire, comme un B.A. l'émirateur, il aime dire des conneries, mais bon, ça fait toujours plaisir quand on les reçoit, malgré tout.
50:14Et donc, voilà, on entretient une correspondance. Et puis, quand on, ah oui, alors, ce qui est aussi intéressant aussi dans ce cheminement,
50:25c'est que lorsque j'arrive en maîtrise, il y a ce qu'on appelle autrefois une unité de valeur à l'université, où il y a un séminaire sur
50:36l'écriture autobiographique et il y a la place d'Agnirnaud, incroyable quand même, la place d'Agnirnaud par le
50:43séminaire a été dirigée par Jean Pierrot, qui est un grand spécialiste de Marguerite Dura, qui était officier à l'université d'Oron.
50:49Et donc, il fallait faire des exposés, des mémoires, etc. Évidemment, je choisis la place au premier. Et puis, j'écris à Agnirnaud pour,
50:59à l'époque, il n'y avait rien d'écrit, très peu de choses écrites sur son oeuvre, pour avoir accès aux services de presse de chez Gallimard.
51:07Donc, elle me donne l'autorisation, j'écris tout ça. Nous avons une relation, je vous la fais courte. Et puis, je lui dis, mais c'est incroyable,
51:14cette histoire, j'ai rencontré mon père à la brocante. Elle m'a dit, je ne suis jamais allé à la brocante. Voilà, voilà l'histoire.
51:21En fait, c'est incroyable. En fait, j'ai rencontré Agnirnaud sur une méprise de mon père. Il faut quand même le faire. Et en fait, c'est intéressant,
51:28c'est que dans l'étreinte, je n'ai jamais osé raconter ça parce que je me suis dit, on ne va pas me croire.
51:33Oui, c'est tellement, c'est plus romanesque. En fait, ça fait oeuvre d'un mauvais romancier. C'est ça, c'est un mauvais romancier.
51:40On se dit, mais quelle imagination, c'est un peu minutieux. C'est vrai, c'est vrai. Alors, vous pouvez, évidemment, il n'y a pas de preuve.
51:48Vous pouvez penser, mais je vous jure que c'est vrai. C'est assez incroyable. Mon père s'est trompé. Ou alors d'autres possibilités, mais évidemment, c'est incroyable.
52:03Il n'y a plus de plus de questions. Eh bien, si c'est le cas, j'aimerais qu'on applaudisse Philippe Villain et qu'on le remercie.

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