Mardi 21 janvier 2025, ART & MARCHÉ reçoit Stéphane Mathelin-Moreaux (Senior advisor, NEUFLIZE OBC)
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00:00Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans Art et Marché, votre émission hebdomadaire
00:12consacrée au marché de l'art.
00:13Pour l'interview de la semaine, nous nous intéressons aux enjeux de financement pour
00:16les acteurs du marché de l'art.
00:18Stéphane Matelin-Moreau, senior advisor au sein de la banque privée Neuflis OBC, expert
00:24du marché de l'art, est notre invité pour nous donner les réponses d'une banque face
00:28aux besoins de ses acteurs.
00:30C'est parti, bienvenue dans Art et Marché.
00:32Pour financer leurs expositions, participer aux grandes foires ou alors faire face aux
00:40aléas du marché, les acteurs du monde de l'art rencontrent souvent des problématiques
00:44de trésorerie spécifiques.
00:46Cela nécessite un accompagnement bancaire sur mesure.
00:50Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Stéphane Matelin-Moreau.
00:53Bonjour Stéphane.
00:54Bonjour Sybille.
00:55Alors vous êtes senior advisor au sein de la banque privée Neuflis OBC, expert du
00:58marché de l'art.
00:59Et ensemble, nous allons décrypter les besoins financiers de ces professionnels et explorer
01:03les solutions qui leur sont proposées.
01:05Tout d'abord, le département destiné à accompagner ces professionnels a 25 ans.
01:11Est-ce que vous pouvez nous expliquer en 2000 pourquoi est-ce que vous avez ressenti ce
01:15besoin de créer ce département alors que d'après ce que j'ai compris, c'était plutôt
01:19une tendance générale le contraire ?
01:21Le contraire.
01:22Une forte crise a été intervenue à la fin des années 80.
01:25Donc dans les années 90 à 95, tout le marché a été gelé au niveau de l'art.
01:30Cette bulle internet en fait, enfin cette bulle de l'art contemporain, il y avait aussi
01:34internet à l'époque, mais qui a explosé en fait et toutes les banques qui étaient
01:39spécialisées dans ce secteur ont décidé d'arrêter.
01:41Oui.
01:42Donc quand j'arrive en 2000 donc chez OBC qui ensuite a fusionné six ans plus tard
01:47avec Neuflis pour devenir Neuflis OBC, quelques marchands d'art, commissaires priseurs et
01:54galéristes en art contemporain, en gros une douzaine, étaient centralisés dans un portefeuille
01:58que j'ai repris.
01:59Oui.
02:00Et finalement c'est en les rencontrant au cours de l'année 2000 que l'un d'entre
02:06eux m'a dit vous devriez vous spécialiser dans l'art comme vous êtes spécialisé
02:10dans le domaine du cinéma.
02:13Donc utilisez ces savoir-faire de niche et spécialisez-vous et ce que j'ai fait.
02:17Donc au fil des années, puisque maintenant ça remonte à 25 ans déjà, eh bien au fil
02:23des années aujourd'hui le résultat c'est que nous accompagnons 300 professionnels,
02:28galeries, antiquaires, maisons de vente aux enchères.
02:31Quels sont les profils de tous ces clients et les domaines artistiques ouverts ?
02:36Voilà, alors déjà l'activité c'est une activité de banque commerciale classique.
02:39Nous gérons les flux, la trésorerie et nous pouvons les financer, financer leurs investissements
02:46ou co-financer leurs stocks.
02:48Après le profil, nous allons pour ce qui concerne les marchands de l'antiquité jusqu'à
02:55l'art contemporain.
02:56Fine arts, alors après les segments, les sous-segments c'est le fine arts, la sculpture,
03:03les arts premiers, donc en gros un peu tout.
03:07Et les critères ensuite, effectivement, parce qu'il faut bien, lorsqu'on accompagne
03:12ce genre de clientèle, il faut, surtout que nous sommes peu nombreux et une petite banque,
03:15contrairement aux banques de réseau, eh bien nous allons les segmenter selon les critères
03:21suivants.
03:22D'une part, je dirais la moralité et la réputation.
03:25Donc ça c'est quand vous choisissez les clients.
03:29C'est des dossiers que vous recevez, souvent vous êtes sollicité et donc là vous devez
03:34répondre oui ou non, est-ce que vous avez accompagné ce client ?
03:37Nous sommes souvent sollicités, donc la recommandation je dirais que c'est quand même le principal
03:42vecteur et la principale source aujourd'hui d'alimentation de notre clientèle, de notre
03:48portefeuille.
03:49Mais parfois il y a quand même des galeries, notamment étrangères, qui m'intéressent
03:52et à ce moment-là je vais essayer de les approcher d'une manière ou d'une autre et
03:56souvent effectivement par relation.
03:58Bien sûr.
03:59Et donc après quand elle vous le sollicite, vous avez plusieurs critères ?
04:03À ce moment-là, les critères sont les suivants, moralité, réputation, ensuite le professionnalisme,
04:09c'est ça le plus important.
04:10Si on est sur le marché primaire, c'est-à-dire une galerie d'art contemporain qui représente
04:15des artistes, eh bien le professionnalisme c'est la capacité du marchand d'art, du
04:21galeriste à trouver l'artiste d'une part, et ensuite très important de le conserver.
04:27Parce que malheureusement une petite ou moyenne galerie, quand je dis petite et moyenne ce
04:33n'est pas péjoratif, c'est en termes de taille, arrive à faire connaître un artiste
04:39et à le développer et souvent après vous avez les grandes galeries qui ont plus de
04:42moyens, plus de réseaux, qui ont accès aux foires internationales et qui du coup seront
04:47tentées par le faire venir au sein de leur clientèle.
04:52Et enfin le troisième grand critère c'est la solvabilité et la taille de l'entreprise.
04:58Alors que de la galerie, comme on est encore une fois peu nombreux, on va miser un certain
05:03niveau de minimum de flux à gérer.
05:05Est-ce que vous pouvez nous expliquer pourquoi le marché de l'art, en tout cas les acteurs
05:09du marché de l'art, ont des besoins financiers propres, qui leur sont propres ?
05:14Alors pour ce qui concerne un marchand, les besoins financiers, si on est sur le marché
05:21secondaire, c'est-à-dire l'achat et la revente, je dirais qu'aujourd'hui dans l'art contemporain
05:27et l'art moderne qui constitue chez nous 80% des flux, pour un marchand ce qui est
05:35compliqué à constituer et à financer c'est un stock, car le stock vaut de plus en plus
05:39cher sur des artistes connus.
05:41Le stock c'est en fait la capacité de...
05:42Le stock c'est-à-dire les œuvres d'art qui font partie de l'inventaire d'une galerie.
05:46Et à ce moment-là on co-finance ce stock en prenant en garantie éventuellement même
05:51des œuvres du stock et ce qui permet au marchand d'avoir de la trésorerie pour saisir des
05:59opportunités d'achat.
06:00Voilà parce qu'en fait c'est vraiment un défi de trésorerie.
06:04Un défi de trésorerie comme toujours dans ces métiers et ça c'était le marché secondaire
06:09et sur le marché primaire, c'est-à-dire la représentation d'artistes, et bien s'il
06:14s'agit de sculptures ou d'une performance importante, le coût est important, l'artiste
06:20n'a pas les moyens forcément de les financer, c'est donc la galerie qui prend le relais
06:25et à ce moment-là nous nous pré-finançons en fait la représentation future, sachant
06:30que la galerie sera rémunérée le jour où les œuvres sont vendues.
06:34Bien sûr.
06:35Et donc vous, vous devez avoir une visibilité sur cette galerie.
06:37Visibilité sur la sortie, bien sûr.
06:39Le dénouement de l'opération.
06:40Est-ce qu'il y a des projets justement plus réguliers que vous accompagnez ? Vous avez
06:46dit que vous accompagnez principalement des galeries d'art contemporain, de premier
06:50marché.
06:51Oui.
06:52Vers quel projet se tourne la plupart des clients que vous accompagnez ?
06:57Alors les projets, les autres, peut-être les autres segments, parce que nous accompagnons
07:03les galeries mais aussi, comme je vous le disais, les maisons de vente qui sont des
07:07intermédiaires eux, de flux, donc il y a moins de financement, sauf des investissements
07:12plutôt matériels.
07:13Et donc là, nous les accompagnons, alors après les autres personnes, les autres acteurs
07:20du marché, ce sont les architectes décorateurs, voici où nous sommes présents, les fondations
07:25privées et tout ce qui est métier d'artisanat.
07:29Voilà.
07:30Après les projets spécifiques, on peut être sollicité, ça peut te mettre un projet parfois
07:36public, c'est assez rare quand même, on intervient plutôt sur des acteurs privés,
07:41ou un projet public mais dont le commissariat est assuré par exemple par un professionnel
07:47qui lui est privé et que nous pouvons donc accompagner dans le financement de manière
07:52ponctuelle.
07:53Est-ce que vous avez différentes manières d'accompagner financièrement tous ces projets,
08:00quel type d'accompagnement est-ce que vous proposez ?
08:03Alors, je dirais qu'on va en citer deux, c'est-à-dire le moyen le plus simple.
08:09Au vu d'un bilan, nous avons quand même une analyse bilancielle, c'est quand même
08:15un secteur financier, donc on peut mettre en place en fait un découvert, c'est un
08:20moyen simple d'utilisation où là, je dirais qu'on ne va pas faire une analyse très
08:27approfondie mais suffisante, on analyse le risque et le client avec ce découvert fait
08:33ce qu'il veut, je dirais gère sa trésorerie et il rembourse, il l'utilise, c'est quelque
08:39chose de fluctuant un découvert.
08:40Après, le deuxième type d'accompagnement financier c'est bien sûr un crédit qui
08:46lui va être en général sur 2-3 ans, voire plus, légèrement plus, et qui lui va accompagner
08:52un vrai projet par exemple d'acquisition d'un esthète, c'est-à-dire un artiste qui
08:57meurt, les héritiers veulent vendre, c'est ce qu'on appelle l'esthète et à ce moment-là,
09:01le galeriste a intérêt à acheter l'ensemble de l'héritage et là, évidemment, c'est
09:08un gros morceau à financer d'un seul coup et nous pouvons du coup l'accompagner sur
09:13plusieurs années et nous rembourse le crédit de manière régulière.
09:16Et là, donc ça fait 25 ans que vous avez créé ce département, est-ce que vous avez
09:19vu des évolutions au sein des demandes de vos clients ? Est-ce que, je ne sais pas,
09:25peut-être que le numérique a changé beaucoup de choses ? Est-ce que vous voyez dans votre
09:29accompagnement, est-ce qu'il y a eu des gros changements majeurs ?
09:32Moi, les gros changements que j'ai pu voir en 25 ans, c'est déjà qu'à l'époque,
09:37j'ai démarré plutôt avec des marchands d'art ancien, c'est-à-dire avec le mobilier
09:4218e, avec les tableaux anciens et qu'aujourd'hui, je dirais que ce marché-là, c'est quand
09:49même beaucoup de contractés avec une baisse de valeur et aujourd'hui, je dirais que la
09:54majeure partie de nos flux, comme je le disais un peu tout à l'heure, c'est l'art contemporain
09:57et moderne.
09:58Deuxième constat, quand j'ai démarré, c'était plutôt l'Europe, une certaine élite européenne
10:05et américaine qui achetait des œuvres.
10:07Aujourd'hui, le marché s'est totalement mondialisé et les moyens digitaux, effectivement,
10:12ont accéléré ce phénomène puisqu'aujourd'hui, tous les continents, en gros, alors à leur
10:17tour, on sait qu'aujourd'hui, la Chine, ça a beaucoup diminué, la Russie pour les
10:21raisons qu'on connaît aussi, ça reviendra d'une manière ou d'une autre alors que les
10:25États-Unis, suite à septembre 2001, les Américains bougeaient moins, ils achetaient
10:30moins et puis ils sont revenus en puissance depuis maintenant plusieurs années et du
10:35coup, tout ça se compense.
10:36Vous avez vraiment des acteurs internationaux ?
10:38On a des acteurs internationaux et surtout les clients de nos clients sont souvent très
10:43internationaux.
10:44Et j'imagine que vous avez engrangé tout un savoir-faire avec tous ces clients, est-ce
10:51que vous avez aussi une fonction de conseil que vous apportez peut-être à toutes les
10:56autres personnes privées que vous accompagnez ?
10:59Alors, là, je vous ai parlé d'un département dédié aux professionnels de l'art et nous
11:03avons au sein de la banque un autre département qui s'appelle tout simplement Neuflisart
11:09et qui lui consiste à effectivement conseiller nos clients au niveau privé à faire des
11:14inventaires et à les accompagner aussi à leur présenter lorsqu'ils recherchent une
11:20oeuvre d'art spécifique comme nous avons une clientèle chez nous fortunée et de gens
11:26qui collectionnent des oeuvres d'art, on les met en rapport s'il y en a un qui veut
11:30vendre et l'autre qui veut acheter.
11:31En général, on connaît bien nos clientèles et pour ceux qui achètent, on sait ce qu'ils
11:36cherchent.
11:37Et donc du conseil en acquisition aussi ?
11:38Alors en acquisition, on n'est pas advisor puisque ça c'est quand même un autre métier
11:43mais on peut les orienter, on peut leur donner des idées, notamment à la vente lorsqu'il
11:48s'agit que lorsque nous avons à gérer malheureusement beaucoup de successions, on les oriente sur
11:53les enchères, sur les ventes privées, on les entoure d'une manière générale et
11:59à ce titre-là, nous avons aussi un autre département d'ingénierie, évidemment patrimoniale,
12:03qui va les guider sur le plan des orientations juridiques et fiscales.
12:07Merci beaucoup Stéphane Matelamoro, je rappelle que vous êtes senior advisor au sein de la
12:12banque privée Neuflis OBC et vous êtes aussi expert du marché de l'art.
12:16Merci beaucoup d'avoir été avec nous et merci à vous tous et toutes de nous avoir
12:20suivis.
12:21C'était Arrêt Marché.