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Transcription
00:00Je prends l'avion en effet et je suis bel et bien écolo pourtant.
00:03Ma famille et mes racines sont en Inde.
00:07Je suis franco-indienne, je suis née en France
00:10et mes proches sont à plus de 8000 kilomètres de moi.
00:1375% des raisons pour lesquelles on prend l'avion,
00:17ce sont des raisons de loisir.
00:20Seulement 12% sont pour des raisons familiales.
00:23Dans ces 12%, il y a des personnes qui me ressemblent,
00:26qui, dû à l'histoire coloniale française,
00:29sont éloignées de leurs racines et de leurs proches.
00:33J'ai besoin de voir ma famille,
00:34j'ai besoin d'être connectée à mes racines,
00:37j'ai besoin de transmettre ma culture à mon enfant.
00:39Je prends souvent l'exemple de l'avion
00:42pour analyser ce que j'appelle les narrations dominantes.
00:46On voit les figures écolo du mouvement climat un peu mainstream
00:52qui imposent ce narratif d'arrêter de prendre l'avion
00:55sans comprendre des motivations qui peuvent être comme les miennes
01:00et qui sont liées à des enjeux de justice sociale.
01:03Le train reste plus élevé que l'avion.
01:06On n'a pas non plus tous le temps de faire 10-12 heures de train.
01:11En plus de l'enjeu d'aller voir sa famille,
01:13il faudrait peut-être questionner pourquoi les gens voyagent.
01:17Les gens voyagent parce qu'ils ne se sentent pas forcément bien
01:20là où ils sont aujourd'hui.
01:21Le voyage comme quelque chose à avoir pour être bien vu,
01:25comme marqueur social,
01:26pour s'extirper de nos problèmes, etc.
01:28Il y a même des trains qui disent
01:29« J'étais en dépression, je croyais que j'étais en dépression,
01:31mais non, en fait, c'est juste que je n'étais pas en train de voyager. »
01:34Les narrations de zéro déchet ou les narrations concernant l'avion
01:38sont très légitimes puisque mathématiquement,
01:40oui, c'est ça qu'il faudrait.
01:43De toute façon, la grande majorité des personnes
01:45conscientisent ou passent par un changement de comportement individuel.
01:49Ce sont des narrations qui font reposer sur l'individu
01:53toute la responsabilité d'un problème qui est systémique.
01:56Et pour moi, l'écologie ne peut être qu'écologique
01:59si il y a la justice sociale.
02:00L'écologie sans justice sociale, ça reste du jardinage.
02:03Et aujourd'hui, ce qu'on a dans le mouvement climat actuel mainstream,
02:08même s'il y a du progrès, ça reste un vaste jardilande.
02:11Les racines du dérèglement climatique,
02:14il y a trois mots-racines,
02:16des mots-racines MOTS, mais aussi MAUX,
02:19qui sont le capitalisme, le colonialisme et le patriarcat.
02:22D'une approche décoloniale, c'est de décentrer son regard,
02:26de ne plus rester dans un regard occidental, euro-centré.
02:30Et c'est ça qui permet aussi de créer de l'innovation.
02:33Si on parle de plastique, oui, qu'on voit en Asie ou en Amérique du Sud,
02:37on ne voit que la conséquence à chaque fois.
02:38C'est comme si on posait des petits pansements,
02:41mais qu'on ne comprend pas la maladie.
02:43C'est encore aujourd'hui les pays du Sud qui sont la poubelle de l'Occident,
02:48déverser nos déchets après qu'on ait consommé nos produits.
02:51C'est là qu'on produit aussi nos produits.
02:54Tout ce déséquilibre-là s'inscrit dans ce continuum colonial.
02:56En Kanakie, donc Nouvelle-Calédonie,
02:58ce qui se passe en Martinique, en Guadeloupe, en Guyane, etc.,
03:02en fait, ce sont des luttes justement les plus écologistes qu'il soit actuellement.
03:06Ce sont des populations qui vont lutter pour leurs terres.
03:09Donc forcément, quand on part de la racine du problème,
03:13on comprend que les solutions et les discours
03:16qui doivent être à la hauteur du défi climatique
03:19ne peuvent être qu'écologistes, féministes et antiracistes.

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