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Le calme avant la tempête Trump : le milliardaire américain sera investi lundi comme 47e président des Etats-Unis 

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00:00L'Europe et les Européens, qui s'inquiètent ? C'est le thème de cette émission à la veille du retour de Donald Trump
00:05dans la Maison-Blanche au bureau Oval demain.
00:07Et oui parce qu'il est loin le temps où nous, Européens, nous nous plaignons d'être laissés de côté par les Etats-Unis.
00:12Là au contraire, nous savons qu'à partir de demain, nous allons être dans l'œil du cyclone
00:16et à Bruxelles commence à souffler un vent, alors si ce n'est un vent de panique, mais disons au moins un vent de grande inquiétude
00:23comme nous le raconte sur place Valérie Astruc.
00:25On va souffrir, c'est un peu ce que répètent à bas bruit mes interlocuteurs ici à Bruxelles.
00:32Il y a deux mois pourtant, certains d'entre eux en privé souhaitaient même la victoire de Donald Trump pour provoquer un réveil, un sursaut de l'Europe.
00:40Mais aujourd'hui, pas de sursaut en vue, plutôt de la prudence, du calme pour ne pas énerver la bête avant qu'elle ne rugisse, comme me l'a dit un diplomate.
00:49Mais certains ici se demandent, qu'est-ce qui peut être sacrifié et qu'est-ce qu'il faut sauver ?
00:54À entendre la commission, ce qu'il faut à tout prix éviter, c'est une guerre commerciale.
00:59Et en contrepartie, Bruxelles s'est fait à l'idée que les États-Unis n'aideraient plus l'Ukraine et que ce serait aux Européens de prendre le relais.
01:08Autre éventuelle concession, sacrifier la souveraineté numérique européenne en évitant d'infliger des amendes aux géants américains de la tech.
01:16Mais certains ici plaident au contraire pour de la fermeté.
01:19Trump parle à ceux qui ont le pouvoir, pas à ceux qui sont gentils. Résume une source européenne.
01:25Alors l'Europe va souffrir, nous dit Valérie Astruc, et elle souffrira d'autant plus si elle ne sait pas se faire respecter par Donald Trump.
01:31Avec une question qui fait peur, Benjamin, l'Europe va-t-elle être exclue de la table des négociations sur la guerre en Ukraine, comme cela semble se profiler ?
01:39Ce qui est certain, c'est que si Donald Trump décide d'interrompre la livraison d'armes à l'Ukraine, l'Europe qui est pourtant, il faut le rappeler,
01:45un très gros fournisseur de matériel militaire et de munitions, fournisseur on va dire comparable aux Etats-Unis,
01:50eh bien l'Europe ne sera pas en mesure du jour au lendemain de remplacer Washington.
01:54Et le risque serait alors que Kiev soit obligé de capituler.
01:58Alors on n'en est pas là, mais comme Donald Trump est imprévisible, par définition, tout est possible.
02:03Tout est possible, François, c'est ce que vous nous dites.
02:05Audrey Vuetaz, justement, sur cette position de l'Ukraine, on a le sentiment que Donald Trump, sa position a un peu inflichi.
02:11En effet, pendant la campagne, je ne sais pas si vous vous en souvenez, mais il avait dit qu'il réglerait la guerre en 24 heures.
02:16Mais Donald Trump, il est habitué aux exagérations de campagne.
02:18Et là, il commence à dire que finalement, ce serait plutôt six mois.
02:21Son ministre pressenti aux affaires étrangères parle de 100 jours.
02:24En fait, il y a un principe de réalité, c'est que c'est très compliqué.
02:26Les positions de Moscou et de Kiev sont très antagonistes, quid des territoires, quid de la sécurité de l'Ukraine après,
02:33et puis de la sécurité aussi du continent européen.
02:36Donc, on le voit, il y a quand même un principe de réalité, même si Donald Trump, il y tient à l'arrêt de cette guerre,
02:42parce que ça en ferait un marqueur très fort de son second mandat.
02:46Donald Trump, qui est aussi un homme d'affaires, Alain Guimaule, il sait que s'il stoppe l'envoi d'armes à l'Ukraine,
02:50l'industrie de la défense américaine va perdre des dizaines, voire des centaines de milliards de dollars de chiffre d'affaires.
02:56Oui, tout à fait, ça peut être un argument qui pourrait le convaincre, effectivement, de continuer à soutenir l'Ukraine,
03:01parce que l'aide américaine à l'Ukraine, l'aide purement militaire, c'est 60 milliards d'euros,
03:08l'équivalent de 60 milliards d'euros sur 3 ans, donc, vous voyez, 20 milliards par an.
03:12Et puis, c'est une aide qui est largement produite dans des usines américaines qui sont dans des États qui ont voté républicains.
03:19Donc, évidemment, il y aurait intérêt à conserver ce flux.
03:23Maintenant, il y a d'autres arguments aussi qui peuvent convaincre les États-Unis de continuer à aider l'Ukraine.
03:29C'est que c'est difficile pour un nouveau président américain de commencer son mandat en affirmant que les États-Unis ne sont pas forts.
03:37Enfin, on sait que c'est un peu le leitmotiv de Donald Trump, de vouloir affirmer la position américaine est une Amérique forte.
03:44Et donc, envoyer tout de suite le signe que les États-Unis se montrent faibles face à Vladimir Poutine,
03:52c'est un signe qui serait très bien entendu par un tas d'autres leaders internationaux, y compris le président chinois, par exemple.
03:58Et face à Donald Trump, on va se poser la question du positionnement de l'Europe dans quelques instants.
04:02Avec vous, François Baudonnet, Alain Guimaule et Audrey Vieutas.
04:05Les informés de l'Europe, juste après le Fil Info à 9h50 avec Marie Maheu.
04:10Le nom des trois otages israéliens qui doivent être libérés aujourd'hui, publié par le Hamas.
04:15Il s'agit de trois femmes, trois civils. C'est ce qu'attendait l'État hébreu pour décréter la trêve.
04:20Elle n'est toujours pas en vigueur. En parallèle, ce cessez-le-feu fait chuter la coalition israélienne,
04:25le parti d'extrême droite d'Itamar Ben Gvir, qui quitte le gouvernement.
04:30TikTok, désormais inaccessible aux Américains. Le gouvernement l'a interdit à partir de ce matin.
04:36Résultat, un message s'affiche à l'ouverture de l'application.
04:39Vous ne pouvez plus utiliser TikTok pour le moment aux États-Unis.
04:42Message qui précise que Donald Trump travaillera à une solution, une fois à la Maison-Blanche.
04:48En football, le PSG consolide un peu plus sa place au sommet de la Ligue 1.
04:52Un vainqueur de l'An 11-2-1 hier. Quatre matchs à suivre aujourd'hui, et notamment Marseille-Strasbourg.
04:57Coup d'envoi 20h45.
05:12La suite des informés de l'Europe avec Audrey Vuetaz de Public Sénat,
05:16Alain Guimol du journal La Croix, tous les deux journalistes.
05:18On s'intéresse ce matin aux dossiers qui vont pousser l'Europe à dialoguer avec Donald Trump.
05:22Trump qui arrive demain à la Maison-Blanche.
05:24François Bodonnet, on évoquait à l'instant la position face à l'Ukraine.
05:27Dans le cadre de négociations de paix, quelle pourrait être la position de l'Europe ?
05:31C'est toute la question. Je crois d'abord qu'il y a deux étapes.
05:33La première étape, c'est la fin des hostilités, des négociations autour de la fin des hostilités.
05:39Là, il est fort possible que l'Europe soit exclue.
05:42Et ça pourrait se jouer directement entre Donald Trump et Vladimir Poutine sans l'Europe.
05:47C'est d'ailleurs, on va dire, un peu le cauchemar de l'Europe.
05:50Et peut-être même, ça peut paraître étonnant, mais ça peut aussi se jouer carrément sans l'Ukraine.
05:54C'est d'ailleurs pour ça que Vladimir Zelensky, si vous l'avez remarqué depuis quelques temps,
05:59il se montre étonnamment positif et on va dire prudent vis-à-vis de Donald Trump.
06:04Et puis la deuxième étape, c'est l'après la fin des hostilités.
06:08Là, rien n'est décidé, mais l'Europe dans le cadre de l'OTAN pourrait déployer en Ukraine
06:14une force d'interposition de plusieurs dizaines de milliers de soldats.
06:18Alors, non pas pour se battre, comme ça avait été évoqué à un moment,
06:22mais pour être une garantie de sécurité pour Kiev.
06:24Seule certitude, Donald Trump ne veut pas envoyer des soldats américains pour faire ça.
06:29Et puis enfin, en termes de calendrier, selon des officiels américains,
06:33les choses pourraient évoluer vite, dans les 100 premiers jours du mandat de Donald Trump,
06:37ça veut dire avant le printemps.
06:38– Alors voilà pour l'Ukraine, mais autre sujet d'inquiétude que l'on a d'ailleurs évoqué ici,
06:42il y a quelques temps, la semaine dernière d'ailleurs,
06:45c'est le Groenland, Audrey Vuittaz, que Trump veut annexer.
06:48Depuis d'ailleurs, depuis la semaine dernière, les choses ont empiré.
06:51– Oui, le Danemark pensait que c'était encore une exagération de Donald Trump
06:55juste avant son investiture, et puis finalement non,
06:58il y a eu un échange téléphonique entre Donald Trump et le gouvernement danois,
07:02et en fait ils ne sont pas du tout rassurés, au contraire Donald Trump,
07:05s'il n'obtient pas finalement le Groenland, il promet un chantage commercial
07:10en augmentant drastiquement les droits de douane sur les exportations danoises.
07:13Les Etats-Unis, c'est le premier marché d'exportation du Danemark,
07:16donc il y a eu une réunion d'urgence entre le Danemark et les entreprises danoises,
07:20voilà pour les prévenir, je pense qu'ils seront suspendus demain
07:23au discours d'investiture de Donald Trump, savoir si le Groenland est évoqué ou non.
07:26– Et c'est vrai Alain Guimauld, qu'il y a eu de l'abord de la sidération,
07:29voire de l'incrédulité, les Européens prennent ce dossier un peu plus au sérieux désormais.
07:34– Oui, je crois qu'ils sont en train de réaliser qu'en fait, ils n'ont pas les clés,
07:38ils ont peut-être été floués par un pays qui est pourtant leur allié,
07:43parce que le statut du Groenland, c'est un statut de large autonomie par rapport au Danemark,
07:50il aurait tout à fait les moyens demain de faire un référendum d'autodétermination,
07:54et d'ailleurs le Premier ministre a l'intention de le faire,
07:57et donc peut-être que les Européens ont déjà perdu le Groenland,
08:01les Etats-Unis pourraient demain profiter de cette nouvelle indépendance
08:05pour offrir un accord d'association, installer, enfin ils ont déjà une base militaire,
08:09mais renforcer leur base militaire, offrir en compensation, des compensations financières,
08:15un peu à la manière dont les Etats-Unis ont un accord un peu semblable avec la Micronésie par exemple,
08:21on a interviewé une chercheuse cette semaine dans La Croix qui nous expliquait ça,
08:27et donc le Groenland pourrait comme ça devenir une forme de protectorat des Etats-Unis,
08:32et les Danois découvrent qu'en fait ils n'ont plus les clés,
08:36et que le fait de ne pas avoir eux-mêmes assuré leur propre défense,
08:39eh bien ça fait qu'ils se retrouvent en position de faiblesse,
08:42donc c'est peut-être une leçon pour l'avenir pour les Européens,
08:45il faut s'occuper des questions de défense, sinon la nature a horreur du vide,
08:49et d'autres pays peuvent nous remplacer.
08:53L'Union Européenne qui s'inquiète aussi d'un autre dossier en ce moment,
08:58François Bodonnet qui commence à se réveiller sur les propos d'Elon Musk,
09:01ses positionnements aussi avec son réseau social X.
09:05Oui, vous savez qu'une enquête avait été ouverte par l'Union Européenne en décembre 2023,
09:11une enquête sur X, pour voir justement si X respectait les nouvelles règles européennes en matière du numérique,
09:19et là hier on a appris que la Commission Européenne, puisque c'est elle qui mène cette enquête,
09:25avait durci d'une certaine façon les conditions de cette enquête,
09:29et maintenant elle essaye de voir si l'algorithme de X, c'est dur à dire,
09:37ne met pas en avant les positions d'Elon Musk.
09:43C'est quand même extrêmement gentil comme position,
09:46parce que si vous regardez, il suffit d'aller sur Twitter,
09:48et vous voyez qu'en permanence on vous propose, je l'ai fait moi par exemple,
09:52même si on bloque Elon Musk, ce que j'ai fait par exemple sur mon compte,
09:56il apparaît en fait quand même sans cesse.
09:58Donc clairement l'algorithme met en avant des positions d'Elon Musk,
10:02et on va dire globalement des positions quand même très liées à l'extrême droite.
10:06Donc là en fait, pour ne pas faire rugir la bête américaine comme le disait tout à l'heure Valérie Astruc,
10:12il y a une grande prudence de la part de l'Union Européenne sur ce dossier X,
10:17mais en fait, l'Europe a tout à fait les moyens, si elle le voulait,
10:20elle pourrait tout à fait punir et donner une amende à Elon Musk et à X.
10:25Oui, ça pourrait passer Audrey Béthaz par des amendes,
10:28la Commission Européenne a les moyens d'intervenir là-dessus ?
10:31Oui, parce qu'en 2022 l'Europe a voté un texte très important,
10:34c'est le Digital Services Act, et en fait c'est un moyen d'encadrer finalement
10:39les plateformes, les réseaux sociaux, les gars-femmes.
10:41Plus une plateforme est grande et plus elle a des devoirs.
10:45Et ces devoirs en fait ils sont assez simples, c'est on ne fait pas en ligne ce qu'on ne fait pas dans la réalité.
10:49Donc sur le racisme, sur l'antisémitisme, sur les violences de mort, ça il faut s'en emparer.
10:55S'en emparer ça veut dire quoi ?
10:56Ça veut dire tout simplement laisser aux utilisateurs la possibilité d'alerter s'ils voient un contenu
11:01et supprimer très rapidement ce contenu.
11:04Alors si ces plateformes ne respectent pas ces règles, sur le papier ça peut aller jusqu'à une amende de 6%
11:10du chiffre d'affaires, c'est pas rien, voire même, si ça va plus loin, s'il y a des récidives,
11:14l'interdiction du réseau social dans l'Union Européenne.
11:17Et puis juste un petit mot parce qu'en fait il y a beaucoup de gens qui disent
11:20ah oui mais l'Europe ne sait qu'interdire, fixer des règles, etc.
11:23Regardez ce qu'il se passe aux Etats-Unis avec TikTok.
11:26Depuis ce matin il est suspendu ce réseau.
11:28Donc il n'y a pas que l'Europe et aux Etats-Unis ça ne leur pose absolument aucun problème d'interdire et de bannir.
11:34Même si là Donald Trump estime aussi qu'il pourrait laisser un sursis à TikTok dans les prochains jours.
11:39Et il y a toujours ce mouvement qui est lancé demain avec l'arrivée d'Elon Musk à la Maison Blanche
11:42en même temps que Donald Trump faut-il ou non quitter Twitter.
11:44X, ce sera à suivre.
11:46Un dernier mot très rapidement Alain Guimaul parce que parmi les risques qui existent pour l'Europe
11:50il y a celui d'une guerre commerciale avec les Etats-Unis.
11:53Oui c'est même le risque principal en fait.
11:55Depuis le début on sait que Donald Trump, lui, il est obsédé par les questions commerciales
12:00et il veut faire du chiffre.
12:02Et donc il veut pouvoir montrer que l'Amérique gagne de l'argent dans son commerce
12:07et voilà il ne supporte pas le déficit commercial qu'il a avec les Européens.
12:11Et donc effectivement il est très décidé à introduire des tacts là-dessus.
12:15Alors ce sera la commission européenne qui est maîtresse sur ce dossier de réagir
12:21et ce sera un vrai test pour les Européens.
12:23À suivre. Merci beaucoup Alain Guimaul.
12:25Invité désinformé de l'Europe ce matin.
12:28Journaliste à la Croix de Revuetaz.
12:30On vous retrouve vous sur Public Sénat dans le podcast Traits d'Union.
12:33Merci à vous François Bonnet d'avoir co-animé ces informés.
12:37Une précision puisqu'on parlait au début de cette émission de la situation au Proche-Orient
12:42avec la liste des otages israéliens remises par le Hamas au médiateur.
12:47Eh bien on apprend à l'instant que la trêve va pouvoir démarrer
12:51après la remise de cette liste d'otages.
12:53L'info continue sur France Info.

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