• il y a 19 heures
Interview ou reportage d'une émission cinéma produite par CANAL+ autour d'un film disponible sur CANAL+ ou sortant en salles, un événement ou une actualité du 7ème Art
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Transcription
00:00Je vous remercie d'ailleurs de m'avoir donné rendez-vous ici parce que je sais que vous êtes très amateur de photos, c'est ça ?
00:04C'est ça, et vous aussi.
00:05Vous auriez pu être amateur d'andouilles, se retrouver dans une charcuterie.
00:08C'est ça.
00:09Ça aurait été moins bien.
00:10Pourquoi vous vous êtes mis à la photo ? Qu'est-ce qui vous plaît là-dedans ?
00:13Capturer le moment.
00:14Je pense que depuis tout petit, il y a le rapport au film aussi, à l'artistique, mais surtout au cinéma, de capturer l'instant.
00:20Et je pense que ça se matérialisait, quand j'étais petit, c'était plus facile par la photo, et puis j'ai gardé ça.
00:25Vous avez posé ici, je sais qu'il y a une photo de vous.
00:28Oui, il y a ma photo là-bas, oui.
00:30Vous aimez poser, est-ce que vous faites une différence entre la pose photographique et la forme de pose en mouvement du cinéma ?
00:37Le cinéma est plus facile parce qu'il y a un truc où on joue un personnage, mais il y a un truc plus naturel.
00:42À la photo, souvent, on nous demande de prendre des postures et c'est pas évident, parce que j'ai l'impression vraiment de faire un truc très très gros.
00:50Je me dis, c'est tellement pas naturel, c'est n'importe quoi.
00:52Il y en a qui le font très bien, dans des poses pas du tout naturelles, et ça rend bien.
00:56Moi, on se demande vraiment ce que je fais là.
00:58Alors, il y a posé, et puis il y a donné des interviews, autre forme d'exercice.
01:02Vous avez parlé de vous en parlant du film, je vous le dis tout de suite.
01:04Bien sûr.
01:05C'est un film qui s'appelle donc Le Dossier Maldoror.
01:09Alors moi, ma première réaction quand je vois Maldoror, Maldoror pour moi, c'est les champs de Maldoror.
01:13Oui, de l'Autréamon.
01:14Voilà, ici, en tout cas, c'est le conte de l'Autréamon, un texte du 19ème qui a fasciné les surréalistes et qui est une plongée dans le mal, dans le mal absolu.
01:25Les plongères, ça correspond, j'imagine, c'est pour ça qu'ils ont choisi ce titre ?
01:29En fait, l'opération s'appelait l'opération Otello, qui était une opération de surveillance exclusivement au début.
01:35Et donc, Fabrice voulait une référence littéraire, et puis ça s'est arrêté sur Maldoror, pour les raisons que vous venez d'expliquer.
01:42Donc, le film se déroule en 95, ça se passe en Belgique.
01:47Ça se passe à Charleroi, là où a grandi Dutroux, et là où sa maison est encore aujourd'hui.
01:52Ils ont gardé que les caves aujourd'hui comme lieu de recueillement, mais effectivement, tout se passe là-bas.
01:57Ça raconte des événements traumatisants. J'imagine qu'on sort pas tout à fait intact d'une histoire comme ça, d'une plongée.
02:04On parlait de la plongée de l'Autréamon, là. On y va, là.
02:07Oui, oui, c'est sûr. C'est sûr. En fait, c'est un scandale d'État, quoi. C'est pas un fait divers.
02:11Donc, il y a toute une nation qui est concernée par ça.
02:15Moi, j'ai essayé de prendre du recul et de la distance par rapport à ça. Je me suis dit sinon, je vais pas m'en sortir.
02:20Oui, parce que vous disiez aussi qu'il y a des films dont vous sortez tout à fait... Voilà, ça se termine et...
02:24Ah bah, par exemple, Chien de la Casse, c'était plus facile pour sortir.
02:28Chien de la Casse, c'était le précédent. Mais là, celui-là, vous avez laissé quelques plumes, comme on dit ?
02:32Alors, je me suis vraiment protégée en amont. En fait, c'est la première fois que je fais ce travail en prépa de me dire de préparer la sortie.
02:39Ça m'est jamais arrivé, ne serait-ce que de le conscientiser. Mais là, je me suis dit bon, il va y avoir un début, un milieu et aussi une fin.
02:46Et la fin, il faudra aussi retrouver la vie normale. Donc, j'avais préparé un peu ce truc-là.
02:50Moi, je suis assez stupéfait par votre métamorphose physique dans le film.
02:54C'est-à-dire que quand vous démarrez, vous êtes ce jeune gendarme, plein d'illusions, plein de fougue.
03:01Et puis, au fur et à mesure que vous traversez cette histoire, je vous vois, vous...
03:05Oui, le personnage est marqué par ce qu'il vit, en fait. Et un des challenges pour moi, c'était de marquer le temps à l'image.
03:11Donc, Paul Chartier commence enfant et il termine complètement adulte et traumatisé, donc vraiment marqué.
03:17Et un des challenges pour moi, un des grands défis, c'était de rendre justice à cette transformation.
03:25Vous pouvez me montrer le garage, madame ?
03:27J'avais dit, moi, à chaque fois que je dois jouer des scènes où je pleure, où je suis dans une émotion intense, je dors pas les 3 jours qui précèdent.
03:37Vous avez dit ça ?
03:38Oui, oui.
03:38C'est-à-dire que vous avez fini le film avec un gros déficit de sommeil ?
03:42Un petit peu.
03:43Oui ?
03:44Un petit peu. Non, mais en fait, j'ai pas peur de la scène en elle-même.
03:48J'ai pas peur de pas trouver les larmes, j'ai pas peur de trouver la rage ou la colère ou...
03:53Ouais, souvent les larmes. J'ai peur de ce qui vient après.
03:57J'ai peur du moment où on dit, bon, c'est bon, fin de tournage, merci à tous, rentrez chez vous, et que là, on est tout seul dans la chambre d'hôtel.
04:03Parce que moi, si je viens remuer la merde, après, couper, couper, couper, le soir à l'hôtel...
04:09Et alors, comment vous faites dans ces cas-là ?
04:12J'ai la chance d'être bien entouré, d'avoir des proches que j'aime fort et d'avoir des occupations.
04:18Je fais un peu de photos.
04:19Anthony, depuis vos débuts, il y a une dizaine d'années, on vous a vu dans des rôles très différents.
04:24Vous avez vu dans la vie monacale d'un ex-toxicomane.
04:27Ça, c'était dans La prière, ours d'argent à Berlin, d'ailleurs.
04:32Je dis bravo, monsieur.
04:34Dans une famille d'agriculteurs, au bout du rouleau dans Au nom de la Terre.
04:39On vous a vu en ado lycanthrope dans le film des frères Boukerma, dans Teddy.
04:43Et puis en jeune adulte désœuvré dans les célèbres Chiens de la Casse, qu'on évoquait il y a quelques instants.
04:49S'il y a un lien entre tous ces rôles, ça serait lequel ?
04:53En dehors du fait que vous avez accepté de déjouer, bien sûr.
04:56Non, non, c'est l'idée qu'on n'est pas encore passé à l'âge adulte.
05:00Parce que pour la plupart, c'est vrai que c'est les dernières marques de l'enfance.
05:04C'est les derniers moments avant de quitter définitivement à l'enfance.
05:07Et donc, effectivement, le point commun entre tout ça, c'est marquer l'enfance systématiquement
05:12avec des sensibilités différentes, des caractères, des décors différents, des costumes différents et des vies différentes.
05:17Mais c'est de marquer une période, en tout cas.
05:20D'où la barbe ?
05:21Bah oui.
05:22Vous croyez que ça suffit ?
05:24Bah, je me démerde comme je peux, Antoine.
05:25Chacun fait ce qu'il peut.
05:27Non, mais c'est quelque chose de tellement enfantin encore.
05:29Mais oui, mais comme je ne fume pas, je ne bois pas, j'essaie de me coucher tôt.
05:32Je rentre seulement dans le showbiz alors.
05:34Ça va venir, ne vous inquiétez pas.
05:35J'y crois.

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