La natalité en France continue de chuter, avec une baisse de 2,2% l'année dernière, et 21% depuis 2010. Le solde naturel pourrait devenir négatif d'ici 2027, un phénomène inédit depuis la fin de la Secondes Guerre mondiale.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Le choix d'Amélie Rosig ce soir. Nouveau record de baisse des naissances l'année dernière, on en a parlé dans le journal, on y revient ici.
00:05Les chiffres de l'INSEE sont tombés. La question que vous posez, Amélie, est très simple. Où est le fameux réarmement démographique dont nous parlait Emmanuel Macron ?
00:14Absolument, ce n'est pas mon expression, c'est l'expression du président de la République. Et c'était il y a quasiment un an, jour pour jour.
00:21On était le 16 janvier 2024. Écoutez.
00:26Un grand plan de lutte contre ce fléau sera engagé pour permettre, justement, ce réarmement démographique.
00:32Le réarmement démographique de l'INSEE nous le dit, on en est très très loin. C'est-à-dire que la natalité ne cesse de baisser, en fait, depuis 2010, de manière continue, et donc depuis 14 ans.
00:48Je le précise quand même, il y a eu un tout petit pic. C'était en 2021. Vous savez pourquoi ?
00:51Après le Covid ?
00:52Exactement.
00:53On a eu un peu de temps.
00:55On a eu un petit peu de temps pour faire des bébés.
00:57Pendant les confinements.
00:58Ça donne quoi en 2024 ? 663 000 naissances, 663 000 bébés, c'est moins 2,2% par rapport à 2023. Donc c'est peu et c'est de moins en moins, certes.
01:12Mais je ne sais pas si vous connaissez cette expression qui m'est chère. Quand on se regarde, on se désole. Quand on se compare, on se console.
01:18Alors, il est quand même important de rappeler que malgré tout ça, nous restons les champions d'Europe de la natalité, même si elle continue à baisser.
01:27Je donne un petit exemple. Donc on est premier. Derrière nous, juste derrière nous, il y a par exemple la Roumanie et la Bulgarie.
01:34Mais surtout, on est très loin devant l'Allemagne, par exemple, qui est dans la moyenne européenne, et très très loin devant les pays du Sud, en particulier l'Espagne et l'Italie, par exemple.
01:43Je sais bien que vous voulez vous consoler, mais quand même, pourquoi est-ce qu'on fait de moins en moins de bébés en France ?
01:48Eh bien, vous n'allez pas aimer la réponse, mais en fait, personne n'a la réponse. Et ce n'est pas moi qui le dis. J'ai interrogé démographes, économistes, statisticiens, et ils sont très clairs.
01:57Il n'y a pas une réponse. Il y a en fait des pistes de réponse, tout simplement parce qu'il y a un démographe qui me disait cette phrase.
02:03Ce n'est pas le gouvernement qui décide si on a des enfants ou non. Voilà, ça paraît évident, mais c'est tout de même vrai.
02:10Alors, qu'est-ce qu'on a fait ? On est allé vous poser la question à vous directement. Pourquoi vous ne faites plus d'enfants ? Écoutez.
02:16La vie de tous les jours a changé. Ça augmente. Enfin les prix augmentent. Je pense que l'âge moyen aussi d'avoir un enfant augmente parce que les études sont plus longues.
02:27Le marché du travail est très rempli. Donc forcément, on a moins d'économie de côté pour gérer des enfants.
02:32C'est dû peut-être à la vie chère, à la malvie, à le peu d'espoir en avenir, que sais-je.
02:39On a tout de même une situation géopolitique pas rassurante. On a tout de même une situation climatique pas rassurante et une situation économique à peu près correcte.
02:44Mais moi, je serais à leur place, je serais inquiet.
02:46Oui, non, je ne t'ai plus.
02:48Oui, ça fait beaucoup quand même. Et alors à ça s'ajoute aussi la question de l'infertilité. Emmanuel Macron avait promis un grand plan de lutte contre l'infertilité.
02:55Là non plus, on n'y est pas. Il y a aussi le mouvement No Kids qui nous vient plutôt des pays anglo-saxons, c'est-à-dire l'angoisse écologique qui fait qu'on ne fait plus d'enfants,
03:04ou Child Free sans enfants. Mais pour comprendre un peu mieux, si on prend de la hauteur et que cette fois-ci, on ne se contente pas de regarder en Europe,
03:14mais qu'on regarde un petit peu partout dans le monde, on se rend compte qu'il y a peut-être une explication. C'est dans les pays où l'égalité homme-femme est la plus franche qu'on fait le plus de bébés.
03:25Les pays où les femmes et les couples ont le plus d'enfants aujourd'hui dans le monde parmi les pays avancés, c'est les pays où les inégalités entre hommes et femmes sont les plus faibles.
03:38Les femmes arrivent mieux qu'ailleurs à concilier le travail et la famille, grâce parfois à des aides de l'État, à des politiques familiales, mais surtout parce qu'il y a plus d'égalité entre hommes et femmes, que ce soit au travail ou à la maison.
03:59Et alors je confirme, c'est moi qui ai dû m'arrêter quand j'ai eu mon enfant. Voilà, ça s'est fait.
04:03Commentaire d'Elsa Vidal aussi.
04:05Oui, je pense à beaucoup de choses, mais par exemple en Russie, cette thèse s'applique complètement.
04:09La Russie a un taux de natalité extrêmement bas, 1,42, un enfant 1,42 par femme, ce qui amène Vladimir Poutine à parler de démographie absolument en permanence.
04:20Et surtout, ça veut dire que d'ici 20 ans, la Russie aura retrouvé un niveau de peuplement du 19e siècle.
04:25Et c'est extrêmement angoissant pour la plupart de ses dirigeants.
04:28Et c'est un pays extrêmement genré où les femmes ne sont pas aidées, justement, dans la prise en charge de cette double vie qu'elles doivent assumer.
04:36Exactement. Et je rebondis juste.
04:38Si on regarde juste l'hexagone et qu'on compare entre aujourd'hui, on est à 1,59 enfants par femme.
04:45Si on le compare pour trouver ce même chiffre, il faut remonter à 1919.
04:50Donc quand même, juste après la Première Guerre mondiale, Charles Péguy disait l'aventurier moderne, c'est le père de famille.
04:58Les bébés d'aujourd'hui, c'est les actifs de demain.
05:00Ceux qui vont cotiser, contre la génération précédente, la nôtre, sera la retraite.
05:05Si on a de moins en moins de cotisants, comment on va payer les retraites ?
05:08Il y a deux solutions.
05:09Soit on dit tout de suite, allez, on se met à la capitalisation, on n'est pas pour payer nous-mêmes notre future retraite.
05:14Soit c'est l'immigration.
05:14Exactement. Je reviens aussi sur une promesse d'Emmanuel Macron.
05:17C'était, souvenez-vous, le congé de naissance.
05:20Ce congé de naissance, il a été promis il y a un an quand même.
05:22Alors c'était quoi, ce congé de naissance ?
05:24Il devait remplacer, non pas le congé maternité-paternité, il devait remplacer le congé parental.
05:28C'était trois mois pour les mères, trois mois pour les pères, parfaite égalité,
05:3250% de maintien de salaire avec un plafond à 1900 euros.
05:35Ça, c'était pas dans le PLFSS de post-dissolution.
05:40À ce stade, peut-être qu'il y a des discussions, mais en tout cas, plus personne n'en parle.
05:46Résultat, on reste à la situation actuelle, à savoir un congé parental, vous allez le voir,
05:51qui est hautement inégalitaire, puisque ce sont en majorité des femmes qui le prennent,
05:55en très grande majorité, 14% contre 0,9 pour les pères, donc c'est quand même vraiment beaucoup.
06:00Et puis ce congé, je le rappelle, il est rémunéré, disons, par la CAF à 429 euros par mois.
06:06Donc évidemment, ça reste compliqué, on ne fait plus de bébés, ou en tout cas pas suffisamment.
06:10Évidemment.
06:11Plutôt que rémunérer les congés quand on a des enfants,
06:13est-ce qu'on ne devrait pas repartir avec ce qu'il y avait avant ?
06:15C'est une carotte fiscale beaucoup plus intéressante pour les parents,
06:19ce qui leur permettra de sécuriser le logement, l'éducation.
06:22Mais pour ça, il faut pouvoir proposer des gardes d'enfants dès le plus jeune âge.
06:25Il y a Elsa qui veut encore réagir, Elsa.
06:27Décidément, ça devient une habitude.
06:29Au-delà, je pense qu'il y a effectivement la question de l'encadrement un peu social et économique des naissances,
06:34mais je pense qu'il y a aussi des aspirations qui changent.
06:37Si moi, je fais le constat de plusieurs générations de femmes dans ma famille,
06:40j'ai eu une grand-mère qui a eu quand même 14 enfants, ma mère a eu 3 enfants,
06:45et moi, j'ai fait le choix de ne pas en avoir pour pouvoir m'épanouir dans d'autres secteurs.
06:49Et puis, ça ne m'empêche pas d'avoir une vie familiale, d'être une tante ou d'être une belle-maman impliquée.
06:55Je pense que ça peut aussi relever d'un choix qui n'est pas toujours une idéologie.
06:59Il y a les « child free » pour l'écologie,
07:01mais parfois, il y a aussi le choix de se consacrer à sa vie et d'être impliquée dans sa famille,
07:05notamment que parent.
07:06C'est vrai Elsa, mais je finis quand même là-dessus.
07:08En majorité, les gens continuent d'avoir envie de faire des enfants.
07:13Ça, c'est les chiffres qui le disent.
07:14Donc, si in fine, ils n'en font pas, c'est bien qu'il y a des freins quelque part.
07:18Il faut comprendre pourquoi il y a cette fracture-là, effectivement.