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Pour le format "Face A" de Purecharts, Zazie raconte l'histoire de son tube "Je suis un homme".

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Musique
Transcription
00:00De fil en aiguille, j'ai déroulé le propos en m'incluant dedans,
00:04en disant « je suis le roi des cons », ce qui était la moindre des choses.
00:06Pour questionner une société, il est bon de se rappeler qu'on fait partie de cette société.
00:16On vient du succès de l'album « Rodeo »,
00:19que j'ai fait avec mes deux concompères,
00:21Jean-Pierre Pilot au clavier et Philippe Paradis à la guitare.
00:24Donc, je reprends mes petits camarades et je leur propose la chose suivante.
00:27Toi, t'as droit à une guitare,
00:29toi, t'as droit à un CP-70,
00:31c'est un vieux piano marrant, acoustique, mais qui peut aussi être un peu électrique.
00:35Moi, j'ai droit qu'à mon CP-70 aussi.
00:37Et on prend une boîte à rythme qui fait 2 cm sur 3.
00:40Un micro, 3 câbles et c'est terminé.
00:42Mon label m'a loué une petite maison à Dinard,
00:46en Cayenne, parce qu'il n'y avait pas de chauffage, ils avaient juste oublié de nous le dire ça.
00:48Sur toutes les chansons, on entend vaguement le feu parce qu'on avait froid.
00:52On a fait près de 20 titres, un peu moins, en une semaine.
00:56Moi, j'avais cette petite mélodie qui faisait...
01:00J'avais ça.
01:00Donc, je leur propose avec mes deux doigts,
01:02parce que je suis mauvaise instrumentiste, mais suffisamment pour pouvoir composer.
01:05Et puis, un truc un peu irlandais comme ça.
01:08J'adore la culture celte.
01:09Jean-Pierre se met à faire le truc du refrain.
01:13On l'a fait presque en live, on a enregistré en live.
01:15On a fait entrer d'autres copains dans la place.
01:18David Salquin à la batterie, Nicolas Fisman à la basse,
01:22qui nous a changé un accord dans le refrain, on s'est dit...
01:25Il est beau, on le garde.
01:26Là, on avait une notion.
01:28Moi, j'avais conscience d'avoir quelque chose qui me tenait vraiment à cœur
01:32parce qu'elle me ressemblait beaucoup.
01:33Après, le texte a été compliqué à faire parce que j'avais charge de trois âmes.
01:38La mienne et celle de mes co-compositeurs de copains.
01:40Je voulais être à la hauteur de trois personnes.
01:43C'était compliqué.
01:43Déjà, j'avais du mal à être à la hauteur de moi de temps en temps.
01:45Au début, j'ai fait une chanson.
01:46Je savais que je voulais faire une chanson tournant rond.
01:49Je l'ai trouvé assez vite.
01:50Tournant rond, tournant rond.
01:51Sauf qu'au début, c'était...
01:53J'accusais la société.
01:54Mais quel imbécile suis-je ?
01:56Je suis dans la même société.
01:58Je tourne autant en rond que les autres.
02:00D'où l'idée de mettre « je ».
02:01Et puis, de fil en aiguille, j'ai déroulé le propos en m'incluant dedans,
02:06en disant « je suis le roi des cons », ce qui était la moindre des choses.
02:08Pour questionner une société, il est bon de se rappeler qu'on fait partie de cette société.
02:12Avec l'émotion qu'allait procurer cette chanson,
02:14peut-être que ce ne serait pas palpable vraiment au niveau du sens,
02:17mais que la sensation...
02:18Il y aurait quand même un peu de tristesse qui se dégageait,
02:21un peu de nostalgie, un peu de mélancolie.
02:23Parce que ça parlait aussi d'écologie, c'était ça.
02:25Ça parlait de surconsommation et d'écologie.
02:26Parce que voilà, on n'est pas propriétaire de cet endroit,
02:29c'est notre habitat et on doit le partager avec tout le vivant.
02:32C'était du boulot.
02:33J'ai fait exprès d'accentuer tous les traits de la consommation.
02:36C'était pour insister sur le côté un peu vertigineux,
02:41voire un peu angoissant du sujet que je voulais défendre.
02:43Est-ce que j'ai hésité à mettre « le roi des cons » ?
02:45Je n'ai pas hésité deux secondes.
02:47Ce n'est pas pour moi une insulte.
02:49C'est juste le roi des abrutis, le roi des imbéciles.
02:52Surtout, il y en a un qui l'a fait très bien avant,
02:54je crois qu'il s'appelait Brassens.
02:56Là, je parlerais d'intuition.
02:58Je l'ai eu, je dirais, de manière très précise, deux fois.
03:02C'est pour « Je suis un homme » et pour Speed.
03:04Parce qu'elle me faisait du bien.
03:05Plus on la faisait, et moins on s'en lassait.
03:07Si elle nous fait cet effet-là à tous ceux qui l'ont fait,
03:10c'est déjà bon signe.
03:11Le paradoxe qu'il y a entre ça et le texte qui pose beaucoup de questions,
03:15je pense que les gens l'ont bien aimé et c'est tant mieux.
03:18Celle-là, par exemple, c'est très rare quand je la customise sur scène.
03:21J'aime bien la faire telle qu'elle.
03:22Je ne me lasse toujours pas de cet arrangement.
03:25Et puis, c'est une manière aussi de remercier les gens clairement
03:27de l'avoir aussi accompagnée.
03:29Il n'y a aucune explication au fait qu'elle soit devenue un peu un standard.
03:33Peut-être que le propos, malheureusement, est toujours d'actualité.
03:36C'est peut-être la première chose.
03:37La deuxième chose, c'est qu'on n'a pas cherché à faire une chanson à la mode.
03:40Une espèce d'ADN de base où on ne s'est pas posé plus de questions
03:43que de se laisser aller, quoi.
03:45Peut-être que c'est ça, la recette idéale, en fait.
03:47Ne pas suivre la mode.
03:51Sous-titrage Société Radio-Canada

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