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Mayotte, réforme des retraites, budget... Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée nationale, est l'invitée de Questions politiques.
Retrouvez « Questions Politiques » tous les dimanches à midi sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/questions-politiques

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Transcription
00:00Bonjour, ravie de vous retrouver dans Questions politiques, l'émission politique du dimanche
00:13sur France Inter, diffusée également sur France Info, la télé et en partenariat
00:18avec le journal Le Monde.
00:19C'est un dimanche chargé pour le Premier ministre François Bayrou qui est en train
00:24de peaufiner sa DPG, sa Déclaration de Politique Générale.
00:28Ce sera mardi dans deux jours à l'Assemblée et il doit continuer à négocier, négocier
00:34un gel, une suspension, une abrogation de la réforme des retraites pour trouver un
00:38accord de non-censure avec les députés socialistes pour espérer en échange un peu plus de stabilité
00:45politique.
00:46Journée importante donc, semaine déterminante.
00:50François Bayrou réussira-t-il à stopper la dynamique des censeurs de l'extrême gauche
00:56à l'extrême droite ?
00:57Donnera-t-il un espace politique à la gauche et à la droite classique ?
01:00On en parle avec notre invitée, la Présidente de l'Assemblée Nationale, Yael Bournepivet.
01:06Elle est ce dimanche dans Question Politique, en direct et jusqu'à 13h.
01:10Question Politique.
01:14Karine Bécard sur France Inter.
01:18Bonjour Yael Bournepivet.
01:19Bonjour.
01:20Merci d'avoir accepté notre invitation à mes côtés pour vous interviewer l'équipe
01:23de choc, Nathalie Saint-Cricq de France Télévisions.
01:26Bonjour Nathalie.
01:27Bonjour.
01:28Bonjour à toutes.
01:29Et bonjour à Françoise Fressos du journal Le Monde.
01:30Bonjour à toutes et tous.
01:32On démarre avec les images de la semaine.
01:35Quelles sont les photos qui vous ont marquées dans l'actualité ?
01:38Yael Bournepivet, qu'est-ce qui vous a frappé vous en particulier ?
01:41Alors moi j'ai choisi une photo de Mark Zuckerberg qui a annoncé qu'il mettait fin à une certaine
01:50modération et au fast-checking sur Facebook et à la modération.
01:55Je trouve ça extrêmement inquiétant quand on sait l'importance que prennent aujourd'hui
02:00les réseaux sociaux quels qu'ils soient dans le débat public, l'influence qu'ils
02:04peuvent avoir sur la fabrique des opinions publiques, qu'il y ait cette libéralisation
02:12complètement folle sur ces réseaux est particulièrement inquiétante, inquiétante pour nos démocraties
02:19en elles-mêmes.
02:20Et donc on sait que l'Europe est extrêmement vigilante, que nous avons adopté un certain
02:24type de législation et que ces décisions pour le moment ne s'appliqueront pas sur
02:27le territoire européen mais aux Etats-Unis.
02:30Mais en même temps c'est une vraie alerte.
02:33Nous avons, nous, musclé notre législation mais je pense qu'il faut vraiment qu'on
02:38accentue et qu'on accélère sur les questions de souveraineté.
02:41Nous ne pouvons pas dépendre de ce type de réseau avec ces décisions qui sont très inquiétantes.
02:49Alors Mark Zuckerberg, pardonnez-moi, le patron de Meta qui a fait ça pour séduire
02:54à la fois Donald Trump, le nouveau président, et puis à ses côtés Elon Musk, patron de
03:01X.
03:02Beaucoup de personnalités, beaucoup d'institutions décident de quitter en ce moment, anciennement
03:07Twitter, désormais X.
03:08C'est votre cas, vous ou pas ?
03:10Alors moi je suis toujours sur Twitter.
03:12J'essaye d'être sur le maximum de réseaux sociaux mais la problématique aujourd'hui
03:18c'est qu'il n'y a pas d'alternative convaincante européenne en réseau social comme cela d'actualité.
03:25Donc basculer de Twitter à un autre réseau qui reste sous la domination américaine
03:31ne me semble pas être la panacée.
03:33Et donc il faut absolument que l'Europe développe des réseaux sociaux souverains
03:38qui seraient régis avec nos règles et dont on aurait la maîtrise pour nos débats publics.
03:43C'est vraiment un enjeu démocratique.
03:46Allez, autre image de la semaine, celle de Françoise.
03:49La disparition du fondateur du parti d'extrême droite Jean-Marie Le Pen vous a particulièrement intéressée.
03:54Dites-nous pourquoi ?
03:55Alors j'ai retenu surtout l'image d'hier, c'est-à-dire les obsèques privés qui ont eu lieu en Bretagne
04:01à la Trinité-sur-Mer et qui font au fond apparaître l'héritage Le Pen.
04:05Ce qu'a réussi sans doute le fondateur du Front National c'est d'avoir transformé
04:11un nom en un clan, un clan en une marque et une marque qui est quand même assez difficile à porter.
04:17Il est impopulaire, 7 Français sur 10 le rejettent selon un sondage d'Oxal Figaro.
04:22Ce qui est intéressant c'est de voir comment les différents héritiers essayent de faire vivre la marque.
04:27La plus fidèle, curieusement, c'est celle qui a enlevé le nom Le Pen, c'est Marion Maréchal.
04:31Qui est derrière sur la photo.
04:33On la voit sur la photo.
04:35Devant on a les trois filles Le Pen.
04:37Et elle, elle a repris l'héritage identitaire, la défense des racines chrétiennes,
04:42la grande peur du musulman, du grand remplacement.
04:45Celle qui a le plus essayé d'être en rupture avec le père, c'est celle qui garde son nom.
04:50C'est évidemment Marine Le Pen.
04:52Et elle, ce qu'elle a essayé de faire c'est de gommer l'antigolisme,
04:56de gommer l'antisémitisme, de gommer le racisme.
04:59Mais il y a quand même une structure commune entre toute cette famille,
05:03c'est au fond la préférence nationale.
05:05C'est-à-dire l'idéologie du rejet de l'autre,
05:08de la peur de l'étranger, de la peur de l'immigré.
05:11Et je trouve que c'est une idéologie très dangereuse,
05:13qui reste quand même fondamentalement d'extrême droite,
05:15parce qu'elle permet d'avoir un bouc émissaire aux mots français.
05:19C'est-à-dire que si vous êtes en souffrance, c'est à cause de l'autre.
05:22Et ça, je trouve que c'est extrêmement dangereux.
05:25Et ça reste donc une marque très difficile à porter.
05:28Votre réaction Yael Brune-Pivet à la disparition ?
05:31Je suis entièrement d'accord avec tout ce qui vient d'être dit.
05:34Le Rassemblement national, quel que soit son nom, quel que soit son leader,
05:37reste en partie xénophobe, reste en partie de l'exclusion
05:41et qui vise à dresser les Français les uns contre les autres.
05:45Et donc, il faut, quel que soit à nouveau son nom et son leader,
05:49toujours, toujours le combattre.
05:51Le Premier ministre François Bayrou a parlé d'un combattant pour saluer sa mémoire.
05:55Erreur politique ou pas, en utilisant ce mot-là ?
05:58Vous en avez pensé quoi, vous la présidente de l'Assemblée nationale ?
06:00D'une façon générale, c'est très difficile de saluer la mémoire
06:03d'un homme qui a été condamné à de multiples reprises,
06:06notamment pour antisémitisme.
06:09Et c'est une des raisons pour lesquelles, moi, je n'ai pas communiqué
06:12sur les réseaux sociaux après le décès de Jean-Marie Le Pen.
06:15Dernière question, il a été 9 ans député à l'Assemblée nationale.
06:19Il y aura un hommage, il y aura quelque chose ?
06:22Il n'y a pas d'hommage particulier.
06:24Il peut y en avoir lorsque la personnalité qui disparaît
06:28a occupé une fonction imminente.
06:31Un ancien président de la République, ancien Premier ministre,
06:34ou alors un parlementaire dans l'exercice de ses fonctions,
06:37dans le cours de son mandat.
06:39Mais il n'est pas d'usage à l'Assemblée nationale
06:41qu'on honore la mémoire des députés disparus.
06:43En revanche, il est d'usage, et je le ferai, je l'ai fait,
06:47pour Jean-Marie Le Pen comme pour tous les autres députés,
06:50que l'Assemblée nationale fasse livrer une gerbe
06:53pour le décès des parlementaires.
06:55Il y en a, malheureusement, de façon très fréquente.
06:59Pour le coup, je n'en ai pas dérogé à cet usage-là.
07:02Dernière image, la vôtre, Nathalie.
07:04Nouvelle passe d'armes entre la France et l'Algérie.
07:07Nouvelle passe d'armes et vraie crise.
07:09Il y a deux choses qui ont pu effleurer.
07:12C'est Bruno Retailleau qui a choisi de renvoyer
07:15sur ses terres natales un influenceur.
07:18Un influenceur, c'est des gens qui disent des horreurs
07:21en appelant à tuer les opposants au régime algérien,
07:24qui prend des positions et qui incite parfois à la violence.
07:27Ce monsieur Douallem a fait un aller-retour
07:30puisque l'Algérie a ostensiblement refusé de le récupérer.
07:33Il est pour l'instant dans un centre de rétention administrative.
07:36Il y a eu également les prises de position de Gabriel Attal
07:39pour la révision des accords de 68,
07:41qui en gros donne un statut particulier à l'Algérie,
07:44eu égard à l'histoire.
07:46Mais indépendamment de tout ça, qui peut être un peu
07:48d'instrumentalisation, une façon de montrer
07:50qu'on est plus capable que celui d'avant,
07:52je trouve ça absolument étonnant qu'on ne soit pas capable,
07:55on voit quand même que les accords déviants
07:57et la fin de la guerre d'Algérie étaient en 62,
07:59de remettre les choses à plat.
08:01Oui, on a le droit de considérer que le Sahara occidental
08:04est une zone d'influence marocaine.
08:06Oui, on a le droit d'avoir des rapports sains avec l'Algérie.
08:09On a ouvert une partie de nos archives.
08:11Ils n'ont toujours pas accepté d'ouvrir les leurs.
08:13On a reconnu la torture en Algérie.
08:15On a reconnu des crimes, peut-être pas contre l'humanité,
08:18comme l'avait dit Emmanuel Macron,
08:20mais des crimes qui étaient des choses importantes.
08:22Donc, par pitié, oui, on peut réviser les accords de 68,
08:24les laisser intacts.
08:26On peut se demander, ça a déjà été fait trois fois,
08:28et il serait sain quand même que,
08:30sans dire riposter, comme dit Jean-Noël Barraud,
08:33ou dire que c'est un camouflet,
08:35dire simplement que c'est un régime dictatorial,
08:37qui n'est pas démocratique, qui n'est pas un régime super pauvre,
08:39puisqu'ils ont du gaz et du pétrole,
08:41et qui pourraient très bien se développer.
08:43Oui, on peut les aider, oui, on peut faire des choses particulières,
08:45parce que c'est la première source d'immigration du Maghreb,
08:48mais par pitié, il n'y a pas de raison
08:50que la fameuse rente mémorielle, comme disait Emmanuel Macron,
08:52ou la culpabilité de l'ex-colon,
08:54fasse en sorte qu'on ne puisse plus
08:56discuter des choses qu'on ferait
08:58avec n'importe quel état du monde.
09:00Et si Voltaire était vivant,
09:02ça fait un petit moment qu'il n'est plus là,
09:04je pense que l'incarcération de Boilem Sansalle
09:06serait un problème, en disant que c'est inqualifiable,
09:08et qu'on se foute complètement qu'il ait donné une interview
09:10quelque part ou ailleurs, et que la seule solution
09:12pour râler contre ça, c'est de considérer
09:14qu'il est d'extrême droite,
09:16il ne l'est pas, et encore le serait-il.
09:18Est-ce qu'on a le droit d'aller en prison,
09:20si on dit les choses qu'on pensait ?
09:22Pas grand-chose à ajouter,
09:24je suis entièrement d'accord.
09:26Il faut calmer le jeu, là, ou pas ?
09:28En tout cas, il ne faut pas que
09:30les relations avec l'Algérie,
09:32avec le peuple algérien,
09:34elles sont plus grandes
09:36que ce qui se passe
09:38en ce moment, et donc
09:40je pense qu'il faut être aussi
09:42conscient de cette histoire, des liens
09:44qui nous unissent, faire en sorte
09:46qu'effectivement nous puissions
09:48revisiter les choses, il n'y a pas
09:50de raison qu'il y ait un tabou
09:52particulier, et donc les accords,
09:54vous l'avez rappelé, ont déjà été révisés trois fois,
09:56donc rien n'empêche de les réviser
09:58une quatrième fois, en tenant compte
10:00de ces situations.
10:02Dénoncer et réviser, ça n'est pas pareil,
10:04ça n'est pas du tout la même chose,
10:06moi je pense en tout cas que nous devons avoir
10:08des relations adultes.
10:10Comme vous l'avez dit aussi, nous avons
10:12avancé sur le plan mémoriel,
10:14le président de la République s'est rendu
10:16en Algérie, nous avons avancé sous l'égide
10:18de Benjamin Stora aussi, sur un certain
10:20nombre de points, et donc il faut
10:22que ça soit évidemment dans les deux sens.
10:24Après sur le refus
10:26d'accueillir sur
10:28leur sol un ressortissant,
10:30là, ça n'est pas une question de relations
10:32franco-algériennes, c'est simplement l'application
10:34du droit international pur et simple,
10:36un État ne peut pas
10:38refuser d'accueillir sur son sol
10:40son ressortissant, ça c'est le
10:42bas des relations internationales,
10:44que soit le pays en cause, et donc
10:46ils doivent accueillir
10:48leur ressortissant quand il fait l'objet
10:50d'une expulsion
10:52sur le territoire national, en France
10:54en tout cas, cet individu est
10:56indisérable, et c'est notre choix,
10:58et c'est notre droit
11:00à appliquer, et donc l'Algérie
11:02doit reprendre son ressortissant.
11:04Ça pour moi, c'est une évidence.
11:06Est-ce que, malgré tout, les propos de Bruno
11:08Retailleau, Nathalie en a parlé d'un mot
11:10extrêmement inflexible,
11:12extrêmement sévère, est-ce que ça a mis d'huile sur le feu ou pas ?
11:14Est-ce que c'était la bonne tonalité
11:16à avoir ? Ecoutez, moi je ne suis pas
11:18commentatrice des propos des uns et des autres,
11:20ce que je sais, c'est qu'il faut
11:22avoir un dialogue
11:24très exigeant, et
11:26avec l'Algérie, et qu'il faut,
11:28j'ai entendu aussi que
11:30Jean-Noël Barraud, le ministre des Affaires étrangères,
11:32était tout à fait prêt à rencontrer
11:34son homologue pour
11:36mettre les choses sur la table, moi également
11:38je suis prête à rencontrer mon homologue,
11:40je viens de rentrer, il y a quelques
11:42semaines de cela, du Maroc, où j'ai
11:44eu des échanges extrêmement fructueux
11:46avec mon homologue, avec le ministre des Affaires étrangères,
11:48c'était plus facile,
11:50mais vous savez que je ne recule pas devant la difficulté,
11:52moi je crois au dialogue
11:54quoi qu'il arrive, et donc il faut
11:56qu'on renoue le fil, il y a
11:58bien trop de nos compatriotes qui ont un lien
12:00très attaché avec l'Algérie,
12:02nous ne pouvons pas faire comme si cela
12:04n'existait pas non plus.
12:07Nous, on est tous inquiets,
12:09et maintenant si on attend juste un petit truc
12:11et qu'il y a un petit vent ou un truc comme ça,
12:13tout le monde n'est pas tranquille.
12:15On ne sait pas,
12:17même si on nous dit 100 km à l'heure,
12:19mais là on ne sait pas.
12:21On a peur, du coup,
12:23on achète pour qu'on soit sûrs
12:25qu'il y a quelque chose à la maison.
12:29Les témoignages de Maoré, Mayotte,
12:31son unième département français
12:33qui n'est pas né au Maroc,
12:36qui n'est toujours pas remis du passage
12:38de l'ouragan Chido, il y a presque
12:40un mois maintenant, et qui affronte
12:42ce week-end une nouvelle tempête
12:44avec des pluies torrentielles.
12:46Vous vous êtes rendu sur place cette semaine,
12:48Yael Broun-Pivet, après Emmanuel Macron
12:50qui est allé le premier, après François Bayrou
12:52également, et juste après Marine Le Pen.
12:54C'était donc à votre tour
12:56de constater les dégâts, d'observer
12:58la lenteur de la réorganisation,
13:00la lenteur de la reconstruction
13:02de cette île. Qu'est-ce qui vous a le plus
13:04choqué, Yael Broun-Pivet,
13:06quand vous vous êtes retrouvée sur place, quand vous êtes arrivée ?
13:08Alors moi, c'était mon troisième déplacement
13:10à Mayotte, j'y étais il y a tout pile
13:12un an, pour le début de l'année
13:142024, et j'avais fait mes premiers
13:16voeux de l'année 2024 à Mamoudzou,
13:18avec le maire de Mamoudzou.
13:20Et c'est aussi une des raisons pour lesquelles je voulais
13:22retourner sur ce territoire
13:24de la République, martyrisée
13:26par ce qui s'est passé par le
13:28cyclone Chido. La première chose qui m'a
13:30frappée, c'est que c'est très
13:32visuel. C'est que
13:34vous avez tous les arbres,
13:36toutes les forêts
13:38sont par terre, sont
13:40décimées. Ça révèle également
13:42l'ampleur des bidonvilles
13:44qui étaient parfois masquées par la végétation
13:46et qui là, sont à nu.
13:48Et donc sur les collines, vous pouvez
13:50voir cette pauvreté aussi
13:52et cet habitat illégal qui vous
13:54saute au visage. Ce qui m'a
13:56frappée ensuite, ce sont les échanges
13:58que j'ai pu avoir avec les très
14:00nombreux habitants que j'ai rencontrés.
14:02Moi, j'ai sillonné l'île, du nord au sud
14:04de l'est, à l'ouest. Je me suis beaucoup arrêtée.
14:06J'ai fait des réunions improvisées
14:08avec les habitants dans les rues, sur les
14:10places, devant les mairies.
14:12Ils sont très résilients.
14:14Ils sont très courageux.
14:16Ils se sont retroussés les manches.
14:18Parce qu'ils ont
14:20participé avec les secours,
14:22avec nos militaires mobilisés,
14:24avec notre sécurité civile
14:26au redressement de Mayotte. Et ils ont nettoyé
14:28les écoles, les rues, etc.
14:30pour pouvoir retrouver de la libre circulation,
14:32pour permettre, je l'espère,
14:34une rentrée scolaire bientôt.
14:36Et ils sont parfois en colère
14:38parce que, eh bien,
14:40il y a des réseaux qui n'ont pas tenu.
14:42L'électricité était par terre.
14:44Mais ça veut dire que, très concrètement,
14:46c'est des poteaux électriques
14:48qui sont au sol, c'est des câbles électriques
14:50qui sont coupés. L'État
14:52a dépêché plus de 200 agents
14:54d'Électricité de France pour pouvoir
14:56mettre les réseaux en circulation.
14:58Et il y a, évidemment, encore
15:00des zones où il n'y a pas d'électricité.
15:02Pourquoi il manque encore de l'eau ? Pourquoi il manque encore de l'électricité ?
15:04Qu'est-ce qui est compliqué, en fait ?
15:06Pourquoi ça n'avance pas ? Qu'est-ce qui bloque ?
15:08Techniquement, c'est compliqué parce que, par exemple,
15:10sur des villes du Nord,
15:12les agents d'Électricité ont voulu,
15:14et je crois qu'ils ont raison,
15:16compte tenu des nouveaux événements climatiques
15:18qui arrivent, procéder à l'enfouissement
15:20d'un certain nombre de réseaux qu'ils ont rétablis.
15:22Moi, je les ai vus au bord des routes, en train de creuser
15:24les tranchées pour enterrer les câbles,
15:26pour faire en sorte qu'au prochain
15:28cyclone ou au prochain événement climatique,
15:30l'électricité tienne.
15:32Après, vous savez, comme moi,
15:34chaque maison est différente.
15:36Et ce qui est difficile,
15:38ce n'est même pas ce qu'on se disait, ce n'est pas le dernier kilomètre,
15:40ce n'est même pas les derniers 100 mètres,
15:42c'est les derniers 10 mètres, c'est les derniers mètres.
15:44Et donc, évidemment que partout sur l'île,
15:46vous avez encore des citoyens
15:48qui n'ont pas l'électricité
15:50rétablie, mais la grande majorité
15:52de l'électricité est rétablie,
15:54je peux vous dire qu'ils ne ménagent pas leur peine.
15:56Sur l'eau, on est revenus
15:58à la situation d'avant.
16:00Et donc, en fait, oui, elle n'est pas satisfaisante
16:02parce qu'on a ce qu'on appelle des tours d'eau,
16:04et donc vous n'avez pas de l'eau au quotidien
16:06au robinet, mais vous n'en aviez pas
16:08avant non plus, avant le cyclone Chido.
16:10Donc là, on est revenus
16:12exactement au niveau d'avant,
16:14ça n'est pas satisfaisant non plus.
16:16Mais maintenant, ce qui est devant nous, c'est la
16:18reconstruction de Mayotte, et ce que tout le monde
16:20dit, c'est qu'il ne faut pas reconstruire Mayotte
16:22comme avant, puisque avant, ça n'était pas
16:24satisfaisant. Françoise, le gros sujet,
16:26c'est, au fond, est-ce qu'on reconstruit
16:28avant d'avoir
16:30conclu
16:32un accord sur l'immigration ?
16:34Est-ce que ça sert à quelque chose, ou est-ce qu'il faut
16:36remettre en cause un certain nombre de données,
16:38notamment le droit du sol ? Alors, d'une part,
16:40il faut évidemment reconstruire tout de suite, parce que
16:42reconstruire, c'est mettre un toit sur la tête de famille
16:44qui n'en ont pas aujourd'hui. C'est la
16:46redonner l'accès à l'électricité. L'électricité,
16:48c'est pas seulement la lumière, c'est le frigo,
16:50c'est le moyen
16:52d'entretenir, de cuisiner,
16:54etc. Donc, il faut
16:56pallier aux besoins essentiels de la
16:58population immédiatement, et c'est d'ailleurs
17:00l'objet du projet de loi
17:02d'urgence pour Mayotte qui va être
17:04examiné dès demain en commission
17:06et la semaine prochaine dans l'hémicycle
17:08à l'Assemblée nationale. Permettre la
17:10reconstruction rapide, raccourcir
17:12les délais, s'affranchir d'un certain nombre de procédures
17:14pour reconstruire Mayotte immédiatement.
17:16Après, il y a, quand on
17:18dit qu'il ne faut pas faire comme avant,
17:20il y a évidemment cette question
17:22migratoire qu'il faut regarder
17:24en face, et donc il y a
17:26la question de la régularisation
17:28des, principalement
17:30des Comoriens, et c'est pour cette raison
17:32que certains proconisent de supprimer
17:34à 100% le droit du sol.
17:36Moi je ne suis, je n'ai jamais été
17:38favorable à cela. Moi je considère
17:40qu'il faut, c'est un département français,
17:42et sur un département français,
17:44le droit de la nationalité,
17:46en ce qu'il est vraiment consubstantiel
17:48de ce qu'est une nation, doit s'appliquer
17:50de la même façon. En revanche,
17:52je pense qu'il faut aller plus loin
17:54sur l'accession à la nationalité.
17:56Vous savez que nous avions adopté un amendement
17:58qui émanait du sénateur Tanny
18:00dans la loi Asile et Immigration qui avait
18:02été portée en son temps par Gérard Collomb.
18:04Cet amendement prévoyait que pour
18:06accéder à la nationalité, il fallait qu'un enfant
18:08née sur le sol de Mayotte
18:10ait un de ses parents
18:12en situation régulière depuis trois mois.
18:14Il y a des propositions
18:16qui permettraient d'allonger
18:18ce délai, de passer de trois mois à un an,
18:20et de surtout, et c'est ça qui
18:22me paraît très important, de
18:24passer d'un à deux parents.
18:26Parce que ce qu'on a vu, c'est qu'en fait
18:28le critère d'un parent a permis
18:30le développement d'une fraude documentaire
18:32à la reconnaissance de paternité.
18:34Et on a des
18:36hommes qui reconnaissent 30, 40,
18:3850 enfants à Mayotte.
18:40Ça n'est pas possible. Donc moi, je suis
18:42favorable à un durcissement
18:44très conséquent,
18:46unique sur le territoire de la République,
18:48mais pas à la suppression
18:50intégrale du droit du sol.
18:52Et pas suffisamment. Après, ce que j'allais
18:54dire, c'est que, vous savez,
18:56sur ce type de sujet, il ne suffit pas
18:58de modifier la loi.
19:00C'est important, mais
19:02ça ne suffira pas.
19:04Il faut qu'on augmente
19:06les contrôles, il faut augmenter
19:08la présence des radars,
19:10de la puissance des radars, des capacités
19:12d'interception des fameux
19:14coissa-coissa, des contrôles
19:16sur le territoire.
19:18Et là, moi, j'ai beaucoup échangé
19:20avec les militaires, avec la gendarmerie,
19:22la gendarmerie maritime.
19:24On a un moyen de lutter
19:26de façon beaucoup, beaucoup
19:28plus efficace contre l'immigration illégale.
19:30Il faut y aller tout de suite. Ça aussi,
19:32c'est une grande urgence. Parce que si on veut
19:34reconstruire Mayotte de façon beaucoup plus
19:36pérenne et durable et prospère,
19:38parce qu'il s'agit de donner un avenir
19:40à Mayotte, il faut pouvoir
19:42lutter vraiment efficacement contre l'immigration illégale.
19:44Il y a quelque chose qu'on ne dit pas, c'est... Est-ce qu'il ne faut pas
19:46faire pression aussi sur les comores qui jouent
19:48vraiment, j'allais dire une grossièreté, mais qui jouent
19:50vraiment avec le feu,
19:52en laissant
19:54partir, en poussant à partir.
19:56Alors, on sait que le PIB
19:58des comores, c'est... Non, mais on peut le rappeler quand même,
20:00le PIB, c'est intéressant. C'est de 1 à 6, je crois.
20:02Voilà, c'est 9000 euros par an
20:04par habitant, voilà.
20:06Mais que les autorités
20:08comoriennes, en gros, ne font rien
20:10pour empêcher les déferlantes de...
20:12Il faut évidemment continuer
20:14ce dialogue diplomatique exigeant.
20:16Mais c'est pour ça qu'en fait, il y a
20:18vraiment cette action diplomatique
20:20à mener, une action résolue des services
20:22de sécurité pour tenir la
20:24frontière de Mayotte,
20:26et une action législative
20:28pour rendre beaucoup
20:30moins attractive
20:32l'accouchement à Mayotte et la présence à Mayotte.
20:34Et c'est en luttant sur tous ces
20:36aspects qu'on réussira à donner
20:38un avenir à ce territoire de la
20:40République, sur lequel, je voudrais quand même
20:42dire qu'il y a un sous-investissement
20:44massif de l'État français
20:46depuis des dizaines d'années à Mayotte.
20:48Et ça, ça suffit. Il y a
20:50une égalité républicaine que nous devons,
20:52en tant qu'hommes et femmes politiques,
20:54faire respecter partout sur le territoire national.
20:56François Fray-Chapelle, qu'on est en situation
20:58de gros déficit budgétaire,
21:00ça va coûter cher
21:02la reconstruction à Mayotte. Est-ce qu'on est sûr
21:04d'avoir les fonds nécessaires ?
21:06Et comment on peut faire ça
21:08en deux ans de façon efficace ?
21:10Mais vous savez, la politique,
21:12c'est faire des choix. Construire un budget,
21:14c'est faire des choix budgétaires.
21:16Et Mayotte ne doit
21:18pas être la victime
21:20de ces choix budgétaires.
21:22C'est un département français
21:24à part entière. Et je ne vois pas pourquoi
21:26on se poserait la question pour Mayotte, alors qu'on
21:28ne le serait pas pour la Corrèze, pour
21:30la Lozère ou pour la Meurthe-et-Moselle.
21:32Juste une question très précise.
21:34On vous a entendu vraiment très clairement
21:36sur le durcissement
21:38sur le droit du sol. On doit l'inclure
21:40dans la loi spéciale qui va concerner Mayotte
21:42ou pas ? Non, la loi spéciale
21:44fait vraiment une loi d'urgence
21:46qui facilite la reconstruction.
21:48Mais il y a une proposition de loi
21:50qui vient début février à l'initiative
21:52du groupe droite républicaine,
21:54qui prévoit ce durcissement et qui va être
21:56la première inscrite à l'ordre du jour le 6 février
21:58prochain dans leur journée
22:00réservée. Donc c'est un sujet qui pourra
22:02être examiné à part. Et puis
22:04il y a une loi Mayotte
22:06qui doit intervenir. Ça fait plusieurs
22:08mois voire années qu'on parle
22:10d'une loi Mayotte parce qu'il y a
22:12d'autres sujets à régler que ces sujets
22:14d'urgence. Et donc le ministre des
22:16Outre-mer devrait présenter prochainement aussi
22:18en Conseil des ministres et au Parlement
22:20une loi Mayotte. Donc normalement nous devrions
22:22avoir au moins trois textes
22:24qui viennent sur Mayotte pour aider
22:26les Mahorais. Ils ont
22:28besoin de la solidarité nationale.
22:30Allez, la présidente de l'Assemblée
22:32nationale, Yelma Olpivet, est notre
22:34invitée ce dimanche dans Questions Politiques.
22:36La semaine qui vient est une semaine
22:38importante pour François Bayrou.
22:40Un mois après sa nomination,
22:42le Premier ministre va enfin
22:44tenir son discours de politique
22:46générale, c'est-à-dire esquisser les
22:48grandes lignes de son projet politique
22:50dans la situation de crise institutionnelle,
22:52financière, budgétaire qu'on connaît évidemment
22:54aujourd'hui. Les députés insoumis
22:56ont déjà annoncé qu'ils déposeraient
22:58une motion de censure à l'issue de ce discours
23:00mardi. Reste à savoir
23:02qui la votera. Pour l'instant, les socialistes,
23:04les écologistes et les communistes
23:06ont négocié toute la semaine avec Bercy,
23:08avec Matignon. Au centre
23:10des discussions, la réforme des retraites.
23:12Faut-il la broger ? Faut-il
23:14la suspendre ? Faut-il la geler ?
23:16Je voudrais vous faire écouter le président
23:18des sénateurs socialistes,
23:20Patrick Cannaire. Il était vendredi matin
23:22dans la matinale de France Info.
23:24Aujourd'hui, nous disons
23:26oui à monsieur Bayrou sur
23:28sa proposition de
23:30revenir dans une négociation
23:32globale avec les formations politiques,
23:34les syndicats,
23:36le patronat, et aboutir.
23:38Il a ramené le délai
23:40à six mois. Une négociation de
23:42six mois qui pourrait commencer très vite
23:44s'il n'y a pas de censure après la
23:46déclaration de politique générale. Et donc pour une suspension,
23:48et donc pendant ce temps-là,
23:50nous demandons une suspension,
23:52ou l'équivalent d'une suspension, en tout cas
23:54un signe fort qui montre
23:56qu'on peut rentrer dans une négociation
23:58avec le symbole de cette
24:00suspension qui permettrait de dire mais
24:02le statu quo ne pourra pas
24:04rester le même.
24:06Voilà, et à l'instant donc Patrick Cannaire,
24:08je le disais, sénateur, et à l'instant Olivier Faure,
24:10premier secrétaire du PS,
24:12vient de s'exprimer. Il considère
24:14que le compte n'y est pas, que en l'état
24:16il voterait la censure.
24:18Votre réaction Yael Brune-Pivet, est-ce qu'il faut
24:20accepter de suspendre
24:22tout simplement cette réforme des retraites
24:24en 2023 ? Je voudrais d'abord saluer
24:26la méthode qui est la reprise
24:28du dialogue avec les différentes forces
24:30politiques et je voudrais
24:32saluer l'esprit de responsabilité de la plupart
24:34d'entre elles qui ont accepté d'une
24:36part de venir dialoguer et qui acceptent
24:38de rentrer dans une discussion
24:40constructive pour doter
24:42la France d'un budget. C'est quand même
24:44la priorité, au-delà
24:46des retraites, nous avons besoin
24:48d'un budget, nous avons besoin
24:50d'avoir des grandes orientations financières,
24:52nous ne pouvons plus attendre,
24:54la censure du gouvernement Barnier
24:56a fait que nous avons
24:58aujourd'hui, nous sommes en janvier, nous n'en avons pas,
25:00donc ça c'est la priorité des priorités,
25:02doter la France d'un budget, et vraiment
25:04je salue l'esprit de responsabilité
25:06de chacun pour y parvenir.
25:08Après, la question
25:10des retraites, fondamentalement
25:12les retraites, le sujet des retraites
25:14ne figure pas dans le budget,
25:16donc il faut quand même
25:18rappeler que les discussions
25:20autour du budget doivent
25:22s'inscrire dans le cadre budgétaire
25:24pour parvenir à un accord.
25:26Mais dans le cadre d'un pacte de non-censure ?
25:28Sur un pacte plus large
25:30de non-censure, moi je considère
25:32que cette réforme des retraites,
25:34il fallait la faire, nous en avons besoin,
25:36on n'arrête pas de
25:38parler du budget de la France et l'on sait
25:40que le plus grand poste de dépense
25:42publique, c'est
25:44le paiement des retraites, et donc
25:46nous ne pouvons pas mettre ce sujet
25:48de côté. En revanche,
25:50comme d'autres, je vois bien que
25:52cette réforme est
25:54injuste, que
25:56un certain nombre de publics
25:58continuent à avoir des effets
26:00très délétères, moi j'ai regardé
26:02à nouveau ce matin, j'ai été frappée
26:04par le fait qu'aujourd'hui
26:06vous avez plus de 50%
26:08des femmes qui touchent moins de 1000 euros de retraite.
26:10Moins de 1000 euros de retraite,
26:1250% des femmes, alors que cela
26:14concerne 20% des hommes.
26:16Donc il y a un vrai sujet
26:18autour des carrières longues, il y a de la pénibilité,
26:20mais surtout des carrières des femmes.
26:22Et donc il faut s'attaquer
26:24à tout cela, il faut
26:26en rediscuter avec les partenaires
26:28sociaux, avec les forces politiques, si nous
26:30parvenons à avoir un système qui
26:32permet de beaucoup mieux corriger ces inégalités-là,
26:34mais attendez, moi je signe
26:36tout de suite, et donc si tout le monde
26:38retourne à la table,
26:40je sais que c'est un peu compliqué,
26:42mais vous comprenez bien
26:44le sens de mon propos.
26:46Oui, parfaitement, c'est bien parce que tout le monde est d'accord sur les carrières longues,
26:48tout le monde est d'accord sur la pénibilité,
26:50et tout le monde est d'accord sur les femmes.
26:52Il n'y a personne qui viendrait dire quelque chose.
26:54Deux points, le premier sur la forme.
26:56Ce matin, Gérard Larcher, d'ailleurs hier soir,
26:58a commencé à dire, a commencé à continuer
27:00à dire, ni suspension,
27:02ni abrogation, c'est-à-dire en gros dans la symbolique
27:04et dans les faits, il faudrait
27:06dire, il ne faut pas que le mot
27:08suspension arrive, même si c'est une suspension de six
27:10mois, de un an, même si ça ne s'applique
27:12qu'à ceux qui vont rentrer dans un mois dans le
27:14système, à quoi il joue ?
27:16Vous le connaissez très bien,
27:18c'est pour ça que je vous demande à quoi il joue et que je ne passe pas directement
27:20par lui. Est-ce que c'est la bonne méthode
27:22ou est-ce qu'il risque de servir
27:24d'épouvantail, si j'ose dire, aux socialistes ?
27:26Est-ce que tout ça c'est un cirque, un jeu
27:28organisé entre la gauche et la droite pour
27:30s'organiser, pour se mettre d'accord à la fin ?
27:32On peut se demander.
27:34Il y a Collierfort qui dit, si on ne négocie
27:36pas encore, on vote la censure,
27:38l'autre qui dit...
27:40Sur le fond, est-ce que finalement
27:42il faut s'attacher au mot, ou qu'il peut y avoir
27:44un petit geste, quelque chose de fait, même
27:46temporairement, sur les 64 ans ?
27:48Il ne faut pas...
27:50Soyez claire.
27:52Je suis toujours très claire.
27:54Moi, je ne veux
27:56pas justement qu'on s'attache au mot,
27:58parce que franchement, ce qui est important, c'est
28:00que si on arrive, un, à remettre tout le monde
28:02autour de la table sur la réforme des retraites,
28:04deux, qu'on arrive à une réforme
28:06qui nous permette le
28:08rétablissement de l'équilibre du
28:10système, et de corriger
28:12les inégalités, alors ça, et bien oui,
28:14c'est le Graal. Et donc, nous ne pouvons pas,
28:16quand on fait de la politique,
28:18refuser de se remettre à la table
28:20des discussions pour essayer d'atteindre ce fameux Graal.
28:22Vous savez que les mots sont importants en politique.
28:24Moi, je ne pense pas qu'il faille abroger
28:26la réforme des retraites avant de se retourner.
28:28C'est complètement absurde.
28:30C'est complètement absurde, parce que, aussi,
28:32ça nuit à la crédibilité
28:34de la parole de la France. Regardez
28:36nos voisins européens.
28:38Regardez les âges de retraite
28:40des pays avoisinants.
28:42Et on ne va pas revenir
28:44en arrière.
28:46Pas d'abrogation, mais suspension.
28:48Il faut regarder
28:50ce que ça signifie,
28:52parce que, en fait, il faut regarder
28:54concrètement...
28:56Est-ce que ça vous convient ou pas ?
28:58Moi, ce qui me convient, c'est qu'on rediscute.
29:00Après, s'il faut arrêter
29:02pour rediscuter avec un cycle
29:04très court de discussion, moi, je n'y suis
29:06pas opposée par principe.
29:08Mais ce que je veux, dans ces cas-là,
29:10c'est que, vraiment, on soit d'accord
29:12pour mettre vraiment les choses sur la table
29:14pendant ces six mois de
29:16discussion, et qu'on s'engage tous
29:18à discuter,
29:20voilà, réellement,
29:22et qu'on sorte des postures
29:24sur ces sujets-là.
29:26Vous trouvez que les socialistes, justement,
29:28font un peu de chantage,
29:30est-ce que vous les trouvez mûrs par rapport aux syndicats ?
29:32Je m'explique. La lettre du 17 décembre,
29:34écrite par tous les syndicats, hormis la CGT,
29:36disait, s'il vous plaît, stabilité, sérénité,
29:38visibilité. Est-ce que là, quand on entend
29:40encore Olivier Faure menacer à tout moment de quitter la table,
29:42alors qu'Éric Lombard fait des avancées,
29:44manifestement, est-ce que vous trouvez que la classe politique
29:46est en dessous de ce qu'elle devrait être ?
29:48Mais c'est bien pour ça que j'ai commencé ma réponse sur le sujet
29:50en distinguant les deux sujets, le budget
29:52et la réforme des retraites.
29:54Il ne faut pas mêler les deux.
29:56La priorité, c'est le budget.
29:58Et là, effectivement, il y a une nouvelle méthode,
30:00un esprit de responsabilité de chacun
30:02et nous devons, nous pouvons,
30:04trouver un accord sur le budget.
30:06La question des retraites, c'est à part.
30:08Ça n'est pas le même sujet et il ne faut pas,
30:10effectivement, mêler les deux et se servir
30:12de la réforme des retraites comme levier
30:14de négociation
30:16sur le budget. La France a besoin
30:18d'un budget. Vite !
30:20On ne peut pas en parler, du budget.
30:22La question, malgré tout, de la réforme des retraites est centrale
30:24puisque c'est grâce à cet accord
30:26qu'on retrouvera peut-être
30:28de la stabilité politique, en tout cas moins
30:30de censures. Pourquoi est-ce
30:32qu'il vous est, à vous et à Elbron Pivet,
30:34président de l'Assemblée Nationale, aussi difficile
30:36de prononcer le mot de suspension ?
30:38Pourquoi ce n'est pas possible ?
30:40Alors, je pense que vous ne m'avez pas écoutée
30:42puisque j'ai dit, au contraire...
30:44Très rapidement, très vite.
30:46On sent que suspension, c'est compliqué.
30:48Pourquoi vous aventurez sur ce chemin-là ?
30:50D'une part parce que cette réforme des retraites,
30:52moi je l'ai portée et
30:54je l'ai votée et je considère
30:56qu'il fallait la faire
30:58en responsabilité et
31:00j'ai fait partie des personnes qui ont conseillé
31:02au président de la République
31:04de passer par un 49.3
31:06pour faire que ce texte
31:08soit adopté parce que je pense que
31:10nous en avions besoin et donc
31:12je ne voudrais pas que l'on
31:14revienne en arrière parce que je suis
31:16convaincue qu'il fallait s'attaquer
31:18à cette difficulté. Maintenant, je suis
31:20tout autant convaincue qu'il ne s'agit
31:22pas d'une réforme parfaite.
31:24Ça aurait été une réforme parfaite.
31:26Eh bien, j'aurais dit, à coup sûr,
31:28ni abrogation ni suspension.
31:30Mais on voit bien, on en parle souvent,
31:32pénibilité, retraite des femmes, etc.
31:34Elle n'est pas parfaite et nous ne pouvons pas faire peser
31:36sur les générations futures
31:38ce système par répartition
31:40dont on voit qu'il est structurellement
31:42déficitaire. Et donc,
31:44je considère en responsabilité,
31:46en tant que femme politique et aussi
31:48en tant que mère de famille et aussi
31:50en tant que femme, tout simplement,
31:52que nous n'avons pas tout réglé, qu'il y a beaucoup
31:54de sujets à discuter encore. Et donc, si nous
31:56pouvons, aujourd'hui, nous mettre autour d'une table
31:58tous les acteurs concernés
32:00pour discuter de ces sujets, eh bien, c'est
32:02d'utilité publique.
32:04Excusez-moi.
32:06Elle s'est défendue.
32:08Elle nous a vendues. C'était mieux pour les femmes,
32:10mieux pour tout le monde. Alors, en fait, qu'on est en train de dire le contraire,
32:12il y a un truc qui...
32:14Vous allez rester au gouvernement ou pas, si jamais...
32:16Écoutez, vous lui poserez la question.
32:18Moi, en tout cas,
32:20je regarde les choses
32:22de façon lucide et pragmatique.
32:24C'est ce que j'essaye toujours de faire quand je fais de la politique.
32:26Et sur cette question
32:28de la réforme des retraites, vous êtes là
32:30et effectivement très très clair sur la
32:32mesure d'âge.
32:34Dans la presse ce matin, on comprend que François
32:36Bayrou, le Premier ministre, hésite à éventuellement
32:38bouger ce curseur. Est-ce qu'on peut revenir
32:40sur l'âge de 64 ans ?
32:42Moi, je n'y suis pas favorable. Parce que,
32:44à nouveau, je considère qu'il
32:46fallait que l'on fasse cette réforme
32:48et qu'on prenne cette mesure d'âge.
32:50Après, cette mesure d'âge pose
32:52un énorme problème. C'est que
32:54nous avons un problème d'emploi des seniors.
32:56Et que, à partir
32:58de 55 ans, nous avons un taux d'emploi
33:00des seniors qui est absolument
33:02catastrophique par rapport à nos voisins.
33:04Et que nous aurons beau reculer l'âge
33:06de la retraite, si nous n'arrivons pas
33:08à augmenter la durée
33:10réelle de travail
33:12des Français, ça n'ira pas
33:14et ça ne règlera pas la question.
33:16Donc, vous voyez, il faut
33:18vraiment que tous, on se
33:20réattaque à ces sujets-là.
33:22Allez, on passe au budget et je passe la main à
33:24Françoise Fressoz.
33:26Sur le budget, il y a quelques postes
33:28en discussion, notamment
33:30les suppressions de postes dans l'éducation nationale.
33:324 000 postes supprimés.
33:34Est-ce qu'on peut renégocier
33:36ça ? Est-ce que vous y êtes favorable ?
33:38De toute façon, moi, par principe, je suis favorable
33:40à la négociation, déjà.
33:42Il n'y a pas de tabou quand on
33:44se met à la table des négociations.
33:46Il fallait
33:48fixer une trajectoire de baisse
33:50des dépenses publiques. C'est ce qu'avait fait Michel Barnier
33:52et c'est ce que fait François
33:54Bayrou et Éric Lombard.
33:56Après, il faut regarder comment cela s'équilibre.
33:58Moi, j'ai toujours dit qu'il fallait qu'on ait
34:00une hausse de la fiscalité
34:02de façon à rendre l'effort
34:04plus juste au niveau
34:06des Français et une baisse
34:08de dépenses importantes. Moi, ce qui
34:10m'importe, c'est cette négociation aujourd'hui
34:12au niveau du budget, mais c'est surtout
34:14et c'est ce que j'attends aussi du discours
34:16de politique générale du Premier ministre,
34:18c'est quelle est la trajectoire future.
34:20C'est que si l'on veut baisser
34:22structurellement les dépenses
34:24publiques dans notre pays, il faut faire
34:26des réformes de fonds. Et donc,
34:28quelles sont les réformes de fonds
34:30envisagées par le Premier ministre
34:32pour arriver à une baisse durable
34:34des dépenses ?
34:36Sur les 4 000 postes supprimés ?
34:38Sur les 4 000 postes supprimés.
34:40Moi, j'ai toujours
34:42été pour dire que la priorité
34:44des priorités dans notre pays,
34:46c'était notre jeunesse. Et donc,
34:48c'est leur éducation et leur formation.
34:50Et il ne me semble pas, lorsque je me
34:52déplace sur tout le territoire national
34:54et le territoire
34:56d'outre-mer, notamment
34:58à Mayotte, qu'on soit en surplus
35:00de nombre de professeurs. Donc, moi,
35:02je considère que l'on
35:04peut regarder ça de très près.
35:06On peut les garder ? Il faut regarder.
35:08Après, moi, je ne suis pas ministre de l'éducation
35:10nationale, donc je ne connais pas
35:12finement ce qui a conduit
35:14à faire réaliser
35:16cette baisse-là. Mais en tout cas, ce que je sais,
35:18c'est qu'il ne faut pas sacrifier
35:20nos enfants. Et donc,
35:22il faut préserver notre capacité
35:24à leur fournir un enseignement de qualité.
35:26Est-ce que vous êtes favorable ou vous partagez
35:28le diagnostic d'Éric Lombard, ministre
35:30de l'économie et des finances, voire de François Bayrou,
35:32qu'il faudrait peut-être un peu plus
35:34prendre son temps ? C'est-à-dire qu'on est passé
35:36d'un retour à un déficit de 5%
35:38du PIB à un 5-4,
35:40on nous a dit en dessous de 5-5.
35:42Et donc, en gros, au lieu de se prendre
35:44tout d'un seul coup, parce qu'on ne l'a pas fait avant,
35:46pour faire vulgaire et rapide,
35:48est-ce qu'on doit un peu plus s'étaler,
35:50quitte à ne pas être dans les clous
35:52européens tout de suite, parce qu'on
35:54ne peut pas faire autrement son risque
35:56d'avoir le pays qui explose ?
35:58De toute façon, d'une part, la situation
36:00a un petit peu changé par rapport
36:02à celle qu'a connue Michel Barnier,
36:04puisque nous n'avons pas voté de budget
36:06et donc un certain nombre de dispositifs
36:08qui étaient là, soit pour augmenter les recettes,
36:10soit pour baisser les dépenses,
36:12n'ont pas été adoptés.
36:14Et en plus, les perspectives de croissance
36:16ont baissé.
36:18Et donc, il est fondamental
36:20de ne pas casser le peu de croissance
36:22que nous avons. Et donc,
36:24la réduction, effectivement, de la trajectoire
36:26me semble être une bonne chose,
36:28parce qu'il est très important
36:30que cette petite croissance
36:32que nous avons puisse perdurer.
36:34Nous avons nos voisins qui sont
36:36en récession. Et donc, on voit bien
36:38à quel point tout cela est fragile.
36:40Donc, faisons très attention.
36:42Mais c'est effectivement
36:44ce que fait le ministre de l'Economie et des Finances.
36:46Vous avez dit une petite chose très intéressante.
36:48Seulement une petite chose, ce n'est pas très sympathique.
36:50Non, non, non, surtout pas.
36:52Dans le cadre de la discussion qu'on a sur le budget,
36:54vous avez dit qu'il va falloir qu'il soit adopté
36:56très rapidement. Ça veut dire quoi ?
36:58J'ai toujours plaidé également
37:00pour qu'on reprenne le budget
37:02tel qu'il était.
37:04Ce qui va être le cas. Donc, les discussions
37:06vont reprendre au Sénat
37:08dès la semaine
37:10qui s'ouvre. Et j'espère que
37:12sur ce point, nous aurons ce qu'on appelle
37:14cette commission mixte paritaire conclusive.
37:167 députés, 7 sénateurs qui se réunissent pour se mettre d'accord.
37:18Vous pensez qu'on peut faire l'économie
37:20d'une discussion en séance publique
37:22et que ça pourrait se faire en commission mixte paritaire ?
37:24En fait, il y a déjà eu une discussion
37:26en séance publique à l'Assemblée nationale.
37:28La discussion en séance publique
37:30va se poursuivre au Sénat.
37:32Les députés n'ont pas débattu.
37:34Non, non, ils n'ont pas débattu parce qu'ils ont rejeté
37:36ce qu'on appelle la partie 1.
37:38La partie 1, c'est les recettes.
37:40Oui, mais la législation a changé.
37:42On a un nouveau gouvernement.
37:44Si nous voulions faire que les députés
37:46rediscutent, il faudrait déjà
37:48qu'ils rediscutent de l'ensemble du budget.
37:50La partie recettes et la partie dépenses.
37:52Il faudrait que ce soit
37:54soit dans le cadre d'un nouveau budget
37:56déposé, ce qui nous ferait perdre
37:58des semaines et des semaines, et je ne pense pas
38:00que ce soit une bonne piste, ou alors
38:02considérer que la commission mixte paritaire
38:04doit échouer pour revenir
38:06de façon un peu artificielle
38:08en nouvelle lecture. Moi, je pense que ça n'est pas
38:10une bonne méthode. En tout cas, comme d'habitude,
38:12il faut rechercher l'accord à tout prix.
38:14Si nous parvenons à un accord en commission mixte paritaire,
38:16je m'en satisferais.
38:18Ce n'est pas important de refaire les choses
38:20calmement, de perdre peut-être un peu de temps,
38:22mais de vraiment faire en sorte
38:24qu'il y ait un consensus sur ce budget
38:26qu'on réussisse à avancer.
38:28Est-ce qu'on peut avoir ce consensus
38:30dans les discussions
38:32qui ont lieu en ce moment,
38:34dans les débats au Sénat, dans la commission mixte
38:36paritaire ? Mais en tout cas,
38:38ce qui est urgent, c'est d'avoir un budget.
38:40Moi, je ne suis pas pour partir
38:42pendant des mois sur des discussions.
38:44En février ?
38:46Potentiellement, s'il y a une commission mixte
38:48paritaire qui se réunit fin janvier,
38:50c'est ce qui serait le cas à discussion
38:52au Sénat, puis commission mixte
38:54paritaire fin janvier.
38:56Si députés et sénateurs se mettent d'accord,
38:58il pourrait y avoir une adoption
39:00de ce budget dès la fin janvier
39:02ou début février. C'est ce qu'on doit tous
39:04souhaiter. C'est ultra rapide.
39:06Oui et non, parce que
39:08ce budget aurait dû être adopté en décembre.
39:10Donc, en fait, chaque jour qui passe,
39:12c'est un jour de trop.
39:14Il y a des sujets importants en discussion, notamment sur
39:16la fiscalité du patrimoine, où
39:18visiblement, il y a une réflexion qui
39:20avait été exclue chez les macronistes
39:22jusqu'à présent, qui est
39:24essayer de taxer un peu les riches, mais
39:26au niveau de leur patrimoine plutôt que leur revenu.
39:28Est-ce que vous seriez
39:30philosophiquement pour ou vous dites
39:32non, c'est trop dangereux, ça remet en cause
39:34la politique de l'offre ?
39:36Deux choses. Il ne faut
39:38évidemment pas remettre en cause la politique de l'offre
39:40qui a produit ses effets positifs,
39:42qui a rendu la France le pays
39:44le plus attractif d'Europe et qui nous a permis de créer
39:46deux millions d'emplois. Donc, même s'il y a des
39:48points noirs dans le bilan
39:50que nous pouvons avoir, nous avons aussi
39:52des points qui sont extrêmement favorables.
39:54Et donc, cela, il ne faut pas
39:56s'y attaquer.
39:58Donc, pas de remise en cause de la politique de l'offre.
40:00En revanche, une fiscalité
40:02qui soit plus juste, plus équitable,
40:04l'effort mieux réparti,
40:06y compris sur les patrimoines.
40:08On y touche ou pas ?
40:10On peut regarder.
40:12Moi, ça ne me choque pas à nouveau. Vraiment pas de tabou
40:14sur ces sujets, autrement on n'y arrivera pas.
40:16Si vous arrivez dans une discussion et que tout
40:18est fermé, la discussion s'arrête
40:20très rapidement.
40:22Je parle là aussi de ce qui peut être d'autres
40:24formes d'impôts sur le revenu, pas simplement
40:26au SF. Classe moyenne,
40:28on ne touche pas. C'est quoi classe moyenne à peu près
40:30pour vous ? Les autres, on peut foncer un peu plus
40:32que ce qui a été prévu par Michel Barnier ?
40:34On peut forcer un peu,
40:36évidemment. Ils nous le disent
40:38beaucoup, qu'ils sont capables
40:40de participer à l'effort national
40:42et l'effort collectif.
40:44Classe moyenne, évidemment,
40:46il faut les préserver.
40:48Ils sont des gens
40:50qui sont extrêmement méritants.
40:52On l'a vu
40:54avec les difficultés de pouvoir d'achat,
40:56de hausse des prix de l'énergie, etc.
40:58Parfois dans la difficulté, la crise
41:00du logement, etc. Donc faisons attention
41:02à ce qui constitue le cœur
41:04des citoyens de notre pays.
41:06Un petit mot pour finir sur
41:08la déclaration de politique générale
41:10que va présenter
41:12François Bayrou, le Premier ministre.
41:14Là, mardi, on parlait du budget, donc je reviens
41:16sur la déclaration de politique générale.
41:18On imagine qu'il va avancer sur un certain nombre
41:20de sujets, institutionnels notamment.
41:22Je pense à la proportionnelle, je pense au
41:24cumul des mandats, je pense aussi au référendum.
41:26Sur le cumul des mandats,
41:28vous avez changé votre...
41:30Vous êtes toujours farouchement opposée.
41:32Vous savez, moi, j'essaye d'être cohérente
41:34dans les positions que je défends
41:36et j'ai toujours défendu le non-cumul
41:38des mandats. Donc là, je suis extrêmement
41:40défavorable au retour du cumul des mandats.
41:42Je suis pour l'introduction d'une dose
41:44de proportionnel pour l'élection
41:46des députés. Je suis pour
41:48les référendums parce que je considère qu'on doit
41:50davantage consulter les Français.
41:52Le 31, sans employer le mot,
41:54Mme Macron laisse entendre.
41:56Moi, ce que j'aimerais dans l'idéal, c'est qu'on puisse
41:581. Conduire une réforme, d'abord
42:00de l'article 11 de notre Constitution
42:02qui restreint trop
42:04le champ du référendum.
42:06Il faudrait permettre le référendum
42:08sur des questions plus larges,
42:10des questions sociétales, notamment.
42:12Moi, je serais extrêmement favorable à 1.
42:14Une ouverture, une révision constitutionnelle,
42:16ciblée, comme on a fait pour l'IVG.
42:18Article 11, pour permettre
42:20au Président de la République de davantage consulter
42:22les Français sur un plus grand nombre de sujets
42:24et faciliter le recours au référendum
42:26d'initiative partagée.
42:28Ça, c'est les deux choses.
42:30Et après, je souhaiterais des référendums
42:32sur des questions sociétales.
42:34La fin de vie, on n'en parle plus.
42:36Elle devait venir le 3 février à l'Assemblée nationale.
42:38Non, ce n'est pas trop compliqué.
42:40Les Français sont
42:42capables de décider.
42:44C'est quelque chose qui les concerne.
42:46On peut leur présenter...
42:48Vous savez, quand on pose la question...
42:50Moi, je me rappelle, quand j'étais jeune,
42:52j'ai reçu dans ma boîte aux lettres le traité de Maastricht.
42:54Je ne sais pas si vous vous en souvenez.
42:56C'était pas simple à lire.
42:58Alors, la question de la fin de vie, ne me dites pas que c'est trop compliqué
43:00pour les Français. Fin de vie,
43:02service national,
43:04est-ce qu'on doit recommencer un service national,
43:06militaire, civil,
43:08le SNU, etc. Je pense que c'est des questions
43:10qui intéressent les Français. En tout cas, moi, je souhaiterais
43:12qu'on les consulte sur des sujets
43:14qui les concernent.
43:16Ça ne serait pas un anti-plébiscite ?
43:18Pas sur ces sujets-là, justement.
43:20Pas sur ces sujets-là, mais malheureusement,
43:22c'est difficile.
43:24On tutoie la limite de l'article 11.
43:26C'est pour ça que moi, je procéderai en deux temps.
43:28Révision constitutionnelle ciblée,
43:30puis référendum sociétal
43:32par la suite.
43:34C'est très clair. Vous avez décidé,
43:36cette semaine, de rendre public
43:38un combat personnel, intime,
43:40que vous avez mené contre un cancer du sein,
43:42qui vous a été diagnostiqué il y a trois ans.
43:44Désormais, vous êtes guéri.
43:46On voudrait comprendre pourquoi vous avez décidé
43:48de le révéler maintenant.
43:50Alors, parce que, justement,
43:52j'en suis guéri, et c'était il y a trois ans.
43:54Je ne suis plus dans le combat immédiat
43:56contre la maladie.
43:58Et parce que
44:00j'ai besoin
44:02d'être en sincérité et en vérité.
44:04Comme je fais de la politique
44:06et je veux parler vrai
44:08à mes concitoyens.
44:10Je trouve que c'était
44:12important de leur livrer cela.
44:14Et puis, surtout,
44:16je voulais adresser aux femmes un message de prévention.
44:18Moi, j'ai parfois été
44:20négligente. J'ai laissé
44:22trop traîner, mais comme beaucoup d'entre nous.
44:24Ce n'est la faute de personne.
44:26C'est la vie qui veut ça. On est pris dans nos vies
44:28et on se dit, je ferai ça plus tard.
44:30Eh bien, non, ne faites pas ça plus tard.
44:32Lorsque l'on fait son dépistage,
44:34au moment où on doit le faire,
44:36eh bien, on a 90% de chances
44:38de guérir parce que c'est pris très tôt.
44:40Et plus on attend, plus c'est pris tard,
44:42plus on auberge les chances de guérison.
44:44Et ce dépistage, nous avons la chance
44:46dans notre pays, on parle souvent, voilà,
44:48de ce qui ne va pas bien dans notre pays.
44:50Nous avons la chance dans notre pays d'avoir organisé
44:52un dépistage national,
44:54accessible à tous, gratuit.
44:56Et donc, moi, je dis aux femmes,
44:58en ce début d'année, au moment où on prend des résolutions,
45:00on fait dry january,
45:02on se dit qu'on va faire un peu plus de sport,
45:04eh bien, dites-vous cette année,
45:06en ce début d'année 2025, je vais faire mon dépistage.
45:08Cette enveloppe qui traîne
45:10sur mon bureau ou sur la table du salon,
45:12je m'en empare, je prends rendez-vous,
45:14j'y vais et je me fais dépister.
45:16Ce n'est pas plus désagréable que de faire du sport.
45:18Enfin, ce n'est pas agréable, mais même moi, je m'y suis remise.
45:20Françoise aussi, Karine aussi.
45:22C'est vital.
45:24Allez-y et vraiment,
45:26ça peut vous sauver la vie.
45:28Merci Yael Broun-Pivet. Évidemment, vous restez avec nous.
45:30Il est temps simplement d'accueillir notre second invité
45:32pour le livre de la semaine.
45:34France Inter
45:38Questions politiques
45:42Karine Bécard.
45:44Bonjour.
45:46Soyez le bienvenu sur le plateau très féminin de questions politiques.
45:48Vous êtes politologue,
45:50professeur à Sciences Po Rennes,
45:52auteur d'une vingtaine d'ouvrages,
45:54dont le tout dernier qui est sorti cette semaine,
45:56jeudi, intitulé Présidentiable,
45:58avec un point d'interrogation.
46:00C'est sorti aux presses universitaires de Rennes
46:02dans la collection Épure.
46:04Vous tentez, dans ce livre,
46:06de nous expliquer quelles sont les règles
46:08qui définissent la présidentialité
46:10d'une personne.
46:12Les gens qui sont plus aptes que d'autres
46:14à devenir président de la République.
46:16En somme, est-ce qu'il faut avoir certains traits de caractère
46:18particuliers pour accéder à l'Élysée ?
46:20Alors, vu publier ce livre,
46:22même si on est encore très très loin de la prochaine présidentielle,
46:24enfin normalement,
46:26et en tout cas ceux qui pensent déjà à la présidentielle,
46:28on peut dire qu'ils sont nombreux,
46:30les potentiels candidats,
46:32est-ce que ça veut dire, ça, Christian Lebar,
46:34qu'aujourd'hui, tout le monde
46:36se croit potentiellement présidentiable ?
46:38Est-ce que les règles de la présidentialité
46:40ont baissé dans notre pays ?
46:42Alors, il y a les règles juridiques
46:44que tout le monde connaît, il faut avoir 18 ans,
46:46il faut être citoyen français, il y a la procédure
46:48des 500 signatures qui est quand même
46:50très sélective, mais c'est vrai
46:52qu'une des lignes d'évolution,
46:54on parle de présidentiabilité depuis
46:56la réforme de 62,
46:58depuis qu'il y a eu une élection au suffrage universel
47:00direct du chef d'État,
47:02les règles ont quand même un peu,
47:04la définition du mot présidentiable a un peu évolué.
47:06Pendant très longtemps, on a
47:08fermé le rôle d'un certain
47:10stéréotype. Les présidentiables,
47:12c'était surtout des hommes, il faut bien le dire, au début
47:14de la Ve République. Les présidentiables,
47:16c'était les leaders partisans,
47:18les grands noms de la vie politique,
47:20ceux qui animaient la vie politique.
47:22Et puis, c'était souvent des gens très diplômés,
47:24qui avaient toute une série de...
47:26qui étaient des
47:28professionnels de la politique depuis longtemps,
47:30qui avaient franchi toute une série d'étapes,
47:32les anciens premiers ministres, etc.
47:34Et on voit aujourd'hui
47:36que la catégorie s'ouvre un peu,
47:38se féminise potentiellement.
47:40On peut avoir
47:42des gens un peu extérieurs au champ politique,
47:44dont on va tester la présidentiabilité
47:46par des sondages d'opinion.
47:48Donc voilà, on passe d'une société
47:50très fermée, très solide, à quelque chose
47:52d'un peu plus ouvert que par le passé.
47:54Est-ce qu'il y a un effet Macron, j'ai envie de dire,
47:56derrière tout ça ? Est-ce que le fait que
47:58Emmanuel Macron, dont on pensait pas
48:00qu'il avait des qualités
48:02présidentiables, et qu'il l'est remporté,
48:04est-ce que ça a bouleversé effectivement
48:06ça ?
48:08Est-ce qu'on se sent plus capables aujourd'hui ?
48:10Emmanuel Macron
48:12tombe pas du ciel. Il avait un certain nombre de ressources
48:14politiques en 2017,
48:16et il avait un passé politique, mais c'est
48:18vrai qu'il n'apparaissait pas, il n'était pas dans le paysage
48:20depuis si longtemps que ça. Il était
48:22jeune, il n'avait pas de
48:24parti politique, donc
48:26il y a un certain nombre de ressources classiques
48:28qui lui faisaient défaut, et malgré ça c'est passé.
48:30Et puis il y a aussi des exemples internationaux qui montrent
48:32qu'on peut, de Zelensky à Trump,
48:34on peut conquérir
48:36un poste présidentiel,
48:38en jouant la carte de
48:40l'extériorité, dans un contexte qui peut être
48:42aussi un peu un contexte populiste,
48:44sur le mode, je suis extérieur au champ politique,
48:46je ne suis pas un professionnel de la
48:48politique, et là où par le passé c'était
48:50plutôt des handicaps, ça tend à devenir aujourd'hui
48:52quasiment des ressources, sur le mode,
48:54je ne suis pas compromis avec ces gens-là, donc votez pour moi.
48:56Françoise, est-ce que c'est pas le signe d'une
48:58déstructuration profonde du champ politique
49:00et de l'affaiblissement des partis ?
49:02Si, tout à fait, je le disais tout à l'heure,
49:04avant, pour être présidentiable, il fallait être
49:06à la tête d'un parti, ça a été la stratégie de
49:08Nicolas Sarkozy, de Jacques Chirac, de François Mitterrand,
49:10il y avait un cursus très classique,
49:12conquérir un parti et ensuite...
49:14Mais ça reste quand même une affaire de professionnel.
49:16Et ensuite devenir un candidat naturel.
49:18Aujourd'hui on voit que
49:20on peut, sur la base d'une
49:22popularité très individualisée,
49:24d'une sympathie auprès de
49:26l'opinion publique, on peut tenter
49:28l'aventure, et souvent la création du parti
49:30politique, elle est ultérieure,
49:32Emmanuel Macron a créé un parti pour
49:34la campagne, Jean-Luc Mélenchon
49:36quasiment de même,
49:38donc voilà, c'est plutôt la personnalité que...
49:40Quand vous parlez de popularité, là, c'est des gens
49:42qui ont une petite cote, mais vous ne trouvez pas que ça
49:44passe par la tête de tout le monde ?
49:46Même des gens qui n'ont pas de cote et qui sont...
49:48On a l'impression que tout le monde veut être président de la République, on y fait quoi que
49:50ce soit avant, on se croit en mesure...
49:52Des exemples, des noms, Nathalie...
49:54J'en ai un ou deux, mais je ne les prononcerai pas.
49:56Ça fait réellement vivre, en tout cas.
49:58La réforme du quinquennat, déjà,
50:00fait qu'on est à peu près
50:02tout le temps en campagne présidentielle.
50:04Le système politique,
50:06vous le savez mieux que moi, il est plus que jamais
50:08orienté sur l'élection présidentielle
50:10et elle seule, donc c'est vrai que...
50:12Et puis, il y a aussi le rôle des sondages d'opinion
50:14qui va aussi attiser cette
50:16obsession de la présidentialité
50:18en allant interroger
50:20les gens pour leur demander
50:22si tel ou tel,
50:24qu'ils y pensaient ou qu'ils n'y pensaient pas.
50:26Et ça peut être y compris des gens extérieurs au champ politique.
50:28On va s'amuser à aller tester
50:30la popularité de gens qui ne font pas de politique.
50:32On va poser la question
50:34à la personnalité politique qu'on a
50:36sur notre plateau. Est-ce que vous y pensez
50:38parfois, Yael Brown-Pivet ?
50:40Est-ce que vous cultivez
50:42un caractère, un tempérament politique ?
50:44Alors moi, je suis tombée
50:46dans la politique depuis sept ans,
50:48comme vous le savez.
50:50Un peu plus, vous avez été militante.
50:52En 2017, oui, pendant quelques mois
50:54à Tokyo, à l'autre bout du monde,
50:56dans une section qui devait comporter une vingtaine de personnes,
50:58donc je ne considère pas que je suis rentrée en politique
51:00à ce moment-là. Mais
51:02je suis rentrée en politique
51:04en exerçant un mandat
51:06en 2017. Moi, j'ai
51:08du mal avec le sujet professionnel
51:10de la politique. On est arrivé
51:12justement en 2017, en disant
51:14justement, en essayant
51:16de mettre fin à ces professionnels de la politique
51:18qui faisaient leur vie dans la politique.
51:20Moi, je considère que c'est très sain
51:22que des citoyens fassent
51:24de la politique. Ils en font tous les jours
51:26dans toutes nos mairies, et ça peut
51:28être le cas au plus haut niveau.
51:30Donc moi, je ne disqualifierais pas
51:32des citoyens par principe
51:34dans la vie politique sous prétexte
51:36qu'ils n'en font pas depuis qu'ils ont 15 ans.
51:38Après, moi, ce qui m'étonne
51:40parfois, et je ne citerai pas de nom non plus,
51:42c'est peut-être les mêmes,
51:44c'est que s'imaginer
51:46président de la République
51:48et le devenir,
51:50et c'est quand même avoir charge d'âme
51:52de 68 millions de personnes,
51:54c'est quand même piloter
51:56le destin d'une nation,
51:58ça n'est pas rien, et c'est vrai
52:00que parfois, on peut s'étonner
52:02que cette ambition soit
52:04dans la tête de certains.
52:06Ce qui est intéressant dans votre ouvrage, c'est que
52:08vous abordez aussi la question de la primaire
52:10qui ne fonctionne pas en France,
52:12ce qui permettait quand même
52:14de sélectionner sans se croire
52:16les gens capables de devenir président,
52:18en mettant tout le monde au sein d'un même parti,
52:20tous les candidats potentiels sur la même ligne de départ.
52:22Pourquoi ça marche aux Etats-Unis ?
52:24Pourquoi ça ne marche pas en France ?
52:26L'histoire de la primaire en France,
52:28elle est assez curieuse, puisque ça a marché
52:30d'une certaine façon, ça a marché pour François Hollande,
52:32ça a marché jusqu'à l'issue
52:34que l'on sait pour François Fillon,
52:36donc il y a eu une dynamique très favorable à la primaire
52:38autour de l'idée que, justement,
52:40pour présidentialiser un candidat,
52:42il lui fallait quelque chose qui était
52:44très régulier et pas seulement des logiques d'appareil.
52:46Donc il y a eu...
52:48La mayonnaise a pris dans un certain contexte
52:50pour certains, et puis on sait bien
52:52qu'elle est retombée.
52:54Ni Valérie Pécresse, ni
52:56Anne Hidalgo n'en ont profité,
52:58donc je ne sais pas du tout ce que l'avenir
53:00nous réserve sur ce terrain-là.
53:02Je crois qu'il faut avoir des compétences
53:04et avoir fait éventuellement des études,
53:06voire éventuellement aussi avoir travaillé dans sa vie
53:08pour pouvoir être président de la République.
53:10Et Françoise, d'autres questions aussi ?
53:12C'est trop long, c'est trop long.
53:14Dommage, je m'abstiens.
53:16Alors, pour vous répondre,
53:18manifestement,
53:20l'opinion publique française reste attachée quand même
53:22à l'idée que n'importe qui
53:24ne peut pas devenir président de la République
53:26et qu'il y a
53:28des exigences, de compétences, de capacités
53:30discursives.
53:32Un scénario
53:34à la Trump, encore une fois, c'est-à-dire quelqu'un qui est
53:36complètement extérieur au champ politique
53:38et qui n'a même
53:40aucune fonction publique, d'une façon générale,
53:42complètement extérieure à l'appareil d'État.
53:44On n'imagine pas ça en France.
53:46C'est compliqué aussi pour les femmes.
53:48Les femmes, elles n'ont pas la place, vous l'avez légèrement dit.
53:50Elles ont des diplômes,
53:52elles sont des bons
53:54curfus politiques, ça ne marche pas.
53:56Le moment Ségolène Royale est un moment important,
53:58je crois, où on n'a pas seulement
54:00une femme qui devient présidentiaire,
54:02mais qui aussi joue la carte de la féminité.
54:04Donc les choses avancent quand même.
54:06Bon, les choses avancent. Lentement.
54:08Répond Yelbrone Pivet qui a bien raison.
54:10On part de tellement loin.
54:12Merci à tous les deux, en tout cas, merci Christian Lebar.
54:14Le titre de votre dernier livre,
54:16donc, Présidentiable, point d'interrogation
54:18paru aux presses universitaires de Rennes.
54:20Merci à vous aussi, Yelbrone Pivet, d'être venu
54:22dans Question Politique ce dimanche.
54:24Merci à Fabienne Lemoyle et à Maurie Bauchet
54:26pour la rédaction en chef et pour la programmation.
54:28Belle fin de week-end à toutes et à tous.
54:30Je vous dis à la semaine prochaine.

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