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00:00Europe 1 Soir Week-end, 19h21, Pascal Delatorre Dupin.
00:05Vous êtes avec nous, nous sommes en direct.
00:07C'est Europe 1 Soir Week-end, Samia Maktouf, nous vous entendons, vous êtes restée avec nous
00:14parce que je voudrais qu'on aborde évidemment maintenant l'affaire de ces influenceurs algériens.
00:18Bien, l'Algérie qui en fait se fend d'un communiqué aujourd'hui
00:23pour nous expliquer pourquoi elle a refusé sur son territoire
00:26un de ses ressortissants qui avait été expulsé après avoir tenu des propos inqualifiables, de violences, condamnables.
00:36Il a été expulsé, point final, l'Algérie a refusé.
00:39L'Algérie explique dans son communiqué qu'on a presque l'impression que c'est quelqu'un de parfait.
00:44Le ressortissant vit en France depuis 36 ans, il n'a permis de séjour depuis 15 ans, il est père de deux enfants,
00:49il travaille, il a un emploi stable depuis 15 ans.
00:54Donc voilà, l'ensemble de ces données lui confèrent des droits que son expulsion précipitée et contestable
01:00l'a empêché de faire valoir tant devant les juridictions françaises qu'européennes.
01:03En plus on en donne des leçons de justice au délit d'Artigone.
01:06Donc ils nous disent qu'ils feront en sorte que ce ressortissant puisse bénéficier d'une judiciarisation correcte,
01:11qu'il puisse faire valoir ses droits et se défendre dans le cadre d'un processus judiciaire juste et équitable,
01:17refermer les guillemets, c'est le même pays qui embastille Oualem-Sensal.
01:22Dont on n'a aucune nouvelle.
01:24Et dont le comité de soutien est extrêmement inquiet aujourd'hui.
01:28Donc voilà où nous en sommes rendus.
01:30Mais c'est quand même incroyable !
01:31Alors, Samia Mahdi, vous êtes avocate, quels sont nos leviers ?
01:34C'est en tant qu'avocate que je voudrais reprendre un peu les règles,
01:39parce que nous sommes dans un état de droit fort heureusement.
01:42Le droit d'entrée et de séjour sur le territoire français est une prérogative régalienne
01:49qui en bénéficie un état souverain tel que la France.
01:53Ça veut dire quoi ?
01:54Ça veut dire que la seule exception qu'il peut empêcher ou qui constitue une exception à l'extradition
02:03ou le refoulement d'une personne qui séjourne sur le territoire français,
02:08c'est le fait que cette personne puisse faire l'objet d'un traitement dégradant inhumain
02:16et qui puisse être maltraitée dans son pays d'origine.
02:20En l'occurrence, je ne connais pas le dossier,
02:22mais à l'évidence ce n'est pas le cas puisqu'il flatte son pays,
02:26il est élogieux de l'Algérie.
02:29Donc seuls les réfugiés pourraient, parce qu'il y a eu deux conventions qui permettent ce principe...
02:36Seules deux conventions posent une exception à cette possibilité de refouler quelqu'un.
02:44Le non-refoulement n'est possible que si la personne peut, sur le pays où elle est renvoyée,
02:51peut être maltraitée et subir un traitement...
02:55Ce qui n'est pas le cas.
02:57En mars 2024, ça s'était très bien passé.
03:00Il y avait son passeport, tout était en règle.
03:02Donc on se fait une nouvelle fois humilier par l'Algérie au milieu d'Artigol.
03:08Je vais être attentif à la réaction, ou non, au plus haut niveau de l'État.
03:15C'est-à-dire qu'aujourd'hui, l'expression du chef de l'État
03:18sur cette crise franco-algérienne
03:22qui atteint aujourd'hui un niveau spectaculairement élevé.
03:26On a appris il y a quelques heures que le conseiller diplomatique d'Emmanuel Macron,
03:33au regard d'un nombre sérieux de désaccords avec le Président de la République,
03:38partait, quittait l'Élysée, alors qu'il était vraiment une personne aux combien ressources.
03:44Il y a donc au sommet de l'État aujourd'hui, avec un Président de la République
03:48qui au début de son premier quinquennat avait fait tapis sur l'Algérie
03:51pensant que véritablement l'axe était là pour après aller de zigazag
03:57faire la même chose avec le Maroc, avec la prise d'opposition sur le Sahara occidental.
04:01C'est une politique de gribouille, on n'y comprend plus rien.
04:04Mais moi ce qui m'inquiète vraiment,
04:06j'espère qu'il y a de la diplomatie souterraine aujourd'hui concernant Boalem Sansal,
04:11ce qui pourrait à minima expliquer le silence d'Emmanuel Macron
04:15voulant aboutir sur ce dossier-là.
04:17Mais si ce n'est pas le cas, nous sommes dans une situation extraordinairement fragile pour notre pays.
04:21Mais c'est quoi la position d'Emmanuel Macron vis-à-vis de l'Algérie ?
04:24Devant les ambassadeurs, il a soufflé le chaud et le froid.
04:27Exactement, c'est le « en même temps ».
04:29Voilà, exactement, Olivier Dardigeul.
04:31Non mais le « en même temps », franchement, aujourd'hui il va falloir qu'on réagisse à Rachel Khan.
04:35Déjà, je sais que maintenant on a pris l'habitude d'appeler ce dossier les influenceurs,
04:41mais pour moi ce ne sont pas des influenceurs,
04:43ce sont des porte-paroles du régime algérien
04:49et par ailleurs porte-parole de la haine envers l'Occident et notamment la France.
04:55Après, sur la question justement des réseaux sociaux,
04:58je sais qu'il est question des frontières et de l'extradition,
05:03mais qu'ils soient n'importe où, à Acapulco ou n'importe où,
05:08ils peuvent de toute façon poster aujourd'hui des messages de haine envers la France.
05:14Donc la problématique est double,
05:16elle est à la fois ce qu'a fait l'Algérie de ne pas accueillir son ressortissant dans ses frontières,
05:22ce qui est une violation du droit international par ailleurs,
05:24mais aussi la question des réseaux sociaux,
05:26qui sont sans frontières et qui peuvent être une arme idéologique contre un pays.
05:32Oui, bien sûr, sauf que là il va falloir trouver des solutions.
05:36Vous vous rendez compte, les influenceurs vont continuer en France à rigoler,
05:40à faire des vidéos, à vomir, parce que c'est à vomir ce qu'ils disent,
05:45sans aucun risque, il n'y a pas d'expérience facesse.
05:48Oui, mais parce que là la position de la France est très compliquée.
05:51Quand la France, ça fait deux ans, un an et demi on va dire,
05:55qu'elle donne des leçons de morale à travers le monde sur la désescalade de tous,
06:00là elle ne peut plus faire de désescalade.
06:03La question est à l'évidence politique.
06:06A l'évidence, elle est politique et j'espère qu'on va le rappeler,
06:09sera réglée par des moyens diplomatiques.
06:12On sait très bien que la diplomatie est sourde,
06:14c'est la raison pour laquelle je pense qu'on ne peut pas avoir l'écho
06:18de ce qui est en train de se discuter.
06:20En revanche, pour revenir sur l'aspect juridique,
06:23moi ce que je ne comprends pas, cette personne,
06:26je ne connais pas le dossier, mais de ce que j'ai appris comme tout le monde,
06:29c'est qu'il est un ressortissant algérien qui a un passeport algérien
06:38et qui a un titre de séjour.
06:41Le titre de séjour, encore une fois, je vous le rappelle,
06:44c'est le pouvoir discrétionnaire régalien souverain de l'État.
06:49Moi ce que je n'ai pas compris, pourquoi si,
06:51dans la mesure où cette personne présenterait un danger pour l'ordre public,
06:54il fallait tout simplement annuler son titre de séjour ?
06:57Je suis confrontée à ces situations avec ces personnes.
07:01Le préfet aurait dû annuler purement et simplement le titre de séjour
07:06parce que, comme l'a rappelé Rachel Kane,
07:08il y a un État qui refuse son propre citoyen
07:11et ce citoyen ne risque pas la persécution conformément
07:15aux principes fondamentaux du droit international.
07:18La seule exception qui aurait empêché la France à l'expulser
07:23s'il était sujet à persécution ou un traitement inhumain et dégradant.
07:28Mais là nous avons un ressortissant algérien dans le pays ressortissant.
07:33On n'en veut pas !
07:34Comment a-t-on accepté qu'il soit refoulé et accepté à nouveau ?
07:39Ben si, il est en France apparemment.
07:41Oui, Bruno Retailleau est monté au créneau en disant effectivement...
07:43Si, il serait en France aujourd'hui.
07:45Mais pourquoi le titre de séjour ?
07:47Tous les jours j'ai des personnes qui m'appellent pour me dire
07:49on vient de m'annuler mon titre de séjour
07:51et ce n'est pas parce qu'il a deux enfants français
07:53que ça autorise, que ça donne le droit d'avoir un titre de séjour.
07:56Je vous parle sur le plan juridique pur.
08:00Moi j'ai une vive pensée pour les Français d'origine algérienne aussi
08:03parce que ce genre d'individus fait monter la xénophobie
08:09et le racisme en France et divise les citoyens.
08:12Oui, parce que là l'écrasante majorité des Algériens
08:17qui sont binationaux sont respectueux de la loi.
08:20Je sais bien qu'à la fois en France qu'en Algérie ils sont respectueux.
08:24C'est comme pour le terrorisme.
08:26Là on parlait de Charlie tout à l'heure.
08:28Qu'est-ce qui ressort dans cette affaire ?
08:31C'est qu'on n'accepte pas qu'une personne puisse critiquer un régime.
08:36C'est le non-respect du droit à la liberté d'expression.
08:41Le problème c'est qu'il y en a de plus en plus des influenceurs qui sont arrêtés.
08:44Il y a une influenceuse qui sera jugée le 18 mars par le tribunal correctionnel de Lyon.
08:49Pareil pour avoir tenu des propos absolument épouvantables.
08:52Mais comme vous le disiez Samia Maktouf,
08:54ils sont des dizaines et des dizaines et des dizaines.
08:57Ce n'est pas cinq !
08:59Donc ils ont peur de quoi ?
09:01Après vous voyez, quand on a eu la révélation de Rima Hassan
09:08un petit peu avant les élections européennes,
09:12ce comportement sur les réseaux sociaux frôle.
09:15Elle est à la limite de ça par rapport à la France.
09:18Depuis un bon moment.
09:20Elle n'a jamais franchi la ligne rouge.
09:22Elle a permis aussi à certains, et notamment aux jeunes,
09:25de libérer cette parole de haine justement.
09:28C'est l'exemplarité dont on parle.
09:30On parlait encore une fois de la Miss France.
09:32Ce n'est pas elle, mais c'est ce qu'elle représente pour les jeunes.
09:36C'est l'exemplarité qui compte.
09:39Que l'on politique donne l'exemple.
09:41Que la personne qui, dans la société, a un poids dans l'exemple.
09:45Aujourd'hui, ils me disent, les jeunes,
09:49ils n'ont pas de référent.
09:52Il y a quelque chose aussi sur les réseaux sociaux.
09:55Après j'aimerais bien entendre Olivier sur ce sujet.
09:58C'est simplement qu'au niveau des réseaux sociaux,
10:01il y a un fonctionnement, les algorithmes.
10:03Lorsque vous postez un message d'amour sur les réseaux sociaux,
10:06il n'a pas de nombre de vues très très fort.
10:10En revanche, un message de haine circulera beaucoup plus aussi.
10:14C'est le fonctionnement même des réseaux.
10:16Et avec une autre chose.
10:18Les réseaux sociaux vont vous amener prioritairement et presque uniquement
10:22vers ce qui va conforter vos opinions, votre terreau.
10:28C'est à dire, il n'y a plus la possibilité d'une altérité.
10:31Vous n'allez pas être dirigé vers une pensée autre,
10:34hétérodoxe à ce que vous pensez vous,
10:36pour aller voir la part de vérité, de ce qui pourra vous échapper,
10:39dans quelque chose qui est très éloigné de ce que vous ressentez.
10:42Donc ça crée des sillons, ça crée des confrontations permanentes.
10:46Et moi je dois avouer qu'avant on vit tout ça.
10:50Quand on a un engagement public ou médiatique,
10:52des fois on nettoie son mur, on ne laisse pas passer un certain nombre de choses.
10:56Je ne le fais même plus moi aujourd'hui.
10:58Parce que là, de guerre relâche, je me dis tant pis, on se laisse.
11:02Même si des fois ce sont des choses, par rapport à mon histoire familiale,
11:06personnelles, des choses qui m'ont blessé.
11:10Aujourd'hui vous avez pris la distance.
11:12Ceux qui disent, je suis d'une totale indifférence,
11:16j'aimais bien la phrase de Mitterrand, il sous-estime ma capacité à l'indifférence.
11:21Peut-être qu'on se blinde, mais on n'est jamais totalement indifférent.
11:26Ce qui est le plus dangereux, c'est de créer des...
11:29En fait, c'est la calomnie le plus dangereux.
11:32C'est-à-dire qu'on vous dit à peu près n'importe quoi de ce que vous êtes,
11:36pour que vous soyez une cible.
11:39Oui, exactement.
11:40Ces réseaux sociaux, parfois se poisonnent.
11:43Disons les choses, parfois se poisonnent.
11:46On va reparler dans un instant, évidemment.
11:48Tiens, Mohamed, s'il fait oui, il sera avec nous.
11:50On va parler un petit peu avec lui, effectivement,
11:52des moyens que nous avons à notre disposition,
11:54juste pour se faire respecter par les autorités algériennes.
11:57Évidemment, on ne jette pas l'opprobre sur tous les Algériens,
11:59ni la communauté algérienne qui est présente en France.
12:01Non, mais je préfère le préciser.
12:02Absolument.
12:03Voilà, c'est très important.
12:05Là, c'est les autorités algériennes, elles, qui sont mises en cause
12:08et qui ne nous respectent pas.
12:10Donc, Mohamed, s'il fait oui, il est avec moi
12:13dans un tout petit instant après le journal de 20h.
12:16Charlotte Dornela, journaliste au JDD,
12:17Adrien Matou, chef du service politique à Marianne,
12:19vont nous rejoindre dans ce studio.
12:21Merci beaucoup, Rachel, merci Olivier.
12:23Merci, Pascal.
12:24Merci à vous d'être venus dans ce studio.
12:27Une annonce, une annonce centaine cette année.
12:29Votre radio préférée, Europe 1, fête ses 70 ans.
12:31À travers un podcast inédit,
12:33découvrez l'histoire de la création d'Europe 1
12:36et les tous débuts d'Europe 1,
12:38parfois compliqués, de la station
12:40qui a révolutionné le quotidien des Français,
12:42comme l'explique le journaliste Philippe Labreau.
12:44Il avait 19 ans en 1955 au lancement d'Europe 1.
12:47Qu'est-ce que je découvre, comme beaucoup de Français,
12:49c'est qu'ils font ça autrement.
12:51La grande révolution, c'était que les journalistes,
12:54les animateurs, les présentateurs
12:56parlaient comme on est en train de parler, vous et moi.
12:58Et l'un seul coup, ils apportaient la normalité
13:01et ils foutaient en l'air un certain establishment.
13:04C'est un tournant sociétal et culturel très important.
13:07L'incroyable histoire d'Europe 1,
13:09un podcast exceptionnel.
13:10Écoutez dès maintenant sur le site et l'application Europe 1.
13:13Et demain dimanche, de 14h à 15h,
13:15sur l'antenne d'Europe 1,
13:17il est 19h59,
13:19dans un instant, le journal de 20h.
13:21Europe 1, soir, week-end.
13:2319h, 21h, sur Europe 1.