Détention, diffusion et enregistrement de contenus pédopornographiques : les brigades de protection des mineurs disposent de groupes spécialisés dans la traque des prédateurs en ligne.
Marie-Eva Mercury Bernard, Lieutenant de la Brigade de Protection des Mineurs, détaille les procédures dédiées à la lutte contre ces criminels et l'accompagnement spécifique mis en place par les forces de l'ordre pour l'accompagnement de jeunes victimes.
Marie-Eva Mercury Bernard, Lieutenant de la Brigade de Protection des Mineurs, détaille les procédures dédiées à la lutte contre ces criminels et l'accompagnement spécifique mis en place par les forces de l'ordre pour l'accompagnement de jeunes victimes.
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00:00C'est très difficile, avant d'être confronté à des images et des vidéos pédopornographiques,
00:03de savoir comment on va réagir face à ces contenus.
00:05Pour que ces vidéos existent, c'est qu'il y a des mineurs qui ont été violés quelque part,
00:09quelqu'un qui détient de la pédopornographie et qui en diffuse en cours de la prison ferme.
00:15Le groupe Internet de la Brigade de protection des mineurs,
00:17c'est un groupe qui traite essentiellement de la détention,
00:21de la diffusion et de l'enregistrement de pédopornographie.
00:23Quand on soupçonne une personne de détenir, de diffuser ou d'enregistrer des films pédopornographiques,
00:30on va enquêter d'abord, sans prévenir évidemment cette personne.
00:34Donc on va essayer de déterminer l'endroit où il habite,
00:38trouver sa profession pour voir si c'est quelqu'un qui est en contact avec des mineurs
00:41et donc s'il y a un danger immédiat.
00:42Et une fois qu'on a recueilli un maximum d'informations sur cette personne,
00:46sur son entourage, sur ses habitudes de vie,
00:48on fait un travail de police classique, c'est-à-dire qu'on va aller interpeller cette personne,
00:52on va réaliser une perquisition,
00:53saisir tout ce qui pourrait contenir des images ou des vidéos pédopornographiques,
00:57donc tous les supports informatiques, téléphone, disque dur, ordinateur, clé USB.
01:01On va analyser ces supports et donc encore une fois, un travail de police classique.
01:05Après, des auditions de la personne mise en cause,
01:08des auditions de son entourage, de son conjoint, sa conjointe, de ses enfants.
01:16C'est la salle dans laquelle sont auditionnés les mineurs vraiment petits,
01:20qui ne peuvent pas être auditionnés comme ça et qui sont auditionnés.
01:22Du coup, vous voyez, c'est pensé pour que le policier soit un peu à hauteur d'enfant.
01:27Il y a une vitre sans teint là.
01:29Voilà, c'est filmé, c'est enregistré et ensuite, il y a une retranscription,
01:32comme je vous disais, a posteriori.
01:33Et ça permet une conversation plus naturelle, plus fluide avec l'enfant.
01:37Voilà, avec les tout-petits, c'est ce qui marche mieux.
01:44Dans nos mises en cause, on a des personnes qui ont un peu tous les âges.
01:47Évidemment, des origines géographiques différentes.
01:50On a des gens qui ont des vies de famille avec des enfants.
01:53On a des célibataires, toute classe sociale aussi.
01:57En revanche, la très, très grande majorité des cas, ce sont des hommes.
02:00Toutes les personnes qui sont dans le groupe Internet
02:03sont amenées à visionner des contenus quotidiennement,
02:05déjà pour caractériser les infractions,
02:07mais aussi après pour identifier éventuellement des victimes.
02:09Donc, il faut écouter si ça parle français sur la vidéo ou pas,
02:13s'il y a des prénoms qui sont prononcés,
02:16ce qui peut permettre d'identifier une famille, par exemple.
02:19Et puis, on a une autre partie qui est plutôt une enquête d'initiative.
02:24C'est une enquête que réalisent des effectifs de police
02:27qui suivent une formation spécifique
02:29et qui, après, se font passer soit pour des pédophiles,
02:32soit pour des mineurs pour essayer de faire tomber dans leur filet des pédophiles.
02:37Et je précise que, contrairement à d'autres pays du monde,
02:40on est obligé d'avoir une forme de passivité.
02:42On ne peut pas, en France, convaincre quelqu'un
02:45ou essayer de pousser quelqu'un à commettre quelque chose d'illégal.
02:48Je dirais qu'en moyenne, on passe quelques semaines ou quelques mois sur chaque affaire.
02:52Souvent, les mises en cause qu'on a dans notre service
02:55ont un côté un petit peu collectionneur
02:58et donc, ils vont accumuler du contenu pédopornographique,
03:02des photos, des vidéos qui sont d'ailleurs souvent très bien rangées
03:05avec des mots clés, etc. sur leur support.
03:07Et on peut trouver jusqu'à plusieurs dizaines de milliers,
03:10parfois centaines de milliers de photos ou de vidéos
03:13sur les supports d'un seul individu.
03:15Par ailleurs, c'est une communauté qui est assez partageuse, je dirais.
03:18Et donc, souvent, ils échangent des photos et des vidéos
03:21sur des forums, sur des espaces de discussion en ligne.
03:25Le frein qu'on pourrait avoir, c'est l'absence de coopération
03:29de certains sites internet ou de certaines plateformes,
03:31parce qu'elles veulent respecter l'anonymat de leurs utilisateurs,
03:35parce que c'est aussi, elles, leur fonds de commerce.
03:37Mais non, on a besoin que cet anonymat soit levé.
03:39La peine prononcée va dépendre d'énormément de facteurs,
03:42du nombre de fichiers détenus, évidemment,
03:45d'un passage à l'acte ou d'une absence de passage à l'acte,
03:47des antécédents de la personne aussi.
03:49Quelqu'un qui détient de la pédopornographie
03:51et qui en diffuse en cours de la prison ferme,
03:53il va être demandé à ces personnes-là d'être suivies régulièrement
03:57sur le plan psychologique, voire psychiatrique.
04:00Je pense que c'est très difficile,
04:02avant d'être confronté à des images et des vidéos pédopornographiques,
04:04de savoir comment on va réagir face à ces contenus.
04:07Ce qui est imposé, c'est de faire une sorte de petit stage
04:11pour voir si on arrive à supporter le visionnage de ces vidéos, de ces photos.
04:18Moi, je sais que, par exemple, tout ce qui est sadomasochisme avec des enfants,
04:22c'est quelque chose qui me met particulièrement mal à l'aise et qui me dérange.
04:27Mais on va avoir d'autres effectifs, ça va être plutôt une question d'âge.
04:32Une relation sexuelle entre un homme de 40 ans sur une vidéo
04:37et un bébé d'un an et demi.
04:40Il y en a qui vont avoir du mal avec les vidéos, avec une dimension scatophile.
04:44On sait en quoi on s'engage quand on arrive ici.
04:47Donc ça va, pour répondre à votre question.