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Au sein de l’OCDE, 17% des travailleurs indépendants sont des immigrés. La mission de Singa est de les accompagner. Benoît Hamon, président de l’ONG et Cécile Amiah, fondatrice d’Izypaper, nous expliquent comment ils soutiennent l’intégration des personnes réfugiées sur le marché de l’emploi.

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00:00Le débat de ce Smart Impact. Je présente tout de suite mes invités Benoît Hamon. Bonjour, bienvenue le président de Synga et Cécile Amia.
00:13Bonjour, bienvenue à vous aussi. Vous êtes la fondatrice d'Easy Paper. Allez, rapido, question de présentation. Synga, pour commencer ?
00:21Synga, c'est un réseau européen. C'est le premier réseau en Europe sur l'entrepreneuriat réfugié. Nous accompagnons plusieurs centaines d'entrepreneurs,
00:28nouveaux arrivants réfugiés dans une quinzaine de villes en Europe avec des incubateurs, accélérateurs. Et c'est comme ça qu'on a rencontré Cécile,
00:39qui est lauréate à Paris d'un de nos programmes et qui fait partie de ces innombrables success stories de femmes et d'hommes qui créent des entreprises
00:50en Europe, souvent avec d'ailleurs un fort impact. Votre entreprise, c'est quoi, Easy Paper ? Alors oui, effectivement, moi je suis co-fondatrice de Easy Paper.
01:02Ça fait depuis 2021 qu'on l'a créé. Easy Paper, c'est la première plateforme qui propose de simplifier les démarches d'intégration de collaborateurs internationaux en France.
01:14Donc nous, ce que nous proposons, c'est quelque chose d'assez simple. C'est simplement à des entreprises de pouvoir simplifier toutes les démarches d'intégration
01:24de leurs salariés internationaux. Et donc j'ai été très ravie d'être accompagnée par Synga dans le cadre du programme d'accélération de Synga Paris.
01:33Vous auriez pu la créer, l'entreprise, sans Synga ou pas ? Alors l'entreprise, elle était déjà créée lorsque j'intègre Synga. Mais seulement, il faut avouer
01:45que le programme d'accélération, comme son nom l'indique, il a permis d'accélérer le projet parce que Synga, c'est un écosystème assez international.
01:55Et donc on a pu travailler avec les partenaires qui ont permis d'accélérer le projet. C'est quoi le modèle économique d'Easy Paper ? Comment vous gagnez votre vie ?
02:05Très bonne question. Alors nous, chez Easy Paper, le modèle économique, il est assez mixte. Donc d'une part, on propose des abonnements qui vont permettre aux entreprises d'avoir un suivi sur le temps long de leurs salariés étrangers.
02:19Ce qu'il faut savoir, c'est qu'en fait, pour une entreprise, il est très important de maîtriser les risques de non-conformité. Et donc pour maîtriser ces risques, nous, on propose un abonnement sur du temps long,
02:31donc par exemple annuel, qui vont permettre en fait aux entreprises d'accéder à la plateforme pour leurs salariés et donc de maîtriser toute la conformité quant à l'intégration de ces salariés,
02:42de maîtriser aussi leur séjour et leurs différents contrats. Par ailleurs, on propose aussi des one-shot, donc des services ponctuels qui vont permettre à des entreprises
02:53qui ont moins de flux de pouvoir accéder aux services d'Easy Paper. – Benoît Hamon, il y a beaucoup de cécilamia, c'est-à-dire qu'il y a beaucoup de réfugiés qui veulent créer leur entreprise,
03:06qui sont dans cette démarche. – Alors énormément en fait, on ignore par exemple, quand on parle des migrations en Europe, que 21% des créations d'entreprises en Europe, dans l'Union européenne,
03:17le sont par des étrangers. En France, c'est 15%. Chaque année, sur 100 entreprises créées en France, 15 le sont par des étrangers. Et la raison pour laquelle il y a tant d'appétit
03:30pour la création d'entreprises, c'est en partie lié au déclassement dont sont souvent victimes les étrangers, puisqu'il faut en France, en moyenne, 10 ans pour qu'une personne étrangère
03:41retrouve son statut social d'origine. – C'est-à-dire qu'ils arrivent avec des diplômes, avec de l'expérience, avec des talents. – Il faut revenir au niveau auquel vous étiez quand vous avez quitté votre pays.
03:50Et donc l'entrepreneuriat est souvent un moyen d'accélérer l'inclusion. Et ce que Synga propose dans plusieurs villes européennes, dans plusieurs villes françaises également, c'est un écosystème
04:00qui part de la pré-incubation jusqu'à l'incubation et l'accélération pour faciliter les créations d'entreprises. Et qu'il me soit permis de dire, pour vous donner une petite idée, que 61% des entrepreneurs
04:12dans nos programmes sont des femmes. Là encore, pour tordre le coup à l'idée selon laquelle la migration est principalement masculine, elle ne l'est pas, pas plus que l'entrepreneuriat.
04:22Et donc Cécile Amia, il n'y en a qu'une, et avec un formidable projet qui est celui d'Easy Paper. – C'est qui votre co-fondateur ou co-fondatrice d'ailleurs ? Vous êtes plusieurs ?
04:31– Alors Juju on travaille… – Pardon. – Oui, entre autres on travaille avec Laurent Glorieux qui lui aussi est l'un des co-fondateurs d'Easy Paper. – D'accord, pardon.
04:40– Et non, mais alors des projets comparables. Alors je pourrais vous en donner un que je trouve génial qui est le Word de Singa Berlin et qui est un programme qui s'appelle Tree Skater, c'est dans mon souvenir,
04:52qui est en gros un drone avec de l'intelligence artificielle qui survole des forêts et notamment des forêts privées pour faire un diagnostic des maladies, des épidémies
05:04et donc limiter les coûts, notamment pour les forêts privées. Et ce projet a été primé, est lauréat de Singa Berlin, mais aussi lauréat d'autres programmes.
05:13Et c'est, voilà, il y en a des dizaines comme ça chaque année, je vous le donne parce que c'est l'équivalent de ce qu'a fait du prix à Paris.
05:21Mais voilà, il y a aussi Singa Barcelone, Singa Zurich, Singa Genève, donc on vous donne les lauréats, mais en fait ce sont des dizaines de projets comme ça, des centaines même,
05:31qui sont accompagnés tous les ans. – Cécile Amia, les avantages pour une entreprise, je retourne, parce qu'on est souvent, on va parler politique,
05:40dans une façon de parler de l'immigration, d'émigration des réfugiés qui est forcément négative, c'est la cistana, c'est la délinquance, etc.
05:49Je ne vais pas reprendre tout ce discours, mais pour un chef d'entreprise qui intègre des réfugiés, parce que vous les accompagnez, quels avantages ils ont ?
05:59– Alors, je ne vais pas juste me limiter sur les réfugiés, mais de façon générale, en fait, sur les personnes nouvelles arrivantes, donc étrangères.
06:09En fait, ce qu'il faut comprendre en termes d'avantages, il faut partir déjà un peu de l'historique.
06:14Moi, personnellement, quand j'arrive en France, en tant qu'étudiante de nationalité étrangère, je me rappelle que j'ai eu plein de refus de la part de responsables de ressources humaines
06:25qui n'arrivaient pas, en fait, à intégrer mon profil. J'avais parfois des mails du type, écoutez, madame, votre profil est intéressant,
06:32mais on ne peut pas vous garder parce qu'on n'a pas de visibilité sur les démarches.
06:37Donc, la vraie question que cela pose, en fait, c'est une question de compétitivité pour les entreprises,
06:43parce qu'on sait que la question de la diversité augmente, en fait, la compétitivité des entreprises.
06:49On sait aussi que, d'autre part, pour les entreprises, comme je le disais tout à l'heure, il y a la question de la conformité.
06:55Aujourd'hui, recruter une personne étrangère et faire une seule petite erreur, ça coûte 30 000 euros.
07:02Donc, pour les entreprises, c'est quand même un vrai sujet.
07:05Cela, c'est un vrai frein.
07:06Voilà, c'est un vrai frein. Et donc, par exemple, on a aussi un autre point, c'est celui des métiers en tension.
07:13Aujourd'hui, on a beaucoup d'entreprises qui sont en tension, en fait, par rapport à la main-d'œuvre.
07:18Et donc, pour revenir, en fait, sur votre question concernant les avantages,
07:23les avantages sont principalement non seulement de maîtriser sa conformité,
07:28mais aussi, d'autre part, en fait, de pouvoir maîtriser l'intégration de personnes étrangères en amenant un plus de main-d'œuvre,
07:37en se positionnant, en fait, sur les talents internationaux et augmenter la compétitivité de l'entreprise.
07:44— Vous êtes également présidente de SS France, qui représente les entreprises et les associations de l'économie sociale et solidaire.
07:50Est-ce qu'elles sont naturellement plus présentes dans l'embauche d'arrivants, de personnes immigrées
08:00ou l'accompagnement de réfugiés qui veulent créer leur entreprise ? Pas forcément ?
08:03— On distingue sur ce terrain-là, en tout cas, ce que pointe le projet de Cécile Amia avec intelligence,
08:09c'est qu'il y a des besoins à la fois de main-d'œuvre. Il y a des entreprises qui savent reconnaître des talents
08:15dont elles ont besoin dans leurs équipes parmi des candidats à l'embauche qui sont nouveaux arrivants.
08:21Mais il peut y avoir cette inquiétude liée à un environnement administratif qui peut apparaître hostile
08:25et qui apparaît d'autant plus hostile que le climat politique n'est pas très favorable.
08:29Donc il y a des entrepreneurs qui peuvent hésiter et finalement choisir la solution à leurs yeux la plus facile,
08:35qui est de ne pas prendre une personne étrangère, alors que ce serait la solution la plus performante.
08:39Et c'est ça que résout Cécile. C'est qu'elle résout ce dilemme dans lequel sont un certain nombre d'entrepreneurs.
08:45Et elle pointe qu'il y a une réalité où on observe... Le débat sur les migrations nous amène souvent à observer
08:54que des entrepreneurs ou des décideurs ne vont pas prendre la décision rationnelle.
09:00La décision rationnelle, c'est d'observer...
09:02C'est un débat sur lequel il n'y a rien de rationnel. On n'a fait plus 20 lois en 20 ans.
09:06Voilà, exactement. Et on sait que plus une entreprise est diverse, plus elle innove,
09:11parce que la diversité amène à faire le pas de côté qui va amener à résoudre un problème
09:15qu'on n'arrivait pas à résoudre à équipe constante. On a des données sur le lien entre diversité et compétitivité,
09:21sur la performance. Et pour autant, aujourd'hui, il y a toujours un frein des résistances
09:27qui nous amène à nous concentrer. C'est ça qui est formidable au projet de Cécile, à lever ces freins concrets.
09:34Et là, plutôt que de dire c'est bien d'embaucher quelqu'un qui est un nouvel arrivant,
09:38on va dire c'est possible et c'est facile de le faire grâce à Cécile.
09:42Vous en êtes où aujourd'hui du développement d'Easy Paper ?
09:45En fait, après deux années de recherche et développement, on a pu lancer la première version de notre outil
09:52qui nous a permis, à date, d'accompagner un peu plus de 200 entreprises.
09:57Aujourd'hui, Easy Paper a accompagné 1 300 profils internationaux vers la France,
10:02ce qui représente environ un gain en termes d'évitement d'amende de 39 millions d'euros.
10:09Donc ça, c'est un peu le stade auquel nous sommes aujourd'hui.
10:12Notre enjeu principal aujourd'hui, c'est d'aller beaucoup plus vite,
10:16de pouvoir accompagner à l'horizon 2028 10 000 profils internationaux.
10:23Et alors, je rebondis ce que disait Benoît Hamon sur la part de femmes, sur les personnes que vous accompagnez.
10:30Il y a beaucoup de femmes ?
10:31Alors, effectivement, il y a pas mal de femmes.
10:34Donc, on va beaucoup plus retrouver des femmes parmi les personnes, par exemple, qui sont déjà sur le territoire.
10:40Je rappelle que notre accompagnement porte autant sur des personnes qui ne sont pas encore sur le territoire
10:45que des personnes qui sont déjà sur le territoire, qui rencontrent toutes, finalement, la même difficulté d'intégration.
10:51Donc, on va retrouver une part de femmes assez conséquente, par exemple, auprès des publics tels que les étudiants internationaux,
11:00ce qui était, par exemple, mon cas.
11:02Ensuite, on va retrouver un public de femmes aussi auprès, par exemple, de personnes qui sont des primo-arrivants,
11:09c'est-à-dire, par exemple, des ingénieurs qui vont arriver du Maghreb.
11:14On a de plus en plus des recrutements venant de femmes, par exemple, dans la tech, dans des environnements tels que la cybersécurité.
11:23Il y a de plus en plus de femmes, en fait, qui s'intéressent à ces métiers et qui vont venir de pays
11:29qui ont une main d'œuvre dans ces différents domaines.
11:32— Merci beaucoup. Merci à tous les deux d'être venus.
11:35— Merci à vous de nous avoir invités.
11:36— Merci.
11:37— Vous présentez, voilà, Easy Paper et le travail de Singha. On passe à notre rubrique Startup tout de suite.

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