Guillaume Daret, éditorialiste politique BFMTV, évoque l'éventualité d'un référendum sur la réforme des retraites.
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00:00Certains parlementaires sont en train de faire un pari un peu fou autour, justement, de ces retraites.
00:05Oui, il y a une petite idée qui commence à traverser l'idée de plusieurs parlementaires,
00:08notamment au sein du Modem, pour résoudre durablement cette question de la réforme des retraites
00:13et sortir de ce qui reste toujours un bourbier politique.
00:16Et il s'appuie notamment sur une piste qui a été avancée par Emmanuel Macron de façon plus large
00:21lors de ses voeux du 31 décembre.
00:23Écoutez ce qu'a dit notamment le président de la République.
00:26Nous aurons des choix à faire pour notre économie, notre démocratie, notre sécurité, nos enfants.
00:33Oui, l'espérance, la prospérité et la paix du quart de siècle qui vient dépendent de nos choix aujourd'hui.
00:42Et c'est pour cela qu'en 2025, nous continuerons de décider.
00:46Et je vous demanderai aussi de trancher certains de ces sujets déterminants.
00:51Car chacun d'entre vous aura un rôle à jouer.
00:54Chacun d'entre vous sera nécessaire.
00:57Eh bien Maxime, il y en a certains de ces parlementaires.
01:00Un responsable du Modem me le disait, responsable de premier plan ce midi à la mi-journée.
01:04Chiche, chiche Emmanuel Macron, chiche s'il faisait un référendum sur la question de la réforme des retraites.
01:11Premier avantage m'avançait-il, ça permettrait de laver politiquement la façon dont cette réforme avait été adoptée,
01:17rappelez-vous, par 49.3.
01:1949.3, c'est parfaitement légal, c'est dans la Constitution.
01:22Mais par beaucoup de responsables politiques, c'est vu parfois, je cite, comme un déni de démocratie.
01:25Ils disent, un vote des Français, au moins, ça trancherait cette légitimité politique-là.
01:30Ce qu'il m'avançait comme idée, c'est de dire, dans le référendum, on met d'un côté l'âge de 64 ans,
01:35de l'autre, une potentielle réforme des retraites par points.
01:38Rappelez-vous, c'était l'idée d'Emmanuel Macron, vieille réforme qu'il avait voulu faire adopter,
01:42en tout cas qu'il avait proposé dans sa campagne de 2017.
01:45Tout ça, ça a été balayé, rappelez-vous, au moment de la crise des Gilets jaunes.
01:49C'est vrai que ce serait un pari politique fou, un pari politique risqué,
01:53mais Emmanuel Macron, c'est des choses que parfois, il aime bien faire.
01:56– Juste une chose quand même, Guillaume Darré, qu'est-ce qui est en train de se passer là ?
01:59On explique, on commence à comprendre que ce ne serait plus tabou
02:02d'aller toucher à l'âge de 64 ans, l'âge de départ à la retraite.
02:04On pourrait aller jusque-là ? Le gouvernement pourrait aller jusque-là ?
02:07– Très clairement, François Bayrou semble entre-ouvrir la porte.
02:10Effectivement, c'est Marie-Elise Lallon, la patronne de la CFDT,
02:12qui, hier après son entretien à Matignon, a dit que ça ne semblait plus tabou, ces 64 ans,
02:17aux yeux notamment du Premier ministre, ça c'est tout à fait nouveau.
02:22Qu'est-ce qui se cache derrière cela ?
02:23On le disait, il y a quelques instants, c'était une information BFM TV,
02:26ce soir, reçu à nouveau, ce n'était pas prévu dans un premier temps,
02:29reçu, aberci par le ministre de l'Économie, à nouveau, les communistes,
02:33les socialistes, les écologistes sont la France insoumise.
02:36Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que le gouvernement essaye de les décrocher,
02:39de fracturer ce nouveau front populaire qu'il n'a pas réussi à fracturer plus tôt.
02:43Fracturer pourquoi ? Parce que François Bayrou, il sait une chose,
02:46il sait que s'il veut que sa survie politique soit un petit peu plus longue
02:50que celle de Michel Barnier, sans dépendre du Rassemblement National,
02:54il faudra aller chercher des alliés à gauche,
02:56quelques alliés socialistes, quelques alliés écologistes, peut-être,
02:59et que ça tient notamment sur cette question de la réforme des retraites,
03:03qui est emblématique pour une partie de la gauche.
03:05Attention, ce ne sera pas forcément évident, Maxime,
03:08parce qu'il y a deux blocs qui restent extrêmement forts,
03:09évidemment, la France insoumise et le Rassemblement National,
03:12eux, ils ne demandent pas des aménagements,
03:14ils demandent l'abrogation de cette réforme purement et simplement.
03:17L'équilibre politique aujourd'hui semble tendre vers une impossibilité
03:22de maintenir ce verrou, en fait, il est comme bloqué, il n'a pas le choix.
03:26Après, il y en a un dont on ne parle pas,
03:27mais est-ce qu'il accepterait de revenir sur les 64 ans ?
03:30C'est Emmanuel Macron.
03:31Ça, ce serait quand même...
03:33Pardon, est-ce que sur ce débat-là,
03:35est-ce qu'il compte encore dans l'équation Emmanuel Macron ?
03:37Il reste président de la République,
03:38il a dit qu'il essaie, le Parlement, faire son choix,
03:41mais on sait que lui, il avait avancé sur cette question-là,
03:43que les 64 ans, c'est quand même quelque chose qui a été emblématique.
03:47Après, c'est vrai que l'astuce politique, si j'ose dire,
03:50quand je vous parlais de ce référendum, de dire
03:52« c'est les 64 ans ou la réforme à point pour les retraites »,
03:56ce serait une façon de dire, finalement,
03:58pour Emmanuel Macron, c'est gagnant-gagnant.
03:59C'est soit la réforme que j'ai fait adopter par 49-3,
04:02soit la réforme que j'avais proposée en 2017.
04:03Vous savez, même les dictateurs doivent parfois renoncer sur ces questions-là.
04:08Vladimir Poutine lui-même a reculé en 2018
04:11quand il avait voulu augmenter l'âge de départ à la retraite,
04:13notamment des femmes, mais aussi des hommes.
04:15Et face à la mobilisation sociale, il avait reculé,
04:18un peu en catimini, et cédé notamment sur les femmes,
04:21tellement le pays s'était mobilisé.
04:23Donc, un président d'une démocratie pourrait aussi être amené à céder.