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Lisa qui avait bien flairé le traquenard a laissé sa place à Julie qui aujourd'hui va devoir séparer l'homme de l'artiste.

Retrouvez « La Drôle D'Humeur De Julie Conti » dans la Bande Originale sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-drole-d-humeur-de-julie-conti

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Transcription
00:00Voici Julie Conti !
00:02En gros, Julie, vous n'auriez pas adapté la pièce comme ça ?
00:06Non, mais surtout, je n'aurais pas invité Benjamin Voisin pour cette adaptation.
00:09Je suis embêtée, Benjamin, mais qu'est-ce que vous allez me faire faire ?
00:12En décembre, il y a JB, le rédacteur en chef de l'émission, qui me propose de remplacer Lisa à la rentrée.
00:17Je me suis dit, bon, faire Lisa, je crois que j'y arrive.
00:19Écoutez, je suis belle, j'ai dépressive et j'aime la sodomie.
00:22Vous avez vu, je l'ai trie, je l'ai trie.
00:24Du coup, j'ai dit oui, pour le remplacement.
00:27Et là, JB me dit, tu vas faire une chronique sur Benjamin Voisin
00:30qui met en scène un texte de Céline.
00:33Je dis, Céline Dion, j'adore, grande fan, pas de souci.
00:36Et là, en bossant un peu, je me rends compte que c'est une adaptation de guerre
00:39de Louis Ferdinand, Céline et merde, je vais devoir séparer l'homme de l'artiste.
00:43Et avec Céline, on ne fait pas dans la mi-mesure.
00:46Ce n'est pas la moitié d'une raclure, le gars.
00:47Pour séparer l'homme de l'artiste, il faut y aller au pied de biche avec le gars.
00:50Et en vrai, Lisa, je suis sûre, elle avait flairé le traquenard.
00:54Sur l'adaptation d'un texte de l'auteur le plus doué et le plus antisémite
00:58de la littérature française du XXe siècle, La Semaine,
01:01où on commémore l'attentat contre l'hyper-cachère,
01:03bravo, le timing est brillant.
01:05C'est sûr, Lisa, elle s'est dit, je vais refourguer la part de tas de choses à la Suisse.
01:09Ils ont gardé l'ordre des nazis, ils peuvent bien lire leur bouquin.
01:12Non, mais avec ça, je suis bonne pour le bad boss, c'est sûr.
01:15Mais j'ai l'impression que vous voulez me pousser à la faute
01:17pour avoir une raison de me lourder.
01:19Vous en avez d'autres, des plans comme ça, foireux, à me proposer ?
01:21Eh, viens faire une chronique sur la journée du droit international des enfants,
01:24on reçoit R. Kelly.
01:29C'est sûr, je vais m'attirer des problèmes, parce que pour être honnête,
01:31quand j'ai lu « Mort à crédit » ou « Voyage au bout de la nuit »,
01:33j'ai adoré, mais j'avais 19 ans à l'époque,
01:35je ne savais pas encore que Céline était une raclure.
01:37C'était en 2004, c'est vieux pour vous dire.
01:39À l'époque, je regardais Astérix et Obélix, Mission Cléopâtre,
01:41en toute détente, parce que je ne connaissais pas encore
01:43la passion de l'équitation de Depardieu.
01:45Pour moi, en 2004, Pierre Malman, c'est un mec qui faisait des duos avec Michel Larocq,
01:48pilote d'autopomponeuse sous acide.
01:50Et l'abbé Pierre, c'était un gentil papy qui défendait les sans-abris,
01:53et pas un gros dégueulasse qui faisait des palpations ma mère non consentie.
01:56Bref, pour cette dernière chronique, avant de me faire cancel,
01:59j'ai voulu les faire, les choses, bien.
02:01Du coup, avant de voir la pièce, je me dis, je vais lire le livre.
02:04Et j'ai essayé de me rassurer, je me disais,
02:06ouais, non, mais ça va, guerre, ça a été écrit en 1934,
02:09Bagatelle pour un massacre n'avait pas encore été publié,
02:11donc Céline n'y était pas officiellement antisémite.
02:13Alors ça va, perché.
02:15Et quand je suis allée à la librairie pour acheter,
02:17je ne m'assumais pas, j'étais là doucement,
02:19hé, j'aimerais guerre de Céline, s'il vous plaît.
02:21On aurait dit que je demandais de la crème anti-hémorroïde à la pharmacie.
02:24Et la libraire me file le bouquin.
02:26Et là, j'étais tellement mal à l'aise que j'ai paniqué,
02:28j'ai dit, ah non, mais c'est pas pour moi, vous pouvez me faire un paquet,
02:30c'est un cadeau pour ma tata antisémite.
02:32Et j'aimerais aussi les mémoires de Bardet, là,
02:36pour mon cousin xénophobe,
02:38et le dernier mass9 pour mon parrain pédophile.
02:40On dirait, ça doit être sympa l'ambiance là,
02:42un repas de famille chez les Conti.
02:44Et puis surtout, j'espérais que le livre qui raconte
02:46la convalescence du brigadier Ferdinand,
02:48de son réveil sur le champ de bataille jusqu'à son départ pour Londres,
02:50soit une daube, pour que je puisse le désinguer à l'antenne.
02:53Mais non, bien sûr, dans guerre,
02:55je retrouve tout ce qui me plaît chez Céline.
02:57Ce langage parlé qui devient un langage écrit brillant.
02:59Et en plus, il y a du cul, mais que demander de plus.
03:01C'est croyeur, c'est ordurier,
03:03ça bouffe, ça baisse, c'est tout ce que j'aime.
03:05Je suis dans la merde, je suis vraiment en train de séparer l'homme de l'artiste.
03:10Et mon dernier espoir, c'était de regarder la pièce
03:13avec un peu de chance vers votre interprétation,
03:15qu'elle soit catastrophique, comme ça j'aurais pu faire,
03:17comme dans Le Masque et la Plume,
03:18et faire une critique assassine du genre...
03:20Mais non, mais tu ne peux pas regarder des gens
03:22dépenser 15 euros pour aller voir une merde pareille !
03:24J'aurais adoré pouvoir dire ça !
03:26Mais non, non, vous êtes juste dans ce rôle,
03:28vous êtes Ferdinand, le langage célinien,
03:30c'est devenu le vôtre.
03:31J'espérais au moins que vous auriez le même look
03:33que votre personnage dans le film L'Esprit Coubertin.
03:35Les petites lunettes cerclées, le boucle, la mèche sur le côté,
03:38ça vous donnait une dégaine de pédocriminel
03:40à l'installement des années 80.
03:42Mais non, mais non, le mec porte super bien
03:44l'uniforme de soldat et la liquette,
03:46ça vous va trop bien, vous êtes magnifique,
03:48même ça, vous ne me l'avez pas laissé.
03:50Donc voilà, j'ai tout aimé de votre adaptation,
03:52alors je ne vous remercie pas, parce qu'à cause de vous,
03:54j'ai séparé l'homme de l'artiste.
03:55Et pour ma dernière sur Inter,
03:56je vous demanderais de bien vouloir séparer
03:58l'humoriste de sa chronique.

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