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00:007h21, journée particulière en ce 7 janvier, puisqu'il y a dix ans, jour pour jour, avaient lieu les terribles attentats de Paris
00:06qui ont décimé notamment une partie de la rédaction de Charlie Hebdo jusqu'à des victimes dans l'hyper-cachère porte de Vincennes à Paris.
00:15Et bien cette traque des terroristes, elle est recensée, elle est racontée dans cet ouvrage,
00:20janvier le jour où nous avons été applaudis, que l'on doit notamment à notre invité, Macchio, bonjour.
00:24Bonjour.
00:25Vous êtes auteur de bandes dessinées, plus d'une centaine d'ouvrages à votre actif.
00:29Ce livre, je l'ai lu hier après-midi, c'est passionnant, c'est une immersion au sein du RAID qui a été quand même la cheville ouvrière de cette traque.
00:39Comment vous avez fait pour recenser tout ça en quelques pages, en plus de 120 pages ?
00:44Disons que je l'ai fait avec mon ami Jean-Édouard Grézy, que j'ai rencontré il y a 2-3 ans chez un de mes éditeurs, Glenna.
00:54Et lui, il a une entreprise de consulting, il est professeur de négociation, spécialiste des conflits.
01:02Autant dire qu'il est difficile de se disputer avec lui, quoi, donc...
01:07Et donc il connaît, en tant que négociateur, professeur de négociation, il connaît certains négociateurs du RAID,
01:14et il l'avait notamment sympathisé avec Frédéric Martin, qui était le négociateur de l'opération Adam Martin, là-bas...
01:23Près de l'imprimerie, là où les frères Kouachi étaient retranchés, je cherchais le mot, merci beaucoup Marie.
01:29C'est vraiment une audace, ce RAID. D'ailleurs, Jean-Michel Fauvert, qui dirigeait le RAID à l'époque, signe la préface de cet ouvrage
01:36en parlant de cette brigade d'intervention comme une icône rassurante, bienveillante, c'est ce que vous vouliez prouver également dans cet ouvrage.
01:44Etant donné qu'on a eu tous les documents de l'organisation, parce qu'il y avait des calculs compliqués pour savoir à quel moment il fallait intervenir,
01:56à la fois à l'Hypercacher et à la fois à Adam Martin, c'était super compliqué parce que les coulibalis à l'Hypercacher avaient dit
02:06« Si vous attaquez les deux, les deux coulibalis, nous on tue les otages. »
02:12Donc c'est là que l'intervention de la presse était compliquée, parce qu'il ne fallait montrer aucune image, s'ils intervenaient, etc.
02:17Et c'est ce qu'on voit bien dans cet ouvrage, parce qu'il y a plusieurs histoires en une, si je puis dire, parce qu'on suit le RAID,
02:23on suit aussi les hautes sphères politiques, où les réunions se succèdent, tant au ministère de l'Intérieur Placebovo qu'à l'Elysée,
02:30on suit la puissance nuisante et nuisible des médias et notamment des chaînes infos, tout en étant à l'imprimerie, tout en étant dans l'Hypercacher.
02:40Ça vous a demandé combien de temps de travail ?
02:42À peu près un mois pour analyser les documents, parce qu'on a eu accès aux documents un peu confidentiels du RAID,
02:50grâce à Frédéric Martin, qui était ami avec Jean-Edouard Grézy, et donc il a fallu, j'ai épinglé tout ça au mur,
02:57pour qu'il y ait un lien narratif, que ça ne soit pas une accumulation d'impression comme ça, qui n'aurait pas été très lisible en quelque sorte.
03:08Alors les planches, elles sont extrêmement parlantes d'elles-mêmes, c'est vrai que le dessinateur a su choper, si je puis dire, les expressions des visages.
03:19C'est assez oppressant, c'est en noir et blanc, seule exception, les taches rouges, forcément, qui symbolisent le sang dans les différentes attaques.
03:25Peu de dialogue, on ressent la solennité, en tous les cas, de l'instant, de ces 54 heures dans cet ouvrage.
03:31Oui, et puis c'était important aussi de montrer un peu l'organisation, les rapports entre la BRI, le GIGN, le RAID, le négociateur,
03:41même il y avait deux, trois négociateurs, en plus Frédéric Martin, il avait été formé récemment, et c'était un peu son baptême du feu en quelque sorte,
03:49il a été gâté, ça c'est sûr, alors que lui, il défend quand même une certaine idée de négociation possible, parfois avec des terroristes,
03:58ce qui n'est pas toujours le cas dans les unités du RAID, etc., où ils ont l'air de, globalement, penser souvent qu'il vaut mieux employer la force tout de suite,
04:07parce qu'on n'a pas le moyen. Mais lui, il prétend, et il l'a prouvé, que quand il a eu quelques mots avec le Kouachi, il disait
04:14« Alors, tu t'es vengé ? Tu t'es vengé ? » Elle dit « Oui, je me suis vengé », donc, d'une certaine manière, ça a commencé à créer un lien, et puis il gagne du temps, etc.,
04:22donc la négociation, c'est quelque chose, c'est pas comme dans les films américains où le négociateur, c'est...
04:27C'est clair, et on la voit cette négociation dans les planches de cet ouvrage, on revoit également toute la mobilisation qui avait eu lieu quelques jours après les attaques,
04:36il y a les personnages également, les figures de la rédaction de Charlie Hebdo qui sont ainsi dessinées, j'en terminerai avec cette une de Charlie Hebdo de janvier 2015.
04:46Elle était géniale, oui.
04:47Dix ans après, est-ce que tout est pardonné, selon vous ?
04:49Pardonné ? C'est difficile à dire, quand même, parce que quand on lit les reportages sur les survivants, sur ce qu'ils vivent, ils sont vivants, mais ils sont morts aussi, quelque part.
05:03J'ai beaucoup d'admiration pour Rhys, qui vit une tragédie grecque, lui, où il, d'une certaine manière, ne veut pas que les terroristes aient gagné, donc il maintient le journal contre vents et marées, et puis...
05:19Il distingue sa parole même au sein des classes, de lycées, des collèges, pour que les jeunes puissent s'emparer également de cet événement, de ce tragique événement.
05:27Janvier, le jour où nous avons été applaudis, c'est aux éditions du Rocher, de Charlie Hebdo à l'Hypercacher, 54 heures de trac.
05:33C'est passionnant, et on le doit notamment à notre invité Macchio, qui habite ici en Sarthe, il était donc tout naturel de vous recevoir dans les studios d'ici maintenant.
05:41Merci d'avoir été notre invité ce matin.