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00:00La rédaction de Charlie Hebdo, aujourd'hui et depuis cet attentat,
00:04c'est une nouvelle adresse secrète, un bunker sans fenêtre
00:08et jusqu'à 80 policiers mobilisés, Fanny.
00:10Oui, le prix de la liberté d'expression, des conditions qui peuvent faire peur,
00:15mais certains ont relevé le défi, comme ces jeunes journalistes recrutés après l'attentat
00:19et qu'a pu rencontrer Antoine Bienveau pour Europe.
00:22En 2020, c'est par hasard que Lorraine, 27 ans, est entrée dans la famille Charlie Hebdo.
00:26C'était une annonce sur Internet, c'était même pas précisé quel était le nom du journal.
00:29On m'a appelé et on m'a dit, ben voilà, c'est pour Charlie, je te laisse 24 heures pour te décider.
00:33Si t'as peur, ne nous rappelle pas.
00:3420 heures après, je rappelais et je disais, mais on y va, banco.
00:37Quelques jours plus tard, la jeune journaliste rencontre ceux qu'elle surnomme elle-même les survivants,
00:41dont le patron, Rhys, rescapé de l'attentat.
00:43La première fois, on se dit qu'on est face à un monument.
00:45On se dit, ouais, il faut que je sois à la hauteur de ces personnes-là qui ont continué leur combat.
00:49Et en fait, pas du tout.
00:50Eux-mêmes, ils parlent de l'attentat, ils en rigolent parce que Charlie en rit de tout, même de soi.
00:54Rire de tout, c'est d'ailleurs ce qui a poussé Yovann, 27 ans, à rejoindre Charlie Hebdo et sa rédaction parfois déroutante.
01:00Il y a une sorte de paradoxe entre le bunker qu'est Charlie Hebdo pour entrer dedans et la cour de récréation qu'il y a à l'intérieur.
01:05C'est des dessinateurs qui gueulent, qui cherchent des blagues, des vannes, on s'y habitue jamais trop.
01:09Mais pour les deux journalistes, travailler à Charlie, c'est aussi s'habituer aux menaces et à vivre avec le poids de l'histoire.
01:15De temps en temps, j'ai une petite crise de parano.
01:17Je me retourne derrière moi, je regarde si je suis pas suivi, ça m'est arrivé une ou deux fois, je me mets à y penser.
01:20Effectivement, il y a de la peur, mais en fait, on doit surpasser ce sentiment pour faire exister le journal et pour montrer que ce qu'on défend, c'est important.
01:26Se battre aussi pour que dix ans après l'horreur, Charb, Cabu et toutes les victimes ne soient jamais oubliées.