Il y a 10 ans jour pour jour j'entrais dans ce studio d'une humeur badine, j'avais encore des pommettes et des fesses rebondies, le Nicolas de l'époque s'appelait Patrick et la Léa du moment s'appelait Léa.
Le billet d'humeur de Sophia Aram dans le 7/10 (8h55 - 6 Janvier 2025)) Retrouvez tous les billets de Sophia Aram sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-billet-de-sophia-aram
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AmusantTranscription
00:00Sophia Aram, bonjour ! Bonjour ! Bonne année ! Et bonne année à tous ! Et c'est à vous !
00:07Eh bien, il y a dix ans, jour pour jour, j'entrais dans ce studio, d'une humeur badine, j'avais
00:12encore des pommettes et des fesses rebondies. Le Nicolas de l'époque s'appelait Patrick
00:16et la Léa du moment s'appelait Léa. Nous étions le 5 janvier 2015 et comme on dit
00:22dans le jargon, nous avions le Président. Un François Hollande détendu, à qui j'avais
00:27de son anus horribilis, avant que le temps suspendu par l'évocation de cet anus ne
00:33lui fasse écarquiller les yeux. Ce lundi 5 janvier 2015, aucun d'entre nous ne pouvait
00:39imaginer que cette même semaine, les attentats contre Charlie Hebdo, Clarissa Jean-Philippe
00:43et Lipercacher nous feraient basculer dans une autre époque. Nous allions perdre des
00:47amis et une partie de notre insouciance quand d'autres ont perdu la vie. Un père, une
00:51femme, un fils, une soeur, un amant, un grand-père, un collègue ou comme Simon Fieschi, la possibilité
00:56d'être heureux. Comment en est-on arrivé là peut-être ? Il y a eu ceux qui se sont
01:01battus pour la liberté de penser et de critiquer n'importe quelle idéologie, y compris des
01:05religions. Alors bien sûr, il y avait ceux aussi qui défendaient l'idée que nos libertés
01:09devraient s'arrêter là où les croyants choisissent de placer l'offense, à commencer
01:13pour certains par un simple dessein du prophète. Ensuite, il y a eu ceux qui sont morts pour
01:17avoir défendu notre liberté de penser ou simplement parce qu'ils étaient juifs ou
01:21policiers. Alors bien sûr, il y a eu ceux qui ont continué à assimiler toute critique
01:25de l'islam ou de l'islamisme à de l'islamophobie. Ensuite, il y a eu Samuel Paty qui est mort
01:29décapité pour avoir enseigné les principes que défendaient ceux qui sont morts pour notre
01:33liberté de critiquer toutes les idéologies, y compris les religions. Alors bien sûr,
01:37il y a eu ceux qui ont continué encore et encore à assimiler toute critique de l'islam
01:41à une offense et à de l'islamophobie. Ensuite, il y a eu Dominique Bernard qui a été assassiné
01:47parce qu'il était professeur comme Samuel Paty qui avait été décapité pour avoir
01:50enseigné les principes que défendaient ceux qui ont été massacrés pour notre liberté
01:54de critiquer toutes les idéologies, y compris les religions. Alors bien sûr, depuis dix
01:58ans, il y a toujours ceux qui continuent d'assimiler toute blague sur l'islam ou l'islamisme
02:02à de l'islamophobie. Et ils ont bien le droit de le faire parce que certains sont
02:06morts pour avoir aussi défendu leur liberté de le faire. Mais pendant toutes ces années,
02:11il y a surtout eu le silence assourdissant de tous les laïcs qui se taisent et qui attendent
02:16de pleurer ceux qui continuent de mourir pour défendre notre liberté de parler. Ils savent
02:20qu'il suffirait qu'ils s'expriment pour protéger ceux qui, comme Charlie, défendent
02:24notre liberté. De la même manière que les rédactions des journaux du monde entier savent
02:28très bien que si elles avaient publié les caricatures du prophète en même temps que
02:31Charlie Hebdo, il est peu probable que nous soyons en train de commémorer le massacre
02:34de ceux qui défendaient notre liberté de critiquer toutes les idéologies, y compris
02:38les religions. Cette semaine-là, nous avons également compris que ceux qui se disent offensés
02:42par un dessein sont unis par la haine des journalistes, des policiers, des juifs, des
02:45homosexuels, des femmes et de tout ce qui constitue notre modèle laïque et républicain.
02:50Nous savons maintenant que nous avons affaire à une idéologie mortifère. J'imagine que
02:54dix ans après, il serait peut-être temps de la combattre pour ce qu'elle est, un totalitarisme.