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00:00L'édito politique sur Europe 1 avec Carl Meus du Figaro Magazine.
00:05Bonjour Carl.
00:05Bonjour Jacques.
00:06Ce matin, vous revenez sur la proposition lancée par Emmanuel Macron lors de ses voeux de redonner la parole aux Français cette année sur des sujets déterminants.
00:17Y aura-t-il vraiment un ou des référendums en 2025, Carl ?
00:21Emmanuel Macron n'a pas prononcé le mot de référendum, mais tout le monde s'accorde à dire qu'en demandant aux Français de trancher, comme vous le dites, sur des sujets déterminants,
00:28c'est bien au référendum qu'il pensait, même s'il envisage aussi des conventions citoyennes.
00:32On a vu hier les obstacles politiques liés à l'accord indispensable, soit des deux assemblées, national et Sénat, soit du gouvernement.
00:39La Constitution a été rédigée en 1958, à une époque où le Premier ministre était forcément aligné sur le Président de la République qui l'avait nommé.
00:46Qu'en sera-t-il avec un Premier ministre qui s'est imposé au chef de l'État ?
00:49Bon, mais au-delà de cet aspect politique, il y a surtout des obstacles juridiques et sociétaux.
00:53Quels sont ces obstacles juridiques et sociétaux, Carl ?
00:57Juridiquement, le Président de la République ne peut pas proposer de référendum sur n'importe quel sujet.
01:01La Constitution encadre strictement le dispositif.
01:04Il s'agit, je cite, « de tout projet de loi portant sur l'organisation des pouvoirs publics,
01:08sur des réformes relatives à la politique économique, sociale ou environnementale de la nation et aux services publics qui y concourent ».
01:15Ainsi, par exemple, sur l'immigration, le Conseil constitutionnel, par la voix de son président Laurent Fabius,
01:20a estimé qu'elle ne relevait pas d'un sujet économique et n'était donc pas prévue dans la liste de l'article 11.
01:25Partisan d'un référendum sur ce sujet, Bruno Retailleau, devenu ministre de l'Intérieur, a reconnu qu'il faudrait au préalable
01:31réviser la Constitution pour étendre le périmètre des sujets soumis au référendum.
01:35En revanche, un référendum sur le changement de mode de scrutin aux élections législatives,
01:39pour passer par exemple à la représentation proportionnelle, est totalement envisageable.
01:43Mais alors là, il y a un autre obstacle qui risque de surgir sur la route d'Emmanuel Macron.
01:46Oui, vous voulez parler de l'abstention des Français sur ce type de sujet qui les concerne peu.
01:50Exactement. C'est à mon sens l'écueil principal qui risque de vider de son sens le recours au référendum.
01:55Quel sens, en effet, cela aurait-il de demander aux Français leur avis sur un changement de mode de scrutin pour des députés,
02:00alors que leurs priorités, affichées régulièrement dans les études d'opinion, sont le pouvoir d'achat, la santé et la sécurité ?
02:06Souvenez-vous du référendum du 24 septembre 2000, initié par Jacques Chirac sur le quinquennat.
02:10Le oui l'avait emporté à plus de 73%. La belle affaire ! La participation n'avait été que de 30%.
02:16Les Français ne sont pas stupides, ils savent que les présidents cherchent avant tout à se relégitimer avec cet outil.
02:21Ils ont pris l'habitude de répondre davantage à celui qui pose la question qu'à la question elle-même.
02:26Sauf si l'enjeu est très fort. Comme en 2005, pour le dernier référendum tenté par un président, 69% des Français se sont déplacés aux urnes.
02:34Malheureusement pour Jacques Chirac, le non au traité constitutionnel européen l'a emporté à 54,7%.
02:39Donc pour contourner cet obstacle, certains ont envisagé la possibilité de recourir à un référendum à choix multiples.
02:45Si on passe sur les obstacles techniques, combien d'urnes il faudrait en tout,
02:48en mélangeant les questions, Emmanuel Macron diluerait les risques, n'aurait pas à s'engager sur un oui ou sur un non,
02:54et éviterait ainsi le désaveu politique. Car après ces deux défaites électorales de 2024,
02:59Emmanuel Macron ne peut pas se permettre de voir le non l'emporter sur un référendum.
03:03Il sait que derrière, ses opposants réclameraient son départ de l'Elysée, comme avait su le faire le général de Gaulle en 1969.
03:10L'édito politique sur Europe 1 signé Karl Mius du Figaro Magazine. A demain Karl.
03:15A demain Jacques.

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