C'est un assaut massif que les oppositions ont lancé, en cet automne 2024, contre la réforme des retraites d'Elisabeth Borne, celle qui a porté l'âge légal de départ de 62 à 64 ans.
Pas moins de deux propositions de loi ont été présentées, l'une par le Rassemblement national, l'autre par La France insoumise, pour revenir à la retraite à 62 ans.
Sur le papier, les opposants à la réforme de 2023 sont majoritaires et l'abrogation de la retraite à 64 ans semble inévitable. Mais à l'Assemblée, tout n'est pas toujours mathématique...
Pas moins de deux propositions de loi ont été présentées, l'une par le Rassemblement national, l'autre par La France insoumise, pour revenir à la retraite à 62 ans.
Sur le papier, les opposants à la réforme de 2023 sont majoritaires et l'abrogation de la retraite à 64 ans semble inévitable. Mais à l'Assemblée, tout n'est pas toujours mathématique...
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00:00Sacrificiel, injuste, inutile.
00:13Voilà ce qui caractérise la réforme des retraites de 2023
00:16portée par Emmanuel Macron et le gouvernement d'Elisabeth Borne.
00:19Vous semblez déterminés à voler deux ans de la vie des Françaises et des Français.
00:26Bonjour à tous, bienvenue dans ce nouveau numéro des Grands Débats.
00:30Pendant une heure, nous allons revivre ensemble l'un des temps forts
00:32de l'Assemblée en cette fin d'année 2024.
00:35Une fin d'année marquée par le retour en force des débats autour des retraites.
00:40Le Rassemblement national et la France insoumise ont choisi d'utiliser
00:44leur niche parlementaire pour tenter de faire abroger la réforme votée
00:49en 2023 sous le gouvernement Borne et repoussant l'âge légal à 64 ans.
00:54Une pièce en quatre actes avec de nombreux rebondissements.
00:58Premier acte, le Rassemblement national présente sa loi
01:01en commission des affaires sociales.
01:05Ce texte n'est pas un texte partisan.
01:07Ce texte n'est pas un texte polémique.
01:10Ce texte n'est pas l'application d'un programme d'un parti politique,
01:14quel qu'il soit.
01:15Ce texte est un texte de concorde dans l'intérêt supérieur des Français.
01:20Sur la base des programmes que nous avons présentés,
01:23chers collègues, lors des élections législatives de juin et juillet dernier,
01:26nous savons qu'une large majorité, une majorité absolue, j'ose le dire,
01:30existe en faveur de ce texte dans notre hémicycle.
01:33Cette majorité, nous la devons à nos électeurs
01:36et ils nous écoutent et nous observent aujourd'hui.
01:40Le Rassemblement national et toute la gauche sont favorables
01:43à l'abrogation de la retraite à 64 ans.
01:46Sur le papier, il existe donc une majorité pour voter la loi du Rassemblement national.
01:51Seulement, les députés de gauche vont refuser de mêler leur voix
01:55à ceux des partisans de Marine Le Pen.
01:59Qui peut croire que le RN lutte contre la retraite à 64 ans
02:02alors qu'il n'a déposé que 75 petits amendements
02:05dans cette même commission contre la réforme en 2023 ?
02:08Qui peut le croire alors que jamais un seul élu du FN
02:11ne s'est rendu aux manifestations les plus massives en France depuis la Libération ?
02:15L'extrême droite a préféré, sur les chaînes de Bolloré,
02:18légitimer les violences policières et les arrestations arbitraires.
02:21Tartuffe Marine Le Pen sur les questions sociales comme sur le reste.
02:24Tartuffe sur les retraites quand, en 2012, pas il y a 50 ans,
02:28le programme du RN, c'était la retraite à 65 ans,
02:32puis qu'elle a changé d'avis sous la pression de l'opinion.
02:35Tartuffe quand, dans la campagne des élections législatives de 2024,
02:39le RN a continué à tergiverser,
02:42oscillant entre différentes positions cohérentes, incohérentes,
02:46sur le fond, allant jusqu'à s'allier avec le défenseur de la retraite à 65 ans,
02:50M. Éric Ciotti.
02:53La loi est donc votée en commission, mais vidée de sa substance.
02:56Dans l'optique de l'examen, en séance,
02:58les députés du RN vont tenter de déposer des amendements
03:01pour rétablir sa version initiale.
03:03Seulement, cette volonté va se heurter à un refus
03:06de la présidente de l'Assemblée nationale,
03:08invoquant l'article 40 de la Constitution,
03:11qui interdit aux députés de déposer des amendements,
03:14grévant les finances publiques.
03:16Le débat dans l'hémicycle va donc se révéler largement symbolique,
03:19mais le RN va en faire une tribune politique.
03:25Je pense ce matin, en étant à cette tribune
03:27où j'ai l'honneur de porter ce texte,
03:29à la France qui se lève tôt, la France qui bosse,
03:31la France qui éprouve son corps dans le travail.
03:34Je pense à tous les Français qui sont abîmés par des années de labeur
03:38et qui n'ont pas tous les trimestres nécessaires
03:40pour prétendre à une pension de retraite digne.
03:42Je pense en particulier à toutes ces femmes
03:46qui travaillent plus souvent que les hommes
03:47dans un emploi précaire à temps partiel.
03:49Ces femmes subissent de plein fouet la réforme de 2023
03:52avec un âge moyen de départ qui devrait augmenter
03:54cinq mois de plus que les hommes.
03:56Je pense aussi à ceux que je rencontre toutes les semaines
03:59dans le gatinet et que vous devez rencontrer
04:01dans vos circonscriptions,
04:03qui se demandent comment ils iront jusqu'à 64 ans
04:06quand ils sont déjà au chômage ou qu'ils sont malades.
04:09Notre proposition de loi d'abrogation
04:11soumise à l'examen des députés de la Commission des affaires sociales
04:14n'était pas celle d'un camp ou d'une chapelle.
04:17Ce texte n'était pas la transposition
04:19du programme du Rassemblement national.
04:21C'était un texte transpartisan.
04:24C'est le texte qui nous est demandé par ces millions de Français,
04:27plus de 90% d'entre eux,
04:30qui ne sont pas satisfaits de la réforme
04:32et veulent du changement.
04:33Cette abrogation de la réforme des retraites
04:35dispose d'une majorité absolue,
04:38je dis bien absolue, dans cet hémicycle.
04:41Car si les Français n'ont pas donné
04:42une majorité parlementaire à la France,
04:44ils ont élu une majorité absolue
04:47contre la réforme des retraites.
04:49C'était sans compter sur le sectarisme
04:51de la gauche et de l'extrême gauche,
04:53comme sur l'entêtement des députés
04:55de l'ancienne majorité et de la nouvelle minorité.
04:58C'était sans compter sur cette nouvelle alliance du Parti unique
05:02qui va de Jean-Luc Mélenchon à Laurent Wauquiez,
05:05en passant par Gabriel Attal
05:06qui a tenté de s'aborder ce texte en commission.
05:09Mais qui sera étonné ?
05:11Car depuis le 9 juin
05:12et la victoire éclatante du RN aux élections européennes,
05:16l'extrême centre et l'extrême gauche
05:18se servent la soupe en permanence.
05:22Laissez-moi résumer.
05:25Gabriel Attal soutient et fait élire des députés LFI.
05:28LFI appelle à faire voter et faire élire Elisabeth Borne,
05:32celle qui a mis en place la réforme des retraites.
05:35Le groupe de Gabriel Attal
05:37et les députés de l'extrême gauche
05:39s'allient pour se répartir les postes clés de l'Assemblée
05:42au mépris des 11 millions d'électeurs du RN.
05:46Et enfin, la semaine dernière,
05:49l'extrême gauche et les macronistes
05:52en commission pactisent
05:53pour tenter d'embrécher la réforme des retraites.
05:58Avec ces magouilles,
05:59vous avez gagné le prix du mépris,
06:01le prix de l'hypocrisie,
06:02le prix de l'insincérité,
06:03le prix du sectarisme
06:05et enfin le prix de la bouffonnerie.
06:07Mais ceux qui en paieront le prix aujourd'hui,
06:09ce sont malheureusement les Français.
06:12Heureusement, les Français peuvent compter
06:14sur les députés du RN
06:16pour défendre l'intérêt général
06:18en dehors de ces combinaisons d'appareils.
06:21Heureusement, ils peuvent compter
06:23et pourront toujours compter sur Marine Le Pen
06:25et sur Jordan Bardella
06:27pour défendre une réforme des retraites
06:29juste et efficace.
06:32Collègues de gauche,
06:34les Français savent qu'ils ne peuvent plus compter sur vous
06:37pour défendre les travailleurs de notre pays,
06:39les ouvriers, les salariés.
06:41Devant les caméras, vous jouez l'opposition.
06:43Mais quand il s'agit de voter l'abrogation,
06:46vous préférez l'abstention.
06:47Les Français ont maintenant bien compris
06:49que dans vos votes,
06:51vous n'étiez que des sociotraîtres.
06:53Vous les avez lâchement abandonnés.
06:55Vous les avez à nouveau abandonnés
06:58sur l'autel de vos nouveaux combats
07:00que sont le communautarisme,
07:02l'islamisme et l'antisémitisme.
07:07Et ces derniers jours,
07:09vous nous avez offert le festival du cynisme
07:11avec une nouvelle clownerie pour amuser la galerie,
07:14faire croire aux Français
07:16qu'il était possible d'abroger la réforme des retraites
07:18par un simple amendement au budget de la Sécurité sociale.
07:21Mais patatras,
07:22le président LFI de la Commission des Finances
07:25a finalement avoué qu'il était impossible
07:27d'abroger la réforme par amendement
07:29contredisant toute votre pyramide de mensonges.
07:33Au fond, tout cela n'était qu'une incroyable manœuvre de diversion
07:36pour masquer votre duplicité
07:38et votre responsabilité dans la faillite de notre système social.
07:42Avec vos amendements bidons,
07:43vous avez tenté de masquer le député NFP François Hollande,
07:46qui n'est pas là encore une fois aujourd'hui,
07:48et qui a mis en œuvre la réforme Touraine
07:50et le passage aux 43 annuités,
07:52qui empêche la quasi-totalité de Français
07:54de partir à la retraite à 62 ans.
07:56Vous avez également tenté de masquer le député NFP Aurélien Rousseau,
07:59ancien directeur de cabinet d'Elisabeth Borne
08:02et surtout l'artisan du passage à 64 ans.
08:05Vous avez enfin tenté de masquer votre vote honteux
08:10contre l'abrogation de la réforme des retraites
08:11que nous avons portée la semaine dernière
08:13en Commission des Affaires Sociales,
08:15main dans la main avec vos alliés macronistes.
08:17Je tiens toutefois à remercier sincèrement
08:20notre collègue du groupe communiste Yannick Monnet,
08:23qui a courageusement voté notre texte en Commission.
08:26Yannick Monnet est le seul élu de gauche courageux
08:30qui a au final respecté simplement
08:32l'engagement pris devant ses électeurs.
08:35Car oui, chers collègues,
08:36quand un député de gauche tient ses promesses,
08:38c'est tellement rare qu'il faut le remercier
08:40et qu'il faut l'applaudir.
08:43Et dans cette entreprise de destruction
08:46d'un texte de concorde nationale attendu par les Français,
08:49collègues de gauche,
08:51les macronistes vous ont une nouvelle fois fait la courte échelle.
08:54En Commission, vous avez voté ensemble
08:56pour s'aborder ce texte
08:57afin de restreindre les débats en hémicycle.
08:59Ensuite, la présidente de notre institution
09:02garante de l'initiative parlementaire
09:04et des droits des oppositions
09:06a sorti son baillon
09:07pour museler l'initiative consensuelle
09:09du premier parti de France
09:11et des millions de Français
09:13qui l'attendent et la soutiennent.
09:15Yael Braun-Pivet,
09:16qui a fait le tour des plateaux de télévision
09:18en expliquant qu'elle serait une présidente
09:20qui protégera l'institution et les droits des parlementaires,
09:23s'est révélée être la clé de voûte du parti unique.
09:27Notre présidente tente ainsi d'empêcher par sa décision
09:30tout débat sur l'abrogation de la réforme des retraites.
09:33Car ils veulent absolument éviter une chose,
09:36le vote.
09:37Les macronistes ont évité le vote
09:38pendant l'examen de la réforme de 2023,
09:41bien aidé par nos collègues de gauche
09:42qui ont été une nouvelle fois
09:44les idiots utiles du camp présidentiel.
09:46Car en faisant durer les débats,
09:48par une obstruction insensée
09:50et de l'aveu même de Philippe Martinez,
09:52chef de la CGT,
09:54c'est bien la gauche qui a empêché l'Assemblée
09:56de voter contre le report de l'âge légal.
09:59Les macronistes ont évité le vote ensuite,
10:02en devenant des professionnels de la gymnastique constitutionnelle,
10:0547-1, 44-3 et enfin 49-3,
10:09poussant ainsi nos institutions à bout.
10:12Les macronistes ont évité le vote en juin 2023,
10:14lorsque Charles de Courson était à ma place
10:17et défendait strictement la même loi.
10:20Si vous avez tout fait pour empêcher le vote,
10:22c'est bien parce que vous étiez minoritaire dans l'hémicycle
10:24pour faire passer cette réforme injuste pour les Français
10:28et inefficace d'un point de vue économique.
10:31Surtout, elle était fondée sur un mensonge.
10:33Vous avez répété sur tous les plateaux télé
10:35que votre réforme était nécessaire pour préserver le niveau des pensions.
10:39Pour un an après,
10:41dans le cadre de nos débats budgétaires actuels,
10:44proposer d'appauvrir encore plus nos retraités
10:46en désindexant leurs pensions.
10:48Les personnes que j'ai pu auditionner durant la préparation de ce texte
10:51me l'ont assuré.
10:53La viabilité d'un système
10:55se mesure à la santé des finances publiques.
10:57La santé des finances publiques, elle,
10:59dépend de leviers que personne ne veut traiter ici,
11:03à part le Rassemblement National.
11:04Je parle du taux d'emploi,
11:06de la productivité,
11:08de la démographie et particulièrement
11:11de la natalité ou encore des économies
11:13que l'Etat pourrait réaliser sur son train de vie.
11:16Avec ma collègue Laure Lavallette
11:18et l'ensemble des députés du groupe RN,
11:20nous avions déjà tiré la sonnette d'alarme
11:22sur ces sujets lors des démats en 2023.
11:25Ce sont autant de sujets sur lesquels les gouvernements successifs
11:28ont préféré fermer les yeux depuis plus de 30 ans.
11:32En ce qui nous concerne,
11:33notre projet est clair, connu et plébiscité par les Français.
11:37Pour ceux qui ont commencé avant 20 ans
11:39et qui exercent des métiers difficiles,
11:42nous proposons un départ à la retraite à 60 ans,
11:45avec 40 annuités.
11:46Pour ceux qui ont commencé après 20 ans,
11:49nous proposons un système progressif
11:51avec un départ à 62 ans et 42 annuités.
11:54Notre projet concilie justice sociale
11:57et maîtrise les dépenses publiques
11:58face au dérapage incontrôlé de la dette
12:01causée par Emmanuel Macron.
12:03Notre projet défend la valeur travail
12:05et incite à faire entrer plus tôt nos concitoyens
12:07sur le marché du travail,
12:09car nous préférons que les Français travaillent
12:10entre 20 et 22 ans
12:12plutôt qu'entre 64 et 66 ans.
12:17Nous aurons, nous, la volonté d'agir
12:20sur l'ensemble des leviers macroéconomiques
12:22plutôt que de faire payer l'addition aux Français.
12:26Dans l'attente de l'arrivée inéluctable
12:28de Marine Le Pen et de Jordane Bardella au pouvoir,
12:31nous avons souhaité proposer ce texte consensuel
12:34d'abrogation des pires dispositions
12:36de la loi Borne et de la loi Touraine.
12:38Nous avons la responsabilité aussi
12:41de réparer une erreur démocratique
12:43inédite sous la Ve République
12:45avec une réforme des retraites passées,
12:47sans vote, par un coup de force.
12:49Cette abrogation,
12:50nous en avons pris l'engagement devant les Français
12:53et nous la tiendrons coûte que coûte.
12:56Face à cette volonté d'abrogation,
12:58le gouvernement et le camp présidentiel
13:00défendent, eux, leur réforme
13:02et dénoncent un coup de communication
13:04du Rassemblement national.
13:0718 mois après la promulgation de la loi,
13:1112 mois après l'entrée en vigueur
13:13des principales dispositions,
13:15nous nous retrouvons une fois de plus
13:17dans cet hémicycle pour débattre
13:19de l'abrogation de la loi de 2023
13:21sur la réforme des retraites.
13:23En plus de ce texte-ci,
13:25une autre proposition de loi sera inscrite
13:28à l'ordre du jour, à la fin du mois de novembre.
13:31Par ailleurs, des amendements ont été déposés
13:34et débattus à l'occasion de l'examen du PLFSS.
13:39Ce débat est parfaitement légitime.
13:42Nous débattons donc aujourd'hui
13:45de la proposition de loi des députés
13:46du Rassemblement national.
13:49Que proposait le texte initial de cette loi,
13:51comme le rappelle le rapporteur ?
13:53La suppression de l'augmentation de l'âge légal
13:56à 64 ans d'une part,
13:58et la suppression de l'allongement
14:00de la durée de cotisation à 43 ans,
14:02la réforme Touraine de 2014,
14:05dont la loi de 2023 accélérait la mise en œuvre d'autre part.
14:1062 ans pour l'ouverture des droits,
14:1242 ans pour la durée de cotisation.
14:15Le retour en arrière comme seule perspective,
14:19financé par la seule fiscalité sur le tabac.
14:24Vous me direz qu'il s'agit d'un gage conventionnel.
14:27J'ai siégé sur ces bancs et j'en connais la pratique.
14:31Mais cette réponse est quand même un peu trop facile.
14:34Parce qu'un des enjeux majeurs quand on parle des retraites,
14:38c'est bien aussi celui du financement.
14:41Et débattre sérieusement des retraites
14:43suppose à minima d'expliquer où vous trouverez
14:483,5 milliards d'euros en 2025
14:50et 16 milliards d'euros en 2032.
14:54C'est l'absence de financement
14:58qui justifie que la présidence de l'Assemblée nationale
15:00ait jugé irrecevables vos amendements
15:03pour établir les articles 1 et 2
15:05au titre de l'article 40 de la Constitution.
15:08Et en matière de retraite,
15:10figurez-vous que le financement compte vraiment.
15:13Aujourd'hui, seulement un Français sur deux
15:15d'y avoir confiance dans le système de retraite.
15:18Et deux sur trois pensent que la pension
15:21ne sera pas à la hauteur de leurs attentes.
15:24Or, c'est précisément,
15:26c'est précisément, mesdames et messieurs les députés,
15:29la pérennité du système qui est au cœur du pacte de confiance
15:34qui fonde un régime de retraite par répartition.
15:39Ceux qui cotisent aujourd'hui
15:42doivent pouvoir bénéficier d'une pension demain
15:46et ils doivent pouvoir avoir confiance dans cette idée.
15:50Et en mettant de côté un instant
15:54cette question du financement,
15:56j'aimerais pouvoir vous dire, monsieur le rapporteur,
15:58que votre proposition dit aux Français
16:01ce qu'ils ont envie d'entendre.
16:03Mais ce n'est même pas le cas.
16:06Parce que la réalité,
16:08c'est que pendant les débats sur les retraites
16:11dans les manifestations,
16:13on a moins parlé de deux ans de retraite en moins
16:17que de deux ans de travail en plus.
16:20Et travailler deux ans de plus,
16:22voilà la préoccupation principale des Français.
16:25Et voilà la question à laquelle nous devons tous ici
16:29apporter une réponse.
16:32Notre rapport au travail a changé.
16:34Il est devenu moins une fin et davantage un moyen.
16:38Le travail lui-même a changé.
16:41Depuis 40 ans, nous avons perdu la moitié de nos emplois industriels
16:44et la réindustrialisation initiée ces dernières années
16:48est une chose heureuse après des années d'errements stratégiques sur la question.
16:53Nos nouveaux ouvriers sont des caristes, des transporteurs,
16:57des caissiers, des caissières, des aides-soignants,
17:00souvent la première et la deuxième ligne de la crise sanitaire.
17:04Les pénibilités du monde des services
17:06ne sont pas les mêmes que celles de l'industrie
17:09et sont plus méconnues.
17:11Un salarié sur cinq, nous en avons parlé hier,
17:14est coincé au SMIC.
17:15La pandémie a consacré de nouveaux modes de travail
17:18et de nouvelles inégalités aussi
17:20parce que pour deux tiers des employés,
17:23le télétravail n'est pas une option.
17:26Les freins à l'accès à l'emploi, on les connaît,
17:29notamment la garde d'enfants, les transports.
17:31Rappelez-vous, c'est de tout cela dont on a parlé
17:35et c'est de tout cela que votre proposition,
17:38mesdames et messieurs les députés du Rassemblement national,
17:41aurait dû mettre sur la table.
17:43Car le débat sur les retraites,
17:45c'est surtout le débat sur notre monde du travail,
17:49ici et maintenant,
17:50et sur comment on l'aménage
17:53pour qu'il soit soutenable tout au long de la vie.
17:57Parce qu'il faut avoir le courage de le dire.
18:00Il va falloir travailler plus,
18:02tout au long de la vie,
18:03mais aussi mieux,
18:04en continuant à intégrer mieux nos jeunes
18:08sur le marché du travail
18:09et en se maintenant plus longtemps sur le marché du travail
18:13quand on est senior,
18:14en bonne santé et avec les bonnes compétences.
18:17Et face à ces impératifs,
18:19les anxiétés sont légitimes.
18:24Parce que penser l'emploi et le travail
18:26entre 60 et 64 ans,
18:28c'est garder en tête trois réalités.
18:31La première, c'est que les seniors
18:33aspirent, mais dans leur immense majorité,
18:37à une carrière complète
18:38suivie d'une retraite à taux plein.
18:41La deuxième réalité,
18:42c'est que bon nombre d'entre eux
18:44ne peuvent pas travailler
18:46du fait de l'agisme,
18:47de loin la première discrimination à l'embauche,
18:50comme ça a été signalé par la défenseure des droits.
18:54Et enfin, bon nombre d'entre eux
18:57ne le peuvent pas du fait d'une inaptitude physique
18:59après des années dans un métier pénible
19:02à forte usure professionnelle.
19:04Voilà la réalité.
19:06Et pourquoi est-ce qu'on n'a pas discuté de cela ?
19:08Alors, avec les pré-retraites de Raymond Barre,
19:10on s'était dit que le meilleur moyen
19:12de faire de la place aux jeunes
19:14serait de montrer aux seniors la porte de la sortie.
19:17Je passe sur le fait
19:19que ça n'a pas vraiment eu l'effet escompté sur les jeunes.
19:22Le résultat, c'est surtout qu'on a aujourd'hui
19:25trois fois moins de chances d'être appelés
19:27en entretien d'embauche passé 50 ans.
19:30Qu'après 60 ans, le taux d'activité en France
19:33plafonne à 35%.
19:35Quand il culmine à 60%
19:38ou à 70% pour les Pays-Bas,
19:40l'Allemagne et les pays scandinaves.
19:43Le sous-emploi des seniors
19:45est un gâchis humain monumental
19:48sur lequel la France s'accommode
19:50depuis des décennies, mesdames et messieurs.
19:52L'économie, la société et la nation
19:56se privent d'expérience, de savoir-faire,
19:58de force contributive et productive.
20:02Des salariés qui ne veulent pas seulement
20:05transmettre ou m'intorer
20:08comme s'ils n'étaient bons qu'à ça,
20:09mais qui veulent travailler comme les autres
20:12et pour certains, le plus longtemps possible.
20:14Qui veulent faire partie d'une société
20:16où l'avenir n'est pas confisqué
20:18par l'angoisse du déclassement professionnel.
20:21Les fins de carrière,
20:23qui est un sujet qui est débattu ici
20:26par certains parlementaires et je les entends,
20:28révèlent aussi nos faiblesses collectives
20:31en matière de prévention et de conditions de travail.
20:35France Stratégie a révélé dans une étude,
20:38mais qui a été peu mentionnée d'ailleurs dans ses rancis,
20:42que 30% des ouvriers peu qualifiés
20:45et 20% des aides à domicile de plus de 50 ans
20:48qui sont loin de la retraite,
20:50mais déjà en inaptitude professionnelle.
20:53La réalité, c'est que certains métiers
20:55ne sont pas tenables toute une vie
20:57et que le décalage de l'âge de la retraite
21:00ne se suffit pas à lui seul
21:02à augmenter le taux d'activité pour certains salariés
21:05qui, sans reconversion ou aménagement de poste,
21:08n'arrivent pas à l'âge de la retraite de toute façon.
21:12Et c'est pour cela que la réforme de 2023,
21:14et c'était d'ailleurs un souhait poussé par Elisabeth Bornet,
21:18Olivier Dussopt,
21:19investit comme jamais sur la prévention de l'usure professionnelle
21:24et prévoit que 40% des actifs,
21:27pour inaptitude, invalidité et handicap,
21:31n'iront pas jusqu'au nouvel âge de départ
21:34à la retraite.
21:3540% des actifs.
21:37Enfin, je vous parlais d'une troisième anxiété
21:39qui a été évoquée par le Premier ministre
21:42lors de sa déclaration de politique générale
21:44sur la situation particulière des femmes
21:46dont on connaît les petites pensions.
21:49Parce que les carrières fragmentées
21:51et le temps partiel qui concerne à 80% des femmes,
21:55le temps partiel fait 80% des femmes qui sont concernées,
21:59pèsent à la fois sur les rémunérations des femmes
22:01et au final sur leurs pensions.
22:04Et l'usure professionnelle dont on a parlé,
22:06dans certaines professions très féminisées,
22:09est souvent trop sous-estimée.
22:12Les femmes représentent 60% des 50-67 ans
22:16des personnes qui ne sont ni en emploi,
22:19ni à la retraite.
22:20Alors oui, oui, je le répète,
22:24les anxiétés sont légitimes.
22:28Il faut les entendre et il faut surtout continuer de répondre,
22:32non pas en proposant des chimères ici, un peu partout,
22:35mais en changeant le monde du travail ici et maintenant.
22:40Le Rassemblement national dit vouloir aujourd'hui,
22:42par ce texte, répondre aux injustices sociales
22:45suscitées par la réforme des retraites de 2023
22:49et présentées par la ministre Astrid Panossian.
22:52Eh bien je vous propose de regarder ensemble
22:54ces fameuses injustices sociales
22:56qu'il convient aujourd'hui apparemment de réparer.
22:59Vous voulez réparer quoi ?
23:00La revalorisation de la prise en compte des congés parentaux
23:03ou la création des pensions pour les enfants orphelins
23:07ou revenir sur les avancées pour les élus locaux
23:09ou les grands sportifs de notre nation ?
23:12Vous voulez revenir sur cette revalorisation
23:15pour 850.000 retraités français qui ont des pensions complètes
23:19et qui avaient des pensions trop petites ?
23:23Mais non, mais non.
23:25La seule chose que vous voulez avec ce texte,
23:28c'est vous rouler en boule et pleurnicher
23:30et crier au déni démocratique.
23:33En permanence, vous êtes dans le ouin-ouin.
23:36Car oui, ce texte est irrecevable et vous le saviez parfaitement.
23:40Tout cela n'est qu'un jeu pour vous.
23:42Et face à cela, je salue le courage de la présidente
23:45de l'Assemblée nationale qui ne se laisse pas manipuler.
23:49Oui, l'article 40 est clair, il protège contre les initiatives
23:53qui augmenteraient les dépenses publiques
23:55sans proposer aucun financement en contrepartie.
23:59Mais ça, vous le saviez déjà.
24:01Ou si vous ne le savez pas, je vous conseille d'apprendre
24:04les règles de notre pays pour arrêter de vous poser
24:08en révolté indigne de la République.
24:11Prenez enfin vos responsabilités.
24:13Arrêtez de vous cacher derrière des fiches mal rédigées
24:17et des propositions de loi mal travaillées.
24:20La seule et unique vraie injustice, mesdames et messieurs,
24:24du Rassemblement national pour les Français,
24:26c'est d'être représenté par des gens comme vous.
24:29La seule et unique chose que vous voulez défendre
24:31et la seule vie que vous voulez protéger,
24:34c'est celle de votre chef à plumes qui d'ailleurs...
24:37Bienvenue, madame Le Pen.
24:40Je suis ravie de vous voir aujourd'hui.
24:41Vous nous avez énormément, énormément manqué
24:46au cours des dernières semaines.
24:49Où étiez-vous ?
24:51La seule fois où vous êtes venu, c'est venir prendre une photo de famille.
24:55Alors je vous le dis, alors je vous le dis.
24:58Oui, madame Le Pen, oui, madame Le Pen.
25:01Oui, la ville immigrée que je suis, je vous le dis haut et fort.
25:05Nous sommes certes moins nombreux dans cet hémicycle,
25:08mais nous continuerons à nous dresser devant vous,
25:11debout, pour faire un barrage à vos idées en France
25:15et faire en sorte que la France continue à être fière d'elle-même,
25:18sans vous et malgré vous.
25:20Nous savions déjà, mais le Rassemblement national
25:23n'est pas un parti de gouvernement.
25:25Un parti de gouvernement dit la vérité aux Français
25:28et un parti de gouvernement ne ment pas aux Français
25:31en faisant croire qu'il va revenir sur une réforme courageuse,
25:34une réforme que tous nos voisins européens ont faite
25:37et une réforme qui va dans le sens de l'histoire.
25:39Parce que mes chers collègues, oui, nous travaillons moins en France
25:42tout au long de la semaine, tout au long de l'année et tout au long de la vie.
25:45Et mes chers collègues du Rassemblement national,
25:47vous n'êtes pas un parti de gouvernement.
25:49Et si par malheur, vous arriviez un jour au pouvoir,
25:52vous ne reviendrez pas sur cette réforme des retraites.
25:54Vous ne reviendrez pas sur cette réforme des retraites
25:56parce que dans notre pays, nous dépensons beaucoup plus
25:59pour nos retraites que nos voisins européens.
26:01Et cela pèse à la fin, surtout les Français qui travaillent.
26:04Si par malheur, nous revenions sur cette réforme courageuse
26:07qu'a menée Elisabeth Borne, que se passerait-il ?
26:10Alors oui, mes chers collègues, la solidarité nationale
26:13n'aurait plus cours et oui, les pensions baisseraient.
26:15C'est cela la conséquence de vos actes au Rassemblement national.
26:18C'est de prétendre s'en prendre au gros,
26:20de prétendre être dans la justice sociale
26:22et à la fin de s'en prendre à tous les Français
26:24qui ont bossé toute leur vie.
26:25Nous ne voulons pas de la baisse des pensions.
26:28Cette réforme est une réforme juste et courageuse.
26:31Et monsieur Ménager, avec ses effets de manche,
26:33après avoir proposé tout et son contraire,
26:35nous propose maintenant de dialoguer.
26:37Mais monsieur Ménager, nous savons ce qu'il faut faire.
26:40Il faut travailler plus longtemps et dépenser moins
26:43pour nos retraites comme le font nos voisins européens.
26:45Vous proposiez tout à l'heure de remettre à madame la ministre
26:47le rapport du corps.
26:48C'est à vous, monsieur Ménager, de lire,
26:50de comprendre l'histoire de notre pays
26:52et son financement de son modèle social.
26:54Vous en êtes extrêmement éloigné
26:55parce que vous n'êtes pas membre d'un parti de gouvernement.
26:58Merci monsieur Lefebvre.
27:00La parole est à madame la présidente.
27:02J'aime quand même, monsieur Lefebvre,
27:03quand je vous entends dire que
27:05le Rassemblement national n'est pas un parti de gouvernement.
27:07Vous ne l'êtes plus vous-même
27:09parce que vous avez été battu extrêmement sèchement
27:11aux élections législatives.
27:18Alors vous nous dites,
27:19nous, nous savons ce qu'il faut faire.
27:22Nous, nous savons que c'est une bonne réforme,
27:24celle que nous avons mise en oeuvre,
27:25mais il n'y a juste qu'un malheur,
27:27monsieur Lefebvre, c'est que nous sommes en démocratie
27:30et que le peuple, lui,
27:31trouve que cette réforme est une mauvaise réforme.
27:34Et vous lui avez tordu le bras
27:37parce que la majorité de cet hémicycle
27:40était également contre cette réforme.
27:43Et vous avez donc usé du 49-3
27:45pour imposer cette réforme.
27:47Il faut quand même se souvenir
27:49de la manière dont ça s'est passé.
27:51Donc, la majorité des Français
27:54sont contre la réforme que vous avez mise en oeuvre.
27:57La majorité de l'hémicycle est contre
28:00la réforme que vous avez mise en oeuvre.
28:02Et il n'y a que par des petites manœuvres assez pitoyables
28:06qu'aujourd'hui, cette abrogation
28:08ne peut pas en réalité être votée.
28:11Elle le sera parce qu'il y a dans cet hémicycle des gens
28:14qui ont, pour l'intérêt supérieur du pays,
28:18un amour immodéré
28:22qui va bien au-delà de la défense
28:26de leurs petits intérêts personnels.
28:28Si vous voyez ce que je veux dire...
28:29Madame la Ministre,
28:36je ne suis pas sûre que vous puissiez véritablement
28:38donner des leçons de sérieux
28:40et particulièrement de sérieux budgétaire
28:43compte tenu des résultats des sept dernières années
28:47du mouvement que vous êtes si fiers d'avoir cofondé.
28:52Mais si vraiment les organismes dont vous parlez
28:57étaient si performants, on ne serait pas là où on est aujourd'hui, non ?
29:00Il y a une tentative depuis quelques jours du RN
29:02de s'acheter une sorte de crédibilité économique.
29:06Personne n'y croit.
29:07Et ce texte, c'est vraiment la démonstration
29:11que vous ne comprenez absolument rien à l'économie
29:13et que vous ne comprenez pas le besoin des entreprises
29:17et que vous n'entendez surtout pas
29:19ce que disent les chefs d'entreprise dans notre pays.
29:21Nous voyons bien que le nombre d'actifs
29:23par rapport au nombre de retraités est en baisse dans notre pays
29:26dû aux dynamiques démographiques de la France.
29:30Nous voyons bien que nous avons un problème de financement
29:32de notre système de retraite.
29:35Et que pour répondre à ça,
29:37pour protéger notre système par répartition,
29:40qui est issu de la libération,
29:42qui est issu des accords politiques de la libération,
29:45nous avons besoin collectivement de travailler tous un petit peu plus.
29:48C'est ce que nous avons expliqué l'année dernière
29:50avec Elisabeth Borne pendant la réforme des retraites
29:52et que vous ne voulez pas comprendre.
29:54Pourquoi est-ce que tous les pays d'Europe
29:56ont fait ces réformes des retraites,
29:57ont passé l'âge de la retraite à 65, 66, 67 ans
30:01et vous continuez à expliquer, à mentir aux Françaises et aux Français
30:05que nous pourrions travailler moins,
30:07que nous pourrions travailler 62 ans ou 60 ans ?
30:10Ce n'est pas possible, ce n'est pas responsable.
30:13Et donc il faut que l'ensemble des chefs d'entreprise du pays
30:16voient bien ce que vous dites ce matin.
30:18Ce que vous dites ne tient pas la route.
30:20Vous n'êtes pas responsable sur le plan économique.
30:22Et ce que nous avons fait l'année dernière avec Elisabeth Borne,
30:25ça a été une bonne réforme pour l'économie française.
30:28Je vous remercie.
30:29La gauche, elle, comme en commission,
30:32refuse de voter le texte du Rassemblement national.
30:36Je vais vous donner les noms de ceux qui empêchent l'abrogation ce matin.
30:42C'est Madame Rousseau, c'est Monsieur Guetsch,
30:44c'est Madame Le Boucher, c'est Monsieur Boyard,
30:46c'est Monsieur Ratnon, c'est Monsieur Clouet,
30:48c'est Monsieur Lucas Lundi, c'est Monsieur Pétavis,
30:51c'est Monsieur Simion, c'est Madame Amiaud.
30:54Je ne continuerai pas la liste des traites
30:57de ceux qui ont trahi les travailleurs,
30:59qui ont trahi les ouvriers, qui ont trahi les salariés,
31:01qui ont trahi tous les Français,
31:03qui aujourd'hui n'arriveront pas à l'âge de la retraite.
31:06Voilà ce que vous êtes.
31:07Vous n'êtes que des traîtres au peuple qui travaille,
31:10qui souffre, qui a le dos cassé et qui n'arrivera pas à aller à 64 ans.
31:15Puisque Monsieur le rapporteur veut donner des listes de noms,
31:19s'il n'y a pas d'abrogation de la réforme des retraites aujourd'hui,
31:22c'est parce qu'il y a en place un gouvernement qui ne veut pas l'abroger.
31:25Et si ce gouvernement est en place,
31:27c'est parce que la motion de censure n'a pas été votée.
31:30Et elle n'a pas été votée par Madame Le Pen du Rassemblement National,
31:33par Madame Lavalette du Rassemblement National,
31:36par Monsieur Ménager du Rassemblement National.
31:39Mon cher collègue, alors...
31:40Vous savez, La Rochefoucauld disait
31:41« Il y a deux choses que l'homme ne peut pas regarder en face,
31:44le soleil et la mort ».
31:46Eh bien, pour nos collègues de gauche et d'extrême-gauche,
31:49il y a désormais une troisième catégorie, ce sont leurs électeurs.
31:51Ils ne pourront plus les regarder en face.
31:54Eux qui, pendant des années, des années,
31:56ont dressé des listes, ont fait la publicité du vote
32:00de ce que faisaient leurs adversaires dans cet hémicycle.
32:03Aujourd'hui, ils sont tellement honteux du vote qu'ils ne vont pas faire,
32:06c'est-à-dire de ne pas voter l'abrogation des retraites,
32:08qu'ils préfèrent l'insulte.
32:10Alors oui, vous ne pourrez plus regarder vos électeurs en face,
32:13rassurez-vous, on va vous remplacer pour ça.
32:15Monsieur Ménager, je vous ai trouvé très agressif
32:18dans votre manière de faire la présentation
32:21sur ce prétendu texte d'abrogation de la réforme des retraites.
32:25Mais je comprends votre agressivité,
32:27compte tenu du fait qu'alors que votre proposition de loi
32:29s'appelle restaurer un système de retraite plus juste
32:32en annulant les dernières réformes, blablabla,
32:35en réalité, à l'intérieur, quand on la lit,
32:37voici ce qui est à l'intérieur.
32:39Dans un délai de six mois, à côté de la promulgation
32:41de la présente loi, le gouvernement remet au Parlement
32:43un rapport détaillé et il y a comme ça sept ou huit articles
32:46visant à remettre des rapports détaillés au Parlement
32:49par le gouvernement. En réalité, vous demandez
32:51au gouvernement de remettre des rapports à l'Assemblée nationale
32:53dans cette proposition de loi et je comprends votre agressivité
32:56compte tenu du fait que vous êtes obligé de masquer
32:59le fait que votre proposition de loi est vide
33:01par des mensonges répétés. Je comprends que vous soyez gêné
33:04puisque lors de la campagne législative,
33:07vous aviez dit qu'il fallait faire un audit
33:09avant d'abroger la réforme des retraites.
33:11Vous avez passé cet audit, vraisemblablement,
33:13vous demandez au gouvernement de le faire à votre place.
33:15Ensuite, vous êtes gêné aux entournures
33:18parce qu'à l'intérieur de votre propre coalition,
33:21M. Ciotti n'est pas favorable à votre projet
33:24prétendu de réforme des retraites.
33:26Vous avez donc menti aux Français
33:28quand vous avez présenté avec eux des candidats
33:30puisque, par exemple, sur ce sujet-là,
33:32vous n'êtes pas d'accord. Mais je comprends que vous soyez
33:35gêné aux entournures puisque l'un des moyens
33:37de financer la retraite, c'est d'augmenter les salaires,
33:39que vous avez voté contre l'augmentation du SMIC
33:42lorsque nous l'avons proposé et que lorsque vous faites
33:45une proposition de loi, prétendument,
33:47pour augmenter les salaires, il s'agit en réalité
33:49d'une proposition de loi visant à ne pas faire payer
33:52les cotisations patronales, notamment sur la retraite.
33:56Et voilà pourquoi vous êtes obligé de mentir aux Français
34:00et de faire croire que, prétendant abroger la réforme des retraites,
34:04vous demandez en réalité une série de rapports
34:06qui vous ridiculisent, qui ridiculisent votre position.
34:09Et les Français ont compris que pour abroger
34:11la réforme des retraites, il faudra attendre le 28 novembre
34:14avec la proposition de loi déposée par la France Insoumise.
34:16Merci, M. Léaumont.
34:19À ce stade de notre histoire, la réforme de 2023
34:21a encore de beaux jours devant elle.
34:23Le Rassemblement national n'est pas parvenu à trouver
34:26une majorité pour la faire abroger dans l'hémicycle.
34:28C'est alors que Marine Le Pen déboule salle des quatre colonnes
34:32devant les journalistes pour faire une annonce.
34:35Lorsque cette abrogation reviendra, nous nous la voterons.
34:40Moi, je me moque de donner le point aux uns ou aux autres.
34:44Ça n'a aucun sens.
34:45La seule chose qui m'intéresse, c'est la suppression
34:48de cette réforme qui est injuste et qui est économiquement stupide.
34:54Acte 4, nous voici le 28 novembre.
34:56Et cette fois, c'est au tour de la France Insoumise
34:59de défendre son texte d'abrogation de la réforme des retraites.
35:02Mais avec cette fois l'assurance que les députés du Rassemblement
35:06national voteront pour, ce qui ouvre la voie à une adoption.
35:11Aujourd'hui, c'est un honneur pour moi,
35:14au nom du groupe parlementaire de la France Insoumise,
35:15mais aussi du Nouveau Front Populaire,
35:19de vous présenter un texte qui a été adopté en commission
35:24et très largement adopté en commission,
35:26celui de l'abrogation de la réforme des retraites à 64 ans
35:31d'Emmanuel Macron.
35:34Et aujourd'hui, c'est un grand jour,
35:37puisque c'est la première fois que l'Assemblée nationale
35:42va avoir l'occasion, l'opportunité
35:45de se prononcer, de voter sur la retraite à 64 ans.
35:50La question est simple.
35:52Stop ou encore ?
35:54Stop ou encore ?
35:56Parce que, je le rappelle, ça a été quand même un passage en force.
36:00D'abord un passage en force et une injustice démocratique.
36:03Le 44 alinéa 3 et quelques autres alinéas,
36:07le 47.1, le 49.3, tout y est passé,
36:10dans les usages de la Constitution,
36:12pour passer en force contre la vie du peuple,
36:14contre la vie de l'intersyndical,
36:16contre la vie des sondages d'opinion,
36:18contre la vie de toutes et tous.
36:20En extrême minorité, vous étiez.
36:26Des millions de personnes ont manifesté dans la rue.
36:29Un mouvement social historique dans notre pays.
36:32Et vous êtes quand même passé en force.
36:35Une injustice aussi, ensuite, socialement.
36:38Parce que votre réforme, on le sait, on l'avait dénoncée,
36:41et c'est le cas,
36:43touche davantage ceux qui sont les plus précaires,
36:45les plus éloignés de l'emploi,
36:48les plus en difficulté dans la vie.
36:51Et ceux-là vont payer cher deux ans
36:54à être encore au chômage supplémentaire.
36:56C'est le cas notamment des seniors, ni en emploi ni en retraite.
37:00Ce qui provoque en effet un effet d'éviction
37:02sur votre propre résultat comptable
37:05de votre soi-disant géniale réforme.
37:07On y reviendra ensuite.
37:09Mais les femmes aussi.
37:10Nous avions dénoncé que les femmes seraient les premières touchées
37:12par ces deux ans de vie volée.
37:14Effectivement, les premiers chiffres nous l'indiquent.
37:18Elles participent à l'effort à hauteur de neuf mois
37:20contre cinq mois pour les hommes,
37:22avec cet allongement de la durée de l'âge de départ légal.
37:27Et ensuite, c'est aussi les jeunes,
37:30qui finalement, dès à présent, vont cotiser plus,
37:32puisque votre système n'est pas à l'équilibre.
37:34Et ensuite, toucheront des pensions plus faibles.
37:38Puisque le seul moyen de piloter votre réforme aujourd'hui,
37:40c'est de bouger la désindexation,
37:43de revaloriser, non pas au 1er janvier,
37:45mais au 1er juillet, ou à un autre moment dans l'année,
37:48de 0,8% par-ci, 0,8% par-là.
37:51Voilà comment aujourd'hui, vous pilotez ce système
37:54des retraites, c'est-à-dire injustement.
37:58Ça ne règle rien économiquement, je viens de le dire.
38:01Votre réforme est déficitaire,
38:04non pas en 2030, non pas en 2070,
38:07non, dès cette année.
38:09Dès cette année, votre réforme est déficitaire.
38:12Alors que vous aviez fait la promesse
38:14que trimer deux ans de plus, c'était pour remplir les caisses,
38:17c'était pour pouvoir se payer les retraites.
38:19Mais c'était sans compter vos piètres résultats économiques
38:22dans la gestion du pays tout entier.
38:24Voilà la vérité qui éclate au grand jour.
38:30Une autre vérité aussi,
38:32c'est celle, évidemment,
38:35de votre dogmatisme.
38:36Impossible de discuter des recettes.
38:39Ça vaut en toute matière.
38:40Les recettes, ça vous fait horreur.
38:42Alors que c'est là le sujet,
38:44d'augmenter les recettes, d'augmenter les cotisations.
38:47C'est là la porte de sortie pour avoir un régime équilibré
38:50à court terme, à moyen terme et à long terme.
38:52Mais vous ne voulez pas en entendre parler,
38:54préférant préserver les plus de 77 milliards
38:57d'exonérations de cotisations patronales, par exemple,
39:00de vos amis.
39:03Parce que oui,
39:05que fait notre texte d'abrogation ?
39:07Pour faire simple, on revient à 62 ans,
39:09pour l'âge de départ, et 42 années de cotisation.
39:13C'est simple à comprendre.
39:15Et combien ça coûte ?
39:18Entre 4 et 5 milliards d'euros.
39:21En plus de votre réforme.
39:24Entre 4 et 5 milliards d'euros.
39:26Alors, on a l'embarras du choix pour les financements.
39:29Déjà, il y a le gage.
39:30Le gage sur le tabac traditionnel qui est la coutume
39:32de nos propositions de loi.
39:34Ce n'est pas ce qu'il y a de plus crédible
39:36dans la vie parlementaire.
39:37Mais enfin, ce sont les usages.
39:38Mais surtout, là, en l'occurrence,
39:40une taxe sur les super-profits
39:42des sociétés pétrolières et gazières.
39:44Rien qu'avec ça, on réglerait le problème.
39:46Si vraiment vous aviez peur de manquer d'argent,
39:49j'ajouterais le fonds de réserve des retraites.
39:5220 milliards d'euros qui sont là disponibles,
39:53qui nous permettent d'avoir le temps de voir venir,
39:55de réorganiser une discussion.
39:57Puisqu'évidemment, comme vous le savez ici,
39:59avec une proposition de loi,
40:00on ne peut pas amender le projet de loi
40:02de financement de la Sécurité Sociale,
40:03qui va nous occuper très très vite,
40:05et sans doute provoquer le départ
40:07de ce gouvernement illégitime.
40:12Nous avions proposé, par voie d'amendement,
40:14qu'on augmente les cotisations
40:17à partir de deux plafonds de Sécurité Sociale,
40:19c'est-à-dire 7 600 euros bruts,
40:21ou quatre plafonds de Sécurité Sociale,
40:2315 000 euros bruts.
40:23Une surcotisation rapporterait
40:25entre 4 et 5 milliards d'euros,
40:26réglerait aussi le problème instantanément,
40:28en année N.
40:31Autre solution,
40:320,15 point de cotisation supplémentaire
40:34sur 7 ans, c'est Mickaël Zemmour, économiste,
40:36qui propose cela,
40:37pour définitivement régler le problème des recettes,
40:39des comptes de la Sécurité Sociale,
40:41et des retraites en particulier.
40:43Un point de cotisation supplémentaire,
40:45sachez, mes chers collègues,
40:46que c'est 10 milliards d'euros.
40:49Vous pouvez aussi, si vous voulez,
40:50soumettre à cotisation les revenus extrasalariaux,
40:53ou encore d'autres propositions
40:55du programme de l'Avenir en Commun,
40:56je pense notamment au SMIC,
40:58à 1 600 euros nets pour toutes et tous.
41:03Et si nous avions une véritable égalité salariale
41:07dans ce pays, entre les femmes et les hommes,
41:09c'est 24 milliards d'euros de cotisation supplémentaire.
41:15Donc on sait ce qu'il nous reste à faire
41:16pour avoir un régime des retraites à l'équilibre
41:19et pouvoir se payer, à tout le moins, la brogation.
41:23Je dis à tout le moins la brogation,
41:25puisqu'évidemment, la position du nouveau Front Populaire
41:28reste et restera la même.
41:30Le nouveau Front Populaire reste et restera
41:32la retraite à 60 ans,
41:35pour toutes et tous.
41:37Nous acceptons de cotiser aujourd'hui
41:40parce que nous savons que demain,
41:42une pension nous sera versée.
41:44Et à tous les gens qui cotisent aujourd'hui,
41:46l'adoption de votre proposition
41:49enverrait un très mauvais message.
41:51Elle leur dirait que nous refusons
41:53toute réforme paramétrique,
41:55que nous défaisons une loi votée en 2023
41:57qui contribue à conforter notre système de retraite.
42:02Ce sens des responsabilités
42:04dont a fait preuve le gouvernement d'Elisabeth Borne,
42:07dont a fait preuve mon prédécesseur Olivier Dussopt,
42:10et Marisol Touraine, et Éric Woerth avant eux,
42:13les décisions que nous ne prenons pas aujourd'hui
42:16et surtout celles que vous ne proposez
42:19ne pas prendre, auront des conséquences.
42:22Les ajustements difficiles aujourd'hui
42:24nous évitent des remises en cause
42:26plus douloureuses encore demain.
42:28Vous mettez en danger le régime de retraite par répartition
42:32avec naturellement les meilleures intentions du monde.
42:35Je remercie les députés des groupes
42:38Ensemble pour la République,
42:39Modem, Horizon, Les Républicains,
42:42tous ceux qui ont fait preuve d'esprit de responsabilité
42:46en défendant une droite
42:48qui a adopté le dispositif carrière longue,
42:51qui a relevé le minimum contributif,
42:54qui permet de mieux prendre en compte
42:56l'impact de la maternité sur les carrières.
42:59Les avancées dans la loi de 2023
43:02produisent déjà leurs effets.
43:04En deux temps, la revalorisation du minimum contributif a eu lieu,
43:08soit entre 25 euros et 100 euros de revalorisation mensuelle.
43:11Qu'est-ce que vous en faites de cela ?
43:13Pour réduire le taux de non-recours au minimum vieillesse,
43:17la loi a relevé le seuil de récupération
43:19sur succession à 100 000 euros.
43:21Qu'est-ce que vous en faites de cela ?
43:24Le fonds d'investissement dans la prévention de l'usure professionnelle
43:27qui a été créé pour financer des actions de prévention de l'usure professionnelle
43:31formait, accompagnait la reconversion des salariés.
43:34Qu'est-ce que vous en faites ?
43:35La réforme de 2023 a retenu plusieurs mesures
43:39pour corriger des situations défavorables
43:42aux femmes en matière des retraites
43:44et de respecter le principe d'égalité.
43:46C'est le cas de l'ouverture d'un droit à la surcote dès 63 ans
43:50pour les aides-sûrés atteignant le taux plein avant l'âge de 64 ans
43:55et bénéficiant un trimestre au titre des majorations d'assurance pour enfants
43:59dont ont majoritairement bénéficièrent les femmes.
44:01Qu'est-ce que vous en faites ?
44:03Le sens des responsabilités était indispensable en 2023
44:07quand la loi a été adoptée.
44:08Il l'est encore aujourd'hui au vu de la situation de nos finances publiques.
44:12J'aimerais commencer par un message simple
44:14à destination des députés du Bloc central, LR et macronistes.
44:18Vous avez perdu.
44:21Vous avez perdu sur la réforme des retraites sur toute la ligne.
44:25Vous avez perdu dans l'opinion avec plus de 70% des Français
44:29qui sont toujours opposés à votre réforme.
44:32Et conséquence directe, vous avez perdu dans les urnes.
44:35En 2022, vous avez perdu votre majorité
44:38et en 2024, la plupart de vos ministres.
44:41Vous avez perdu dans l'hémicycle
44:43dès le début des débats sur la réforme des retraites
44:46et encore en commission la semaine dernière.
44:50Et vous aurez encore perdu aujourd'hui si nous allons au vote.
44:53Et vous le savez, c'est bien pour cela que vous avez déposé
44:57979 amendements sur le texte qui nous mobilise aujourd'hui.
45:02979 amendements d'une qualité et d'un intérêt médiocre
45:06dont la volonté d'obstruction n'est même pas cachée.
45:10Mesdames, Messieurs les députés du Bloc central,
45:12vous avez perdu.
45:15Mais un problème va surgir.
45:16Les députés du socle commun ont déposé plus de 850 amendements.
45:21Le vote de la proposition de loi doit lui avoir lieu avant minuit.
45:25C'est la règle.
45:26Cela va se révéler impossible dans les délais impartis.
45:31On a fait cinq amendements à l'heure ce matin.
45:33Cinq amendements à l'heure.
45:35Et pourtant, je n'ai pas fait usage de mon temps de parole
45:38de manière disproportionnée, vous me l'avez reproché.
45:42Assumez de refuser d'aller au vote.
45:45Dites-le.
45:45Dites, nous ne voulons pas voter ce texte.
45:47Nous sommes trop accrochés à faire trimmer les gens deux ans de plus.
45:51Nous sommes trop accrochés à faire en sorte que les plus précaires,
45:55ceux qui ont les métiers les plus pénibles,
45:56souffrent deux ans de plus le plus longtemps possible.
45:59Assumez-le.
46:01Je ne vous en voudrais pas, cela fait partie du débat politique.
46:03Mais là, vous essayez de faire un entre-deux.
46:05C'est de l'obstruction, mais pas vraiment de l'obstruction.
46:07C'est du débat sans être du débat.
46:09Il y a l'article 40-45.
46:10Regardez, du coup, on est obligé de faire des amendements titre.
46:13Mais non, vous pouvez faire d'autres types d'amendements que des titres.
46:15D'ailleurs, il y en a d'autres qui sont plus intéressants.
46:17Je vous ai ramené des documents pour la suite,
46:18pour avoir des débats au fond.
46:19Mais vous ne voulez pas aller au débat au fond.
46:21Quelle est la grande différence, collègues,
46:23entre l'obstruction cruelle que vous êtes en train de faire,
46:27méprisante pour des millions de vies,
46:29et celle que nous avions fait au moment où vous passiez cette réforme ?
46:33Eh bien, la différence, c'est que nous faisions, nous, une grève de zèle
46:38pour empêcher que vous passiez une réforme
46:40contre l'ensemble du peuple français,
46:42contre la représentation nationale.
46:44Et c'était donc une obstruction pour défendre la souveraineté populaire,
46:48quand aujourd'hui, vous faites une obstruction
46:50pour empêcher la souveraineté populaire,
46:52que ce soit partout dans le pays
46:54ou par ses représentants aujourd'hui dans l'Assemblée.
46:57Donc maintenant, ça suffit.
46:59Ça suffit, la manière dont vous traitez la démocratie.
47:01Ça suffit, les leçons de morale.
47:03Ça suffit, le fait que vous, vous ayez la morale et qu'on ne l'ait pas.
47:06Ça suffit, cette minorité relative.
47:09Vous n'êtes qu'une minorité relative.
47:11Ça suffit, le fait, Madame Pannot.
47:13Souffrez, chers collègues, que nous parlions.
47:17Souffrez que nous ne soyons pas d'accord avec vous.
47:19Souffrez que nous déposions des amendements.
47:22C'est franchement incroyable.
47:24Alors moi, je voudrais m'adresser au rapporteur,
47:27qui a la mémoire courte.
47:28Alors le rapporteur nous a reproché tout à l'heure
47:31de déposer de très nombreux amendements.
47:32Ça a été dit.
47:33Nous avons déposé quelques centaines d'amendements,
47:35tellement le débat est important,
47:37par rapport aux 19 000 que vous avez déposés.
47:40Mais je voudrais rappeler l'amendement 130,
47:43le sous-amendement 130 de M. Bernalicis.
47:46Bien vous, si vous n'avez pas changé de nom.
47:49Complétez l'aninéa 9 par les mots,
47:51ainsi que la conjonction des astres,
47:53le mar de café et les entrailles de blaireau.
47:57Voilà le type d'amendement que vous êtes capable de déposer.
48:00Et vous nous reprochez de faire vivre le débat.
48:03C'est absolument incroyable.
48:05C'est l'hôpital qui se fout de la charité. Merci.
48:08Écoutez, on a toute une série d'amendements là,
48:10qui sont assez drôles à la lecture.
48:13C'est assez drôle à la lecture.
48:14On croirait lire un peu la feuille de chou,
48:18rubrique blagounette du BDE d'HEC.
48:20Donc c'est assez drôle.
48:22Vous faites des blagues entre vous.
48:25Vous vous renvoyez avec le meilleur des amendements d'obstruction
48:28qu'avaient pu faire LFI.
48:30Bon, le simple problème, c'est qu'on n'est pas dans le BDE d'HEC,
48:33on est à l'Assemblée nationale.
48:35Donc pour le Bloc central, qui a passé des années
48:37à dénoncer l'obstruction,
48:39qui a passé des années à s'exprimer en responsabilité,
48:43en européen, etc.,
48:44voire vous voterez dans le trollage,
48:46c'est quand même assez savoureux.
48:49Je comptais pas prendre la parole, parce qu'effectivement,
48:52nous ne sommes pas, contrairement à ce que nous entendons depuis ce matin,
48:55dans une démarche d'obstruction.
48:56J'aurais pu...
48:58J'aurais pu...
49:00J'aurais pu...
49:01Mais cessez ces gestes-là.
49:04Cessez.
49:05Cessez de considérer que la vérité est uniquement la vôtre.
49:09J'aurais pu prendre la parole à chaque amendement.
49:13J'aurais pu prendre la parole quand je voulais.
49:15Et la reprendre.
49:17J'aurais pu vous lire des notes à l'infini.
49:19J'aurais pu jouer à l'obstruction.
49:23Alors je vais vous dire ce que j'ai à vous dire malgré tout.
49:26Que ça vous plaise ou pas.
49:28Je vais vous dire ce que j'ai à vous dire.
49:30J'en ai ras-le-bol d'entendre ces procès en obstruction,
49:34qui sont des procès totalement fallacieux.
49:38Et qui me rappellent...
49:39Et qui me rappellent...
49:41Et qui me rappellent...
49:44Et qui me rappellent...
49:48Et qui me rappellent...
49:49— Vous en prie, continuez, M. le Président.
49:50— Je continuerai dès que je peux.
49:52Dès que le tumulte cessera.
49:53— Je vous invite à écouter le président de la Commission.
49:54— Non, mais dès que le tumulte cessera.
49:57Et qui me rappelle la fable de l'arroseur arrosé.
49:59Parce que ce qu'on oublie, et que peut-être ça n'a pas été assez rappelé,
50:03c'est que lors de la dernière réforme des retraites,
50:06que vous avez combattue,
50:08et pour laquelle, Mme Pannot, vous venez nous expliquer
50:10que vous étiez effectivement dans une logique d'obstruction.
50:14Je me souviens que pour arriver à l'article
50:17sur l'âge légal de départ à la retraite,
50:21tous vos collègues de la NUPES de l'époque
50:23avaient retiré leurs amendements.
50:25Je me souviens de leaders syndicaux dont vous vous prévaliez,
50:29qui vous avaient demandé de retirer vos amendements
50:32pour arriver jusqu'à l'article en question.
50:35Et je me souviens du délice avec lesquels
50:37les membres de LFI avaient voulu discuter,
50:41amendement après amendement,
50:43d'amendements qui changeaient un chiffre,
50:45qui changeaient une virgule, qui changeaient un mot, etc.
50:49Donc voyez, non mais ce que je veux simplement vous dire,
50:51c'est que moi depuis 9 heures, j'écoute attentivement
50:55et les questions posées par les collègues
50:57qui déposent des amendements et les réponses
50:59et du rapporteur et de la ministre,
51:02qui permettent des réponses sur le fond.
51:04Et lorsque vous prenez la parole, chers amis de LFI,
51:07c'est toujours pour invectiver et pour donner des leçons de morale
51:10à ceux qui ne vont pas dans votre sens.
51:12Alors, il est 22h30.
51:16Depuis 9 heures, vous nous faites le même cinéma.
51:18On a perdu énormément de temps.
51:20Je parle parce que j'ai le droit de parler autant que je veux
51:23et que jusqu'à présent, je n'ai pas beaucoup parlé.
51:26Et là, il me vient l'envie de dire ce que j'ai à dire.
51:29Voilà, c'est comme ça aussi la démocratie.
51:31Eh ben oui, eh ben oui.
51:34Alors maintenant, arrêtez et revenons sur le fond des articles.
51:38Merci.
51:39L'ambiance dans l'hémicycle va vite se révéler électrique.
51:42Le camp présidentiel joue la montre
51:44tandis que les députés de la France insoumise
51:46pratiquent la stratégie du name and shame,
51:48visant à dénoncer nommément les députés refusant d'abroger.
51:54La tension atteint alors son paroxysme dans la soirée
51:57avec un député qui tente d'en venir aux mains,
52:00empêché par ses collègues et les huissiers de la séance.
52:05Ce qui s'est passé tout à l'heure dans l'Assemblée nationale
52:07est extrêmement choquant.
52:08L'un de vos collègues, en effet, a menacé d'abord
52:10notre collègue socialiste.
52:12Puis, alors que je lui demandais de quitter l'hémicycle,
52:16est venu me menacer.
52:17Et heureusement, monsieur Feneau,
52:19effectivement que vous étiez là pour retenir le collègue de votre groupe,
52:23mais aussi, et je les remercie,
52:24que les huissiers sont intervenus pour le faire reculer.
52:28Parce que sinon, je ne suis pas sûr du fait
52:31qu'à la fin de la soirée, je ne me serais pas pris une beigne.
52:35Il peut arriver, ça n'est pas la première fois
52:37que j'ai été président de groupe longtemps,
52:39j'ai été ministre des Relations avec le Parlement,
52:41ce sont des choses qui arrivent.
52:42Simplement, il faudra que le député puisse s'en expliquer avec ses collègues.
52:45C'est vrai, c'est arrivé.
52:46Je le dis aussi, et ça ne s'adresse pas à ceux qui ont pu être...
52:50Vous avez évoqué, chers collègues,
52:51la question de la tension du type de débat d'une niche comme celle-là.
52:54Il faut aussi mesurer ce que c'est que la tension
52:56de recevoir du harcèlement, y compris à domicile,
52:58des coups de téléphone, quand on vous menace.
53:00Je crois que nous, nos groupes,
53:03avec nos amendements, sérieux, rédigés, chacun sur le fond,
53:07nous avons montré que nous résistons démocratiquement
53:11aux pressions de la France insoumise,
53:13les pressions sur les réseaux sociaux,
53:15les pressions sur les mails, les menaces, les insultes,
53:18qui, oui, ont conduit un de nos collègues, peut-être,
53:21à déraper ce soir, mais qui montrent que lorsqu'on touche
53:25aux familles, lorsqu'on menace l'environnement
53:28et les proches des élus, on nuit à la démocratie,
53:31on nuit au débat de la démocratie.
53:33Vous êtes une force réactionnaire, et je vais vous le dire pourquoi.
53:36Vous n'avez que pour seul but, sous vos deux mandats,
53:39de réduire les droits des Français.
53:40À aucun moment, vous me vous interrogez
53:42avec les contraintes économiques et démographiques qui existent.
53:45À aucun moment, vous vous dépassez vous-même
53:47pour vous dire comment pouvons-nous garantir
53:49des nouveaux droits aux Français.
53:50Votre seule obsession, par fainéantise intellectuelle
53:53et par conflit de classe, c'est comment retirons-nous
53:56des droits aux Français.
53:57La triste journée, c'est celle où les députés
54:00se font cyber harceler, menacer.
54:02Aucun d'entre nous, monsieur Olivier Faure,
54:04aucun d'entre nous ne devrait s'accommoder
54:07des menaces, des invectives, des perséverations,
54:10des intimidations qui continuent encore
54:12au moment où nous parlons.
54:14Bon, c'était une journée un peu difficile
54:18avec cette obstruction pour faire mon rôle de rapporteur,
54:21pour nous faire notre rôle de parlementaire.
54:23Ça a été dit dans les différents rappels au règlement.
54:26Je dirais, en étant un peu taquin, que je souhaite...
54:32Merci, mes chers collègues.
54:35Je souhaite vivement remercier les rapporteurs
54:39et les stagiaires qui ont aidé à faire toutes ces liasses
54:42pour préparer votre obstruction.
54:44Liasses qui vont partir au pilon et eux mériteraient
54:47des trimestres en guise de pénibilité
54:49parce que supporter tout ça, ce n'est pas évident.
54:52Eux, ils n'ont pas craqué.
54:55On ne peut pas en dire autant des membres du socle commun
55:00qui ont montré un comportement déplorable,
55:02y compris dans les interruptions de séance.
55:04Vous ne l'emporterez pas avec vous.
55:06Sachez-le.
55:07Par contre, on se passera de vos services
55:09dès la semaine prochaine pour abroger la réforme
55:12des retraites à 64 ans.
55:15Voilà, c'est la fin de ce numéro des Grands Débats.
55:18A rester sur nos antennes, bonne suite de programmes sur LCP.