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00:00Au soir du 16 avril 1889, une jeune chanteuse de Music Hall, Lily Harvey, de son vrai nom
00:20Hannah Chaplin, met au monde un garçon dans son minuscule trois pièces au dernier étage
00:26d'un immeuble vétuste de Kennington Road. C'est son second enfant. Quand Charles Chaplin
00:34arrive enfin chez lui, il apprend la naissance de son fils sans grande joie, en marmonnant
00:39des propos incohérents. Pourtant, Charles n'est pas a priori un mauvais bougre, il
00:45a même un certain talent et sa voix de bariton léger lui vaut un joli succès dans les cabarets
00:51londoniens. Il gagne bien sa vie et s'il rapportait à la maison l'essentiel de ses
00:56cachets, tout irait bien au sein de la famille de Chaplin. Au reproche amère de sa femme,
01:02il répond par des colères terribles qui terrifient le petit Charlie et son frère Sidney. Cette
01:07vie de cauchemar prend enfin le jour où Hannah se résout à demander le divorce.
01:12Accompagnée de ses deux fils, elle quitte le domicile conjugal pour s'installer dans
01:18un petit appartement qu'elle meuble avec goût grâce au modeste cachet qu'elle touche
01:23depuis qu'elle refait du musical sous le pseudonyme de Lily Harvey. Le petit Charlie
01:29assiste ce soir-là autour du chant de sa mère, lorsqu'au beau milieu d'une chanson,
01:34il la voit brusquement porter la main à sa gorge, la bouche tordue dans un aphorictus,
01:40incapable d'émettre le moindre son. Le visage décomposé par la douleur et le chagrin,
01:46Hannah quitte la scène sous les huées des spectateurs qui réclament le remboursement
01:50de leur place.
01:51Devant ce tollé général, le directeur se rabat sur Charlie. Le petit garçon connaît
02:11par cœur le répertoire de sa mère pour l'avoir entendu maintes fois. Il n'a jamais
02:16chanté en public mais peu importe, l'essentiel est que les gens en aient pour leur argent.
02:20Après quelques mots d'explication à l'assistance, l'enfant se retrouve seul en scène face
02:27à ceux qui, à peine trois minutes plus tôt, ont mis un terme aussi cruel que définitif
02:32à la carrière de sa mère. De tout cela, Charlie ne s'en rend pas vraiment compte.
02:38Il est trop jeune et, quoiqu'un peu intimidé, il est plutôt fier de se retrouver ainsi,
02:43dans l'éblouissement des lumières, devant un auditoire qui fait soudain silence pour
02:48l'écouter, entonner une chanson bien connue alors, Jack Jones.
02:59Le public est enthousiasmé par ce gamin palichon aux mimiques irrésistibles et les pièces
03:11de monnaie commencent à tomber sur le plancher vermoulu de la scène. Aussitôt, Charlie
03:16cesse de chanter et annonce le plus sérieusement du monde qu'il va ramasser l'argent d'abord,
03:22après quoi il reprendra sa chanson là où il l'a interrompue. Cette réplique déclenche
03:26l'hilarité générale et un tonnerre d'applaudissements.
03:29Ce soir-là marque la première apparition de Charlie sur une scène et la dernière
03:49de sa mère. Anna Chaplin ne retrouvera jamais sa voix, Lily Harvey disparaît pour toujours
03:57des affiches de music Hall. Il décrit sa mère comme un personnage qui l'a beaucoup
04:02touché et qui l'a beaucoup impressionné aussi. Pierre Tchernia évoque les souvenirs
04:06de Charlie Chaplin. Il raconte que quand il était enfant, le petit logement misérable
04:11où il habitait, sa mère se mettait à la fenêtre et mimait les gens qui passaient
04:16dans la rue. Elle avait, raconte-t-il, un don particulier pour imiter les gens, pour
04:23esquisser un personnage, pour caricaturer et il a certainement pris des leçons formidables
04:53Hors de la maison, il y a le spectacle de la rue qui fascine Charlie. Ce frère de notre
05:09gavroche reste des heures à déambuler parmi le flot des passants où il croise, pèle-mêle,
05:15tout le peuple miséreux des bas quartiers de Londres. En retard dans ses versements,
05:20Hannah s'est vue retirer sa machine à coudre. Sans travail, elle ne peut payer son loyer
05:26et les huissiers recommencent à monter l'escalier. Son ex-mari, Charles, ne payant plus la pension
05:31alimentaire des enfants, elle doit se résoudre à quitter la chambre mansardée d'Oakley
05:37Street pour l'asile des pauvres de Lambeth. À son arrivée, Hannah, qui se plaint depuis
05:43plusieurs mois de violente migraine, est séparée de ses fils qui sont, quelques semaines plus
05:47tard, transférées à l'école de Hanwell réservée aux orphelins et aux enfants abandonnés.
05:54Charlie, qui a six ans, est admis au pavillon des petits, tandis que son frère aîné,
06:00Sidney, intègre le pavillon des grands. Dès lors, les deux garçons ne vont quasiment
06:05plus se voir et cette époque restera pour eux l'une des plus cruelles de leur vie.
06:10Première brimade pour ces enfants dont le seul crime est d'être pauvres, on leur
06:15rase les cheveux. Cette mesure réglementaire bouleverse tant Charlie qu'avant chaque
06:21visite de sa mère, il se couvrira la tête d'un mouchoir pour ne pas lui faire honte.
06:45En cette année 1889, dans la cour de récréation d'une école communale de la banlieue londonienne,
06:56un écolier neuf ans, timide et chétif, déchaîne l'hilarité de ses camarades en leur récitant
07:02un monologue écrit par sa mère. Il faut avouer que l'enfant est très drôle et même les
07:08instituteurs d'ordinaire si sévères ne peuvent retenir leur rire au spectacle du
07:12jeune garçon qui accompagne son récit de gags plus comiques les uns que les autres.
07:17A cette époque, Charlie vit de nouveau avec sa mère, récemment sortie de l'hôpital
07:23où elle était soignée pour troubles mentaux. Hannah va beaucoup mieux, elle est même guérie
07:27au dire des médecins et pour faire vivre ses deux fils, elle coûte inlassablement
07:32des corsages pour le compte d'exploiteurs sans scrupules qui lui versent tout juste
07:36de quoi subsister. Heureusement, Sidney, frère aîné de Charlie, vient d'être embauché
07:42comme télégraphiste et son modeste salaire contribue à améliorer quelque peu l'ordinaire.
07:47Charlie, quant à lui, fréquente l'école primaire du quartier jusqu'au jour où un
07:52certain monsieur Jackson vient le voir dans la minuscule mansarde qu'il habite avec sa
07:58mère au 3 Ponal Terrace. Monsieur Jackson est un ancien instituteur récemment reconverti
08:05dans le théâtre. Il vient de fonder une troupe qu'il appelle fièrement les 8 gars
08:09du Lancashire. Or, l'un des 8 jeunes comédiens est indisponible pour quelques temps et il
08:15lui cherche un remplaçant. Ses collègues, instituteurs de l'école du quartier, lui
08:20ont parlé des talents du petit Charlie, voilà pourquoi il vient demander l'autorisation
08:25à Hannah Chaplin d'engager son fils. On lui donne d'abord des leçons de claquettes
08:30et à 9 ans, il fait son premier numéro en solo sur les planches d'un cabaret londonien.
08:35Mais le spectacle des clowns l'attire. Ce que l'on a coutume d'appeler le burlesque
09:01vient essentiellement d'Angleterre, c'est-à-dire de toute une tradition du musical anglais
09:05et des clowns anglais. Contrairement aux clowns français, les clowns anglais sont extrêmement
09:12brutaux. Les baffes à travers la figure, les coups de pied au cul, les sauts d'eau
09:17balancés sur les gens, les chutes brutales du haut-nu des échelles, les passages sous
09:22les voitures. Alors, au contraire, l'école française des clowns, elle a cherché à
09:27être plus, pas disons plus cérébrale, mais beaucoup plus subtile. C'est-à-dire que
09:34les numéros des grands clowns français, bien qu'étant somme toute assez violents, étaient
09:39tout même beaucoup, disons, moins brutaux que les clowns anglais. Décidément, l'acrobatie
09:49est trop dangereuse et il revient à des exercices moins périlleux en montant un numéro de
09:54jongleur comique dans lequel il excelle. Il s'est acheté quatre balles de caoutchouc
09:59et quatre assiettes et s'entraîne inlassablement jour après jour. Il a été à la fois un
10:04auteur, un créateur, un inventeur et un acteur extraordinaire. Parce que regardez ses premiers
10:09films, il sait tout faire. Pierre Tchernia parle des multiples talents de Chaplin. Dans
10:14Charlot Patine, vous le voyez en patin à roulettes faire des acrobaties absolument
10:20stupéfiantes. Vous avez, je crois, c'est Charlot Marin. Dans Charlot Marin, vous le
10:25voyez jongler avec un os de gigot, une pomme de terre et puis un troisième objet. Tous
10:32les amateurs de cirque vous diront que ce qu'il y a de plus difficile dans le jonglage,
10:36c'est de jongler avec des objets de forme et de poids différents. Il sait le faire.
10:41Il savait donc tout faire, tout exprimer avec son corps et avec son esprit. Il a inventé
10:46des choses inouïes et encore une fois universelles.
10:49Le jour de ses 20 ans, Charlie apprend par Fred Carnot une grande nouvelle. La troupe
11:13vient d'être engagée à Paris. Ce voyage en France est pour lui le plus beau cadeau
11:19d'anniversaire de sa vie. En effet, la famille de Chaplin est originaire de France et c'est
11:25pour lui une sorte de pèlerinage de retour aux sources. Et puis, il y a surtout Paris,
11:31le Paris de la belle époque, avec ses élégantes parées comme des reines, avec ses terrasses
11:36de café aux couleurs d'absinthe et puis ses grands boulevards où quelques rares automobiles
11:41chaotent entre les omnibus impériales et les fiacres chargés de demoiselles en fleurs.
11:46Sorti pour la première fois de son île britannique, le jeune homme croit débarquer dans le pays
11:51de la liberté ô combien différent du cadre rigide et sévère de son Angleterre natale.
11:57Toute la journée, Charlie flâne dans les rues, émerveillé d'une telle débauche de
12:02beauté. Le soir, il retrouve la troupe Carnot sur les célèbres scènes des Folies Bergères
12:08ou de l'Olympia, deux musicaux de premier rang qui n'ouvrent leurs portes qu'à des
12:12numéros de renommée internationale. Il est arrivé à Paris en 1911. Notre ami Claude
12:17Dauphin se rappelait du spectacle Carnot à Paris. Et il y avait d'ailleurs également
12:21Stan Laurel de Laurel et Hardy qui étaient dans la troupe et je les avais vus à l'Olympia.
12:26Petit garçon, enfin j'avais 10 ans, 11 ans, mais j'avais très bien le souvenir d'avoir
12:30vu ce... Là, à ce moment-là, il n'était pas du tout avec le chapeau au melon et les
12:34empanards, il était... Il jouait un petit garçon en costume militant qui jetait des
12:38tartes à la crème sur la gueule des chanteurs sur une scène, enfin je ne sais pas, très
12:42comique.
12:43À peine rentré en Angleterre, Charlie saute dans un nouveau bateau, à destination cette
12:56fois de l'Amérique. Il a tout juste le temps de faire sortir sa mère de l'asile pour l'installer
13:01dans une maison de repos plus agréable avant de s'embarquer pour New York.
13:05Accoudé au bastingage du transatlantique, Charlie regarde s'éloigner l'Angleterre
13:11et avec elle ses années de malchance et de misère. Il est pourtant loin de se douter
13:16qu'il est ce jour-là en route vers la gloire.
13:31Février 1911. Le Cairn Rona, un cargo chargé d'émigrés en provenance d'Angleterre, entre
13:51en rate de New York. Sous le regard bienveillant de la Statue de la Liberté, les 300 passagers
13:57descendent taquer et sont dirigés vers des bâtiments portuaires pour satisfaire aux
14:02formalités douanières. Ils sont reçus par un douanier américain aux allures de cow-boy
14:07qui leur demande de décliner leur identité afin de les inscrire sur le registre d'immigration.
14:13C'est ainsi qu'au hasard de la longue file d'attente se présente devant lui un jeune
14:18homme, frêle, de petite taille, au visage extrêmement pâle sous des cheveux bouclés
14:24noirs. Nom? Prénom? Profession? Demande le cow-boy au petit homme efféminé qui répond
14:33en enrogissant un peu. Chaplin, Charlie Spencer Chaplin, comédien.
14:55Bien que le cinéma n'en soit qu'à ses balbutiements, on renouvelle déjà les programmes plusieurs fois
15:03par semaine. La majeure partie des films est produite par la compagnie Keston, dirigée par
15:09le jeune et talentueux Max Sennet. Sennet est à la fois producteur, metteur en scène, scénariste
15:15et acteur. C'est lui qui est le premier lance aux Etats-Unis les films Poursuites, Gendarmes
15:20Voleurs et il avoue avoir débuté en plagiant Max Linder. Il n'est pas seul dans ce cas puisque
15:26même Chaplin s'inspirera plus tard de ce prestigieux acteur qu'il appellera respectueusement
15:31Le Professeur. Max Sennet fréquente régulièrement les musicaux le New-Yorkais et c'est ainsi qu'un
15:38soir il remarque un jeune comédien dont le numéro de pantomime le fait rire aux larmes. Dès l'entracte
15:45il se précipite dans la loge du jeune homme pour lui proposer un contrat. A son grand étonnement,
15:50Charlie Chaplin refuse et Max Sennet repart déçu. Un an plus tard il reçoit par télégramme une
15:57nouvelle proposition de Max Sennet qui lui offre cette fois 150 dollars par semaine, chiffré norme
16:03à l'époque, pour un engagement d'un an. Charlie hésite encore quelques temps et puis finit par
16:09accepter de tenter l'expérience. Quand Chaplin a commencé en 1915-1916 ces petits films au départ
16:17de Max Sennet. Maurice Bézy qui a connu Charlie Chaplin à Hollywood. La grande facilité qu'il a
16:22eue, lui c'est à sa demande, c'est qu'il est le premier acteur comique américain, des slapstick
16:29américains, il est le premier qui est obtenu de faire lui-même son montage et Chaplin est un
16:35extraordinaire monteur et l'on s'en aperçoit quand on voit les premiers films de Chaplin, ils sont
16:41infiniment mieux montés que ceux de Harold Lloyd, de Picard, de tous les comiques de l'époque et
16:46cet apport technique qu'a fait Chaplin à ses débuts l'ont beaucoup beaucoup avantagé.
16:51Un matin que Charlie arrive au studio Keston, il aperçoit Max Sennet qui mordit son énorme
17:02cigare en contemplant un décor d'hôtel dont visiblement il aimerait se servir. Après une
17:08longue réflexion, Sennet finit par se tourner vers Charlie. Il nous faut quelques gags ici,
17:14dit-il, allez va te faire un maquillage comique, n'importe quoi. Charlie ne se le fait pas répéter
17:19deux fois, déjà il se précipite vers les vestiaires où sont entassés les costumes. A vrai dire il n'a
17:26aucune idée du personnage qu'il va jouer et c'est un peu par hasard qu'il enfile un pantalon trop
17:33large, un habit trop étroit, de grandes chaussures et agrémente le tout d'un chapeau melon et d'une
17:42canne qui traînait par terre.
18:12Qui fait tourner sa badine sous la pluie qui dégouline, c'est Charlie, c'est Charlot.
18:20Aux godasses qui prennent l'eau dans le pantalon des bines et qui fait rire les marmots. Va petit
18:30bonhomme, il y a des millions de braves gens qui se retrouvent en toi quand tu parais sur l'écran.
18:40A l'usine ou bien alors au bureau, le gars qui fait le rigolo pour oublier sa débine,
18:48c'est Charlie, oui c'est Charlot, c'est Charlie, oui c'est Charlot.
18:54Charlot chanté par Henri Salvador
19:09Dès sa sortie sur les écrans américains, le premier Charlot fait un énorme succès.
19:19D'ordinaire quand on lance un nouveau film sur le marché, on en tire 20 ou 30 copies.
19:24Mais dès le quatrième court-métrage tourné par Chaplin, la demande est telle qu'on doit
19:29tirer jusqu'à 45 copies par film. C'est une révolution dans le cinéma du burlesque,
19:35d'autant que Charlie délaisse bientôt le monde des pitreries gratuites, des folles
19:39poursuites et des coups de bâton, pour imposer un comique beaucoup plus subtil,
19:43emprunt d'une certaine tendresse et d'un humour souvent grinçant.
19:56Quand à l'aube de 1914, Charlie Chaplin débarque à New York, il est pauvre et totalement inconnu.
20:02Fin 1918, le monde entier connaît Charlot et Charlie se voit offrir un pont d'or par
20:10la First National. C'est son frère Sidney, arrivé récemment en Amérique, qui discute,
20:15comme à l'accoutumée, les modalités du contrat. Celui-ci se monte à la coquette
20:20somme d'un million sept cent cinquante mille dollars pour la réalisation de 8 films. Une
20:25fortune à l'époque et le plus gros contrat jamais signé dans l'histoire du cinéma hollywoodien.
20:30À moins de 30 ans, Charlie Chaplin entre dans la légende.
20:35Il est très cabot, il faut bien le dire, comme la plupart des acteurs. Alors il est content
20:41qu'on parle de lui. Claude Devin nous parlait de Chaplin et de l'argent.
20:44Et puis il a une passion pour l'argent aussi qui est tout à fait raisonnable,
20:50parce qu'il a eu une enfance très malheureuse et qu'à partir du jour où il a vu son nom en
20:55lettres de feu sur les marquises de cinéma et qu'il a gagné des milliards, il était très content.
21:00Il en parle beaucoup, il aime bien ça. D'ailleurs dans ses mémoires, tant qu'il parle de sa jeunesse,
21:05de son enfance, ses mémoires sont très très touchantes et très émouvantes et très amusantes.
21:11Puis alors dès qu'il commence à avoir du succès, ça devient insommant parce qu'il
21:15parle que de son pognon. On dirait qu'il est vraiment obsédé par le fait de gagner autant d'argent.
21:19Avec cet argent, Chaplin fait construire ses propres studios à Sunset Boulevard. Le jour
21:25de l'inauguration au Fujiwa, il marche chaussé de ses fameux souliers sur le
21:30ciment frais d'une allée et imprimant à jamais sa célèbre empreinte. Jusqu'alors,
21:35Charlie avait toujours vécu seul dans un hôtel de Los Angeles. Mais cette solitude finit par
21:40lui peser. L'arrivée de son frère est pour lui un cadeau du ciel. Sidney lui fait construire une
21:46splendide villa à Beverly Hills avec parc à l'anglaise, tennis et piscine. Puis il lui
21:52achète le dernier modèle de chez Cadillac, engage un chauffeur japonais, un agent de presse
21:57américain et un secrétaire particulier pour répondre aux nombreux courriers qui s'entassent
22:02sur le bureau de Charlie. Des flots de louanges arrivent en effet quotidiennement du monde entier.
22:07Parmi cette innombrable correspondance, on note beaucoup de demandes de secours qui ne
22:12feront que se multiplier au fil des ans et auxquelles Charlie Chaplin répondra toujours.
22:16Il n'a pas oublié la misère de son enfance et quand il peut venir en aide aux pauvres,
22:22il n'hésite jamais à le faire. Par contre dans son travail, il a la solide réputation d'être
22:27quelque peu avare et les coûts de ses productions sont parmi les plus bas du marché. Il travaillait
22:32avec de très petits moyens. La visite de son atelier de décor était une chose absolument
22:38extraordinaire, incompréhensible. Maurice Bessy qui a connu les studios de Chaplin à Hollywood.
22:43Je me souviens par exemple, il y a une scène dans Monsieur Verdoux qui se passe dans une
22:47carlingue d'avion. C'était un morceau de contreplaqué. Vraiment, c'était toujours fait
22:52avec des moyens très modestes. Dans son studio, il avait un carrefour, deux rues qui se croisent
22:57et c'est toujours le même décor que l'on retrouve toujours dans ses films. Mais enfin,
23:01le talent et le génie étant là, on oublie tout ce qui est formel. Mais c'était toujours fait
23:07avec des moyens les plus restreints. Le studio lui-même était également dans un état de
23:12médiocrité, presque de pauvreté. Les poubelles qui étaient à l'extérieur étaient des poubelles
23:18qui avaient 50 ans. C'étaient les plus vieilles d'Hollywood. Le chien qui gardait l'entrée également
23:23était un pauvre chien qui datait de, je ne sais plus, probablement d'une vie de chien. Tout était
23:28fait avec les moyens les plus limités. Sa loge, sa loge était une loge comme peut-être aucun
23:35comédien de second rang ne voudrait aujourd'hui. C'est même assez stupéfiant de voir qu'il a
23:40tourné des films importants avec des moyens de fortune aussi limités. La célébrité grandissante
23:46de Chaplin lui vaut d'être invité à toutes sortes de soirées mondaines où se côtoie le tout
23:51Hollywood. C'est au cours de l'une de ces soirées qu'il rencontre Edna Purviance, une jeune comédienne
23:58dont il tombe immédiatement amoureux. Ils tourneront ensemble 20 films dans lesquels Edna Purviance
24:04incarnera la légendaire fiancée de Charlot. Mais la célébrité n'est pas toujours facile à assumer.
24:10Charlie commence à recevoir des lettres d'injures. L'Amérique lui reproche de continuer à faire des
24:16gags quand le monde entier chancelle. Ils s'intéressaient beaucoup à l'événement, à la politique. Un ami de
24:23Chaplin, l'écrivain Vladimir Posner. Par exemple lui qui n'allait pratiquement jamais voir les
24:28films. Il allait une fois par semaine, il y avait une salle où on ne donnait que les actualités.
24:35Il y allait toutes les semaines et il allait voir toutes les actualités. Ça s'intéressait. Ce que la
24:41rumeur publique ignore c'est que Charlie a bel et bien répondu présent à l'avis de mobilisation
24:46générale. Mais les services de recrutement l'ont jugé trop petit, trop chétif et déclaré inapte
24:52à porter les armes. Pour couper court aux critiques dont il est l'objet, Chaplin accepte de participer
24:58à des tournées de propagande à travers les Etats-Unis pour lancer le nouvel emprunt destiné
25:03à soutenir les troupes alliées engagées dans la première guerre mondiale. Parallèlement,
25:09Charlie tourne un nouveau film, véritable riquisistoire contre la guerre, Charlo Soldat.
25:53Pour la première fois depuis qu'il est célèbre, Charlie Chaplin rend visite au vieux continent.
25:59A Paris comme à Londres, la police est submergée et ne peut contenir les milliers d'admirateurs
26:05qui veulent tous voir de près l'illustre Charlo. Parti sans un sou de son Angleterre natale,
26:11huit ans auparavant, Chaplin y revient en 1922, couvert de gloire et de richesse. Il a 33 ans.
26:22En fait, sa visite a un but bien précis. Il est venu présenter son nouveau film,
26:43Le Kid, ce gosse dont l'existence misérable n'est pas sans rappeler celle que connut Charlie
26:49quand il n'était encore qu'un gamin des rues, abandonné à lui-même. Charlie Chaplin est aussi
26:54venu voir sa mère. Voilà des années qu'il se bat aux États-Unis pour obtenir l'autorisation
26:59de la ramener. Mais les autorités d'immigration lui refusent systématiquement le visa d'entrée.
27:05On ne veut pas d'une faible d'esprit en Amérique, fut-elle la mère du grand Charlo,
27:10celui-là même dont les films rapportent au gouvernement américain des centaines
27:15de millions de dollars. Il faudra encore à Chaplin des mois et des mois de démarche,
27:21de lutte et de ténacité pour parvenir enfin à réaliser son rêve d'enfance en installant sa
27:27mère dans la splendide villa qu'il s'est fait récemment construire à Beverly Hills. Chez lui,
27:32c'était une très grande maison avec un énorme terrain, un gazon, un vaste gazon vert si vous
27:41avez connu l'Angleterre, si vous êtes allé, c'était voilà, c'était je suppose l'unique gazon
27:46vert de Hollywood. Vladimir Posner, voisin et ami de Chaplin à Hollywood. Une fois qu'on entrait
27:52chez lui, derrière le grand mur qui l'entourait son domaine, on ne voyait plus la ville, on ne
27:59voyait plus de maison, on était vraiment à la campagne et la campagne n'était pas Hollywood,
28:07n'était pas la Californie, c'était peut-être l'Angleterre, c'était son domaine à lui. Et là,
28:16il y avait ses amis qui venaient le voir, qui étaient invités ou qui avaient à voir avec lui.
28:37L'immense succès de La ruée vers l'or va coïncider pour Chaplin avec une période
28:42sentimentale extrêmement pénible. Quelques années auparavant, il s'est marié avec une
28:46jeune fille de 18 ans, Lita Gray, dont il a eu deux enfants. Mais rapidement, l'amour fait place
28:53à la mésentente et Chaplin demande le divorce le 1er décembre 1926. Une certaine presse à
28:59scandale attendait depuis longtemps l'occasion de s'attaquer à la vie privée de Chaplin,
29:04jusqu'alors irréprochable. Cette occasion, Lita Gray va la fournir à ses journaux verreux,
29:09en déclarant en plein tribunal que Charlie Chaplin l'a brutalisé. Les protestations
29:15d'innocence du pauvre Chaplin ne font qu'envenimer les choses et les événements tournent au drame.
29:20Sa villa et ses studios sont mis sous séquestre et Chaplin, en proie à une grave dépression
29:26nerveuse, doit se réfugier à New York chez un ami médecin. Une partie de l'opinion américaine
29:32réclame l'expulsion pure et simple de Charlie et l'interdiction de ses films. Autorisé à enfin
29:37reprendre le chemin de ses studios, Charlie Chaplin se remet immédiatement au travail.
29:42Pendant trois ans, il dépense une énergie considérable pour mener à bien la réalisation
29:47de son nouveau film, Les Lumières de la ville. Il en est aux premières semaines de tournage,
29:59quand une bombe éclate dans le petit monde du cinéma. Hollywood vient de lancer sur le
30:04marché le premier film parlant de l'histoire. L'avènement du cinéma parlant est une
30:09catastrophe pour Chaplin qui, lui, tourne Les Lumières de la ville en muet. Pour Charlie,
30:15Charlot est avant tout une abstraction comique, entièrement basée sur la pantomime,
30:20et lui donner une voix détruirait irrémédiablement le côté irréel du personnage.
30:30Charlie Chaplin, qui a investi toute sa fortune dans la production des Lumières de la ville,
30:48part de nouveau en tournée à travers l'Europe pour promouvoir lui-même son film. De ville en ville,
30:53on assiste à de véritables émeutes, des foules innombrables attendent pendant des heures sous
30:59la pluie pour voir passer Charlot. Tout le monde veut lui parler, hommes d'État et artistes compris.
31:04J'avais un voisin ici, hélas on n'en a plus, mais il y a deux pas d'ici habitaient Picasso.
31:11L'écrivain Vladimir Posner a assisté à la rencontre de Chaplin et Picasso.
31:16Un jour, un après-midi, Picasso me dit, écoute, je sais que tu connais Charlot,
31:23il vient d'arriver à Paris, arrange-moi un rendez-vous avec lui. Eh bien, j'ai dit oui,
31:30enfin je vais lui téléphoner. C'était le grand problème de ne pas aller au restaurant,
31:34parce que, vous vous imaginez un restaurant, on voit assis côte à côte Picasso et Chaplin.
31:41Et finalement, alors Chaplin a dit, le plus simple c'est que vous veniez tous chez moi à l'hôtel,
31:46à l'hôtel, à l'habiter au Ritz. Ça se passait d'une drôle de façon, parce que Picasso ne parlait pas anglais.
31:55Et Chaplin ne parlait qu'anglais, donc il n'avait pas de langue commune. Et Picasso et Chaplin s'observaient.
32:03C'est, mettons, comme si Picasso disait, je dois faire son portrait, alors je vais bien voir de quoi il a l'air.
32:10Et que Chaplin se disait, ben voilà, c'est un rôle que je vais jouer, alors je vais bien voir.
32:16Quelques temps après son retour d'Europe, Charlie Chaplin rencontre celle qui deviendra sa troisième épouse,
32:45Paulette Goddard. Il a 47 ans, elle 22, et immédiatement la presse à scandale, qui n'avait plus parlé de Chaplin depuis trois ans, se saisit de l'événement.
32:55Charlie est présenté au lecteur comme un vieux satyre affamé de jeunes chers.
33:00L'homme qui à ce moment règne en maître sur ce genre de presse s'appelle Randolph Hearst.
33:06Ce triste personnage rêve aussi d'expulser d'Amérique tous les étrangers et en particulier ce Charlie Chaplin,
33:13qu'il aimerait bien inscrire à son sinistre tableau de chasse.
33:16L'occasion lui en est donnée par Chaplin en personne, qui sort en 1936 un nouveau film muet, Les temps modernes, dans lequel il a Paulette Goddard pour partenaire.
34:13Titine, la célèbre musique des temps modernes. A sa sortie, le film déchaîne les foudres de la presse réactionnaire qui accuse Chaplin d'être un défenseur du communisme et l'entraîne dans un mauvais procès.
34:38Chaplin je l'ai rencontré après la réalisation des temps modernes à Hollywood.
34:43Maurice Bessie évoque Charlie Chaplin à ce moment là.
34:46Il était très déçu, il était déjà très attaqué à l'époque, considéré comme gauchiste.
34:51Et il a fait quelque chose qui évidemment m'a beaucoup touché comme admirateur de Chaplin.
34:56Il m'a donné sa canne, la canne qu'il avait utilisée dans les temps modernes et il m'a dit prenez la puisque Charlot est mort.
35:02Les temps modernes reçoivent un accueil triomphal à Londres, Moscou et Paris.
35:07Mais en Allemagne, un certain chancelier Hitler fait interdire le film.
35:22Depuis quelques mois, le nazisme a pris des proportions inquiétantes en Europe.
35:27Cette escalade de violence inquiète Charlie Chaplin qui décide alors de faire un film réquisitoire contre le fascisme.
35:35Il commence à travailler au scénario en 1938 mais le film subira de nombreuses transformations avant de revêtir sa forme définitive.
35:44Dès le début du tournage, Chaplin reçoit la visite de différentes personnalités qui tentent de le dissuader de faire ce film.
35:51Et l'ambassadeur hitlérien à Washington menace les producteurs américains de boycott total de leur film en Allemagne si Chaplin ose attaquer le nazisme.
36:05Alors les maîtres d'Hollywood qui ne veulent pas perdre le marché allemand exercent sur Charlie Chaplin des pressions de toutes sortes.
36:21Imité d'ailleurs par le parti nazi américain qui menace de mettre à mort celui qu'ils appellent ouvertement le sale petit juif.
36:30Ce sera le premier Charlot réellement sonorisé. Il sort le 15 octobre 1940 à New York sous le titre « Le Dictateur ».
36:47Après avoir entendu cet extrait de discours d'Hitler, voici maintenant le discours du dictateur joué par Chaplin. L'imitation est surprenante.
36:59Le discours de Heinkel, le grand dictateur, n'est pas rédigé en allemand. C'est uniquement une suite de sons et d'accents toniques qui reproduisent la mélodie de la langue.
37:23Le film est un immense succès et la scène où le dictateur jongle avec une mapmonde s'inscrit à jamais dans la mémoire publique.
37:53La musique du dictateur composée en partie elle aussi par Chaplin.
38:24Ce film marque la fin du duo Charlie Chaplin-Paulette Goddard qui divorce en juillet 1942.
38:30Commence alors pour Chaplin une longue période de célibat durant laquelle ses nombreuses conquêtes féminines lui vaudront une solide réputation de séducteur.
38:40Nous étions Madeleine et moi invitées à une de ces fameuses grandes soirées.
38:46Michel Morgan se souvient d'une certaine invitation à Hollywood avec son amie Madeleine Lebeau.
38:51Nous arrivons donc dans cette maison et je dis à Madeleine mais c'est curieux quand même, il n'y a personne, il n'y a pas de voiture, nous sommes peut-être les premières.
38:59Alors on arrive, on nous fait entrer, maître d'hôtel, des lumières très douces, de la musique douce, tout ça m'avait semblé un petit peu curieux.
39:10Le maître de maison s'avance, nous dit bonsoir et je lui dis mais nous sommes les premières, il n'y a personne.
39:20Oui, oui, oui, vous êtes les premières et j'aperçois un monsieur pas très grand, avec de très beaux cheveux gris.
39:31Je m'aperçois que c'est Charlie Chaplin qui entre avec un de ses amis et je regarde Madeleine et tout à coup on se rend compte que cette soirée n'est avec nous.
39:44Ce garçon nous avait un petit peu amené pour que nous rencontrions ces deux messieurs qui étaient extrêmement séduisants mais qui avaient près de la cinquantaine.
39:53Charlie Chaplin s'est rendu compte que tout ça était très gentil et enfin de bonne alloi et nous étions deux filles qui avions de bonne manière et qui n'étions pas des filles qu'on embarque tout de même comme ça.
40:10Il a changé totalement, il nous a fait beaucoup rire, il a fait des numéros, j'ai passé une soirée excellente à beaucoup rire et puis tout ça s'est terminé le plus respectablement du monde.
40:41Dans Monsieur Verdoux, Chaplin a délaissé le célèbre costume de Charlot.
40:46Il campe dans ce film un vieux monsieur à l'allure respectable qui sous des dehors paisibles cache une âme de séducteur criminel n'ayant rien à envier au terrible Landru.
40:56C'est son vieil ami Orson Welles qui a soufflé à Chaplin l'idée de réaliser un tel film pour répondre aux nombreuses critiques dont la saillent la presse américaine.
41:07Mais entre cette idée originale et le montage définitif, il s'écoulera cinq ans de travail intense.
41:13Quand vous arriviez au studio, il y avait ceux qui sont dans toute équipe du cinéma.
41:20Vladimir Potsner raconte le tournage de Monsieur Verdoux.
41:23Seulement que lui, en plus de jouer le rôle de Monsieur Verdoux, il était aussi le metteur en scène de ses films.
41:31Mais aussi, il regardait tout et c'était aussi le son qu'il écoutait.
41:37C'est lui aussi qui n'oubliait pas à écriver la musique de ses films.
41:41C'est-à-dire que de tous les côtés, il s'occupait de ses films, il le vivait de tous les côtés et il commençait bien avant puisque c'est lui qui l'écrivait.
41:50Et quand il écrivait, il l'essayait sur les gens. Il était très attentif.
42:20Dès sa sortie, le film est vivement critiqué par la presse réactionnaire et pour la première fois, Chaplin essuie un retentissant échec professionnel aux États-Unis.
42:30Le grand public n'aura d'ailleurs pas la possibilité de juger Monsieur Verdoux, car de puissantes organisations qui se targuent de défendre la bonne morale américaine parviennent à faire suspendre l'exploitation du film.
42:43Financièrement, c'est une catastrophe pour Chaplin qui, en proie aux incessantes attaques de ses compatriotes, traverse une période difficile qui ne fait que l'enfermer un peu plus dans son éternelle solitude.
42:55Non, non, il vaut mieux ne pas parler de l'homme dans sa vie parce que Chaplin était un personnage égocentrique.
43:01Maurice Bessy qui a connu Chaplin à Hollywood.
43:03C'était un misanthrope, c'était un homme distant.
43:07Au début de sa vie, il a eu deux grands amis qui ont été Douglas Favance et Marie Puteford et après la mort de Douglas, après la retraite de Marie Puteford, il est resté très très très seul.
43:19Il a commencé à avoir une réelle vie familiale grâce au mariage avec Oona O'Neill.
43:26Oona, fille du prix Nobel de littérature Eugène O'Neill, est la femme que Charlie Chaplin attendait depuis toujours.
43:33Elle a 18 ans, lui 56 et leur mariage ne fait qu'attiser la haine dont Chaplin est déjà l'objet.
43:41D'autant qu'à cette époque, un violent courant réactionnaire enflamme l'Amérique.
43:46Moi, je crois qu'il y a quelque chose qui n'est pas très bien compris en Europe, surtout quand on parle de cette époque, le maccartisme et la liste noire.
43:59Le metteur en scène Jules Dassin qui a souffert lui aussi du maccartisme.
44:03On parle comme si c'était seulement un sujet de Hollywood.
44:08Le maccartisme, ça a commencé en 1944.
44:14Il y avait des forces en Amérique qui avaient très peur de l'alliance russe américaine.
44:23Mais au fur et à mesure que le maccartisme montait, c'est devenu une rage, une maladie.
44:30La liste noire n'était jamais officielle.
44:34Jusqu'à aujourd'hui, la seule chose que je peux vous dire qu'ils ont fait officiellement, c'est qu'on nous a privé du passeport.
44:46Autrement, il n'y avait aucun acte que moi je connais qui était officiel.
45:00Le maccartisme, c'est ce qu'il y a en Amérique du Nord, c'est ce qu'il y a en Amérique du Sud, c'est ce qu'il y a en Amérique du Nord, c'est ce qu'il y a en Amérique du Sud, c'est ce qu'il y a en Amérique du Sud, c'est ce qu'il y a en Amérique du Sud, c'est ce qu'il y a en Amérique du Sud, c'est ce qu'il y a en Amérique du Sud, c'est ce qu'il y a en Amérique du Sud, c'est ce qu'il y a en Amérique du Sud, c'est ce qu'il y a en Amérique du Sud, c'est ce qu'il y a en Amérique du Sud, c'est ce qu'il y a en Amérique du Sud, c'est ce qu'il y a en Amérique du Sud, c'est ce qu
45:30il y a en Amérique du Sud, c'est ce qu'il y a en Amérique du Sud, c'est ce qu'il y a en Amérique du Sud, c'est ce qu'il y a en Amérique du Sud, c'est ce qu'il y a en Amérique du Sud, c'est ce qu'il y a en Amérique du Sud, c'est ce qu'il y a en Amérique du Sud, c'est ce qu'il y a en Amérique du Sud, c'est ce qu'il y a en Amérique du Sud, c'est ce qu'il y a en Amérique du Sud, c'est ce qu'il y a en Amérique du Sud, c'est ce qu'il y a en Amérique du Sud, c'est ce qu'il y a en Amérique du Sud, c'est ce qu'il y a en Amérique du Sud, c'est ce qu'il y a en Amérique du Sud, c'
46:00est ce qu'il y a en Amérique du Sud, c'est ce qu'il y a en Amérique du Sud, c'est ce qu'il y a en Amérique du Sud, c'est ce qu'il y a en Amérique du Sud, c'est ce qu'il y a en Amérique du Sud, c'est ce qu'il y a en Amérique du Sud, c'est ce qu'il y a en Amérique du Sud, c'est ce qu'il y a en Amérique du Sud, c'est ce qu'il y a en Amérique du Sud, c'est ce qu'il y a en Amérique du Sud, c'est ce qu'il y a en Amérique du Sud, c'est ce qu'il y a en Amérique du Sud, c'est ce qu'il y a en Amérique du Sud, c'est ce qu'il y a en Amérique du Sud, c'est ce qu'il y a en Amérique du
46:30South. N'ayant toujours pas la nationalité américaine, Charlie Chaplin doit demander
46:46un permis spécial chaque fois qu'il part à l'étranger, permis sans lequel il ne pourrait
46:50plus entrer aux États-Unis au retour. D'ordinaire, cette formalité est rapidement réglée, mais
46:57les autorités font des difficultés. L'attente est longue, Chaplin est interrogé à plusieurs
47:03reprises avant d'obtenir enfin le précieux certificat. La famille Chaplin s'embarque donc
47:09sur le Queen Elizabeth à destination de l'Europe. Mais dès que le paquebot sort des eaux territoriales
47:15américaines, un télégramme officiel apprend à Charlie Chaplin que les services d'immigration
47:21viennent d'annuler le permis de rentrée si difficilement accordé. Beaucoup d'Américains
47:26protestent contre cette mesure jugée arbitraire et injuste, mais la sentence est définitive,
47:33Ed Chaplin est désormais interdit de séjour dans son pays d'adoption.
47:51L'Europe l'accueille comme un chef d'état. Reçu par la reine d'Angleterre, fait officier de la
47:57Légion d'honneur par le président Vincent Auréole, décoré également en Italie, Charlie Chaplin reçoit
48:02partout des preuves de son immense popularité. On organise pour lui des réceptions brillantes,
48:07des fêtes, des spectacles. Tous les comédiens de Paris recevaient Chaplin, ça se passait au théâtre
48:15des ambassadeurs. Marie Dems raconte l'hommage à Chaplin rendu par les acteurs français. Et on n'a
48:20jamais su s'il avait fait exprès ou pas, mais c'était très amusant et bouleversant à la fois. Il s'est
48:24avancé pour dire quelque chose et il est tombé dans le trou du souffleur. On ne peut y laisser
48:29qu'une jambe dans le trou du souffleur. Lui a complètement disparu. C'était un pontin,
48:34c'était extraordinaire la souplesse. C'était déjà plus un gamin et tout le monde affolait en disant
48:40mon dieu est-ce qu'il a mal. Il s'est relevé un peu rouge mais très souriant, ravi, il n'avait pas
48:45l'ombre de blessure ni rien. Son tour d'Europe terminée, Charlie Chaplin se met en quête d'un
49:10toit pour loger sa famille qui viennent s'agrandir d'un nouvel enfant Eugène. Après avoir longtemps
49:16songé à s'établir en Angleterre, Chaplin se décide finalement à acheter le Manoir de Ban,
49:22immense propriété dont le parc magnifique surplombe le lac Léman. De tout temps Charlie
49:28Chaplin a rêvé de cette vie de famille qu'il mène en Suisse et maintenant qu'il est grand père,
49:33il organise à chaque réveillon de Noël une grande fête qui réunit ses huit enfants et ses nombreux
49:40petits-enfants. Mais en ce 24 décembre 1977, Charlie Chaplin est au plus mal. Le père Noël
49:54et Chaplin. C'est au cours de cette nuit de Noël que Lord Charles Spencer Chaplin s'éteint à l'âge
50:21de 88 ans. Un ultime coup de baguette magique achève en apothéose ce conte de fées commencé
50:29dans la misère un matin d'avril 1889. Reste au monde le merveilleux Charlot,
50:35éternel vagabond de l'écran, immortalisé à jamais par la magie du cinéma.
50:52Avant qu'elle reçue la visite des trois cavaliers de l'apocalypse, le pétrole,
50:57le cinéma et la construction aéronautique. Ces trois cavaliers qui piétinaient à l'assaut,
51:02arrachant et rangé ces citronniers et les remplaçant par des usines et des studios.
51:08J'étais l'un des coupables. J'avais hâte de voir un studio. Aux Etats-Unis, tout le monde pressait
51:13et comme par magie, je l'obtins. Et à présent, je me retire derrière mon rideau de silence.
51:21Vous venez d'écouter Destins Extraordinaires, un podcast issu des archives d'Europe 1.
51:31Réalisation Julien Tharaud. Production Raphaël Mariatte.
51:37Patrimoine sonore Sylvain Denis, Laetitia Casanova, Antoine Reclus.
51:42Destins Extraordinaires est disponible sur le site et l'appli Europe 1.
51:47Écoutez aussi l'épisode suivant en vous abonnant gratuitement sur votre plateforme d'écoute.