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00:006h-9h, Europe 1 Matin, 7h20, Thomas Chenel sur Europe 1.
00:05Bonjour Olivier Babaud, c'est mercredi que les enfants vont découvrir les cadeaux sous le sapin
00:11mais vous, dès ce matin, vous vous offusquez des soi-disant cadeaux offerts par l'État en matière économique.
00:18Oui Thomas, à deux jours de Noël, je m'en voudrais de nuire à la magie de ce moment familial
00:22où s'échangent les cadeaux par milliers mais je profite de son approche pour critiquer l'idée de cadeaux
00:27tels qu'elle est employée dans un contexte politique en montrant son vrai sens économique.
00:32Alors, qu'en parle-t-on de cadeau en politique ?
00:35Eh bien, un cadeau, pardon de l'évidence, c'est quelque chose qui est donné gratuitement.
00:39Et gratuit est justement un mot qui revient souvent dans la communication de nos gouvernants
00:44dans les arguments vantant tel dispositif généreusement offert aux citoyens.
00:48Il est pourtant extrêmement trompeur car il empêche souvent de bien poser les termes du choix public qui est fait
00:53et donc d'en discuter.
00:55Et pourquoi est-ce que c'est trompeur ?
00:57Contrairement au lutin du Père Noël qui travaille apparemment sans salaire,
01:00la production de tout service coûte de l'argent.
01:03La gratuité est le nom qu'on donne à la budgétisation d'une dépense,
01:07c'est-à-dire à son paiement par votre impôt.
01:10Toute chose donnée gratuitement par l'État est donc en fait un transfert, une redistribution.
01:15Ce n'est pas une libéralité faite par l'État, c'est en réalité un cadeau forcé
01:19de la part de ceux qui la financent et n'en bénéficient pas.
01:22Si demain nous nationalisons les autoroutes et abolissons les péages,
01:25certains diront qu'elles sont gratuites.
01:27Mais en réalité, ça reviendra à ce que les Français qui n'ont pas de voiture
01:31ou bien qui ne prennent pas l'autoroute payent pour ceux qui en profitent.
01:34Et si le cadeau est financé non pas par les prélèvements mais par de la dette ?
01:38C'est la même chose. La dette n'est qu'un impôt différé.
01:41On ne nous prête qu'à hauteur des recettes fiscales futures espérées,
01:45plus précisément à hauteur des excédents primaires futurs,
01:48c'est-à-dire des recettes en excédent de nos dépenses en remboursement de la dette.
01:53D'ailleurs, on nous présentera dès 2025 la facture de nos quoi qu'il en coûte passées
01:57à travers des hausses d'impôts, ça arrive assez vite.
02:00On entend aussi souvent critiquer les cadeaux que l'État ferait.
02:03Oui, on pense aux prétendus cadeaux aux entreprises ou aux riches.
02:07Ces cadeaux sont en fait de moindres prélèvements,
02:10toujours massivement plus importants qu'ailleurs.
02:12On appelle chez nous cadeau tout décerment de l'étranglement fiscal.
02:16Comme le niveau de notre fiscalité serait fatal,
02:18provoquant faillite, exil et chômage des moins qualifiés,
02:22dès qu'on n'a pas le courage de le réformer,
02:24on l'agrémente d'exception pour limiter les dégâts.
02:27Mais prendre moins, ça n'est pas donné.
02:29Bon, alors si on vous écoute Olivier, on comprend qu'il ne faut pas croire aux Pères Noël étatiques.
02:33Oui, méfiez-vous des Pères Noël quand ils ne descendent pas de la cheminée mais siègent au Parlement.
02:38Le célèbre ami de Montaigne, Étienne de la Boétie,
02:41se moquait déjà au XVIIe siècle dans son discours de la servitude volontaire
02:44de ceux qui recevaient de l'État sans comprendre qu'il ne leur donnait que ce qui était à eux.
02:49Je cite,
02:51« Les tyrans faisaient largesse du quart de blé, du septier de vin, du cesterce,
02:55et c'était pitié alors d'entendre crier « Vive le roi ! »
02:58Ces lourdeaux ne s'avisaient pas qu'ils ne faisaient que recouvrer une part de leurs biens,
03:03et que cette part même qu'ils en recouvraient,
03:05le tyran n'aurait pu la leur donner si, auparavant, il ne leur avait enlevé.
03:11Tout ce que l'État te donne, il te l'a pris à toi ou à quelqu'un d'autre.
03:15Signature Europe 1 Olivier BABAUD. Merci Olivier.