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Les chroniqueurs du Cercle débattent autour d'un film sortant en salles ou en diffusion sur CANAL+
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Transcription
00:00Louis Garrel joue Antoine de Saint-Exupéry et Vincent Cassel et Henri Guillaumet, son meilleur ami, sont tous deux pilotes pour l'aéropostale.
00:08Guillaume disparaît au cours d'une mission et Saint-Ex part à la recherche dans les paysages désolés de la cordillère argentine.
00:14C'est une histoire qui est racontée dans Vol de nuit et dans Terre des Hommes, Philippe.
00:19Oui, et moi, ce qui m'a intéressé, c'est ce défi de se dire on va essayer de faire un film poétique, un conte,
00:25parce que bon, Saint-Ex, évidemment, on a en tête le petit prince, et puis pour ceux qui sont passés au niveau 2, effectivement, Terre des Hommes et tout ça,
00:33et Vol de nuit, et comment on peut représenter ça à l'écran.
00:39Et en fait, moi, ce qui m'a plu, c'est le travail dément qu'ils ont fait sur les paysages.
00:43Claire Maton, sa chef-op, le réalisateur, a dit on va tourner, on ne va pas faire de numérique,
00:50on va avoir des images sensationnelles, mais on va tourner que le matin, au lever du jour, et le soir...
00:56Soleil rasant, quoi.
00:57Voilà, et ça durera, le temps que ça durera, on va en interdire, et regardez ce que ça donne.
01:01Et après, on ne prend que des plans et on les superpose par couches pour essayer de travailler l'argentique, le doré.
01:09Regardez, cette idée de Saint-Ex, il disait je voudrais attraper le soleil.
01:14C'est littéralement ça.
01:15Et il y a ce moment de rêverie, et tout d'un coup, le réel revient.
01:20C'est-à-dire que c'est bien gentil de rêver, mais quand tu es au volant de ton zinc,
01:25si tu ne fais pas gaffe au réel, le réel te rattrape, et voilà ce qui arrive.
01:29On est là dans le pré-générique, et regardez ce travail.
01:32Quand je vous disais la brillance, et on a vu le doré du soleil,
01:37et là, c'est le côté de la mer argentée.
01:41On est dans les bleus, on est dans les gris, c'est absolument incroyable.
01:45Et là, quand on est dans l'eau, on a l'impression réellement de couler.
01:49On a ce goût de l'eau salée, et vous allez voir, le générique est à la fin.
01:55Ça, on remonte là, pour l'apparition de Saint-Ex, qui est presque comme une déclaration en plein ciel.
02:01Il y a un travail sur les paysages qui, moi, me ravit.
02:04Après, d'autres choses me plaisent beaucoup moins dans le film,
02:07mais ce n'est pas tous les quatre matins qu'on voit ce travail-là,
02:10et cet essai de poésie via le paysage.
02:14On pourrait presque penser que ça aurait pu être un film d'animation,
02:17mais c'est beaucoup plus fort en le faisant en paysage réel.
02:19– Alix, il dit qu'il avait un lien particulier avec Le Petit Prince,
02:22que c'était le seul livre qu'il avait chez lui.
02:23Il est né pratiquement dans cette région.
02:25Est-ce que ça se sent, ce rapport particulier ?
02:27– Oui, ça se sent du début jusqu'à la fin, parce que dans Le Petit Prince…
02:30Le Petit Prince, justement, dit qu'il n'aime pas tout ce qui est cartésien,
02:33tout ce qui est près du sol.
02:34Il préfère les idées hautes, il préfère la beauté du monde.
02:36Donc, en effet, on voyage que dans des grandes étendues.
02:41Il n'y a que trois personnages qui sont soit dans le sable,
02:44ou alors dans la glace, ou alors dans les nuages.
02:47Donc, il y a un côté où on ne touche vraiment pas le sol.
02:49Il y a aussi la présence de tous ces animaux,
02:51et c'est aussi un film très métaphorique,
02:53donc on retrouve vraiment l'esprit du Petit Prince.
02:57Mais c'est vrai que c'est tellement éthéré,
02:59d'ailleurs la BO aussi participe à ce côté éthéré,
03:01que moi j'ai eu l'impression de ne pas toucher le sol,
03:03et j'ai eu du mal à entrer finalement dans ce film,
03:05parce que j'ai trouvé ça trop éthéré, trop haut.
03:07Vous n'avez pas été emporté par le côté romanesque Clément ?
03:10Moi, c'est totalement l'inverse.
03:13Au contraire, tout ce que tu dis, c'est très juste,
03:15le fait de ne pas toucher le sol,
03:16mais parce que c'est la question sur laquelle Saint-Exupéry,
03:18auteur, a toujours travaillé.
03:19C'est-à-dire, comment est-ce que même dans l'épreuve,
03:22il faut toujours rester poétique,
03:23il faut toujours tout regarder à hauteur d'enfant ?
03:25Et ça, le film le raconte très bien,
03:27mais même sur l'aspect visuel dans l'extract
03:29que tu as montré Philippe,
03:30avec ce côté presque monochrome parfois,
03:32de certaines séquences,
03:33en fait, ce que ça évoque,
03:34c'est aussi les croquis de Saint-Exupéry,
03:36visuellement.
03:37Et si on est fan de l'auteur,
03:39on s'y retrouve complètement.
03:41Oui, mais ça manquait peut-être de dialogue,
03:42ou alors, je ne sais pas,
03:43je l'aurais aimé,
03:44parce que trop de poésie tue la poésie,
03:45une heure et demi de poésie,
03:46c'est un peu lourd pour moi.
03:47Mais non, il n'y a jamais assez de poésie.

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