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L’ancien ministre Philippe de Villiers était l’invité de Face à De Villiers, ce vendredi 20 décembre, sur CNEWS. Il s’est exprimé sur le choix de François Bayrou d’aller à Pau plutôt qu’à Mayotte : «C’était une faute, la place de François Bayrou n'était pas à Pau avec son Falcon. Si le chef de guerre n’est pas là, c’est le désordre et il partage la détresse des habitants».

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Transcription
00:00Non, je pense que c'était une erreur, et même une faute, et je vais vous dire pourquoi.
00:08Donc moi j'ai eu, soyons concrets, le 25 décembre 1999, une tempête énorme dans la nuit, juste avant la messe de minuit.
00:23Je reçois un coup de téléphone du préfet Paul Masson, qui était un préfet absolument remarquable,
00:27et qui me dit, le bateau s'est ouvert, le bateau c'est l'ERICA, c'est un pétrolier,
00:32il vient de lâcher 30 000 tonnes de fuel, et le fuel arrive sur les plages de Vendée, notamment, plages bretonnes et plages vendiennes.
00:45Et on n'a rien, on n'a même pas de pelle, on n'a pas de gants, on n'a rien, et les oiseaux sont déjà amazoutés, etc.
00:53Qu'est-ce que je fais ? Je prends ma voiture, à l'époque avec Bruno Retailleau, mon bras droit, et on avait les mêmes réflexes.
01:03Pour nous, il n'y avait qu'une seule question, c'est arriver dans l'heure.
01:10Xintia, même chose, le préfet, c'était Jean-Jacques Brault, qui connaît bien Mayotte et la Nouvelle-Calédonie, qui est un préfet absolument remarquable.
01:20Il m'appelle dans la nuit, et dans la nuit je fonce, et j'arrive à la faute sur mer.
01:29Et la première chose que je fais, c'est que je vais voir les pompiers, les secouristes, etc.
01:36On ne parle pas dans ce cas-là, il faut penser à Clemenceau.
01:42Clemenceau, quand il fait son grand discours, politique intérieure, je fais la guerre, politique extérieure, je fais la guerre, je fais encore et toujours la guerre.
01:50Qu'est-ce qu'il fait le lendemain ? Il est dans la tranchée des baïonnettes avec les petits gars, avec les poilus, et il règle les problèmes de soupe et de courrier.
01:59Il ne parle pas, il est là, il est présent. Pourquoi ?
02:03Parce que dans ces cas-là, dans ces circonstances-là, la présence immédiate du chef, qui devient chef de guerre, chef opérationnel,
02:16cette présence, elle revêt trois aspects qui sont entremêlés.
02:23Il y a la question du temps, d'abord.
02:28Il faut agir à temps. En l'occurrence, plus tôt on va ôter le goudron sur les plages, moins on aura d'oiseaux masoutés et moins on aura de destruction.
02:38Le temps, c'est une course contre la montre, une catastrophe naturelle.
02:43Et donc, si le chef de guerre n'est pas là, si le chef de la tribune n'est pas là, c'est le désordre.
02:50Deuxièmement, il y a la question de la compassion.
02:55Le chef, il partage la détresse, il pleure avec ceux qui pleurent.
03:01Il n'est pas à régler des comptes, comme on l'a vu tout à l'heure sur les images.
03:07Il faut, si on ne sait pas pleurer avec ceux qui pleurent, il ne faut pas accomplir cette mission.
03:19En effet, pour autre chose, peut-être pour le privé, mais pas pour ça.
03:24Il faut être un écorché vif pour être un vrai homme d'État.
03:30Et puis, le troisième aspect, c'est la réponse.
03:36Moi, je me souviens très bien que j'avais au téléphone notre avocat, Maître Alexandre Vareau, avocat remarquable, qui m'a dit écoutez, il n'y a qu'une solution.
03:45Parce que nous, le conseil général, on va payer les pelles, on va payer les combinaisons, on paye tous les hélicos, etc.
03:52Mais qui rembourse ? Total, non, à total aux abonnés absents.
03:56C'était le principe, en fait, non pas pollueur-payeur, mais polluer-pollueur.
04:00Et donc, on est allé jusqu'à la cour de cassation et on n'a que gagné.
04:06On a fait le département de la Vendée avec des associations d'ailleurs liées à l'environnement.
04:15On a gagné, on a fait reconnaître le préjudice écologique, le préjudice écologique.
04:21Et donc, simplement, je donne cet exemple parce que je pense que la place de François Bayrou,
04:29elle n'était pas à Pau avec son Falcon à parler à son conseil municipal.
04:36Il n'est pas dans le bon tempo.
04:39Et il a envoyé son ministre de l'Intérieur qui, lui, a cette culture, a ce réflexe
04:45que doivent avoir aujourd'hui ceux qui nous gouvernent et ceux qui nous dirigent.
04:52Celui qui dirige, celui qui gouverne, celui qui est aux commandes, il n'a pas de vie.
05:00Sa vie est une soustraction, c'est le reste de la vie.
05:05Quand on a l'honneur d'être en France dans la vie publique, on sert la France, on la sert jour et nuit.

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