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Le témoignage sur BFM2 de Fahar, un habitant de Mamoudzou, près d'une semaine après le passage du cyclone Chido à Mayotte et alors que le chef de l'État Emmanuel Macron achève son déplacement sur l'île.

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Transcription
00:00Merci de nous retrouver sur BFM2, on continue de faire le point sur la situation à Mayotte.
00:06Nous étions il y a quelques instants du côté de Petite Terre, nous allons prendre la direction désormais de Mamoudzou,
00:13retrouvé sur place Fahar. Bonjour, vous êtes habitant de Mamoudzou, nous sommes désormais donc six jours après le passage du cyclone.
00:25Quelle est la situation, qu'est-ce que vous pouvez nous dire autour de chez vous, comment ça se passe ?
00:32C'est toujours le chaos ici, on se bat pour avoir de l'eau, on se bat pour avoir à manger, pour avoir un minimum d'hygiène.
00:40La distribution de l'eau vient à peine de débuter, imaginez-vous toute la ville qui se met sur les points de distribution.
00:47C'est limite la guerre, pour faire les courses c'est la guerre, impossible d'avoir de l'essence.
00:52Le réseau électrique revient petit à petit, mais je pense qu'il y a 40% de la ville qui est allumée encore, moi je n'en ai pas.
01:00L'eau est revenue pour la majorité des gens, petit à petit.
01:05Comment vous parvenez également à vous nourrir, à faire des courses, on se doute que c'est très compliqué toujours ?
01:12C'est très compliqué, on fait des queues de 20 minutes, une demi-heure, une heure.
01:16Il y a beaucoup d'entraide entre les gens aussi, beaucoup de solidarité entre les gens, parce que tout le monde est frappé à la même échelle.
01:22Il y a une grosse solidarité.
01:25Notre employeur, nous personnellement, avait déjà fait des stocks pour nous, tous ses employés.
01:31Donc voilà, on se débrouille, on mange comme on peut, c'est ce qu'il y a.
01:35On voit sur nos images, sur BFM2, ce déplacement du chef de l'État Emmanuel Macron depuis hier à Mayotte.
01:43Est-ce que vous avez senti avec cette venue quelque chose changer dans la prise en charge par les autorités sur place, ou pas tellement ?
01:50Je ne vois aucun changement.
01:53J'espère que ce n'était pas juste une opération de com' qu'il a faite.
01:56On a vu la distribution de l'eau commencer aujourd'hui, une semaine après.
02:01Je ne sais pas, on verra.
02:04Pour l'instant, je ne vois pas grand-chose entre hier et aujourd'hui.
02:07C'est toujours le même ciel, toujours les mêmes problèmes, toujours la même queue, toujours pas d'essence, toujours pas d'eau.
02:12Et la reconstruction dans votre quartier ?
02:15On va voir ces images que vous avez envoyées, c'était il y a une semaine, à BFMTV, ces images des dégâts autour de chez vous.
02:24Est-ce que là aussi, les choses ont changé ? Est-ce que le déblément est en cours ? Est-ce que tout ça s'améliore ?
02:30La population a déblayé. La population a déblayé les routes pour pouvoir circuler.
02:35Le Trocard, c'est la population elle-même qui a déblayé.
02:38Les toits, on reconstruit, les gens reconstruisent comme ils peuvent.
02:42Parce qu'il y a la saison des pluies qui arrive, donc c'est une urgence de refaire un toit.
02:48Ils bricolent un toit, petit à petit.
02:51Mais là, la reconstruction, vous regardez Mayotte, toujours tout est cassé.
02:56Reconstruction d'ici deux ans, c'est ce que dit Emmanuel Macron. Vous n'y croyez pas ?
03:05Non, c'est impossible. J'y crois pas, c'est impossible. C'est impossible.
03:09Pourquoi ça ?
03:10C'est de la comm', c'est impossible. Il y a trop de dégâts.
03:13Il y a trop de dégâts, il faudrait qu'ils mettent beaucoup plus de moyens, beaucoup plus d'hommes.
03:18C'est impossible. Ça ne va pas remonter en deux ans. C'est impossible.
03:25Quelle est sur place l'ambiance entre les habitants ? On voit ces files d'attente.
03:30C'était ce matin devant ces stations-service. Les gens qui attendent dans le calme.
03:35Les gens sont fatigués, épuisés. Les gens essayent de garder le sourire, mais tout le monde est très tendu.
03:43Vous levez le matin, vous n'avez même pas d'eau pour vous lever. Tout le monde est très, très tendu.
03:48Vous dormez dans le noir, vous vous réveillez dans le noir. C'est très compliqué.
03:53Vous vivez au jour le jour. Vous ne pouvez pas vous programmer.
03:59C'est de la survie publique au jour le jour. Ça fait que rien, tout peut péter.
04:04Mais tout le monde essaie de rester calme, de se dire qu'il y a eu des morts.
04:09Nous, on est vivants, mais c'est compliqué. Croyez-moi, c'est très compliqué.
04:12C'est épuisant moralement. C'est très difficile.
04:17Justement, ce bilan, on le sait encore provisoire, à 31 morts et 2500 blessés, c'est ce que disent les autorités.
04:26C'est évidemment que c'est faux, les 30 morts. C'est faux, mais c'est faux, c'est faux.
04:31Et ils le savent. Ils le savent. Comment ils vont compter tous les clandestins qui sont morts dans les bingas, dans les bidonvilles ?
04:37Quelqu'un qui n'est pas répertorié, qui n'existe pas, qui est mort et qu'on a enterré, comment vous le répertoriez ?
04:42C'est impossible. Et ils le savent.
04:46Est-ce que vous le voyez par endroits ? Des familles cherchées ?
04:54Hier, je suis passé vers Kaouini, ça sentait la mort. Et toute personne qui est passée à Kaouini vous le dira.
05:00Ça sentait le cadavre mort. Je ne connaissais pas cette odeur. C'était horrible.
05:05Il y a encore des corps qui sont ensevelis. Ça, ça ne fait aucun doute.
05:11On est maintenant une semaine après ce cyclone qui est passé.
05:17On est désormais avec un couvre-feu également mis en place la nuit. C'est nécessaire.
05:23Est-ce qu'il y a des scènes de pillage déjà ?
05:27Je pense que c'est une bonne idée pour éviter les pillages. Je pense que c'était nécessaire.
05:32De toute façon, après 22, en ce moment, personne n'a vraiment envie de sortir faire la fête.
05:37Ceux qui sortaient la nuit, c'était vraiment des histoires de pillages. Je pense que oui, ça, c'était une bonne mesure.
05:43Comment Mayotte peut se relever désormais ? Qu'est-ce que vous vouliez demander si vous aviez en face de vous le chef de l'État ?
05:52Qu'ils mettent les moyens. Qu'ils ne fassent pas que de la com.
05:56Parce que pour moi, les politiciens, c'est les rois de la com. C'est les plus grands communicants du monde.
06:00Qu'ils mettent les moyens. Et que nous aussi, chacun mette pied à l'étrier.
06:05Mais il faut vraiment que l'État mette les moyens. Parce que là, vraiment, il y a…
06:11Moi, la dernière chose qui m'a autant effrayé, c'était Katrina. Qui m'a autant marqué, c'est Katrina.
06:18On est sur les mêmes images, selon vous ?
06:23Voilà. Je ne me souviens pas d'une chose qui m'a autant frappé depuis Katrina.
06:30Écoutez, merci beaucoup, Phare, habitant de Mamoudzou, d'avoir pris le temps de témoigner sur l'antenne de BFM2.
06:40Et on suivra effectivement si des annonces émanent après cette réunion que préside Emmanuel Macron.
06:48Réunion de la cellule interministérielle de crise sur Mayotte, qui vient donc conclure son déplacement depuis hier.
06:58Sur l'île, après le passage du cyclone Chido à Mayotte.
07:03Restez bien avec nous sur BFM2. Un nouveau direct à suivre dans quelques instants.

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