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00:004 mois d'audience, 51 accusés, reconnus coupables, le procès des viols de Mazan va-t-il changer la
00:05phase de la justice française ? On pose la question à notre invité David Valverde.
00:09Il s'appelle François Paquet-Cohé, bonjour à vous maître.
00:12Bonjour.
00:12Bienvenue sur France Bleue, Saint-Etienne-Loire.
00:14Avocat Stéphano, vous êtes le bâtonnier à Saint-Etienne,
00:16vous êtes donc le représentant des avocats de la ville.
00:1820 ans de prison pour Dominique Pellicot pour avoir drogué et prostitué sa femme,
00:22entre 3 et 15 ans pour 50 hommes qui l'ont violée pendant des années.
00:26On dit souvent qu'il y aura un avant et un après,
00:28dans quelle mesure il peut y avoir un avant et un après ce procès des viols de Mazan ?
00:32Alors sans doute, sans doute que ce procès va compter parmi les procès historiques.
00:35Il y en a eu d'autres avant, des procès historiques et je pense par exemple à l'affaire
00:40de Bobigny avec Gisèle Halimi qui avait plaidé et qui avait fait avancer le droit des femmes
00:45en matière d'IVG grâce à ce procès.
00:48Je pense que ce procès aussi fera avancer la prise en compte des victimes et puis sans doute
00:53la prise en compte de la société aussi par rapport à ces faits et aux faits de cette nature.
00:58Et sans doute que cette prise de conscience va faire évoluer la société, en tout cas on peut l'espérer.
01:03Est-ce que le fait que les peines prononcées aient été inférieures pour la plupart aux réquisitions
01:09atténue pas un petit peu ce côté potentiellement historique et fondateur ?
01:13Alors je pense pas. Si vous voulez, dans un procès vous avez deux parties.
01:16Vous avez d'un côté le ministère public qui requiert un certain nombre de peines
01:20et puis de l'autre côté vous avez la Défense et puis après la Cour décide et ajuste par rapport à ce qu'elle estime être la nature du dossier.
01:28Alors après chacun peut estimer que les peines sont trop fortes ou trop légères, c'est la précision de chacun.
01:34Je crois pas que ça remette en cause cette prise de conscience et tout le travail qui peut se faire autour de ce procès
01:39qui encore une fois à mon avis est sans doute historique.
01:42Il y a des accusés condamnés hier qui ont d'ores et déjà dit qu'ils allaient faire appel.
01:47Ça révolte certaines associations de défense de victimes, des associations féministes.
01:53Est-ce que c'est nécessairement révoltant ou vous nous expliquez ce matin que c'est le cours de la justice ?
01:58Si vous voulez, je pense qu'il faut rester équilibré.
02:01Je pense qu'il faut rester équilibré parce qu'il faut prendre en compte les victimes et les prendre de mieux en mieux en compte.
02:07Je crois que les services à la fois de police et de la justice ont fait un travail là-dessus
02:11mais ce travail peut encore être amélioré pour que la prise en charge de la victime se fasse à toutes les étapes.
02:15Ça c'est très important.
02:16Maintenant je crois qu'il ne faut pas remettre en cause les droits de la défense
02:19et les droits de la défense, parmi eux, il y a le droit de faire appel.
02:22Et ça c'est très important parce que les droits de la défense sont tout à fait liés à l'état de droit
02:27et c'est tout à fait lié au fait qu'on a des libertés et qu'en contrepartie on peut avoir des sanctions.
02:32Mais dans le cadre d'un procès pénal, on a aussi des droits.
02:35Notamment parmi ces droits, il y a celui de faire appel.
02:37Je ne crois pas que ce soit révoltant.
02:38Il faut qu'il y ait cet équilibre entre les deux.
02:40Est-ce qu'on va juger plus sévèrement dans les mois, dans les années qui viennent,
02:44les violeurs, les agresseurs sexuels du fait de ce procès ?
02:49Comment ça fonctionne ?
02:50Alors je ne sais pas.
02:51Ce qui est certain, c'est que la jurisprudence évolue avec la société aussi.
02:56Je vous donne un exemple.
02:57Ce qu'on pouvait qualifier il y a encore 10 ou 15 ans de crime passionnel,
03:01aujourd'hui on qualifie ça de féminicide.
03:04Et aujourd'hui les peines sont beaucoup plus élevées en la matière qu'elles ne l'étaient à l'époque
03:08parce que la société a évolué
03:10et parce qu'aujourd'hui les mœurs sont différentes d'il y a 10 ou 15 ans.
03:14Je pense que ce sera la même chose en matière de viol.
03:17Maintenant, encore une fois, il faut garder aussi un peu de sérénité.
03:21La justice, elle ne se rend que de manière sereine, dans un espace serein.
03:25C'est bien que la société débatte.
03:27C'est bien aussi que de son côté, la justice puisse prendre ses décisions sereinement.
03:31Il a fallu cette affaire hors normes pour qu'on en parle à ce point-là.
03:35Mais le quotidien, finalement, ce sont des affaires, pardonnez-moi le terme, banales de viol.
03:40Des femmes agressées, violées par des hommes qu'elles connaissent dans l'extrême majorité des cas.
03:45Comment on aborde ça, finalement, ce décalage entre une affaire hors normes,
03:51médiatiquement imposante, mondialement, et puis le quotidien ?
03:57Alors, si vous voulez, c'est pour la société qu'il y a des affaires hors normes
04:01et des affaires qui sont banales pour nous.
04:03Pour nous, il n'y a que des affaires qui sont importantes
04:05parce que nous, avocats, on est confrontés à la douleur de ces femmes, à la douleur de ces victimes.
04:10Et leur douleur, elle vaut la même chose.
04:15Il n'y a pas de gradation de la douleur.
04:17Et pour nous, il n'y a pas de dossier hors normes ou de dossier banal.
04:21Il y a des femmes ou des hommes, parfois aussi, qui souffrent.
04:24Et cette prise en compte de leur souffrance, c'est ce qui nourrit nos plaidoiries
04:29lorsqu'on est avocat de la partie civile.
04:31Ces agressions sexuelles, vous l'avez dit un petit peu tout à l'heure,
04:35elles sont mieux encadrées aujourd'hui qu'hier, notamment à Saint-Etienne ?
04:41Oui, alors, moi je travaille aussi en tant que bâtonnier avec la gendarmerie, la police,
04:45et je sais qu'il y a eu des efforts sur la formation des officiers de police judiciaire
04:50pour mieux prendre en compte la parole des victimes.
04:52Je sais que c'est aussi le souci du procureur de la République et du président du tribunal.
04:56Et c'est aussi le souci du barreau de Saint-Etienne.
04:59Nous avons mis en place, mais déjà depuis quelques années, une permanence pour les victimes
05:03sur une ligne dédiée.
05:06Cette ligne, la victime peut appeler et obtient un avocat entre 8h et 20h, gratuitement,
05:13qui lui délivre une première consultation et qui peut après l'accompagner.
05:16Vous pouvez appeler la maison des avocats 0477 33 16 22.
05:21Merci d'avoir pris le temps ce matin, Maître François Paquet-Cohé,
05:26de revenir sur ce procès hors normes, même si vous nous l'avez bien fait comprendre.
05:32La douleur n'a pas de hiérarchie et vous êtes là pour accompagner les victimes.
05:38Merci d'avoir été avec nous et bonne journée.

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