En France, l'année 2024 est l'une des années les plus chaudes depuis 1900. Une année qui figure aussi parmi les années les plus pluvieuses depuis 1959, a annoncé jeudi Météo France. Mais quelles sont les conséquences concrètes sur notre vie quotidienne de ces changements climatiques ? Virginie Schwarz, directrice générale de Météo France, et Virginie Garin, spécialiste environnement de RTL, sont les invitées pour tout comprendre de RTL Soir.
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 19 décembre 2024.
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 19 décembre 2024.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Yves Calvi et Agnès Bonfillon, RTL Soir.
00:04Il est 18h44, bonsoir Virginie Schwarz, vous êtes Directrice Générale de Météo France.
00:08Merci beaucoup de prendre la parole dans RTL Soir pour évoquer votre bilan annuel présenté ce matin.
00:13Vous qui nous écoutez, on ne va rien vous apprendre en vous disant que l'année a été pluvieuse,
00:17mais on va peut-être vous surprendre en vous disant qu'elle a été l'une des plus chaudes jamais mesurée.
00:23Il a fait chaud, très chaud, mais on n'en a pas eu l'impression.
00:26Est-ce que ça veut dire qu'on s'est habitué à cette chaleur, Virginie Schwarz ?
00:29Bonsoir Yves Calvi, merci de m'accueillir.
00:32Alors, ça veut dire qu'effectivement on est bien sur une année représentative du changement climatique,
00:37avec ces températures qui augmentent de façon continue,
00:41et donc une année qui est l'une des cinq années les plus chaudes en France.
00:47Mais dans le même temps, on est sur une année très pluvieuse,
00:51parmi les dix années les plus pluvieuses à l'échelle nationale,
00:5515% de pluie de plus que la normale.
00:57On est aussi une année avec un manque d'ensoleillement remarquable,
01:02c'est l'année la moins ensoleillée depuis 30 ans,
01:06et donc c'est tout ça qui nous a donné cette impression d'une année pas très sympathique.
01:12Malgré tout, la chaleur est bien là.
01:15Un chiffre frappant, notamment comme en 2023,
01:18la température n'est pas descendue en dessous de moins 15°C en pleine.
01:24Effectivement, dans cette année 2024,
01:27on a eu une série de températures un peu remarquables,
01:33des températures de nuit, vous évoquez une température basse,
01:37mais on a aussi eu au mois de juillet, avec 21,1°C,
01:42une des nuits les plus douces à l'échelle nationale depuis 1947,
01:47pour un fin de mois de juillet.
01:50On a aussi la barre des 40°C qui a été franchie à plusieurs reprises
01:54dans la moitié sud de la France, alors que ces 40°C,
01:59historiquement, c'était une température qu'on ne dépassait quasiment jamais.
02:03On a connu aussi beaucoup de pluie.
02:05Autant de pluie, ce n'est pas forcément une bonne nouvelle pour nos sols.
02:09Effectivement, ça veut dire qu'on a des sols qui sont restés
02:13beaucoup plus humides que la normale pendant 8 mois.
02:16Donc, avoir des sols humides pendant aussi longtemps,
02:20c'était du jamais vu depuis plus de 30 ans.
02:24Alors, ceci dit, c'est vrai que ce n'est pas forcément
02:28ce qu'on attend avec le changement climatique.
02:30Les problèmes qu'on avait eus ces dernières années,
02:32en particulier en 2022, c'était plutôt d'avoir des sols trop secs.
02:36Avec le changement climatique, on sait que les périodes de sécheresse
02:40des sols vont augmenter, mais sans exclure qu'on puisse avoir
02:45de temps en temps des périodes de sols humides comme on l'a eu cette année.
02:48Dans l'actualité, il y a bien sûr Mayotte.
02:50Est-ce que le réchauffement climatique peut avoir eu une influence
02:53sur le cyclone Chido qui a dévasté l'archipel ?
02:56Aujourd'hui, la science est encore au travail pour faire le lien
03:03entre cyclone et changement climatique.
03:06En particulier, ce qui est vraiment spécifique sur le cyclone de Mayotte,
03:10c'est sa trajectoire et c'est le fait qu'il soit passé juste
03:14sur l'île de Mayotte qui explique les impacts.
03:20Ce que nous dit le GIEC, ce groupement des scientifiques mondiaux
03:24sur le climat, c'est que la part des cyclones les plus intenses
03:30dans la totalité des cyclones devrait effectivement augmenter.
03:34Par contre, on ne peut pas aujourd'hui dire des choses scientifiquement
03:40certaines sur ce qui s'est passé à Mayotte.
03:43Avez-vous des prévisions fiables pour 2025 ?
03:46Une tendance ?
03:47Pas encore.
03:49Autant sur des longues périodes, on a des projections climatiques
03:55qui nous permettent d'apprécier l'effet du changement climatique
03:59et donc de se donner ces tendances de réchauffement,
04:02de sécheresse des sols, de moins de neige.
04:06Autant sur des périodes plus courtes, je ne peux pas vous dire
04:10si l'année prochaine sera plus ensoleillée.
04:12Merci infiniment Virginie Schwartz, directrice générale de Météo France.
04:17Nous allons accueillir maintenant notre consoeur Virginie Carin,
04:19spécialiste climat ici à RTL.
04:21Virginie, comment va-t-on pouvoir s'adapter à tout ça ?
04:24On va prendre un exemple, l'agriculture.
04:26Les agriculteurs sont déjà impactés puisque cette année,
04:29ils ont vécu l'une des pires récoltes depuis 50 ans des céréales,
04:32de la vigne, ils ont eu du gel, de la grêle, des inondations,
04:36ils ont eu de la sécheresse.
04:37Tout ce qu'on redoute normalement dans une exploitation agricole.
04:39Exactement. Un exemple concret, dans 10 ou 15 ans,
04:42on peut penser que tout sera sous-abri, tout sera protégé.
04:45Déjà, il y a 90% des tomates qui viennent de serres,
04:49mais on va mettre aussi sous-abri les arbres fruitiers, les vignes.
04:52Il y a des tests aujourd'hui dans une vignoble de Chablis
04:55où on déroule des grands rouleaux de 5 mètres de large sur les vignes
04:58pour les protéger du gel.
05:00Il y aura vraiment une protection sous-abri
05:02pour que les agriculteurs puissent continuer à produire.
05:05Pardonnez-moi, mais la qualité de l'ensoleillement est-il le même ?
05:08Après, quand il y a du soleil, ils les enlèvent.
05:10Quand j'étais gosse, les bonnes tomates, dans le midi,
05:12il fallait qu'elles aient été exposées au soleil pendant deux mois.
05:15Oui, mais quand il fait beau, ils les enlèvent.
05:17Mais c'est des rouleaux qu'ils mettent quand il va y avoir du gel
05:19ou quand il va y avoir de la grêle pour les protéger.
05:21Après, il y a une autre idée, c'est de s'adapter à la sécheresse.
05:24Là, par exemple, dans les Pyrénées-Orientales,
05:26le département où il a très peu plu depuis deux ans,
05:28les agriculteurs déjà testent de nouvelles cultures.
05:31Ils font pousser des cacahuètes, de l'arachide, des oliviers,
05:34parce qu'ils ne peuvent plus faire pousser ce qu'ils faisaient pousser avant.
05:37D'autres exemples concrets d'adaptation ?
05:39Les vaches, par exemple, quand il fait chaud,
05:41elles produisent moins de lait.
05:42Une vache, en été, quand il y a des canicules,
05:44il faut la mettre dans un bâtiment avec brumisateur,
05:47avec ventilateur, ça c'est très important.
05:49Protéger les animaux de la chaleur des canicules.
05:52Ce qui a un coût quand même.
05:54Ce qui a un gros coût pour les agriculteurs.
05:56Exactement.
05:57Par exemple, il y a le gouvernement,
05:59pour les fruits et légumes dont je vous parlais tout à l'heure,
06:01il y a un plan d'adaptation de souveraineté alimentaire,
06:03100 millions d'euros par an,
06:05pour aider les véticulteurs et les maraîchers à couvrir leur culture.
06:09Bon alors, des cacahuètes dans les Pérennées-Orientales,
06:12des brumisateurs pour nos vaches.
06:14Dans les villes, comment ça va se tourner tout ça ?
06:18Déjà dans les villes, vous savez, il y a des appartements,
06:20l'été, qui ne sont plus vivables quand il y a une canicule.
06:23Quand vous vivez sous les toits à Paris,
06:25vous ne pouvez plus rester parfois dans votre appartement.
06:27Donc évidemment, ça passe par de l'isolation.
06:29On a beaucoup isolé en France du froid,
06:31mais maintenant, il faut isoler du chaud.
06:33Ce sont à peu près les mêmes techniques.
06:35Après, il y a des techniques particulières.
06:37Par exemple, peindre les toits en blanc.
06:39Ça peut paraître anecdotique, mais ça marche très bien
06:41et ça ne coûte pas cher.
06:42C'est entre 5 et 6 degrés de moins dans les appartements
06:46qui sont juste sous les toits.
06:47Après, le problème, c'est, par exemple,
06:49à Paris, on a des magnifiques toits en zinc,
06:51donc les architectes des bâtiments de France
06:52ont un peu de mal avec ça.
06:53Mais ça, c'est une technique toute simple et qui marche vraiment.
06:56Et planter des arbres pour rafraîchir, par exemple,
06:58on y pense en ville ?
06:59Alors là, évidemment, il y a un gros programme
07:01de plantation d'arbres dans les villes
07:02parce que dès qu'on a de la végétation,
07:04les arbres, on appelle ça l'évapotranspiration,
07:06produisent de la fraîcheur, les arbres, les plantes.
07:09Donc effectivement, là où il y a des quartiers
07:11avec des squares, avec de la végétation,
07:14il peut y avoir 3, 4 degrés de moins.
07:16Donc effectivement, ça marche.
07:17Merci infiniment Virginie Gallin
07:19pour toutes ces précisions spécialistes climat d'RTL.
07:21Dans un instant, un homme très réchauffé,
07:24il brûle de nous retrouver.
07:26Marc-Antoine Levray, c'est le Breaking News.
07:29RTL Soir.