Ému, Vincent Lagaf livre un témoignage poignant sur sa mère biologique.
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00:00Est-ce qu'il était important pour vous, parce qu'on a vu beaucoup de titres de presse à l'époque où est sorti ce livre, pour dire
00:04Vincent Lagaffe abandonné. C'était pas ça, ça vous avez voulu rectifier le tir, vous avez été confié à l'assistance publique.
00:09Je n'ai jamais été abandonné, j'ai été aimé par cette femme.
00:12Qui a voulu vous donner une chance, c'est comme ça que vous l'entendez aujourd'hui.
00:15Elle n'a pas voulu tomber enceinte au premier coup, elle est tombée enceinte à cause de mon père biologique que j'appelle ce gros con.
00:22Parce que quand tu as deux enfants, que tu es marié,
00:25tu ne t'en tiches pas d'une petite ouvrière qui rentre dans ton service et tu ne lui fais pas un gamin comme ça.
00:31Donc elle s'est retrouvée, fille mère à 19 ans, sans une thune, sans boulot, sans rien, avec un gamin qui avait un problème pulmonaire.
00:40Pendant quatre mois, elle m'a emmené, elle s'est occupée de moi, j'avais une nourrice.
00:48Les deux derniers mois, j'étais à l'hôpital de Rouen, à la clinique du Belvédère, où j'ai été soigné par le docteur Dominibus.
00:58Comme Cécile Dominibus ?
01:00Père de Cécile Dominibus.
01:02Et les deux derniers mois, elle s'est aperçue qu'elle n'avait plus les moyens de faire les allers-retours entre Bernays et Rouen.
01:08Et puis elle savait qu'elle ne pourrait jamais me donner l'adolescence et la vie qu'elle aurait voulu me donner.
01:15Donc elle s'est dit, ça sera plus facile pour moi de l'abandonner complètement, je lui donnerai plus de chance.
01:20Et je me suis dit, mais quel courage, et là ça va être très dur pour moi de le dire, mais quel courage elle a eu de me poser pour la dernière fois,
01:29de me regarder pour la dernière fois, de m'embrasser pour la dernière fois.
01:33Waouh, quel courage cette femme a eu, et je ne peux être que respectueux, et pour moi j'ai une admiration sans borne, sans limite pour Lucienne.
01:46On sent votre émotion encore.
01:48J'ai beaucoup de mal à en parler, parce que c'est toute ma vie, et ma vie artistique dépendait de ce qu'elle a fait ce jour-là.
01:58Elle a dit, je ne peux pas m'en occuper, donc voilà.
02:00Pouf, adieu mon enfant, je t'aime.