Regardez RTL Evènement du 16 décembre 2024.
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00:00RTL ÉVÉNEMENT
00:03Et l'événement ce matin sur RTL, c'est bien sûr cette catastrophe à Mayotte et toutes les conséquences.
00:07Nous sommes en ligne avec le commandant de la gendarmerie de Mayotte, Général Lucien Barthes.
00:11Bonjour Général, vous êtes sur place.
00:13Bonjour.
00:14Quel est, en quelques mots, pour commencer, l'urgence ce matin encore ?
00:17L'urgence c'est forcément de porter secours à toutes les populations qui en ont besoin.
00:23Mais avant tout, de rompre l'isolement.
00:26Nous sommes sur une zone qui est petite, mais avec très peu d'axes.
00:29Il faut absolument reprendre le contact avec tout le monde, ce qui a été fait depuis deux jours désormais.
00:35Vos équipes ont survolé la zone et sur les images, on voit très bien toutes ces routes coupées, toutes ces tôles,
00:42ces enchevêtrements de tôles d'arbres. C'est extrêmement difficile encore de circuler ?
00:47Pas sur les principaux axes que nous avons dégagés par des colonnes d'ouverture de route pendant deux jours.
00:54Pour vous donner un ordre d'idée, pour sortir ne serait-ce que de la zone de Mamoudzou,
00:59et arriver donc en début de route nord, nous avons mis deux heures trente pour faire deux kilomètres.
01:05Depuis hier, nous avons réussi à rétablir, avec ces colonnes d'ouverture de route,
01:10la totalité du réseau principal sur l'île, donc ce qui fait une circulaire reliant toutes les principales communes.
01:17On imagine qu'il y a énormément d'urgence à gérer en même temps face à un désastre pareil,
01:23une situation dont on l'entend bien, on voit bien, on n'arrive pas encore complètement à délimiter les contours.
01:27Par où commencer ? Comment organiser les secours ? Comment vous faites là, de manière opérationnelle ?
01:31L'état s'est organisé. Vous savez, sur Mayotte, nous sommes face à des enjeux majeurs habituellement.
01:37Le plus important, c'est aller vers, ça c'est la première étape, nous l'avons franchie.
01:42Ensuite, être renforcé. C'est réalisé depuis hier, un pont aérien a été mis en place depuis à la fois l'Hexagone et la Réunion,
01:50pour acheminer des secours, des matériels, et notamment l'alimentation et l'eau,
01:54qui sont certainement ce qui permettra d'éviter des troubles à l'ordre public.
01:58Nous avons 75% de la population qui est en dessous du seuil de pauvreté.
02:02Nous sommes à peine autonomes en fourniture d'eau en temps normal, donc vous imaginez en temps de crise,
02:08et là, tout ce qui est habitat informel en tôle a été détruit.
02:13C'est 100 000 personnes qui sont sans abri à l'heure actuelle, au minimum.
02:17Le préfet évoquait hier des centaines et peut-être des milliers de morts.
02:21Est-ce que vous avez, ce matin, Général Lucien Barthe, une idée un tout petit peu plus précise de ce que sera le bilan de ce drame ?
02:28Non, très clairement, je ne suis pas en mesure, moi, d'objectiver ce bilan.
02:33Le préfet a évoqué un chiffre. Nous allons prendre contact avec les mairies pour les permis d'inhumation qui sont demandés.
02:41Et ensuite, au fur et à mesure des contacts avec la population, et surtout de l'exploration des zones de Banga,
02:47nous en saurons davantage.
02:49A l'heure actuelle, en zone gendarmerie, nous avons effectivement, nous sommes intervenus sur quelques découvertes de cadavres sur la voie publique,
02:56mais c'est assez peu.
02:58La grosse inquiétude, j'imagine que ce sont les zones de bidonvilles ?
03:01Oui, bien sûr. C'est pour ça qu'il était utile, et même majeur, de pouvoir les relier, et relier les communes.
03:08Donc, nous avons beaucoup de population qui est sur le bord de la route,
03:13qui se nourrit comme elle peut avec les réserves, les fruits qui sont tombés des arbres, et les réserves de nourriture.
03:19Je pense que d'ici 48 heures, on devrait quand même retrouver un petit peu d'oxygène de ce côté-là,
03:25parce que, comme je vous l'ai dit, c'est l'enjeu majeur, c'est l'eau et l'alimentation.
03:28On entend parler de toute cette détresse humaine, mais aussi de pillage.
03:32Où en est-on ? Est-ce qu'il y a beaucoup d'actes comme ça que vous avez recensés ?
03:36Est-ce qu'aujourd'hui, c'est un gros problème, ou ça reste anecdotique ?
03:39La population, qui est en majorité pauvre, quand on leur annonce que les magasins aient ventré,
03:44bien évidemment, il y a des jeunes qui sont venus se servir, ou la population qui est venue se servir.
03:49Mais ça est resté, à mon sens, localisé, et sans scène de violence.
03:55On n'est pas sur un mouvement massif de désordre public, c'est pas du tout ça.
04:00Général Barthes, combien de gendarmes sont aujourd'hui mobilisés ?
04:04Actuellement, j'ai 650 gendarmes mobilisés.
04:07C'est le dispositif que j'ai en temps normal.
04:10La moitié qui sont en séjour, et la moitié de gendarmes mobiles.
04:13Malgré toutes les casernes touchées, j'ai deux casernes détruites,
04:16et une cinquantaine de militaires et leurs familles qui n'ont plus de toit ni d'affaires.
04:20Nous continuons à travailler et à remplir notre mission,
04:24parce qu'au quotidien, c'est notre devoir,
04:27et c'est encore plus notre devoir en cas de crise pour la population.
04:31Il vous faut plus d'hommes aujourd'hui ?
04:32C'est ce que vous allez notamment demander au ministre qui arrive sur place ce matin ?
04:35Bien évidemment, mais le travail a déjà commencé,
04:38et à partir d'aujourd'hui et dans le reste des jours à venir,
04:41par justement ce pont aérien, je vais recevoir des renforcements en capacité technique,
04:46donc pilote d'hélicoptère, pilote d'engin blindé, police judiciaire,
04:51et également de la gendarmerie mobile, qui me permettront de tenir davantage le terrain,
04:57puisque forcément les enjeux sont plus importants.
05:00Merci beaucoup Général Lucien Barthe.
05:02Je rappelle que vous êtes le commandant de la gendarmerie de Mayotte.
05:05On a une pensée pour tous les Mahorais.
05:06Bon courage également à toutes les équipes de secours.