• l’année dernière
- Première partie : Caroline de Camaret reçoit José Manuel Albares, Ministre espagnol des affaires étrangères.

- Deuxième partie : Caroline de Camaret et Alexandre Poussart reçoivent les eurodéputés Letizia Moratti (eurodéputée italienne du PPE) et Christophe Clergeau (eurodéputé français socialiste) pour un débat sur le thème : « La nouvelle Commission s'attaque au climat - le Pacte vert aux oubliettes ? »

Ici, l'Europe
Chaque semaine, LCP Assemblée nationale, Public Sénat et France24 vous plongent au coeur des questions qui secouent l'Europe : Covid-19, questions migratoires, « Green deal », Brexit ou encore souveraineté digitale. Quel avenir pour l'Union et ses 450 millions d'habitants ? Une demi-heure d'information pour mieux comprendre les enjeux européens.

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Transcription
00:00France 24 LCP. Public Sénat présente.
00:05Générique
00:10...
00:25Bonjour à tous et à toutes. Bienvenue dans « Ici l'Europe ».
00:29Cette semaine en Europe, nous l'abordons du point de vue de la péninsule ibérique et de l'Espagne plus particulièrement,
00:36qui sera peut-être bientôt le dernier grand pays européen social-démocrate.
00:41Et à ce titre, à des politiques très différentes sur les questions de migration, mais aussi sur le Proche et Moyen-Orient.
00:47Nous allons en parler tout de suite avec le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Alvarez.
00:53Merci d'être avec nous. Alors l'Espagne, 49 millions d'habitants, un grand pays européen avec des positions singulières sur plusieurs dossiers.
01:02Alors on commence par un dossier qui divise particulièrement les Européens en ce moment, les accords entre l'Union européenne et le Mercosur.
01:11On comprend que vous avez des liens, bien sûr, historiques forts, vous les Espagnols, avec l'Amérique latine.
01:17Mais pourquoi jugez-vous que ce traité de libre-échange signé par la présidente Ursula von der Leyen, présidente de la Commission, est si indispensable ?
01:28Tout d'abord, je ne trouve pas que ça divise les Européens. Une large, large majorité des pays européens, nous sommes en faveur et même très en faveur du Mercosur,
01:40qui va donner lié au plus grand marché de libre-échange sur la planète. 700 millions de personnes vont bénéficier.
01:49C'est mutuellement bénéfique pour l'Amérique latine et pour l'Europe. Mais pour nous, les Européens, les bénéfices sont beaucoup plus larges que les inconvénients,
02:00qui peuvent être très facilement nuancés par des mesures que la Commission elle-même peut prendre.
02:07Mais ce qui est très important, c'est qu'en ce moment où il y a la guerre en Ukraine, la guerre au Moyen-Orient,
02:13où nous avons besoin d'amis, de partenaires, d'alliés dans le monde, l'Amérique latine est la région la plus euro-compatible de la planète.
02:23Donc géostratégiquement, vous dites, c'est pour des raisons géopolitiques aussi.
02:27Aussi pour des raisons géopolitiques. Parce que pour nous, les Européens, le Mercosur est seulement un accord commercial.
02:34Mais pour l'Amérique latine, c'est un accord commercial bien sûr, mais surtout, c'est le signe de l'engagement politique que l'Europe va donner à l'Amérique latine.
02:43Et je vous dis, l'Amérique latine aujourd'hui, elle a d'autres partenaires avec d'autres agendas.
02:48La Chine en particulier.
02:50Et si on ne lui tombe pas la main, ils vont se retourner vers d'autres partenaires.
02:54Alors l'accord permet à l'Union européenne d'exporter plus facilement ses voitures, ses machines, ses produits pharmaceutiques,
03:00ce qui intéresse beaucoup les Allemands d'ailleurs.
03:02Il permet aux pays sud-américains d'écouler de la viande, du sucre, du riz, du miel, du soja.
03:07Mais que répondez-vous aux nombreux ONG estimant que les normes environnementales de ces pays sont plus faibles
03:13et que tout cela se fait au prix d'une accélération de la déforestation en Amazonie ?
03:17Il y a eu déjà des mesures qui sont installées dans le traité du Mercosur
03:23pour être sûr que les accords de Paris, que la biodiversité vont être mieux respectés par nos amis de l'Amérique latine.
03:30Mais le président Macron dit le contraire et sans inquiétude.
03:34En dehors du Mercosur, s'ils vont dans d'autres pays qui n'attendent que ça,
03:40là, ils n'auront pas certainement le respect des clauses qui sont dans le traité du Mercosur.
03:45Alors si c'est ce qui nous inquiète, c'est la biodiversité, l'environnement,
03:50l'Amérique latine est mieux avec nous qu'avec d'autres pays qui ne posent pas de questions et n'ont pas d'agenda vert.
03:58Votre pays, l'Espagne, qui vient de subir les effets du réchauffement avec de grandes inondations dans la région de Valence.
04:05Votre Premier ministre Pedro Sanchez a pâti d'une polémique déclenchée sur ces terribles inondations.
04:10Et d'ailleurs, il y a eu aussi des difficultés pour la future commissaire en charge du climat, Teresa Ribeira,
04:18qui a été un peu chahutée lors de ses auditions sur le thème de la responsabilité. Vous répondez quoi ?
04:23Écoutez, je trouve assez lamentable que les partis populaires espagnols essayent de prendre de la désinformation
04:32et des débats qui doivent avoir lié à l'intérieur du Parlement espagnol, qu'ils essayent de les exporter vers les parlements européens.
04:41Et je regrette très profondément, comme ministre des Affaires étrangères et ministre de l'Union européenne de l'Espagne,
04:46comme citoyen espagnol, que les partis populaires espagnols, pour la première fois, aient voté non seulement,
04:53non seulement contre la commissaire espagnole, qui va être vice-président-première, jamais l'Espagne a eu un poste de cette taille en Europe,
05:00mais contre la commission tout entière à un moment donné, où l'Europe avait besoin d'une commission forte, active,
05:07et qui va faire entendre sa voix dans le monde.
05:10Pedro Sanchez, votre Premier ministre socialiste, il a été reconduit d'ailleurs à la tête du parti.
05:14Il est quand même affaibli du fait que son gouvernement, qui est formé, on le disait, du parti socialiste espagnol et de la gauche radicale sumar,
05:21ne dispose pas d'une majorité absolue au Parlement, où il dépend du soutien de petits partis indépendantistes, Bats et Catalan.
05:29Et puis, le pays a déjà tourné une année sans loi de finances.
05:33Alors nous, ça nous inquiète beaucoup, cette situation en France. Mais vous, vous avez l'air de vous en satisfaire.
05:39Écoutez, depuis le début, on a été un gouvernement minoritaire, avec des appuis parlementaires, par contre, très très forts.
05:47Et les Espagnols, chaque fois qu'on les a appelés à voter, ils ont renouvelé la confiance dans le gouvernement actuel et dans Pedro Sanchez comme président.
05:57Pourquoi ? Parce que les résultats sont là. Nous sommes les pays de l'Europe dont la croissance est la plus grande.
06:03On est les pays de l'Europe qui sont en train de créer plus d'emplois en ce moment.
06:07Et on a prouvé qu'on peut arrêter l'extrême droite, la coalition d'extrême droite et droite. Et c'est ça qui est notre grande force.
06:15Et la situation en France, elle vous inquiète pour la zone euro ? Parce que la France, avec ses déficits très excessifs...
06:21Écoutez, la France est un grand pays qui a des institutions démocratiques.
06:25Je suis sûr que la France, un pays que je connais très bien et que j'aime beaucoup d'ailleurs, va être capable de surmonter n'importe quelle difficulté.
06:33Et l'Espagne sera à ses côtés pour l'aider.
06:35Le gouvernement espagnol vient d'adopter une réforme avec pour objectif de régulariser 900 000 étrangers sans papier d'ici trois ans.
06:43Une politique qui répond à toutes sortes de besoins économiques.
06:48L'Espagne espère ainsi compenser le manque de main-d'oeuvre et le déficit démographique.
06:54Un reportage tout de suite d'Armel Esposito.
06:57Accélérer l'obtention des titres de séjour, c'est l'une des mesures phares de la réforme sur l'immigration que vient d'adopter le gouvernement espagnol.
07:05Elle devrait permettre de régulariser 300 000 migrants par an au cours des trois prochaines années.
07:11Une politique d'accueil destinée à soulager plusieurs secteurs économiques comme celui de l'hôtellerie.
07:17Comme plus de 60% des restaurateurs espagnols, Fran a du mal à recruter.
07:23Parfois jusqu'à cinq personnes par jour viennent me demander du travail et elles sont très compétentes.
07:29J'ai besoin de personnel mais elles n'ont pas de papier et ne peuvent pas travailler.
07:34J'espère que cette réforme va équilibrer l'offre et la demande et que tout ira mieux.
07:41Pour la ministre, à l'origine de cette réforme, ce texte garantira aussi de meilleurs droits aux migrants.
07:47Nous sommes conscients de l'importance des liens familiaux et nous avons pour cela assoupli le regroupement familial.
07:54Nous avons de la mémoire. L'Espagne, il y a des décennies, a été un pays démigré. Aujourd'hui, c'est un pays d'opportunités.
08:04Depuis janvier dernier, plus de 56 000 personnes sont entrées illégalement dans le pays, soit 13% de plus que l'an dernier.
08:11L'Espagne se singularise en Europe sur la question migratoire.
08:14Après le renversement de Bachar el-Assad, l'Autriche a annoncé l'expulsion de réfugiés syriens,
08:19l'Allemagne le gèle de la procédure d'asile pour les Syriens, suivie par une dizaine d'autres pays.
08:25Alors José Manuel Alvarez, vous êtes un peu à contre-courant de l'Union européenne sur ces questions migratoires ?
08:31Écoutez, on connaît très très bien les phénomènes migratoires, puisqu'on est le seul pays en Europe qui a un parti de son territoire en Afrique
08:41et qui a ce qu'on appelle, dans le jargon de Bruxelles, un état de première entrée.
08:46On est juste là avec l'Afrique, qui sont nos voisins. L'Afrique est le continent du futur et c'est pour ça que nous avons fait ces stratégies.
08:55Et concernant la migration, nous voulons une migration maîtrisée, sûre, ordonnée, avec nos frontières bien contrôlées.
09:04Mais en même temps, on veut aussi une migration humaine, qui respecte les droits de l'homme.
09:09Et on ne veut pas de mensonges aux citoyens et on ne veut pas de s'amalgame.
09:13La migration irrégulière est un tout petit pourcentage de tous les mouvements migratoires.
09:18La plupart des mouvements migratoires, en Espagne, en Europe et dans le monde, se font de façon régulière.
09:24Et ça fait des années que nous travaillons avec nos partenaires et nous avons des partenaires vraiment, vraiment, des choix.
09:31Le Maroc, la Mauritanie, le Sénégal, la Gambie, dont l'Afrique occidentale, sur trois piliers.
09:38Un dialogue politique à très, très haut niveau.
09:41Une forte politique de développement pour ces pays, pour pouvoir proposer sur place à la jeunesse africaine,
09:48qui ne fait que s'accroître des formations et des postes de travail sur place, sans devoir se déplacer.
09:54On a multiplié par trois notre coopération au développement avec l'Afrique occidentale.
10:00Et finalement, une lutte très efficace contre les mafias qui trafiquent avec des êtres humains.
10:07Il ne faut pas oublier que la meilleure façon de décourager la migration irrégulière, c'est de proposer des filières de migration légale.
10:16Et il ne faut pas mentir aux citoyens.
10:20Les problèmes qui sont conjoncturels ont une solution.
10:24Les problèmes qui sont structurels se gèrent.
10:27Et tant que la frontière entre l'Afrique et l'Europe est la frontière la plus inégale de la planète,
10:33peu importe quelle donnée on prend, il y aura cette migration.
10:38Par conséquent, il faut la gérer.
10:40Et c'est lui qui dit qu'il y a la solution magique, qui est en train de mentir aux citoyens.
10:45José Manuel Alvarez, vous êtes le chef de la diplomatie espagnole.
10:48La chute de Bachar el-Assad vous réjouit sûrement.
10:52Mais est-ce que l'Europe y a suffisamment contribué ?
10:55Est-ce qu'on n'a pas fermé les yeux pendant dix ans sur ses exactions envers son peuple ?
11:01Écoutez, c'est toujours une bonne nouvelle quand on voit qu'une dictature...
11:05Tom, l'Espagne a souffert d'une dictature pendant 40 ans.
11:08On est très bien placé pour le savoir.
11:11Il faut vraiment regarder sur les premières actions le nouveau gouvernement de facto.
11:18Qu'est-ce qui va se passer ?
11:21Et il faut agir sur trois plans.
11:25Tout d'abord, ce mouvement qui pour le moment est un mouvement militaire,
11:28même s'il n'y a pas vraiment de combat, se transforme très vite dans un mouvement politique.
11:34Tout ce qui doit se passer en Syrie doit être pacifique.
11:38Deuxièmement, nous devons nous assurer que le futur de la Syrie sera un futur plus réel.
11:46Comme la société syrienne est plus réelle avec différentes religions, différents peuples,
11:51ils doivent tous être accueillis dans la future Syrie.
11:55Et finalement, nous devons garantir l'intégrité territoriale de la Syrie.
12:00Il ne doit pas y avoir des parties de la Syrie qui restent entre les mains de différents groupes.
12:05Il faut que la Syrie devienne une source d'estabilité pour le Moyen-Orient
12:09et pas d'inestabilité qui a déjà le Moyen-Orient assez.
12:13Sur le chapitre du Moyen-Orient, d'ailleurs, la position de l'Espagne est aussi très particulière.
12:17Les relations avec Israël se sont beaucoup dégradées en mai dernier,
12:21lorsque vous-même, l'Espagne, l'Irlande et la Norvège avaient reconnu l'état palestinien,
12:26sur initiative d'ailleurs de Madrid, qui a appelé à ne plus livrer d'armes à Israël.
12:31Benjamin Netanyahou a été inculpé par la Cour pénale internationale.
12:34La France estime qu'il jouait d'une certaine immunité. Et vous ?
12:38Écoutez, notre position est la position partagée de la plupart de la communauté internationale.
12:44Nous sommes 145 pays à avoir reconnu l'état de Palestine.
12:4911 pays de l'Europe à la liste que vous indiquez, c'est ajouté aussi les Slovénies.
12:54On l'a fait par justice envers les peuples palestiniens,
12:59qui ne doivent pas être condamnés à être éternellement un peuple de réfugiés.
13:02Et aussi en pensant à la sécurité d'Israël.
13:06Seulement un état palestinien vivant en voisinage avec l'état d'Israël
13:11peut garantir mutuellement prospérité et sécurité à tous les deux.
13:15L'Espagne est un pays fondateur de la Cour pénale internationale,
13:20un des pays qui a rédigé le statut de Rome.
13:23Et nous, évidemment, nous suivrons toutes les obligations que ce statut nous impose.
13:28Une guerre plus proche de nous encore du côté de l'Ukraine,
13:31la grande crainte, c'est évidemment le fameux plan de paix express de Donald Trump
13:36pour, sur le plan militaire, peut-être se désengager.
13:40En tout cas, au moins contribuer à l'OTAN.
13:42Les 27 s'étaient donnés d'ailleurs pour objectif.
13:452% du PIB investi dans la défense en Espagne, c'est 1,3%.
13:51Est-ce que vous comptez le rattraper ?
13:53Évidemment, on a dit qu'on sera en 2029 dans les 2%.
13:57Et année après année, on chemine vers cet objectif politique.
14:02Il ne faut pas seulement voir les financements, il faut aussi voir les déploiements de forces et les capacités.
14:06L'Espagne dépense plus de 20% de son budget militaire dans les grands équipements,
14:13qui est aussi un engagement à l'intérieur de l'OTAN.
14:16Et nos forces sont aujourd'hui déployées dans les pays baltiques, en Roumanie, en Slovaquie.
14:23Ils sont dans la mer Noire, nous sommes aussi présents en Irak et dans d'autres scénarios, sous le drapeau de l'OTAN.
14:29Ce qui est en train de se jouer en Ukraine, c'est la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ukraine, qui est déjà énorme.
14:35Mais au-delà, c'est aussi les principes les plus fondamentaux de la charge des Nations Unies.
14:41L'égalité souveraine des États, le refus de la guerre comme façon de ressoudre les différends entre les États.
14:48L'Europe est une construction d'épée pour la paix.
14:51Tout ça est en jeu.
14:53Si la Russie gagne cette guerre d'agression, les mondes et l'Europe seront moins sûrs des mains.
14:59Et concernant les futurs et les futures en paix, je suis sûr qu'un jour la paix reviendra en Ukraine.
15:05Seule l'Ukraine peut vraiment parler dans son nom de ce qu'elle veut faire pour la paix, pour une possible négociation.
15:13Si un jour cette idée est sur la table, aujourd'hui elle ne l'est pas.
15:18Deuxièmement, l'Europe a beaucoup aidé l'Ukraine.
15:22Rien sur l'Ukraine sans l'Ukraine et sans la voix de l'Europe européenne.
15:28Alors des élections, il n'empêche, faussées par la propagande russe.
15:33En Roumanie, avec annulation d'ailleurs des élections présidentielles.
15:37Et puis en Géorgie, avec des manifestations non-stop.
15:41Est-ce que l'Union européenne se donne les moyens de défendre les démocraties ?
15:46Écoutez, le plus gros danger, et je le crois fermement, de nos démocraties aujourd'hui, c'est la désinformation.
15:52Les réseaux sociaux, les journaux digitals, n'importe qui peut écrire n'importe quoi.
15:59Les fake news, la désinformation qui pollue tous les jours et qui arrive à tous nos citoyens sans aucun filtre.
16:05Et le vrai danger de nos démocraties.
16:07Toute cette désinformation, elle est là pour diviser nos citoyens, pour diviser nos sociétés et diviser nos démocraties.
16:15On voit en Géorgie, on voit en Roumanie, toutes ces allégations.
16:19Nous suivons de très près les deux situations.
16:22Nous souhaitons que la Géorgie revienne sur le chemin européen vers l'Europe où nous l'attendons un jour.
16:29Et la Roumanie, qui est un pays latin, un pays ami de l'Espagne, un pays essentiel pour l'Union européenne.
16:36Évidemment, nous sommes très solidaires du peuple roumain.
16:40Seuls les Roumains doivent décider sur leur futur.
16:44Et nous devons tous empêcher les ingérences dans les élections à l'intérieur de l'Union européenne.
16:50José-Manuel Albares, merci de cet entretien.
16:53Merci à vous à suivre notre débat.
16:55La Commission européenne van der Leyen 2 s'apprête-t-elle à poursuivre les ambitions environnementales du pacte vert ou à y renoncer ?
17:04On se retrouve au Parlement européen tout de suite pour en parler.
17:11Merci de nous rejoindre à Bruxelles au Parlement européen alors que la nouvelle Commission européenne d'Ursula von der Leyen entre en fonction.
17:19Après avoir été validée par les eurodéputés, la Commission a dévoilé son plan pour ses 100 premiers jours avec deux priorités.
17:27D'abord un pacte pour une industrie propre et puis la simplification administrative.
17:31Alors qu'en est-il des ambitions environnementales de cet exécutif européen qui penche plus que jamais à droite ?
17:37Le pacte vert initié il y a cinq ans par la présidente de la Commission européenne pour atteindre la neutralité carbone en 2050 va-t-il être poursuivi ou détricoté ?
17:47Ursula von der Leyen assure qu'il ne sera pas détricoté. On l'écoute.
17:51Nous devons rester dans la course pour atteindre les objectifs du pacte vert européen.
17:58Mais pour réussir cette transition, nous devons être plus agiles, mieux accompagner les entreprises et les citoyens.
18:10Nous avons besoin de nous appuyer sur nos forces, notre industrie, notre innovation, nos travailleurs.
18:18C'est pourquoi nous allons mettre en place la loi sur l'industrie propre dans les 100 premiers jours de ce mandat.
18:27Alors il existe néanmoins des craintes sur l'avenir du pacte vert alors qu'au Parlement, le Parti populaire européen, le grand parti de droite,
18:36au siège d'ailleurs d'Ursula von der Leyen, joue sur plusieurs tableaux.
18:40Officiellement, il forme une majorité avec des sociodémocrates et les centristes,
18:45mais il vote aussi parfois avec l'extrême droite pour s'opposer à certains textes de ce fameux pacte vert.
18:53Très récemment, cette majorité alternative a tenté de vider de sa substance un texte crucial pour lutter contre la déforestation importée,
19:03repoussée finalement d'un an.
19:05Alors pour en débattre aujourd'hui, deux eurodéputés sont en notre compagnie.
19:09Merci d'être avec nous Laetitia Moratti.
19:11Bonjour.
19:12Vous êtes eurodéputée italienne, membre du Parti populaire européen et du Parti Forza Italia en Italie,
19:18très pro-industrie, dans la commission d'ailleurs du même nom, la commission Industrie.
19:23Et puis avec nous aussi Christophe Clergeau, eurodéputé français.
19:26Bonjour.
19:27Du groupe des sociodémocrates et du Parti socialiste en France, vous siégez, vous, dans la commission Environnement.
19:32Christophe Clergeau, est-ce que vous êtes sûr que le pacte vert est encore la priorité de la Commission européenne d'Ursula von der Leyen ?
19:39Moi, je vais être résolument optimiste et combatif.
19:42Peut-être que la droite et l'extrême droite rêvent de reculer sur le pacte vert,
19:47mais comme Ursula von der Leyen s'engage à aller de l'avant, je veux la croire.
19:52Je vois d'ailleurs que dans le programme d'action, il y a des nouvelles initiatives.
19:55Un pacte européen pour les océans, une grande stratégie pour l'eau en Europe.
20:00Donc, il va falloir rentrer dans le concret.
20:02Les textes ont été adoptés.
20:04Maintenant, il faut les mettre en œuvre, adapter des modalités peut-être, reculer jamais.
20:09Il y a une urgence à agir.
20:10Les 1,5 degré, on y est déjà.
20:13On a perdu 68% de la biodiversité depuis 50 ans.
20:17Et les catastrophes naturelles, c'est déjà 250 milliards de coûts.
20:21Donc, le coût de la non-action serait terrible.
20:23Nous n'avons pas d'autre choix, ni elle, ni nous, que d'aller de l'avant.
20:26Précisons, Madame Moratti, que le commissaire en charge, c'est le Français Stéphane Séjourné,
20:32qui travaille sur son pacte pour l'industrie propre, qui doit être représenté le 26 février.
20:39Est-ce qu'on s'en soucie plus d'ailleurs de l'industrie ou de l'écologie et du propre ?
20:45Selon moi, il faut tenir un équilibre entre la durabilité environnementale,
20:51c'est l'économique, la durabilité économique et sociale.
20:55Si on regarde, le produit interne brut en Europe est tombé dans les derniers 50 ans de 20% à 15%.
21:06La Chine a augmenté de 7% à 19%.
21:08Si on regarde les premières 50 industries au monde, il y en a 6 européennes, il y en a 13 chinoises et 20 américaines.
21:16Alors, la compétitivité est un impératif, mais c'est un impératif pour soutenir notre système social.
21:25Parce que sans une croissance et sans la compétitivité, notre système social, qui est le meilleur au monde, ne va pas être soutenu.
21:35Christophe Clergeau, on voit bien que la compétitivité économique est la priorité de la droite européenne.
21:40Est-ce que vous ne craignez pas que cet objectif prime sur la transition écologique avec cette nouvelle formule d'industrie propre ?
21:47D'abord, le propre, le clean, je ne sais pas ce que c'est.
21:50Le vert, le green, je sais.
21:52Ça veut dire changer les technologies, mais aussi changer de mode de vie, de manière de se déplacer, par exemple.
21:58Ensuite, on a un point commun, c'est qu'on veut défendre les emplois et la place de l'industrie.
22:02Mais l'industrie de demain, c'est celle qui sera verte, c'est celle qui, par exemple, produira des véhicules électriques.
22:08Et la question principale, ce ne sont pas les lois européennes, c'est l'absence de protection du marché européen face à la concurrence déloyale chinoise
22:16et c'est l'absence de soutien aux citoyens européens pour acheter des voitures électriques fabriquées en Europe.
22:22Quand les gens n'ont pas d'argent pour acheter une voiture électrique trop chère, l'industrie européenne a des difficultés.
22:28Ce n'est pas le pacte vert qui met l'industrie en difficulté, c'est le libéralisme.
22:32Non, ce n'est pas comme ça.
22:34Si on regarde le pacte vert, je suis d'accord, il faut défendre l'emploi.
22:40Mais si on regarde le pacte vert, il va éliminer des emplois qui sont liés au secteur polluant.
22:48Pour cela, il faut protéger maintenant, dans le processus de conversion, il faut protéger ces emplois.
22:55Je fais simplement quelques exemples.
22:58Dans le secteur des combustibles fossiles, les postes qui sont menacés sont 200.000.
23:06Si on regarde l'industrie lourde, dans le secteur du ciment, ce sont 100.000.
23:13Dans le secteur de l'acier, ce sont 200.000.
23:16Dans le secteur des produits chimiques, ce sont 150.000.
23:22Si on regarde l'interdiction du moteur endothermique, là, on parle de 600.000 travailleurs qui sont menacés.
23:31Pour cela, c'est ce qu'il faut, selon moi.
23:34Je respecte et je suis tout à fait d'accord que l'objectif ambitieux de la Commission est juste.
23:40Mais c'est le processus de conversion qui doit avoir des temps différents pour permettre aux industries de se reconvertir.
23:51Là, on comprend bien que c'est un des textes qui est dans le viseur de la droite.
23:55C'est précisément l'interdiction de vente des véhicules thermiques neufs en 2035.
24:01Peut-être avec l'ambition de repousser la date en disant que ça va poser des gros problèmes pour nos industries.
24:08Est-ce que ce texte et ses ambitions sur les véhicules électriques et sur le thermique vont être poursuivis ?
24:18Ou est-ce qu'il y a un lobbying industriel trop fort ?
24:21Les constructeurs automobiles, majoritairement, ne demandent pas le report de cette échéance.
24:27Ils demandent à être accompagnés pour accélérer et ils demandent à avoir des marchés.
24:33On peut repousser d'un an, deux ans, trois ans, quatre ans.
24:36Ça ne changera rien aux emplois qui sont menacés.
24:39La question, c'est de faire en sorte qu'il y ait un marché européen pour les industries européennes.
24:44Dans ma propre région, uniquement sur les énergies marines renouvelables,
24:49ces 3 000 emplois qui ont été créés, on peut créer des emplois aussi avec les industries vertes
24:55si elles ne sont pas détruites par la concurrence chinoise, par le libre-échange que vous défendez.
25:00Laetitia Moratti, sur cette question de l'interdiction des véhicules thermiques neufs en 2035,
25:06est-ce qu'il faut reporter la date ?
25:09Selon moi, il faut voir quelles sont les conditions pour arriver à maintenir le target de 2035.
25:19Parce que si les conditions ne sont pas là, alors il faut avoir une autre date.
25:24Les conditions sont aussi les conditions d'une concurrence déloyale avec la Chine.
25:30Parce que c'est la Chine qui produit les véhicules électriques, ce n'est pas l'Europe.
25:36La Chine a envahi l'Europe de ses produits électriques.
25:41L'Europe n'a pas une demande de véhicules électriques parce que les gens n'ont pas d'argent.
25:47Ce n'est pas le seul problème qu'on a.
25:50Parce que si on regarde une autre directive, qui est la directive de l'efficacité énergétique des bâtiments,
25:57là aussi on a de grands problèmes.
25:59C'est une conversion énergétique juste, mais c'est une conversion énergétique qui doit donner du temps aux industries
26:09et prévoir, et c'est ce que le PPE veut, une neutralité technologique.
26:15Parce que sans neutralité technologique, on ne va pas pouvoir aboutir à une véritable transition climatique énergétique.
26:24Mais vous entendez quand même qu'on est en train de vouloir reculer sur un certain nombre de textes.
26:29Ça a été le cas, Christophe Clergeau, sur la déforestation qui a imposé aux entreprises
26:34de prouver que les matières premières qui entraient dans la conception de leurs produits
26:38n'ont pas été cultivées sur des terres déboisées.
26:40Donc la déforestation a l'importation.
26:43Le chef de file du Parti populaire européen, Manfred Weber, a tenté de l'édulcarer,
26:50a réussi à le repousser avec l'appoint de voix de la droite plus extrême.
26:54Non, ce n'est pas comme ça que ça s'est passé.
26:56Tout le monde était d'accord pour reculer de six mois ou d'un an
27:00parce que la Commission n'avait pas bien fait son travail et que les outils pour les entreprises n'étaient pas prêts.
27:05Mais le PPE, la droite, a utilisé cette opportunité pour essayer d'affaiblir le texte.
27:11Ça a été voté au Parlement, mais ça a été retoqué par le Conseil et donc le PPE a échoué.
27:16Donc on peut mettre en échec les tentatives de la droite de revenir en arrière.
27:20Et par rapport à ce que dit Mme Moratti,
27:22s'il faut soutenir les citoyens européens pour acheter des véhicules électriques
27:26ou pour rénover leur logement, et bien travaillons à cela ensemble.
27:30L'Europe peut aider les États, les collectivités locales, les citoyens
27:34à investir dans les nouveaux produits de la transition écologique.
27:38On a besoin d'un choc de demande pour que les industriels européens aient un débouché
27:42et d'un choc de protection pour lutter contre la concurrence déloyale.
27:46Sur la déforestation, j'ai une question.
27:49Toujours est-il, même si le Conseil européen est revenu en arrière,
27:53mais au Parlement européen, la majorité du PPE, en tout cas le groupe du Parti populaire européen,
27:58a essayé d'affaiblir ce texte avec les voix de l'extrême droite.
28:03C'est quoi ? C'est une nouvelle majorité alternative, anti-pacte vert ?
28:06Non, ce n'est pas une nouvelle majorité.
28:08Et comme Parti populaire, on a nos idées.
28:11S'il y a des partis qui partagent nos idées, bon, on n'est pas contraints à ça.
28:17Mais on a nos idées, et c'est sur nos idées qu'on construit nos politiques.
28:22Même si la majorité van der Leyen, qui a voté pour elle, est au centre.
28:27Entre vous, Réunion et les socialistes et les démocrates ?
28:29De toute façon, il y a une partie de la droite qui a voté pour la présidente van der Leyen.
28:35Alors ça, il faut l'accepter.
28:38Mais comme Parti populaire, on a nos idées, et c'est sur nos idées qu'on construit nos politiques.
28:44Sur la déforestation, le thème est juste.
28:47Le texte de la Commission était un bon texte.
28:50Il pouvait être amélioré pour rendre plus possible le partage des agriculteurs européens
28:58avec les agriculteurs des pays tiers qui ont des difficultés.
29:02Parce que si vous parlez avec des agriculteurs en Éthiopie, en Ouganda,
29:07pour eux, être sûr de pouvoir cultiver dans des endroits qui ne sont pas pollués, c'est bien difficile.
29:19Alors il faut donner du temps à ces agriculteurs.
29:23C'est la seule chose que le Parti populaire voulait.
29:26Bon, on n'a pas réussi.
29:28Mais de toute façon, on avait soutenu le texte de la Commission.
29:33On pouvait l'améliorer.
29:35Bon, on ne l'a pas amélioré.
29:37Ne me dites pas que les amendements du PPE visaient à défendre les intérêts des agriculteurs africains
29:42puisque vous êtes vous-même les premiers à réduire les crédits de l'aide au développement en Afrique
29:46et à faire en sorte qu'on ne fasse rien concrètement pour les accompagner.
29:50Ça visait à préserver les intérêts des très grands industriels forestiers mondiaux,
29:55par exemple au Brésil ou en Indonésie, qui exploitent les forêts.
29:59Et oui, le PPE joue avec l'extrême droite.
30:02Le PPE s'y brûle les doigts.
30:04Et au début, le PPE joue en votant des amendements de l'extrême droite.
30:07Et à la fin, le PPE perd.
30:09Soit parce que le conseil d'IX n'est pas raisonnable, soit parce que les textes ne sont pas votés.
30:13Parce que moi, à la fin, un texte dénaturé par la droite et l'extrême droite, je vote contre.
30:18Réponse de Mme Moratti.
30:20Réponse de Mme Moratti.
30:22Je n'accepte pas ça parce qu'on a parlé avec des industries européennes.
30:28Et ce sont les industries européennes qui nous ont demandé de préserver ce problème avec les agriculteurs africains.
30:36On n'a pas parlé du Brésil ou d'autres pays.
30:39Mais c'était des agriculteurs africains qui nous ont demandé ça.
30:43Mais est-ce qu'il n'y a pas quand même une convergence de vues entre le PPE
30:46et les parties d'extrême droite au Parlement européen pour détricoter ce pacte vert ?
30:50Alors, si vous revenez au pacte vert, on est absolument favorable au pacte vert.
30:55Ce qu'on veut, c'est avoir une transition qui soit juste, une transition équilibrée,
31:02avec des ambitions, mais avec une réalité économique et sociale.
31:06Je regrette, mais lorsque vous dites que le pacte vert va créer des emplois, c'est vrai.
31:11Mais il va créer des emplois.
31:13Pour l'instant, on est en train de perdre des emplois.
31:16Des milliers et milliers d'emplois.
31:19Alors ça, notre position, c'est simplement celle de protéger les droits des travailleurs européens.
31:27Ceux qui perdent leur travail.
31:29Si vous regardez Volkswagen, Michelin, Valeo,
31:33toutes les industries fermes en Europe, en Belgique, en France, en Allemagne,
31:39est-ce que vous ne voulez pas protéger ces travailleurs ?
31:42Mais cela n'a rien à voir avec le pacte vert.
31:45J'étais en réunion avec les industriels automobiles de ma région, à Laval, il y a quelques jours.
31:50Leur chute de marché date de la crise de la Covid et de la guerre en Ukraine.
31:54Et leur cause principale de difficulté, c'est la concurrence chinoise.
31:58Ce n'est pas le pacte vert.
32:00Mais la concurrence chinoise est due au fait que la Chine a moins de référentiels de celles que nous avons.
32:06Donc il faut remettre les choses à leur place.
32:08Les conséquences du pacte vert, les conséquences du libéralisme et de la concurrence européenne.
32:12Quand vous parlez du libéralisme, vous parlez bien sûr aussi de ce fameux accord de libre-échange UE-Mercosur,
32:18signé par Ursula von der Leyen début décembre.
32:20Mais la France s'y oppose.
32:22Alors là, toute la classe politique française s'y oppose.
32:25Parce que le président Macron a dit que rien ne prouve que cet accord, dont on ne connaît pas bien les détails encore,
32:32respecte nos objectifs climatiques fixés ensemble.
32:36Est-ce que vous estimez que là, avec ce Mercosur, la Commission fait frimer notre croissance industrielle
32:42et notre capacité d'exportation d'ailleurs sur l'écologie ?
32:46Mais ce modèle du libre-échange, il est totalement dépassé.
32:50Il n'y a plus que les Européens qui le défendent.
32:52La Chine protège son marché, l'Inde protège son marché, les États-Unis protègent leur marché.
32:57Et donc moi, je veux bien commercer avec des agriculteurs brésiliens qui produisent du soja bio
33:03et qui gagnent bien leur vie avec cela.
33:05Je refuse de commercer avec des agriculteurs brésiliens qui détruisent les forêts et qui exploitent les agriculteurs.
33:11Est-ce que cet accord signé par Ursula von der Leyen fait primer notre croissance, nos exportations sur nos ambitions écologiques ?
33:18On devra voir les détails de cet accord qu'on ne connaît pas.
33:21Mais pour l'instant, notre gouvernement a dit que nous n'allons pas signer cet accord
33:26si on n'a pas des protections pour nos agriculteurs.
33:31Ça, c'est bien clair.
33:32Et moi, j'espère et je suis sûre qu'au sein de PPE, on va trouver un compromis, un accord, une médiation pour protéger nos agriculteurs.
33:40Vous voyez que ce sera le prochain grand débat, évidemment, ici au Parlement européen,
33:46qui va continuer à se jouer, je pense, en 2025.
33:49Merci à vous d'avoir été en notre compagnie.
33:51Et très bonne suite des programmes sur nos antennes.
34:00Sous-titrage Société Radio-Canada

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