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Un débat entre deux éditorialistes qui analysent l'actualité politique de la semaine dans #CaSeDispute

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00:00:00Merci beaucoup mon cher Adrien, Adrien Spiteri avec Pierre Emko derrière la caméra, rencontre
00:00:05donc de François Bayrou avec Bruno Retailleau, imminente, rencontre imminente donc, bienvenue
00:00:12si vous nous rejoignez sur CNews, votre rendez-vous du vendredi soir, ça se dispute alors nous
00:00:17allons continuer d'analyser l'actualité de la journée, bien évidemment la nomination
00:00:22de François Bayrou à Matignon avec, pour débattre, analyser également ce soir autour
00:00:27de ce plateau nageois, elle a été, bonsoir nageois, alors vous êtes avocate mais vous
00:00:32avez quitté la politique, on peut être rappelé que vous aviez une plume notamment de Manuel
00:00:36Valls, on attend votre analyse, votre avis dans un instant et en face de vous ce soir
00:00:40Geoffroy Lejeune, mon cher Geoffroy bonsoir, très heureux de vous retrouver dans ça se
00:00:46dispute pour débriefer, débattre autour de cette nomination puisque c'est fait, nous
00:00:52avons donc un nouveau Premier Ministre, c'est le quatrième de l'année 2024, sixième de
00:00:57l'ère Macron, alors est-ce que c'est l'homme de la situation pour résoudre la crise, c'est
00:01:02à lui désormais que cette lourde tâche a été confiée, en tout cas, vous l'avez suivi
00:01:06en direct sur CNews, cette passation de pouvoir entre Michel Barnier et François Bayrou qui
00:01:10a eu lieu en fin d'après-midi, on regarde un extrait de la prise de parole de François Bayrou
00:01:14Devant une situation d'une telle gravité, ma ligne de conduite sera de ne rien cacher,
00:01:25de ne rien négliger et de ne rien laisser de côté. Je sais que la tentation est dure,
00:01:31écoutez, prenez un ou deux sujets, concentrez-vous là-dessus et laissez faire le reste dans
00:01:40la médiocrité. Je ne choisirai pas cette ligne. Je pense que nous avons le devoir,
00:01:49dans un moment aussi grave pour le pays, pour l'Europe et devant tous les risques de la
00:01:55planète, nous avons le devoir d'affronter les yeux ouverts, sans timider la situation
00:02:04qui est héritée de décennies entières.
00:02:10Alors, bien évidemment, nous allons débattre en profondeur sur cette actualité majeure
00:02:13de la journée, mais avant, peut-être votre réaction à Brûle-Pourpoint, un ajoué laïté.
00:02:17On a vu aujourd'hui toute la gauche s'indigner, au fond, après cette nomination. Est-ce que
00:02:21pour vous, effectivement, François Bayrou, il peut se révéler être l'homme de la situation
00:02:26aujourd'hui alors que la France traverse une grave crise politique ?
00:02:29Non, mais on espère qu'il sera l'homme de la situation parce qu'il faut absolument
00:02:33trouver de la stabilité politique, puis dépasser les querelles de Chapelle pour penser
00:02:40enfin à l'intérêt général. Ce que nous traversons, et le Premier ministre le rappelait,
00:02:47une situation quand même économique et sociale plus qu'inquiétante. Et donc, il nous faut
00:02:53un gouvernement au travail. Et donc, moi, j'espère qu'il réussira. J'espère que
00:02:59le gouvernement qu'il formera ne sera pas censuré. Bon, on rentrera dans les détails.
00:03:08Bien sûr. Mais est-ce qu'il incarne, justement, peut-être ce renouveau ? Selon vous, Najwa,
00:03:12est-ce que c'est l'homme de la situation pour mettre un gouvernement au travail ? Aujourd'hui,
00:03:16on le connaît bien, les Français le connaissent.
00:03:17Non, ce renouveau, non.
00:03:19Vous n'y croyez pas.
00:03:20Ça va faire plusieurs années qu'il est dans le paysage politique. Il est installé,
00:03:26il a été député dans les années 80, dans les Pyrénées-Atlantiques. Il a été candidat
00:03:34à trois reprises aux présidentielles. On peut dire que c'est un homme politique qui,
00:03:40sans doute, a du sens politique parce que durer aussi longtemps en politique, c'est
00:03:46aussi avaler des couleuvres. Donc, il a un sens politique indéniable. Alors, parler
00:03:53de renouveau, non, il ne faut pas exagérer. On n'est pas dans le renouveau, mais on est
00:03:58dans un parcours politique qui peut rassurer. Donc, peut-être qu'il y aura des sondages
00:04:07à venir qui montreront la position des Français. Mais en tous les cas, justement, on en verra
00:04:13tout à l'heure. En tout cas, vous laissez, comme on dit, sa chance. Vous laissez la chance
00:04:18aux produits. Tout à fait. Comme disent les jeunes aujourd'hui. Geoffroy Lejeune, vous
00:04:21avez le même regard que Najwa El Haïté aujourd'hui. Effectivement, il faut laisser
00:04:25sa chance à François Bayrou. Il peut finalement mener une politique qui va rompre avec celle
00:04:30d'Emmanuel Macron. Je ne sais pas. Il a soutenu Macron. C'est même celui qui l'a fait élire.
00:04:36Donc, je ne sais pas si on peut espérer de lui qu'il rompe avec Emmanuel Macron. Il est
00:04:40comment dire ? Il est nommé depuis maintenant quelques heures. Il a eu sa passation de pouvoir
00:04:46il y a encore moins de temps. Et à l'heure où on parle, il fait son premier rendez-vous
00:04:49politique. Donc, je ne vois pas tellement ce qu'on peut lui reprocher pour l'instant.
00:04:52Disons qu'on peut considérer que c'est un état de grâce qui durera peut-être jusqu'à
00:04:55demain matin, demain midi. Je n'en sais rien. En revanche, on peut déjà dire beaucoup
00:04:59de choses. Et moi, je vais renverser un peu le raisonnement de Najwa, non pas pour le
00:05:02balayer vers demain, mais pour réfléchir différemment. Vous avez posé la question
00:05:05tout à l'heure, Olivier. Est-ce que c'est l'homme qui peut sortir de la crise politique ?
00:05:09Moi, je pense que la crise politique, elle est le résultat d'une situation catastrophique.
00:05:12Et la question, c'est donc est-ce que François Bayrou est la personne qui apportera la réponse
00:05:18à la situation catastrophique, aux causes de cette situation catastrophique ? Et on
00:05:22les connaît. C'est des budgets qui sont votés en déficit depuis, je crois, 74. Ça,
00:05:28on peut lui rendre qu'il en a parlé assez tôt. C'est peut-être même un des premiers
00:05:31qui a alerté sur la dette de manière nationale. Il fait quand même une campagne présidentielle
00:05:34là-dessus, alors que c'est un thème qui n'est pas très porteur. Ensuite, il y a la
00:05:38situation de l'immigration, du communautarisme, de la violence, de l'insécurité, etc. Pour
00:05:43le coup, ce n'est pas son sujet de prédilection. Il a mis une baffe à un gamin qui lui faisait
00:05:47des poches en 2002. Ça ne fait pas de lui un spécialiste de la question de l'insécurité
00:05:52non plus. Ensuite, il y a la question de la crise des institutions. Là, pour le coup,
00:05:57moi, je lui rends quelque chose. C'est que c'est quelqu'un qui réfléchit à ça. Il
00:06:00a un point de vue sur la question. Et donc, au moins, je pense qu'il saura manœuvrer
00:06:05dans le maelstrom qu'on est en train de vivre aujourd'hui. Et voilà, comment vous dire,
00:06:10je pense que les crises, parce que j'en ai énuméré beaucoup, sont tellement graves
00:06:15que je ne vois pas pour l'instant dans le parcours politique de François Bayrou les
00:06:19antidotes. Je ne me dis pas, c'est celui qu'on attendait depuis si longtemps pour
00:06:22résoudre ce problème. Mais pour autant, laissons-lui le temps de nous prouver que
00:06:28j'ai tort.
00:06:29Il y a eu l'édito de Vincent Trémolet de Villiers dans Le Figaro. Je ne sais pas si
00:06:32vous avez lu. Il y a deux François Bayrou. Le premier, admirateur d'Henri IV et de Charles
00:06:36Péguy, attaché à ses montagnes, allergique à la technocratie. Le second, européiste,
00:06:40ménage en Ségolène Royale et votant François Hollande plutôt que Nicolas Sarkozy. Crispe
00:06:44immédiatement, la droite française. Finalement, il doit désormais endosser le rôle de ce
00:06:50François Bayrou, attaché à la France profonde. Finalement, est-ce qu'il en est capable, selon
00:06:55vous, ou est-ce qu'il va avoir du mal à se détacher finalement de son passé relativement
00:06:59récent ? Soutien de Ségolène Royale contre Nicolas Sarkozy, notamment, on a joué à
00:07:04l'AIT.
00:07:05Quand on revient à son soutien politique, notamment en 2007, c'était quand Ségolène
00:07:14Royale était candidate en 2012, François Hollande. Il fait le choix de soutenir en
00:07:182007 Ségolène Royale, en 2012 de soutenir François Hollande contre Nicolas Sarkozy.
00:07:25Là, c'est l'homme, entre guillemets, stratège politique qui a fait ce choix-là. Pourquoi ? Parce
00:07:32qu'à l'époque, en 2012, se jouait aussi la survie du modem, du centre. C'est ce qu'il
00:07:40expliquait d'ailleurs en 2012 à ses troupes. Il disait « si je fais le choix de ne pas
00:07:48soutenir Nicolas Sarkozy, c'est que nous ne devons pas non plus apparaître comme la
00:07:54surcursale de la droite ». Après, je le disais tout à l'heure, c'est un stratège
00:08:00politique, mais en 2012, c'est ce choix-là qu'il fait, c'est-à-dire de savoir prendre
00:08:09une position qui se démarque de la droite quand il faut soutenir...
00:08:14C'est intéressant, parce que vous insistez sur cette notion de stratège politique. Est-ce
00:08:19que vous partagez ça ? Est-ce que c'est un vrai stratège politique ou pas pour vous ?
00:08:23Je pense que c'est un animal politique. Il a une capacité de résistance hors du commun.
00:08:29C'est son métier, il est rompu à ça. Il est depuis 50 ans dans la vie politique. Il
00:08:35a ressuscité plusieurs fois. Il a été élu maire de Pau tardivement alors qu'on l'avait
00:08:40enterré. On l'a enterré plusieurs fois et il est revenu plusieurs fois. Il a une capacité
00:08:46de résistance, il a une passion. C'est son métier. En réalité, c'est vraiment son métier.
00:08:50Je n'ai aucun doute là-dessus. En revanche, sur le côté stratège, je ne suis pas tellement
00:08:54d'accord. Je pense qu'il a fait pas mal d'erreurs en réalité. C'est-à-dire que, par exemple,
00:08:57ce que dit Najwa à l'instant, cette hésitation entre Sarkozy et Royal en 2007 et ce vote
00:09:02pour François Hollande en 2012, pour moi, c'est une rupture historique avec quelque
00:09:09chose d'important. C'est que le centre dans la vie politique française jusqu'à François
00:09:13Bayrou, c'était une droite qui ne dit pas son nom, une droite qui est plus libérale,
00:09:18plus européenne et moins régalienne que la droite. Et c'était d'ailleurs une force
00:09:23politique. Giscard a gouverné, je sais tout ça, mais une force politique qui a été
00:09:27en effet la succursale du RPR, en tout cas, ou de l'UMP, mais qui réussissait à peser
00:09:34dans la vie. Je parle sous la Ve République, parce qu'avant, c'était autre chose. Et
00:09:38qui réussissait à peser malgré tout. Sous François Bayrou, c'est autre chose. Et la
00:09:41vérité, c'est qu'en fait, l'avènement d'Emmanuel Macron, et c'est la raison, je
00:09:44pense, pour laquelle il se retire, c'est qu'il a pensé qu'Emmanuel Macron avait réussi
00:09:48le pari que lui avait tenté toute sa vie. Sauf qu'en réalité, c'est-à-dire de dépasser
00:09:53l'éclivage droite-gauche. De faire ce que Juppé a appelé, parce que Juppé a tenté
00:09:57aussi un peu la même chose, l'omelette sans les deux bouts, c'est-à-dire vous coupez
00:10:01les deux extrémités un peu radicales et puis vous avez le centre, etc. Sauf que quand
00:10:06Emmanuel Macron réussit ce pari, c'est pour ça que je pense qu'il a été en opposition
00:10:09avec Emmanuel Macron pendant quand même quasiment pendant sept ans. Emmanuel Macron qui réussit
00:10:13ce que tout le monde dit, il a réussi ce que Bayrou a essayé toute sa vie. Je ne suis
00:10:17pas d'accord, en fait, Emmanuel Macron, il est très, très, très libéral. Ce que François
00:10:21Bayrou, pour reprendre le mot de Vincent Trémolet, n'est pas exactement. Il est très centralisateur.
00:10:28Ce que François Bayrou n'est pas du tout. Il a un projet européen qui est un peu déconnecté
00:10:33là où François Bayrou, quand même, réussit à l'incarner un peu plus, notamment dans
00:10:36une vision régionale, etc. Il a une autre vision de l'Europe. À la fin, je ne vois
00:10:42pas tellement. Je ne suis pas sûr. En fait, la vérité, c'est que ça devient un stratège
00:10:45au moment où nous, on rebascule dans la Quatrième République, au moment où on a à nouveau
00:10:49ce qu'on appelle les parties charnières qui font la vie politique française. Plus
00:10:51vous êtes petit, plus vous avez un poids important dans la constitution du gouvernement.
00:10:55À ce moment-là, François Bayrou redevient essentiel. Si on était resté dans un système
00:10:58classique, il aurait été balayé depuis longtemps. En fait, il bénéficie du climat
00:11:02de fin de règne, du contexte et de la dédicacesse de nos institutions. Après, je ne dis pas
00:11:07qu'il veut l'accélérer, qu'il va être néfaste pour ça, etc. Je n'en sais rien,
00:11:13mais il a bénéficié de ça, j'en suis certain.
00:11:14Je vous propose de réécouter François Bayrou. Ça va peut-être faire écho à ce que vous
00:11:22venez de dire, Geoffroy Lejeune. Il a insisté, François Bayrou, cet après-midi lors de
00:11:26la passation de pouvoir, sur une promesse faite jadis par Emmanuel Macron, rendre des
00:11:31chances à ceux qui n'en ont pas. Alors, est-ce que derrière, il faut comprendre finalement
00:11:34qu'Emmanuel Macron n'a pas tenu sa promesse et que lui revient en disant « Moi, je vais
00:11:38le faire, on l'écoute ? »
00:11:41Je viens de milieux sociaux et de villages qui n'ont pas la chance d'être protégés,
00:11:48favorisés. Je trouve que notre devoir de citoyens, de pères de famille, notre devoir
00:11:59de républicains, c'est que nous soyons obsédés pour rendre des chances à ceux qui n'en
00:12:09ont pas. C'est pour moi un devoir sacré et je n'ai pas l'intention de le négliger.
00:12:18C'était la promesse du président de la République et c'est à cette promesse que
00:12:24je compte être fidèle dans les fonctions si difficiles que vous me transmettez.
00:12:31– D'un jour à l'AIT, est-ce qu'au fond, vous entendez derrière cette petite musique
00:12:37qu'Emmanuel Macron avait fait une promesse, il ne l'a pas tenue, moi j'y resterai fidèle ?
00:12:41Est-ce que vous ne sentez pas déjà une rupture entre le chef de l'État et le nouveau Premier ministre ?
00:12:45– Force est de constater qu'il marque d'une certaine manière une indépendance
00:12:51par rapport au président de la République. Mais j'ai envie de vous dire, ce n'est
00:12:58pas étonnant non plus, parce que certains disent « Bon, ça sera sans doute, et c'est
00:13:03la gauche qui dit ça, la chambre d'enregistrement du Président, des désidératats du Président
00:13:09de la République ». Je ne le crois pas. Et force est de constater aussi qu'il s'est
00:13:15imposé auprès du Président de la République qu'il ne faisait pas de lui le Premier ministre
00:13:20qu'il souhaitait. Donc ça a été un véritable rapport de force entre le Président de la
00:13:26République et François Bayrou pour devenir Premier ministre, puisque le choix du Président
00:13:31de la République initialement, quand on lit les articles de vos confrères, c'était
00:13:38François Lescure qui devait être Premier ministre et François Bayrou numéro 2. Donc
00:13:43je pense qu'il aura son autonomie par rapport au Président de la République. Et c'est
00:13:48vrai que c'est une petite tacle au Président de la République en disant « Voilà, vous
00:13:53souhaitiez faire dans votre programme une priorité de l'éducation nationale, de
00:13:57la lutte contre les inégalités scolaires, de la remise à niveau ». Parce que je suis
00:14:02désolée, le niveau scolaire est de plus en plus bas et d'ailleurs c'est les classements
00:14:09PISA qui le disent. Donc il y a un véritable challenge scolaire à mener. Et donc on sent
00:14:16que sa priorité, s'il arrive à se maintenir et son gouvernement à se maintenir également,
00:14:23ce sera l'école. Il commence à annoncer ses priorités.
00:14:29Les priorités, effectivement. Il a dit d'ailleurs qu'il n'avait pas de priorité,
00:14:33qu'il essaierait justement d'agir sur tous les pans de la société. Néanmoins,
00:14:37est-ce que vous rejoignez Benajoua El Haïti et Geoffroy Lejeune ? C'est-à-dire,
00:14:41il ne sera pas une caisse enregistreuse, comme le dit la gauche d'Emmanuel Macron,
00:14:45et peut-être c'est ce que démontre aussi ce bras de fer, puisque vous le rappeliez,
00:14:49à 5h du matin, ce n'était pas lui qui était Premier ministre. Et il a gagné,
00:14:55en quelque sorte, son bras de fer avec Emmanuel Macron.
00:14:57Alors, il a imposé un rapport de force à Emmanuel Macron. Il a gagné. Il faut le souligner,
00:15:03parce que c'est une... Comment dire, ça n'arrive pas souvent. C'est un tour de force,
00:15:09on peut le dire, oui, bien sûr. Maintenant, moi, quand on commente ce genre d'événement,
00:15:13j'essaie toujours de me demander ce qu'on en pensera dans six mois. Et dans six mois,
00:15:17est-ce qu'on se souviendra de ça, ou est-ce qu'on se souviendra de ce que voulait dire
00:15:21la nomination de François Bayrou ? Et qu'est-ce que ça veut dire ? Je suis désolé,
00:15:23mais je pense que dans six mois, on se souviendra qu'en réalité, Emmanuel Macron a voulu,
00:15:27parce qu'il l'a quand même nommé à la fin, a voulu prolonger le système dans lequel
00:15:32les gens issus de ce qu'on appelle le bloc central étaient au pouvoir ensemble,
00:15:36en s'entendant sur de la non-censure, du non 49.3, etc., alors qu'il y a 27% des Français
00:15:42qui ont voté plus à gauche que ça, et 34 ou 35% des Français qui ont voté plus à droite que ça.
00:15:47Et je pense pour le coup que cette situation est intonable. En fait, la vérité, c'est que ce
00:15:52qui m'apparaît aux yeux quand je regarde les images de la passation de pouvoir, notamment,
00:15:56entre Michel Barnier et François Bayrou, c'est que vous sentez une forme de continuation,
00:16:02il y a bon estime entre les deux, et d'ailleurs c'est normal et c'est respectable,
00:16:05et vous ne sentez pas la rupture du tout. Et je pense que la véritable passation de pouvoir
00:16:11entre les deux hommes est en train de se jouer en ce moment même à l'heure où on parle,
00:16:15dans le rendez-vous entre François Bayrou et Bruno Retailleau, parce que Bruno Retailleau,
00:16:20pour le coup, incarne une autre partie. Alors, il fait partie du Bloc central,
00:16:23il est toléré par le Bloc central, mais en réalité, il est sur des positions,
00:16:26et ce n'est pas une injure que de le dire, beaucoup plus proches, ou en tout cas entre
00:16:29celles des Républicains et du Rassemblement national, en tout cas sur des positions en
00:16:32réalité qui rassemblent 75 ou 80% des Français sur les questions régaliennes,
00:16:36l'insécurité, l'immigration, l'islamisme, etc. Et il a bénéficié avec Michel Barnier,
00:16:42je m'y perds, d'une forme de couloir de nage ou de capacité d'action. Il était toléré,
00:16:49en fait, dans ce rôle-là. La question, c'est est-ce qu'il a les mêmes marges de manœuvre
00:16:53maintenant avec François Bayrou ou est-ce que François Bayrou a des gages à donner
00:16:56et il lui signifie qu'il faut qu'il réduise, auquel cas, je pense que Retailleau partira.
00:17:00Et la vérité, c'est que je pense que c'est là-dessus que ça se joue. Si cette case-là
00:17:05n'est pas cochée, les Français vont décrocher assez rapidement. Vous sentez une forme de
00:17:08résilience ? Alors, il y a une impopularité du gouvernement, une impopularité du Premier
00:17:11ministre, du Président, etc. Mais ça tient. Si demain, on signifie à Bruno Retailleau
00:17:16que c'est terminé et qu'on met quelqu'un d'autre comme, par exemple, un socialiste
00:17:21ou quelqu'un de plus modéré, en tout cas de neutre, sur ce poste-là, je pense que ça
00:17:25ne tiendra pas. La joie est laïquité. Non, mais pour le coup, là, on pourra parler
00:17:29de rupture avec Michel Barnier, puisque il en faisait une priorité, quand même, cette
00:17:35question d'immigration. Et j'ai envie de vous dire, heureusement, parce que c'est
00:17:40une attente des Français. Aux élections législatives, aux dernières élections législatives,
00:17:47la question de l'immigration, elle est quand même importante aux yeux des Français.
00:17:51Aux élections européennes, c'est également le cas. Donc, je ne... Enfin, en tous les
00:17:57cas, moi, c'est à titre personnel, je ne comprendrai pas qu'il y ait une rupture pour,
00:18:03on va dire, ménager la gauche, qu'il n'y ait pas une continuité sur cette politique-là,
00:18:10puisque c'est une véritable attente aussi des Français à côté du pouvoir de l'achat,
00:18:13etc. Et pour Bruno Rettayon, c'est la révélation de ce gouvernement Barnier. C'est le seul
00:18:16qui est sorti du lot, finalement. On s'en souviendra. Il y a ça aussi. Donc, est-ce
00:18:19qu'il va continuer ou non, effectivement ? C'est là où on saura s'il y a une rupture
00:18:24avec le gouvernement qu'il a précédé, mené par Michel Barnier, ou non. Et même une rupture
00:18:31avec les Français, peut-être, encore plus, qui s'agrandirait. Mais complètement, parce
00:18:35que quand la gauche dit que ce n'est pas la priorité des Français, bien sûr qu'il
00:18:40y a d'autres priorités. On parlait de l'école, de la lutte contre les inégalités scolaires,
00:18:45du pouvoir d'achat, de la situation économique aussi, où vous avez un certain nombre de
00:18:50PME qui sont en cessation de paiement, et je le vois en tant qu'avocate, parce que je
00:18:56vais souvent aussi au tribunal de commerce. Donc, la situation économique, elle est quand
00:19:01même fort inquiétante. Mais le sujet de l'immigration est aussi un sujet qu'il faut
00:19:09traiter. Et d'ailleurs, l'ERN en fait quand même aussi une ligne rouge.
00:19:15Et on va en parler du RN, justement, dans un instant. Intéressons-nous aux Français
00:19:20avec ce sondage publié par CNews, le JGD européen, juste après la nomination de François
00:19:27Bayrou. Eh bien, 61% des Français ne font pas confiance à François Bayrou en tant
00:19:33que Premier ministre. À titre de comparaison, le jour de la nomination de Michel Barnier,
00:19:36c'était 54% des Français qui ne faisaient pas confiance à Michel Barnier. 38% de confiance.
00:19:44Donc, on voyait, c'était 53% Élisabeth Borne, 48% Gabriel Attal, 42% Michel Barnier,
00:19:5138% François Bayrou. Finalement, c'est assez révélateur de cette fracture Geoffroy Lejeune
00:19:56entre le politique aujourd'hui et les Français.
00:20:00Franchement, votre infographie est assez éloquente et c'est très intéressant. La vérité,
00:20:05c'est que la question ne se joue pas sur la personnalité d'Élisabeth Borne, que
00:20:08les Français, d'ailleurs, je pense, ne connaissaient pas au moment où elle a été nommée, ni
00:20:11de Gabriel Attal, pour le coup, les Français la connaissaient beaucoup plus, ni de Michel
00:20:14Barnier, ni de François Bayrou. C'est la question de la continuation de cette politique.
00:20:20Est-ce que les Français sont à l'aise avec ça ? Les Français ont élu Emmanuel Macron
00:20:24deux fois et la deuxième fois, ils l'ont élu dans un contexte très particulier. Il
00:20:28faut le rappeler parce qu'on a tendance à l'oublier au bout de deux ans. Mais en réalité,
00:20:31il y avait quand même la guerre en Ukraine qui a été utilisée ad nauseam pour créer
00:20:36un contexte un peu anxiogène au moment de cette élection. Il y avait la question et
00:20:42toutes les questions qui étaient des conséquences de ça, l'augmentation du gaz, etc. Et donc,
00:20:45on a eu une campagne qui s'est limitée à l'Ukraine et le pouvoir d'achat en réalité.
00:20:49Et Emmanuel Macron s'était posé en rempart en disant « voilà, moi, je suis la sécurité
00:20:54par rapport à ce contexte-là ». Il a été élu grand bien lui face, mais maintenant,
00:20:58il faut payer les pots cassés, il faut assumer les conséquences de ça. Et en fait, il n'y
00:21:03avait pas de confiance dans ce projet initialement. Je vais essayer de ne pas parler d'Emmanuel
00:21:09Macron en tant que tel, ce n'est pas le sujet. Le sujet, c'est l'adhésion démocratique
00:21:13ou populaire à un projet politique. Quand Nicolas Sarkozy gagne les élections présidentielles
00:21:21en 2007, il y a 53% des Français qui votent pour lui. C'est moins qu'Emmanuel Macron,
00:21:25c'est un score moindre, mais il vote vraiment pour ce qu'il a proposé. Quand François Hollande
00:21:30gagne en 2012, il gagne avec 52%. C'est encore moins que Nicolas Sarkozy, mais les gens votent
00:21:37vraiment pour ce qu'il a proposé. Donc, à la fin, soit il tient ses promesses et globalement,
00:21:41une partie conséquente de ces 52% de Français reste convaincu et ça va, soit il ne les tient
00:21:48pas, ce qui n'a pas été le cas dans les deux cas. Et à ce moment-là, il y a des gens qui partent.
00:21:52Mais là, en l'occurrence, on est sur autre chose. Ça ne s'est pas joué sur les bons sujets,
00:21:56sur les bonnes questions. Donc derrière, vous avez un président de la République dans un contexte
00:22:01institutionnel ultra fragile qui essaie... On sent bien, on n'a jamais été aussi spécialisé sur le
00:22:0949-3, sur la Constitution, sur la censure, sur la manière de gouverner dans ces institutions. Des
00:22:16questions qu'on ne s'était jamais posées avant. Pourquoi ? Parce qu'en fait, c'est une survie,
00:22:20en réalité. Ce deuxième quinquennat est une survie. Et donc, la code de popularité des
00:22:25Premiers ministres ne dépend pas d'eux. Elle dépend de la code de confiance des Français dans
00:22:29ce qui est en train de se passer en ce moment. Alors justement, on va écouter Marine Le Pen,
00:22:33qui a expliqué ce que vous venez de dire finalement au fond. Geoffroy Lejeune,
00:22:37puisqu'on l'a fait réagir à notre sondage cet après-midi où elle était en visite sur un marché
00:22:42de Noël à Hénin-Beaumont. Écoutez-la et votre point de vue ensuite, Najwa.
00:22:48Il a soutenu Emmanuel Macron depuis 7 ans. Donc ce n'est pas très étonnant que sa courbe de
00:22:55confiance suive celle du président de la République. À charge pour lui, d'expliquer aux Français qu'il
00:23:01n'est peut-être pas là pour faire une politique macroniste, mais précisément pour réussir à
00:23:06trouver un chemin pour un budget qui respecte les poids politiques qui sont aujourd'hui
00:23:12représentés à l'Assemblée nationale et dont le Rassemblement national est le premier groupe.
00:23:16Donc finalement, Najwa El Haïté, le seul moyen pour François Bayrou de devenir populaire auprès
00:23:22des Français, c'est de rompre avec la politique d'Emmanuel Macron.
00:23:25Oui, enfin, j'ai envie de vous dire rompre avec la politique d'Emmanuel Macron. J'ai envie de
00:23:36vous dire surtout servir les intérêts de la France. C'est ça la priorité avant tout,
00:23:40plus que de rompre avec une politique telle ou telle.
00:23:44Mais ça veut dire donc pour vous qu'Emmanuel Macron ne remplissait pas cette tâche-là,
00:23:48c'est-à-dire qu'il avait oublié les Français en quelque sorte ?
00:23:50Non, ce n'est pas qu'il a oublié les Français, c'est que le déficit l'a établi sale,
00:23:57vous voyez. C'est-à-dire que certains vous diront du côté de l'ancienne majorité,
00:24:04donc Renaissance, il y a eu des aides qui ont été versées pendant le Covid. C'est ça qui a fait que
00:24:11le déficit de la France s'est creusé et donc maintenant on paye cela. Mais j'ai envie de vous
00:24:18dire pas que, parce que même Geoffroy Lejeune le rappelait. Je veux bien qu'on mette la
00:24:22responsabilité de ce gouvernement, en tous les cas particulièrement du président de la République,
00:24:29sur le déficit important de la France. Mais j'ai envie de vous dire que depuis 40 ans,
00:24:37on laisse faire. Je veux dire, le déficit n'était nullement un problème. Donc après,
00:24:43il s'est accru de manière importante avec l'arrivée au pouvoir du président de la
00:24:49République, avec le contexte de crise sanitaire qu'on a connu. Donc nous, ce qu'on attend,
00:24:54moi je me mets dans les Français, ce qu'on attend de François Bayrou, c'est surtout qu'il apporte
00:24:59des solutions et qu'il soit aidé. Je vais vous dire, il ne peut pas faire ça tout seul. À un moment,
00:25:05il faudra aussi un consensus au sein de l'Assemblée nationale. Mais vous dites quoi ? Quelle priorité ?
00:25:10L'immigration. On garde Bruno Retailleau à l'intérieur. On fait de la sécurité,
00:25:14de l'immigration, une priorité. On continue. On garde l'école. On ne change pas tous les
00:25:19trois jours de ministre de l'éducation nationale par exemple. Mais tout à fait. Là aussi il faut
00:25:23une stabilité, il faut une politique, il faut une vision pour notre école. Là, les chiffres sont
00:25:29inquiétants. Je parlais du classement PISA. Les chiffres sont extrêmement inquiétants. On est
00:25:34mauvais en mathématiques. Il y a de moins en moins d'enfants qui arrivent au collège en sachant lire
00:25:41et écrire. On ne peut qu'être inquiets. Donc l'école, c'est notre avenir. C'est l'avenir de
00:25:47nos enfances. Ça doit être en effet une de nos priorités. Quelle feuille de route, Geoffroy
00:25:51Lejeune ? L'école, nous dit Najwa El Haïté. Pour vous, quelle feuille de route doit mettre en
00:25:56place désormais François Bayrou justement pour répondre très concrètement aux attentes des
00:26:00Français ? Ce qui m'inquiète, c'est que ça fait 15 ans que je suis attentivement François Bayrou et
00:26:04que je vois certaines choses intéressantes, mais je ne vois pas globalement le projet qui va
00:26:09répondre aux questions du moment. En fait, la question d'aujourd'hui, c'est régler les problèmes
00:26:12et le faire avec l'assentiment des Français. Vous regardez tous les domaines où on a un réel
00:26:18problème et où les Français sont d'accord pour le régler de la même manière. Vous prenez la
00:26:22question, par exemple, de la dépense publique ou en tout cas de la dette. Les Français sont
00:26:25d'accord pour tailler dans la dépense publique et dans les dépenses de l'État. Bon, François
00:26:29Bayrou, pour le coup, là-dessus, il n'a pas attendu d'être Premier ministre pour en parler.
00:26:33Ça fait vraiment 20 ans qu'il en parle et tant mieux. Ensuite, la question de l'immigration. Je
00:26:38ne l'ai jamais entendu tenir le discours, par exemple de Bruno Retailleau, ni celui des Français
00:26:43d'ailleurs, qui veulent en gros restreindre tout. C'est-à-dire que vous posez la question. Avec
00:26:48CNews, le JDD européen, on fait des sondages quotidiens sur plein de sujets et notamment sur
00:26:52des sujets moratoires. C'est même plus que très clair. C'est écrasant. François Bayrou, ce n'est
00:26:58pas son sujet à la base. Donc là-dessus, il va le comprendre. Est-ce qu'il a le logiciel pour
00:27:04être un observateur de la vie politique ? Je pense qu'il comprend exactement ce que veulent
00:27:08les Français. Est-ce que ce sont ses idées ? Je ne suis pas sûr. Il a été un mois et quatre jours
00:27:13ministre de la Justice. Est-ce que ça lui a permis de comprendre le problème judiciaire en France ?
00:27:17Je ne sais pas non plus. Ça a été très court, mais c'est quelqu'un d'intelligent, qui est
00:27:21suffisamment cultivé et par ailleurs qui connaît très bien la politique. Est-ce qu'il est capable
00:27:25de comprendre le problème de la justice en aussi peu de temps ? Je ne sais pas. Donc sur tous ces
00:27:29sujets-là, la réalité, c'est que je pense... Je vais répondre à votre question de manière un peu
00:27:34bizarre. Celui qui aurait une capacité de transgression et de rompre avec Emmanuel Macron, c'est
00:27:37Macron lui-même. La vérité, c'est que je pense que Macron est capable de transgression, y compris
00:27:41avec ce qu'il a pu dire par le passé. D'ailleurs, il se contredit souvent. Et lui serait capable d'impulser
00:27:45ça. François Bayrou ne me semble pas être la personne la plus transgressive ni la plus radicalement
00:27:51opposée à ce que Macron a proposé jusqu'à présent.
00:27:53Il n'a joué à laïté, qu'il soit joué à laïté.
00:27:54Non, mais là, je rejoins Geoffroy Lejeune parce que la première chose qu'il ait dite avant de devenir
00:27:59premier ministre, c'est que si je deviens premier ministre, je ne vais pas parler des choses qui
00:28:02fâchent. Et les choses qui fâchent, c'est les retraites. Bien qu'il ait dit quand il y a eu le vote du
00:28:11projet de loi sur cette question-là, il disait la réforme est perfectible. Donc, il n'était pas forcément
00:28:17favorable tel qu'elle a été votée. Donc, il dit je ne vais pas parler des choses qui fâchent. Donc, la
00:28:23retraite, mais aussi l'immigration. Donc, ça va être intéressant de voir si Bruno Retailleau, parce que
00:28:31là, on saura si l'immigration est ou non sa priorité, s'il est renouvelé dans le cadre de son portefeuille
00:28:41de ministre de l'Intérieur. Mais j'ai l'impression que François Bayrou, c'est un peu le pas de vague.
00:28:47Vous voyez, il faut tenir. Donc, contenter le RN, contenter la gauche, contenter. Sauf qu'à force de
00:28:56vouloir contenter tout le monde, on s'y perd et on ne contente pas les Français.
00:29:00Alors, vous parliez du Rassemblement national. Justement, on va s'y intéresser. On se souvient, Emmanuel Macron
00:29:05a choisi d'exclure de ses consultations à la fois la France insoumise et le Rassemblement national.
00:29:10Je vous propose d'écouter justement une archive de François Bayrou. Il exprimait son point de vue sur ces deux parties.
00:29:16C'était en juin dernier. Dans l'entre-deux tours des législatives, justement, il était au micro de Laurence Ferrari.
00:29:21Écoutez-le. « Je pense que la menace que représente l'extrême droite, le Rassemblement national et ses alliés,
00:29:31et la menace que représente LFI et tous ceux qui gravitent autour de cette proposition politique-là sont un danger pour la France,
00:29:43dont j'ai la certitude que nous ne nous remettrions pas sans accident, et sans accident durable.
00:29:51Parce que quand des orientations sont prises qui opposent les Français entre eux, il faut des années après pour cicatriser ».
00:29:59Alors de son côté, Marine Le Pen, Geoffroy Lejeune, qui s'est aussi exprimé ce soir à la fois à Rénin-Beaumont, l'a entendu,
00:30:05est dans les colonnes du Figaro et elle affirme qu'il y a un moyen de trouver un terrain d'entente avec François Bayrou.
00:30:11Alors pour elle, elle n'a qu'un seul cap, Marine Le Pen, c'est de défendre ses 11 millions d'électeurs.
00:30:16Aujourd'hui, néanmoins, on sent bien et on sait qu'il y a eu des combats communs entre Marine Le Pen et François Bayrou.
00:30:24Il y a aussi une histoire personnelle qui rentre dans la balance.
00:30:28Disons que la seule raison pour laquelle François Bayrou a fait partie des possibilités de nomination de Premier ministre,
00:30:34c'est parce qu'il n'y avait pas de censure préalable de Marine Le Pen pour quelques raisons.
00:30:39C'est premièrement le combat sur la proportionnelle.
00:30:42Deuxièmement, mine de rien, ça compte, le parrainage de François Bayrou, qui a donné personnellement son parrainage à Marine Le Pen.
00:30:48En 2022.
00:30:49En 2022, moment où elle avait du mal à obtenir les siens.
00:30:53Et donc, ce n'est pas politiquement très significatif.
00:30:57En revanche, c'est de la considération et le procès.
00:31:02Absolument. Vous avez raison, ils ont vécu le même procès récemment.
00:31:04Et donc, à la fin, tout ça crée un contexte non pas d'adhésion aux idées de Marine Le Pen pour François Bayrou, mais par contre, de considération.
00:31:11Et vous remarquerez que la considération, c'est la seule chose dont elle dit avoir manqué de la part de Michel Barnier.
00:31:16Donc, c'est la chose qui a rendu possible cette opération.
00:31:20Maintenant, encore une fois, pour les suivre l'un et l'autre depuis un petit moment, pour les connaître un peu, les écouter, etc.
00:31:27Je ne vois pas tellement les terrains d'entente sur des sujets.
00:31:32Marine Le Pen parle de voix de passage.
00:31:34J'imagine que sur certains sujets, ils vont réussir.
00:31:36Mais sur les sujets qui fâchent, comme disait Najwa, je ne vois pas tellement où est-ce qu'ils vont se trouver.
00:31:39Est-ce que Marine Le Pen est toujours au centre du jeu ou pas ?
00:31:41C'est le Rassemblement national aujourd'hui.
00:31:42C'est intéressant parce que si Emmanuel Macron a passé la première moitié de sa semaine à essayer de trouver un premier ministre et un accord gouvernemental
00:31:52qui lui permettrait de se passer, en tout cas, de ne pas être sous la menace d'une censure de Marine Le Pen.
00:31:56Il n'a pas réussi.
00:31:57C'est ça, l'information de ce soir, c'est ça.
00:31:59C'est que s'il avait réussi à nommer quelqu'un, je ne sais pas, Cas9, je n'en sais rien, quelqu'un qui viendrait du PS ou quelqu'un de l'aile gauche de la Macronie
00:32:06qui lui aurait permis de gouverner sans menace de censure de la part de LFI et du RN réunis avec le Bloc central côté gauche.
00:32:14S'il avait pu, il l'aurait fait.
00:32:15Il n'a pas réussi à le faire.
00:32:16Ça veut dire que ça n'existe pas.
00:32:17Donc, le RN est toujours au centre du jeu.
00:32:19Donc, il nomme quelqu'un.
00:32:21Bayrou, Lecornu, c'était les mêmes expressions.
00:32:24Il nomme quelqu'un qui n'est pas menacé de censure automatiquement par le RN.
00:32:29Donc, ça veut dire que le RN n'est pas sorti du jeu.
00:32:30Je ne sais pas s'il est au centre du jeu, mais en tout cas, il n'est pas sorti du jeu.
00:32:32Najwa El Haïté, elle en parlait du Parti socialiste.
00:32:36Je pense que le RN est toujours au centre du jeu.
00:32:39Et bon, je ne suis pas dans la tête de l'actuel Premier ministre, mais au regard des relations, ils ne mènent pas, bien sûr, les mêmes combats.
00:32:48Loin de là, ils ont des divergences.
00:32:52D'ailleurs, François Bayrou vient de le rappeler.
00:32:55Mais quand vous rappeliez, Geoffroy Lejeune, qu'il y avait besoin de signatures, il était là en 2022.
00:33:02Quand Marine Le Pen avait des difficultés à financer sa campagne présidentielle, c'est lui qui parlait quand même de banque de démocratie en 2017,
00:33:13quand il était ministre de la Justice pour permettre aux partis politiques de se financer.
00:33:18Tout à fait.
00:33:19Eh bien, c'est lui qui le propose.
00:33:21Et quand vous écoutez François Bayrou, il ne dit pas que le RN est en dehors de l'arc républicain.
00:33:29Il le disait entre les deux tours des législatives.
00:33:31On l'a entendu dire l'instant.
00:33:32Moi, personnellement, je ne sais pas ce qu'il disait.
00:33:35C'est vrai qu'il a participé un peu de l'archive avec Laurence Ferrari.
00:33:37Oui, en tous les cas, je ne l'ai pas entendu dire à partir du moment où ce parti n'est pas interdit.
00:33:44Je ne vois pas pourquoi.
00:33:46Enfin, je veux dire pas interdit démocratiquement.
00:33:48Je ne vois pas pourquoi il ferait la même erreur.
00:33:51Enfin, on regarde ses prises de position et on les a rappelées concernant le RN, sans bien sûr partager ses idées.
00:34:00Je ne vois pas pourquoi il ne les mettrait pas autour de la table pour dialoguer et discuter.
00:34:05Vous y croyez ?
00:34:06Mais pourquoi ?
00:34:07Parce que sinon, on parlait du rôle essentiel et important, enfin incontournable, j'allais dire essentiel, incontournable du RN.
00:34:15Sinon, il finira comme Michel Barnier.
00:34:18Michel Barnier, et Dieu sait que je ne partage pas les idées du RN,
00:34:24mais c'est faire preuve de sens politique que de dire que vous avez un parti politique, le RN, qui a fait 11 millions de voix.
00:34:35Vous ne pouvez pas balayer d'un revers de main ces 11 millions de voix.
00:34:42Et donc, Michel Barnier a refusé d'ailleurs de « dialoguer » avec le RN et il le paye aujourd'hui.
00:34:57La motion de censure qui a été déposée par la gauche a été soutenue par le RN.
00:35:07Donc, je pense que le RN est incontournable si on veut que le gouvernement de François Bayrou puisse perdurer.
00:35:17Alors, vous mélangez, et on se mélange un peu tous les tas de François Bayrou, Michel Barnier.
00:35:22On va revenir un petit peu à cette stratégie politique avec le Parti socialiste.
00:35:26On va analyser tout cela dans un instant.
00:35:28Mais avant, je souhaitais que nous écoutions Philippe Devilliers,
00:35:33puisqu'il connaît par cœur les rouages de la politique, bien évidemment.
00:35:37Il connaît également très bien François Bayrou.
00:35:42Il est revenu sur cette passation de pouvoir et regardez l'analyse qu'il en a faite ce soir dans l'émission face à Philippe Devilliers.
00:35:49Écoutez ce qui m'a frappé tout à l'heure dans la passation de pouvoir.
00:35:55C'est que la vieillesse, parfois, ne propose rien non plus, puisqu'on a eu deux hommes politiques plutôt autosatisfaits
00:36:07et qui n'ont pas prononcé le mot France.
00:36:12Alors, ils ne l'ont pas fait exprès.
00:36:15Je ne mets pas en cause leur patriotisme, leur attachement au pays.
00:36:19Mais on a l'impression qu'aujourd'hui, dans toute cette histoire, même quand on écoute les journalistes, on tourne en rond.
00:36:28En fait, on est dans un entre-soi. On est dans un jeu.
00:36:33Et ce côté ludique agace nos compatriotes et moi, m'agace profondément parce que pendant ce temps-là, le bateau coule.
00:36:43Alors, ce qui est intéressant, il est vrai que les journalistes politiques,
00:36:46nous journalistes sur les chaînes d'info, nous décryptons toutes ces stratégies pour éclairer le téléspectateur.
00:36:52Mais au fond, le nœud du problème, est-ce que cette nomination, elle ne révèle pas un entre-soi qui devient depuis des années insupportable ?
00:37:00Et en même temps, on peut se dire que ce sont quand même des politiques d'expérience et on en a besoin.
00:37:06Il y a ces deux visions, finalement, laquelle vous sautent aux yeux, Jean-Paul.
00:37:11Ce qui est intéressant, c'est que j'étais en plateau avec Philippe tout à l'heure, donc j'ai entendu le début du raisonnement,
00:37:14parce qu'on n'a vu qu'un moment.
00:37:16C'était sur le jeunisme.
00:37:17C'était sur les rénovateurs.
00:37:18Les rénovateurs, exactement.
00:37:19Et les gens ne le savent pas en réalité, mais en 1989, ils étaient une douzaine, je crois.
00:37:24Et il y a des gens issus du RPR et de l'UDF, dont faisaient partie Philippe de Villiers et François Bayrou,
00:37:29qui ont décidé de créer un groupe avec d'autres.
00:37:32François Fillon était dedans, par exemple, qui s'appelait Les Rénovateurs et qui décidaient de renouveler la vie politique française.
00:37:37Et ils étaient de droite et du centre et ils avaient plein d'idées et surtout aucune.
00:37:41C'est ce que Philippe nous racontait tout à l'heure.
00:37:42C'était une forme de mea culpa.
00:37:43En fait, ils voulaient renouveler pour renouveler, mais ils n'étaient pas d'accord entre eux sur le fond.
00:37:47Et donc, à la fin, ça tournait à vide et ça, ça a échoué, évidemment.
00:37:50Et en fait, il expliquait qu'à l'époque, ils avaient misé tout sur leur jeunesse et qu'en fait,
00:37:56ils n'en avaient rien fait parce que la jeunesse n'est pas une vertu en soi.
00:38:00Et j'ai trouvé ça assez, comment dire, intéressant et surtout émouvant de voir une forme d'aveu de quelqu'un qui était dedans,
00:38:06qui disait qu'en fait, c'était pour aller vite de nul.
00:38:09Et en même temps, il commentait, sans être insultant, une forme de vieillesse qui se passait le pouvoir.
00:38:17Et moi, le sentiment que j'ai eu en regardant cette image, c'est pas une archive, c'était il y a quelques heures,
00:38:23mais de Michel Barnier transmettant le pouvoir à François Bayrou.
00:38:28Je me suis dit qui transmet le pouvoir à qui en réalité ?
00:38:32Vous avez quelqu'un ?
00:38:33Ils ont tous les deux 73 ans, d'ailleurs, on peut le souligner.
00:38:35Et indépendamment de leur âge, vous avez raison, ils ont le même âge, c'est la même génération.
00:38:38Ce sont des gens qui, en fait, se connaissent depuis toujours, depuis 50 ans.
00:38:44Et en fait, qui transmet le pouvoir à qui ?
00:38:46C'est quelqu'un qui, il y en a un qui était plutôt au centre, l'autre qui était plutôt à droite.
00:38:49Mais en réalité, sur quoi sont-ils en désaccord fondamentalement ?
00:38:53Et en fait, je me posais la question.
00:38:54Il n'y a pas de désaccord fondamental.
00:38:57Il n'y a aucun désaccord fondamental.
00:38:58Et quand vous regardez, ils ont été du même côté au moment de Maastricht, qui était un des gros tournants de notre vie politique.
00:39:05Ils ont voté pour les mêmes gens toute leur vie.
00:39:09Peut-être la seule divergence qu'ils peuvent avoir, c'est la détestation dans le cadre de François Bayrou, de Nicolas Sarkozy.
00:39:14Mais sinon, globalement, ils étaient toujours un peu d'accord.
00:39:17Et en fait, à la fin, moi, je suis mal à l'aise avec cette impression, cette mise en scène.
00:39:24Je ne reproche pas ça aux journalistes.
00:39:25Je suis journaliste et je fais la même chose.
00:39:27Mais on raconte l'histoire en temps réel, donc on commente des passations de pouvoir, évidemment.
00:39:32Mais en revanche, par contre, il faut qu'on soit honnête et qu'on dise aux gens qu'on est dans le guépard de l'empédosa.
00:39:37C'est-à-dire qu'en fait, tout change et rien ne change.
00:39:40C'est une perpétuation de la même histoire avec des nuances, avec des différences de caractère, avec des différences de méthode, peut-être.
00:39:47Mais politiquement, Emmanuel Macron a usé, je crois, six premiers ministres.
00:39:51Enfin, en tout cas, c'est son sixième, je crois, ou septième, je ne sais plus.
00:39:54Sixième, depuis son...
00:39:56Et en fait, il mène la même politique depuis le début en ayant perdu des élections.
00:40:02Et c'est ça qui est peut-être la nouvelle donnée qui va devenir un problème démocratique.
00:40:08Avant, il y avait plein de problèmes démocratiques, notamment l'abstention, notamment le manque d'élections intermédiaires, le manque de référendums.
00:40:15Enfin, il y avait le Front républicain qui empêchait, autour de la présidentielle, un vrai choix, etc.
00:40:20Vous ajoutez ça maintenant.
00:40:22Vous ajoutez en fait les majorités qui tombent à l'Assemblée nationale avec des gens qui se ressemblent, qui se succèdent.
00:40:26Tout change pour que rien ne change.
00:40:28Je me souviens, nous utilisions cette expression au lendemain de la dissolution.
00:40:32Et on a le sentiment que c'est toujours la même chose.
00:40:35À vous entendre, Geoffroy Lejeune, Najwa El Haïté, est-ce que c'est cela, au fond, qui agace profondément les Français aujourd'hui, cette continuité ?
00:40:43Alors qu'Emmanuel Macron, il incarnait ou il voulait incarner ce changement.
00:40:48Il n'en est rien aujourd'hui.
00:40:49Oui, à son arrivée au pouvoir, il voulait incarner ce renouvellement de la classe politique.
00:40:56Parce que je vous rappelle qu'Emmanuel Macron n'a jamais été élu.
00:41:00Ce n'est pas un élu local.
00:41:02Ce n'est pas un apparatchik.
00:41:04Emmanuel Macron, c'est une personnalité issue de la société civile.
00:41:09Et donc, les Français, tout comme moi à l'époque, estimaient que cette candidature audacieuse allait souffler un vent nouveau dans la classe politique.
00:41:25Mais bon, moi, ce que je constate pour avoir milité pendant plusieurs années, c'est-à-dire que les partis politiques,
00:41:34il est arrivé au moment où on constate que les partis politiques ne réfléchissaient plus du tout, n'avaient pas de vision pour le pays.
00:41:42On parlait de la France.
00:41:45Monsieur De Villiers disait tout à l'heure.
00:41:47Je constate qu'aucun des premiers ministres n'a parlé de la France.
00:41:52Mais moi, quand j'ai milité dans les années 90, j'ai commencé à militer toute jeune, à cette époque-là, on réfléchissait.
00:42:00Il y avait des idées.
00:42:01On savait ce qu'était la droite.
00:42:03On savait ce qu'était la gauche.
00:42:05Sauf qu'à l'arrivée du président de la République au pouvoir, Emmanuel Macron, il a tout chamboulé.
00:42:11Mais il est arrivé dans un contexte où, je le rappelle, les partis politiques étaient complètement sclérosés.
00:42:19Ils étaient devenus des partis d'élus.
00:42:21On ne réfléchissait plus.
00:42:22D'ailleurs, c'est à partir de là où j'ai commencé à quitter le militantisme auprès du Parti socialiste, plus précisément.
00:42:34Mais les Français comptaient beaucoup sur lui pour apporter un souffle nouveau qui n'est pas arrivé.
00:42:42Et pourtant, le souffle nouveau, souvenons-nous, on va revoir une nouvelle archive de François Bayrou.
00:42:48Il défendait la proportionnelle, on va l'entendre, et il s'opposait à l'utilisation du 49-3.
00:42:54Alors est-ce qu'aujourd'hui, pour lui, c'est le moment de mettre en place de nouvelles mesures ?
00:42:59Écoutez-le.
00:43:01Le temps est venu, en effet, de changer de République.
00:43:04On ne peut pas continuer comme ça.
00:43:06Il n'y a au Parlement que les représentants des majorités, UMP, PS.
00:43:12Voulez-vous qu'on fasse un calcul ensemble ?
00:43:16Jacques Chirac et Lionel Jospin, la dernière élection présidentielle, ont fait l'un 19 et l'autre 16.
00:43:21Ça fait 35 % des voix.
00:43:23Ils ont, ces deux partis, l'UMP et le PS, écoutez bien, 88 % des sièges à l'Assemblée nationale.
00:43:30Ils font 35 % des voix à l'élection présidentielle.
00:43:34Au premier tour, ils ont 88 % des sièges.
00:43:36Est-ce que c'est juste ? Ça ne l'est pas.
00:43:39Et je veux changer cela.
00:43:40Deuxième exemple.
00:43:43Le gouvernement passe en force sur tous les sujets.
00:43:46Quelquefois, les socialistes l'y obligent.
00:43:47Avec l'éloi des pouvoirs.
00:43:48Et c'est bien dommage.
00:43:49Je suis contre le fait que la France soit le seul pays où le gouvernement puisse passer en force.
00:43:55Si vous êtes obligé de convaincre les Français qui sont en face de vous,
00:44:00à ce moment-là, vous faites attention à ce qu'ils vous disent.
00:44:03C'est le quatrième Premier ministre en un an, Geoffroy Leven.
00:44:07C'est lui jamais vu dans notre Ve République.
00:44:10On entendait cette archive de François Bayrou.
00:44:13N'est-ce pas le signe aujourd'hui qu'il faut changer les choses ?
00:44:15Finalement, notre situation politique, selon vous, notamment le système électoral.
00:44:19Est-ce que le moment est venu ?
00:44:22Je ne pense pas du tout.
00:44:23Je vais dire une chose caricaturale, mais que je pense vraiment, c'était mieux avant.
00:44:29Et c'était mieux notamment à l'époque de l'archive.
00:44:32Et je pense que d'ailleurs, cette archive est assez éloquente.
00:44:35En réalité, vous parlez d'un moment, je ne sais pas de quand elle date.
00:44:37À mon avis, elle doit dater de Sarkozy.
00:44:39Des années Sarkozy, en tout cas, où à l'époque, il fait 18%
00:44:43au second tour de la présidentielle en 2007 et il reproche pendant cinq ans
00:44:47au PS, Ségolène Royal avait été au second tour de la présidentielle
00:44:51et à l'UMP, Nicolas Sarkozy avait gagné de monopoliser les pouvoirs, etc.
00:44:58Il est en train de décrire les institutions voulues par le général de Gaulle.
00:45:01Il est en train de décrire un système.
00:45:03En réalité, il faut comprendre que le général de Gaulle
00:45:06invente la Vème République pour sortir d'un chaos politique qui...
00:45:11Pardon, je vais le faire dans l'autre sens.
00:45:13Nous vivons la fin de la quatrième République.
00:45:15C'est un chaos politique avec des majorités introuvables.
00:45:21Une assemblée nationale qui reconstitue des gouvernements
00:45:25toutes les trois semaines ou tous les deux mois avec des accords de boutiquiers.
00:45:28Enfin, exactement ce qu'on est en train de vivre en ce moment.
00:45:31Et des partis qui ne représentent pas beaucoup d'électeurs
00:45:34sont les faiseurs de rois pour décider qui va être le président du conseil.
00:45:37On appelait comme ça à l'époque le premier ministre.
00:45:39Et le général de Gaulle arrive.
00:45:41La guerre d'Algérie fait tomber ce système et il invente autre chose.
00:45:45Et il réinvente la monarchie républicaine,
00:45:47c'est à dire le système où le peuple choisit son monarque.
00:45:51Avant, c'était Dieu. Maintenant, c'est le peuple.
00:45:52Mais en l'occurrence, le peuple choisit son monarque.
00:45:54Et à partir de là, tout découle de cette fonction présidentielle.
00:45:58Et on a un système majoritaire avec des élections majoritaires à deux tours, etc.
00:46:03Et on a une prime aux gagnants, une prime à l'opposant.
00:46:06C'est fait pour le bipartisme et ça tient et ça a tenu pendant des décennies.
00:46:12Et c'est quelque part, depuis la démocratie,
00:46:15un assez long moment de quiétude institutionnelle.
00:46:20La Vème République, d'ailleurs, c'est la plus longue République.
00:46:22Et aujourd'hui, des gens l'ont abîmée.
00:46:27Elle a été dévoyée. Elle a été attaquée.
00:46:30Et par ailleurs, elle s'est usée aussi, il faut être honnête.
00:46:33Et on arrive à un système qui finit par ressembler à la Quatrième République.
00:46:36Et au moment où François Bayrou dit ça,
00:46:39je pense que les choses allaient beaucoup mieux qu'aujourd'hui.
00:46:41Et aujourd'hui, d'ailleurs, c'est très cruel ce que je veux dire.
00:46:44Mais il est, comment dire, il est en train de souhaiter que dans cette archive,
00:46:49ce qui est en train de se passer aujourd'hui,
00:46:50parce que ça lui permet de devenir premier ministre.
00:46:52C'est cette situation dont vous ne souhaitez en aucun cas
00:46:55le changement de cette Vème République.
00:46:57Mais non, mais je pense que je pense que la proportionnelle serait une catastrophe.
00:47:00Ce serait une catastrophe, ce serait l'affaiblissement définitif.
00:47:04Et donc, je pense qu'en fait, un système qui permet à quelqu'un
00:47:06qui pèse 10, 15, 12 % des voix d'être le faiseur de roi
00:47:10est la fin de ce système.
00:47:11Et je pense que ce système est le meilleur.
00:47:12Donc, je suis absolument content.
00:47:13Najwa El Haïté, vous rejoignez l'analyse de Geoffroy Lejeune.
00:47:16Pour vous, il ne faut surtout pas toucher à cette Vème République.
00:47:20En tous les cas, le président de la République,
00:47:23Emmanuel Macron, a tout chamboulé.
00:47:25Donc, a tout chamboulé, c'est-à-dire,
00:47:28je vais être précise sur ma pensée.
00:47:32Tout d'abord, parce que la Vème République,
00:47:34l'esprit de cette République-là était basé sur une alternance droite-gauche.
00:47:41Là, c'est fini, c'est terminé.
00:47:44Je veux dire, tout était mietté.
00:47:46Vous avez l'air qui n'est plus que l'ombre de lui-même.
00:47:50Le PS, n'en parlons plus, qui n'est même plus un parti de gouvernement.
00:47:54Vous avez El-Effi qui domine la gauche.
00:47:58C'est bien réel, parce qu'on peut parler des sorties d'Olivier Faure,
00:48:04qui, soi-disant, était en train de voir et de négocier
00:48:09pour pouvoir rentrer au gouvernement.
00:48:11Mais moi, je pense que c'était une posture.
00:48:13En réalité, il ne souhaitait nullement rentrer au gouvernement.
00:48:18Il souhaitait simplement flatter une partie du Parti socialiste
00:48:22qui estimait qu'il fallait voir s'il y avait des possibilités
00:48:28pour rentrer au sein de ce gouvernement.
00:48:30Mais Olivier Faure n'a jamais, je pense, dans son esprit,
00:48:34voulu rentrer dans un quelconque gouvernement du président Emmanuel Macron.
00:48:39Donc, je reviens à la Vème République.
00:48:42Là, la Vème République, telle qu'elle est, elle est dévoyée dans son esprit
00:48:46parce que cette alternance droite-gauche n'existe plus.
00:48:50Alors, est-ce qu'il faut réinventer ?
00:48:52Moi, je ne suis pas constitutionnaliste, je suis humble en la matière.
00:48:56Est-ce qu'il faut réinventer quelque chose ?
00:48:59Peut-être, mais le président Emmanuel Macron, quand il arrive au pouvoir,
00:49:04il le dit, il dit qu'il faut réformer les institutions.
00:49:07Il faut apporter un nouveau souffle.
00:49:09Sauf qu'on ne l'a pas vu, je le disais, ce nouveau souffle,
00:49:12d'autant qu'il souhaitait revoir le découpage électoral.
00:49:17Il souhaitait simplifier le millefeuille administratif.
00:49:22Il souhaitait supprimer l'échelon régional, ce qui n'a pas été le cas.
00:49:28Et vous voyez, ça a été mis de côté.
00:49:31Après, on peut parler de la crise sanitaire et donc les priorités étaient autres.
00:49:36Mais en tous les cas, il voulait réformer, institutionnellement parlant,
00:49:40les choses, notamment, et je peux en parler
00:49:42puisque à un moment, j'étais au cœur du système, entre guillemets,
00:49:47en termes de militantisme au sein de territoires de progrès
00:49:51qui était une sucursale de renaissance.
00:49:53Il voulait opposer, faire une alternance démocrate-antidémocrate.
00:49:59C'était ça, son ambition.
00:50:01Mondialiste contre les anti-mondialistes.
00:50:05C'est là l'ambition du président de la République qu'il avait.
00:50:09C'était de, on en finit avec l'alternance droite-gauche
00:50:13et maintenant, c'est les démocrates contre les anti-démocrates,
00:50:16les mondialistes contre les anti-mondialistes.
00:50:19Eh bien, aujourd'hui, on est dans l'impasse.
00:50:24Et il y a une véritable instabilité institutionnelle.
00:50:28Donc, je le répète, moi, je reste optimiste et j'espère que la solution,
00:50:34même si Geoffroy Lejeune n'y croit pas, elle viendra de monsieur Bayrou.
00:50:39Je l'espère, mais je l'espère non pas pour moi,
00:50:42mais je l'espère pour la France et les Français.
00:50:46Parce qu'il faut qu'on sorte de cette impasse.
00:50:48Et il y a une responsabilité globale de l'ensemble de nos élus,
00:50:52des parlementaires, pas uniquement de François Bayrou,
00:50:56nouvellement nommé Premier ministre.
00:50:57Avec qui, d'ailleurs, peut-être Rameau,
00:50:59parce qu'après, on va s'intéresser à un livre d'un de vos beaux amis,
00:51:03me semble-t-il, Michel Houellebecq.
00:51:05Et il l'avait vu, finalement, l'arrivée de François Bayrou à Ramatignon.
00:51:09C'est incroyable.
00:51:10C'est sidérant.
00:51:11Je vais vous lire dans un instant quelques lignes de son livre.
00:51:15Et effectivement, c'est sidérant.
00:51:16Comme vous dites, à présent, avec qui, ce nouveau gouvernement?
00:51:20Maintenant, pour François Bayrou.
00:51:22Moi, je pense que la seule vraie question politique,
00:51:25c'est le sort de Bruno Retailleau, c'est à dire qu'en fait,
00:51:27Bruno Retailleau a incarné aux yeux de l'opinion pendant trois mois,
00:51:30un peu comme Gabriel Attal, d'ailleurs, a incarné pendant trois mois
00:51:34aux yeux de l'opinion quand il était à l'Éducation nationale.
00:51:36Quelque chose qui a plu et ça lui a permis de devenir Premier ministre.
00:51:38Aujourd'hui, Bruno Retailleau, depuis trois mois, a incarné ce que l'opinion voulait.
00:51:43Donc, s'il est gardé avec un périmètre gigantesque,
00:51:48avec les moyens de faire exactement ce qu'il veut, etc.
00:51:50Je pense que les choses vont tenir.
00:51:53Si Bruno Retailleau est cornaqué, s'il est viré ou s'il est cornaqué,
00:51:58qu'il n'a pas les moyens de faire ce qu'il veut,
00:51:59qu'il n'a plus de loi immigration, etc.
00:52:02L'équation est totalement différente.
00:52:03Qu'est ce qui se prépare là? Un duel ou un duo selon vous?
00:52:07Pour le coup, ça dépend de Bayrou.
00:52:08C'est vraiment vu que puisque François Bayrou a gagné un bras de fer
00:52:12avec Emmanuel Macron, il va faire son gouvernement tout seul.
00:52:16C'est à lui de décider s'il veut Retailleau comme allié
00:52:18ou s'il n'en veut plus et s'il le met comme adversaire au sein du gouvernement.
00:52:23Et j'ajoute que Bruno Retailleau, parce qu'il y a la question régalienne, etc.
00:52:26Bruno Retailleau, il a d'autres lignes rouges.
00:52:28Je me permets de dire que c'est quelqu'un qui est opposé à l'euthanasie.
00:52:31Il y avait un texte qui était en examen en ce moment au Parlement.
00:52:36Ça fait partie des choses qui...
00:52:37Et il ne dévie pas, il est toujours sur la même ligne.
00:52:38Bien sûr, mais il a raison par ailleurs.
00:52:40C'est un homme de conviction.
00:52:42C'est bizarre de demander aux gens de changer de conviction.
00:52:45Donc lui, on l'observe, on en a vu tellement.
00:52:46Il a cette qualité, bien sûr, il a cette qualité de tenir sur ses convictions.
00:52:49Et vu le poids politique qu'il s'y a aujourd'hui, il va imposer, je pense,
00:52:53il est en train, peut-être même en ce moment, d'imposer à François Bayrou
00:52:56cette ligne rouge.
00:52:57Donc on verra.
00:52:58S'il n'est pas dans ce gouvernement, c'est une autre équation politique.
00:53:01S'il y est, c'est pour moi la garantie pour François Bayrou
00:53:04de pouvoir naviguer pendant quelques temps avec une possibilité
00:53:07de parler à Marine Le Pen éventuellement, etc.
00:53:09S'il n'y est pas, c'est le choix d'aller vers la gauche,
00:53:11de miser sur le Parti socialiste.
00:53:14Et pour le coup, je pense que ça partira dans le mur assez rapidement.
00:53:16Cette forme d'accord de non-censure allant du LR au PS
00:53:20qui permettent au gouvernement de ne plus être otage,
00:53:23si je puis dire, du Rassemblement national.
00:53:24Vous y croyez ou pas ?
00:53:25Puisque cette question-là, cette solution d'un pacte de non-agression,
00:53:29elle a été évoquée, Najwa El Haïdé.
00:53:32De LR à la gauche, je n'y crois pas du tout.
00:53:34LR au PS avec une forme d'accord de non-censure, finalement,
00:53:38pour isoler le Rassemblement national.
00:53:40Oui, mais le PS a aussi fixé ses lignes rouges,
00:53:44c'est-à-dire la non-utilisation du 49-3.
00:53:47Est-ce que François Bayrou, Premier ministre,
00:53:50va pouvoir arriver à des consensus
00:53:55pour obtenir la non-utilisation de cet article ?
00:53:58J'en doute, parce que là, la gauche,
00:54:02je le rappelle, dominée par LFI,
00:54:04on est loin de faire des diminutions drastiques sur les dépenses.
00:54:10D'ailleurs, la ligne rouge, c'est aussi les retraites.
00:54:13Donc là, François Bayrou, même si initialement, il disait
00:54:17qu'on aurait pu mieux faire concernant les retraites,
00:54:19je ne crois pas qu'il souhaite l'abrogation
00:54:23de la loi qui a été votée sur les retraites.
00:54:25Mais là encore, c'est une ligne rouge du NPF,
00:54:29du Nouveau Front Populaire.
00:54:33Donc, je ne vois pas comment on y arrive.
00:54:36J'ai envie de vous dire, je ne vois pas.
00:54:38Tout cela, effectivement, s'annonce complexe.
00:54:41En tout cas, les Français ont besoin de stabilité.
00:54:43La tâche est ardue.
00:54:44Il parlait d'ailleurs d'Himalaya, François Bayrou.
00:54:46François Bayrou, qui était au cœur du livre de Michel Houellebecq.
00:54:51Vous vous souvenez de Soumission ?
00:54:52Alors, vous connaissez très bien Michel Houellebecq.
00:54:53Geoffroy Lejeune, je le disais il y a un instant.
00:54:55C'était il y a 9 ans, me semble-t-il.
00:54:57L'écrivain avait décrit cette nomination
00:55:00de ce vieux politicien bernais,
00:55:02battu dans pratiquement toutes les élections
00:55:03auxquelles il s'était présenté depuis une trentaine d'années.
00:55:05Je reprends les mots du livre.
00:55:07Et c'était tout à fait prémonitoire.
00:55:09Je vais vous lire quelques lignes.
00:55:10« Surexcité, les journalistes des chaînes infos
00:55:13se relayèrent tout l'après-midi afin d'essayer d'en savoir un peu plus
00:55:16sur les conditions de l'accord et la répartition des ministères,
00:55:19s'attirant à chaque fois la même réponse
00:55:21sur la vanité des considérations politiciennes,
00:55:24l'urgence de l'unité nationale et de penser les plais d'un pays divisé.
00:55:29Tout cela était parfaitement attendu, prévisible.
00:55:31Ce qui l'est témoin, c'était le retour de François Bayrou
00:55:33au premier plan de la scène politique.
00:55:35Voilà ce qu'on peut lire.
00:55:37Chez Michel Houellebecq, c'était il y a 9 ans.
00:55:38C'est absolument sidérant et incroyable.
00:55:41C'est visionnaire, j'offre à les jeunes.
00:55:43Moi, c'est Pascal Praud qui m'a envoyé cet extrait
00:55:45tout à l'heure par SMS.
00:55:47Je l'ai lu et je me suis dit, à chaque fois que je lis du Michel Houellebecq,
00:55:50je me dis, mais il va trop loin, il exagère.
00:55:54Parce qu'il y a eu quand même la question de l'attentat de Charlie Hebdo.
00:55:58Ce livre-là a été publié le jour de l'attentat de Charlie Hebdo.
00:56:01Et c'était un livre sur la soumission de la France à l'islamisme.
00:56:04Et le jour de la parution, il y avait une polémique.
00:56:06Houellebecq est islamophobe, etc.
00:56:08Et ce jour-là, les frères Kouachi sont rentrés à Charlie Hebdo
00:56:10et ont rafalé tout ce qu'ils pouvaient.
00:56:12Ensuite, il y a eu Sérotonine, son livre suivant,
00:56:17qui racontait la crise des agriculteurs quelques années à l'avance
00:56:21ou des gilets jaunes, d'ailleurs, comme vous voulez.
00:56:22Mais c'était sur le monde agricole.
00:56:24Et à chaque fois, je me dis, il va trop loin.
00:56:26Il exagère. Je l'aime énormément.
00:56:28Je pense qu'il a beaucoup de talent, évidemment, etc.
00:56:30Mais je me dis toujours quand je le lis que finalement,
00:56:33il prend trop de liberté avec la réalité et ce qu'il raconte arrive.
00:56:37Et je pense qu'il a cette qualité de voir ce qu'il voit
00:56:40et finalement, de penser que les causes ont des conséquences.
00:56:45Et donc, il finit toujours par décrire une situation assez réaliste, assez réelle.
00:56:50Là, le portrait de François Bayrou est très cruel.
00:56:52Et en même temps, sur la classe politique,
00:56:55cette espèce de consensus mou qui consiste à trouver
00:57:00que tout à coup, la solution raisonnable,
00:57:03ça va être de prendre celui qui gêne le moins, etc.
00:57:05Je suis désolé de le dire, c'est terrible pour François Bayrou,
00:57:07mais je pense qu'on assiste à ça.
00:57:10Najwa El Haïté, pour conclure l'actualité qui va continuer dans un instant avec Julien Pasquet,
00:57:13bien évidemment, mais le mot de la fin, c'est pour vous, Najwa.
00:57:15Alors, Michel Houellebecq, tout à fait visionnaire, c'est ce que je disais d'ailleurs,
00:57:18c'est impressionnant, impressionnant, mais je le trouve en effet très cruel
00:57:22vis-à-vis de François Bayrou, en réalité, parce que quand il dit
00:57:28qu'il a quasiment perdu toutes ses élections, je le trouve extrêmement sévère.
00:57:32Oui, ses élections présidentielles, ça, c'est sûr.
00:57:35Mais il a quand même été député, il a été quand même maire de Pau,
00:57:39il a été réélu récemment, puis il le traite aussi de stupide.
00:57:44Là aussi, c'est assez caricatural, parce que moi,
00:57:46je reviens sur ce que je disais précédemment.
00:57:48Quand vous arrivez à ce niveau de politique, vous ne pouvez pas être stupide.
00:57:54Alors, je reviens sur le côté stratège.
00:57:56Vous pouvez être stratège et vous louper, voyez, c'est-à-dire avoir mal misé,
00:58:02excusez-moi mes propos assez crus.
00:58:05Mais moi, je pense sincèrement que François Bayrou est un stratège.
00:58:09Sinon, il ne serait pas arrivé.
00:58:11Certes, dans un contexte qui a facilité son arrivée en tant que Premier ministre,
00:58:17mais il n'en demeure pas moins qu'au bout d'un demi-siècle, quand même.
00:58:21Ça fait un demi-siècle qu'il est dans...
00:58:25Il fait de la politique, quand même.
00:58:26Pour durer aussi longtemps, je peux vous dire, vous en avalez des couleuvres.
00:58:30Les choses trappent, eh ben, il est là, il est là.
00:58:34Et donc, stupide, je trouve que ce terme était assez déplacé concernant François Bayrou.
00:58:41Je ne suis pas l'avocate de François Bayrou,
00:58:43mais sur ce point-là, je ne suis nullement d'accord avec Michel Houellebecq.
00:58:47Et François Bayrou, qui rencontre en ce moment même Bruno Retailleau.
00:58:51Alors, à la fois pour traiter les affaires courantes,
00:58:53puisque vous le savez, il y a le pape François qui arrive en Corse demain.
00:58:55Donc, il y a un aspect sécuritaire.
00:58:57Il doit parler également de la situation à Mayotte.
00:58:59Et on l'imagine, ils vont parler, bien évidemment, les deux hommes, de la situation politique.
00:59:05Nous suivons tout cela de très près.
00:59:08L'actualité qui continue sur CNews, décryptage, analyse de la nomination de François Bayrou.
00:59:13Ça continue dans un instant avec Julien Pasquet et ses invités.
00:59:17Vous les retrouverez tout de suite.
00:59:18Mais avant, si vous l'aviez raté, je vous propose de revenir sur cette passation de pouvoir
00:59:24entre Michel Barnier et François Bayrou.
00:59:26C'était cet après-midi sur CNews.
00:59:30Monsieur le Premier ministre, cher Michel,
00:59:35vous avez dit que nous nous connaissions depuis longtemps.
00:59:39C'est absolument vrai.
00:59:41Notre premier engagement ensemble, c'était dans un mouvement qu'on appelait les Rénovateurs.
00:59:49Et en effet, c'est une tâche qui est encore devant nous aujourd'hui.
00:59:54Je veux commencer en vous exprimant un sentiment de gratitude.
01:00:02Gratitude de citoyens pour le risque que vous avez pris
01:00:09de vous engager dans cette fonction,
01:00:12pour avoir affronté la difficulté des temps,
01:00:18et Dieu sait que cette difficulté des temps est importante,
01:00:22pour le désintéressement que vous avez manifesté,
01:00:29qui donne de l'engagement politique
01:00:34une image que vous et moi, et beaucoup de millions de Français, nous aimons.
01:00:39Et donc, je voulais vous dire merci pour cet engagement et pour ce risque.
01:00:44Alors, je ne serai pas très long pour ne pas m'exposer
01:00:48à des incidents que je redouterai, étant donné votre verbe.
01:00:57Je veux dire des choses très simples.
01:01:01La première de ces choses, c'est que nul plus que moi
01:01:06ne connaît la difficulté de la situation.
01:01:11J'ai pris des risques inconsidérés dans ma vie politique
01:01:17pour poser dans les élections les plus importantes,
01:01:21dans les échéances électorales essentielles,
01:01:24la question de la dette et des déficits.
01:01:29J'ai même conduit des campagnes présidentielles sur ce thème,
01:01:33et tout le monde, nous en disions un mot avec le sourire tout à l'heure,
01:01:37tout le monde disait, il est complètement fou,
01:01:40on ne fait pas une campagne sur la dette.
01:01:43Eh bien, je crois que cette question-là, déficit et dette,
01:01:48c'est une question qui pose un problème moral,
01:01:51pas un problème financier seulement, un problème moral,
01:01:56parce que se débarrasser de ses charges sur ses enfants,
01:02:03dans les pays comme les nôtres,
01:02:05dans les pays de montagne, d'enracinement,
01:02:09c'est très mal vu, à juste titre.
01:02:13Et donc, votre message sur la gravité de la situation,
01:02:19je le reçois et je le partage.
01:02:23C'est le premier point.
01:02:25Et c'est pourquoi, devant une situation d'une telle gravité,
01:02:31ma ligne de conduite sera de ne rien cacher,
01:02:36de ne rien négliger et de ne rien laisser de côté.
01:02:40Je sais que la tentation est dure.
01:02:42Écoutez, prenez un ou deux sujets,
01:02:45concentrez-vous là-dessus et laissez faire le reste
01:02:50dans la médiocrité.
01:02:52Je ne choisirai pas cette ligne.
01:02:55Je pense que nous avons le devoir,
01:03:00dans un moment aussi grave pour le pays, pour l'Europe
01:03:04et devant tous les risques de la planète,
01:03:07nous avons le devoir d'affronter les yeux ouverts,
01:03:12sans timider la situation qui est héritée de décennies entières,
01:03:21dans lesquelles on n'a pas regardé comme nécessaire et urgent
01:03:27la recherche des équilibres sans lesquels on a du mal à vivre.
01:03:31Disons simplement que, les dernières années,
01:03:33l'accumulation de crises a été telle
01:03:36que les explications sont parfaitement compréhensibles.
01:03:46Je veux dire simplement que j'ai deux obsessions.
01:03:53La première obsession, qui est pour moi un des risques les plus graves,
01:03:59c'est le mur de verre qui s'est construit
01:04:03entre les citoyens et les pouvoirs,
01:04:07entre la base, les femmes et les hommes, les familles,
01:04:12ceux qui travaillent, ceux qui cherchent du travail,
01:04:15ceux qui sont à la retraite, ceux qui mènent la vie des Français,
01:04:23dans le voisinage, ceux qui affrontent des difficultés
01:04:35dont ils ne voient pas le relais dans la vie publique.
01:04:40Ce mur de verre, cette séparation, cette rupture,
01:04:45pour moi, c'est un ennemi à combattre,
01:04:48et notamment la compréhension de ce que nous disons.
01:04:53Les mots qu'on utilise pour décrire la situation,
01:04:56les éléments de langage qu'on dit.
01:05:00Si je peux, j'ai une absolue conscience de la difficulté de la tâche,
01:05:05si je peux, j'essaierai de débarrasser notre vie publique
01:05:11et nos débats des paroles artificielles,
01:05:16des mots dont on a le sentiment qu'ils étaient écrits
01:05:19bien avant qu'on les prononce,
01:05:21et d'ailleurs qu'on aurait pu deviner à l'avance
01:05:24ce que ceux qui les prononcent allaient dire.
01:05:28Ça, c'est le premier point.
01:05:29Le deuxième point, qui était l'essentiel de la promesse
01:05:35du président de la République élu en 2017.
01:05:40Ce que le président de la République élu
01:05:44avait porté devant les Français,
01:05:47c'était l'idée qu'on ne pouvait pas se trouver devant un destin
01:05:53dont on n'était plus maître
01:05:54et dans lequel on n'avait aucune chance de progression.
01:05:59C'est pourquoi, naturellement, je pense à l'école,
01:06:04dont je me suis occupé pendant des années,
01:06:08et qui n'a pas cessé d'être, dans ma vie, un point fixe.
01:06:15L'idée que, parce qu'on est né dans un quartier ou dans un village,
01:06:22on aurait tort d'oublier les villages,
01:06:24parce qu'on est né dans un quartier, dans un village,
01:06:27parce qu'on porte un nom, parce qu'on pratique une religion
01:06:34ou qu'on est attaché à cette religion,
01:06:38l'idée que, en réalité, les portes ne sont pas ouvertes pour vous.
01:06:45L'idée que c'est ceux qui ont les codes
01:06:51qui savent comment se diriger.
01:06:54Ceux-là connaissent la carte et ont la boussole
01:07:00pour se diriger dans la vie.
01:07:03Et si vous ne les avez pas, cette carte et cette boussole,
01:07:08ces connaissances, ces réseaux, ces moyens,
01:07:13alors vous vous trouvez, aujourd'hui, je le crains,
01:07:15dans une situation qui est moins ouverte
01:07:18qu'elle ne l'était il y a quelques décennies.
01:07:21Et pour moi, ceci est insupportable.
01:07:26Je viens de là, je viens au pied des Pyrénées bleues,
01:07:35je viens de milieux sociaux et de villages,
01:07:39et j'ai fait toute ma vie sans les quitter.
01:07:44Je viens de milieux sociaux et de villages
01:07:45qui n'ont pas la chance d'être protégés, favorisés.
01:07:52Je trouve que notre devoir de citoyen, de père de famille,
01:08:00notre devoir de républicain,
01:08:04c'est que nous soyons obsédés
01:08:09pour rendre des chances à ceux qui n'en ont pas.
01:08:13C'est pour moi un devoir sacré,
01:08:18et je n'ai pas l'intention de le négliger.
01:08:21C'était la promesse du président de la République
01:08:24et c'est à cette promesse que je compte être fidèle
01:08:29dans les fonctions si difficiles que vous me transmettez.
01:08:37Je sais que les chances de difficultés
01:08:41sont beaucoup plus importantes que les chances de succès.
01:08:46Je n'ignore rien de l'Himalaya qui se dresse devant nous,
01:08:52de difficultés de toute nature,
01:08:54la première est budgétaire, naturellement,
01:08:56puis politique,
01:08:58et puis de l'éclatement de la société où nous sommes.
01:09:01Je sais tout ça. Je pense qu'il faut essayer.
01:09:04Et je pense que si on essaie,
01:09:07peut-être pourra-t-on trouver un chemin inédit.
01:09:12Et ce chemin, en tout cas, je sais de quoi il est marqué.
01:09:15Il est marqué de la volonté de réconciliation.
01:09:20Il se trouve que, comme tout le monde l'a noté,
01:09:23c'est aujourd'hui l'anniversaire de la naissance d'Henri IV.
01:09:29Comme vous le savez, c'est un ami pour moi,
01:09:33un des seuls amis que j'ai eus toute ma vie
01:09:36et un des seuls qui m'est vraiment donné un coup de main.
01:09:41Je lui ai consacré beaucoup de livres
01:09:44et c'est une figure très importante.
01:09:49Il a fondé sa rencontre avec la France
01:09:53dans des temps aussi difficiles et plus difficiles
01:09:55que ceux que nous vivons aujourd'hui.
01:09:58Il a fondé cette rencontre sur la nécessité
01:10:03de sortir des guerres stupides ou des guerres secondaires
01:10:08pour se retrouver sur l'essentiel qui est l'avenir du pays.
01:10:11Si je peux, à mon tour,
01:10:15j'essaierai de servir cette réconciliation nécessaire.
01:10:18Et je pense que c'est là
01:10:20le seul chemin possible vers le succès.
01:10:24Merci de votre présence et de votre amitié.

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