• avant-hier
Dans ce nouveau numéro de ZED, Valérie Brochard et les équipes de LCP ont posé leurs caméras dans une classe de 1ère du lycée Maurice Genevoix à Ingré, dans le Loiret.
Après le visionnage du documentaire : « Ils m'ont jamais lâché », les élèves ont échangé avec la réalisatrice Paule Muxel et avec Anne Muxel, sociologue et co-rédactrice du documentaire. Comment suivre le quotidien des jeunes et de leurs éducateurs de rue ? Quel regard portent ces lycéens sur ces jeunes de banlieue, qui ont souvent le même âge ?

Un partage de réflexions et d'expériences ; parce qu'il n'y a pas d'âge pour questionner le monde et ses images.

Pour donner la parole aux jeunes, pour les confronter aux enjeux du monde et les aider à décortiquer le travail journalistique, la Chaîne parlementaire apporte ses films et pose ses caméras dans un établissement scolaire.
Une classe visionne et étudie un documentaire avec l'un de ses professeurs et échange ensuite avec l'auteur ou le réalisateur lors d'un débat animé par Valérie Brochard, parce qu'il n'y a pas d'âge pour questionner le monde et ses images.

Category

🗞
News
Transcription
00:00:00Générique
00:00:23Bienvenue dans la zone d'éducation documentaire.
00:00:25Pour vous donner la parole et vous aider à décortiquer le travail journalistique,
00:00:29LCP apporte ses films et pose ses caméras dans un établissement scolaire.
00:00:32Mais on est où là ?
00:00:33Au lycée Maurice Genevoix.
00:00:34Dans quelle ville ?
00:00:35À Angers, à côté d'Orléans.
00:00:36Et vous avez regardé quel documentaire ?
00:00:38Ils ne m'ont jamais lâchée.
00:00:39Alors vous savez quoi ? On va laisser les téléspectateurs le regarder eux aussi
00:00:42et on se retrouve tous ensemble dans votre CV.
00:00:59Je suis allée à la rencontre de quelques éducateurs et éducatrices
00:01:03et des jeunes et des adultes entre 12 et 40 ans.
00:01:06À Paris-Port-de-Venve, dans le 14e, et Place des Fêtes dans le 19e.
00:01:10Et aussi le 93 à Saint-Ouen et à Épinay-sur-Seine.
00:01:16Le travail des éducateurs se trouve au cœur de la prévention de l'enfance.
00:01:20Ils aident les jeunes en difficulté et créent des liens.
00:01:25Dire un simple bonjour, être toujours présent dans les quartiers,
00:01:28dans la rue, dans le local des éducateurs, dans les familles.
00:01:33Ils les accompagnent sur toutes sortes de situations souvent instables.
00:01:37Ils sont là dans les endroits où parfois il n'y a plus personne.
00:01:41Un lien sur le temps, qui construit la relation ou pas,
00:01:44mais qui laisse une présence de confiance sur le trajet des jeunes.
00:01:53Bon, bah bon foot les garçons !
00:01:54Merci !
00:01:55Entraînez-vous bien !
00:01:56Merci !
00:01:57T'as des nouvelles, toi, pour ta détection ?
00:01:59Ouais, j'ai une épine, mais je peux pas faire.
00:02:01Pourquoi ?
00:02:01Je suis blessé.
00:02:02J'ai pas fait mal alors qu'il est blessé.
00:02:03D'où t'es blessé ? Qu'est-ce que t'es fait ?
00:02:06J'ai mal au genou.
00:02:07T'as mal au genou ? Un coup pendant le foot ?
00:02:10Ça a tapé l'endroit où t'as mal ?
00:02:11Oui.
00:02:12Et est-ce que tu l'as immobilisé ? Est-ce que t'as mis de la pommade ?
00:02:14Est-ce que t'as fait ce qu'il fallait ?
00:02:15Moi, j'ai mis de la pommade.
00:02:16Moi, je te conseille quand même d'aller voir un médecin, Boubou.
00:02:18Ferme-toi, c'est important, d'accord ?
00:02:20Allez, bon foot, les garçons !
00:02:22Salut !
00:02:26Je suis arrivé ici avec encore une grande proximité d'âge,
00:02:30au final, avec les jeunes qu'on accompagne, 12-21.
00:02:34Après, on sait qu'au final, la prévention spécialisée,
00:02:37on dit pas un jeune à 21 ans, maintenant, tu te démerdes.
00:02:40Donc il y avait des jeunes de 24, de 25, de 30 ans.
00:02:44Quand je suis arrivé le premier soir,
00:02:46je me suis retrouvé tout seul dans le local avec des grands
00:02:49qui me testaient un peu, qui me bousculaient,
00:02:52voir comment je réagissais, est-ce que je tenais la route, tout ça.
00:02:56Je me suis dit, waouh, c'est pas un boulot facile.
00:03:02Et en fait, c'est par les actes qu'on crée la relation de confiance.
00:03:08J'ai un souvenir dans ce bureau, justement, mon premier été.
00:03:12Je suis arrivé en février.
00:03:13Je me suis retrouvée toute seule un long moment
00:03:15avec mes collègues qui étaient en vacances.
00:03:16On n'était que 3 à ce moment-là.
00:03:18Et des grands qui sont venus, des grands de mon âge, de 25 ans.
00:03:21Ils étaient 4, ils se sont posés dans ce bureau, 3.
00:03:24Et en fait, ils ont sorti un couteau.
00:03:26Ils m'ont demandé de mettre la main comme ça
00:03:29et qu'ils fassent tac, tac, tac, tac, tac.
00:03:31Donc j'ai refusé, mais ça a été compliqué pour moi.
00:03:34Ils m'ont posé des questions sur ma sexualité.
00:03:37Donc j'aurais répondu de la sexualité en général, voilà.
00:03:42Qu'est-ce qu'un orgasme féminin, enfin voilà.
00:03:45Mais ça a été assez déconcertant pour moi.
00:03:48J'ai tenu, j'ai bien tenu.
00:03:50Et quand ils sont sortis, je me vois en fait transpirer.
00:03:53J'en pouvais plus.
00:03:54J'ai même les larmes qui se sont montées.
00:03:56Parce que j'ai eu peur en fait.
00:03:57J'ai eu peur pour moi.
00:03:58Je me suis dit, mais qu'est-ce qu'ils vont me faire avec leur couteau là ?
00:04:01Des grands qui sortaient de prison.
00:04:03Enfin voilà, c'est quand on est reparlés aux grands.
00:04:05Et ils ne se rappellent plus.
00:04:06Ils me disent, non, c'est pas grave, t'as pas fait ça Caro quand même.
00:04:09Je dis, bah si, si on m'avait fait ça.
00:04:11J'ai eu peur, j'ai dit, évidemment que j'ai eu peur.
00:04:13Et je leur ai dit, j'ai cru qu'ils voulaient peut-être me violer.
00:04:15J'ai eu peur les garçons.
00:04:16Vous vous rendez pas compte, vous me sortez un couteau.
00:04:18Il y en a qui venaient de sortir de prison.
00:04:20Enfin, je ne vous connaissais pas plus que ça.
00:04:22Donc oui, j'ai eu peur.
00:04:23Et ils m'ont dit, mais tu sais, on t'a testé je pense à ce moment-là.
00:04:26C'était pour voir si tu tenais.
00:04:27Et en fait, il y a vraiment tout ce truc de test aussi.
00:04:29Qui est vachement important en prévention spécialisée.
00:04:31Surtout, nous en tant que femmes, tout ce qui va être la drague.
00:04:34Ils vont tester, ils vont mettre...
00:04:38Ton CV ?
00:04:39Là-dessus ?
00:04:40Oui, s'il te plaît.
00:04:41J'ai envoyé, mais je ne sais pas si c'est vraiment parti ou pas.
00:04:44Mais ce n'est pas un CV, ça.
00:04:45Ce n'est pas une adresse mail, je veux dire ça.
00:04:47Si, si.
00:04:49Tu as beaucoup d'amis ?
00:04:50Oui, beaucoup.
00:04:51Beaucoup ?
00:04:52Oui.
00:04:53Dans le quartier ?
00:04:54T'en connais plein ?
00:04:55Presque tout le monde.
00:04:57Et tout le monde te connait aussi ?
00:04:59Oui.
00:05:00Et tout le monde connaît Fovard ?
00:05:02Presque.
00:05:04Qu'est-ce qu'on dit des éducateurs ?
00:05:06Tes copains, tout ça, tout le monde.
00:05:08Ils disent que ça serait bien s'ils s'inscrivaient,
00:05:10mais le problème, c'est que des fois, ils sont occupés pendant la semaine.
00:05:15Et tu passes les voir dans le local ?
00:05:18Oui, à chaque fois que je passe par là,
00:05:20je vois qu'il s'est ouvert, qu'il dit bonjour.
00:05:22Je me souviens de toi disant,
00:05:24venir voir les éducateurs, c'est bien,
00:05:26mais ça ne durera pas toute la vie.
00:05:31Tu aimerais que ça dure toute la vie ?
00:05:33Oui.
00:05:34Tu sais pourquoi ?
00:05:35Parce que c'est génial.
00:05:38Oui.
00:06:02Si, je pourrais m'occuper sans eux,
00:06:04mais quand même, ça me rendrait triste un peu d'être sans eux,
00:06:09parce que quand même, des fois, on passe des bons moments,
00:06:11même si je ne leur parle pas d'un truc d'organisation,
00:06:15ni de faire mes devoirs,
00:06:16même si on peut venir ici, on fait des jus de société,
00:06:19un petit goûter, je ne sais pas, être comme ça,
00:06:22et ça, ça me rend heureux.
00:06:34Je ne sais pas.
00:06:48Je l'ai entendu.
00:06:49Cyberharcèlement.
00:06:51On a le cyberharcèlement.
00:06:53Donc ça, c'est le harcèlement qui se fait sur...
00:06:56Les réseaux.
00:06:57Les réseaux sociaux.
00:06:58Est-ce que ça se fait beaucoup, ça ?
00:07:00Oui.
00:07:01Et face à une personne qui subit du harcèlement,
00:07:05vous pouvez en parler à une personne de confiance.
00:07:07Ça peut être qui, cette personne de confiance ?
00:07:10Est-ce que ça peut être les parents ?
00:07:11Oui.
00:07:12Ça peut être les parents, un professeur,
00:07:15surveillant CPE, psychologue, infirmière.
00:07:19Est-ce qu'il peut y avoir d'autres adultes de confiance
00:07:21à qui on peut en parler ?
00:07:24Ah, ça peut être qui ?
00:07:25Tout.
00:07:26Mais nous, on est qui ?
00:07:27Des profs.
00:07:28On n'est pas des profs.
00:07:29Des assistants.
00:07:30Des psychologues.
00:07:31On n'est pas des...
00:07:32Mais qu'est-ce qu'ils racontent ?
00:07:33Des adultes.
00:07:34On est des adultes, oui, on peut commencer par là.
00:07:36Non, on n'est pas des adultes.
00:07:38C'est toi qui es directrice.
00:07:40Non, on n'est pas...
00:07:41Des prétendantes.
00:07:44Donc vous pouvez en parler à des éducateurs, d'accord ?
00:07:47Il faut savoir que, par exemple, un éducateur,
00:07:50comme un psychologue, comme une infirmière,
00:07:54comme un assistante sociale,
00:07:56sont soumis aux secrets professionnels.
00:07:58C'est-à-dire que vous pouvez nous confier des choses
00:08:00et nous, on ne va pas aller le répéter à vos parents.
00:08:02Sauf, bien sûr, il y a des conditions.
00:08:04Si on estime que vous êtes en danger,
00:08:06oui, on sera amené à en parler à vos parents.
00:08:08Mais nous sommes soumis aux secrets professionnels.
00:08:11Je ne suis jamais tombée sur un jeune qui dit
00:08:13« ça ne m'intéresse pas ».
00:08:15Des fois, il n'ose pas trop le dire.
00:08:17« Oui, je passe bientôt ».
00:08:19Au moins, il sait où nous trouver.
00:08:22Après, des fois, ça prend du temps.
00:08:24Je sais qu'il y a des jeunes qui ont été accompagnés
00:08:26cinq ans après.
00:08:28Le principal, c'est qu'il nous ait repérés
00:08:30en tant que personnes ressources.
00:08:32Et si un jour, il estime qu'il a besoin de nous solliciter,
00:08:34il sait où nous trouver.
00:08:36Après, c'est pour ça que c'est important de créer du lien.
00:08:39Parce que quand le lien manque,
00:08:41on a du mal à échanger avec les jeunes.
00:08:43Et c'est réciproque.
00:08:45Et du coup, c'est pour ça que c'est important
00:08:47de consolider, de renforcer ce lien-là,
00:08:49qui est un lien d'échange,
00:08:51de confiance mutuelle.
00:08:53Le plus difficile, je dirais,
00:08:55c'est au moment où peut-être j'ai du mal à comprendre
00:08:58ce qu'un jeune veut me dire.
00:09:00Après, ça se travaille sur la durée.
00:09:02Et ce n'est pas grave, on le formule autrement.
00:09:04Des fois, il faut se répéter.
00:09:06Il faut faire preuve de patience.
00:09:15Le jeune en a marre
00:09:17parce qu'à l'école, tout le monde lui dit ça.
00:09:20Il rentre chez lui, ses parents lui disent ça.
00:09:23Et moi, quand il est avec moi,
00:09:25sans forcément faire la part des choses,
00:09:27je lui dis la même chose.
00:09:29Ça ne peut pas marcher.
00:09:31Et moi, quel moyen j'ai
00:09:33pour me faire comprendre autrement ?
00:09:37Le moyen le plus efficace, c'est le temps.
00:09:52Les enseignants, eux, ils crient trop.
00:09:54Et moi, j'en ai marre de l'école
00:09:56parce que c'est trop nul,
00:09:58parce que ça me saoule.
00:10:00Après, ma mère, elle me crie
00:10:02quand j'ai des mauvaises notes.
00:10:04Je la rends énervée.
00:10:06Moi, je n'aime pas la rendre énervée.
00:10:08Qu'est-ce que vous avez envie de faire plus tard ?
00:10:10Moi, footballeur.
00:10:12Et moi, si je n'arrive pas
00:10:14à percer dans le foot,
00:10:16si je n'arrive pas
00:10:18à gagner des sous dans le foot,
00:10:20je vais essayer d'être architecte en ingénieur.
00:10:24J'ai toujours dit
00:10:26que j'ai hâte d'avoir une carte bancaire.
00:10:28Parce qu'en fait, quand je demande des trucs à mes parents,
00:10:30à chaque fois, ils me disent non, non, non.
00:10:32Du coup, moi, j'ai hâte d'avoir
00:10:34une carte bancaire et j'ai hâte
00:10:36de travailler comme ça.
00:10:38J'ai beaucoup de quicheta, comme on dit.
00:10:40Comme ça, je pourrais m'acheter tous mes plaisirs.
00:10:44Il y a une chose qui vient juste d'arriver.
00:10:46Ça peut être dans le malheur
00:10:48et dans le bonheur.
00:10:52Tu vois un animateur
00:10:54que tu aimes bien.
00:10:56Tu l'aimes bien, tu lui fais confiance.
00:10:58Tu lui fais confiance.
00:11:00Tu vas lui dire.
00:11:02Par exemple,
00:11:04tu vas rentrer dans une salle
00:11:06et ils vont te dire d'enlever la capuche.
00:11:10D'abord, tu n'as pas le droit de dire.
00:11:12Ils ne vont pas te laisser dire des gros mots.
00:11:14Plein de choses.
00:11:16La vie.
00:11:18Moi, j'ai trois projets.
00:11:24D'abord, mon plan A.
00:11:26Rappeur.
00:11:28Si ça ne marche pas, j'ai un plan B.
00:11:30C'est acteur.
00:11:32Si ça ne marche pas, plan C.
00:11:34Boxeur.
00:11:36Je pense que ce qu'il a voulu dire,
00:11:38en tout cas, par rapport à la discussion qu'on a eue,
00:11:40c'était de parler déjà de l'avenir
00:11:42et d'être capable de se projeter.
00:11:44Le fait de voir ça chez des très jeunes,
00:11:46déjà,
00:11:48qui, sans même savoir ce qu'ils veulent faire,
00:11:50savent ce qu'ils veulent être.
00:11:52Et, entre guillemets,
00:11:54être du bon côté de la barrière à cet âge-là,
00:11:56c'est déjà très important.
00:12:08Là, vous êtes relous.
00:12:10Je vais reposer.
00:12:12Fais tout ça.
00:12:14Fais tout ça, les gars.
00:12:24Dans la manière dont ils se présentaient à nous,
00:12:26je savais qu'ils étaient là pour nous.
00:12:30Qu'ils pouvaient nous écouter
00:12:32et nous aider
00:12:34dans plein de domaines.
00:12:36Ma manière de réfléchir, je pense,
00:12:38elle a changé un peu
00:12:40au niveau maturité.
00:12:44Je pense que ça a changé.
00:12:46Avant, j'étais un gamin.
00:12:48Mais là, depuis,
00:12:50je me comporte un peu plus comme un adulte.
00:12:52En vrai, je suis content.
00:12:54C'est mieux.
00:12:58Ce n'est pas avec le temps,
00:13:00mais je ne sais pas comment expliquer.
00:13:02Au fur et à mesure qu'on comprend
00:13:04ce qu'est
00:13:06un grand métier,
00:13:08ils se mettent dans notre peau.
00:13:10Ils nous mettent à l'aise
00:13:12aussi, les fiducateurs.
00:13:14En fait, c'est le premier
00:13:16séjour qu'on fait avec eux.
00:13:18On a proposé de partir 3-4 jours
00:13:20dans le château Feuvert.
00:13:22Ils sont un peu fatigués, du coup,
00:13:24vu qu'ils ne dorment pas trop la nuit.
00:13:26Mais ça va, ils n'ont pas fait trop de bruit cette nuit.
00:13:28Forcément, quand on les entend
00:13:30parler, on apprend des choses.
00:13:32Ou quand ils nous parlent,
00:13:34quand on est posé pendant des heures ici.
00:13:36Du coup, ils souffrent.
00:13:38Là, avec eux, on travaille aussi
00:13:40les gros mots
00:13:42ou la façon de se comporter
00:13:44quand il y a
00:13:46des éducateurs ou quand il y a
00:13:48d'autres personnes.
00:13:50Je sens que le travail avance.
00:13:52Au tout début, il y a un an,
00:13:54ce n'était pas du tout comme ça.
00:13:56Les gros mots fusaient dans tous les sens.
00:13:58Ils sont dans une bulle.
00:14:00Ils ne se rendent pas compte du regard des gens
00:14:02dans ces deux. Ils le voient plus.
00:14:04Ils font plus attention à ça.
00:14:06Ils grandissent aussi.
00:14:08Mais je pense qu'il y a aussi le travail qu'on a fait avec eux.
00:14:16Comme ça, regarde. Tu fais ça.
00:14:18Après, clac. Et après, tu coupes.
00:14:20Et après, tu le sors.
00:14:26La technique, regarde. Je te dépêche, je te dépêche.
00:14:28Après, tu colles ici.
00:14:30Tu colles, tu colles, tu colles.
00:14:32Tu viens ici.
00:14:34Et tu refais un tour.
00:14:44Ce que j'ai toujours trouvé
00:14:46exceptionnel chez ces jeunes,
00:14:48mais même adultes,
00:14:50c'est cette capacité
00:14:52de rebondir.
00:14:54Ils ont une espèce de...
00:14:56de dédramatisation.
00:14:58Tu vois ?
00:15:00Où rien n'est grave, en fait.
00:15:02Tout peut être pris à la rigolade.
00:15:04Et même, tu le vois dans leurs rapports entre eux,
00:15:06ils se chambrent beaucoup.
00:15:08Et ça, c'est aussi assez culturel.
00:15:10J'ai souvent mon discours de dire
00:15:12en fait, moi, ce que je veux,
00:15:14c'est pas que vous deveniez quelqu'un d'autre.
00:15:16Ni que vous me serviez la soupe
00:15:18en ayant l'attitude parfaite d'un enfant sous cloche.
00:15:20Mais c'est plutôt
00:15:22d'avoir déguisé votre intelligence
00:15:24de sorte d'être adaptée
00:15:26à ce qui vous entoure.
00:15:28Pour pas que la société, elle vous...
00:15:30elle vous sorte de ses rangs
00:15:32en disant que vous êtes inadaptée.
00:15:34Parce que là, du coup,
00:15:36tu vas pas pouvoir prendre la place
00:15:38que tu souhaites prendre.
00:15:40Donc l'idée, c'est que tu puisses réaliser tes rêves,
00:15:42prendre la place dont tu rêves
00:15:44en fonction de tes compétences
00:15:46et qu'il y a rien qui est trop beau pour toi, en fait.
00:15:48Par contre, faut que t'acceptes
00:15:50de jouer avec les codes.
00:15:57J'en leur en ai pas encore parlé.
00:15:59Mais moi, on en a pas parlé.
00:16:01Mais moi, sincèrement, j'aurais bien repris les deux mêmes.
00:16:03Ah ouais, ça a bien fonctionné.
00:16:05Je trouve que ça a bien...
00:16:07Je trouve que ça a bien fonctionné.
00:16:09En plus, là, c'est dans les locaux de l'admission locale.
00:16:11Du coup, c'est le même prestataire, tu vois.
00:16:13J'aurais trouvé ça intéressant de remettre les deux.
00:16:15Si vous êtes d'accord, après, il fallait qu'on en parle en équipe.
00:16:17C'est pour ça que volontairement, j'en ai pas du tout parlé encore.
00:16:19Le 1er lundi, alors que moi, j'ai mon vacances,
00:16:21c'est mon aventure.
00:16:23Les adolescents,
00:16:25ils ont un mouvement de vie.
00:16:27Ils sont fragiles, mais ils ont un mouvement de vie très fort.
00:16:29Une pulsion de vie très forte.
00:16:31Et donc, ils expriment des choses
00:16:33à l'état brut, quoi.
00:16:35Et à leur contact,
00:16:37j'apprends sur...
00:16:39Effectivement, qu'on peut...
00:16:41Que c'est une période
00:16:43où on peut être fragile
00:16:45sur tellement de points.
00:16:47Et que c'est important
00:16:49de pouvoir les comprendre,
00:16:51de pouvoir leur laisser leur chance,
00:16:53de pouvoir les accueillir dans notre société,
00:16:55parce que c'est les adultes de demain.
00:16:5745 secondes plus, ça.
00:16:59Je ramène ici au visage.
00:17:01Passe ta hanche.
00:17:03Décolle le talon de jambe arrière.
00:17:05Décolle le talon de jambe arrière.
00:17:07Je profite, tu peux me voir.
00:17:09Effectivement, pas mal de gamins...
00:17:11J'aime pas l'école.
00:17:13J'aime pas l'école.
00:17:15Je m'ennuie.
00:17:17Je suis au fond de la classe.
00:17:19Je bavarde, je dessine.
00:17:21De toute façon, j'aime pas la prof.
00:17:23Je sais pas ce que j'y fais à l'école.
00:17:25Ça me sert à quoi ?
00:17:27Qu'est-ce que ça va m'apporter plus tard ?
00:17:29Et c'est vrai que...
00:17:31On se pose même plus la question.
00:17:33Il faut que t'ailles à l'école.
00:17:35De toute façon, l'école est l'obligatoire.
00:17:37Pourquoi je suis obligé d'aller à l'école ?
00:17:39Pourquoi quand on est adulte,
00:17:41on est obligé de bosser ?
00:17:43Pourquoi il faut pas tricher ?
00:17:45Pourquoi...
00:17:47Pourquoi ma vie,
00:17:49elle est définie à l'avance ?
00:17:51Va moins vite.
00:17:53La qualité et la qualité,
00:17:55pas la quantité.
00:17:57L'idée, c'est aussi
00:17:59de les aider à se définir,
00:18:01eux-mêmes, en termes d'identité.
00:18:03Est-ce que ma place est ici ?
00:18:05Est-ce que ma place est dans les voyages ?
00:18:07Est-ce que ma place est auprès des autres ?
00:18:09On leur fait souvent comprendre
00:18:11dans notre discours
00:18:13que les armes,
00:18:15elles passent par la scolarité.
00:18:17C'est cette importance de mots.
00:18:19Des jeunes, des fois,
00:18:21peuvent vriller d'un coup.
00:18:23On le voit dans le milieu scolaire.
00:18:25Des professeurs vont dire
00:18:27que t'as été bête.
00:18:29Le jeune, il explose.
00:18:31C'est super important
00:18:33de réfléchir à l'importance des mots.
00:18:35Il y a pas mal d'adolescents
00:18:37qui viennent de l'enfance,
00:18:39je me suis rendu compte,
00:18:41en les accompagnant,
00:18:43qui ont du mal à accepter
00:18:45et ce qui est, moi,
00:18:47que je trouve passionnant dans ce métier
00:18:49et à leur contact,
00:18:51c'est qu'on arrive à un moment donné,
00:18:53et ça prend énormément de temps
00:18:55avec des jeunes comme ça,
00:18:57qui ont des fragilités,
00:18:59c'est que
00:19:01ils nous demandent
00:19:03énormément de preuves d'amour.
00:19:05Lève ta main droite.
00:19:07Lève ta main droite, protège.
00:19:09Plus t'es relâché, plus t'es en mouvement.
00:19:11C'est pas grave, tu t'en es rendu compte.
00:19:13Lâche pas.
00:19:15Bien joué, l'affection.
00:19:17Descends un peu plus.
00:19:19Tu vois, tu y arrives.
00:19:21Quand je considère que c'est réussi,
00:19:23c'est quand je me rends compte
00:19:25que relationnellement,
00:19:27si tu veux,
00:19:29j'ai passé une étape avec la personne
00:19:31qui fait que la personne a réellement confiance en moi.
00:19:33C'est ça que je veux dire.
00:19:35Ça s'appelle de la bonne fatigue.
00:19:37C'est bien.
00:19:39Plus on change de semaine,
00:19:41on commence à faire des trucs
00:19:43qu'on apprécie mieux.
00:19:45En plus, comme t'as dit, la confiance.
00:19:47On a fait un travail sur nous.
00:19:49On se parle, on fait confiance aux autres.
00:19:51C'est mieux.
00:19:53Ça commence à avancer, c'est bien.
00:19:55Faut qu'on continue comme ça.
00:19:57Les jeunes, par exemple,
00:19:59quand on les accompagne dans une démarche,
00:20:01ils aiment nous tenir informés
00:20:03de ce qu'il en est.
00:20:05Au fond de moi-même, au fond de mon petit cœur,
00:20:07je suis tellement contente pour eux.
00:20:09C'est bien, je suis contente pour toi.
00:20:11Mais au fond de moi, je me dis petite victoire.
00:20:13Petite victoire parce que je l'ai accompagnée.
00:20:15J'ai su le remobiliser
00:20:17quand lui se démobilisait.
00:20:19Je l'ai jamais lâché.
00:20:21J'ai mis des petits coups de pieds aux fesses.
00:20:23Ça suffit, tu vas y arriver, je suis derrière toi.
00:20:25Et quand le jeune arrive en disant
00:20:27tiens, regarde, j'ai mon diplôme,
00:20:29je suis contente.
00:20:31Je pense que peut-être que si on n'avait pas été là,
00:20:33en effet, ils ne seraient pas allés au bout.
00:20:35Parce qu'ils avaient besoin, à un moment donné,
00:20:37d'être là.
00:20:39Et souvent, c'est des jeunes
00:20:41qui n'ont pas perdu confiance en eux, mais pas en moi.
00:20:43Là, il faut que je vois en premier.
00:20:45Quelle école tu vas en première ?
00:20:47Là, toi, c'est proc.
00:20:49Quelle école tu vas en première ?
00:20:51Si t'as le choix.
00:20:53Un, faire en 10.
00:20:55Un, faire en 10, deux.
00:20:57Il y a des choses que je ne peux pas dire à ma mère directement.
00:20:59Je passe par Léa directement.
00:21:01Et après, elle peut me donner des petites idées.
00:21:03Des petites idées qui font que...
00:21:05Enfin, des conseils.
00:21:07Pas des idées, plutôt des conseils.
00:21:09Comment je peux dire à ma mère ?
00:21:11Des fois, elle peut elle-même en parler directement à ma mère.
00:21:13Elle est en relation avec ma mère directement.
00:21:15C'est comme une grande personne.
00:21:17C'est comme si c'était une personne de ma famille
00:21:19à qui je faisais confiance.
00:21:21En fait, ils nous mettent en confiance
00:21:23comme si on avait une relation de père-fils,
00:21:25fille-mère-fils.
00:21:27C'est ça qui fait qu'à l'heure d'aujourd'hui,
00:21:29on écoute un peu mieux, je pense.
00:21:31On écoute facilement sans père,
00:21:33sans père.
00:21:35On peut pleurer devant eux.
00:21:37On n'aura pas de gêne.
00:21:39Par exemple, on ne va jamais aller
00:21:41dans une ferme, faire des trucs
00:21:43avec des animaux.
00:21:45Avec Feu Vert, on est partis.
00:21:47Par exemple, on ne va jamais se dire
00:21:49qu'on va faire une distribution pour les SDF.
00:21:51Avec Feu Vert,
00:21:53on monte vers le haut, en fait.
00:21:55La soupe, on va l'accrocher, les minettes.
00:21:57Un seul papi à la rue.
00:22:01Envoie les tuvains, je les mets ici.
00:22:07À partir de maintenant,
00:22:09vous ouvrez vos yeux.
00:22:11Celles qui sont à gauche, regardent à gauche.
00:22:13Celles qui sont à droite, regardent à droite.
00:22:15Quand on voit un SDF, on s'arrête en speed
00:22:17et on distribue.
00:22:19Sonia, wesh !
00:22:21Tu parles mal !
00:22:27Oh la la !
00:22:31Ça va, ça va.
00:22:33À un moment donné, c'est un budget pour nous.
00:22:35J'aimerais bien,
00:22:37on fait des petits pavés de saumon.
00:22:39J'entends bien les filles.
00:22:41Il faut être réaliste.
00:22:43Attache-toi !
00:22:45Attache-toi, je te dis !
00:22:51Attache-toi !
00:22:53Elle l'a attachée ?
00:22:55Mais correctement !
00:22:57C'est pas ça qu'il fallait gagner.
00:22:59Qui voilà ?
00:23:01Mais dis-moi qui voilà ?
00:23:03C'est plus du tout ce que tu fais.
00:23:05Dis-moi qui voilà ?
00:23:07Mais dis-moi qui voilà ?
00:23:09J'vais me border les Iwana.
00:23:11À 225, je vais coucher du fleuve à l'heure.
00:23:13Et tu fais du sal,
00:23:15ta mère t'a fait danser.
00:23:17Et toujours dans le noir,
00:23:19tu refais le soleil.
00:23:25On y va les garçons ? Des 20 tours les gars ! Arrêtez de couper !
00:23:32J'ai vécu des tas de choses en termes de suivi.
00:23:47L'harcèlement scolaire, viol, j'ai accompagné plein de jeunes à Bobigny,
00:23:52prison pour mineurs, prison...
00:23:56La génération peut-être un peu moins violente,
00:23:59mais à l'époque on a eu des situations,
00:24:02les voitures de poulies ici, les jeunes en masse en groupe
00:24:06qui allaient au niveau du pont, au niveau du collège,
00:24:09on a eu des choses, des fictions.
00:24:12Mais non, aujourd'hui non.
00:24:14Moi je dis que c'est une bombe à retardement ce conflit de quartier,
00:24:17même qu'il y est aussi avec la source, les prêtres pardon.
00:24:20C'est une bombe à retardement, aujourd'hui il ne se passe rien,
00:24:23demain peut-être on a l'air de rien.
00:24:25Mais c'est vrai que ça fait un petit moment,
00:24:27où des faits très graves, coup de marteau, coup de machette,
00:24:30ou des trucs comme ça, attention, des choses,
00:24:32ici même dans ce local, pour la petite anecdote,
00:24:35il y avait des jeunes qui étaient scolarisés au lycée Fédère,
00:24:38qui est plus vers la source les prêtres,
00:24:40donc les jeunes d'orgelement étaient amenés à prendre
00:24:43les transports en commun et à s'y rendre.
00:24:45Et à un moment donné il y avait un conflit avec les jeunes du centre-ville,
00:24:48donc ils s'en rendaient dans le parc qui était à côté.
00:24:51Un jour ils se sont fait agresser avec des machettes.
00:24:54Un jeune il s'est fait couper la longueur d'un doigt et tout.
00:24:57J'ai rassemblé tous les jeunes ici, au local, ici,
00:25:00à l'époque les CPE du lycée c'était venu,
00:25:03et on les a essayé d'infecter ailleurs.
00:25:09La prochaine fois qu'on vient, on fasse un match avec eux,
00:25:11et vous jouez, on partage un bon moment ensemble.
00:25:13T'en penses quoi ?
00:25:14Ça serait bien non ?
00:25:16Tu fais ça, ça, tac, tac.
00:25:18Comme ça, ça travaille votre esprit de solidarité et de partage.
00:25:22D'accord ? On fera ça ?
00:25:23Allez, on y va les gars !
00:25:41C'est mieux d'aller à Feuvert que de rester au quartier,
00:25:43parce qu'au quartier des fois il n'y a rien à faire,
00:25:45tu peux avoir des problèmes, tout ça.
00:25:55Moi j'ai pas envie d'avoir ça.
00:25:57J'ai pas envie de rester à Feuvert, pas faire comme lui,
00:25:59pas avoir de trucs bizarres avec la drogue, tout ça.
00:26:04Parfois, même si on n'est pas dans ça,
00:26:06à force de traîner avec des gens qui sont comme ça,
00:26:08après nous aussi on va finir par le devenir.
00:26:12Faut pas faire de gâchis.
00:26:14C'est pas juste, parce que tu vas la découper la mande.
00:26:17Tu fais comme ça ?
00:26:18Oh, comme ça ?
00:26:20Après tu l'ouvres comme une fleur.
00:26:22Voilà !
00:26:23C'est comme ça que je fais moi aussi.
00:26:27Tu sais quand t'épluches, tu laisses pas ton doigt à la fin,
00:26:30sinon tu peux te le couper.
00:26:35Tiens, après il y a les ananas.
00:26:40Il n'y a que les faiblesses qui pleurent.
00:26:43Il n'y a que les faibles qui pleurent.
00:26:46Les faibles ?
00:26:47Ben non, il n'y a pas que les faibles qui pleurent.
00:26:51Par exemple, si quelqu'un de dur,
00:26:55il peut pleurer pour un décès ou un truc comme ça,
00:26:57mais ça veut pas dire qu'il est faible.
00:27:00Enfin, si maintenant.
00:27:04Mais est-ce que pleurer c'est forcément une preuve de faiblesse ?
00:27:07Non, non.
00:27:08Ma mère, elle va me dire un truc,
00:27:11et je vais pleurer.
00:27:12Genre, ça se fait pas tout ça.
00:27:14Après, il va me dire, pourquoi tu pleures ?
00:27:16C'est pour les faibles et tout.
00:27:18Du coup après, j'arrête de pleurer.
00:27:20Ah, donc ça t'aide ?
00:27:21Ouais.
00:27:22Parce que c'est sa manière, le fait de te le dire comme ça,
00:27:25c'est sa manière de te réconforter.
00:27:26Ouais.
00:27:27Et ça t'aide ?
00:27:29Non.
00:27:30Non ?
00:27:31Enfin, j'arrête de pleurer.
00:27:34Ben, j'ai appris les avis des autres,
00:27:36comme quoi mon avis peut-être peut être négatif.
00:27:39Genre, j'ai su contrôler mes avis
00:27:41et avoir les autres avis des gens,
00:27:43et tu te donnes un autre avis.
00:27:45Et c'est ça qui te fait le fait de...
00:27:48Tu peux avoir d'autres avis,
00:27:50tu peux te dire que comme quoi t'avais pas raison.
00:27:54Et tu réfléchis en fait dans ta tête.
00:27:57Ça nous aide, ça nous fait avancer,
00:27:59et ça m'aide par exemple à avoir une autre mentalité.
00:28:05Eh !
00:28:06On y va ?
00:28:07Vous commencez à monter là, direct ?
00:28:10Et puis les autres, on va attendre.
00:28:14Une fiction, pour moi, c'est pas juste une fiction,
00:28:16ça peut être la réalité.
00:28:17On sait très bien,
00:28:18il suffit que tu sois au mauvais endroit au mauvais moment,
00:28:21tu peux terminer comme le jeune homme dans le film.
00:28:24Et moi, c'est ce qui m'inquiète aussi, c'est la haine.
00:28:26Par rapport au quartier, je parle de Super M, je monte.
00:28:28Ben, j'espère qu'un jour, on n'en arrivera pas là.
00:28:31Mais pour ça, il faudra agir avec intelligence.
00:28:34Moi, mon objectif avec vous,
00:28:36l'influence que je peux avoir avec vous,
00:28:37c'est de vous tirer vers le haut.
00:28:39Vous passer des messages.
00:28:41Parce que malheureusement, ça ne durera pas toute la vie.
00:28:43Quand je veux une heure, après, vous allez prendre votre envol,
00:28:45vous allez être des adultes et des hommes.
00:28:47Et je l'espère pour vous, de bon gars.
00:28:49Et vous l'êtes déjà.
00:28:50Donc tout ce qui peut vous tirer vers le bas,
00:28:53conflit de quartier,
00:28:54vas-y, va faire le gai,
00:28:55va faire le gai, quand je dis le gai, c'est-à-dire le gaiteur.
00:28:58Donc quartier pour le trafic, tout ça.
00:29:01Et on y va, tout ça, les gars.
00:29:02D'accord ?
00:29:03J'aime bien être dans ça.
00:29:04Je sais que c'est plus simple,
00:29:05c'est plus facile à dire qu'à faire.
00:29:06Attention.
00:29:07Moi, je peux te le dire,
00:29:08j'en ai vu dans le quartier qu'ils l'ont fait.
00:29:09Et des gars comme vous,
00:29:11c'est-à-dire sans problème, intelligents,
00:29:13qui...
00:29:14Après, on a tous des problèmes, attention,
00:29:16mais qui n'étaient pas faits pour ça.
00:29:17Mais ils l'ont fait par manque de moyens
00:29:20ou parce qu'ils n'avaient pas forcément du travail et tout.
00:29:22Donc faites attention à ça.
00:29:23D'accord ?
00:29:24Faites attention à toi aussi.
00:29:25Junior.
00:29:26Par contre, parle à papa et maman.
00:29:27Très important tout de suite.
00:29:28OK ? Idriss, pareil.
00:29:29Denis, fais attention à toi.
00:29:31Non, maman, elle sait déjà.
00:29:32Elle sait déjà c'est quoi le séjour.
00:29:35D'accord ?
00:29:36De toute façon, je vais te donner toutes les infos
00:29:37via WhatsApp et tout.
00:29:38OK ?
00:29:39Quand on part en séjour,
00:29:40c'est tout de suite...
00:29:41Ils veulent mettre leur musique, en fait.
00:29:43Alors je...
00:29:44Je leur dis OK,
00:29:45je vais mettre vos musiques,
00:29:46mais je mets les miennes d'abord.
00:29:47Là, c'est non, non,
00:29:48tu ne vas pas nous mettre tes vieilles musiques et tout.
00:29:49Je dis si, si,
00:29:50je vais mettre une musique,
00:29:51on fait un échange.
00:29:52Donc là, c'est assez marrant.
00:29:53Et du coup,
00:29:54une fois,
00:29:55on avait fait un séjour avec un groupe mixte,
00:29:57mais on avait retrouvé des jeunes filles
00:29:58qui avaient déjà fait un séjour avec moi.
00:29:59Ils m'ont dit tu veux nous mettre du piaf ?
00:30:05On échange aussi,
00:30:06donc ils nous apportent beaucoup de choses aussi
00:30:08et on leur apporte beaucoup aussi.
00:30:09C'est le but aussi de leur apporter
00:30:11et le but des séjours aussi,
00:30:12c'est de travailler aussi...
00:30:14Bah...
00:30:15Enfin, c'est toujours court, les séjours, en même temps.
00:30:17Ce qui m'énerve, c'est qu'elles regardent pas.
00:30:19Après, elles voient,
00:30:20elles sont pas aveugles.
00:30:21Mais elles font pas grave.
00:30:22Non, mais elles vont me dire c'est toujours pareil, en fait.
00:30:24Elles vont regarder une fois, deux fois
00:30:25et puis elles vont me dire c'est toujours pareil.
00:30:27À Nacera, c'est toujours pareil.
00:30:28C'est bon, on a de chef.
00:30:30Moi, je sens plus mes pieds.
00:30:31Nacera, je vais arrêter.
00:30:33Tu fais une pause ?
00:30:34J'appelle Karima, là.
00:30:40Les filles,
00:30:41rangez vos portables.
00:30:43Pendant qu'on va à la promagerie,
00:30:44ça va être clair.
00:30:45Vous aurez le temps, tac, tac, tac.
00:30:46Rangez vos téléphones.
00:30:47Moi, j'y vais.
00:30:48Moi, j'y vais.
00:30:49J'ai raison de Karima.
00:30:50J'y arrive.
00:30:59...
00:31:21C'est pas parce qu'une personne avait fait un truc,
00:31:23elle laisse les cinq coups de personne ne pas vouloir faire
00:31:25et la personne a fait.
00:31:27On lui dit qu'elle ne veut pas faire, mais elle veut.
00:31:29Dans ces cas-là, on n'a qu'à rester à la maison.
00:31:31Elle fait ça un autre jour, elle vient un autre week-end et elle ramène son fromage.
00:31:35On s'est sentie forcées.
00:31:36Oui, voilà. Là, c'est vraiment, on s'est forcées, en fait.
00:31:39Maman a dégoûté du fromage.
00:31:41Voilà, et du lait.
00:31:43Parce que les vaches, elles sont hyper sales et elles les lavent jamais.
00:31:45Ouais.
00:31:47C'est un truc, dans tous les cas, qu'on ne voulait pas faire.
00:31:51Mais bon.
00:31:53C'est fait, c'est fait.
00:31:57T'as fait beaucoup la tête, Lina, aujourd'hui.
00:32:02Vraiment, j'ai vraiment l'impression que cette visite-là, c'était une torture pour toi, que je t'ai forcée.
00:32:08Donc, dis, exprime-toi, Lina.
00:32:10Moi, je ne voulais pas marcher, dans tous les cas.
00:32:13Oui, on avait tous compris.
00:32:15On aurait fait quoi?
00:32:16Les autres, ils partent visiter la fromagerie, j'aurais fait quoi?
00:32:19Je t'aurais laissé.
00:32:20Nous, quand on n'a pas voulu y aller.
00:32:21Pourquoi, quand on a préparé la journée hier, vous m'avez pas dit ça?
00:32:23Maman me dit.
00:32:24Non, on a dit.
00:32:26Même si on fait la traite des vaches, je vous ai même dit.
00:32:27Oui, si on fait la traite des vaches, je vous ai dit que c'est pas possible.
00:32:29Comment, si on faisait la traite des vaches, vous auriez fait comment?
00:32:32Dans tous les cas, si j'aurais vu que les vaches, elles seront comme ça, je ne les aurais même pas touchées.
00:32:35Je n'étais pas très contente parce qu'à un moment donné, un séjour aussi, c'est aussi du ski.
00:32:41Vous êtes fait plaisir, vous avez fait de la luche, mais aussi moi, je tiens aussi à cette partie culturelle.
00:32:44Ils vont parler de leur famille, ils vont parler de difficultés.
00:32:48Parlez de.
00:32:49C'est voilà, il y a des choses, des fois difficiles à entendre aussi.
00:32:52Donc, il y a des révélations, des fois comme ça.
00:32:55Des fois, on n'est pas toujours prêt.
00:32:57Voilà donc, du coup, attention à bien écouter pour reprendre ça après.
00:33:20Avec les monstres, j'ai trouvé plein de trucs.
00:33:25En fait, des trucs vraiment sincères.
00:33:28Et du coup, elle avait le côté professionnel, mais plus.
00:33:34Dans la vie réelle, en vrai.
00:33:37Elle donne des conseils, elle a des façons pour parler aux jeunes.
00:33:40Et elle m'a montré comment, comment la vie en vrai.
00:33:45Des femmes, même quand j'étais des fois dans les difficultés et tout ça, même le soir tard, elle est là de me répondre.
00:33:52Et après, ses réponses, c'est bien, c'est doux, c'est compréhensif.
00:33:57C'est des mots qui rentrent vraiment dans la tête.
00:34:02C'est pas comme n'importe qui que quand je leur raconte, c'est pas la même chose.
00:34:08Et moi, quand je vois comment elle est avec les monstres, j'aimerais bien avoir une vie comme elle, en fait.
00:34:14Vraiment, dans le sens comment elle présente, comment elle parle,
00:34:18comment ses manières et tout ça.
00:34:21Vraiment.
00:34:23Cette séance, ce n'était pas comme la première.
00:34:28Mais elle m'a appris des choses, par contre.
00:34:30C'est pour ça que j'aime bien te laisser aussi réfléchir et pas tout de suite débriefer.
00:34:39Parce que ça s'infuse et dans ton corps, ça s'infuse aussi comme une infusion à la cannelle.
00:34:45Je l'aime trop, vraiment, malgré que j'étais chiante avec elle.
00:34:53Alors, moi, dans mes formations, on n'en a jamais parlé.
00:34:56Bien sûr, il n'est pas question d'amour, il est question de transfert.
00:34:59Alors le transfert, quand même, c'est une grande question d'amour.
00:35:02Mais rarement, on va t'en parler en ces termes là.
00:35:05Parce que c'est comme un gros mot lâché,
00:35:08comme une bombe où on parle d'émotion, d'affect.
00:35:12Et non, surtout pas.
00:35:13Du coup, c'est quand même fou parce que t'arrives avec tout un tas de bagages en tant qu'éduc.
00:35:17Et puis, on ne t'a jamais parlé de l'essentiel, tu vois.
00:35:20Et j'ai l'impression, un peu comme dans l'éducation avec les enfants,
00:35:24ou par exemple, la sexualité, et on n'en parle jamais.
00:35:28On n'en parle qu'en termes de maladie, en termes de prévention des maladies
00:35:32et de la grossesse éventuellement.
00:35:34Et puis, fin de l'histoire.
00:35:44Sonnerie de téléphone.
00:35:46Bonjour.
00:35:47Bonjour.
00:35:48Salut.
00:35:50Eh, ça tombe bien, toi.
00:35:51Ça y est, t'as eu ta paye ?
00:35:52Ouais, vas-y.
00:35:54Tu l'as eue, ta paye ?
00:35:55Ouais, mais j'ai...
00:35:56C'est tombé.
00:35:57Mais tu l'as eue ?
00:35:58Ouais, c'est carré.
00:36:00C'est bon, t'as pu te faire un petit resto ?
00:36:01Non, non.
00:36:02J'ai payé mes factures.
00:36:03Ah, c'est bien.
00:36:04T'as payé tes factures plutôt que le resto.
00:36:07Tu passes quand à me voir ?
00:36:08T'es là demain ?
00:36:10Ouais.
00:36:11Je dis qu'à 15h.
00:36:12Si tu veux, tu passes vers 15h30, 16h.
00:36:14Mais grand max, moi, à 17h, je suis partie.
00:36:16Vas-y, c'est bon, tu passes à 15h30.
00:36:1815h30.
00:36:19Et comme ça, je t'aide dans les démarches ?
00:36:20Vas-y, on fait comme ça.
00:36:22T'as quelque chose ?
00:36:23Bah, je te le dis, on part toi.
00:36:24Après, on va te tailler, après.
00:36:26Rires.
00:36:27...
00:36:32Mon but, à moi,
00:36:33c'est pas d'agir forcément sur une situation marginale
00:36:37ou que moi, j'estime marginale, déjà.
00:36:39Et...
00:36:40Pour qui ?
00:36:41Pour qui ?
00:36:43Pour moi ?
00:36:44Pour Pôle emploi ?
00:36:46Pour la sécurité de l'arrondissement ?
00:36:48Pour...
00:36:49Il y a des jeunes qui font des choix.
00:36:53Qui assument leurs choix.
00:36:55Qui savent qu'il y aura dans cette direction
00:36:59une casse-prison à un moment donné.
00:37:01Euh...
00:37:02Et qui sont pas prêts à changer.
00:37:06Est-ce qu'un jour, ils auront une rencontre amoureuse
00:37:10et ils décideront de s'investir davantage
00:37:13dans leur rencontre amoureuse
00:37:15qu'auprès de leur groupe de pères
00:37:17dans des côtes de la rue ?
00:37:19Euh...
00:37:21Ils seront...
00:37:23Ils seront décisionnés.
00:37:25Je...
00:37:26C'est pas toi qui vas amener ce changement ?
00:37:29...
00:37:31Peut-être.
00:37:32Peut-être.
00:37:33J'en sais rien.
00:37:34Mes paroles peuvent avoir écho dans son esprit
00:37:37sans même que je le sache.
00:37:40Quand tu vas voir en détention, par exemple,
00:37:43c'est un exemple.
00:37:44Un jeune...
00:37:45Tu vas le voir à un moment donné
00:37:47où il est dans une fragilité...
00:37:50Euh...
00:37:51Extrême.
00:37:52Et quand tu vas faire ce mouvement-là,
00:37:55alors que t'es pas de la famille,
00:37:57d'aller les voir et de leur montrer par ton regard
00:38:02que toi, t'es pas à la justice,
00:38:05mais que t'es encore là pour eux.
00:38:07T'es encore là pour eux.
00:38:09T'es encore là pour les écouter, pour parler avec eux,
00:38:13parce que tu les apprécies.
00:38:15Eh ben là, tu...
00:38:17Et moi, pour moi,
00:38:18c'est vraiment le rôle de l'éducateur de prévention.
00:38:21Parce que nous, on a un rôle à jouer là-dessus.
00:38:24C'est que nous, on peut aller
00:38:26aux interstices,
00:38:28aux endroits où...
00:38:29où y a plus grand monde.
00:38:31Sonnerie.
00:38:32...
00:38:34...
00:38:35...
00:38:36...
00:38:58...
00:39:00...
00:39:01qui nous a suivis, je ne pense pas qu'aujourd'hui je serais en formation.
00:39:04En prison ou en train de faire des bêtises encore moins.
00:39:08Et là, maintenant, tu fais quoi ?
00:39:09Là, en ce moment, je suis en formation en alternance
00:39:12avec la RATP pour devenir conducteur de bus.
00:39:15Ils ne veulent pas nous décevoir et ils savent qu'on ne va pas les juger,
00:39:20mais ils veulent qu'on garde une image positive d'eux en personne.
00:39:24Et ça, c'est normal. Et ça, c'est humain.
00:39:27Mais il faut prendre le temps.
00:39:29Donc, moi, je n'ai pas besoin de tout savoir.
00:39:32Donc, ça ne m'intéresse pas du tout.
00:39:33Mais c'est vraiment de les accompagner.
00:39:35Ils savent qu'on est quand même des professionnels
00:39:39et du coup, on a un oeil assez aiguisé de qui fait quoi.
00:39:43Et puis, du coup, on sera toujours là pour eux.
00:39:46On n'est pas là pour juger qui que ce soit.
00:39:48On est là pour accompagner.
00:40:00Ouais, il est en dessous.
00:40:01Non, tu connais, c'est là-bas, on chauffe un peu, on chauffe un peu.
00:40:05Il faut savoir qu'il faut accepter aussi leur aide.
00:40:07Parce que, par exemple, j'ai certains amis à moi
00:40:10ou certains qui ne veulent pas de l'aide à Feuvert.
00:40:13Quand ils croisent Feuvert, bonjour, au revoir.
00:40:14Mais sinon, ils n'ont rien à voir avec Feuvert.
00:40:17C'est quand tu as grandi, quand on a cet âge-là, qu'on se dit
00:40:19ah ouais, ils ont vraiment voulu nous aider.
00:40:21C'est malgré qu'on ne voulait pas, ils ont forcé vraiment.
00:40:24C'est limite, ils voulaient plus qu'on avance que nous-mêmes.
00:40:27Tire, tire !
00:40:30Ouh !
00:40:41Dès qu'ils ont l'amour de leurs parents,
00:40:42ils ont la confiance de leurs parents,
00:40:43ils ont des discours bienveillants de la part des parents,
00:40:45je sais que même s'ils sont dans une situation de précarité,
00:40:49ils auront de la ressource pour après.
00:40:53Mais s'il n'y a pas ce minimum-là
00:40:56d'amour, de confiance et de discours positifs,
00:41:00ça va être compliqué.
00:41:04Et c'est Carla, Carla d'entraide.
00:41:06Vous voyez comment ?
00:41:07C'est mon père, limite.
00:41:08Limite, c'est comme mon père, ce type.
00:41:19T'es bon, t'es bon.
00:41:19Deux maîtres, deux maîtres, ils étaient avec moi au collège.
00:41:21Ils me mangent beaucoup, beaucoup, beaucoup.
00:41:24Mais c'est mon gars quand même.
00:41:26Voilà.
00:41:26Et ça, c'est mes frérots, ça.
00:41:28J'ai fait mon collège avec eux.
00:41:30Et voilà, vous voyez, un ballon, ça nous suffit pour jouer et être heureux, en tout cas.
00:41:34Ils sont là.
00:41:35Ça, c'est mon gars.
00:41:36Rappeur, flèche montante, drill.
00:41:39Tu vois ce que je veux dire ?
00:41:40Voilà.
00:41:41Moi, je suis là, carré à l'or.
00:41:4319ème, 10ème, hein ?
00:41:45Et on est connus, GSM.
00:41:47Là, regarde, là, t'es sur place des flèches.
00:41:48Il y a de tout et il y a de rien.
00:41:50Mais ce qui est sûr, c'est qu'on est tous là
00:41:52et on s'en sort tous de la même manière, tu vois ?
00:41:54C'est moi qui suis ?
00:41:55Voilà, c'est carré à l'or.
00:41:56C'est moi, je te tiens, que tu me dises qui est la suivante, tu comprends ?
00:41:58Charles !
00:41:59Mon frère !
00:42:00Tu montes ?
00:42:07Je me suis vraiment, vraiment amusé avec Feuvert.
00:42:09Vraiment, je...
00:42:10On a voyagé, mes premiers voyages ont été faits avec Feuvert, tu vois ?
00:42:14On partait dans le sud, dans le nord.
00:42:16Mais c'était toujours des voyages avec quand même cet aspect de faire quelque chose en retour.
00:42:23Parce que quand on partait en voyage, c'était pas un voyage où on se la coulait, tu vois ?
00:42:25On partait, on ramassait des feuilles.
00:42:28On travaillait, quoi, tu vois ?
00:42:30Ils nous apprenaient déjà à travailler.
00:42:32Travail mérite salaire.
00:42:33J'étais en pro mécanique, j'ai fait de la pro électronique.
00:42:37Ça m'intéressait pas, tu vois ?
00:42:40Et il y avait Feuvert, tu vois ?
00:42:42Et je m'en souviens, tu sais, c'était une dame qui s'appelait Virginie.
00:42:44Maintenant, je crois qu'elle travaille dans le 20e, tu vois ?
00:42:47Et elle m'a aidé, tu sais, de ouf.
00:42:50Et à la fin, j'ai eu un entretien avec le directeur d'un lycée Bac Pro Vente.
00:42:56Et je suis rentré dedans.
00:42:58Et Crescendo, il a kiffé mon profil, mon potentiel.
00:43:00Mais c'est pour t'expliquer que s'il n'y avait pas eu Feuvert,
00:43:02j'aurais peut-être vu le côté négatif de la vie.
00:43:06L'économie parallèle, tu vois ?
00:43:08Je vais pas te faire de dessin, tu vois ?
00:43:10Ils ont ce rôle un peu d'éponge d'écouter, tu vois ?
00:43:13Parce qu'ils sont dans la pédagogie à fond, tu vois ?
00:43:15Ils sont là pour les jeunes.
00:43:16Et pas que pour les jeunes, hein, Feuvert.
00:43:18Pas pour tout ce qui est papera,
00:43:19si une maman ne parle pas forcément français ou quoi que ce soit, tu vois ?
00:43:23Ils sont là vraiment pour aider.
00:43:25Mais ils te donneront jamais la chose dans ta bouche tout crue.
00:43:30Et là, il est là, le petit Binz, tu vois ?
00:43:34Parce qu'il y en a beaucoup qui pensent que tu viens, Feuvert, je veux du travail.
00:43:37OK, vas-y, tiens.
00:43:38Non, non, non, non, non.
00:43:40Ils vont pas te donner.
00:43:41Ils vont voir si t'es motivé, tu vas aller avec eux.
00:43:43Ils vont te montrer comment faire.
00:43:45Et ça, il faut avoir une certaine motivation en soi, tu vois ?
00:43:47Il faut se faire combat.
00:44:18Ça fait 12 ans que je suis sur ce quartier-là.
00:44:21J'y vais sur la 13e année.
00:44:23Mais ils me le disent aujourd'hui, les anciens,
00:44:26que toi, t'es toujours là, moi.
00:44:28Tu te dis, tu t'es pas trompé.
00:44:30Parce qu'il y a des moments difficiles.
00:44:32Après, tu peux devenir aussi un petit peu celui qui porte un petit peu
00:44:37toute la responsabilité de...
00:44:39Ben, frustrations, tu vois ?
00:44:41Tu te dis, tu t'es pas trompé.
00:44:44Pour moi, Emel, c'est comme un grand frère.
00:44:46Parce que depuis tout petit, je le connais depuis...
00:44:49Je sais que c'est quelqu'un...
00:44:51J'ai confiance en lui, il a confiance en moi.
00:44:53Et franchement, ouais, ça peut que être positif.
00:44:56Ça peut que être positif.
00:44:58Je me voyais traîner un peu.
00:44:59Il était là.
00:45:00Vas-y, va à l'école.
00:45:01Qu'est-ce que tu fais ici ?
00:45:02Mais franchement, je l'en veux pas.
00:45:04Je peux que le remercier.
00:45:05Au jour d'aujourd'hui, j'ai mon bac.
00:45:07Et c'est ça, c'est ça, c'est ça.
00:45:09Mais franchement, je l'en veux pas.
00:45:10Je peux que le remercier.
00:45:11Au jour d'aujourd'hui, j'ai mon bac.
00:45:13J'ai eu le diplôme que ma mère attendait tant.
00:45:16Et franchement, je peux que le remercier.
00:45:18Quand ta mère, elle va travailler tous les jours,
00:45:21qu'elle est toute seule, qu'elle travaille,
00:45:23même quand t'as une basket trouée,
00:45:25elle va te l'acheter, tu vois ce que je veux dire ?
00:45:27Franchement, tu...
00:45:29Au jour d'aujourd'hui, je peux que remercier ma mère.
00:45:32Je peux que remercier ma mère.
00:45:33Parce que sans elle, je serais pas ce que je suis aujourd'hui.
00:45:36Sans elle, je serais pas...
00:45:38Et franchement, c'est...
00:45:40C'est compliqué.
00:45:41C'est vrai que ça a été compliqué de l'avoir,
00:45:43d'aller travailler, de...
00:45:44Mais moi aussi, j'essaie de travailler pour...
00:45:47Pour que mes enfants, ils soient au maximum.
00:45:50Pour que...
00:45:51Pour que mes descendants, comme on dit,
00:45:53ils soient...
00:45:54Ils soient au top.
00:45:55Nous, on est là, on est en bas tous les jours.
00:45:57On voit tous les jours la même chose.
00:45:59On connaît tous les jours...
00:46:00On voit tout le temps la même chose.
00:46:01Mais les mecs, ils nous font découvrir des environs.
00:46:04Moi, je sais pas.
00:46:05Chez moi, c'est pas ça.
00:46:07C'était pas ça.
00:46:08Une activité en karting, en famille, tout ça.
00:46:11Ma mère, elle a d'autres choses à fouetter, en fait.
00:46:15On a fait du vélo, on a fait du...
00:46:18Du kayak.
00:46:19Trop de trucs, elle me...
00:46:21Trop de trucs, trop de trucs.
00:46:22J'ai fait du...
00:46:23J'ai fait trop de trucs, trop d'activités.
00:46:24J'ai fait du paintball, j'ai fait du karting.
00:46:26J'ai fait...
00:46:28Là, là, aujourd'hui, je suis animateur.
00:46:30De base, il m'a trouvé juste un truc pour...
00:46:33Juste pour avoir un peu d'argent.
00:46:35Histoire d'avoir un peu d'argent de poche.
00:46:37Grâce à lui, aujourd'hui, ils ont kiffé mon travail.
00:46:40Ils m'ont donné plusieurs responsabilités.
00:46:42C'est-à-dire que je paye même plus le même salaire
00:46:44que je gagnais au début.
00:46:58Non, je t'ai pas vu.
00:46:59En plus, je lui ai acheté de la viande.
00:47:00Ouais, ouais, ouais.
00:47:01C'est ma mère.
00:47:02Non, on va pas mentir.
00:47:03Toi, t'as maigri, toi.
00:47:08T'es sûre que t'es parti en vacances ?
00:47:09Il arrive de Turquie.
00:47:10Il lui a les loupons et tout.
00:47:14Attention, c'est gênant, là.
00:47:17Un petit cadeau de...
00:47:19Merci beaucoup.
00:47:20Merci.
00:47:21Je vais montrer un petit peu le vacances.
00:47:23Il est parti en vacances.
00:47:24Il m'a ramené un petit cadeau.
00:47:25Voilà.
00:47:26Je l'ouvrirai tranquillement.
00:47:27Tu l'as acheté chez ses âges, là ?
00:47:28T'as des trucs, là ?
00:47:30C'est plutôt au collège où ça a commencé.
00:47:33Souvent, au collège, à l'adolescence,
00:47:34on veut s'affirmer.
00:47:36Donc là, on rencontre des gens,
00:47:38on se fait tous influencer
00:47:39par les plus grands qui sont nos modèles.
00:47:42Et au quartier, à l'époque, en tout cas,
00:47:44les modèles qu'on voyait,
00:47:45c'était plutôt les grands
00:47:47avec des belles voitures.
00:47:48C'était plutôt ça.
00:47:49Et puis, après, on rencontre,
00:47:51on a une bande, tout le monde...
00:47:53Voilà, j'ai suivi, j'ai suivi.
00:47:56J'ai suivi mes copains.
00:47:57En fait, c'est ça.
00:47:58Et puis après, au quartier,
00:48:01ça continue.
00:48:02On commence à vendre un peu de shit.
00:48:05Voilà.
00:48:07L'influence, c'est très important.
00:48:09Ils m'ont influencé.
00:48:10C'est pas vrai.
00:48:11Il m'a influencé.
00:48:12Il m'a influencé.
00:48:13C'est pas lui, non.
00:48:14C'est là qu'est arrivé le moment
00:48:15où on commençait.
00:48:16On avait des problèmes.
00:48:17C'est là qu'est arrivé le moment
00:48:18où il y avait des problèmes.
00:48:19Il était énorme comme ça.
00:48:21Ce que j'ai adoré à l'époque,
00:48:22chez Fever,
00:48:23c'est le fait qu'ils ne portent pas de jugement.
00:48:25Donc, je me rappelle,
00:48:26je les avais rencontrés.
00:48:27Ils étaient trois.
00:48:28Il y en a trois qui m'ont marqué,
00:48:30avec qui on a beaucoup échangé,
00:48:31qui nous écoutaient énormément.
00:48:33Parce que, sans jugement,
00:48:35je me rappelle,
00:48:36j'avais intégré une école,
00:48:38une lycée technique à Torion.
00:48:41Bon, en tout cas,
00:48:42dans mon 11e année,
00:48:43j'ai été à Torion.
00:48:44J'ai été à Torion.
00:48:45J'ai été à Torion.
00:48:46J'ai été à Torion.
00:48:47J'ai été à Torion.
00:48:48J'ai été à Torion.
00:48:49Bon, en tout cas,
00:48:50dans mon 11e, voilà.
00:48:51Et c'était grâce à Nassera, en plus.
00:48:54Elle m'a dit,
00:48:55on était là, assis.
00:48:56J'arrive avec des numéros
00:48:57et je n'ose pas appeler
00:48:59parce que c'était une école dans mon 11e.
00:49:01Et moi, pour moi,
00:49:02mon 11e,
00:49:03j'y allais que la nuit.
00:49:05Nassera, elle appelle.
00:49:07Je ne sais pas comment elle a fait.
00:49:09Elle a réussi à convaincre la directrice
00:49:11d'un rendez-vous.
00:49:12Elle me dit,
00:49:13vas-y.
00:49:14Je dis, comment ça, vas-y ?
00:49:15Vas-y, c'est bon, t'inquiète pas.
00:49:16Elle appelle.
00:49:17J'ai mon rendez-vous.
00:49:18J'y vais.
00:49:19Et puis, bam, ça a marché.
00:49:20Je ne sais pas,
00:49:21ils voient que notre projet,
00:49:22on y tient à cœur.
00:49:23Ils vont nous aider.
00:49:24Ils ne vont pas nous lâcher.
00:49:25C'est ça, le truc.
00:49:26Ils ne nous lâchent pas.
00:49:27Et même quand on a envie de lâcher,
00:49:28ils sont là,
00:49:29ils disent non, on ne lâche pas.
00:49:30Moi, je suis confiant sur toi.
00:49:31Rien que le fait de dire,
00:49:32j'ai confiance en toi,
00:49:33c'est, voilà.
00:49:34En tout cas, moi, pour ma part,
00:49:35c'est ce qu'ils m'ont apporté.
00:49:36Le fait d'avoir,
00:49:37le fait de savoir
00:49:38que moi aussi,
00:49:39je pouvais le faire.
00:49:40Voilà, elle a fait partie de ma vie.
00:49:43C'est ma deuxième maman.
00:49:44C'est-à-dire qu'un jour,
00:49:45je me souviens,
00:49:46on était, je crois,
00:49:47on était dans ma voiture
00:49:48ou dans sa voiture.
00:49:49J'ai dit,
00:49:50j'ai ma maman chez moi,
00:49:51j'ai ma maman de dehors.
00:49:52Elle me dit, c'est qui ?
00:49:53Je dis, c'est toi.
00:49:54Quand elle ne sait pas,
00:49:55elle qui me prend la tête,
00:49:56c'est toi qui me prends la tête.
00:49:57Donc, ouais,
00:49:58c'est ça,
00:49:59c'est ça,
00:50:00c'est ça,
00:50:01c'est ça,
00:50:02c'est ça,
00:50:03c'est ça,
00:50:04c'est ça,
00:50:05c'est ça,
00:50:06c'est ça,
00:50:07c'est ça,
00:50:08c'est ça,
00:50:10donc ouais.
00:50:12En fait,
00:50:13je pourrais pas expliquer.
00:50:14C'est,
00:50:15je sais pas.
00:50:16On ressent les choses.
00:50:17Je voyais beaucoup
00:50:18de sincérité chez elle
00:50:19et le fait qu'elle soit aussi
00:50:20sensible à l'art,
00:50:21je crois que c'est ça
00:50:24qui a fait que,
00:50:25je pense que,
00:50:26comme ils ont pris
00:50:27leur travail au sérieux,
00:50:29nous aussi on les a pris
00:50:31au sérieux très vite
00:50:32et oui,
00:50:33ça a sauvé beaucoup
00:50:34de personnes.
00:50:35Et même si parfois il y avait,
00:50:36il pouvait y avoir des requêtes,
00:50:38Il pouvait y avoir un laps de temps où on ne se voit pas,
00:50:40mais on avait toujours une pensée pour Feuvert.
00:50:43Et je pense qu'indirectement,
00:50:46ces éducateurs, ces sorciers-là,
00:50:50indirectement, ils nous ont donné ce truc-là,
00:50:53en nous, qui, on va dire,
00:50:55on a envie d'aider les plus jeunes, automatiquement.
00:50:59Là, ce qui va se passer, c'est que là, c'est le dernier artiste.
00:51:01Je ne sais pas si vous le connaissez.
00:51:08C'est un artiste qui est très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très
00:51:39Je peux dire une phrase.
00:51:42Pensez beaucoup à la vie.
00:51:45Sans ça, t'es rien.
00:51:50Viens, allez.
00:51:53Là, ça a filmé.
00:51:55T'envoies tes enfants.
00:51:56Viens, allez.
00:51:58Elle arrête pas de filmer.
00:52:01...
00:52:14Et voilà, c'était Ils m'ont jamais lâchée,
00:52:17jeunes de quartier, éducateurs de rue.
00:52:19Un film réalisé par Paul Muxel, bonjour,
00:52:22coécrit avec votre soeur Anne Muxel, bonjour.
00:52:25Vous êtes sociologue, politologue et directrice déléguée
00:52:28du Cevipof, le centre de recherche politique de Sciences Po.
00:52:31Bienvenue à toutes les deux d'avoir répondu à l'invitation
00:52:35de la zone d'éducation documentaire.
00:52:37Pour ce nouveau numéro, ce sont les élèves de l'option cinéma
00:52:41du lycée Maurice Genevoix à Ingres, tout près d'Orléans,
00:52:44qui vont vous poser des questions.
00:52:46Bonjour, les élèves.
00:52:47Je sais que vous avez plein de questions
00:52:50à poser à nos deux invités,
00:52:51mais juste avant, je voulais connaître votre sentiment
00:52:54sur ce documentaire.
00:52:56Qui connaissait déjà le métier d'éducateur
00:52:59ou peut-être même a déjà côtoyé dans sa vie
00:53:01un éducateur ou une éducatrice ?
00:53:03Oui, dis-moi, Léna.
00:53:04Oui, moi, je connaissais déjà.
00:53:06Au CHES, à côté, il y a une maison du quartier,
00:53:11il y a des éducateurs et tout, c'est sympa.
00:53:13OK. Il ressemble à ce que tu as vu dans...
00:53:16Oui.
00:53:17C'est vrai ? OK.
00:53:18On va commencer avec Léna.
00:53:20J'ai une première question pour la réalisatrice.
00:53:23Quels sont les buts de ce documentaire
00:53:26et quel public était visé, particulièrement ?
00:53:29Déjà, il faut reprendre l'origine de ce documentaire.
00:53:32C'est la Fondation Jeunesse Feuvert
00:53:36qui a chargé Anne de faire une étude.
00:53:40Et Anne m'a du coup conviée à faire un film.
00:53:43Donc, c'est vraiment un travail conjoint, toutes les deux.
00:53:47C'est-à-dire qu'il y a eu une enquête
00:53:50avec plein de questions,
00:53:51plein de moments échangés
00:53:55avec à la fois les éducateurs et les jeunes.
00:53:58Et donc, moi, après, j'ai pris quelques moments
00:54:01et quelques personnes pour réaliser le film.
00:54:04Le but, c'était un peu de faire comprendre le lien
00:54:07qu'il pouvait y avoir entre l'éducateur et les jeunes.
00:54:10Un peu rebondir, pardon.
00:54:11C'est un peu l'idée aussi
00:54:13que le métier d'éducateur de rue est peu connu.
00:54:15Donc, c'était aussi l'idée de mieux le faire connaître.
00:54:19De mieux le faire connaître auprès du grand public,
00:54:22auprès des pouvoirs publics et auprès des jeunes aussi.
00:54:25Bédirane.
00:54:26J'avais une question pour la réalisatrice.
00:54:28Combien de temps vous a-t-il fallu pour réaliser le documentaire ?
00:54:31Le documentaire, il est lié à l'étude.
00:54:34Donc, ça nous a quand même pris largement un bon hiver,
00:54:37si ce n'est pas plus,
00:54:38entre la préparation, le développement.
00:54:40Et après, le temps du film, il se fait ponctuellement
00:54:43à des moments sur tout ce laps de temps.
00:54:45Donc, on peut dire que ça a commencé à l'automne et ça s'est terminé...
00:54:49Moi, je n'arrivais pas à m'arrêter.
00:54:52Je n'arrivais pas à m'arrêter parce que la jeunesse,
00:54:54enfin, les jeunes rencontrés,
00:54:56pour certains, il y a une très belle énergie, une belle vitalité.
00:55:00Et à chaque fois, les éducateurs qui commençaient à nous connaître un peu,
00:55:04parce qu'en fait, ce n'était jamais simple au début.
00:55:05Il y avait aussi cette angoisse de se dire
00:55:07« Ah, encore une vision de la banlieue,
00:55:09encore une vision des jeunes dans les cités, de la difficulté. »
00:55:13Donc, il fallait aussi se faire rendre confiance.
00:55:15Et jusqu'à l'été, j'ai encore filmé, oui.
00:55:18J'ai une question pour la réalisatrice.
00:55:20Et c'est pour réaliser ce documentaire,
00:55:23vous étiez combien ?
00:55:24On était généralement deux.
00:55:26Il y avait moi, la caméra, et j'avais un assistant
00:55:31qui, à la fois, gérait le son ou qui, des fois, cadrait.
00:55:34Quand moi, j'étais plus sur un moment d'échange avec les jeunes.
00:55:39Ça dit quelque chose. Je pense que c'est ce que veut chercher Mickaël.
00:55:42C'est-à-dire que dans quelles conditions vous avez tourné,
00:55:43on sent qu'il y a quelque chose de très intimiste dans ce documentaire.
00:55:47Est-ce que c'est peut-être dû aussi au matériel
00:55:49ou en tout cas, c'était une volonté d'utiliser ce matériel-là pour...
00:55:52C'est pas seulement le matériel, c'est aussi une manière d'être avec...
00:55:55C'est aussi, comment dire, l'échange,
00:55:59que ce soit le jeune ou avec l'éducateur.
00:56:01Moi, ça fait longtemps que je fais des documentaires
00:56:02et je tiens beaucoup à cette qualité d'échange et de rapport avant.
00:56:06C'est ce qui amène quand même, malgré tout, une confiance.
00:56:10Et je suis pas là pour saisir quelque chose
00:56:13ou pour m'approprier quelque chose.
00:56:16Je suis là vraiment pour ce terrain d'échange
00:56:18et que, tout d'un coup, il y ait quelque chose
00:56:19qui puisse se dire à ce moment-là.
00:56:21Et ça, je tiens beaucoup à ce positionnement.
00:56:24On l'entend dans le documentaire.
00:56:25Ils sont là, donc les éducateurs, les éducatrices,
00:56:27ils sont là où il n'y a plus personne.
00:56:30Peut-être à vous, Anne, et ensuite à Paul.
00:56:32Ensuite, comment vous expliquez que cette situation existe ?
00:56:36Comment c'est possible que des jeunes aujourd'hui
00:56:38se retrouvent là où il n'y a plus personne ?
00:56:41Bien oui, c'est vrai qu'il y a certains territoires,
00:56:44certaines situations sociales, familiales aussi,
00:56:49où les jeunes rencontrent de grandes difficultés
00:56:52et peuvent avoir ce sentiment de solitude
00:56:55ou, en tout cas, manquer d'interlocuteurs adultes.
00:57:00C'est vrai que beaucoup de ces jeunes que nous avons rencontrés
00:57:02sont plutôt en difficulté avec l'école,
00:57:06ne trouvent pas toujours dans l'école, malheureusement,
00:57:10le soutien dont ils auraient besoin.
00:57:13Même si ce soutien existe, ils ont le sentiment, en tout cas,
00:57:16que ce n'est pas assez pour eux.
00:57:19Et que les éducateurs, à ce moment-là, supplaient à la fois
00:57:23à ce qui ne peut pas être donné par l'école,
00:57:25les éducateurs supplaient aussi à certaines carences familiales,
00:57:31à ce qu'ils ne trouvent pas non plus dans leur famille.
00:57:35Et donc, c'est vrai que les éducateurs de rue
00:57:39jouent un rôle quand le lien se construit,
00:57:42quand la rencontre se fait,
00:57:44très important au plan affectif, d'abord, avec les jeunes,
00:57:48mais aussi sur le plan de la confiance
00:57:51qu'ils peuvent redonner aux jeunes en eux-mêmes,
00:57:53qui souvent sont en perte de confiance.
00:57:56C'est très important, la confiance, pour avancer dans la vie,
00:57:59pour se projeter dans un avenir, pour s'envisager dans un métier.
00:58:04Il faut avoir confiance en soi et aussi confiance dans les autres.
00:58:08Et c'est ce à quoi s'attellent vraiment les éducateurs de rue,
00:58:12avec beaucoup d'assiduité.
00:58:16Ils ne comptent pas leur temps, les éducateurs de rue.
00:58:18Ils sont disponibles quasiment tout le temps.
00:58:22C'est ce que l'on voit, d'ailleurs, dans le film.
00:58:24C'est cette belle générosité aussi dont témoigne le film.
00:58:28Est-ce que, par exemple,
00:58:29indépendamment du fait de se sentir être à la place,
00:58:33est-ce que pour vous, c'est très important
00:58:35la présence d'un éducateur dans un quartier ?
00:58:37Est-ce que vous pensez que c'est complètement utile pour les jeunes ?
00:58:41Ça rajoute un lien en plus avec ces jeunes,
00:58:44parce que souvent, ils en ont besoin.
00:58:47Et du coup, c'est très important pour eux de trouver ce lien.
00:58:50Même si c'est un éducateur, c'est très important.
00:58:53C'est ce qu'on a ressenti très fortement avec Anne,
00:58:56cette importance de la présence.
00:58:58C'est-à-dire, heureusement qu'ils sont là.
00:59:01C'est vraiment le sentiment que j'ai eu, profondément.
00:59:04Et de la part des familles aussi,
00:59:06disent que, par exemple, le quartier est quand même beaucoup plus calme
00:59:11parce qu'ils savent qu'il y a la présence des éducateurs.
00:59:14Même s'ils ne se voient pas.
00:59:16Il y avait un témoignage très joli là-dessus,
00:59:18de la part d'un éducateur.
00:59:20Ils disent qu'on voit personne, mais eux, ils savent qu'on est là.
00:59:24Et puis, ce qui était aussi très important,
00:59:26vous l'avez peut-être entendu dans le film,
00:59:30c'est à la fois ce sentiment que les jeunes ont,
00:59:32et surtout quand ils sont devenus jeunes adultes,
00:59:35que les éducateurs ne les ont jamais lâchés,
00:59:38jamais laissés tomber.
00:59:39Mais ce qui nous a aussi été beaucoup dit,
00:59:41c'est que les éducateurs ne les jugeaient pas.
00:59:44Contrairement à leurs parents,
00:59:45contrairement à leurs enseignants,
00:59:48contrairement à des policiers, à des juges,
00:59:50contrairement à toutes sortes d'autres intervenants,
00:59:54les éducateurs prennent les jeunes comme ils sont,
00:59:58ne les jugent pas,
00:59:59et simplement sont là pour leur permettre
01:00:02d'avancer avec confiance
01:00:06et effectivement dans un chemin qui leur est bénéfique.
01:00:09Vous parlez des familles, justement.
01:00:12Est-ce que ça n'a pas été compliqué,
01:00:14d'avoir toutes les autorisations pour filmer autant de jeunes ?
01:00:18Comment vous avez fait, Paul ?
01:00:19Les autorisations, oui, ça a été mené en grande partie
01:00:22par les éducateurs, parce que c'est eux
01:00:24qui ont le lien entre enfants et famille,
01:00:27et donc il y a des familles qui n'étaient pas partantes
01:00:30et des jeunes qui ont refusé.
01:00:32Moi, j'ai filmé un jeune que je trouvais très intéressant,
01:00:35mais qui, finalement, m'a dit que ça ne m'intéressait pas,
01:00:38que je ne pouvais pas, etc.
01:00:39Aussi, le contrat qui est mené,
01:00:42c'est qu'ils ont le droit,
01:00:44ils peuvent dire oui, accepter,
01:00:46mais si je leur montre les images après,
01:00:48ce qui a été choisi au montage, ils peuvent dire non.
01:00:51C'est ce rapport de confiance que j'établis toujours
01:00:54avec toutes les personnes qui sont filmées,
01:00:57parce que c'est ça, aussi, la relation d'échange.
01:00:59Comme dans tous les films, et particulièrement celui-là,
01:01:03il y a des jeunes qui étaient d'accord et qui avaient envie
01:01:06d'être dans le film et d'autres qui n'avaient pas envie d'exister.
01:01:09Vous auriez accepté, vous, d'être suivi,
01:01:12comme ça, dans vos excursions,
01:01:13quand ils font des petits voyages,
01:01:16quand ils vont distribuer de la nourriture
01:01:18aux sans-abris, vous auriez accepté, comme ça,
01:01:21d'être suivi par une caméra tout le temps ?
01:01:23Dis-moi, ça t'aurait dérangé, toi, ou pas ?
01:01:26Non, pas spécialement, parce que je me serais dit
01:01:28peut-être que j'ai envie de montrer aux autres
01:01:32qu'ils peuvent s'en sortir avec ces éducateurs
01:01:34et que ça les aiderait, je sais pas, moi,
01:01:38à s'épanouir dans leur quartier, dans leur cité.
01:01:41Déjà, il faut du courage, mais c'est...
01:01:44Quand on a vu le documentaire,
01:01:45c'est une expérience qui fait plaisir à suivre,
01:01:48parce que c'est pas tout le temps qu'on voit ça.
01:01:50Il y a des enfants qui aiment tellement leur éducateur
01:01:54qu'ils ont dit, ah ben non, je peux pas refuser.
01:01:57Elles ont dit, non, je le fais pour eux,
01:01:59je le fais pour lui, je le fais pour elle.
01:02:01C'est tellement bien, ce qu'on fait ensemble, etc.,
01:02:04qu'il y avait une envie de participer.
01:02:06Vous avez pas filmé les parents.
01:02:08Qu'est-ce qu'ils en pensent, eux, de le feu vert ?
01:02:11Le feu vert, voilà.
01:02:12Est-ce que, vu qu'on dit souvent
01:02:14que les enfants n'ont pas de relation avec leurs parents
01:02:17et qu'ils vont au feu vert pour trouver cette relation,
01:02:20est-ce que les parents, eux aussi, essaient de changer ou non ?
01:02:23Comment ça se passe ?
01:02:24Il faut comprendre les situations des parents.
01:02:27Il y a pas mal de jeunes qui se retrouvent livrés à eux-mêmes
01:02:30parce que soit le père n'est pas là, soit la mère n'est pas là,
01:02:33ou la mère travaille le matin et rentre très tard le soir.
01:02:36C'est souvent, en l'occurrence, dans les cités, par exemple,
01:02:39le frère, le grand frère,
01:02:42ou quelqu'un à côté qui va s'occuper du jeune.
01:02:46Donc, les parents sont très contents
01:02:49qu'il y ait une présence des éducateurs dans la rue.
01:02:52A chaque fois, ça a été témoigné.
01:02:54Pour eux, c'est très rassurant parce que, du coup, le jeune,
01:02:57il est dans une activité,
01:02:58il est dans le local
01:03:01qui appartient aux éducateurs,
01:03:04et c'est rassurant plutôt que le jeune soit dans la rue.
01:03:07De la part des parents, il y a toujours quelque chose
01:03:10d'assez positif.
01:03:11On continue avec Lilian.
01:03:13Pour la réalisatrice, quand avez-vous tourné
01:03:15et vous êtes-vous sentie en insécurité, des fois ?
01:03:19On s'est jamais sentie en insécurité
01:03:21à partir du moment où on était avec l'éducateur.
01:03:24Alors, ça nous a été souvent dit,
01:03:26mais si l'éducateur n'était pas là,
01:03:28ça serait assez moyen pour vous.
01:03:30Avec une petite caméra dans la rue,
01:03:32vous seriez assez vite repérés.
01:03:34Après, on faisait aussi référence à des époques plus difficiles
01:03:38qu'aujourd'hui, mais il y avait toujours un peu ce doute
01:03:41parce qu'ils se connaissent tous.
01:03:43J'ai pas eu ce sentiment d'insécurité, au contraire.
01:03:46Et à chaque fois que je marchais dans la rue avec un éducateur,
01:03:49j'avais l'impression que toute la jeunesse
01:03:52m'avait déjà intégrée au groupe de la Fondation Jeunesse Feuvert
01:03:55et il suffisait de dire la Fondation Jeunesse Feuvert
01:03:59ou dire simplement Jeunesse Feuvert
01:04:01et on avait l'impression que tout le quartier était...
01:04:04Il y avait un feu vert, du coup.
01:04:06Il y avait largement un feu vert, oui.
01:04:08Très bien, on continue avec toi, Julia.
01:04:10Ma question est pour Anne-Miexel.
01:04:12Est-ce que vous aviez pensé à d'autres associations,
01:04:15d'autres organisations qui s'occupent des jeunes ?
01:04:18Non, parce que c'était vraiment, très clairement,
01:04:21une demande de la Fondation Jeunesse Feuvert.
01:04:23Voilà, la demande, au départ, de Jeunesse Feuvert
01:04:28était de lui permettre
01:04:32d'évaluer ce travail si difficile à évaluer,
01:04:36car au long cours, car invisible,
01:04:39puisqu'il se passe dans la rue, dans des interactions
01:04:42et dans des relations
01:04:45qui vont se nouer
01:04:47sans forcément regard extérieur,
01:04:51et donc d'évaluer l'intérêt de la prévention spécialisée
01:04:56et du travail des éducateurs
01:04:58et du lien qui peut se créer avec les jeunes.
01:05:01Donc c'était une commande bien spécifique
01:05:04pour faire valoir l'importance de ce secteur de l'éducation
01:05:08aux pouvoirs publics, et donc aux pouvoirs publics
01:05:12qui vont financer ou pas
01:05:14cette prévention spécialisée et les éducateurs de rue.
01:05:18Parce que très souvent, en période de réduction de budget,
01:05:22très souvent, c'est la prévention spécialisée,
01:05:26les éducateurs de rue, qui font l'objet de coupes budgétaires,
01:05:30parce qu'on considère, qu'on ne voit pas très bien,
01:05:34finalement, à quoi servent ces éducateurs de rue,
01:05:38si leur travail est vraiment efficace,
01:05:40si ça a vraiment une incidence sur les jeunes.
01:05:44Et vraiment, ce film, justement,
01:05:46et cette étude ont montré combien c'était important,
01:05:51à condition que l'on prenne le temps,
01:05:53et vous le voyez dans ce film,
01:05:55on commence à des âges, à prendre des enfants de 10, 12 ans,
01:06:00et puis on a des jeunes adultes aussi, à la fin,
01:06:02donc à condition de considérer leur action
01:06:07sur une échelle d'âge beaucoup plus importante et plus longue
01:06:11de plusieurs... Voilà, au moins d'une dizaine d'années.
01:06:15J'avais une question pour Anne-Mixelle.
01:06:18Est-ce que les éducateurs sont bien préparés
01:06:20à faire face à des adolescents en difficulté ?
01:06:23Est-ce que, par exemple, je ne sais pas,
01:06:25s'il y a des nouveaux éducateurs, ils leur expliquent
01:06:27les dangers qu'il peut y avoir ?
01:06:30Le métier d'éducateur, c'est un métier.
01:06:32Donc, il y a des écoles de formation au métier d'éducateur,
01:06:37donc, évidemment, il y a, dans cette formation,
01:06:41une sensibilisation à toutes les situations
01:06:45qu'ils peuvent rencontrer.
01:06:47On les forme à être éducateurs,
01:06:51mais il ne reste pas moins qu'après,
01:06:53une fois confrontés à la réalité de leur métier,
01:06:55ils peuvent se trouver dans certaines situations
01:06:59plus ou moins compliquées, plus ou moins graves aussi,
01:07:04débordés, peut-être.
01:07:05C'est effectivement un travail difficile
01:07:08qui leur demande de croire beaucoup,
01:07:11non seulement en ce qu'ils sont, en ce qu'ils font.
01:07:14Vous le voyez, d'ailleurs, dans le film,
01:07:16quand ils ont besoin d'être assez solides
01:07:19par rapport à leur conviction
01:07:22et à leur engagement d'aider les jeunes,
01:07:25quoi qu'il arrive et quoi qu'il leur en coûte.
01:07:30Mais voilà, ils trouvent, après, dans ce travail-là,
01:07:34un grand appui auprès de l'équipe.
01:07:35Ils ne sont jamais complètement tout seuls, non plus,
01:07:37les éducateurs de rue.
01:07:39Ils appartiennent à des équipes de prévention
01:07:42et donc, chaque semaine,
01:07:44voire chaque jour, quand c'est nécessaire,
01:07:48ils échangent entre eux, entre éducateurs,
01:07:51sur ce qui se passe avec chacun des jeunes
01:07:55qu'ils suivent plus en particulier.
01:07:57Donc voilà, il y a aussi cette entraide collective.
01:08:00Et quand, par exemple, ça se passe mal avec un jeune,
01:08:03parce qu'on ne sait pas, à un moment,
01:08:05il peut y avoir moins d'affinités, des embrouilles, etc.,
01:08:09eh bien, l'éducateur n'hésitera pas
01:08:12à demander à un de ses collègues de prendre le relais,
01:08:15parce que lui, il aura le sentiment
01:08:18de n'avoir pas pu faire ce qu'il fallait.
01:08:21Il ne faut pas faire de gâchis.
01:08:22C'est pas juste parce que tu vas la découper, la mande.
01:08:25Oui.
01:08:27Oh, comme ça, Georgina ?
01:08:29Après, tu l'ouvres comme une fleur.
01:08:30Voilà !
01:08:31C'est comme ça que je fais, moi.
01:08:32Tiens, après, il y a les ananas.
01:08:34Non, mais il ne faut pas mettre les blancs.
01:08:36On voit des jeunes filles voilées
01:08:38travailler dans une cuisine.
01:08:40Oui, c'est ça.
01:08:41Je me demandais si, finalement,
01:08:43la question de la religion n'est pas du tout traitée
01:08:45dans votre documentaire.
01:08:47Aucun jeune n'en parle, aucun éducateur n'en parle.
01:08:50Est-ce une question de montage ?
01:08:51Ou est-ce que la religion n'est pas un sujet
01:08:54pour ces jeunes comme pour ces éducateurs ?
01:08:56Moi, j'ai des moments, en effet, où on aborde la religion.
01:09:00Ce sont des questions que les éducateurs abordent librement
01:09:04avec les jeunes dans des moments de séjour,
01:09:06mais très naturellement.
01:09:08Ce ne sont pas des questions posées avec une intention.
01:09:11Ce sont des choses qui se produisent naturellement.
01:09:13D'ailleurs, à un moment donné,
01:09:15il y a le témoignage d'une jeune fille qui dit
01:09:17que ça m'a beaucoup enrichie, tous ces débats,
01:09:20parce que maintenant, j'ai plus confiance
01:09:23dans ce que je peux penser.
01:09:25Même si je ne pense pas comme les autres,
01:09:27ce n'est pas grave, je prends en compte
01:09:30le fait que d'autres peuvent penser différemment.
01:09:33Et on le voit bien.
01:09:34C'est vrai que, par exemple, c'est le travail des éducateurs
01:09:37de... Comment dire ?
01:09:40D'encourager le débat
01:09:43et de montrer les vertus, au fond, du débat.
01:09:47C'est ça, aussi, l'apprentissage de la démocratie
01:09:50et du vivre ensemble, de faire vivre ensemble
01:09:52une pluralité d'opinions
01:09:54dans le respect de la différence de chacun.
01:09:56C'est plutôt comme ça qu'ils approchent
01:10:00ces questions religieuses ou politiques
01:10:03liées à la laïcité, à toutes sortes de questions.
01:10:07Autour d'un goûter, autour d'un séjour,
01:10:09autour d'un moment convivial, toujours.
01:10:12Capucine ?
01:10:13Le fait que Feuvert n'est pas obligatoire,
01:10:16ça n'a pas été trop difficile pour suivre les jeunes ?
01:10:18Non. On n'a pas eu du tout accès à des jeunes
01:10:22qui ont échappé à Feuvert
01:10:25ou qui ont été là et qui sont partis de Feuvert.
01:10:28On sait que les jeunes peuvent être là un certain temps
01:10:30et qu'ils disparaissent après, revenir ou pas revenir.
01:10:33Ils n'ont pas de certitude, en fait.
01:10:36Comment les jeunes découvrent Feuvert ?
01:10:39Est-ce que c'est via des amis ou par la télé ?
01:10:44C'est plusieurs choses.
01:10:45Très souvent, ils ont entendu parler par un ami
01:10:48ou dans le quartier, c'est tellement connu
01:10:51que finalement, voilà,
01:10:54tout le monde est tout courant.
01:10:57Généralement, ils y vont de frère en sœur,
01:11:01de frère en frère, de génération en génération.
01:11:04Dans une famille, on a souvent trouvé, avec Anne,
01:11:07que tout le monde était allé à Feuvert
01:11:09dès son plus jeune âge jusqu'à la fin.
01:11:12Est-ce que les éducateurs vont chercher des jeunes en difficulté ?
01:11:15Dans la rue, c'est tout un travail particulier.
01:11:18Ils se mettent devant un collège ou un lycée,
01:11:21ils ne font que passer, ils ne font que dire bonjour.
01:11:23Ils expliquent ce qu'ils font,
01:11:25ils proposent aux jeunes des activités,
01:11:27en leur disant, l'après-midi, on va faire du foot
01:11:31ou on va faire de la boxe ou on part faire visiter,
01:11:35et ils proposent aux jeunes de passer au local
01:11:37et de participer.
01:11:38C'est comme ça que ça se passe au fur et à mesure.
01:11:41Après, entre amis, ils communiquent.
01:11:44C'est les jeunes qui doivent avoir envie
01:11:47d'aller à la rencontre de ces éducateurs
01:11:51ou plus exactement de les suivre,
01:11:53puisque ces éducateurs, ils sont là,
01:11:55ils vont circuler dans les espaces en bas des immeubles,
01:11:59à la sortie des collèges ou du lycée,
01:12:02ils vont être là, ils vont se montrer,
01:12:04ils vont dire qu'ils sont là, qu'ils sont disponibles,
01:12:07qu'ils ont envie de faire,
01:12:09ils vont venir nous voir et le lien peut se créer.
01:12:12Je voulais vous poser une question.
01:12:14On a une jeune, le personnage de Lina,
01:12:17qui se retrouve dans cette sortie
01:12:19où ils vont visiter une ferme avec des vaches, etc.
01:12:22Et Lina, elle dit qu'elle n'avait pas envie de le faire,
01:12:26qu'elle avait été forcée.
01:12:27On lui dit qu'elle ne veut pas faire,
01:12:29mais elle veut.
01:12:31Elle reste à la maison, elle fait ça un autre jour,
01:12:33elle ramène son fromage.
01:12:35On s'est sentie forcée.
01:12:36Là, c'est vraiment... C'est forcé, en fait.
01:12:39Maman a dégoûté du fromage.
01:12:41Et du lait.
01:12:42Les vaches sont hyper sales, elle les lave jamais.
01:12:45Ouais.
01:12:47C'est un truc qu'on ne voulait pas faire.
01:12:51C'est beau.
01:12:53C'est fait, c'est fait.
01:12:54Comment vous réagissez à ça ?
01:12:56Awa, tu te souviens de ce personnage ?
01:12:58Et tu t'es dit quoi ?
01:13:00Elle exagère.
01:13:01On lui propose une super sortie, une activité, c'est sympa.
01:13:04Ou est-ce que tu t'es dit qu'elle a raison ?
01:13:07Pourquoi on la force à faire quelque chose qu'elle n'a pas envie ?
01:13:10Je me suis dit qu'elle abusait un peu.
01:13:13À sa place, j'aurais aimé, même si l'odeur n'est pas agréable,
01:13:16découvrir de nouvelles choses.
01:13:18OK.
01:13:19Je me suis dit que même si elle n'avait pas voulu,
01:13:22elle aurait quand même pu essayer pour voir de nouvelles choses.
01:13:26Ah ouais ?
01:13:27Même si elle ne connaissait pas et elle n'a pas aimé,
01:13:29elle aurait très bien pu aimer.
01:13:31Tout le monde est d'accord ?
01:13:33Oui, dis-moi.
01:13:34Moi, je comprends, parce qu'ils ne vivent pas de la...
01:13:37Ils n'ont pas peut-être le même avis que nous,
01:13:40comme tout le monde.
01:13:41Et surtout, ils ont toujours été dans une case différente.
01:13:44Et du coup, sortir de cette bulle,
01:13:46c'est forcément plus dur et plus compliqué.
01:13:48Et forcément, ils ne vont pas avoir la même vision que nous.
01:13:52Bon. Lola.
01:13:54Pour Anne Muxel,
01:13:56donc, Feuvert arrive-t-il à satisfaire toutes les demandes ?
01:14:00On va dire qu'il n'y a jamais assez de moyens, au fond.
01:14:05Il n'y a jamais assez de personnes
01:14:08face, en fait, à une demande qui est très importante.
01:14:11C'est ce que l'on a pu sentir et montrer dans le film.
01:14:15Il y a quand même une attente très importante des jeunes.
01:14:19Et donc, bien évidemment,
01:14:21qu'il faudrait qu'il y ait plus d'éducateurs de rue.
01:14:24Mais ça ne dépend pas que de la Fondation Jeunesse Feuvert.
01:14:27La Fondation Jeunesse Feuvert est dotée de l'argent public,
01:14:32des collectivités locales,
01:14:34qui permettent de financer, justement,
01:14:37ces éducateurs de rue.
01:14:40Donc, il faut que les collectivités locales,
01:14:43territoriales,
01:14:45maintiennent leur budget de prévention spécialisée,
01:14:49voire même le renforcent,
01:14:51pour qu'il y ait suffisamment
01:14:54de présence de ces éducateurs dans la rue.
01:14:57Ce qui n'est pas le cas.
01:14:59Non, loin de là.
01:15:00Donc, il y a vraiment un manque important.
01:15:03D'où l'intérêt du film.
01:15:04C'est pour ça qu'on a aussi, au travers de ce film,
01:15:07fait oeuvre un peu militante, si j'ose dire,
01:15:09si le mot n'est pas trop fort,
01:15:11mais quand même,
01:15:12c'est porter à la connaissance du public
01:15:14toute l'importance, finalement,
01:15:17de ces métiers qu'on ne connaît pas bien
01:15:19et que les jeunes, d'ailleurs, ne connaissent pas bien.
01:15:22C'est aussi pour donner envie à des jeunes
01:15:25de devenir éducateurs spécialisés.
01:15:29C'est aussi un très beau métier.
01:15:31Le film peut aussi déclencher des vocations.
01:15:34On va y venir.
01:15:35On espère.
01:15:36Sylvain, très tôt dans le film, dit...
01:15:40Wow, c'est pas un boulot facile.
01:15:42Quand je suis arrivé, le premier soir,
01:15:44où je me suis retrouvé seul dans le local avec des grands
01:15:47qui me testaient un peu, qui me postulaient,
01:15:50voir comment je réagissais,
01:15:51est-ce que je tenais la route, tout ça,
01:15:54je me suis dit...
01:15:55Wow !
01:15:56C'est pas un boulot facile.
01:16:00Et, en fait, c'est par les actes
01:16:02qu'on crée la relation de confiance.
01:16:05Est-ce que vous vous êtes dit...
01:16:07Le métier d'éducateur, d'éducatrice,
01:16:10c'est pas facile.
01:16:11Dites-moi. Dites-moi, Mickaël.
01:16:13Il doit y avoir des moments, ça doit être difficile...
01:16:18au niveau émotionnel,
01:16:19et ressentir des choses dures.
01:16:21Hum-hum.
01:16:23C'est des jeunes qui n'ont pas le même rapport avec l'école,
01:16:26leur famille et leur milieu de vie, le même que nous.
01:16:29Du coup, forcément, quand un éducateur passe...
01:16:33arrive dans ce genre de lieu,
01:16:35ça doit être dur d'y s'y intégrer,
01:16:39de gagner la confiance de ces jeunes,
01:16:41parce que c'est pas...
01:16:43Les jeunes, ils sont peut-être plus réservés.
01:16:46Et... Voilà.
01:16:48Hum-hum.
01:16:49Est-ce que...
01:16:50Est-ce que certains d'entre vous se sont dit,
01:16:53justement, on en parlait tout à l'heure,
01:16:55ça me dirait bien, moi, ça me dirait bien,
01:16:57ou est-ce qu'en tout cas, vous vous êtes posé la question
01:17:01d'aider, d'aider de cette manière-là ?
01:17:03Est-ce que c'est un métier auquel vous pensez maintenant,
01:17:06en tout cas qui fait partie des listes des métiers possibles ?
01:17:09Non ? Pourquoi, dis-moi ? Joao ? Trop dur ?
01:17:12Ouais.
01:17:13Hum-hum.
01:17:14C'est... Le métier, il est bien,
01:17:16mais je pense que c'est assez dur de gagner la confiance des jeunes,
01:17:20de les faire travailler un peu.
01:17:23C'est un beau métier, mais très, très difficile.
01:17:26C'est ce que tu comprends, toi. D'autres ?
01:17:28Je vois ça plus comme une vocation.
01:17:30Ouais, bien sûr.
01:17:31C'est un simple métier, ils sont là avec les jeunes,
01:17:34ils les aident, un peu comme si c'était leur propre enfant,
01:17:37et ils veulent juste les voir réussir, en fait, rien d'autre.
01:17:40Il m'intéresse pas, mais je trouve que c'est courageux de le faire,
01:17:44parce qu'il faut avoir ce... Cette force
01:17:47de garder ses émotions, ses avis, ses jugements,
01:17:51parce qu'on peut avoir des jugements sur les jeunes
01:17:55ou tout ce qu'ils pensent, mais on peut pas le dire,
01:17:59on peut pas dire nos émotions non plus,
01:18:01parce qu'ils sont là pour les encadrer,
01:18:04pour les aider à aller de l'avant et pas juger et imposer
01:18:07des jugements, du coup.
01:18:08Arène, on t'écoute.
01:18:10J'avais une question pour Anne Muxel.
01:18:12Des fondations comme Feuvert, est-ce qu'il en existe d'autres ?
01:18:16Alors, les éducateurs, d'abord, il existe d'autres fondations,
01:18:19d'autres services, je pense même qu'ici,
01:18:22ou à Orléans, il doit y avoir des services
01:18:24d'éducation spécialisée, ou des associations.
01:18:29Euh... Bien sûr.
01:18:31J'ai une question pour Paul et Anne Muxel.
01:18:34Les jeunes ont-ils vu le documentaire
01:18:36et qu'en ont-ils pensé ?
01:18:38Alors, les jeunes ont vu le documentaire, oui.
01:18:41La fondation Jeunesse Feuvert a fait des projections.
01:18:45C'est surtout les éducateurs qui ont eu le retour, des jeunes.
01:18:49Pour les jeunes, c'était important d'être là
01:18:51dans cette relation avec l'éducateur.
01:18:54Pour les éducateurs, ils se posaient la question
01:18:56de savoir ce que ça allait donner.
01:18:58Est-ce qu'ils savaient bien, finalement,
01:19:00retranscrire quelque chose de ce qu'ils étaient en train de vivre
01:19:04et de traverser avec les jeunes ?
01:19:05Je crois qu'on a réussi, quand même, à capter
01:19:08ce qui était, finalement, un défi au départ,
01:19:12c'est de capter la nature d'un lien
01:19:14et la façon dont...
01:19:16La tessiture, si j'ose dire, la teneur de ce lien,
01:19:19ça, je pense qu'on a réussi à le faire,
01:19:23et c'est ce qui est précieux dans le film,
01:19:25parce que ça se voit, ça s'entend,
01:19:29ça se sent, donc je pense que tout le monde était content.
01:19:34Je pense qu'en tout cas, le film, le livre,
01:19:36à coup sûr, sont dans les écoles de formation,
01:19:38c'est évident, pour les éducateurs,
01:19:41mais on n'est pas, nous, toujours au courant ni impliqués,
01:19:45puisque nous, maintenant, on a fait, si j'ose dire, notre travail.
01:19:49Les adolescents, ils ont un mouvement de vie,
01:19:52ils sont fragiles, mais ils ont un mouvement de vie très fort,
01:19:55et donc, ils expriment des choses à l'état brut, quoi.
01:20:00Et à leur contact, j'apprends, j'apprends sur...
01:20:04Effectivement, qu'on peut...
01:20:07Que c'est une période où on peut être fragile
01:20:10sur tellement de points, tellement de points,
01:20:12et que c'est important de pouvoir les comprendre,
01:20:15de pouvoir leur laisser leur chance,
01:20:17de pouvoir les accueillir dans notre société,
01:20:20parce que c'est les adultes de demain.
01:20:22A leur contact, j'apprends tellement de choses.
01:20:25Vous, qu'est-ce que vous avez appris, Paul et Anne,
01:20:29au contact de ces éducateurs ?
01:20:32L'engagement d'un métier n'est pas facile,
01:20:35ça a été évoqué.
01:20:38Être là, présent, tous les jours,
01:20:40pour un jeune qui ne sait pas où il va,
01:20:44où il va aller, ou comment il est accompagné,
01:20:47ça demande, en effet, une vigilance de tous les intents,
01:20:50une disponibilité dans la relation.
01:20:54Et moi, j'ai appris...
01:20:56J'ai tout d'un coup approché un univers que je ne connaissais pas,
01:21:00et ça m'a appris, comment dire, le côté très précieux
01:21:03de l'engagement de ces personnes, tout d'un coup,
01:21:06un peu un don de soi,
01:21:07à donner du temps, de l'attention,
01:21:11de la compréhension.
01:21:12Tout ça, comme vous l'avez évoqué, quasi sans jugement,
01:21:16c'est-à-dire face à des situations très graves,
01:21:19dans lesquelles l'éducateur se remet en question,
01:21:22parce qu'autant il y a un pacte de secret
01:21:24entre le jeune et l'éducateur,
01:21:26parce que, justement, l'éducateur ne va pas transmettre
01:21:30ni à la justice, ni à la famille,
01:21:32mais quand il s'agit de situations graves,
01:21:34il est obligé, quand même, d'émettre un signalement.
01:21:37Et donc, l'éducateur, aussi, comme ça,
01:21:40entre confiance,
01:21:42rompre quelque chose dans la confiance,
01:21:45accompagner le jeune à raisonner
01:21:46parce qu'il faut absolument dénoncer une situation.
01:21:49Donc, moi, je trouve que c'est un métier...
01:21:52Personnellement, ça m'a appris...
01:21:54Heureusement qu'il y a des personnes comme ça,
01:21:57qui sont capables de donner de leur temps
01:21:59pour accompagner des jeunes en difficulté.
01:22:02Après, je l'ai dit tout à l'heure,
01:22:04les jeunes et leur énergie, leur vitalité
01:22:06et leur espoir très positifs dans l'avenir,
01:22:09j'ai trouvé ça incroyable.
01:22:11J'ai été très sensible, en ce qui me concerne,
01:22:14à ce rappel que l'éducation,
01:22:16eh bien, c'est un chemin long,
01:22:21incertain,
01:22:24et qui doit être sans cesse bordé par la confiance.
01:22:29Et donc, je crois que le rappel que ces éducateurs font
01:22:33de façon extrêmement convaincante,
01:22:36y compris dans des situations les plus problématiques
01:22:39de cette nécessité du temps,
01:22:42de la confiance
01:22:44et de la gestion de l'incertitude,
01:22:47c'est-à-dire qu'ils ne savent pas si ça va marcher ou pas,
01:22:51si le jeune va s'en sortir ou pas,
01:22:53eh bien, ça, je trouve que ce rappel de ce qu'est l'éducation...
01:22:58Oui, c'est ce qui m'a...
01:23:00Ça a été une belle leçon pour moi.
01:23:03Et vous, les élèves, si les éducateurs, les éducatrices
01:23:07tombent par hasard sur notre émission,
01:23:10qu'ils vous voient ?
01:23:11Quel message ? Qu'est-ce que vous auriez envie de leur dire ?
01:23:14Qu'ils continuent leur travail, parce que c'est bien ce qu'ils font,
01:23:17et ils redonnent de l'espoir aux jeunes,
01:23:19et je trouve ça vraiment beau.
01:23:21Je trouve qu'il a tout à fait raison,
01:23:23que c'est admirable ce qu'ils ont fait,
01:23:25qu'ils devraient continuer,
01:23:27parce qu'il y a plein de jeunes dans ce cas-là,
01:23:29et que je pense qu'on a tous besoin, au final,
01:23:31de quelqu'un auprès de nous pour nous aider.
01:23:34Enfin, pas que ce soit forcément un de nos proches,
01:23:37mais une personne à qui on peut se confier, tout ça.
01:23:40J'espère qu'ils vont continuer,
01:23:42parce que c'est un métier beaucoup plus relationnel,
01:23:45je pense, qu'on imagine tous,
01:23:46et la relation, forcément, qui s'installe
01:23:50entre les personnes, l'éducateur,
01:23:52doit être vraiment très présente et très puissante,
01:23:55donc j'espère qu'ils vont continuer,
01:23:57et que ça va aider plus de jeunes.
01:23:59On leur souhaite encore beaucoup de courage, alors.
01:24:02C'est ça ? Bon.
01:24:03Merci infiniment. Merci à tous.
01:24:05Merci à vous deux d'avoir participé à Z,
01:24:07la zone d'éducation documentaire.
01:24:09Merci à vous, les élèves, et nous, on se retrouve très vite
01:24:12avec une prochaine classe, un nouveau film,
01:24:14parce qu'il n'y a pas d'âge, pour questionner le monde.
01:24:17Salut, les élèves !
01:24:18Au revoir.
01:24:20SOUS-TITRAGE ST' 501

Recommandations