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"Physiquement, je tiens parce que j'aime ce que je fais."
Clémence est interne en gynécologie. Encore étudiante, elle alterne entre ses cours de médecine et ses longues journées de travail à l'hôpital de Hautepierre à Strasbourg. Brut l'a suivie.
Transcription
00:00Le rythme cardiaque du bébé n'est pas très bon.
00:04Donc il y a un risque de césaria dans l'urgence là.
00:08Physiquement, clairement, je tiens parce que j'aime ce que je fais
00:12et que je ne changerai pas de métier.
00:17J'adore être au contact des femmes et être là pour elles.
00:21Donc c'est vrai que ça nous aide à tenir tous, tous les internes.
00:26Ça peut partir en bruit à tout moment.
00:34Des fois, j'ai des semaines qui sont à 100 heures.
00:36On ne sait jamais quand est-ce qu'on mange, on ne sait jamais quand est-ce qu'on boit.
00:39Si on a le temps, on le fait et on ne perd pas de temps.
00:43Je vais juste écouter si j'entends un bébé.
00:49Oui, c'est bon, il y a un bébé.
00:52On va dans une des salles d'accouchement
00:55où on va poser la méthode de déclenchement qui a été choisie par la patiente.
01:08L'hôpital tourne énormément sur les internes.
01:11On en a besoin partout, dans toutes les spécialités.
01:16Votre peloute, elle est en kiff.
01:17On fait un premier tri, donc on gère pas mal de choses.
01:22Et les choses qui sont les plus importantes,
01:25qui nécessitent d'avoir un avis par un seigneur,
01:28on fait tout de suite appel à notre chef.
01:31Il y a un jour dans la semaine où ma journée va commencer à 8h
01:35et je finis ma journée à 8h le lendemain.
01:38Après, j'ai ma journée repos, heureusement.
01:41Mais parfois, j'ai aussi une garde qui se rajoute le week-end.
01:44Le week-end, on commence notre garde, on la finit.
01:47Le lendemain, pour 70 heures par semaine, à BAC plus 7,
01:52j'ai 1 700 euros brut en salaire de base.
01:55Ce serait bien qu'on ait une valorisation de ce qu'on fait.
01:59On a l'impression de tenir l'hôpital, d'avoir une pression constante,
02:05de mettre nos vies personnelles de côté.
02:08Et derrière, d'avoir une rémunération
02:12qui n'est pas forcément à la hauteur de ce qu'on pourrait espérer.
02:17Alors, on ne fait pas ça pour l'argent, clairement.
02:20Je pense qu'on pourrait faire un autre métier,
02:23on pourrait gagner beaucoup plus.
02:26Là, si on le fait, c'est parce qu'on aime soigner des gens,
02:30on aime être là pour aider.
02:36Il y a un bébé qui ralentit, il fait un ralentissement prolongé,
02:39donc il faut aller voir ce qui se passe.
02:42On a la chance, dans notre spécialité, d'avoir pas mal de moments joyeux,
02:47mais on a aussi des moments un peu moins joyeux.
02:51C'est sûr que ce n'est pas évident quand on a une patiente qui vient aux urgences
02:54parce qu'elle sent son bébé bouger et qu'elle est à terre,
02:57mais qu'on fait l'échographie et qu'on n'a pas de cœur.
03:00C'est que le bébé est décédé, on ne sait pas quand, on ne sait pas pourquoi.
03:05L'annonce, c'est horrible.
03:09C'est un crève-cœur pour nous.
03:11Dans notre spécialité, les joies sont immenses
03:14et on a de la chance parce que c'est la majorité des cas,
03:17mais quand ça ne se passe pas bien, quand on a des peines,
03:21elles sont encore plus décuplées.
03:24C'est quand même un boulot assez intense physiquement
03:27et psychologiquement, il faut réussir à tout gérer,
03:30les émotions des gens, nos propres émotions à nous
03:33et notre fatigue accumulée, qu'elle soit physique ou mentale.
03:38Bonjour messieurs, dames.
03:40Clémence, je suis l'interne de gynéco de salle d'accouchement aujourd'hui.
03:44Mine de rien, à côté de ça, on est quand même des étudiants en formation.
03:48On a besoin d'apprendre encore.
03:51C'est la raison pour laquelle déjà à l'hôpital,
03:53on a toujours nos chefs qui sont derrière nous,
03:55qui nous aident quotidiennement.
03:58Mais à côté de ça, on a aussi des cours.
04:01La vie personnelle, on essaye d'en avoir tant que possible.
04:07Sur l'écran et sur tous les écrans qu'on a partout dans la salle,
04:11on a tous les rythmes cardiaques des bébés.
04:15Il y a 11 salles d'accouchement, donc on peut avoir 11 patientes en même temps.
04:20On doit vraiment avoir une vue d'ensemble très vite.
04:25Ok. Allez, c'est parti.
04:28On va se chercher à manger et après, on a un staff.
04:31On n'a pas forcément tout le temps le temps de manger.
04:34Comme je disais tout à l'heure, c'est plutôt une journée calme.
04:37Donc là, on peut le faire, on a l'occasion de le faire.
04:44Moi, c'est Clémence.
04:45C'était juste pour savoir si ça allait en salle d'acc.
04:48On peut manger.
04:50Oui, docteur.
04:52Quand tu te fais appeler en disant, viens tout de suite,
04:55tu sais que tu ne dois pas prendre des heures à venir.
04:58Je suis super contente d'être ici.
05:01Moi, je vis ma meilleure vie.
05:04Je fais la spécialité que j'ai envie de faire.
05:06J'aime mon métier.
05:07J'aime être au contact des femmes.
05:09J'aime leur offrir la joie de donner la vie.
05:16Je trouve ça génial.

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