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Transcription
00:00Il y en a toujours qui se disent que c'est anti-homme, mais non, c'est anti-agression.
00:12Après le mouvement MeToo,
00:13je commence à réfléchir à pas mal de choses qui me sont arrivées dans ma vie,
00:16dont des traumatismes, des agressions, des viols que j'avais mis un peu sous le tapis
00:20en me disant que j'arrive quand même à vivre, à avancer.
00:23Et en fait, sans me rendre compte de l'impact que ça avait,
00:26et je n'avais pas forcément fait de lien sur l'impact que ça avait sur ma sexualité,
00:30l'absence de libido, sur mes crises de panique, mes crises d'angoisse.
00:35Et au-delà de ça aussi,
00:37cette espèce de rôle que je joue finalement depuis petite,
00:39de plaire, de jamais déborder, de jamais faire de vagues,
00:45de toujours être un peu, je ne sais pas, parfaite, plaisante.
00:48Surtout que j'ai commencé à évoluer très jeune dans le mannequinat,
00:50donc c'est quelque chose qu'on nous dit, c'est plutôt de nous taire et d'être belle.
00:53Même dans le couple, il y avait une dynamique qui était étouffante en fait,
01:00où je n'arrivais pas à trouver ma place, être réellement moi-même.
01:03Et donc je me suis enfuie chez mes amis S,
01:06et on a vécu entre femmes pendant assez longtemps,
01:09enfin pendant très longtemps, même aujourd'hui, on continue de vivre à moitié ensemble.
01:12Pour la première fois de ma vie, je n'avais plus ce regard sur moi,
01:16c'est-à-dire ce regard patriarcal qui est un peu infusé partout,
01:20et même y compris en moi.
01:22J'ai commencé à pouvoir parler et avoir une écoute particulière par rapport à mes traumatismes,
01:27et aussi c'était teinté de beaucoup d'humour,
01:30et c'est ce qui m'a permis justement d'en parler.
01:33Je me souviens très bien, j'étais sur le balcon avec mes copines,
01:36et cette sensation, j'ai eu envie d'en faire un film.
01:39Il y a quoi dans la poubelle ?
01:41Un énorme cadavre.
01:43L'humour permet de mettre à distance, de se réapproprier,
01:46d'avoir aussi cette idée de, en fait, j'ai le droit de vivre, j'ai le droit d'être en vie,
01:51j'ai le droit de me moquer.
01:52Ensuite, de mettre du gore et du fantastique, surtout du gore et du sang.
01:56Il y a un côté très cathartique dans l'idée de toute cette violence qui a été accumulée
02:01et qui n'a jamais finalement été...
02:03Moi, je ne suis pas quelqu'un de violent dans la vie, donc je n'ai jamais renvoyé de violence,
02:07mais du coup, elle a été très ancrée en moi et paralysante.
02:11Le gore, c'est attribué souvent aux masculins, les films d'hommes,
02:15et ce n'est pas anodin, je pense qu'il y a beaucoup de femmes qui font de plus en plus des films de genre,
02:19c'est parce que, justement, il y a cette violence à extérioriser,
02:23et il y a aussi, dans ce mélange des genres, la possibilité d'aller trop loin,
02:27de déborder, de frôler le mauvais goût et la vulgarité.
02:30Du coup, c'est la liberté absolue, surtout pour les femmes qui ont toujours,
02:33souvent été représentées comme une image de papier glacé,
02:36la vulgarité étant plus facilement acceptée chez l'homme.
03:10Et c'est pour ça qu'on se retrouve avec que des agresseurs,
03:13ils ont pris toute la place dans leur vie, ils ont pris trop de place,
03:16et donc elles ne voient plus que ça.
03:18Elle a besoin de parler des agresseurs, des agressions qu'elles subissent trop souvent,
03:22et justement, on n'entend pas suffisamment les autres,
03:26on n'entend pas suffisamment ceux qui n'agressent pas.
03:28Il y a beaucoup d'hommes, beaucoup de films d'hommes,
03:30ou beaucoup, beaucoup, beaucoup, où il n'y a pas de femmes,
03:33ou alors les femmes sont là pour servir l'homme,
03:35où elles sont naïves, elles sont bêtes, elles sont vénales,
03:37elles sont manipulatrices, elles sont méchantes.
03:40On les tue, on les viole.
03:42Souvent, on les a regardées, et puis on s'est juste dit,
03:44ah ben tiens, je regarde, c'est un super film.
03:46Et c'est vrai que là, c'est tout de suite très apparent,
03:49quand on fait un film de femmes et qu'on ne voit pas un homme bien dans le film,
03:52tout de suite, ça paraît très violent.
03:55Beaucoup d'hommes ont apprécié le film, mais ne se sentent pas...
04:02Au contraire, me disent qu'ils sont dans un chemin de prise de conscience,
04:06que du coup, ça les intéresse, qu'ils ont passé aussi un bon moment.
04:10Donc, c'est agréable de voir, justement, ça me fait dire que les choses changent.
04:13Je le fais bien, là ?

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