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Raphaël Glucksmann, député européen et leader de “Place Publique”, était l’invité du Face-à-Face de ce jeudi 12 décembre sur BFMTV et RMC. Il a été interrogé sur la fin des négociations sur les accords entre l'UE et le Mercosur. Il a également évoquer les noms des potentiels noms pour succéder à Michel Barnier à Matignon. 

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00:00BFM TV face à face. Apolline de Malherbe.
00:09Il est 8h32 et vous êtes bien sur RMC et BFM TV. Bonjour Raphaël Glucksmann.
00:14Bonjour.
00:15Merci d'être dans ce studio ce matin pour répondre à mes questions. Vous êtes député européen place publique.
00:19Vous étiez tête de liste pour le parti socialiste notamment et place publique aux européennes. Vous êtes soulagé ce matin ?
00:25Je ne serais soulagé que si la France sort de la crise. On est encore à un moment extrêmement fragile.
00:31Mais ce que je vois c'est qu'il y a des bougées. Il y a des bougées dans la classe politique et enfin, enfin...
00:37Vous dites des bougées vous ?
00:38Je dis des évolutions.
00:39Ça bouge quoi.
00:40Des changements.
00:41Évidemment vous faites référence à ce qui s'est passé hier matin, à ce même micro Olivier Faure qui officialisait une forme de rupture avec la France insoumise.
00:50Est-ce que c'est là-dessus que vous estimez que c'est un bougé ?
00:53C'est un bougé mais il y a d'autres bougées. Il y a aussi un président de la République qui a compris que peut-être il fallait parler à tout le monde
01:00s'il voulait élargir la possibilité d'une majorité à l'Assemblée nationale.
01:05En fait ce qui se passe aujourd'hui c'est qu'enfin on prend au sérieux le résultat des élections du 7 juillet.
01:11C'est-à-dire que la classe politique a fait comme si le 7 juillet n'avait pas eu lieu.
01:15Qu'est-ce qui s'est passé le 7 juillet ? Qui a gagné les élections ?
01:18C'est un rejet majoritaire dans la population française du Rassemblement national.
01:23C'est le refus de donner les manettes à Le Pen et Bardella.
01:26Et qu'est-ce qu'on a fait depuis le 7 juillet dans la classe politique ?
01:29Eh bien on n'a absolument pas respecté ce front républicain.
01:33On a fait comme si on avait gagné à gauche.
01:35On a fait comme si on pouvait continuer comme avant du côté d'Emmanuel Macron.
01:39Et le résultat ça a été quoi ?
01:40Ça a été de redonner les clés à Marine Le Pen.
01:43Précisément ce que les Françaises et les Français ont refusé.
01:46Et il faut prendre au sérieux ce qui s'est passé le 7 juillet.
01:48Vous savez, pour un Français de droite, voter pour un candidat de gauche au deuxième tour, ça a été dur.
01:53De la même manière, pour une électrice ou un électeur de gauche,
01:57de voter pour Darmanin, ça a été très dur.
02:00Et donc, en responsabilité, il y a eu un rejet du Rassemblement national.
02:04Et parce qu'ensuite il n'y a même pas eu de dialogue,
02:06ce qu'on a fait c'est qu'on a redonné les clés à la personne qui avait été rejetée.
02:09Donc vous estimez qu'au fond, depuis deux ou trois jours, il y a une sortie du déni ?
02:14Il y a une sortie du déni et il y a un comportement adulte.
02:17On discute. Je ne sais pas où ça ira. Je ne sais pas si ça réussira.
02:21Je ne sais pas si ça débouche sur une motion de censure, sur un gouvernement de coalition.
02:25Je ne sais pas quelle sera l'attitude du Président de la République.
02:27Je suis comme vous. Je ne sais pas qui me nommera comme Premier ministre.
02:30On attend, comme tous les Français.
02:32Mais je pense qu'il y a là une opportunité pour changer les méthodes politiques,
02:37pour changer le rapport au pouvoir dans notre pays,
02:39pour ressembler peut-être un peu plus à nos voisins européens.
02:42Moi, mes collègues au Parlement européen, quand ils regardent notre Assemblée nationale,
02:45et depuis le 7 juillet, ils ne captent pas pourquoi il y a un tel blocage.
02:49Pourquoi ?
02:50C'est quand même assez clair. Il y a quand même trois groupes, trois blocs.
02:55Il n'y a pas de majorité.
02:56Dans les autres démocraties européennes.
02:58Quand on est dans une situation comme celle-là, il y a des discussions
03:01pour savoir comment on crée une majorité, comment on crée la possibilité d'un gouvernement.
03:06Vous savez, en Allemagne, ils vont aller aux élections.
03:09Mes collègues socio-démocrates, ils sont dans une situation
03:12où ils vont se battre contre la droite pendant ces élections.
03:15Mais si la droite l'emporte, ou si eux l'emportent,
03:18mais ils ne peuvent pas faire de majorité,
03:20eh bien ils vont commencer des discussions,
03:22parce qu'ils ne veulent pas donner le pouvoir à l'AFD, à l'extrême droite,
03:25parce qu'ils ne veulent pas que l'Allemagne plonge dans le chaos.
03:27Donc, en responsabilité, acceptez de parler avec ceux qui sont parfois des adversaires,
03:32mais pas autant que ne le serait l'ORN.
03:34Vous avez des ennemis politiques, et vous ne voulez pas qu'ils prennent le pouvoir.
03:38C'est l'extrême droite.
03:39Ensuite, vous avez des adversaires politiques.
03:41Et ce qui compte, ce qui devrait compter, plus que toute autre chose,
03:45c'est que notre pays va mal.
03:47C'est qu'il peut sombrer.
03:49C'est que les entreprises, les usines, ferment les unes après les autres.
03:52C'est qu'à l'hôpital, les urgences sont toujours plus engorgées.
03:56C'est la vie des gens qui compte.
03:58Et au-delà de ça, c'est aussi la voie de la France dans le monde.
04:02On est à un moment où on est en train de perdre tout crédit.
04:05Il y a un décrochage économique du pays.
04:07Il y a une Commission européenne qui n'écoute plus la France
04:10et qui signe le Mercosur parce que nous n'avons pas de gouvernement,
04:13nous n'avons pas de voix.
04:14Il y a des enjeux mondiaux qui sont massifs, qui sont vitaux pour nous.
04:18On a Donald Trump qui va prendre le pouvoir le 20 janvier.
04:21Et nous, on a finalement une classe politique très nombriliste
04:24qui refuse de donner un gouvernement à ce pays.
04:27On va revenir précisément sur tout ce que vous évoquez à l'instant,
04:30et notamment sur la question du Mercosur
04:32et de l'image que ça donne aussi de l'Union européenne.
04:35Lorsque vous dites Emmanuel Macron enfin parle à tout le monde,
04:38il ne parle pas à tout le monde, c'est-à-dire qu'il a réuni tout le monde,
04:41sauf le RN, on vient d'en parler, mais aussi LFI.
04:44Vous estimez que c'était la bonne configuration ?
04:46Il n'avait pas à être autour de la table ?
04:48Il y a eu un front républicain qui s'est constitué contre le RN.
04:52Aujourd'hui, il s'agit d'une chose,
04:54c'est d'émanciper le gouvernement de la France de la tutelle de Marine Le Pen.
04:58On ne veut plus cette scène où finalement le sort de notre pays dépend du pouce baissé.
05:03Il y a eu des écoutes sur RMC où baisser le pouce,
05:05comme dans les cirques romains,
05:07pour montrer ce que Marine Le Pen a décidé de faire avec son geste de censure.
05:11Et tout gouvernement minoritaire dépendra de ce pouce baissé de Marine Le Pen.
05:15Moi, je ne veux pas que l'avenir de mon pays dépende du pouce baissé de Marine Le Pen.
05:19Et ensuite, il y a la France insoumise qui refuse de participer à toute forme de négociation,
05:24parce que le seul but de la France insoumise aujourd'hui,
05:26c'est de créer les conditions d'une présidentielle anticipée.
05:30Parce que l'obsession, c'est Jean-Luc Mélenchon,
05:33président de la République ou au moins candidat à la présidence de la République.
05:36Moi, je ne veux pas dépendre de ces obsessions.
05:39Je ne veux pas dépendre du destin personnel de Jean-Luc Mélenchon.
05:42Je veux que la France ait un gouvernement.
05:44Je ne veux pas de présidentielle anticipée.
05:46Je ne veux pas de chaos.
05:47Je ne veux pas que mon pays sombre dans une instabilité permanente.
05:50Et donc, qu'est-ce qu'on doit faire pour éviter ça ?
05:52Ça doit être ça, notre obsession.
05:54Eh bien, ce qu'on doit faire, c'est voir s'il est possible
05:56d'avoir un accord minimal qui permette de stabiliser le pays.
05:59On ne va pas trancher maintenant les grandes questions,
06:01les grandes transformations dont notre pays a besoin.
06:03Ça, c'est les élections, les prochaines élections nationales.
06:05En attendant, il faut s'allier sur un certain nombre de priorités essentielles,
06:10universelles j'allais dire,
06:12c'est-à-dire qui permettraient de tous vous mettre d'accord ?
06:14Eh bien, il faut poser sur la table ce que nous on demande.
06:16Nous, on demande plus de justice fiscale.
06:18On demande que quand on s'affronte à un déficit,
06:21eh bien, on fasse en sorte que ceux qui ont le plus contribuent le plus
06:24pour sauver la nation, pour sauver son budget.
06:26On demande, eh bien, de mettre sur la table la question des retraites.
06:29On demande de mettre sur la table la question de la transformation écologique.
06:33On demande que, eh bien, les premiers efforts soient réalisés
06:36pour l'hôpital et pour l'école.
06:38C'est ça qu'on demande.
06:39Mais ensuite, il y a des gens qui seront autour de cette table
06:41et qui auront d'autres exigences.
06:42Et comment on fait ?
06:43Eh bien, on voit s'il y a possibilité...
06:45Mais ça veut dire qu'on va se retrouver forcément
06:47avec le plus petit dénominateur commun, non ?
06:49Là, on ne va pas faire le grand soir.
06:51Je vous le dis, cash, on ne va pas mener les grandes transformations.
06:54On ne va pas imposer un projet qui permette d'accéder enfin
06:59à un pays plus juste, à un pays plus écologiste.
07:01On n'y arrivera pas là.
07:03Ce qu'on peut faire, c'est gratter.
07:05Ce qu'on peut faire, c'est arracher des progrès.
07:07Mais évidemment, à la fin, des élections nationales trancheront,
07:11trancheront entre des projets qui resteront antithétiques,
07:13entre des offres politiques qui seront diverses.
07:15Mais en attendant, on n'aura pas fait sombrer notre pays.
07:17Donc faire au moins un peu, faire le plus possible
07:20en attendant les prochaines élections.
07:22Oui, exactement. Et surtout, le plus possible, c'est d'éviter.
07:26Ce que vous dit LFI, c'est quand même que justement,
07:30ces 30 mois où vous allez peut-être obtenir deux, trois petites victoires,
07:34mais eux, ils disent, il faut absolument,
07:36et c'est encore ce que Jean-Luc Mélenchon martelait il y a deux jours,
07:39obtenir des élections anticipées pour obtenir plus tout de suite.
07:43Mais déjà, vous avez entendu le président de la République.
07:46Il a dit qu'il n'allait pas démissionner.
07:49Ni démissionner, ni redissoudre l'Assemblée.
07:52Donc pour obtenir sa démission, on va plonger le chaos.
07:55On va plonger le pays dans le chaos.
07:57On va faire une censure, deux censures, trois censures.
08:00Mais en attendant, l'économie, elle s'effondre.
08:03Le budget, il n'est pas géré. Le pays, il n'est pas gouverné.
08:07Les gens qui ont des attentes comme les agriculteurs,
08:10eh bien, ils ne peuvent s'adresser à personne.
08:12Ils ne peuvent faire de deal avec personne.
08:14Ils ne peuvent rien obtenir de personne.
08:16Pendant 30 mois, on va plonger le pays dans l'instabilité
08:18pour réclamer la démission d'Emmanuel Macron.
08:20Moi, je n'y crois pas à ça.
08:21Et d'autre part, le calcul qui viserait à dire,
08:23eh bien, lançons une élection présidentielle.
08:25Vous avez eu le sondage aujourd'hui ?
08:27Le sondage qui montre, un sondage lancé par nos confrères du Figaro,
08:30qui montre que Marine Le Pen gagne encore des points
08:33en cas de présidentielle.
08:35Moi, je ne joue pas avec la perspective
08:38de l'arrivée de Marine Le Pen à l'Élysée.
08:41Avec une constitution, la constitution française,
08:44qui rendrait cette arrivée au pouvoir beaucoup plus douloureuse
08:47que le triomphe de l'extrême droite dans les autres pays européens.
08:49Parce que chez nous, il y a l'article 16.
08:51Parce que chez nous, tous les pouvoirs vont à la présidence de la République.
08:53Et donc, on ne peut pas jouer avec ça.
08:56Moi, je ne jouerai jamais avec la perspective
08:59d'une prise du pouvoir par l'extrême droite.
09:01J'ai été prêt à m'allier à des gens avec lesquels
09:03j'ai des divergences immenses,
09:05avec des gens avec lesquels
09:07j'ai des problèmes politiques majeurs,
09:10des oppositions frontales.
09:13Simplement aux élections législatives,
09:15simplement pour éviter la perspective
09:17de la prise du pouvoir par Jean-Marie de Bardia.
09:20Donc, je ne jouerai pas jamais.
09:22Aujourd'hui, de dire justement, moi, je ne joue pas, je ne suis pas comme eux.
09:24Et en même temps, hier, on se souvient
09:26notamment au moment des élections présidentielles.
09:28Vous aviez dit votre soutien au moment
09:30des élections présidentielles.
09:32Vous avez régulièrement soutenu Jean-Luc Mélenchon.
09:34Vous avez régulièrement soutenu Jean-Luc Mélenchon.
09:36À Pauline de Bayerne.
09:38À une présidentielle,
09:40j'ai soutenu Jean-Luc Mélenchon.
09:41Vous aviez fait un long texte
09:43de soutien, y compris contrit,
09:45à Jean-Luc Mélenchon.
09:47Jamais aux présidentielles.
09:49Mes votes ont toujours été publics.
09:51Vous n'allez pas nier qu'avec ce texte, il était comme ce texte.
09:53Je n'ai jamais soutenu.
09:55Et vous n'avez jamais soutenu Jean-Luc Mélenchon ?
09:57Aux présidentielles, jamais à Pauline de Bayerne.
09:59Vous pouvez vérifier cela.
10:01Aux élections législatives
10:03de 2024,
10:05parce qu'elles ont été décrétées dans l'urgence,
10:07parce qu'il y avait la menace d'une prise
10:09de pouvoir immédiate
10:11par le Rassemblement national.
10:13Parce que nous n'avions que trois jours pour trouver une parade.
10:15J'ai soutenu le Nouveau Front Populaire.
10:17Oui.
10:19Et je suis heureux que nous ayons
10:21contribué à barrer la route
10:23à Jordan Bardella.
10:25À ce moment-là, Raphaël Glucksmann, pardonnez-moi,
10:27en effet, il y a eu tellement d'élections
10:29que je me souviens précisément d'un moment
10:31où vous avez soutenu en expliquant
10:33pendant un long texte,
10:35justement précisément en vous fouettant,
10:37je le fais, mais c'est malgré moi,
10:39mais malgré tout, c'était le moment où Jean-Luc Mélenchon
10:41était candidat pour être Premier ministre.
10:43Vous avez soutenu la candidature de Jean-Luc Mélenchon comme Premier ministre.
10:45Alors, écoutez-moi bien,
10:47personne à gauche
10:49n'a assumé la confrontation frontale
10:51avec la vision du monde portée
10:53par Jean-Luc Mélenchon autant que moi.
10:55C'est aussi simple que ça.
10:57Moi, j'assume tous les combats,
10:59toutes les divisions, et je l'ai dit
11:01au moment de la création du Nouveau Front Populaire,
11:03je l'ai dit,
11:05je l'ai dit,
11:07il n'y aura pas de Jean-Luc Mélenchon
11:09Premier ministre.
11:11Avez-vous, oui ou non, à ce moment-là, quand même, écrit ce fameux texte ?
11:13Mais en 2022, j'ai écrit
11:15« Je ne battrai pas campagne avec Jean-Luc Mélenchon Premier ministre. »
11:17Je l'ai dit.
11:19Mais il y a eu quand même des moments où vous avez fini par le faire.
11:21Mais non, non, ce n'est pas vrai.
11:23Jamais, jamais.
11:25J'ai soutenu le rassemblement de la gauche
11:27dans une situation très particulière.
11:29Et, je vous le dis,
11:31j'ai à chaque fois dit
11:33« Je ne battrai pas campagne pour Jean-Luc Mélenchon Premier ministre
11:35et je ne veux pas de Jean-Luc Mélenchon Président. »
11:37Alors, qu'est-ce qu'il fait ?
11:39Je rechercherai, il n'y a aucun problème,
11:41j'écoute parfaitement ce que vous dites ce matin.
11:43Pour une raison très simple,
11:45c'est que je pense qu'il ne peut pas
11:47être le candidat de la gauche
11:49pour accéder aux responsabilités.
11:51Ni hier, ni aujourd'hui, ni demain ?
11:53Ni hier, ni aujourd'hui, ni demain.
11:55Pour une raison simple, c'est que sa vision du monde
11:57n'est pas la mienne, ne sera jamais la mienne.
11:59Et j'assumerai ces clivages
12:01de manière franche jusqu'au bout.
12:03Quand on est face à une menace du Rassemblement national,
12:05il faut hiérarchiser les périls.
12:07Et c'est ça qui est moral.
12:09Ce n'est pas de se draper dans sa vertu qui est morale.
12:11Ce qui est moral, c'est de se dire
12:13qu'on ne donne pas les clés du pays,
12:15en particulier à ce moment, alors que l'Europe est en guerre
12:17à des forces politiques.
12:19Pourquoi, Raphaël Glucksmann,
12:21on va revenir aussi sur la question de l'Ukraine et de la Syrie,
12:23parce que j'imagine que c'est aussi ce que vous avez en tête
12:25par rapport au positionnement d'un Jean-Luc Mélenchon,
12:27mais, Raphaël Glucksmann,
12:29pourquoi le Parti socialiste a-t-il mis si longtemps
12:31si votre positionnement à vous était aussi clair ?
12:33Mais moi, dès le 7 juillet,
12:35à 20h05, sur un tableau de télé,
12:37j'ai dit, nous sommes en tête.
12:39Mais avouez que vous étiez assez seul.
12:41Vous êtes retourné, il n'y avait personne derrière.
12:43En tout cas, je n'ai jamais dévié de cette ligne.
12:45Nous sommes en tête,
12:47donc les priorités de la gauche doivent être au cœur des discussions à venir.
12:49Nous sommes légitimes,
12:51nous sommes légitimes
12:53à gouverner le pays,
12:55mais nous ne sommes pas majoritaires,
12:57donc nous devons engager des discussions
12:59avec les autres forces politiques.
13:01Ça, c'est opposé totalement à tout programme.
13:03Mais moi, ce que je veux dire,
13:05c'est que là, plutôt que de refaire l'histoire
13:07de nos relations avec Jean-Luc Mélenchon,
13:09plutôt, on devrait discuter de comment on fait
13:11pour avoir un gouvernement pour notre pays
13:13qui reflète le résultat des élections.
13:15Raphaël Glucksmann, est-ce qu'aujourd'hui, les communistes,
13:17on a entendu Olivier Faure du Parti socialiste,
13:19mais est-ce qu'aujourd'hui, les communistes
13:21et les écologistes sont sur la même ligne ?
13:23Moi, je ne sais pas. Demandez-leur.
13:25C'est ce qu'est-ce que je vois, moi.
13:27Mais il y a un doute, quand même, non ?
13:29Je vois un truc très simple.
13:31Ils ont entamé des discussions.
13:33Ils ont été à l'Élysée.
13:35C'est ce que je demande, c'est qu'on discute.
13:37Je ne sais pas si ça aboutit encore une fois,
13:39mais peut-être qu'Emmanuel Macron
13:41aura décidé de ne pas changer, de ne rien changer,
13:43de garder le même cap politique,
13:45les mêmes gens, et dans ce cas-là,
13:47ce sera lui qui portera la responsabilité de l'échec,
13:49ce sera lui qui portera le stigmate
13:51de l'irresponsabilité.
13:53Ce qu'il faut savoir, c'est qu'en ce moment,
13:55dans un moment aussi dur pour les Françaises et les Français,
13:57nous avons besoin de tout tenter
13:59pour avoir un gouvernement
14:01qui permette des avancées,
14:03qui permette d'arracher des victoires.
14:05Que faire ? On l'a bien compris, il y a un certain nombre
14:07de victoires que vous aimeriez,
14:09vous l'avez dit, sur le pouvoir d'achat, sur les retraites,
14:11qui pour l'incarner, on parle de François Bayrou,
14:13est-ce que pour vous, c'est une personne
14:15qui pourrait jouer ce rôle-là ?
14:17Je viens de vous dire qu'il faut montrer,
14:19que tout le monde doit montrer
14:21qu'on est capable de bouger.
14:23Le problème, là, c'est que dans les noms qui circulent,
14:25la plupart sont, depuis 2017,
14:27au cœur
14:29du système macroniste.
14:31Si vous voulez envoyer comme signal que vous êtes prêts
14:33à une réorientation de la politique,
14:35je suis désolé, ce n'est pas la meilleure
14:37des manières. Vous dites comme Olivier Faure hier,
14:39François Bayrou, c'est non.
14:41Ce n'est pas le bon casting. Il faut un Premier ministre
14:43qui montre qu'on va changer de politique.
14:45Vous aviez appelé de vos voeux Laurent Berger,
14:47vous le disiez même à 20h05,
14:49comme vous dites, le soir du 7 juillet.
14:51Est-ce qu'aujourd'hui, Laurent Berger,
14:53vous avez réussi à le convaincre ?
14:55Ça fait trois mois que vous en parlez avec lui.
14:57Je pense qu'il faut aujourd'hui un Premier ministre
14:59issu de la gauche et probablement quelqu'un
15:01qui vient de la société civile et pas nécessairement
15:03des partis politiques.
15:05Est-ce que vous avez réussi à le convaincre ?
15:07Vous aviez sorti son nom comme ça ?
15:09Je ne suis pas le porte-parole de Laurent Berger,
15:11mais une figure comme celle
15:13de Laurent Berger,
15:15mais il y a d'autres possibilités.
15:17Vous avez un patron de gauche,
15:19vous avez des responsables
15:21de la société civile.
15:23Vous pensez à Éric Lambart ?
15:25Éric Lambart qui est le patron de la Caisse des dépôts.
15:27Moi, ce que je veux,
15:29c'est quelqu'un qui soit capable
15:31de ne pas antagoniser les forces politiques
15:33et en particulier, quelqu'un qui ne soit pas
15:35marqué par les sept années
15:37de macronisme, parce que quand on engage
15:39des discussions, c'est un rapport de force.
15:41Ce n'est pas pour dire qu'on est d'accord avec vous,
15:43on est d'accord avec tout ce que vous avez fait depuis sept ans.
15:45Ce n'est pas la continuation
15:47de sept ans de macronisme. Nous, ce qu'on veut,
15:49c'est des réorientations politiques.
15:51Ce qu'on veut, c'est des changements
15:53qui soient visibles, sensibles, palpables
15:55par les Françaises et les Français.
15:57La meilleure des choses qu'Emmanuel Macron
15:59pourrait faire aujourd'hui, c'est nommer un premier ministre
16:01qui peut incarner potentiellement
16:03ce changement de cap.
16:05Et ce n'est pas François Bayrou qui le soutient
16:07depuis le début, qui pourrait incarner
16:09en quelque sorte cette rupture.
16:11On a parlé beaucoup de Bernard Cazeneuve,
16:13ancien ministre de l'Intérieur
16:15de François Hollande. Est-ce que lui, pour vous,
16:17pourrait incarner ? Il n'était pas là
16:19depuis 2017. Il n'était pas au pouvoir
16:21depuis 2017. Il incarne donc
16:23une évolution de la politique.
16:25Et franchement, ce serait
16:27un signal beaucoup plus positif
16:29envoyé aux forces politiques que de nommer
16:31quelqu'un qui a critiqué la politique
16:33d'Emmanuel Macron comme Bernard Cazeneuve.
16:35Est-ce que cela suffira
16:37à redonner une
16:39forme de légitimité
16:41aux yeux du monde ? Vous disiez tout à l'heure que vis-à-vis
16:43de vos confrères au Parlement européen,
16:45la France apparaissait comme extrêmement affaiblie.
16:47Mais l'Europe aussi.
16:49Comment pouvez-vous défendre l'Europe
16:51aux yeux des Français quand, depuis des mois, on leur dit
16:53le Mercosur, on vous a entendu, on vous a entendu
16:55et qu'on voit Ursula von der Leyen, qui est la présidente
16:57de la Commission, qui va parader en Uruguay pour le signer ?
16:59Eh bien, c'est une faute majeure
17:01d'Ursula von der Leyen et nous la combattrons.
17:03Et moi, je ferai tout
17:05pour qu'au Parlement européen, il y ait une majorité
17:07de rejet du Mercosur.
17:09Vous savez, ça se joue à très peu de voix.
17:11Donc ce sera un combat très féroce,
17:13très dur, mais on veut
17:15obtenir le rejet du Mercosur.
17:17Vous nous dites ce matin,
17:19Raphaël Glucksmann, et c'est important notamment pour les agriculteurs
17:21qui nous écoutent et qui ont du mal à se projeter,
17:23on ne sait plus qui croire.
17:25Vous vous dites ce matin,
17:27c'est pas fait. On peut encore le faire tomber.
17:29Mais attendez, il y a deux manières
17:31de le faire tomber. La première des manières,
17:33c'est qu'au Parlement européen,
17:35quand on reçoit le texte, on vote contre
17:37et on va mobiliser
17:39dans tous les groupes politiques
17:41pour obtenir une majorité de rejet.
17:43Donc rien n'est fait. Il y a un combat politique. Il y a une démocratie
17:45en Europe. Donc si les parlementaires
17:47refusent le Mercosur, les parlementaires
17:49refusent le Mercosur.
17:51S'il y a aussi
17:53l'option du Conseil,
17:55au Conseil européen, il peut y avoir une minorité
17:57de blocage. Et c'est là que la voix
17:59de la France doit être puissante. Et c'est pour ça
18:01aussi qu'on a besoin d'un gouvernement.
18:03On doit convaincre d'autres pays
18:05de rejeter le texte. C'est pour ça qu'Emmanuel
18:07Macron est aujourd'hui en Pologne.
18:09Il vient de partir
18:11pour aller effectivement rejoindre
18:13notamment ceux qui sont contre le Mercosur
18:15comme lui. Vous avez dit qu'il y avait deux moyens.
18:17Il y a cette voie-là. Est-ce qu'il y a
18:19aussi des moyens juridiques ? Est-ce qu'à un moment,
18:21on pourra se battre contre ce texte ? Si.
18:23Parce que vous le dites, c'est à quelques voix près.
18:25Ça peut aussi passer. Bien sûr que ça peut passer.
18:27Mais ça, c'est le combat politique. C'est la démocratie.
18:29S'il y a une majorité pouvant
18:31et qu'au Conseil, on ne trouve pas une minorité
18:33de blocage, nous serons mis en minorité.
18:35Mais par ailleurs, il y a un autre combat.
18:37C'est le refus de scinder les deux textes.
18:39Il y a un accord d'association de désolés et d'aides techniques
18:41et un accord de libre-échange. C'est très bien. Vous avez bien raison.
18:43Et donc, ce que la Commission européenne
18:45essaie de faire, c'est de scinder ces deux textes pour qu'il n'y ait
18:47pas de possibilité de veto d'un État.
18:49Nous, on va se battre pour que ces deux textes ne soient pas scindés.
18:51Donc en fait, ce qu'on veut faire...
18:53Mais sur l'image de l'Europe. Mais bien sûr que c'est une catastrophe.
18:55Aux yeux des Français.
18:57Et en particulier des agriculteurs. C'est une
18:59catastrophe. Honnêtement.
19:01Le Mercosur, c'est un héritage des années 90 et 2000.
19:03Quand on pensait que le libre-échange allait assurer
19:05la prospérité générale. C'est une catastrophe
19:07pour l'environnement. C'est une catastrophe
19:09pour nos agriculteurs. Mais c'est une catastrophe aussi
19:11pour la démocratie. C'est-à-dire pour le sentiment que
19:13les Français se disent qu'on nous a dupés.
19:15La démocratie, elle n'a pas fini son jeu.
19:17Justement. Qu'on mette
19:19la pression sur le Parlement européen.
19:21Qu'au Parlement européen,
19:23on s'organise pour lutter jusqu'au bout.
19:25Est-ce que vous ne redoutez pas
19:27une sorte de remake de 2005 ?
19:29Le sentiment des Français
19:31qu'ils ne sont, une fois de plus, pas écoutés
19:33par les institutions européennes ?
19:35Oui. Je vous le dis de manière franche.
19:37Oui, je pense que ça peut devenir le symbole
19:39d'une humiliation en plus de la France.
19:41Et ce ne sera pas la première.
19:43C'est un désastre.
19:45Mais quand je dis que notre pays
19:47perd son crédit en Europe.
19:49Que l'influence française est en plein déclin.
19:51Et en particulier depuis
19:53le 9 juin. Quand vous parlez
19:55avec les dirigeants européens.
19:57Ils sont tous en train de regarder notre pays.
19:59De voir un pays en crise.
20:01Complètement bloqué.
20:03Personne en Europe n'a compris
20:05la décision d'Emmanuel Macron de dissoudre l'Assemblée nationale
20:07et de plonger le pays dans cette crise.
20:09Et quand lui-même d'ailleurs explique
20:11qu'il est parfaitement génial d'avoir pris cette décision
20:13mais que malheureusement personne ne le comprend.
20:15Ce n'est pas simplement les Françaises et les Français qui ne le comprennent pas.
20:17Ce sont aussi ses collègues européens.
20:19Et donc la France est en train de perdre de l'influence.
20:21C'est vrai sur le Mercosur.
20:23Ça s'est déjà vu sur le cas de M. Breton
20:25qui a été écarté sans ménagement par Ursula von der Leyen.
20:27C'est quand même une première
20:29dans les relations
20:31entre la Commission et l'État.
20:33C'est vrai aussi sur les questions
20:35aujourd'hui d'Europe de la défense.
20:37On est en train de discuter d'investissements de centaines de milliards.
20:39On va construire une défense européenne.
20:41Et il y a un grand débat en ce moment dans les institutions européennes
20:43pour savoir si l'argent
20:45qu'on va investir tous ensemble,
20:47cet argent doit être réservé aux productions européennes
20:49ou si ça peut bénéficier à l'industrie de l'armement américaine.
20:51Moi, je me bats
20:53pour qu'on fasse un bail européen.
20:55C'est-à-dire qu'on réserve les fonds européens
20:57à l'industrie européenne.
20:59Mais la France qui porte ce message
21:01aujourd'hui est tellement affaiblie
21:03qu'on peut s'orienter
21:05vers un texte qui va permettre
21:07d'utiliser l'argent européen pour enrichir
21:09les industriels américains.
21:11Moi, ce que je veux, c'est que l'Europe soit autonome.
21:13Ce que je veux donc, c'est que la France soit
21:15une forme de patriotisme européen.
21:17Raphaël Guzman, merci d'avoir répondu
21:19à mes questions ce matin.
21:21Je précise que le texte dont vous parliez tout à l'heure,
21:23c'est un texte de 2022
21:25dans lequel effectivement, alors qu'on
21:27le sentait pour vous, c'était d'une certaine
21:29manière douloureux. Vous aviez pris
21:31malgré tout la décision
21:33de vous associer
21:35effectivement avec
21:37LFI. Je voterais pour des
21:39candidats socialistes et écologistes
21:41et j'ai dit, je ne ferai jamais
21:43campagne avec une affiche. Vous dites, mais
21:45divergences avec la France insoumise et Jean-Luc Mélenchon sont connues
21:47et elles sont immenses sur des sujets plus
21:49que fondamentaux, mais malgré tout, vous
21:51estimiez à ce moment qu'il fallait
21:53malgré tout recréer une forme d'espérance.
21:55Et je précise que je ne battrai pas
21:57dans ce texte. Mais vous aviez accepté
21:59cette association. À ce moment-là, je précise,
22:01je ne battrai pas le pavé avec des affiches
22:03Mélenchon Premier ministre. C'est une évidence pour moi.
22:05Un peu hypocrite. Non, je dis que je votais
22:07pour qu'il y ait des socialistes et des écologistes. Vous avez tout de même soutenu.
22:09Et vous savez quoi ? Je vais vous dire une chose. Moi, je veux qu'il y ait des députés
22:11de gauche à l'Assemblée nationale. Le mieux, c'est que les gens puissent trancher
22:13Je veux des députés
22:15socialistes et écologistes
22:17à l'Assemblée nationale. Et je veux aussi leur dire une chose
22:19à tous, aux électeurs
22:21et aux électrices de cette gauche-là,
22:23pro-européenne. Je veux leur dire une chose.
22:25Il y a un espace pour nous.
22:27On n'est pas obligés de dépendre d'Emmanuel Macron
22:29ou de Jean-Luc Mélenchon. Il y a un espace
22:31immense. Il faut juste avoir le courage de faire
22:33une offre politique qui soit claire, de maintenir
22:35un cap. J'ai bien compris, vous n'êtes pas en meeting.
22:37Raphaël Glucksmann, c'est bien entendu.
22:39Et le mieux, c'est que chacun se retrouve sur
22:41vos écrits. C'est un texte qui date
22:43du 4 mai 2022. Les choses sont
22:45extrêmement claires
22:47et que chacun a ici référé. Le mieux, c'est de
22:49retourner aux sources. Il est 8h55
22:51sur RMC BFM TV. Je vous demande pardon, Maxime.

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