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Écoutez "On refait le monde" avec Anne-Laure Delatte, économiste, directrice de recherche au CNRS, Emmanuel Duteil, directeur de la rédaction de "L'Usine Nouvelle", Philippe Dessertine, directeur de l'institut de haute finance, Pierrick Horel, président des Jeunes Agriculteurs, et Jean-Christophe Repon, président de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (CAPEB) et vice-président de l'U2P.
Regardez On refait le monde avec Yves Calvi du 11 décembre 2024.

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Transcription
00:00À 20h sur RTL.
00:02Toujours aucune fumée blanche du côté de l'Elysée.
00:04Nous attendons le nom du prochain Premier Ministre.
00:06Ce soir dans Refais le Monde, nous allons évaluer le coût de la crise politique,
00:10le coût économique, ses conséquences pour nos entreprises, le chômage, la vie des Français.
00:14À quoi faut-il s'attendre concrètement ?
00:16Quels sont les secteurs particulièrement touchés ?
00:18Et quelles solutions pour en sortir ?
00:20La crise politique peut-elle mettre à genoux l'économie française ?
00:22Nous allons en débattre jusqu'à 20h avec nos spécialistes.
00:25Anne Lordelade qui est économiste et directrice de recherche au CNRS, soyez la bienvenue.
00:29Emmanuel Duteil, directeur de la rédaction de l'Usine Nouvelle.
00:32Je le rappelle consacré à l'économie et aux technologies de le monde industriel.
00:36Bonsoir Emmanuel.
00:37Bonsoir.
00:38Et Philippe de Certines, économiste, directeur de l'Institut de Haute Finance.
00:40Soyez la bienvenue Philippe de Certines.
00:42Merci, bonsoir.
00:43Alors je résume la situation.
00:44Nous n'avons toujours pas de gouvernement, pas de budget, un déficit qui continue de se creuser,
00:48une réforme des retraites qui pourrait être abrogée, des investissements étrangers en baisse,
00:52des secteurs stratégiques tels que le bâtiment et l'automobile qui ne sont pas en forme.
00:57Bref, ce n'est pas facile facile.
00:59J'en rajoute, j'en fais trop là Philippe de Certines, on est dans la réalité.
01:02Non, on est dans la réalité et on est dans une réalité effectivement qui va être affectée par le fait
01:07qu'il n'y ait pas de budget, qu'il n'y ait pas de certitude pour le monde économique
01:12quant à la manière dont on va peut-être un jour essayer de redresser les finances publiques
01:16et la perspective finalement qu'au fond, si tout va pour le mieux possible,
01:21ça voudra dire qu'il n'y a pas de censure, ça voudra dire qu'il n'y a pas 49.3,
01:24ça veut dire qu'on n'aura pris aucune des mesures qu'il faudrait prendre
01:27et que l'année prochaine, on se retrouvera avec probablement un budget en plus gros déficit
01:31et en danger encore plus fort.
01:33Je vais y revenir. Anne Lordelat, quel état des lieux dressez-vous globalement au niveau national ?
01:38Est-ce que la situation est effectivement critique ?
01:40Alors, elle est critique mais il me semble que la dégradation du contexte économique,
01:46elle n'est pas que liée au budget et à l'absence de budget.
01:51C'est-à-dire qu'en fait, le fait que le budget ne soit pas passé,
01:56ça entraîne une grande incertitude à la fois pour les investisseurs, les entrepreneurs,
02:01c'est-à-dire que même des petits investissements,
02:04vous ne savez pas ce que sera exactement la fiscalité l'année prochaine,
02:08vous ne savez pas exactement quelle croissance vous allez avoir,
02:12donc vous avez une incertitude qui fait que vous ne prenez pas de décision d'investissement.
02:17Mais finalement, dans le fond, je crois que le plus gros impact,
02:21il est plutôt sur l'image qu'on donne aux investisseurs étrangers,
02:26c'est-à-dire à ceux qui achètent la dette publique française.
02:30Ça, c'est le premier effet.
02:32Et le deuxième effet, moi je pense plutôt aux usagers des services publics.
02:37En fait, le budget, c'est quoi ?
02:40Le budget, ça vient financer non pas des investissements d'entreprise,
02:43ça vient financer l'hôpital, l'éducation, les prestations sociales,
02:48le remboursement des consultations médicales.
02:51Donc finalement, la grande incertitude, c'est
02:54est-ce que ma mairie sera capable de construire le rond-point qu'elle avait décidé ?
03:00Mais au-delà de ça, est-ce que l'école à côté de chez moi aura bien les profs
03:06tels que c'était prévu avant ?
03:08Le rond-point, on peut s'en passer éventuellement,
03:10mais il nous faut des profs à l'école pour nos enfants.
03:13Donc là, on est en train de parler de choses tout à fait concrètes, Emmanuel Duteil.
03:17Oui, effectivement, mais je pense que le mot qui a été déjà cité est le bon mot,
03:21c'est-à-dire que c'est l'incertitude.
03:23Et on est effectivement au-delà du budget,
03:25puisque même si on devait avoir un budget,
03:27la question que se posent en tout cas nous, les industriels et les entrepreneurs
03:30qu'on peut rencontrer, c'est quel budget ?
03:32Avec quel gouvernement ?
03:34Et donc effectivement, avec par exemple, quel taux d'imposition ?
03:37Il y a un programme d'aide, par exemple, qu'on appelle France 2030,
03:40qui a soutenu beaucoup de créations d'entreprises ces dernières années,
03:43ou beaucoup de développements d'entreprises.
03:45A faute de budget, il n'y a pas de sous.
03:47On ne peut pas donner de l'argent de France 2030,
03:50comme on aurait dû le donner sur l'année 2025.
03:52C'est un tout petit exemple, mais ça montre que,
03:55et ça arrive, comme le disait Anne-Laure,
03:57à un moment où par ailleurs, l'économie est en difficulté.
04:00Elle n'est pas à l'arrêt bien loin de là,
04:02mais on a une accélération des plans sociaux
04:04dans des secteurs que l'on connaît.
04:06Mais l'automobile, c'est très criant.
04:08Alors c'est dû à autre chose que le budget.
04:11C'est dû aux importations de voitures chinoises.
04:13C'est dû à une croissance moins rapide que prévue
04:15des ventes de voitures électriques.
04:17Mais vous avez aussi des grandes difficultés du côté de la chimie,
04:20où là c'est dû principalement à la concurrence américaine.
04:23Je caricature et je vulgarise beaucoup.
04:25Mais vous avez des difficultés dans l'acier à cause de la concurrence chinoise.
04:28Vous avez des difficultés dans l'emballage.
04:31Et donc tout ça arrive par ailleurs à un moment de consommation extrêmement fort,
04:36puisque Noël approche.
04:38Et mine de rien, avec le Black Friday,
04:40ou en tout cas si on prend le Black Friday jusqu'à Noël,
04:42c'est le plus fort moment de consommation en France.
04:46Et qu'on le veuille ou non,
04:47même si on a un peu tourné notre politique
04:49avec ce qu'on appelle la politique de l'offre,
04:51il n'en reste pas moins que la consommation
04:53est un des principaux moteurs de notre économie.
04:55Donc il ne faudrait pas que ça casse encore un petit peu plus
04:57que ça casse déjà en ce moment,
04:58parce que là ça pourrait être compliqué.
05:00Mais est-ce qu'on sait comment va...
05:01Enfin j'allais dire la consommation des ménages,
05:03qui est généralement un bon baromètre,
05:05est-ce qu'on sait comment elle se porte en ce moment ?
05:07Le Black Friday ça a marché ?
05:09Non mais je vais vous dire qu'on a un très bon sondage.
05:11C'est le taux d'épargne.
05:12Le taux d'épargne n'a jamais été aussi haut.
05:14C'est incroyable.
05:15C'est-à-dire que les Français,
05:16là quand ils ont peur, ils épargnent.
05:17C'est aussi clair que ça.
05:18On est à plus de 18% du taux d'épargne.
05:20C'est-à-dire qu'on a les Français qui nous disent
05:23On ne comprend pas trop ce qui se passe.
05:25On ne comprend pas trop ce qui va arriver.
05:26Mais on se dit qu'honnêtement, il faut qu'on fasse attention.
05:29Et ça, ça veut dire quoi ?
05:30Ça veut dire que ce qu'on disait,
05:31les investisseurs n'investissent pas,
05:33mais les consommateurs ne consomment pas non plus.
05:35Et entre parenthèses, il faut rappeler que l'une des raisons
05:37pour lesquelles nous avons une énorme dégradation
05:39incroyable de nos finances publiques,
05:41en tout cas selon le ministre de l'économie de l'époque,
05:44Bruno Le Maire,
05:45c'est que l'argent ne rentrait pas.
05:47La TVA ne rentrait pas.
05:48C'est-à-dire qu'on était déjà avec cette panne.
05:51Mais cette panne, évidemment, depuis le mois de juillet,
05:52elle est encore plus là.
05:53Et depuis la censure, elle va être encore plus prégnante.
05:56Et donc là, bien sûr, on a cette idée
05:58que tout le monde est tétanisé.
06:00Et tout le monde se dit,
06:01mais en fait, on ne répond pas aux vrais problèmes.
06:03Et donc, effectivement, à titre personnel, je fais quoi ?
06:06Je garde mon épargne au cas où.
06:08Tétanisé, vous utiliseriez ce terme ?
06:11Alors là, Philippe, vous faites l'hypothèse
06:14que c'est l'épargne de tous les Français.
06:17Or, on ne sait pas exactement, en fait,
06:19derrière cette épargne, qui il y a.
06:22Moi, je fais une hypothèse.
06:24Si c'était l'épargne des très riches, par exemple.
06:26En fait, si c'était l'épargne des 10%
06:29ou des 5% des Français les plus riches.
06:32Alors là, c'est pas de la tétanisation, en fait.
06:35On n'est pas tétanisé.
06:36C'est plutôt qu'on a probablement, en fait,
06:39pas été assez taxés les dernières années.
06:41Et on a été capables, à un moment,
06:43d'accumuler du patrimoine.
06:45Et en fait, moi, si j'étais ministre du budget aujourd'hui,
06:47je me dirais.
06:48Mais, en fait, je suis dans une position
06:50qui est plutôt agréable.
06:51C'est-à-dire que j'ai une épargne, en effet,
06:53qui est très abondante.
06:54Je voudrais comprendre
06:56pourquoi elle s'est accumulée.
06:596 000 milliards.
07:00C'est-à-dire, c'est deux fois notre dette
07:02ou notre déficit.
07:03Et alors là, vous avez deux possibilités.
07:05Vous avez deux possibilités.
07:07Soit vous vous dites, cette épargne,
07:09elle est transformée en dette publique.
07:10C'est-à-dire, j'incite les gens,
07:13les ménages à acheter de la dette publique,
07:15à la financer.
07:16Soit, moi, si j'étais ministre du budget,
07:18je me dirais, je vais la taxer, en fait, cette épargne.
07:20Mais attention, je ne taxe pas l'épargne
07:22de tout le monde.
07:23Je taxe l'épargne accumulée des plus riches.
07:25Et vous avez envie d'acheter
07:27de ce que vous venez de me décrire ?
07:28Tout le monde a envie d'acheter.
07:29Parce que moi, lors de l'âge, ça ne me tente pas du tout.
07:30Et vous, spontanément ?
07:31Alors là, il n'y a aucun problème d'offre.
07:34Il n'y a aucun problème de demande
07:36de la dette publique en France.
07:38Quand vous émettez de la dette,
07:39quand l'agence France Trésor émet de la dette,
07:41il y a entre deux et trois fois plus
07:43de demandes qu'il y a d'offres.
07:44Ah oui, ça part tout de suite.
07:45Ah, ça part tout de suite.
07:46Ce n'est pas l'épargne en français.
07:47Mais juste comme ça, il y a des signaux.
07:50Là, vous venez de nous dire,
07:51ce n'est pas l'épargne en français.
07:52Je vous ai bien compris.
07:53Non, non.
07:54On doit convaincre, on doit convaincre
07:55beaucoup les investisseurs étrangers.
07:58Mais juste un signal à bas bruit,
07:59l'augmentation forte, on va dire,
08:02des plans d'épargne retraite
08:04ou d'assurance vie au Luxembourg.
08:09Depuis le mois de juin, vous voyez,
08:11les spécialistes vous disent,
08:12ah oui, tiens, il y a beaucoup.
08:13Je ne suis pas sûr que les très riches
08:14ne sont pas déjà partis.
08:15Ça, c'est de l'argent qui fuit la France.
08:16On ne sait pas d'où il vient.
08:17Mais il y a quand même de fortes chances,
08:19vous avez une corrélation extraordinaire,
08:20c'est que ça augmente la demande au Luxembourg
08:22depuis que les Français commencent à avoir peur.
08:24Ça me semble assez limpide, non ?
08:25Oui, moi aussi.
08:27Pour les entreprises,
08:28c'est la panique dans nos PME au moment où on parle ?
08:31Comment qualifiez-vous la situation ?
08:33Non, je dirais, il faut faire attention,
08:34je pense aux mots qu'on utilise.
08:35Ce n'est pas la panique,
08:38c'est l'incertitude.
08:39Donc, quand on est dans l'incertitude
08:40dans le monde économique,
08:41on n'investit pas,
08:42on serre les boulons
08:43et on coupe les dépenses inutiles.
08:45À la rédaction de l'usine nouvelle,
08:46Emmanuel Duteil,
08:47vous dites qu'en ce moment,
08:48on observe une espèce de glaciation ?
08:49On est dans une glaciation,
08:50le mot est le bon.
08:52Mais même, j'ai presque envie de dire,
08:54il suffit de regarder le nombre de sujets
08:55qu'on est amenés à traiter cette semaine.
08:57C'est-à-dire qu'il ne se passe pas grand-chose
08:59d'un point de vue économique,
09:01si ce n'est quelques mauvaises nouvelles,
09:02parce qu'on a encore eu,
09:04notamment des équipements anti-automobiles
09:06et ce genre de choses
09:07qui ont annoncé des plans.
09:08Mais en même temps,
09:09vous avez eu hier une énorme annonce,
09:10malheureusement pas en France,
09:11mais d'un groupe français,
09:12Stellantis,
09:13c'est un fabricant de batterie chinois,
09:15ont annoncé une usine en Espagne
09:17de plus de 4 milliards.
09:19Vous avez eu des confirmations
09:20d'investissement d'usines
09:21aussi à côté de Dunkerque.
09:22Mais on est quand même,
09:23et notamment je pense,
09:24plus les entreprises sont petites
09:25et dans des secteurs d'activité compliquées,
09:27on est dans une forme de glaciation.
09:28Vous savez,
09:29quand vous parlez avec les acteurs aujourd'hui,
09:30par exemple,
09:31de la grande distribution,
09:32ils sont extrêmement inquiets,
09:33parce qu'en ce moment,
09:34c'est très très calme.
09:36Et étonnamment calme,
09:37alors que d'habitude,
09:38le week-end qu'on vient de passer,
09:40le premier week-end de décembre,
09:41est avec le Black Friday,
09:42le plus gros moment de consommation de l'année.
09:45Ce n'est pas catastrophique.
09:46Dans la perspective de Noël, c'est ça ?
09:47Dans la perspective de Noël.
09:48Mais ce n'est pas catastrophique.
09:50Mais on est loin d'être dans
09:52quelque chose de rassurant.
09:53Quels sont les secteurs les plus touchés,
09:55ou en tout cas les plus inquiets ?
09:56On va en débattre dans un instant
09:57avec nos invités.
09:58Et on donnera la parole aussi
09:59à Pierrick Aurel,
10:00qui est Président des Jeunes Agriculteurs,
10:01et Jean-Christophe Repond,
10:02qui lui est Président de la CATEB,
10:03c'est la Confédération de l'Artisanat
10:05et des Petites Entreprises du Bâtiment.
10:07Voilà, on a encore plein de choses
10:08à vous raconter.
10:09Yves Calvi,
10:11on refait le monde sur RTL.
10:14RTL, s'informer ensemble.
10:18Il est 19h30.
10:19RTL soir, on refait le monde.
10:22Avec Yves Calvi.
10:23L'essentiel de l'actualité,
10:24avec Aude Vernuccio.
10:25Le nom du prochain Premier Ministre
10:26sera connu demain
10:27comme la Premier Emmanuel Macron,
10:29selon l'entourage du gouvernement.
10:30Annonce attendue en fin de journée
10:32au retour de son déplacement en Pologne.
10:35L'homme qui a hébergé Morgana Coutence
10:37dans la Manche
10:38pourrait être placé en détention provisoire.
10:40C'est ce qu'a réclamé le procureur
10:41de la République de Saint-Brieuc.
10:43L'adolescente de 13 ans
10:44était portée disparue depuis deux semaines.
10:46D'après les premiers résultats
10:47des examens médicaux,
10:48aucune lésion ni blessure n'a été relevée.
10:52Et puis, la suite de la sixième journée
10:54de Ligue des Champions,
10:55Lille joue le Sturm Graz 0-0
10:57après un peu plus de 40 minutes de jeu,
10:58tandis que Monaco affronte Arsenal à 21h.
11:01Match à suivre dans RTL Foot sur le digital.
11:03Rendez-vous sur l'application RTL.
11:05On vous retrouve à 20h.
11:07Exactement.
11:08Et dans moins de 30 minutes,
11:09on retrouve Faustine Bollard
11:10pour son émission Héros.
11:12Vous vous souvenez peut-être
11:13de l'histoire d'Amalka,
11:14cette chienne qui s'était enfuie
11:16de sa cage de transport
11:17à l'aéroport de Roissy.
11:18C'était-il il y a quelques jours ?
11:20Et bien celui qui l'a retrouvée
11:21et ce soir l'invité de Héros.
11:23Une histoire qui ne manque pas de rebondissement.
11:25Vous l'entendrez.
11:26Rendez-vous à 20h03 précisément
11:28avec Faustine Bollard.
11:29A tout à l'heure au 2.
11:32Yves Calvi jusqu'à 20h.
11:33On refait le monde sur RTL.
11:36Quels sont les secteurs les plus touchés
11:38ou en tout cas les plus inquiets
11:39en ce moment dans l'économie française ?
11:40Nous allons continuer d'en débattre
11:41avec Anne-Laure Delatte
11:43qui est économiste et directrice
11:44de recherche au CNRS.
11:45Philippe de Certines, économiste lui aussi
11:48et directeur de l'Institut des Hautes Finances.
11:50Et Emmanuel Duteil, directeur
11:52de la rédaction de l'Usine Nouvelle.
11:55Dans quelques instants,
11:56nous donnerons la parole à Pierrick Aurel
11:57qui est président des Jeunes Agriculteurs
11:59et Jean-Christophe Repond,
12:00président de la CATEB,
12:01la Confédération de l'Artisanat
12:02et des Petites Entreprises.
12:03Je vous demande, chacun d'entre vous,
12:05de me donner un secteur qui vous inquiète
12:07particulièrement dans la crise
12:08que nous traversons.
12:09Philippe de Certines.
12:10Je ne peux pas en donner trois, non.
12:12Allez-y.
12:13Agriculture, bâtiments et automobiles.
12:17Emmanuel Duteil.
12:18Je vais copier un.
12:20Je vais copier l'automobile.
12:21C'est certain que c'est le secteur
12:23dans lequel il y aura le plus de déflagrations
12:25dans les semaines à venir.
12:27Et comme je disais tout à l'heure,
12:28je rajouterai la chimie et l'acier,
12:29mais c'est moins spectaculaire.
12:31Mais c'est des plans sociaux massifs
12:33et surtout, quand on pense notamment à la chimie,
12:35donc on pense à toute la vallée de la chimie
12:37à côté de Lyon,
12:38c'est des choses où il n'y a pas beaucoup
12:39d'autres industries,
12:41d'autres secteurs à côté.
12:43Anne-Laure Delatte.
12:44Moi, je vous dirais,
12:45un, bâtiment,
12:47à cause de mon exemple
12:49tout à l'heure des ronds-points.
12:50Vous savez, en fait,
12:51l'idée, c'est que s'il y a moins de dépenses publiques,
12:53il y aura moins de commandes publiques
12:55qui s'adressent au secteur du bâtiment.
12:57Et le deuxième, c'est le secteur public,
12:59tout simplement.
13:00Ce que je vous disais,
13:01c'est moins de dépenses publiques
13:02pour l'hôpital,
13:03pour l'éducation,
13:04pour le logement, etc.
13:05Alors, nous sommes en ligne avec Pierrick Aurel,
13:07qui est président des Jeunes Agriculteurs.
13:08Bonsoir, monsieur Aurel.
13:09Merci de nous rejoindre dans notre émission.
13:11Plus de 30 permanences parlementaires
13:13ont été dégradées par des agriculteurs en colère.
13:15Vous approuvez ces dégradations ?
13:17Bonsoir.
13:18Écoutez, déjà,
13:19pour remettre un peu de contexte sur ce sujet,
13:22bon, il faut regarder de quoi on parle
13:24entre dégradation et manifestation de la colère.
13:27Moi, ce que je vois,
13:28c'est qu'il y a quelques semaines,
13:29on avait un certain nombre de députés
13:31qui étaient avec nous sur des points de manifestation
13:34où ça nous arrive aussi de déverser du fumier
13:37et de le dire de façon très claire ce qu'on porte.
13:40Et dans le même temps,
13:42on avait appelé les députés
13:43à avoir une forme de politique politicienne
13:48sur le sujet en tout cas du budget
13:50et que si d'aventures s'arrivaient,
13:53on se manifesterait évidemment.
13:57Et donc on l'a fait.
13:59Tout ce qui est dégradation, non, on ne le cautionne pas.
14:02Maintenant, on a une forme d'expression de la colère
14:04qu'il faut aussi savoir observer.
14:07Et voilà.
14:08Concrètement, qu'attendez-vous
14:10et que demandez-vous au moment où nous parlons
14:12au gouvernement pour protéger nos agriculteurs ?
14:15Le gouvernement,
14:16on peut lui demander à peu près tout ce qu'on veut
14:18dans la mesure où il est démissionnaire.
14:20On ne nous parle plus que des affaires courantes.
14:22Mais ce qu'on veut finalement,
14:24c'est que l'ensemble de l'Assemblée nationale,
14:26des sénateurs qui constituent quand même
14:28le point stable en tout cas,
14:31qui perdure parce qu'il n'est pas démissionnaire,
14:34c'est d'avoir de la cohérence dans ce qu'il nous disait,
14:37dans ce qui est sur la table
14:39et d'aller très vite sur les mesures
14:41qui ont été annoncées maintenant depuis un an.
14:43En gros, ce qu'on vous a promis en début d'année, c'est ça ?
14:46Ce qu'on nous avait promis en début d'année, tout à fait,
14:49et qui devait être abouti
14:52dans les mesures du projet de loi de finances
14:55et qui vient de tomber.
14:56Et nous expliquer qu'on retournera
14:58sur le budget de 2024,
15:01c'est des choses qui ne nous conviennent pas
15:03parce que je rappelle que dans le budget de 2024,
15:05c'était une hausse du gasoil non routier
15:08qui était votée.
15:10Après nos mobilisations de début d'année,
15:13c'est finalement un deal politique
15:16qui vise à dire non, il n'y aura pas cette hausse
15:18et on simplifie d'ailleurs
15:20un certain nombre de demandes de détaxation.
15:22Quelles sont les premières urgences ?
15:24Pardonnez-moi de vous bousculer,
15:26mais c'est qu'on puisse le faire comprendre à nos auditeurs.
15:28Quelles sont les premières urgences pour nos agriculteurs
15:30dans cette crise plus globale que nous traversons ?
15:33C'est les mesures de trésorerie
15:36qu'on appelle depuis un moment maintenant.
15:38Elles ont été annoncées par le gouvernement.
15:40Il y a tout un sujet autour des aides à la trésorerie
15:43avec des prêts à taux bonifié
15:46de manière conjoncturelle
15:48et des prêts de restructuration.
15:50Aujourd'hui, c'est sur la table,
15:53mais c'est suspendu.
15:55Le gouvernement peut en partie,
15:57même en étant démissionnaire,
15:59accéder à ces demandes,
16:01les rendre opérationnelles pour les agriculteurs.
16:03On a besoin de ça de manière très urgente
16:05parce qu'en fait, tout simplement,
16:07les entrepreneurs que nous sommes
16:09avons besoin de cette trésorerie
16:11pour se remettre en production
16:13pour l'année prochaine.
16:14Merci beaucoup, Pierrick Aurel,
16:16président des Jeunes Agriculteurs.
16:17Sachez que c'est Arnaud Rousseau,
16:19le président de la FNSEA,
16:20Fédération Nationale des Agriculteurs,
16:22qui sera l'invité de la matinale d'RTL demain matin.
16:24Rendez-vous à 7h40 avec Amandine Bégaud et Thomas Soto.
16:27Emmanuel Duteil, les agriculteurs,
16:29comme les PME, sont toujours sous le choc
16:31de la censure du gouvernement Barnier.
16:33Ils ont raison parce que c'est vrai que
16:35tous ceux qui allaient avoir des mesures spécifiques
16:37vont être touchés.
16:38Tous ceux qui devaient avoir des mesures bénéfiques
16:40vont être touchés.
16:42Surtout que l'on ne sait pas
16:44si elles vont toutes revenir.
16:46C'est à partir du moment où on ne connaît pas
16:48la couleur politique, ou en tout cas celui ou celle
16:50qui dirigera le gouvernement.
16:51Par définition, on ne connaît pas les mesures
16:53qui vont être mises en place.
16:54Et puis là, il va falloir un temps de latence.
16:56Vous voyez, on attend encore
16:58le nom du Premier ministre à priori demain soir.
17:00A chaque fois, c'est le cinéma pour faire un gouvernement.
17:02Surtout qu'en ce moment, ils ne courent pas tous
17:05Il va sûrement falloir quelques jours.
17:06On est au milieu de la semaine prochaine.
17:07Après, il y a les vacances de Noël.
17:09Les députés ne sont pas là.
17:10Tout ça nous ramène.
17:12Il faut faire un budget.
17:13Michel Barnier a paraitu de dire que le faire en 15 jours
17:15ça avait été du grand n'importe quoi.
17:16Cette fois, j'espère qu'ils vont
17:18passer un peu de temps pour le préparer correctement.
17:20Tout ça, ça nous emmène
17:22sur plusieurs semaines, sans compter derrière
17:24la bataille législative.
17:26Je comprends que c'est pareil dans le bâtiment.
17:28Mais même pour les Français,
17:30il y a plein de gens qui utilisent
17:32leur ticket restaurant au supermarché
17:34pour payer leurs courses.
17:35Ça fait partie des mesures extrêmement concrètes
17:37qui ne passent pas à cause du fait
17:39que ce budget tombe.
17:40Tout le monde est d'une manière ou d'une autre touché.
17:42En quelques mots, Philippe de Sertin,
17:43avant qu'on marque une nouvelle pause.
17:44Je crois que vraiment, on entend.
17:46Vous avez la censure.
17:48La censure, voyez si on avait eu sur la loi
17:50immigration, je n'en sais rien.
17:51C'est une crise politique grave.
17:52Vous auriez des politiques, vous auriez plein de gens.
17:54La censure sur le budget de la sécurité sociale
17:56et sur le budget, en fait, c'est double peine.
17:58C'est-à-dire, un, vous avez la crise politique.
18:00Mais deux, vous êtes en train d'enlever le gouvernail
18:02du navire français.
18:04C'est-à-dire en disant, ah bah oui, là, on est désolé.
18:06Il continue par inertie.
18:08On ne sait pas vraiment où il va.
18:09Il y a un récif en face.
18:10Il y va tout droit.
18:11C'est ça qui est terrible.
18:12Et c'est ça que nous dit cette personne
18:13quand elle est en train de dire
18:14on a besoin de trésorerie.
18:15Excusez-nous, sinon on meurt.
18:16A tout de suite avec nos invités.
18:30La crise politique accélère-t-elle la crise économique ?
18:33Et inversement, si je peux dire ce soir,
18:35nous sommes avec Anne-Laure Delatte, économiste,
18:37directrice de recherche au SNRS,
18:39Emmanuel Dutail, directeur de la rédaction de l'Usine Nouvelle
18:41et Philippe de Certines, économiste,
18:43directeur de l'Institut de Haute Finance.
18:44Alors, nous débattions il y a quelques instants
18:46et je n'ai pas pu vous donner la parole, Anne-Laure Delatte.
18:48Et vous m'avez dit, j'ai envie d'intervenir là-dessus.
18:49Sur quoi ?
18:50Non, j'en remercie.
18:51Mais, en fait, c'est juste pour prolonger
18:53ce qui vient d'être dit dans la mesure...
18:55Moi, je vous dirais, mais quel gâchis !
18:57En fait, depuis décembre 2023,
19:01donc il y a un an,
19:03on sait que les finances publiques sont dégradées.
19:07Enfin, nous, on ne le savait pas.
19:08Mais, maintenant, on sait que le gouvernement le savait.
19:11Il y a une note qui date de décembre 2023...
19:14Oui, qui a fait l'objet de débats sans fin.
19:15Voilà. Alors, on dit, en fait,
19:18on ne va pas avoir tant de pourcents de déficit,
19:20mais ça va être encore plus.
19:22Ça se dégrade au fur et à mesure dans l'année.
19:25Que décide le Président de la République ?
19:27De clarifier les choses en juin,
19:31en disant, bon, je dissous l'Assemblée
19:34et je vais clarifier un peu l'équilibre politique de ce pays.
19:37Le résultat, c'est une plus grande fragmentation.
19:40Au moment où on avait déjà un problème budgétaire
19:43qui était en train de se dégrader.
19:45Or, depuis, ça va de mal en pire.
19:47En fait, tous les mois, tous les deux mois,
19:50on apprend que le déficit est plus important.
19:53Historiquement, c'est quand même compliqué
19:55de trouver un épisode pendant lequel...
19:58Aussi grave ?
19:59Oui, aussi grave, dans le sens où il y a presque...
20:02Allez, il y a 50 milliards d'écarts
20:05entre ce qui était prévu il y a un an
20:07et ce qui est prévu aujourd'hui.
20:09Donc, 50 milliards, c'est presque deux points de PIB.
20:12C'est énorme.
20:13Aujourd'hui, on est à 6% de déficit.
20:15Oui, c'est grave, docteur.
20:16En fait, il faut absolument réduire ce déficit
20:19dans des conditions...
20:21Il ne faut pas le faire de façon accélérée,
20:23il ne faut pas créer la panique en France,
20:25mais il faut réduire le déficit.
20:26Or, le président de la République, à ce moment-là,
20:29prend le risque de dissoudre l'Assemblée
20:32et de déséquilibrer les conditions politiques.
20:37Et aujourd'hui, moi, je voudrais juste rajouter ça,
20:40c'est-à-dire que je ne vois pas l'issue.
20:42En fait, les mêmes causes vont créer
20:44les mêmes conséquences.
20:45Il n'y a pas de raison,
20:46puisqu'on a, pour le coup, la même Assemblée nationale.
20:50Et on l'aura la même jusqu'en juillet prochain,
20:52parce qu'on ne peut pas dissoudre avant juillet prochain.
20:54Donc, vous allez avoir un nouveau gouvernement,
20:56mais qui vote le budget ?
20:57Ce n'est pas le gouvernement, c'est l'Assemblée nationale.
21:00Donc, si on n'a pas réussi à avoir un compromis cette fois-ci,
21:03je ne vois pas trop comment est-ce qu'on va réussir
21:05à en avoir un autre.
21:06Je pense que vous n'avez pas rassuré
21:07celui que nous allons retrouver maintenant,
21:09puisque nous sommes en ligne avec Jean-Christophe Repond,
21:11qui est président de la CAPEB.
21:12Je rappelle que c'est la Confédération de l'Artisanat
21:13et des petites entreprises du bâtiment.
21:15Merci d'être avec nous, Jean-Christophe Repond.
21:17Pour vous, cette instabilité politique,
21:19elle a des conséquences très concrètes ?
21:21Oui, très concrètes, puisqu'on a connu, on a vécu
21:25déjà la partie, justement, remise en cause
21:29de l'Assemblée nationale.
21:30Donc, on a eu déjà un gros frein dans l'année.
21:32Et nous, nous avons depuis maintenant 5 trimestres
21:35un recul d'activité.
21:36Donc, on partage l'analyse qui a été faite maintenant
21:39sur comment on peut s'en sortir demain.
21:41Et ce que nous disons, et demain nous lançons
21:43une campagne, une comitée de presse sur ce sujet-là,
21:46en disant que nous, on a fait depuis plus d'un an
21:48des propositions responsables,
21:51respectant bien évidemment les finances publiques
21:53et faisant rentrer plus de fiscalité,
21:55basées sur du bon sens.
21:58Et depuis un an, avec la dissolution,
22:01maintenant la censure, on est dans l'attente
22:05d'arbitrage favorable à des gestes simples
22:09qui permettraient de l'activité.
22:11Nous, c'est tout ce qu'on réclame,
22:12visibilité, stabilité et activité.
22:15On est exactement à l'inverse au moment où nous parlons.
22:18Je suis très inquiet pour vous.
22:20Moi, je me retourne vers mes adhérents.
22:22On est 72 000 artisans adhérents à l'ACAPEB
22:24et je ne sais leur dire que tout ce qu'on a traité
22:26depuis plus d'un an, qui a été arbitré favorablement
22:28par les ministres de l'époque, M. Béchut, Casse-Variant,
22:31sont encore dans les tuyaux de l'arbitrage,
22:34des directions générales, des arrêtés à l'attente,
22:38des lois à venir, simplification, pas simplification,
22:41lutte contre la fraude, etc.
22:43Donc, ça fait plus d'un an qu'on est particulièrement
22:46écouté par les gouvernements successifs,
22:47puisqu'il y a eu des gouvernements,
22:49mais sans résultat effectif, si ce n'est l'arrêté
22:51qui est sorti juste avant la censure
22:53sur le monogeste de MaPrimeRénov'
22:55et qui donne un peu de visibilité à l'activité.
22:57Ça, c'est la seule bonne nouvelle du moment.
22:59Actuellement, oui.
23:00MaPrimeRénov'
23:01On a plutôt des voyants qui sont très tendus,
23:03notamment sur l'apprentissage,
23:05sur lequel nous, l'artisanat,
23:07on est vraiment très structuré économiquement
23:09et sur la reprise de nos entreprises sur l'apprentissage.
23:11On voit que l'accompagnement
23:13ou la suppression de l'accompagnement
23:15aux entreprises de moins de 50 salariés
23:17est pour nous un élément fort, important
23:19et qu'on peut défendre, puisqu'on a vu
23:21que la rentrée 2024 de septembre à décembre,
23:23elle est à moins 7% d'apprentis.
23:25Donc, pour nous, c'est un signal fort
23:27de baisse d'activité
23:29et de réflexion des artisans,
23:31d'usure des artisans.
23:32On va vous trouver dans la rue dans les semaines qui viennent
23:34et même dans les jours.
23:35Nous faisons cette opération de communication
23:37en disant, nous sommes responsables, et vous,
23:39justement, pour ne pas qu'on ait de radicalité
23:41chez nous et qu'on ait vraiment
23:43les politiques, sénateurs, députés,
23:45mais également le gouvernement,
23:47puisqu'on est à 24 heures, j'ai bien compris,
23:49d'avoir un nouveau Premier ministre et un nouveau gouvernement,
23:51de leur dire, écoutez les gens
23:53de simple, de petite taille,
23:55de ruralité,
23:57qui veulent des sorties
23:59de crise et des visibilités,
24:01pas d'argent, mais de l'activité.
24:03Donc, si vous n'écoutez pas ce que vous dites
24:05depuis un an et qu'il est important, essentiel,
24:07que l'artisanat se porte bien,
24:09que vous êtes en ruralité, dont des localisables,
24:11etc., mais sans arbitrage
24:13dans ce sens-là, ça va être compliqué de
24:15continuer à dire à nos adhérents, tout va bien,
24:17on est bien écoutés, on est bien entendus.
24:19Et donc, on demande de la responsabilité.
24:20Merci en tout cas d'avoir pris la parole,
24:22Jean-Christophe Repond, en direct dans cette émission.
24:24Je rappelle que vous êtes président de la KPM,
24:26c'est la confédération de l'artisanat et des petites entreprises
24:28du bâtiment, et ce n'est pas souvent
24:30qu'on vous retrouve dans la rue pour manifester.
24:32Philippe de Sertile, vous réagissez en écoutant cette prise de parole.
24:34Oui, non, je crois que quand on synthétise,
24:36c'est un bateau qui prend l'eau, c'est-à-dire
24:38le déficit public, on a viré le capitaine
24:40et on a cassé le gouvernail, le budget.
24:42Et on a la conséquence, là,
24:44parce que quand on est en train de parler des petits artisans
24:46qui se retrouvent en faillite, 66 000
24:48faillites aujourd'hui, c'est-à-dire qu'on est
24:50avec, alors évidemment, on n'en a pas eu
24:52pendant l'après-Covid,
24:54mais là, c'est très fort et ça touche beaucoup l'artisanat.
24:56Il faut rappeler, on a une crise
24:58gravissime du logement en France.
25:00C'est-à-dire que quand vous avez les boîtes
25:02qui font faillite, derrière, vous avez
25:04des gens qui ne vont pas savoir où se loger.
25:06Et ça, on avait annoncé déjà,
25:08Patrick Martin, le président du MEDEF, avait dit
25:10que ça allait être la bombe
25:12qui va probablement être
25:14en déflagration au moment des élections présidentielles.
25:16Mais là, je ne vous raconte même pas l'onde de choc.
25:18Parce que quand on dit que l'économie ne va pas bien,
25:20c'est très concret. Et là, quand on est
25:22en train de parler des faillites sur la question
25:24de la construction et du bâtiment, c'est
25:26en fait tout un savoir-faire qui disparaît.
25:28Et donc, effectivement, c'est non seulement
25:30le fait qu'on ne va pas avoir de logement, mais quand on va vouloir
25:32en reconstruire, on n'aura plus d'entreprise pour le faire.
25:34Donc, on est avec cette chose absolument incroyable.
25:36Et là, vous avez une crise politique
25:38qui, en plus, pète le budget.
25:40Je vous dis, il y a une crise politique, d'une part,
25:42mais en plus, elle casse le budget. C'est-à-dire, en plus,
25:44elle enlève les logiques stratégiques
25:46qu'on doit mettre en place lorsque vous avez
25:48des problématiques d'urgence qui vont
25:50toucher les vrais gens. C'est-à-dire,
25:52effectivement, aujourd'hui, les gens mal logés
25:54ce sont évidemment les gens les plus modestes
25:56avec, parmi eux, des quantités
25:58d'enfants. On le sait quand on est en train de parler
26:00de la pauvreté aujourd'hui en France.
26:02Alors, je vous annonce que Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT,
26:04sera l'invité de la matinale d'RTL demain matin
26:06à 8h. Et dans un instant, je vais vous demander
26:08si la fameuse loi spéciale destinée
26:10à assurer la continuité de l'État
26:12peut améliorer les choses et la situation.
26:14Je ne vous sens pas très guilliré.
26:16Allez, à tout de suite.
26:18RTL, on refait le monde.
26:20Avec Yves Calvi.
26:22Yves Calvi.
26:24On refait le monde jusqu'à 20h sur RTL.
26:26Le conseil des ministres,
26:28le ministre du budget, a donc présenté
26:30le projet de loi spéciale.
26:32C'est son intitulé. Destinée à assurer la continuité
26:34de l'État. Si elle est adoptée par l'Assemblée nationale
26:36et le Sénat, cette loi spéciale va
26:38normalement permettre de limiter la casse.
26:40Qu'est-ce que ça nous dit de la situation
26:42du pays ? Est-ce qu'on l'attend avec,
26:44je dirais, anxiété, cette loi ? Est-ce que c'est
26:46d'une certaine façon une bonne nouvelle, Emmanuel Duteil ?
26:48C'est une bonne nouvelle parce que c'est
26:50la seule nouvelle importante
26:52dont on avait besoin. Sans cela,
26:54il faut quand même qu'on en ait tous conscience.
26:56Ne payez pas les fonctionnaires.
26:58Là, la fameuse carte vitale
27:00dont Elisabeth Borne nous avait fait peur,
27:02elle n'aurait effectivement pas fonctionné s'il n'y avait pas eu
27:04cette loi spéciale. C'est le seul but
27:06de cette loi, de permettre de continuer
27:08les dépenses totalement
27:10indispensables en attendant
27:12qu'un budget arrive.
27:14C'est pour ça qu'elle est succincte. Il n'y a que trois
27:16articles pour offrir...
27:18On les sort quasiment
27:20jamais. Je crois que c'est seulement la deuxième fois
27:22de l'histoire qu'on la sort.
27:24Deuxième fois de l'histoire qu'un budget
27:26est censuré. La dernière fois,
27:28c'était le Conseil constitutionnel
27:30qui l'avait censuré
27:32en 79.
27:34On avait déjà une petite expérience de savoir comment
27:36on devait faire. Mais c'est uniquement
27:38pour cela. Bien sûr que c'est une loi totalement
27:40indispensable et heureusement qu'à peu près
27:42tous les partis et tous les députés et sénateurs
27:44vont la voter. C'est essentiel, Anne Lordelat ?
27:46Oui, pour faire
27:48fonctionner l'État. En fait,
27:50c'est bien. On sait maintenant
27:52qu'on n'a pas de shutdown
27:54à l'américaine. En fait, on a une
27:56constitution qui est quand même bien faite.
27:58Et effectivement, cette loi spéciale
28:00elle reconduit le budget de l'année dernière
28:02en gros. Et elle permet
28:04qu'il n'y ait pas de shutdown. C'est-à-dire qu'on puisse
28:06faire fonctionner. Quand on reconduit
28:08un budget, est-ce qu'on inclut les
28:10augmentations qui ont eu lieu pendant l'année ?
28:12Moi, je l'aime bien, cette loi.
28:14Je vais vous dire pourquoi
28:16je ne l'aime pas après. Mais d'abord, je l'aime bien
28:18parce que je n'étais
28:20pas rassurée par le projet de loi de finances
28:22de Barnier pour plusieurs
28:24raisons. La première, c'est que
28:26finalement, il y avait
28:28ce déremboursement de la consultation médicale
28:30et de certains médicaments qui retirait
28:32du pouvoir d'achat aux Français.
28:34Et donc, on revient à nos problèmes de consommation,
28:36nos problèmes d'activité dont on parlait tout à l'heure.
28:38Il y avait les 4000
28:40enseignants en moins. Donc, on revient
28:42à notre service public qui n'est pas bien financé.
28:44Ce que j'aimais bien, en revanche, dans cette loi,
28:46c'est qu'il y avait un impôt
28:48sur les multinationales, un impôt
28:50exceptionnel.
28:52Oui, mais ça, au moins,
28:54il y avait une contribution qui me paraissait juste
28:56parce qu'à un moment, il faut financer
28:58ce déficit.
29:00Moi, je suis rassurée de ne pas avoir cette loi-là.
29:02Le gros problème avec la reconduction,
29:04c'est exactement ce que vous dites, c'est qu'en fait,
29:06comme on a eu 2% d'inflation
29:08depuis l'année dernière, et que
29:10quand vous reconduisez, vous reconduisez comment ?
29:12Au douzième et au nominal.
29:14Ça veut dire que chaque mois, vous reprenez
29:16un douzième du budget de l'année dernière
29:18et exactement les mêmes euros que l'année dernière.
29:20Vous ne tenez pas compte des 2%
29:22qu'il y a eu d'inflation entre temps.
29:24Donc, comme tous les prix ont augmenté
29:26de 2%, en fait, c'est comme si vous aviez
29:282% de budget en moins.
29:30Je pensais notamment à nos territoires d'outre-mer
29:32où on a des engagements en ce moment et où on devait reconstruire
29:34pour toutes sortes de raisons.
29:36Ils vont être impactés par ce qu'il se passe ?
29:38Non, parce que
29:40j'ai fait des métaphores maritimes tout à l'heure,
29:42mais là, ça va être une métaphore routière.
29:44La loi spéciale, c'est la galette
29:46que vous mettez quand vous allez crever.
29:48Ça vous permet de rouler doucement,
29:50surtout à vitesse réduite, pour aller au prochain garage
29:52où il faudra voter très vite
29:54le vrai budget, parce que vous ne pouvez pas
29:56continuer comme ça.
29:58On doit bien comprendre que là, on est au cœur
30:00de la République, de la démocratie française.
30:02La démocratie française, c'est
30:04le représentant du peuple qui vote
30:06le budget, qui fait fonctionner,
30:08c'est-à-dire qui autorise l'État
30:10à prélever de l'impôt et regarde où il le met.
30:12Et vous votez pour ça.
30:14C'est nos droits de l'homme, ça.
30:16Vous ne pouvez pas avoir une loi rapide
30:18en disant, il y a trois articles, c'est bon.
30:20Non, parce que là, vous êtes en train de casser
30:22la démocratie. Ça veut dire que ça doit être
30:24très temporaire, et surtout, il doit y avoir
30:26rien d'autre que de dire,
30:28s'il vous plaît le Parlement, dépêchez-vous
30:30de trouver une solution, parce que c'est votre attribution
30:32fondamentale. Mais quand vous dites effectivement
30:34que le territoire d'outre-mer
30:36par excellence, qu'est la Nouvelle-Calédonie
30:38aujourd'hui, qui est en situation
30:40extrêmement grave, gravissime,
30:42et qui a un besoin immédiat de
30:44financement, eh bien, début 2024, il n'avait pas.
30:46Et donc, effectivement, il n'y a pas de budget,
30:48et donc, il n'y a pas de financement.
30:50Et là, on est peut-être en train de compter les jours
30:52en disant, jusqu'où,
30:54comme on l'appelle, le caillou, et je le fais
30:56avec beaucoup d'amitié en le disant,
30:58dans le caillou, on a besoin
31:00de cet argent urgentement, en disant,
31:02si on ne l'a pas, c'est déjà une situation
31:04catastrophique, mais là, on peut être
31:06réellement avec une situation
31:08absolument tragique. Eh bien, il n'y a pas
31:10de budget, il n'y a pas d'argent, donc, effectivement,
31:12par exemple, lorsqu'on est en train
31:14de regarder la situation dans
31:16différentes... Quelle est la Nouvelle-Calédonie ?
31:18On pourrait parler de la Martinique, on pourrait parler de Mayotte,
31:20etc. De tous les endroits où vous avez,
31:22je dirais, des situations extrêmement
31:24graves, qui se sont dégradées au cours de l'année,
31:26eh bien là, il n'y a rien, puisque
31:28ce n'était pas prévu l'année dernière, ce n'est pas prévu cette année.
31:30Donc là, si vous voulez, on voit vraiment la roue
31:32toute petite, qui ne vous permet pas d'aller vite,
31:34et qui, surtout, ne vous permet pas d'aller où vous
31:36deviez aller, où c'était stratégique
31:38que vous alliez. Donc ça, c'est vraiment, on va dire,
31:40la gravité de la situation,
31:42je n'ose pas dire l'irresponsabilité, quand même,
31:44des politiques aujourd'hui, quand on est en train
31:46de regarder ce que ça veut dire concrètement,
31:48avec même, parfois, cette petite chanson disant
31:50« Mais non, ce n'est pas si grave, vous allez voir ». Mais si, c'est grave !
31:52C'est extrêmement grave ! Et on voit
31:54bien, d'ailleurs, effectivement, à quelle extrémité
31:56on est réduit, c'est-à-dire voter une loi spéciale
31:58à la va-vite en disant « Sinon, on ne peut pas relever
32:00l'impôt », parce que c'est possible, le shutdown,
32:02vous n'allez pas voter. Tant qu'on est dingue,
32:04on n'a qu'à pas la voter. Mais non, mais il faut la majorité !
32:06Il faut la majorité !
32:08Vous voudriez faire obliger le Président
32:10de la République à démissionner, vous ne votez pas la loi spéciale !
32:12Vous voyez, c'est un truc, c'est possible, ça !
32:14J'ai bien compris. Dites-moi, j'écoutais
32:16une prise de parole d'Éric Lombard,
32:18directeur général de la Caisse des dépôts et consignations,
32:20qu'on ne peut pas lire plus inquiet que ça !
32:22Vous me regardez avec un air stupéfait !
32:24Non, non, parce qu'il a raison,
32:26Emmanuel Duteil, où il fait de la penche, c'est magique !
32:28Non, il a raison dans le sens où
32:30Philippe a aussi raison sur le côté que c'est grave,
32:32mais que tout le monde est assez persuadé qu'on devrait
32:34être capable de régler la situation.
32:36Après, si je reprends la métaphore de Philippe,
32:38le problème, c'est qu'au moment, on est au beau milieu de la campagne sans savoir
32:40où est le garage. Parce qu'on ne sait pas
32:42combien de temps ils vont mettre
32:44à voter cette loi. Et ça, mine de rien,
32:46c'est quand même un point
32:48extrêmement important, puisque
32:50la Constitution, par exemple, n'a pas capé
32:52un délai maximum, j'en sais rien,
32:54on aurait pu dire les 30 jours pour faire un nouveau budget,
32:56et hop, c'est reparti. Mais non,
32:58ils n'ont pas capé, donc ça peut durer des semaines
33:00et des semaines. Il faut surtout que, en revanche,
33:02ce ne soit pas ça. Et il faut, effectivement,
33:04pour tout le monde, et on regarde tout ce qu'on a dit...
33:06Le nouveau budget, quand on en aura un, peut avoir
33:08des mesures rétroactives, rassurez-moi.
33:10Il peut avoir des mesures rétroactives,
33:12oui. Oui, oui, il peut avoir des mesures
33:14rétro... Oui, mais très très compliquées. Non, non, il faut être
33:16très clair. Ça va être très compliqué.
33:18Vous allez immédiatement avoir des querelles
33:20absolument terrifiantes si vous commencez à dire
33:22« Ah ben oui, mais on a commencé à prélever, etc. »
33:24On va dire qu'on retourne en arrière. Non, non, non,
33:26très compliqué, parce que là, vous n'avez pas eu de loi
33:28par rapport à ça. Enfin, vous voyez, la loi,
33:30c'est... La Constitution,
33:32elle est forte. La loi sur les finances publiques,
33:34ce qu'on appelle la LOL, qui a été votée en 2001,
33:36elle est très claire, y compris sur
33:38cette loi spéciale. Et on a l'impression que
33:40tous les députés, ils ont dit « Ah ben non, mais vous allez voir,
33:42on va pouvoir l'aménager. » J'ai tenté d'être optimiste,
33:44je n'ai pas réussi. Je vous remercie les uns
33:46et les autres, Lord Delatte, Emmanuel Duteil et
33:48Philippe de Certines, d'avoir participé à cette émission
33:50qui est très intéressante. Dans un instant,
33:52toute l'actualité avec Aude Vernouccio, et vous retrouverez
33:54ensuite Faustine Bollard pour son émission « Héros ».
33:56Bonsoir, Faustine. Qui est votre invité ce soir ?
33:58Bonsoir, Yves. Dans quelques instants, on va recevoir
34:00un véritable héros, passionné
34:02et amoureux des animaux. Vous avez
34:04forcément entendu parler d'Amalka,
34:06vous savez, cette chienne qui avait disparu à Roissy,
34:08c'était il y a à peine quelques jours. Eh bien,
34:10celui qui l'a retrouvée est avec nous
34:12et vous allez voir que cette histoire est pleine
34:14de péripéties. À tout de suite.
34:16À tout de suite, Faustine.

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