L’agresseur de cette jeune supportrice du Racing 92 a été condamné le 14 novembre. Traumatisée, elle regrette le manque de soutien des organisateurs, l’association Génération Yves-du-Manoir
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00:00Il est venu vers moi et m'a caressé entre les jambes en pratiquant une pression, en fait, au niveau de mon entrejambe.
00:07Et en fait, après, je me vois juste, je me réveille, je suis par terre.
00:11Je m'appelle Arwen. J'ai 21 ans, je suis joueuse de rugby.
00:14Et le 11 mai 2024, ce monsieur a gâché ma vie et cet assaut m'a laissé sans vie.
00:18Arwen, fan du Racing 92 et joueuse dans l'équipe féminine de ce club de rugby,
00:23a été agressée sexuellement le 11 mai dernier.
00:27Les faits se sont déroulés dans un quart de supporters lors d'un déplacement
00:31pour suivre un match de son équipe à Auxerre contre Bayonne.
00:34Ce déplacement était organisé par l'association Génération Yves du Manoir.
00:39On est parti en bus, un bus qui avait été organisé non pas par le Racing,
00:43mais par une association de supporters à laquelle j'appartiens encore aujourd'hui.
00:48J'ai l'habitude de pouvoir organiser tout ce qui est musique, ambiance, etc.
00:52C'est quelque chose que j'aime bien faire.
00:53Je suis la plus jeune de l'association, donc il n'y a pas de souci.
00:57Du coup, moi, j'avais accepté de faire l'appel dans le bus
01:02et de mettre des playlists, d'organiser le pique-nique, etc.
01:06Et en fait, dans ce bus, malheureusement, il y avait un individu très problématique.
01:11En fait, à l'aller, c'était déjà difficile parce qu'on venait à peine de partir.
01:16On sentait déjà qu'il y avait un problème avec la personne en question.
01:18Elle avait déjà commencé à être problématique avant de monter dans le bus.
01:23Et puis, on avait fait à peine 20 minutes de bus
01:25et moi, il a commencé à m'insulter.
01:26Vraiment, c'était les termes « grosse cochonne », « petite chienne », « sale pute ».
01:30Enfin, voilà, des choses...
01:32Juste parce que je ne voulais pas lui répondre, j'étais avec mon copain.
01:34Et donc moi, je suis allée voir ceux qui ont vraiment organisé ce bus,
01:39leur dire que là, il y avait un problème, que ça commençait à peser.
01:42On passait à côté du Placer Robinson, qui est le centre d'entraînement du Racing 92.
01:46On s'est dit qu'il fallait le déposer là.
01:47On leur a dit qu'il fallait le déposer et ils ont refusé.
01:50Le président actuel de l'association,
01:53qui à l'époque, au moment des faits, était secrétaire,
01:56est le vice-président de l'association.
01:58Voilà, les deux ont refusé.
02:01Le président, justement, actuel,
02:04je n'ai pas honte de le dire, est ami avec l'agresseur.
02:07Donc, en fait, il s'est dit « non, ça va bien se passer, il n'y a pas de soucis ».
02:13Alors qu'en fait, dès le début, on aurait pu éviter tout ça.
02:18Et il y avait pas mal de signes, quand même.
02:20Et en fait, sur le chemin du retour, quand on allait repartir d'Auxerre,
02:25c'est à ce moment-là qu'il a fait vraiment l'acte d'agression sexuelle,
02:30où il est venu vers moi et m'a caressé entre les jambes
02:35en pratiquant une pression, en fait, au niveau de mon entrejambe.
02:39Donc voilà, moi, j'ai quelques souvenirs assez forts de ce moment-là.
02:44Et en fait, après, je me vois juste, je me réveille, je suis par terre,
02:48en dehors du bus, je ne me souviens plus de rien.
02:50J'ai fait un black-out total, je ne me souviens même plus de quel jour on est.
02:57Et là, on m'a parlé de porter plainte, on m'a parlé d'aller à l'hôpital,
02:59on m'a parlé de plein de choses.
03:01Et donc, c'en est suivi toute la procédure qu'il y a eu après, voilà,
03:06de déposer plainte, d'aller au tribunal, de retourner à Auxerre,
03:09de me battre encore et encore depuis le mois de mai jusqu'à aujourd'hui.
03:12L'agresseur a été condamné le 14 novembre à deux ans de prison avec sursis
03:17et à une interdiction de stade.
03:19Aujourd'hui, je suis incapable de reprendre le rugby,
03:21déjà à cause des médicaments que je prends.
03:24C'est trop détectable et ce n'est pas autorisé, en fait, dans le rugby.
03:28Et moi, je jouais à un poste où j'étais pilier, je faisais 90 kilos.
03:33Aujourd'hui, je suis à 72 à peu près.
03:36Donc, ça va être très difficile pour moi de reprendre parce que j'ai perdu du muscle,
03:41j'ai perdu beaucoup de choses et surtout reprendre un sport de contact
03:45alors que le contact est encore difficile, c'est très compliqué.
03:48Comme je dis, j'ai un copain, impossible d'avoir la moindre relation lui et moi.
03:54J'étais agressive, j'ai dû prendre des gros soins que je prends encore,
03:59des anxiolytiques, des mots que, comme je dis, je ne devrais pas les connaître.
04:04Ce n'est pas normal à 21 ans que je prenne ce genre de choses.
04:07J'ai été toute seule.
04:09En fait, ces organisateurs qui se disaient à l'époque en plus d'être mes supporters
04:13quand je jouais, etc., m'ont vraiment laissé seule, pas un seul message.
04:18Quand j'ai fait les procès, j'étais toute seule.
04:20Ils ont refusé de se porter partie civile pour le procès.
04:24Voilà les seuls accompagnements que j'ai eus aujourd'hui.
04:29Donc, il y a eu ma famille, bien évidemment.
04:30J'ai eu le Racing 92 qui n'était même pas responsable de ce bus qui m'a accompagnée,
04:35qui m'a aidée à faire les démarches parce que moi, je ne connais rien d'un point de vue légal.
04:39Je ne sais pas si c'est un procès.
04:40La FFSR, donc la Fédération française des supporters de rugby,
04:44qui, elle, tout de suite est arrivée et m'a fait
04:46« Non, mais on va se porter partie civile, on peut essayer d'aider à faire ça.
04:50On va en parler, il faut en parler.
04:52On va faire des communications sur les violences sexistes et sexuelles. »
04:56Mais cette association s'est cachée jusqu'à...
05:00Et encore aujourd'hui, se cache, ne répond pas.
05:03Aujourd'hui, je ressens beaucoup de colère envers ces personnes.
05:05J'aurais juste demandé des excuses et je n'ai toujours pas eu ces excuses.
05:08La FFSR a décidé de suspendre provisoirement l'association Génération Yves Dumanoir.
05:16On doit vraiment informer les gens.
05:18On doit les former parce que c'est des assos de supporters qui organisent des bus
05:23et qui, en fait, ne savent pas comment réagir face à ce type de situation.
05:28Le plus important pour moi, c'est de dire « ça, ça s'est passé.
05:31Ça s'est passé en top 14. Stop.
05:34On arrête là. On arrête là. Ce n'est plus possible.
05:37Je trouve que le rugby a trop souffert.
05:39Moi, je veux vraiment que ça s'arrête.