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L’animateur publie son 22e livre, « Le carnaval des ambitieux », est en tournée avec le spectacle « Hommages et dessert » et prépare « Le plus petit cabaret du monde » dans le Lot.

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Transcription
00:00Bonjour Patrick Sébastien. Bonjour mademoiselle. Alors ça ne va pas être simple d'évoquer
00:03un demi-siècle de carrière en seulement 7 minutes Patrick. Oui ça va, bon ben au revoir.
00:08Non, non, on a quand même des choses à se dire, d'autant que vous êtes un artiste
00:12touche-à-tout, donc il y a beaucoup de choses à dire. Est-ce que vous regrettez qu'aucune
00:15chaîne ne fête cet anniversaire ? Ni TF1 ni France 2 avec qui vous avez travaillé
00:18pendant longtemps. Non, je ne suis pas très anniversaire, j'avais proposé aux deux
00:23chaînes généralistes de faire un truc, ils n'ont pas voulu, bon, alors qu'on ferait
00:27de l'audience, je suis sûr. Non, il y a Michel Drucker qui me consacre deux heures.
00:33Fin décembre. Fin décembre, voilà. Mais bon, ça va, je n'ai pas besoin de célébration.
00:38La célébration est dans ma mémoire. Exactement. Et elle est dans le livre que vous publiez
00:42et dont on va parler. Je voudrais quand même rappeler toutes les émissions que vous avez
00:46présentées. Alors pas toutes, on n'a pas assez de temps. Carnaval, Sébastien Seyfou,
00:50Les années Bonheur, le plus grand cabaret du monde. Et puis l'émission qui détient
00:54depuis 32 ans le record d'audience hors allocution présidentielle et retransmission
00:58sportive, c'est le grand bluff. 17 millions et demi de téléspectateurs. Et 74% de parts
01:02de marché. Ça, c'est votre plus grand souvenir de télé ? Non, non, le souvenir de télé,
01:06c'est la télé en général. Et en sachant quand même que c'est un hasard pour moi.
01:10Et puis ça n'a pas été ce que je garderai en mémoire de plus marquant. Moi, je suis
01:14un artiste. J'ai fait 20 ans d'imitation, en faisant 12 fois l'Olympia, en faisant
01:22des milliers et des milliers de galas. Et après, il y a cette vie de télé qui m'est
01:26tombée dessus un peu par hasard, qui n'est pas celle que je préfère. Parce qu'autant
01:30j'ai aimé faire des émissions, autant le milieu autour ne me plaît pas. Et puis il
01:34y a surtout la scène qui continue, les chansons, le contact avec le public. Moi, c'est ça
01:40qui me plaît. Parce qu'on ne peut pas mentir. Tu es bon, ils t'applaudissent, t'es pas
01:44bon, ils te jettent. La télé, tu peux être bon et te faire jeter. Et pas être bon et
01:47y être encore longtemps. Voilà, c'est ce qui vous est arrivé. L'éviction de France 2
01:51en 2018. Et puis, il y a l'écriture, évidemment, Patrick Sébastien, 22e livre, ce carnaval
01:58des ambitieux où vous dressez le portrait de célébrités que vous avez croisé au
02:00cours de votre carrière. Alors, on croise Nicolas Sarkozy, Patrick Bruel, Céline Dion,
02:05Jean Dujardin, Danny Boon, etc. C'est une qualité ou un défaut l'ambition ?
02:10Je cite Clémenceau qui disait « Je ne serais pas confié la guerre aux militaires, je ne
02:16serais pas confié l'ambition aux ambitieux parce que tout ce qui est bon pour eux est
02:20mauvais pour les autres ». On est en plein dedans. Le titre de mon bouquin, je ne l'ai
02:23pas fait exprès. Mais quand on voit l'actualité telle qu'elle est aujourd'hui, c'est vraiment
02:26le carnaval des ambitieux. Et j'ai pris le mot carnaval parce qu'on porte tous un
02:32masque. On a tous un masque. Toi, en face de moi, tu as le masque de l'animatrice,
02:36mais tu n'es pas le masque. Et ce que je me suis amusé à faire dans le livre, c'est
02:40soulever le masque pour aller voir un peu ce qu'il y a derrière, la vraie personnalité
02:44des gens. Je dis que les imbéciles s'arrêtent au masque, c'est tous les a priori, c'est
02:48tous les réseaux sociaux, c'est toutes les critiques gratuites. Et c'est intéressant
02:53d'aller chercher derrière le masque la vraie personnalité des gens pour les juger.
02:57Ceux que vous avez choisis dans ce livre sont ceux qui n'ont jamais eu honte d'avoir
03:01soit démarré chez vous, soit d'être copain avec vous.
03:04Ah oui, oui.
03:05Parce qu'il y en a d'autres qui n'ont pas cette reconnaissance-là.
03:08Il y en a très peu. Dans le livre, j'ai parlé des présidents parce que l'ambition
03:14suprême, c'est quand même la preuve, regarde le cirque qu'il y a en ce moment, parce qu'ils
03:19pensent plus à leur gueule qu'aux gens. C'est ça qui est terrible. Et les artistes.
03:23Après, j'ai parlé aussi des sulfureux, ceux qui sont tombés en vol, parce qu'il
03:27y en a plein. C'est aussi un des... Regarde aujourd'hui le petit Mbappé, il y a l'ambition,
03:32il y a l'ambition, il y a la montée. Tu sais, quand j'étais en fac, je voulais être
03:36prof de lettres et mon auteur préféré, c'était Zola, parce que tous les bouquins
03:40sont construits de la même manière. Il y a une montée, il y a une montée dans Nana,
03:44dans n'importe quoi, il y a une montée, il y en a même un qui s'appelle Paris, que
03:47les gens connaissent très peu, qu'on devrait relire en ce moment, parce que c'est quelqu'un
03:52qui décide d'aller dire la vérité. Un homme politique qui décide de dire la vérité.
03:56C'est très intéressant. C'est un bouquin de Zola que les gens connaissent peu. Et il
04:00y a cette montée, et puis ça va avec l'ambition et la chute ou les écueils.
04:05Il y a évidemment les présidents de la République que vous citez dans ce livre. Et alors, moi
04:09j'ai découvert ça en vous lisant. Comment se fait-il que tous, depuis Mitterrand, vous
04:14aient conviés à l'Elysée pour un tête-à-tête ? Et en plus, il vous tutoie.
04:18Non, c'est moi qui les tutoie. Moi, je tutoie tout le monde. Il n'y a qu'une personne que
04:22je n'ai pas pu tutoyer alors qu'il me l'a demandé, c'était Brassens. Je n'y arrivais
04:25pas. Je tutoie tout le monde. Non, je n'ai pas tutoyé Mitterrand quand même. Parce qu'il
04:31y avait autre chose. Chirac, c'était un ami intime. Après, les autres, c'est de la curiosité.
04:36Moi, je ne suis d'aucun bord. J'ai des contacts avec les présidents, j'en ai eu, pour leur
04:40remonter des infos d'en bas. Parce qu'ils sont quand même très éloignés des réalités.
04:45Et moi, je suis au quotidien. Moi, je suis très proche. Je suis une caricature. Pour
04:49les autres, ils appellent ça un beauf. On est des millions de beaufs, ce qu'ils appellent
04:54des beaufs. C'est-à-dire, moi, je ne bois pas, je suis un solitaire, je passe mon temps
05:00dans la... Si c'est ça, un beauf, ça me va très bien. Donc, je remonte des infos,
05:05de temps en temps, à tous les présidents. Ils s'en servent, oui et non. Quand ça leur
05:11plaît pas, ils me répondent pas. Et quand ça leur plaît, ils auraient arrivé de prendre
05:14des décisions et de faire des choses qui correspondaient à ce que je leur avais dit,
05:18oui. Mais pas plus que ça. Je ne suis pas plus influent que ça.
05:20Cette image de beauf dont vous parlez, Patrick Sébastien, est-ce que... C'était ma question.
05:26Donc, vous n'en souffrez pas ?
05:27Il faut faire un choix, dans ce métier, entre la respectabilité et la popularité. C'est
05:32rare que ça fasse bon ménage. La respectabilité et la popularité. J'ai choisi la popularité
05:37parce qu'elle est plus agréable. Et puis parce que c'est d'où je viens. Je viens
05:40d'un milieu où il n'y avait pas de thunes, où il y avait des gens normaux. Et si je
05:44n'étais pas le mec qui fait le clown à la télé, je serais sûrement dans la salle
05:47ou devant ma télé pour regarder ces clowneries-là. Et j'en ai pas honte. Mais pas honte du tout.
05:51Parce que dans ce monde-là, on est contre l'exclusion, on est des généreux, on est
05:57des intègres. Moi, je suis une personne intègre. J'aurais jamais imaginé, en prenant
06:02le temps plein la gueule, en disant juste « c'est que de l'amour ». Parce qu'aujourd'hui,
06:05ils me font rire. Ils sont tous à pleurer que les enfants se mettent sur la gueule,
06:08qu'il y a de la violence partout. Et quand tu dis que c'est que de l'amour, on se
06:12fout de ta gueule. Mais c'est eux les abrutis. On s'en sortira pas sans ça. Et moi, j'ai
06:17passé ma vie à essayer de donner du bonheur aux autres.
06:20Quand on vous écoute, quand on vous lit, on a quand même l'impression d'un… La
06:26télé, voire la vie, la société, c'était mieux avant. Vous êtes bien quand même dans
06:30votre époque ?
06:31Je suis avec. Je préfère le GPS aux cartes routières, je te rassure. Uber Eats, c'est
06:37vachement bien. Maintenant que je suis tout seul, j'aime bien ces trucs-là. Après,
06:41il y a des valeurs. Tu ne peux pas empêcher la mémoire d'exister. L'autre jour, on
06:46discutait avec des copains. Je disais « tu te rends compte, il y a dix ans seulement,
06:49il y avait encore Belmondo, Delon, Johnny et Aznavour. Ça, c'est ma mémoire, c'est
06:54mon patrimoine. Il me manque, ces gens-là. Il me manque parce qu'en plus, je n'y
06:58trouve pas vraiment de remplaçant. » Il y a des trucs bien, il y a des choses que
07:02j'aime beaucoup. J'ai plein de copains qui font du rap, j'ai plein de copains qui
07:06sont dans le modernisme absolu, mais le fait qu'on soit devenus des images me gêne
07:11un petit peu. Moi, je suis un humaniste, c'est-à-dire que j'aime les êtres humains.
07:14On est sur nos portables. Tu vas descendre dans la rue, tu n'as pas un mec qui a la
07:18tête en l'air pour te regarder dans les yeux. Ils sont tous sur leur portable. Je
07:22ne dis pas que c'était mieux, c'était autre chose. On fait avec, ou alors les gens
07:26comme moi, on se met à l'écart et on se fabrique notre monde à nous, qui n'est
07:31pas un monde « ça va, moi je regarde Netflix le soir, j'ai ma tablette, heureusement
07:35que j'ai ça d'ailleurs, je suis très connecté à tout ». Mais humainement, je
07:40ne suis pas connecté. Il y a aussi, Patrick Sébastien, le musicien,
07:44le chanteur. Avant qu'on démarre cet entretien, vous me disiez, Patrick, qu'il y a beaucoup
07:49de jeunes qui viennent vous voir, qui viennent écouter vos chansons.
07:53Je suis le plus étonné dans les spectacles d'été. En arrivant dans le couloir, il
07:57y avait des gamins en bas, ils ne vont tous pas sauter dessus, mais presque.
08:02C'est vraiment de 7 à 77 ans, Patrick Sébastien, vraiment.
08:05Mais surtout, c'est une chance. Moi, les chansons, je ne les ai pas faites. Mais il
08:08se trouve que les gamins qui ont entre 16 et 25 ans, ils connaissent mes chansons, ils
08:14aiment ça. Parce que c'est léger, parce qu'il y a une sorte d'insouciance. Ils
08:17savent que ce mec qui a un vieux compte de 70 ballets, 111 maintenant, il n'a peur de
08:23rien. Il chante, je crois même que je vais faire un album de paillardises bientôt.
08:26Parce que ce n'était pas paillard avant ?
08:30Ah non, ce n'était pas paillard. Le petit bonhomme en mousse tournait les serviettes.
08:33Tout ça, c'est des chansons qui vont dans les mariages, qui sont chantées par les enfants.
08:37Non, il n'y a pas de vraies paillardises. Là, je vais peut-être me faire plaisir.
08:42Tu sais, aujourd'hui, je me fais plaisir. Et effectivement, ce monde qui bouge trop
08:47vite, il y a des moments où il va trop vite pour moi. Et il va même trop vite pour des
08:53mondes que je connais qui ont 17, 18 ans. Parce que je discute avec eux. Ils sont pratiquement
08:58aussi largués que moi. Tu sais, les gamins, ils font des fêtes sur les chansons des années
09:0180, aujourd'hui. Ce n'est pas par hasard. Il y a une raison. Ils sont nostalgiques.
09:09Moi, ils me disent « raconte-nous quand t'étais libre ». Et ils ont une sorte de
09:13nostalgie d'une période qu'ils n'ont pas connue. C'est étonnant.
09:16C'est presque triste, quand même.
09:18Non, c'est l'ordre des choses.
09:20À 20 ans, vous étiez déjà nostalgique ?
09:22Surtout, ce qui n'est pas triste, c'est que des gens comme moi, on a eu une chance
09:26énorme. On l'a vécu. Alors moi, je veux bien me faire traiter de vieux con, mais au
09:31moins, on est peut-être con, mais on est vieux. Ce n'est pas sûr qu'ils y arrivent.
09:34Et puis, il y a aussi, Patrick Sébastien, une tournée en ce moment avec votre spectacle
09:38« Hommage et dessert ».
09:39Ça, c'est de la nostalgie pure.
09:41Vous rendez hommage aux anciens qui ne sont plus là-bas.
09:44J'ai des photos derrière moi de Coluche, de Gainsbourg, de Tonton Flingueur, de Nougaro,
09:48de Gabin, etc. Je fais des petites chansons originales en hommage à Gainsbourg, à Coluche,
09:56à tous ces gens-là. Et entre les chansons, je parle beaucoup d'actu. Je parle beaucoup
10:02d'actualité dedans.
10:03Vous régalez, j'imagine, en ce moment.
10:05C'est un bonheur absolu.
10:06Le spectacle, il fera un arrêt à Paris. 7, 8, 9 mars au Théâtre de la Tour Eiffel.
10:11Les gens ont l'occasion d'applaudir des belles conneries. Je ne leur parle pas de
10:13conneries. Je résume l'élection passée à un mot. Les gens avaient l'occasion de
10:17renverser la table. Ils ont juste changé la nappe. Et encore, la nappe avait déjà
10:21servi.
10:22Et puis, bientôt, Patrick, le plus petit cabaret du monde. Dans le Lot.
10:27Oui, ce n'est pas encore. C'est dans un an.
10:28C'est dans un an.
10:29C'est quoi ? C'est l'émission de télé ?
10:30Je sais que tu aimes bien cette région.
10:31Oui, j'adore.
10:32Et à côté de chez moi, j'ai eu l'idée. Je pense que ça va se faire. Là, on est
10:36en train de déposer tous les trucs, etc. Mais tu sais qu'il y a toujours des gens
10:39qui veulent t'emmerder, t'empêcher de faire des choses dans ce pays.
10:42Je vais faire le plus petit cabaret du monde. Je vais faire un cabaret d'à peu près
10:47200 places dans l'endroit où ma maman avait son restaurant avant.
10:50On va faire un spectacle transformiste avec des potes transformistes.
10:53On va faire du théâtre. On va faire des conférences. Je vais donner une scène ouverte
10:59à des jeunes talents. Je vais en faire un endroit rare, convivial, pour finir ma vie
11:06là, à 5 kilomètres de chez moi, dans cette région sublime, qui est le Lot, le Haut-Quercy.
11:13Parce que comme tu disais avant, puisque tu es arrivé d'y aller, on y mange bien,
11:17les gens sont sympas. Et puis, on a un autre état d'esprit.
11:20Et c'est magnifique.
11:21Et c'est magnifique.
11:22Tout y est. 71 ans et plein de projets, il n'y en a pas beaucoup.
11:25De toute façon, c'est ça qui fait vivre. C'est les projets qui font vivre.
11:28Le jour où, je crois que c'est Brel qui disait qu'un homme qui n'a plus de projet,
11:32c'est un homme mort. Je ne peux pas vivre sans ça.
11:37J'ai une chance absolue, un luxe absolu. Mes loisirs, c'est mon travail.
11:42Je n'ai aucun loisir, si ce n'est de prendre une feuille, d'écrire, de créer et de monter sur scène.
11:50C'est une chance énorme. Tu m'aurais dit ça quand j'étais petit.
11:53Ma vie, ça va être de monter sur scène, d'aller te faire applaudir, de communiquer avec les gens,
11:58d'écrire et de parler à l'oreille des gens dans les bouquins.
12:01Parce que j'ai un lectorat qui me suit, qui est très fidèle.
12:04C'est le même que celui qui regarde Dave aux émissions de télé ?
12:07Non, ce qui est bien, c'est qu'il y a ceux qui aiment mes livres, qui n'aiment pas mes chansons.
12:11Ceux qui aiment mes chansons, qui n'aiment pas mes livres.
12:13Il y a ceux qui aiment la télé, etc.
12:14Et tout ça, ça fait un conglomérat de choses qui fait que j'ai des gens partout pour des raisons différentes.
12:19Et puis il y a ceux qui n'aiment pas et qui ont bien raison, ils n'ont qu'à perdre leur temps ailleurs.
12:23On ne peut pas être aimé par tout le monde.
12:25C'est un plaisir de vous recevoir.
12:27Et puis heureusement, parce qu'il y a des gens dont je n'aimerais pas être aimé.
12:30Merci d'être venu.
12:32Merci de m'avoir consacré ce petit moment d'antenne.
12:34C'était un plaisir.

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