• la semaine dernière
Ludivine Sagnier x Paul Kircher x Ludovic Boukherma x Zoran Boukherma x Angelina Woreth x Sayyid El Alami x Gregory Lucilly x Maxime Calicharane x Kirill Serebrennikov x Virgil Vernier x Min Bahadur Bham

Tous au cinéma est le rendez-vous des amoureux et des curieux du 7e Art. Chaque semaine tout au long de l'année, le magazine traite toutes les sorties en salles sans exception, interviews exclusives à la clé.
Transcription
00:00Juste avant tous au cinéma, voici le top 3 des films sortis la semaine dernière,
00:05qui sont les plus appréciés par les spectateurs sur Allociné.
00:09Vajana sort sur sa deuxième vague et prend la troisième place avec 3,6 étoiles sur 5.
00:14En deuxième position, c'est un thriller en terrain djihadiste, Rabia, qui obtient 3,7 étoiles.
00:21Enfin, Benjamin Lavergne, Pierre Lautin et leurs fanfares caracolent en tête du classement avec un score de 4,3 sur 5.
00:28Passons à présent aux nouveautés de ce mercredi.
00:41Tous au cinéma passe en revue la totalité des films qui sortent dans salles cette semaine.
00:46Une semaine où hasard et fatalité, providence et malchance cohabitent sur grand écran.
00:52Divins, maléfiques, enchantés ou ensorcelés,
00:55les films cette semaine font de leurs personnages tantôt les maîtres, tantôt les victimes de leur destin.
01:04Commençons par Leurs Enfants Après Eux, chronique de trois étés
01:08et portrait d'un petit groupe d'adolescents entravés par un déterminisme social.
01:14Adapté du prix Goncourt 2018, ce passage de l'écrit à l'écran séduit le spectateur sans décevoir le lecteur.
01:26La rencontre avec le livre a été une évidence.
01:30On a eu l'impression de pouvoir faire notre film peut-être le plus personnel à travers cette histoire.
01:34Notamment parce qu'il parle d'une jeunesse qui s'ennuie et qui rêve d'ailleurs.
01:38Et je pense qu'on était ces adolescents-là, nous aussi.
01:41C'est intéressant, c'est qu'il y a une violence de contexte aussi,
01:44qui est la violence sociale du fait que cette usine a fermé.
01:46On est juste après les années 80, après l'idée de l'abandon de la lutte des classes,
01:50donc il y a quelque chose où, d'un coup, la classe populaire s'est retrouvée éclatée.
01:54Donc cette violence qui s'exprime parfois de façon très graphique et très forte,
01:58elle est circonstancielle et ces personnages-là appartiennent à un même monde.
02:02Qu'est-ce que t'as fait avec les motos ?
02:04Quand on est sortis, les motos n'étaient plus là.
02:06Je suis mort, putain !
02:13On va aller en trottinette.
02:16On va les retrouver.
02:18Sinon, cette famille est foutue.
02:23Dans cet endroit-là où il habite, où on voit qu'il ne se passe rien,
02:29il a un désir brûlant de vivre une vie,
02:35d'avoir du fun en fait, tout simplement, et de kiffer.
02:38C'est ça, il y a un sentiment à cet âge-là où tout est possible.
02:41Quoi ?
02:44Ils vous cherchent.
02:46Qui ça ?
02:48Les mecs du centre.
02:49Pourquoi ils vous cherchent ?
02:51Les conneries, on l'a piqué.
02:54Ce parallèle entre douceur et violence, je trouve qu'il fait partie de la vie.
02:58Dans les rapports parent-enfant, les premières relations amoureuses,
03:02elles peuvent être marquantes, violentes,
03:08Je l'ai repris ou pas ?
03:10Oui, grave.
03:11Cette France qui, bien que divisée, a une culture populaire commune.
03:18Quand on regarde le feu d'artifice du 14 juillet, en écoutant Que je t'aime,
03:24il n'y a pas un Français qui n'a pas envie de pleurer.
03:26Donc en fait, effectivement, moi je ressens ça,
03:29c'est un peu comme si j'étais en France,
03:32il n'y a pas un Français qui n'a pas envie de pleurer.
03:34Donc en fait, effectivement, moi je ressens ça,
03:37ce côté fédérateur a dépassé ce déterminisme social
03:42et a goûté plutôt au plaisir d'appartenir à une terre.
03:49Tu veux venir ici, toi ?
03:51Elle est là toute l'importance du film, de raconter ça et de faire des films là-dessus,
03:55pour qu'on essaie aussi d'élargir les horizons pour tout le monde.
04:02C'est ça, c'est ça, c'est ça !
04:32Madame Boyer, vous pouvez être poursuivie pour délaissement parental,
04:35vous en avez conscience ?
04:36C'est plus mes enfants !
04:38Dix ans où il a passé à peine quelques kilomètres de nous,
04:41sans jamais essayer de voir nous !
04:43Alors que tu te protèges à Marmaille, c'est même pas la vôtre !
04:46Marmaille, en fait, c'est l'histoire d'un petit frère et de sa grande sœur
04:49qui sont mis à la rue par leur mère, de façon très brutale,
04:53au moment où le petit frère, qui est interprété par Maxime,
04:57est sélectionné à un grand battle de danse.
05:01Lui, il a vraiment envie, en fait, de gagner ce battle
05:04pour pouvoir partir de La Réunion.
05:09Ah, t'aimes danser ?
05:10Je me suis empris pour toi.
05:14Bien joué, t'es en finale !
05:18Les scènes qui sont exposées dans le film et dans le scénario,
05:22ce sont des scènes super authentiques
05:24qui sont arrivées à mon entourage,
05:26des amis, la famille ou des gens plus éloignés.
05:28T'as pas ton casque, ça, c'est mon casque !
05:30C'est pas pire, ce que tu as là !
05:32C'est rien qu'un parasite !
05:34Thomas, c'était un personnage assez à l'opposé de moi,
05:37puisque c'est un personnage qui a quand même beaucoup de colère,
05:40alors que moi, c'est pas du tout le cas dans la vie de tous les jours,
05:43parce que je suis plutôt calme, on va dire.
05:45C'était pas quelque chose de naturel pour moi de jouer,
05:48de m'ouvrir et de lâcher mes émotions,
05:50et en plus de devoir combiner ça avec la danse,
05:52donc c'est vraiment un travail de construction du personnage
05:55qui m'a demandé beaucoup d'efforts.
06:00Je voudrais donner une paille à mon maman et à mon père.
06:04Maman et ta papa vous ont, ils vont trouver une solution ensemble.
06:07On a utilisé cette double langue
06:09puisqu'on passe très facilement du français au créole là-bas.
06:12Il y a beaucoup d'expressions en fait en créole,
06:14même qui sont inventées des fois sur le moment,
06:17parce que c'est une langue très imagée, très poétique,
06:21et à partir du moment où on se comprend
06:23et que souvent ça fait rire,
06:25ça passe comme une expression et ça nous amuse.
06:27On a gagné ce soir, on a gagné le concours national en métropole aussi.
06:51Où est passé le traîneau ?
06:52Il a disparu !
06:54Sans le traîneau, il n'y a plus de mission.
06:57Et sans mission, il n'y a plus de Noël.
07:03Deux films que tout oppose prennent l'Église et la religion catholique
07:06pour sujet cette semaine.
07:09Conclave, huis clos clérical au cœur du Vatican,
07:12est un polar qui fait de l'élection d'un nouveau pape un cluedo en soutane.
07:22Intrigue de palais, enjeu insoupçonné,
07:24le mensonge y est pris pour parole d'évangile.
07:39Moins profane, le documentaire Guadalupe, mère de l'humanité,
07:43nous renseigne sur un des lieux de pèlerinage les plus fréquentés au monde
07:47depuis que la Vierge serait apparue à un jeune Aztèque il y a 500 ans.
07:54Je suis la parfaite Vierge de Santa Maria de Guadalupe.
08:02Objet d'un culte beaucoup plus païen,
08:04l'écrivain Limonov, tour à tour poète à Kiev,
08:07clochard à New York, romancier culte à Paris,
08:10puis chef d'une milice fasciste à Moscou,
08:12est porté à l'écran par le réalisateur Kirill Serebrennikov.
08:20Adapté du récit à un roman russe d'Emmanuel Carrère,
08:23Limonov, la balade, propose le portrait d'un homme pluriel,
08:26complexe et contradictoire.
08:44Quand un personnage a de nombreuses contradictions
08:47et de nombreux conflits internes,
08:50alors il devient dense et complexe.
08:54C'est grâce à ces contradictions qu'un personnage devient attachant.
09:00Dans la vie en général, nous ne sommes pas animés
09:02de conflits internes aussi intenses.
09:05Mais Limonov, lui, est comme ça.
09:08Il est un personnage métamoderne
09:10qui parvient à condenser son passé, son présent et son avenir,
09:15et qui mêle à son imaginaire, sa réalité.
09:20J'ai cassé ce morceau de papier
09:25pour faire du cash,
09:27mais la vérité, c'est que je ne m'étais jamais vraiment regardé
09:31comme un homme de lettres.
09:50Je suis destiné à être quelqu'un d'autre.
09:53Le monde entier sera à mes pieds.
09:57Je deviendrai soit célèbre, soit assassiné.
10:20D'un côté, il y a un personnage poétique,
10:24un héros admirable,
10:27lyrique,
10:29poétique
10:31et délicat.
10:41Et à l'opposé, il y a un personnage détestable,
10:45mégalomane,
10:47pétri de haine et de mépris.
10:52On se prend à détester l'un précisément
10:55parce qu'on a adoré l'autre.
11:16Mais ce n'est pas vrai.
11:47Le meilleur moyen d'amener les gens ensemble
11:50est de leur donner une vraie bonne tête.
12:17Quand Lucano dit
12:19qu'il n'a rien fait d'extraordinaire,
12:21qu'il a rencontré des gens sans maison
12:25avec des maisons sans personnes,
12:27quel est le problème ?
12:47Je l'ai senti venir.
12:54C'est l'histoire de Afine,
12:56un jeune de 18 ans qui vit en coloc
12:59avec des amis qui sont en même temps des collègues de travail
13:02puisqu'ils sont tous travailleurs et travailleuses du sexe.
13:05Ils vivent dans les alentours de Monaco.
13:08Je n'ai pas envie de faire les choses
13:10et avoir l'impression qu'on se cache
13:12alors qu'on bosse, on a la classe.
13:14Noël approche et tout le monde part à gauche, à droite
13:17et lui reste à Monaco pour continuer à travailler.
13:21J'avais envie de parler de ce sentiment de solitude extrême
13:24qui est lié à Noël lorsqu'on n'a pas de famille.
13:29Tu es bien jolie, dis-moi.
13:31Comment t'appelles-tu ?
13:33Julia ?
13:37Tu sais Julia, fais attention.
13:39Les enfants vieillissent vite ici.
13:43Monaco me paraissait un bon contraste
13:45entre cette espèce de pseudo-conte Walt Disney
13:49mais je voulais en montrer la profonde tristesse.
13:52Je voulais montrer à quel point ce fameux luxe
13:55qui a l'air de tant faire rêver tout le monde
13:58a une part morbide et inquiétante
14:01à force de vouloir vendre du rêve.
14:12Plus de lumière, plus d'argent.
14:17Voilà.
14:19Tout est pris dans la même envie
14:21de montrer la folie du monde actuel,
14:24le côté délirant, grotesque, drôle
14:27et en même temps tragique et mélancolique.
14:30Je n'ai pas envie qu'on soit séparés.
14:35Je ne serais même pas capable de dire qu'il y a de zéros dans 100 000 milliards.
14:38Même si sur l'affiche ça se voit graphiquement beau,
14:40ça ne veut plus rien dire comme une langue abstraite.
14:43Quand on entend parler de budget de 100 000 milliards,
14:47on ne sait même plus ce que ça veut dire tellement c'est fou et abstrait.
14:50Monaco est comme ça.
14:52Le désir des personnages est comme ça,
14:54d'atteindre un absolu qui n'a même plus sens.
14:56Un milliard.
14:59Cent milliards.
15:02Cent mille milliards.
15:05Sinon trois films font du voyage, du déplacement et de la distance parcourue
15:09une quête de sens et de sensations cette semaine.
15:13Dadio d'abord, un huis clos automobile
15:16qui réunit Sean Penn et Dakota Fanning
15:18dans un taxi le temps d'une course et d'une rencontre salutaire.
15:35Crossing Istanbul suit lui, une femme à la recherche de sa nièce
15:39dans un voyage initiatique qui prend la question de la transidentité
15:43pour objet même de cette initiation.
15:56Enfin, Shambhala, le royaume des cieux
15:59accompagne le périple d'une jeune villageoise du Tibet
16:02à la recherche du père de l'enfant qu'elle attend.
16:05Une recherche en paternité doublée d'une quête d'identité.
16:25Durant le processus d'écriture jusqu'à la douzième version du scénario
16:29le personnage principal devait être un homme.
16:33D'une certaine manière, je ne me considère pas seulement comme un réalisateur
16:37je suis avant tout un être humain
16:39et j'ai pris conscience qu'il serait intéressant de découvrir ma part féminine.
16:50Je traverse dans ma vie le même questionnement que mon personnage
16:54donc l'idée principale du film était de montrer ces gens
16:57durant le périple de cette femme
16:59et en même temps d'assister à son voyage intérieur.
17:18Le silence est essentiel pour moi
17:20et pas seulement au cinéma mais également dans la vie.
17:23Plus vous êtes silencieux et plus vous êtes connecté à vous-même.
17:30Aujourd'hui nous sommes assaillis par les bruits et les sons.
17:33J'adore les sons, mais les sons qui proviennent de la nature
17:36et ceux de votre fort intérieur.
17:39Je crois sincèrement au destin.
17:41Tout ce qui nous arrive est déjà programmé.
17:47En tant que réalisateur, je m'efforce de relier les points préétablis par l'existence.
17:55Mon boulot consiste à développer des idées
17:58et d'établir des liens entre ces idées.
18:01En tant que réalisateur, je m'efforce de relier les points préétablis par l'existence.
18:07Mon boulot consiste à tirer un trait qui relie ces points.
18:10Mais pour moi, tout est question de destin.
18:27Pour finir cette revue des sorties de la semaine,
18:29on se quitte avec un film désenchanté et un autre enchanté.
18:33Inspiré d'un travail préparatoire du philosophe Michel Foucault,
18:36La vie des hommes infâmes réveille le souvenir enfoui d'un homme victime de ses névroses.
18:42Je demande humblement pardon à Dieu et au roi d'avoir commercé
18:45dans un lieu baigné de silence et de leur puissante sainteté.
18:48Je jure solennellement, dès ce jour, de ne plus faillir à ma famille.
18:53Enfin, Il était une fois Michel Legrand,
18:55réveille lui le souvenir intact d'un compositeur
18:58dont le répertoire est depuis longtemps déjà inoubliable.
19:08Michel racontait les histoires en musique comme personne.
19:11Legrand, il portait vraiment bien son nom.
19:16C'était Tous au cinéma, l'émission qui vous a fait voir ce que vous allez voir.

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