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A 28 ans, Matthieu Bailet sait qu’il entre dans ses meilleures années. Le Niçois, qui débute sa saison ce vendredi aux Etats-Unis, est passé par notre studio pour évoquer ses ambitions.
Matthieu Bailet a Nice, sa ville natale, dans la peau. Dès qu’il a l’occasion de redescendre des montagnes, le descendeur revient humer l’air azuréen. Peu avant son départ pour Beaver Creek, là où la Coupe du monde de vitesse reprend ce vendredi, le licencié de l’Inter club Nice a fait un crochet par notre plateau de ‘‘Terre de champions’’. "Avec ma blessure (au genou), je suis dans les 25 meilleurs mondiaux en descente, mais je viens d’en sortir en Super-G, donc je vais m’élancer avec un dossard un peu moins bon. Mais ce qui m’anime chaque jour, à chaque entraînement, c’est d’aller rechercher un podium en Coupe du monde. Je serais extrêmement satisfait d’un « top 10 », d’un « top 15 » sur certaines Coupes du monde, mais j’ai connu cette saveur du podium et c’est ce qui me fait vibrer", explique l'ancien champion du monde Juniors, qui compte huit saisons sur le circuit mondial. "Je suis dans l’âge d’or, entre 28 et 35 ans, dans notre discipline. J’ai déjà vécu de belles choses, mes premiers mondiaux, JO, mais aussi de graves blessures et un changement de marque de skis. Aujourd’hui, je pense qu’il y a ce package d’informations et d’expérience. A moi de savoir l’utiliser pour aller chercher les plus belles victoires".
Une émission à retrouver sur tous nos supports numériques (Youtube, Dailymotion, Facebook…) et notre site internet : www.nicematin.com
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Sport
Transcription
00:00Salut à tous, bienvenue dans Terre de champions, l'émission de Nice matin consacrée aux acteurs
00:24du monde sportif azuréen. Pour cette émission, comme de coutume, avec moi à mes côtés en studio,
00:30Romain Laronche, journaliste au service des sports de Nice matin. Salut Romain.
00:34Salut Christophe, c'est là.
00:35Aujourd'hui, on va parler ski avec un licencié de l'Interclub de Nice,
00:39Mathieu Bellé, il est niçois, il est avec nous. Merci Mathieu et bienvenue.
00:43Merci beaucoup. Salut Christophe, salut Romain.
00:45Alors pour commencer cette émission, comme on avait la coutume de le faire dans une
00:50précédente émission sur les Jeux Olympiques, on avait eu l'occasion d'animer avec Romain,
00:53Romain démarre par une courte présentation de toi.
00:56Merci Mathieu d'être venu sur notre plateau pour te présenter. Tu as 28 ans,
01:01tu es niçois et tu es membre de l'équipe de France de ski de vitesse. Le ski,
01:06ça n'a pas toujours été une évidence pour toi. Tu as commencé le sport par le shindokai et puis
01:11ensuite tu as suivi les traces de ta grande sœur Margot qui était aussi en équipe de France de ski
01:18et rapidement tu as quand même obtenu des résultats. Le grand déclic, on va dire,
01:23dans ta carrière naissante, c'est le titre de champion du monde chez les juniors en 2016 en
01:29Super-G. Tu t'imposes devant un certain Marco Audermart. Est-ce que ce jour-là tu t'es dit
01:35qu'une belle carrière dans le ski pouvait s'ouvrir à toi ? Alors j'avais fait le choix d'essayer de
01:42faire du ski ma vie, un petit peu avant ça quand même, quand j'ai eu l'occasion de pouvoir rentrer
01:47en Pôle France au lycée d'Alberville qui est un cap primordial quand on vient du sud. On a
01:54vraiment un très bel encadrement mais il y a des steps qu'il ne faut pas rater dû à un manque de
01:59moyens et quantité de coureurs. Finalement, ce titre de champion du monde junior, ça a été la
02:06cerise sur le gâteau, le coup d'éclat de mes jeunes années junior et c'est sûr que c'est là
02:13où on a commencé à connaître un petit peu mon nom. C'est là où du coup j'en ai suivi mon entrée
02:18sur le circuit Coupe du Monde et voilà c'est un petit peu ça qui a lancé vraiment on va dire
02:22les choses sérieuses. Donc cette même année, c'est ce que tu dis, tu découvres le circuit
02:27Coupe du Monde et tu vas rapidement ébriller parce que dès ta deuxième épreuve tu vas rentrer dans
02:32les points et cette progression va être linéaire. Il viendra un top 10, ça c'est à Bormio, tu fais
02:39sixième en descente, on est en 2018 et puis il viendra ce podium en Super-G, deuxième à Salbar,
02:46ça c'est en mars 2021. Forcément la carrière d'un skieur ce n'est pas que linéaire, il y a des
02:52blessures, donc tu as connu une blessure à l'épaule et aux genoux, mais là tu as fait une belle
02:58préparation et donc on est juste avant la reprise de l'hiver 2024-2025, ça reprendra le 6 décembre à
03:05Bivercreek, tu es dans les starting blocks. Ouais exactement, je dois avouer que tu as fait une
03:09présentation plutôt très courte, concie et efficace. Il est exactement ça. Très efficace,
03:17c'est vrai que ça a été extrêmement linéaire de mes débuts de Coupe du Monde avec statistiquement
03:21vraiment de très bons résultats, jusqu'à mon podium Coupe du Monde qui a été la mise en
03:26lumière, un aboutissement pour moi et s'en est suivi derrière une grasse blessure, notamment
03:33aux genoux. Finalement derrière c'est un peu de difficulté, on n'a fait qu'avancer dans les
03:38rangs du circuit mondial et d'un coup on fait un gros pas en arrière avec cette saison Coupe du
03:44Monde de retour de blessures la saison dernière qui n'a pas été simple avec plein de paramètres et
03:50aujourd'hui comme tu l'as dit finalement je suis reparti du bon pied, en forme, la saison de
03:56préparation s'est bien passée et je pars d'ici pas longtemps aux Etats-Unis pour attaquer et j'ai
04:02hâte d'y être. Alors justement Mathieu, on a une petite surprise pour toi, on attaque l'émission
04:07très très fort, je vais te demander de regarder l'écran, ça va se passer juste en face de toi.
04:10Bonjour Mathieu, on a fait un petit run il y a quelques jours ensemble, je te trouvais très
04:16en forme, alors une petite question pour toi, la saison de ski commence le 6 décembre, je voulais
04:22savoir quels étaient tes objectifs pour cette saison 2024-2025 et surtout te dire que les
04:27Niçois étaient derrière toi pour cette saison, bonne chance, je t'embrasse. Alors Mathieu, c'est
04:33Benjamin Mondoux qui est un proche à toi et qui est derrière toi comme les Niçois il le dit alors
04:38du coup, maintenant je te laisse répondre à sa question, quels sont les objectifs pour cette
04:42nouvelle saison ? Premièrement ça me touche parce que j'ai la chance d'avoir des partenaires locaux,
04:49sincèrement juste exceptionnel, on a parlé de ma plus grave blessure en carrière il y a deux
04:55saisons et aucun d'eux m'a lâché et Benjamin est l'un d'entre eux donc ça me fait très plaisir.
05:01Les objectifs pour cette saison, ils ne sont pas simples mais très clairs, comme on l'a dit,
05:08j'ai évolué sur tout le circuit mondial, j'ai jusqu'à finir sur mon premier podium en Coupe
05:14du Monde, j'ai effectué mes premiers Jeux Olympiques à Pékin, j'ai vécu mes premiers
05:18championnats du monde avec un top 10. Aujourd'hui la situation n'est pas des plus simples, après mon
05:23retour de blessure, je suis dans les 25 meilleurs mondiaux en descente, je viens d'en sortir en
05:28Super G donc je vais me lancer avec des dossards un petit peu moins bons, mais l'objectif, ce qui
05:32m'anime chaque jour, chaque matin, à chaque réveil, à chaque entraînement, c'est d'essayer
05:38d'aller rechercher un podium en Coupe du Monde. J'ai connu cette saveur de monter, d'être vraiment
05:45applaudi, d'être reconnu et ce qui me fait vibrer aujourd'hui c'est ça, je serai extrêmement
05:49satisfait d'un top 10, d'un top 15 sur certaines Coupes du Monde. Ce qui m'anime aujourd'hui c'est
05:55d'aller essayer de se rechercher un podium en Coupe du Monde, je sais que ce ne sera pas simple,
05:59je sais que ça va prendre du temps de regagner des dossards, de réavancer justement sur cette
06:05liste de départ qui est primordiale pour nous pour aller chercher une performance, mais voilà
06:09l'objectif il est là, c'est ce qui m'anime avec en ligne de mire les championnats du monde de février.
06:14Tu parles du résultat en termes de place, au niveau du classement général de la Coupe du Monde,
06:17le top 5 en descente et en Super G, à un moment c'était l'objectif, est-ce que ça l'est toujours
06:23aussi ça dans ta tête ? Sincèrement ce sera une extrêmement belle saison si je termine dans le top
06:2910 dans ces deux disciplines, ça a été parmi mes meilleurs classements aujourd'hui en m'élançant
06:35de nouveau un peu derrière. T'en rapprocher de ça ce serait déjà super. Exactement, de vraiment
06:40terminer dans ce top 10 mondial qui surtout quand on voit aujourd'hui la densité des athlètes,
06:45la prise de risque que ça représente, ce serait une très belle satisfaction pour enchaîner sur
06:49la saison d'après qui sera extrêmement importante. Alors tu évoques les Mondiaux à Salbar,
06:54une station où tu as connu la joie du podium en Coupe du Monde, ça c'est ce que tu places tout
07:01en haut de la liste pour l'objectif de l'année ? Complètement, si à la fin de la saison j'arrive
07:09et on parle d'un podium aux championnats du monde, c'est encore autre chose qu'un podium sur une
07:12Coupe du Monde. Après on sait qu'il y a des courses qui nous animent un petit peu plus que
07:17d'autres, si on parle de Bormio de Boncote ou de la Coupe du Monde de Kitzbühel qui est l'une des
07:21plus célèbres sur un hors-circuit, mais les championnats du monde ça a quelque chose qui
07:24dépasse tout ça, peu importe le sport, peu importe la discipline, peu importe l'intérêt qu'ont les
07:29gens pour ce sport, championnats du monde, champions du monde, c'est un titre qui dépasse
07:34tout ce qu'on peut expliquer. Par rapport aux titres de champions du monde, t'en parles, il y a aussi les
07:41Jeux Olympiques, ça va arriver très vite dans deux ans à Milan-Cortina d'Ampezzo sur une piste
07:46qui est ta préférée, t'en as parlé il y a quelques secondes avec Kitzbühel, c'est Bormio, forcément ça
07:51aiguise aussi ton appétit. Complètement, Bormio, pour expliquer rapidement, pour moi c'est un amour
07:58pur, c'est-à-dire c'est amour et haine, la limite est extrêmement fine, j'ai vécu certains de mes
08:04meilleurs résultats là-bas et j'ai vécu mes plus gros accidents finalement, l'épaule et le genou
08:08c'était à Bormio, donc c'est une piste que j'apprécie malgré tout, vraiment de tout mon cœur, et pour
08:15moi ce serait une belle revanche à prendre justement sur ces hauts et sur ces bas que j'ai
08:19vécu sur cette piste. Donc bien sûr que c'est en ligne de mire, d'abord là on est en pré-saison d'une
08:24belle saison à venir 2024-2025, l'idée c'est de construire et de bombarder et de fracasser cette
08:30saison avant tout. Se rassurer un peu, se dire ok là je suis revenu à tout près de mes meilleures
08:36sensations ou même à tes meilleures sensations, et ensuite se projeter sur les JO. L'idée c'est
08:40pas de se rassurer sur les courses, l'idée c'est de se rassurer, de construire, de trouver la
08:44confiance sur les entraînements pour performer sur les courses. Évidemment il n'y a plus de
08:48calcul à faire quand on est au départ d'une coupe du monde, par contre bien sûr terminer une belle
08:53saison forcément ça en lance une belle deuxième. Tu parles justement de ta blessure au genou, je voulais
09:00y revenir, tu as été opéré d'un ligament croisé donc en janvier 2023, comment on vit ces moments
09:05difficiles quand on est sur le canapé, qu'on regarde la saison de ski mais qu'on n'est pas acteur
09:08de cette saison là, comment tu l'as vécu cette première grosse grosse blessure de ta carrière
09:12de sportif ? Ça a été en même temps un choc très déstabilisateur et en même temps une très belle
09:21aventure, dans le sens où en tant que sportif de haut niveau on veut toujours plus. La saison où je
09:28me blesse gravement au genou, première course, je suis cinquième mondial, je fais une petite
09:34erreur, je suis pas content parce que j'aurais pu être sur le podium et d'un coup finalement un
09:38mois après je me retrouve dans un lit d'hôpital avec la minerve, le genou sur le côté, à essayer
09:43de réapprendre à marcher doucement, à regarder la coupe du monde de kids bull notamment et je me dis
09:49que finalement une 25e place je l'aurais bien pris ce jour là. Donc ça apprend énormément d'humilité,
09:55ça permet de reprendre du recul sur les choses, ça veut pas dire qu'on veut pas autant gagner,
10:00ça veut pas dire que je veux pas gagner cette saison, on en a parlé de mes objectifs, ils sont
10:04clairs pour moi, mais ça redimensionne un petit peu cette vie d'athlète où finalement on n'est
10:11obnubulé que par cette victoire qui garde la même importance, mais finalement surtout dans notre
10:16sport en descente avec cette prise de risque, ça permet de finalement peut-être être un petit
10:23peu plus objectif sur des performances qui n'étaient pas assez satisfaisantes par le passé,
10:27ça veut pas dire qu'aujourd'hui si je fais 25e, je vais être bon exactement. Mais en tout cas tu te
10:32dis parfois je suis capable de relativiser, d'être patient, de me dire peut-être que ce résultat là
10:36c'est pas celui que j'espérais, mais il va peut-être m'amener vers une première place qui
10:40c'est un jour ta première victoire en coupe du monde, on te le souhaite, ou vers un titre de
10:43champion du monde un jour. Exactement et surtout qu'il y a même si 25e mondiale on n'est pas
10:48satisfait, ça reste 25e sur la planète entière, donc il faut savoir aussi prendre un peu de recul,
10:54rester humble par rapport à ça et souvent c'est beaucoup plus facile, j'ai eu l'expérience de ça
11:01l'année dernière sur la coupe du monde de Wengen, j'arrive en bas, je passe la ligne d'arrivée,
11:05exactement je devais être entre 20 et 25e, pas content du tout, cinq deux heures après,
11:09il y a un jeune suisse qui s'est lancé, qui s'est complètement fracassé et finalement quand on est
11:15sur ses deux pieds à l'arrivée et qu'on sait qu'on va pouvoir faire la course de demain, tout d'un coup
11:20on se sent mieux et voilà c'est ce bagage là, cette expérience là, ce recul là qu'apporte la
11:28blessure. Alors tu as 28 ans, ça fait huit ans que tu fréquentes le circuit de la coupe du monde,
11:33est-ce que tu considères que, on connaît les skieurs de vitesse, il faut quand même un peu
11:37d'expérience, est-ce que tu penses que tu es à l'âge de la maturité ? Ouais comme je l'ai dit,
11:41je pense que là statistiquement je dois être dans l'âge d'or, un petit peu entre 28 et 35 ans,
11:47si on regarde les palmarès on va dire de manière générale sur le circuit dans nos disciplines,
11:52comme je l'ai dit j'ai vécu des performances vraiment exceptionnelles pour moi, j'ai vécu des
11:59moments difficiles avec de graves blessures, j'ai vécu mes premiers Jeux Olympiques, mes premiers
12:02championnats du monde, aujourd'hui il y a un beau package, j'étais sur une marque de ski, j'ai
12:07changé, ça aussi c'est des paramètres à prendre en compte, des facteurs de test, de développement,
12:13de choix, de décision et voilà aujourd'hui je pense qu'il y a un bon package d'informations
12:18et d'expériences, maintenant à moi de savoir l'utiliser, le mettre dans le bon sens pour aller
12:22chercher les plus belles victoires. Alors tu as un bel exemple en équipe de France, qui a un parcours
12:28atypique, c'est chez un Sarrasin, 29 ans, 4 victoires en Coupe du Monde l'an passé, comment
12:36tu l'expliques, est-ce que c'est un modèle ? Un modèle non, par contre c'est un bon copain et
12:43bien sûr que c'est inspirant, dans un premier temps c'est très drôle de voir les lumières
12:49comme elles peuvent être braquées d'un coup sur un athlète, pour moi Cyprien il n'a pas changé de
12:55l'année dernière, d'il y a deux ans, c'est jusqu'à un moment les planètes s'alignent, il est passé
13:00par beaucoup de blessures, beaucoup de pépins physiques, beaucoup de complications, des changements
13:04de matériel, pareil dont je viens de parler et finalement là il a réussi à tout aligner et on
13:10a toujours su que c'était quelqu'un qui pouvait aller très vite et il vient de le prouver la
13:14saison dernière, c'est encourageant, c'est motivant, ça montre que clairement on peut tous le faire,
13:20il a montré, il est encore solide aujourd'hui, je lui souhaite de faire une très belle saison et je
13:25lui souhaite de pouvoir faire juste derrière moi s'il arrive à le taper un peu. Et à l'entraînement
13:31ça doit être stimulant aussi de savoir que tu challenges un des tout meilleurs du monde ? Oui
13:35bien sûr ça c'est exceptionnel de pouvoir s'entraîner avec des athlètes, bien sûr à des
13:40moments on s'entraîne avec d'autres équipes, c'est quelque chose de très intéressant, ce qui permet
13:44de prendre un peu la température, après quand on est au départ d'une coupe du monde, tous les
13:48compteurs sont à zéro, un entraînement reste un entraînement, mais c'est sûr que sur une
13:52analyse vidéo, sur des repères de temps, c'est toujours intéressant. Alors en descente vous
13:58atteignez des vitesses folles, vous êtes à 120-130 km heure, tu as besoin de cette adrénaline là, c'est
14:04ce que tu aimes dans ta discipline ? Oui clairement, clairement si j'ai choisi le super-g et la descente
14:08aujourd'hui en ski alpin et non pas sur l'homme et le géant, c'est parce qu'il y a une dimension
14:12de sport extrême qui dépasse le reste, c'est à dire que pour moi en descente notamment, avant
14:19d'essayer d'être performant, il faut d'abord réussir à arriver en bas. Et cette dimension là, cette
14:24dimension de d'abord il faut que je reste sur mes deux pieds, notamment sur des pistes comme
14:28Bormio ou Kids Bull, il y a des passages qui sont extrêmement dangereux, c'est une dimension qui
14:33dépasse le sport dans sa dimension du stress de la compétition, là c'est pas juste la compétition,
14:39c'est je joue un petit peu avec ma vie, on l'a vu encore cet automne avec l'accident d'une
14:45italienne sur l'entraînement d'un glacier, nous on l'a connu dans notre groupe avec l'accident de
14:49David Poisson et chaque année de graves accidents, on sait qu'on joue avec ça, on sait qu'on joue
14:54avec la limite et avec notre santé physique et c'est ça qui fait toute la dimension de la descente,
14:59c'est ça qui finalement quand on est au départ, c'est là où je me sens le plus vivant, c'est
15:03sincèrement pour être honnête, c'est une petite addiction à l'adrénaline, à ce moment hors du
15:08temps qui dépasse toute raison de prendre le départ. Et on n'est jamais rattrapé par la peur un peu,
15:14par le doute, des journées où on est un peu moins bien, où les sensations sont peut-être un peu
15:19moins bien, est-ce que la dimension de la peur elle existe parfois, est-ce qu'elle revient, est-ce
15:24qu'on la combat, pas quotidiennement mais de temps en temps ? On la combat tout le temps en fait,
15:28c'est pas de temps en temps, c'est au départ de Kitzbühel, c'est pas parce qu'on l'a fait 3-4
15:34fois qu'on n'a plus peur, au départ de Bormio, on sait le calvaire qui nous attend, on sait la
15:41nuit noire sur laquelle on s'élance, la neige c'est pas de la neige, c'est de la glace, c'est une
15:45patinoire et on sait que le plaisir pur qu'on peut connaître quand on skie sur une piste bien
15:51aimée, c'est pas du tout celui-là. Par contre l'adrénaline, cette envie d'aller chercher la
15:55gagne, d'essayer un petit peu de jouer sur la limite pour aller braver et combattre cette glace
16:02et cette piste, bien sûr qu'on doute, bien sûr qu'on a peur tous les matins, tous les matins,
16:07mais j'ai tendance à dire en tout cas pour moi que c'est ce qui m'anime, c'est pour ça que je fais
16:12ce sport, clairement. Tu viens entre Annecy et Nice, quel est ton rapport du coup avec Nice en
16:18ayant ces deux domiciles, ces deux points d'ancrage ? Nice c'est mon chez-moi, là-dessus je
16:26peux avoir différents points d'ancrage, je peux voyager de manière très régulière dans l'hémisphère
16:32sud, aux Etats-Unis, dans toute l'Europe pour les compétitions, Nice ça reste ma ville de
16:37cœur, ça reste ce que j'appelle ma maison. Après Annecy bien sûr j'ai un certain attachement là-haut
16:44puisque c'est là où j'ai dû déménager en quelque sorte, lors de mon entrée en Pôle France au lycée,
16:52derrière sur mes premières années en équipe de France, il y a la fédération française de
16:56ski est basée là-haut, le centre d'entraînement également, donc pour moi là-haut c'est vraiment
17:01une terre de travail, une terre d'entraînement et rien d'autre. Moi mon cœur il est à Nice,
17:10mes amis ils sont ici et la plupart de mes partenaires aujourd'hui ils sont ici aussi,
17:16donc pour moi tout est clair. On va parler d'un autre aspect de ta carrière, on sait que tu fais
17:23attention à ton look en dehors des pistes mais aussi sur les pistes avec des casques personnalisés,
17:29on a quelques images de casques que tu as pu avoir avec des images de Nice, les couleurs
17:37méditerranéennes, il y a l'aigle niçois, les couleurs de l'OGC Nice, est-ce que tu peux nous
17:42en parler de cette passion pour décorer tes casques ? Alors tout est parti d'un tableau de
17:50ma maman qu'on a à la maison et la possibilité de pouvoir personnaliser ses casques, donc j'ai
17:57attaqué à en personnaliser un et il m'est venu cette idée de finalement saisir l'opportunité
18:04de mixer mes deux passions, ma passion professionnelle et ma passion de vie privée qui
18:09est l'art un peu dans toutes ses dimensions et finalement la personnalisation de mes casques,
18:13c'était le moyen de pouvoir exprimer cette double passion, de les lier ensemble et en même temps de
18:19me faire un gros kiff, de communiquer avec les gens que j'ai autour de moi sur des plaisirs
18:24qui sont les miens, sur des choses que je peux admirer avec des petits messages parfois plutôt
18:30sociaux ou plutôt très personnels. Chaque année j'essaye de faire un casque représentant un tableau
18:37qu'avait pas ma maman, chaque année comme tu l'as très bien évoqué, notamment un aux couleurs
18:44méditerranéens, aux rouges et noirs, pour évoquer vraiment cette souche et mes origines qui sont
18:49pour moi très importantes et je me rappelle notamment lors de la guerre en Ustraïne qui est
18:54toujours présente, j'ai fait un casque sur ce sujet, lors du Covid également, donc je pense que
18:59c'est aussi une dimension et un moyen de pouvoir communiquer et sensibiliser un petit peu, en tant
19:04que sportif, socialement, les gens autour de moi sur des causes qui me touchent.
19:09Les autres skiers t'en parlent de ça quand ils te voient au départ des Coupes du Monde ?
19:13Complètement, du coup ça dépend un petit peu, il y en a qui vraiment, qui flash, qui plaisent, l'année dernière
19:18sincèrement le casque Harry Potter qui est finalement un chef d'oeuvre qui parle à toutes les
19:23générations et à tous les pays, a fait un boom monumental, c'était assez impressionnant, et après
19:30il y a des casques qui impactent par la couleur et après ça dépend un petit peu des athlètes, il y en a
19:34qui vont aimer certains, ça donne des idées et je trouve que ça s'est aussi très
19:39démocratisé finalement, aujourd'hui il n'y a plus un casque par athlète, ça personnalise un petit peu,
19:44il y en a même qui s'en sont mis à en faire deux, moi j'essaie d'en faire un pour chaque endroit du
19:48circuit Coupe du Monde, c'est du boulot, il faut réfléchir, mais sincèrement c'est du kif.
19:52T'as le premier pour le début de saison? J'ai le premier pour le début de saison.
19:55Il ressemblera à quoi? Il faut rester connecté, ça marche. On voulait aussi évoquer avec toi ta soeur
20:02aînée Margot qui a aussi été membre de l'équipe de France, qui a plus de 100 départs en Coupe du
20:08Monde, elle a arrêté sa carrière en 2019, mais je voulais savoir si aujourd'hui par exemple elle te
20:12donne des conseils, si vous échangez sur le ski ou si tu considères qu'elle a eu sa vie, tu as la
20:17tienne et vous parlez plein d'autres choses bien évidemment, et le ski ne fait pas partie de ces
20:20sujets de conversation. Quelle est un peu votre relation? Est-ce que le ski au milieu de vous deux
20:25est encore un lien? Bien sûr que c'est un lien, ça a toujours été un lien et sincèrement ça a été
20:32une chance exceptionnelle de pouvoir partager ça avec ma grande soeur. Aujourd'hui comme tu l'as
20:36dit, elle a arrêté sa carrière donc la relation a évolué, mais on a eu des années où tous les
20:43midis pendant notre période d'entraînement, de préparation, d'été à Albertville, j'allais
20:48manger chez elle, et ça fait des moments entre frères et soeurs simplement exceptionnels. Après
20:54chacun fait sa vie et là on a partagé, on s'est retrouvés grâce à cette passion et à ce
20:59travail commun avec une évolution un petit peu différente. Elle est plus grande que moi, elle a six
21:05ans de plus, elle a atteint le circuit coupe du monde bien avant moi. Il y a eu une période où
21:09finalement elle m'a porté des conseils, où elle était plus en tant que conseillère, puis après
21:15moi aussi j'ai fait mon bout de chemin, on était plus dans un échange mutuel. Et aujourd'hui elle
21:20m'apporte plus un regard extérieur, c'est à dire qu'elle a un gros bagage, une grosse expérience,
21:25elle fait bien du recul, elle s'est mise à travailler avec des enfants, c'est extrêmement
21:29formateur également, il ne faut pas croire que ce qu'on fait avec les enfants on ne le fait pas
21:32avec les athlètes professionnels, il y a tout un management, un côté coaching individuel qui est
21:39intéressant. Et on échange énormément et ma soeur a des sensibilités, elle sent certaines choses et
21:47c'est ce sur quoi je l'écoute souvent, le plus souvent, des choses compliquées à exprimer mais
21:53je suis son petit frère et elle me connaît peut-être mieux que personne. Donc bien sûr que c'est pour
21:58moi un atout majeur, également un pilier pour ma confiance mais aussi ma sérénité. Donc j'ai
22:05tendance à dire qu'on a une relation plutôt exceptionnelle et j'ai beaucoup de chance de l'avoir.
22:10Vous avez une famille très soudée et là je vais évoquer un événement plus tragique de ta vie,
22:17c'est le décès de ta maman Christine quand tu avais 9 ans. Elle est décédée sur les skis,
22:23ça aurait pu te réfréner et au contraire toi tu as décidé d'en faire ta carrière, ta soeur aussi.
22:29Tu le dis souvent au départ des Coupes du Monde, tu n'es pas tout seul, elle est là aussi avec toi
22:34pour t'aider, tu la portes en toi. Je suis jamais tout seul, vraiment c'est une dimension qui nous
22:43lie au delà de tout ce qui peut être concret, expliqué ou autre. C'est un événement qui dépasse
22:55le raisonnement et surtout comme tu l'as dit, notre maman a eu un accident sur les skis dans
23:03notre station d'Oron, là où on a toujours skié, toujours appris à skier et pour tout ça je dois
23:11mettre en avant et en lumière mon père qui nous a apporté finalement cette force, ce courage qui fait
23:17qu'aujourd'hui ma soeur a vécu et vit grâce aux skis et s'est exprimé à travers ce milieu et ce
23:23sport et moi j'y suis encore et c'est finalement l'événement le plus triste qui nous soit arrivé.
23:31Ça m'a également aidé à trouver ce qui me fait le plus vivre aujourd'hui. C'est plutôt antagoniste
23:41mais je sais pas comment l'exprimer, c'est pas anodin. Si je fais aujourd'hui une discipline
23:47qui est extrêmement dangereuse, c'est peut-être pour me rapprocher un peu de ça et parce que
23:54du coup sincèrement j'ai un lien avec ce sport qui dépasse juste la recherche de résultats.
24:02On dit qu'il est très intime ce lien. Ouais il est difficilement explicable et extrêmement intime.
24:08J'en viens à l'après carrière, on a le temps, tu n'as que 28 ans on l'a dit, mais malgré tout on se
24:15projette aussi, on aime bien se projeter au delà de la carrière avec les gens qu'on invite, avec
24:18les athlètes qu'on invite. Toi tu es dans les douanes depuis 2020, est-ce que c'est une carrière
24:24après le ski qui peut te parler ou pas forcément, pour l'instant tu n'as rien décidé, tu prendras le
24:29temps plus tard ? Moi je vois notre vie de sportif de haut niveau comme un nombre incalculable
24:37d'opportunités pour la suite. C'est une question l'après mais qu'est-ce que tu vas faire après,
24:41c'est une phobie des gens de se dire mais du coup on va dire fin de carrière autour de 40 ans mais
24:46qu'est-ce que tu vas faire ? Et pour moi c'est juste exceptionnel de me dire je ne vais pas faire
24:5260 ans dans la même chose, dans le même milieu, bien sûr je vais affronter des difficultés,
24:56bien sûr il va y avoir des rebondissements, mais finalement c'est comme ça que je me suis
25:00construit, rebondir, que ce soit d'une blessure, que ce soit d'une désillusion, que ce soit d'une
25:04contre-performance. Pour moi c'est une opportunité de pouvoir reconstruire quelque chose après ma
25:11carrière. Ça ne t'effraie pas mais au contraire ça t'excite, ça attise ta curiosité. Complètement,
25:15sachant qu'on a une chance exceptionnelle de rencontrer énormément de médias, énormément
25:21de journalistes, énormément de chefs d'entreprise, énormément de politiques, de tous les milieux
25:28sincèrement. Et ma vision des choses c'est que ça ne tient qu'à nous de rencontrer des gens,
25:34de tisser les liens autour de certaines valeurs, d'une certaine culture et de les garder ouvertes
25:40pour la suite. Aujourd'hui, qu'est-ce que je vais faire après ma carrière ? Je ne sais pas,
25:45mais je suis sûr que je ne vais pas m'ennuyer. On est convaincu aussi, Romain peut-être une
25:49dernière question ? Tout simplement pour dire qu'il a encore le temps d'y penser, il y a encore
25:53beaucoup de départs de coupe du monde. On te souhaite déjà de faire une très belle saison
25:57à venir qui débute là dans peu de temps. Merci beaucoup, c'est toujours un plaisir en tout cas
26:03d'échanger. Merci Mathieu parce que l'émission touche déjà à sa fin. Merci à toi d'être venu
26:07nous faire un petit coucou, d'être descendu un peu des montagnes et des skis. Ce n'est pas
26:11évident parce qu'on se doute que tu es en pleine prépa aussi, mais en tout cas on apprécie beaucoup.
26:15Merci à toi Romain. Merci à toi. Merci également à vous de nous avoir suivis. Il faut remercier
26:20aussi les petites mains qui sont là en régie et qui sont essentielles à la réalisation de cette
26:24émission. C'est Sophie Doncé, Philippe Bertigny, Chloé Warga et Karine Bautier. Vous le savez,
26:29on se retrouve le mois prochain désormais avec un nouvel invité. D'ici là, portez-vous bien. Salut,
26:33bye-bye.

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