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00:00Les dilahés maintenant, nous accueillons notre invitée ce matin en direct en studio, vous recevez l'économiste Isabelle Rabeau.
00:05Bonjour Isabelle Rabeau, merci d'être là, prof de sciences économiques à l'université d'Orléans et spécialiste du commerce international.
00:12Le sommet du Mercosur démarre aujourd'hui à Montevideo, capitale de l'Uruguay, c'est la réunion des pays de l'Union Européenne et de 4 pays d'Amérique du Sud.
00:22Madame, cet accord du Mercosur, expliquez-nous c'est quoi exactement ?
00:25Alors, l'accord du Mercosur, c'est un accord de libre-échange qui vise à réduire les droits de douane et à favoriser le commerce entre les 27 pays de l'Union Européenne et les pays d'Amérique Latine.
00:374 pays essentiellement, Argentine, Brésil pour les plus gros, Uruguay, Paraguay en plus.
00:44Et l'idée est, pour les pays européens, de pouvoir accéder au vaste marché en forte croissance avec l'émergence d'une classe moyenne de ces pays émergents que sont les pays d'Amérique Latine.
00:57Avec, comme toujours dans ce type d'accord, un échange de concession.
01:01C'est-à-dire, si je reprends les termes de la représentante de la Confédération Paysanne, des limousines contre des vaches limousines.
01:11A savoir qu'on va vouloir réduire les droits de douane sur les biens industriels comme les voitures, comme les produits pharmaceutiques, la chimie, mais aussi les vins espirituaux et le lait.
01:24Et par contre, il faut faire des concessions sur les produits de viande bovine et ovine, et c'est là où effectivement c'est un petit peu délicat pour les agriculteurs français.
01:36Ça fait plus de 20 ans qu'il est négocié cet accord du Mercosur. Là, il pourrait être finalisé aujourd'hui ou demain ?
01:43Oui, parce qu'il y a une double volonté, celle du président brésilien élu depuis deux ans maintenant, qui souhaite vraiment que cet accord soit conclu.
01:54Et celle aussi de la nouvelle présidente, qui a été réélue, de la Commission Européenne Ursula von der Leyen, qui a réellement besoin de cet accord.
02:03Et notamment parce que les Allemands y sont très favorables, parce que c'est quelque chose qui va leur permettre d'accéder à un grand marché,
02:11à un moment même où les autres grands marchés, comme la Chine, mais aussi les Etats-Unis, se ferment,
02:16et où on sait que les Allemands ont des soucis de débouchés pour leur secteur automobile, mais aussi de produits pharmaceutiques et chimiques.
02:24Alors la France est foncièrement contre, les parlementaires l'ont exprimé fin novembre.
02:30Très clairement, la classe politique est unanime, et voilà, avec les agriculteurs français qui se sont opposés,
02:38les députés, les sénateurs soutiennent nos agriculteurs, voilà, la France, il faut qu'elle trouve des alliés, de toute façon, pour peser.
02:45Oui, c'est ça, la difficulté de la France, et surtout en ce moment, c'est de trouver des alliés, puisque la négociation se fait au niveau européen.
02:51Donc, a priori, on se dit, la France ne peut rien faire, mais la France étant un grand pays, un pays fondateur, elle peut se trouver des alliés.
02:58Elle s'en est déjà trouvé un avec la Pologne, mais pour que l'accord ne soit pas ratifié, il faut l'accord de 4 pays, qui représentent 35% de la population.
03:08Alors, si on ajoute d'autres petits pays, comme l'Irlande ou les Pays-Bas, on arrive à 30%, et Pologne-France, c'est que 25%.
03:18Et il y a l'Italie en ce moment qui est en train de l'hésiter ?
03:20L'Italie hésite, et il y a une divergence entre le ministre de l'Agriculture, qui évidemment est défavorable à l'accord, voudrait qu'il ne soit pas ratifié,
03:32et le ministre des Affaires étrangères, qui évidemment, pour des raisons diplomatiques, souhaite plus la signature.
03:38La crise politique actuelle, Isabelle Rabault, depuis hier, il n'y a plus de gouvernement en France. Est-ce que là, dans l'immédiat, et à ce sommet, ça va changer quelque chose ?
03:45Alors, je pense qu'il y a toujours une continuité des affaires publiques, au sens où, si ce n'est pas le Premier ministre, c'est un autre ministre,
03:56ou si ce n'est pas le ministre, c'est le responsable des services, comme en économie, par exemple, le directeur du Trésor, qui peut représenter.
04:04Donc la France peut être représentée, la voix de la France sera portée, enfin, la parole de la France sera portée,
04:09mais son poids va évidemment être plus faible, surtout dans un moment où on doit négocier pour avoir des alliés.
04:15Pour les autres pays, c'est difficile de... enfin, là, il y a unanimité sur l'aspect, mais c'est difficile de s'allier à un gouvernement qui n'est plus là.
04:25Un gouvernement qui est instable, et c'est vraiment le... voilà, on est dans l'inconnu.
04:28Donc ça fragilise la France, effectivement, cette crise politique.
04:33Vous évoquez, je voudrais que vous nous précisiez un petit peu ce que ça veut dire un accord nouvelle génération,
04:39c'est-à-dire un accord commercial nouvelle génération, entre ces pays d'Amérique du Sud et l'Union Européenne.
04:43Oui, alors on voit l'augmentation de ces accords dits de nouvelle génération, on parle, nous, d'accords profonds,
04:49c'est-à-dire qu'on va au-delà de la suppression des droits de douane, on va au-delà des questions juste industrielles et agricoles,
04:57pour aller vers des nouveaux champs, par exemple...
05:00Environnementaux ?
05:02Oui, là, je pense que c'est pas forcément le cas, c'est plutôt la protection de l'investissement, éviter la nationalisation, par exemple,
05:11si on s'implante dans ces pays-là, ce qui a pu arriver sur ce continent il y a quelques années, avec d'autres pays,
05:17et la protection de la propriété intellectuelle, les services, et il y a aussi un organe de règlement des différents autres pays.
05:25Donc ça, c'est des choses qui vont plus loin, qui vont toucher la réglementation et les politiques internes des pays,
05:32et pour lesquelles il faut l'accord des États membres.
05:36Donc effectivement, c'est ça, ces nouveaux accords, et on essaye d'aller plus loin, notamment dans ces accords régionaux ou entre régions,
05:43parce qu'on n'arrive plus à avoir ce type d'accord au niveau multilatéral de l'Organisation Mondiale du Commerce.
05:49Merci beaucoup Isabelle Rabot d'être venue ce matin, merci de votre éclairage,
05:53on le rappelle, vous êtes économiste enseignante à l'Université d'Orléans. Très bonne journée.
05:58Merci beaucoup.

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