Tous les jours dans Culture Médias, Thomas Isle dresse le portrait sonore de l'invité. Ce mercredi, c’est Bob Sinclar, pour son coffret vinyle avec Dj Yellow "A French Touch Since 1994" et son livre intitulé "Bob Sinclar et Dj Yellow – Nos 30 ans de French Touch" publié aux éditions Hemeria.
Retrouvez "Le portrait sonore de l'invité" sur : http://www.europe1.fr/emissions/le-portrait-inattendu
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00:00Maïl est avec ce matin l'un des plus grands DJ au monde, Bob Sinclar est sur Europe 1
00:04pour célébrer les 30 ans de son label Yellow Productions avec un magnifique coffret qui fera très bonne figure sous le sapin dans quelques jours par exemple.
00:12Et alors Bob Sinclar, on va dresser votre portrait sonore des petits sons pour mieux vous connaître.
00:16Voici le premier.
00:17En général, au nom de mon gouvernement, je viens vous demander de mettre Bob Sinclar sur cette affaire.
00:21Bob Sinclar, c'est d'aussi grave ?
00:24L'avenir du monde libre en dépend.
00:26Allô mon petit Jérôme, appelez-moi Bagdad.
00:28Ici Bob Sinclar.
00:30J'écoute.
00:32C'est-à-dire que ce petit extrait vient du film Le Magnifique avec Jean-Paul Benmondo, qui a fait Philippe de Broca à réaliser ce film.
00:39Musique de Claude Bolling.
00:40Vraiment un film extraordinaire qui passe tout le temps à la télévision comme un grand grand classique.
00:46Et je cherchais un nom de DJ, de concept à l'époque.
00:49Parce qu'évidemment, quand je fais mon album Paradise en 98, le concept du DJ n'est pas encore mondial.
00:55Aujourd'hui, on sait ce que c'est, mais à l'époque, j'ai dit je vais faire un projet disco.
00:59Donc c'était un nom pour un album ?
01:01Voilà.
01:02Vous cherchiez pas totalement un nouveau nom ?
01:04Non, je ne pouvais pas vivre ma carrière d'artiste à travers ce nom-là.
01:07Donc j'ai pris Bob Sinclar.
01:08Lui, ça s'écrivait Sinclar.
01:11Donc moi, j'ai mis ça en un seul mot.
01:14Et le nom, comme il est assez Sinclar, Sinclair en Angleterre, aux Etats-Unis, ça c'est assez usuel.
01:23Et puis il y avait toute une imagerie avec un moustachu, c'était drôle.
01:27Et puis vous l'avez dit, il y a plus de 40 ans, vous achetez votre premier vinyle.
01:38Eh oui, Herbie Hancock, un musicien de jazz, qui d'un coup se met à faire un album en 82,
01:46qui s'appelle Autodrive, je crois l'album.
01:48Et dedans, il y a cet OVNI Rock It.
01:50Et donc moi, je ne connaissais pas Herbie Hancock et j'ai découvert ce videoclip
01:53qui me faisait peur avec des automates.
01:55Ce titre, à travers les enfants du rock, on embrasse Philippe Manoeuvre.
01:59Qu'on aime aussi beaucoup ici.
02:00Et du coup, vous vous êtes mis à smurfer un peu ?
02:03Smurfer, parce qu'en même temps, il y avait Sydney, bien sûr, avec HIP et HOP.
02:07Ah oui, on tournait sur le dos, c'était fantastique.
02:10Mais c'était les débuts de la culture hip-hop qui arrivaient en France.
02:12Et vous êtes DJ ensuite dans des boîtes de nuit parisiennes, au Palace, au bain-douche, au Studio 102,
02:18à une époque où il faut passer uniquement les disques du patron.
02:20Exactement.
02:21Donc vous ne pouvez pas venir avec vos propres disques.
02:23Oui, j'achetais des vinyles et je me suis dit que j'ai envie de faire partager ma musique aux gens.
02:27Mais sauf que les patrons de discothèques, à ce moment-là, ils voulaient que du commercial.
02:30Et moi, j'étais plutôt dans le rap, la soul, le discours.
02:33Et alors, votre carrière de DJ décolle vraiment grâce à un titre qui n'est pas d'ailleurs votre titre.
02:42Mais oui, quelle histoire !
02:44Mais comme je t'ai dit, l'album Paradise, c'était un concept album.
02:48Donc je me suis dit que je vais inviter des copains.
02:50Et je rencontre Thomas Bangalter des Daft Punk dans un avion en partant à Miami.
02:53Et je lui ai dit que je vais remixer son single Stardust parce que j'adore.
02:56Il m'a dit que je lui ferais un remix pour son album.
02:58Et il m'a dit, est-ce que tu m'as envoyé ? Ça ne me plaît pas trop.
03:00Mais viens, passe au studio, j'ai une idée de mettre un truc drôle.
03:03Je vais mettre Jen Fonda sur un sample de disco.
03:05Là, il faut expliquer, on entend la voix de Jen Fonda.
03:08C'est Jen Fonda qui faisait à l'époque, dans les années 70, des cours de gym sur des morceaux disco.
03:13Donc lui, il s'est dit, tiens, je vais prendre cet extrait-là, je vais mettre un truc disco.
03:16S'il te plaît, prends-le pour ton album, super.
03:19Et donc ce titre s'appelle Gym Tonic.
03:21Et ce titre s'appelle Gym Tonic.
03:22Donc j'imaginais moi, Bob Sinclair, faire le DJ dans les cours de Jen Fonda.
03:26Mais c'était un concept totalement disco.
03:28Et c'est vrai que le titre a porté l'album.
03:30Mais c'est un cadeau magnifique qu'il vous fait, Thomas Bangalter.
03:32Parce que c'est ça qui vous a fait décoller au départ, qui vous a fait connaître.
03:35C'est ça qui a fait exploser l'album et qui a fait connaître le nom, bien sûr, à l'international.
03:38Est-ce que ce titre, il était un peu planqué sur l'album, comme ça ?
03:41Oui, il m'a dit, tu le laisses sur l'album, on n'en fait pas un single.
03:44Je lui ai répondu, sans problème, non.
03:45Mais c'est-à-dire que, quand moi je sors les titres en vinyle,
03:48à ce moment-là, tu vois, on sort des titres à la pelle.
03:50On ne s'imagine pas l'impact que ça va avoir dans les clubs.
03:53À l'époque où les radios prenaient les disques des vinyles,
03:55les extraits, ils prenaient un extrait des vinyles et puis les passaient à l'antenne.
03:59C'est fini, ça.
04:00Mais en tout cas, on a été un peu dépassés par le succès.
04:02Et ça permet, en tout cas, de vous faire connaître
04:04et à partir de là, d'enchaîner les tubes comme celui-ci, bien sûr.
04:17Là, on est en 2009.
04:19Et vous remportez même un World Music Awards
04:22pour ce tube aux 2,5 millions d'exemplaires vendus dans le monde.
04:26Là, vous touchez plus terre, là, Bob.
04:28C'est pas mal, là, j'ai un bon résultat.
04:32Je ne l'ai pas perdu.
04:33Mais c'est assez fou, c'est assez fou.
04:35Je t'avoue que d'être reconnu pour sa musique à travers le monde,
04:38c'est une petite sensation fantastique.
04:40Je crois que surtout après avoir, tu sais, 10 ans,
04:43presque 20 ans, 15 ans de label,
04:46avoir fait des choses très underground
04:47et puis rencontrer des artistes, des chanteurs qui ont élevé ma musique.
04:51Vous avez même croisé pas mal de grands artistes,
04:53je crois justement à ces World Music Awards, là, à Londres.
04:56Oui, Michael Jackson faisait un live juste après moi.
05:00Il a pas mal réussi, je crois.
05:01Il était après moi.
05:03Vous avez fait la première partie de Michael Jackson, on peut dire ça.
05:06Exactement.
05:07Mais lui, à ce moment-là, célébrait 102 millions d'albums de trailers.
05:10C'est un autre niveau.
05:12Bob Sinclair, vous faites partie des artistes
05:14dont les chansons sont les plus reprises,
05:16que ce soit dans des émissions de télé, dans des séries.
05:18Ces chansons, on les entend partout.
05:20Est-ce que vous avez l'impression, à un moment donné,
05:22qu'elles ne vous appartiennent plus ?
05:23Est-ce que vous les avez perdues, ces morceaux ?
05:25Moi, je fais de la musique pour divertir les gens.
05:27Je les fais danser.
05:28Après, c'est à eux de s'approprier la musique.
05:32Même si on dit « Ah, ce morceau, je le connais, c'est celui de la Starac ».
05:34Et qu'on ne dit plus Bob Sinclair, ce n'est pas grave.
05:36Au départ, quand Pascal Maigre, directeur d'Universal en 2004,
05:42m'appelle en me disant « Tiens, on a l'opportunité de synchroniser
05:46The Love Generation avec le générique de la Star Academy ».
05:51J'ai dit « Mais c'est impossible ! ».
05:53C'était une émission de télé-réalité.
05:54Aujourd'hui, ça a pris beaucoup plus de crédibilité.
05:57À l'époque, j'ai dit « J'ai 10 ans de label,
05:59je fais un titre qui plaît à tout le monde,
06:01je ne vais pas le fourvoyer, je n'avais pas envie. »
06:04Puis, on reçoit le chèque et tout va bien.
06:06Non ! Ne sois pas vulgaire, s'il te plaît.
06:08On ne se connaît pas.
06:09Déjà, je te déteste.
06:14Venons à l'argent après.
06:15C'est intéressant quand même.
06:17Je vais te dire, c'est important d'en parler.
06:19À ce moment-là, j'ai dit non.
06:21Au bout d'un mois, Pascal Maigre revient vers moi et me dit
06:23« Ecoute, tu vas être numéro 1.
06:24Tu n'as jamais été en France.
06:25Ne refuse pas le succès.
06:27Ça fait 10 ans que tu es sur ton label.
06:29Ça y est, tu as fait des tubes underground.
06:31Fais-le, je l'ai fait.
06:32On a été numéro 1.
06:33C'était fantastique. »
06:34Pour reparler de l'argent, c'est très important.
06:36Le titre est fractionné.
06:37Il ne passe pas entièrement.
06:39Quand le titre passe à la télé sur un clip,
06:41c'est un jingle.
06:43Là, ça devient un jingle.
06:44C'est à peu près 300-400 euros le passage
06:46quand le titre est mis dans son intégralité.
06:50Mais quand le titre est fractionné,
06:52c'est dégressif.
06:54Et au bout de 300 passages,
06:55tu ne touches quasiment plus rien.
06:57À l'arrivée, il y a à peu près 150 000 euros
06:59à se partager entre tous les auteurs-compositeurs
07:01et le producteur.
07:03150 000 euros pour toute une saison,
07:05je trouve ça un peu faible.
07:07Ça fait 20 ans que ça existe, l'histoire.
07:09Non, ça a été arrêté pendant un moment.
07:11Il y avait changé de générique.
07:12Et à un moment, quand un titre marche,
07:14c'est pas mal de récolter un peu de sous.
07:15Bien sûr.
07:16Je vous défends, Bob Sinclair.
07:18Je suis votre avocate.
07:20Dans un instant, on va donner la parole à Sacha Nocovitch.
07:23On va parler sport.
07:24À tout de suite sur Rampant.